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28/05/09 – Abdoulatifou ALY en vedette dans « le Monde 2 »

Le député de Mayotte est à l’honneur dans l'édition du week-end dernier du magazine "le Monde 2". Chaque semaine, l’hebdomadaire du quotidien qui fait référence en France, met en vedette une personnalité pour en faire un portrait. En tant qu'unique élu musulman de l'Assemblée nationale, Abdoulatifou ALY avait choisi comme cadre le restaurant de la Grande Mosquée de Paris. L'occasion pour lui d'évoquer ses origines, son enfance, son parcours et les racines de son engagement politique aux côtés de François BAYROU et pour la départementalisation de Mayotte. Ce choix du magazine s’explique probablement par le tout le bruit provoqué par le vote du 29 mars dans l’hexagone.

28/05/09 – Prémices de la réforme de la CSSM

Du 18 au 20 mai dernier, une délégation de la Caisse Sociale d'assurance Santé de Mayotte (CSSM) s'est rendue à Paris pour rencontrer les Directions de la Sécurité Sociale du Ministère de la Santé, les directeurs des Caisses Nationales, ainsi que la Mutualité Sociale Agricole. L'objectif de ces rencontres était d'aborder la situation de la CSSM face à la perspective de l’évolution statutaire de Mayotte. Au cours d'une conférence de presse, Boinali Said, président du Conseil d’Administration de la Caisse et son directeur général Bernard Perrier ont tenu a rapporter les cinq points essentiels sur lesquels se sont concentré les discutions. Entre autres, la  mise en place de la carte vitale à Mayotte, la retraite du personnel agricole ou l'alignement des prestations sur celles de la métropole qui a été prévue pour 2025 à condition que le développement de l'économie mahoraise le permette. Plusieurs missions sont prévues entre le mois de juin et de septembre et notamment sur le dossier de la carte vitale. Un expert de la caisse nationale d'assurance maladie se déplacera sur l'île pour étudier la situation. Un processus d’alignement qui va nécessiter de nombreux moyens, mais selon le président de la CSSM, l’état s’est engagé à soutenir financièrement toutes les actions qui seront effectuées.

28/05/2009 – Festi’bulles : premier festival de la BD à Mayotte

 

{xtypo_dropcap}U{/xtypo_dropcap}n moyen d'expression artistique pour les dessinateurs et de divertissement pour le plus grand nombre, la bande dessinée attire les jeunes à la lecture de part son caractère littéraire et graphique. En plus d'être un événement culturel inédit dans l'île, le Festi'bulles "est une étape importante pour la lecture à Mayotte", déclarait M'hamadi Abdou, premier vice-président du conseil général, à la soirée d'ouverture du tremplin de la BD, ce mardi 26 mai à la BDP.

Expositions, rencontres, séances de dédicace, conférences, ateliers, projections, concours jeunes talents et animations diverses sont au programme du Festi'bulles.

Pour ce premier festival de la BD, la première structure du livre mahoraise a invité un panel de dessinateurs et scénaristes : Eric Corbeyran, Horn, Serge Huo-Chao-Si, Charles Masson, Shovel, Téhem, Tomz, Tripp, Lewis Trondheim, Christophe Cassiau et les auteurs de Mayotte Moniri M'bae, Yann Moreau et Vincent Liétar. Outterick Valèrie et Dasilva Sogue, deux représentants de l'école Eurasiam sont conviés pour animer ateliers et conférences sur les mangas.

Parallèlement aux rencontres et expositions prévues à la BDP, une série de projections gratuites auront lieu au cinéma de Mamoudzou. Seront projetés les mangas et films d'animation "Origine", "Metropolis" et "Berfect blue", "Corto Maltese, La cour secrète des arcanes", le film israélien "Valse avec Bachir" et "Persepolis", l'adaptation de la BD de Marjane Satrapi. Deux documentaires : "Objectif BD" et "Loisel et Tripp, Traits complices", sont également à découvrir à la BDP. La dernière projection sera suivie d'une intervention de Tripp, dessinateur, scénariste et coloriste.

Le Festi'bulles se veut être une manifestation "à échelle humaine". Si les moyens financiers déployés pour ce festival (autours de 50.000 euros) ne sont pas aussi importants que ceux des salons organisés en métropole, la directrice de la BDP Djaouharia Mohamed en a fait son parti, en optant pour un "cadre intimiste".

Choisit pour son ambiance détendue qui devrait pousser les auteurs à la confidence, le jardin de la BDP sera le cadre de rencontres et tables rondes, pour dépasser les traditionnelles séances de dédicace et permettre un réel échange avec les visiteurs.

Une occasion unique de discuter avec des figures mythiques de la BD, et peut être un moyen de récolter quelques tuyaux pour les auteurs amateurs…

Les organisateurs ont en effet réussi à faire venir des auteurs d’envergure internationale, chose rare à Mayotte et qui n’a pas du être facile. La BDP avait déjà organisé des évènements semblables, notamment sue le thème du roman policier, mais cette fois ci l’engouement généré est sans précédant, surtout pour un évènement littéraire.

Avis aux fanatique de BD, le Festi'bulles est un évènement à marquer d'une pierre blanche. C'est l'occasion de côtoyer dans un même lieu les grands noms de la BD francophone.

 

Tom Gaugenot

28/05/2009 – 13e Rencontres du cinéma d’Afrique et des îles

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}es Rencontres du cinéma d'Afrique et des îles connaissent, depuis sa création, un grand succès. Son comité d'organisation, essentiellement composé des membres de la formation culturelle des jeunes de Tsararano (FCJT), présente l'évènement à la presse, ce vendredi 29 mai, à 16 heures, au 5/5 à Mamoudzou.

"L'objet de cette manifestation est de donner au public l'opportunité de découvrir des films de fiction et des documentaires réalisés par des cinéastes d’Afrique et des Iles. Ces rencontres cinématographiques ont aussi pour objectif de favoriser les rencontres et les échanges entre le public et les professionnels de l’image et des médias.", présente la FCJT.

Tout au long de cette première semaine de juillet, les jeunes de Tsararano promettent une "manifestation populaire, originale et conviviale." Les cinéphiles, attendus très nombreux cette année encore, sont invités à découvrir une vingtaine de films et documentaires et à échanger avec les cinéastes invités, lors des rencontres-débats programmés après les séances de projections, à la Maison des Jeunes à Tsararano, à Hajangoua et à la salle de cinéma Alpa Joe à Mamoudzou.

 

Guy-Désiré Yaméogo, l'invité d'honneur

 

Guy-Désiré Yaméogo, cinéaste et auteur burkinabé, est l'invité d'honneur de cette 13e édition. Ce dernier est licencié en sociologie de l'Université de Ouagadougou et diplômé de l'Ecole Internationale de Cinéma et Télévision de La Havane (Cuba), option : scénario. Auteur de plusieurs courts métrages présentés et primés dans des festivals tels que Clermont-Ferrand, Milan et Venise, Guy-Désiré a réalisé des documentaires en vidéo et écrit le scénario du long-métrage "Nous pas bouger", réalisé par Abdoulaye Dao.

Le réalisateur burkinabé est attendu à Mayotte avec ses films : "L'homme qui n'arrivait pas mourir", "La rue n'est pas le paradis", "Si longue que soit la nuit", "Danse sacrée à Yaka"… pour ne citer qu'eux. Un des films burkinabés qui était en compétition cette année au Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco), "Danse sacrée à Yaka" décrit le contraste entre la vie moderne et les coutumes. "Il vient rappeler que malgré le modernisme, les pratiques mystiques ont la peau dure dans les sociétés africaines".

 

Rafik

27/05/09 – 55 nouveaux diplômés pour l’institut de formation en soin infirmiers

20 infirmiers, 19 aides soignants et quelques 16 auxiliaires puériculteurs ont été récompensé lundi après midi lors de la remise des diplômes à l'IFSI de Mayotte. Cette promotion 2008 a rapidement été intégrée au sein des nouvelles infrastructures de l'hôpital. C'est le cas du nouveau service des urgences dans lequel onze étudiants ont pu avoir une place. Selon les représentants des services de santé, les autres sont assurés de trouver des postes au sein de nouveaux services tel que le centre réservé aux handicapés ou le centre de psychiatrie qui devraient bientôt voir le jour. Chaque année de nombreux jeunes mahorais se dirigent vers l'institut, quasiment assurés de trouver un travail à la sortie. En misant sur la formation du personnel local, le centre de formation essaye, avec l'aide de la collectivité, de limiter les nombreux départs. Selon la direction, le personnel métropolitain ne resterait sur l'île que deux années en moyenne. Autre nouvelle tendance qui accentue les besoins en personnel, de plus en plus d'infirmiers sont attirés vers les professions libérales  qui offrent des salaires plus conséquents et des conditions de travail plus souples.

27/05/09 – Lancement officiel de la campagne du modem pour les Européennes

Lancement officiel de la campagne du modem Mayotte ce mardi après midi. C'est au cours d'une réunion organisée au 5/5 que le parti du député a présenté sa candidate aux européennes. Sophia Hafidou est cadre de santé au CHM et seconde sur la liste Océan Indien.

Les ténors du parti ont ensuite exposés les principaux volets de leur programme: institutionnel, avec une intégration plus rapide au sein de la communauté européenne. La partie économique est axée sur le développement des grandes infrastructures de l'île, port de Longoni et aéroport. Enfin la partie sociale, notamment tournée vers l'aide aux agriculteurs. Le 29 mai les membres du parti seront dans la commune de Ouangani, le 30 mai à Bandraboua et Acoua. Et c'est en présence de la tête de liste; le réunionnais Gino Ponin-Balom qu'ils se rendront dans les communes de Chirongui, Bandrélé et Mamoudzou le 31 mai.

27/05/09 – Conférence de Naturalistes de Mayotte sur la Culture Swahilie

Sur la côte orientale d'Afrique une civilisation originale s'est développée à partir du VIIIe siècle : les populations africaines bantoues de la côte est ont été en contact avec des marins et marchands arabes, shiraziens (persans), indiens qui se sont établis dans des cités. Il en est résulté un métissage culturel original avec une langue :  le swahili, à base bantoue avec des apports divers principalement arabes, et une religion : celle des nouveaux venus : l'Islam.

Plusieurs dizaines de cités-Etats commerçantes se sont ainsi développées sur la côte africaine, parmi lesquelles les plus importantes furent Kilwa (Tanzanie), Gedi et Lamu (Kenya). L'apogée de la civilisation swahilie se situe aux XIVe-XVe siècles. Cette civilisation swahilie s'est étendue de l'actuelle Somalie jusqu'au Mozambique, englobant tout l'archipel des Comores et le nord ouest de Madagascar.

Stéphane PRADINES, archéologue français établi en Egypte, a fouillé les deux principales cités swahilies : Gedi au Kenya et Kilwa en Tanzanie.

Il donnera une Conférence samedi 6 juin à 18h à la MJC de M'Gombani sur le thème : Culture swahilie : bilan des fouilles archéologiques en Afrique de l'est.

Par ailleurs le lundi 8 juin après-midi, dans l'hémicylce du conseil général, Stéphane Pradines parlera de la profession d'archéologue en Afrique.

27/05/09 – Jeux des RUP : la montée en poule A en ligne de mire

La délégation mahoraise pour les Jeux des Rup se tenant sur l’île de Majorque, dans l’archipel espagnol des Baléares, s’est envolée le mardi 26 mai. Au total, ce sont près de 64 jeunes sportifs représentant 6 disciplines (tennis, athlétisme, basket-ball, handball, volley-ball, tennis de table), 6 entraîneurs, 5 délégués, un médecin, un journaliste (Toufaïli Andjilani) et Dini Ahamadi, chef de délégation qui ont effectués le déplacement, sans compter le directeur de la DJS Bruno Prochasson, Madi Vita, président du Cros, son prédécesseur Blaise Henry et Mathieu Brousse, directeur administratif du Cros.

L’objectif selon Dini Ahamadi est de monter dans la poule A dans les sports collectifs. En ce qui concerne les chances de médailles, il est beaucoup moins optimiste. “Ca sera difficile d’avoir des médailles, il faut le reconnaître, car en athlétisme par exemple, nos jeunes ont eu du mal à faire les minima. Pourtant, par le passé, l’athlétisme a prouvé qu’il pouvait rapporter des titres”, souligne-t-il. Ces rencontres sont très importantes pour lui, estimant que cela permet aux sportifs mahorais d’emmagasiner de l’expérience, tout en s’ouvrant au monde en étant confronté à des sportifs venus d’ailleurs.

27/05/09 – Le N°2 de la gendarmerie à Mayotte

Le Major Général de la gendarmerie, Jacques Mignaux, est arrivé hier à Mayotte pour une visite de trois jours. Ce général de division remplace depuis le 30 juin 2008 le général Rolland Gilles, qui a pris les fonctions de Directeur général de la gendarmerie en remplacement du général Guy Parayre, qui occupait ce poste auparavant, et qui s’était rendu à Mayotte pour inaugurer les locaux de la nouvelle brigade de gendarmerie de Sada. Le général Jacques Mignaux, quittera Mayotte demain.

26/05/09 – Le concert de The Latitudz annulé

Initialement prévu ce mercredi 27 mai à Passamainti, le concert du groupe The Latitudz est annulé, regrette la direction de l'ingénierie culturelle. Selon ce service, le groupe a également renoncé au concert prévu ce samedi 30 mai à la Réunion. Motif : "Le leader du groupe vient de perdre un membre de sa famille et va se rendre à ses obsèques."

26/05/09 – Les travailleurs sociaux au CG le 29 mai

L'Association des travailleurs sociaux de Mayotte, créée en décembre 2008, convie les assistantes sociales, les éducateurs spécialisés, les moniteurs-éducateurs ou encore les aides médico-psychologiques à une réunion qui se tiendra le vendredi 29 mai à 13h30 dans l'hémicycle du conseil général. Cette réunion aura notamment pour objet l'organisation d'un colloque les 6 et 7 novembre prochains qui aura pour thème : "Mieux connaître les services sociaux à Mayotte".

26/05/09 – Journée internationale des musées à Mohéli

Tout pour la valorisation du patrimoine culturel

Fomboni s’est joint au reste du monde pour célébrer le lundi 18 mai la journée internationale des musées. Le thème choisit cette année est "le tourisme culturel et développement". A cette occasion l’antenne du CNDRS (Centre national de documentation et de recherche scientifique) à Mohéli, représenté par Haddad Salim Djabir en collaboration avec la direction régionale du tourisme représentée par Zoubert Assanaly et le service de la culture représenté par Ben Ymam Bacar, "l’infatigable" dans le domaine de la promotion de la culture comorienne, ont tous les trois organisé une conférence de presse mardi à la mairie de Fomboni, pour montrer combien il est important de préserver notre patrimoine culturel.

Un patrimoine qui, malheureusement, est loin d’être valorisé chez nous, va contribuer, selon les conférenciers à travers le tourisme culturel qui va de paire avec l’écotourisme, au développement du pays et en particulier de notre île. "Du coup cela va permettre de créer des emplois pour les jeunes qui doivent être formés au préalable dans le domaine" prévoit Haddad Salim Djabir.

A  en croire Haddad, la fédération mondiale des amis des musées et le conseil international des musées qui d’ailleurs célèbre cette journée avec nous, pourraient nous aider dans ce domaine notamment pour la datation. Plusieurs cites à Mohéli méritent d’être valorisés c’est le cas de la plage de Mbwamadji, Mwalimdjini, Chouani (Nioumachoi) et d’autres  relativement récents mais qui méritent quand même d’être entretenus.

"La maison à Bonovo de Rasseta et Ravoangy qui furent deux héros reconnus à Madagascar d’où ce nom de Ravoangy dédié au grand hôpital de Tananarive (Madagascar) ou encore l’ancienne école primaire de l’époque coloniale à coté de la place de l’indépendance, etc., sont passés aux oubliettes alors qu’ils méritent également d’être valorisés", soutient l’un des intervenants à cette conférence, Nassur Riziki professeur d’histoire géo et journaliste à Alwatwan.

Le lundi 18 mai, le représentant du CNDRS à Mohéli a organisé une journée  de sensibilisation à l’école primaire de Fomboni sur les monuments funéraires des chiraziens qui se trouvent dans la cour même de cette école et qui datent des 9ème et 16ème siècles.

Ce mercredi une séance de projection photographique du site Mwalimdjini, méconnu pour beaucoup d’ailleurs, est organisée à l’alliance franco-comorienne de Fomboni.

Et à cette même occasion de célébration de la journée internationale des musées, nous publierons demain un reportage sur ce site Mwalimdjini, que nous avons réalisé il y a quelques jours.

 

Mouayad Salim

26/05/2009 – Arts plastiques

 

{xtypo_dropcap}J{/xtypo_dropcap}osabel 451 annonce sa dernière exposition à Mayotte. Il quitte l'île cette année à destination de la Guadeloupe et autres contrées. Cette information peut vous paraître un effet d'annonce, car ce n'est pas la première fois que l'intéressé tient cette déclaration. La dernière date de 2007 avec l'exposition des "Bouénis". Le départ annoncé cette année est loin d'être une partie de rigolade, rassure l'artiste, tout en reconnaissant qu'il est très difficile de quitter un lieu qu'on aime. Mais cette fois-ci serait la bonne.

Si Mayotte tourne une page de son histoire avec la départementalisation, c'est aussi valable pour l'artiste, qui rêve à présent de voyages et d'Afrique…

Habitant à Mayotte depuis neuf ans, Josabel 451 dépeint dans ses œuvres l'île et ses habitants. Il est bien connu pour avoir présenté ses créations inspirées de sa vie à Mayotte. Sa dernière exposition s'intitulait "Portraits de Bouénis", exaltant la femme mahoraise.

A l'occasion de cette exposition, l'artiste nous montrait les "Bouénis" de Mayotte sous un jour intimiste, des toiles réalisées à partir de photos de jeunes filles mahoraises, comoriennes, anjouanaises et malgaches.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore l'artiste, ne cherchez pas à travers ses œuvres des baobabs ou des aquarelles apaisantes. Josabel 451 s'attache à capturer l'âme de Mayotte et des Mahorais. Ses toiles sont originales voire énigmatiques, reprenant des éléments culturels, africains et comoriens. Il se tient loin des clichés sur l'Afrique ou les îles tropicales.

"Les petits Mahoré", sa nouvelle exposition, se penche sur l'histoire de Mayotte et des trois autres îles de l'archipel des Comores, de la colonisation au référendum sur la départementalisation.

Concernant la technique et à la différence des portraits des "Bouénis" qui furent réalisés à l'aide de matériaux présents dans la nature, les toiles de la nouvelle exposition sont réalisées à partir de morceaux de papier trempés dans la colle puis "grattés", ce qui donne un aspect ancien aux œuvres, en accord avec le caractère historique de l'exposition.

Annoncée comme étant sa dernière à Mayotte, cette exposition sonne à la fois comme une synthèse de la vie de l'artiste dans l'île et un grand "hommage" pour les Mahorais. Elle est à découvrir au Bang'Art de la Dilce à Mamoudzou jusqu'au 1er juin.

 

Tom Gaugenot avec Rafik

25/05/09 – Total : fin de conflit

Retour à la normale ce matin dans les stations services de l'île. Après une semaine de grève des agents de la société Total, deux protocoles d'accord ont été signés tard dans la nuit, après plus de 10 heures passées autour de la table de négociation, hier dimanche. Lundi 18 mai, ce sont toutes les stations et le dépôt d'hydrocarbure des badamiers qui s'étaient progressivement fermés, l'accès aux usagers étant bloqué par les salariés grévistes. Le lendemain, mardi, une première séance de négociation entre l'intersyndical (CGT-Ma, CFE CGC, FO et Cisma CFDT) et la direction du groupe Total Mayotte s'était prolongée mardi tard dans la soirée. Après plus de cinq heures de discussion, aucun consensus n'avait été trouvé."Nous avons étaient écoutés. La direction a relevé les points de revendications que nous lui avons soumis, mais sans jamais entamé le dialogue", résumait M. Djanffar, délégué CGT Ma. 

Pourtant, les agents grévistes (2/3 des effectifs, selon la direction) avaient déjà obtenu de la direction l'application des dispositions de la convention collective et la simplification des bulletins de salaire, "pour une lecture améliorée". Autre point qui semblait également avoir trouvé une issue favorable : l'achat d'un deuxième logiciel Pétrogeste, qui permettrait "de suivre l'évolution des stocks de manière fiable, sans accuser les salariés de vols ou de trafic". La direction avait annoncé la réception de deux de ces logiciels, qui seront opérationnels à la fin du mois de juin. Les grévistes et délégués du personnel salariés des stations-services et de la SMSPP ont finalement trouvé un consensus hier dimanche avec la direction du groupe Total Mayotte sur les points chauds de la négociation : l'obtention d'un 13ème mois ainsi qu'une revalorisation brut de 150 euros des plus bas salaires. Ainsi, ils ont obtenu une hausse, sur la base indiciaire, de 90 euros des salaires.

D'autre part, concernant le 13ème mois, la prime sera construite sur la base des primes de fin d'année et de ramadan, puis verra sa valeur croître d'un tiers jusqu'en 2011 pour arriver à un demi 13ème mois d'ici trois ans. Enfin, les salariés bénéficieront, ce mois de juin, d'une avance de 40 euros sur la revalorisation du SMIG, prévu pour le mois de juillet. Le directeur du groupe Total Mayotte a annoncé hier soir que tout serait mis en en œuvre dès ce matin pour que les usagers retrouvent très rapidement une qualité de service dans toutes les stations de l'île.

25/05/09 – Taarifa, première revue sur la recherche à Mayotte

Les Archives Départementales de Mayotte sortent ce mois ci le premier numéro de leur revue, Taarifa, comprenez "les nouvelles", en shimaore comme en kibushi. Le but de cette revue scientifique de haut niveau, la première du genre publiée dans l'île, est de donner un espace aux avancées de la recherche à Mayotte. Le thème de prédilection des Archives est bien sur l'Histoire, mais la revue est élargie à d'autres domaines comme l'archéologie, avec un article de Claude Allibert sur le peuplement de Mayotte, la sociologie avec un article sur les Mahoraises vivant en métropole, réalisé par Siti Yahaya, responsable des archives orales, ou encore la linguistique avec cet article rédigé à trois sur un libraire mahorais. 

"Cette revue vise à combler un manque : il n'y a aucune revue scientifique de haut niveau sur les recherches à Mayotte", explique Anastasia Iline la directrice des Archives. "Les chercheurs qui viennent ici publient dans des revues extérieurs, ce qui rend leur travail difficilement accessible ici." Le travail pour la réalisation de cette revue a démarré il y a un an, de nombreux chercheurs se sont rapidement montrés intéressés par la possibilité d'y publier le fruit de leurs travaux. La revue sera mensuelle. Le public visé est évidemment le monde de la recherche mais aussi tous ceux qui accordent un intérêt à Mayotte et sa région. Certains articles peuvent également être utilisés dans le cadre scolaire. Distribuées à plusieurs sites d'archives et universités qui travaillent avec Mayotte, la revue Taarifa est en vente auprès de 10€ aux Archives et à la Maison des livres.

25/05/09 – « L’essentiel n’est pas de participer »

Samedi, tous les athlètes (du moins, ceux qui ont pu se déplacer) participants aux Jeux des RUP de Majorque étaient venus à Kavani récupérer leurs équipements et écouter les discours du président du CROS Madi Vita, du vice-président du Conseil général chargé des sports Assani Ali, de Hadadi Andjilani, vice-président chargé des finances et de Bruno Prochasson, directeur de la DJS. Si les personnalités du mouvement sportif ont insisté sur la notion d'exemplarité dans le comportement aussi bien sûr, qu'en dehors des terrains de sport, les élus du CG ont battu en brèche la célèbre phrase du baron Pierre de Coubertin. "L'essentiel est de participer … mais à la victoire" a ainsi affirmé Assani Ali. Celui-ci a aussi expliqué que si Hadadi Andjilani, chargé des finances au CG était du voyage, c'est pour qu'il se rende compte des moyens que nécessitent l'organisation des Jeux des RUP. "Nous avons l'ambition de les organiser un jour et il faut que l'on ait les moyens humains et financiers pour le faire" at- il répété devant les athlètes et leurs parents. Les 13e Jeux des RUP se termineront le 1er juin.

 

La délégation mahoraise (sans les officiels et encadrement technique)

  • Athlétisme : 2 garçons, 2 filles
  • Basket-ball : 12 garçons Handball : 14 filles
  • Tennis : 3 garçons et 3 filles
  • Tennis de table : 3 garçons et 3 filles
  • Volley-ball : 12 filles

22/05/09 – Le conflit à Total s’enlise, l’île se paralyse

De fortes perturbations sont à prévoir dans les jours qui viennent. Le mouvement de grève qui sévit dans les stations Total et au dépôt d'hydrocarbures des Badamiers se durcit. Malgré un round de négociations de plus de 5 heures mardi soir aucun accord n'a pu être dégagé et l'essence commence à se faire rare. Le préfet a signé mercredi un arrêté de réquisition pour les services d'urgence, mais les grévistes ont annoncé leur intention de rester mobilisés, et une nouvelle séance de négociations a été fixée au… 5 juin. A la demande de la direction de Total, l'Etat a mis en place une médiation "pour faciliter le dialogue". Lundi, Alain Frances, directeur-adjoint de la DTEFP a été désigné pour mener cette mission et s'est mis à disposition des partenaires sociaux.

Pourtant, les agents grévistes (2/3 des effectifs, selon la direction) ont obtenu de la direction l'application des dispositions de la convention collective et la simplification des bulletins de salaire, "pour une lecture améliorée". Autre point qui semble également avoir trouvé une issue favorable : l'achat d'un deuxième logiciel Pétrogeste. En revanche, l'octroi d'une prime de 13ème mois et l'augmentation de 150 euros pour les plus bas salaires revendiqués par l'intersyndicale devraient constituer de véritables points d'achoppement au fil des prochaines négociations, qui ne sont pas prévues avant le 5 juin prochain.

Un arrêté préfectoral "portant réquisition des dépôts et des stations services nécessaires à l'approvisionnement des usagers prioritaires" a été signé ce mercredi 20 mai. Il engage la réquisition du dépôt des Badamiers, de tous les moyens de transport de la société Total, des stations services de Majicavo-Hamaha, Pamandzi et Longoni pour le gasoil à destination des transports scolaires,ainsi que les points d'approvisionnement de carburants des bateaux, quais Ballou et Issoufali en Petite Terre. Les stations services réquisitionnées seront ouvertes du lundi au vendredi de 7h à 12h et de 7h à 10h pour la station de Longoni, uniquement aux véhicules prioritaires. Il s'agit d'assurer "le maintien du bon ordre, de la sécurité et de la salubrité publique".

22/05/09 – Opération de police au port : 13 collecteurs et transitaires interpellés

Faisant suite aux opérations judiciaires menées en mars et avril 2009 par la Douane et la Paf en co-saisie avec le Gir de Mayotte sur le port de Longoni, une nouvelle opération du Gir et de la Paf, résultat d'une enquête menée en parallèle sur des "collecteurs" et transitaires d'exportation de marchandises, a eu lieu lundi matin. 13 personnes ont été interpellées et placées en garde à vue : 10 collecteurs comoriens et 3 transitaires en douane. Travaillant depuis décembre 2008 dans le cadre d'une enquête préliminaire, sous le contrôle du vice procureur Thomas Michaud, les policiers avaient déjà réussi à mettre au jour un vaste système de corruption généralisée aux douanes du port, qui avait conduit à la mise en examen de 27 personnes (voir MH n° 423).

Cette nouvelle opération d'envergure à mobilisé 66 personnels, enquêteurs du Gir, policiers de la Paf, de la sécurité publique et gendarmes avec le soutien du PSIG (Peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie) et de l'escadron de gendarmerie mobile de Niort. Les différentes perquisitions et auditions ont permis d'établir formellement l'existence d'un vaste système de "collecte" de marchandises diverses (véhicules légers, biens d'équipement, etc) sur le territoire de Mayotte, destinées aux Comores et à Madagascar via le port de Longoni. Le trafic des boutres était ainsi "contrôlé" par trois individus qui s'étaient partagé le "marché". Les armateurs et commandants des bateaux étaient, dans ces circonstances, obligés de "travailler" avec cette organisation pour charger leur bateau. En amont, un nombre important de Comoriens en situation régulière ou non, se sont installés sur Mayotte comme "collecteur", sans aucune déclaration auprès des administrations et souvent avec pignon sur rue. Ces "collecteurs" non déclarés prenaient en compte les marchandises destinées à l'exportation auprès de la communauté comorienne clandestine ou non, passaient ensuite par des transitaires en douanes avec la complicité des trois "gestionnaires" du port pour obtenir l'autorisation d'accéder à Longoni et d'embarquer leurs marchandises.

Parallèlement, un des gestionnaires de ce trafic et des douaniers liés au premier dossier, ont été extraits de la prison de Majicavo et entendus sur cette affaire, faisant ainsi le lien avec les douaniers corrompus. Toute cette activité liée à l'économie souterraine qui se chiffre en plusieurs dizaines de milliers d'euros par an s'avère être complètement illégale sur le plan de la législation du travail, et de la législation sur les étrangers car très souvent ces "collecteurs" employaient des travailleurs clandestins. Les 13 personnes interpellées ont toutes été renvoyées devant la Justice pour répondre des faits de travail dissimulé par dissimulation d'activité et de salariés, rémunération inférieure au Smig, séjour irrégulier et aide au séjour, faux et usage de faux.

22/05/09 – Le Grenelle de la mer est lancé à Mayotte

Annoncé le 27 février dernier par Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, le Grenelle de la mer, émanation du Grenelle de l'environnement, va être lancé à Mayotte la semaine prochaine avec l'arrivée sur l'île de représentants des quatre groupes de travail nationaux. L'objectif du Grenelle de la mer pour l'Etat est de définir une stratégie nationale de développement durable pour la mer et le littoral, en concertation avec les élus, les partenaires sociaux et les associations de protection de l'environnement. C'est grâce à son Outremer que la France possède le deuxième espace maritime du monde (11 millions de km²), après les Etats-Unis. Dans les groupes de travail nationaux, il est prévu qu'au moins un quart à un tiers des mandataires soient des ressortissants de l'Outremer.

Le premier groupe de travail intitulé "la délicate rencontre entre la terre et la mer" concerne les espaces côtiers, des territoires ayant un fort développement économique et touristique mais fragiles car sujets à de multiples pollutions. Pour Mayotte, la création du futur parc naturel marin ou le Sdage (Schéma directeur d'aménagement et de gestion de l'eau) actuellement en préparation, entreront dans ce cadre. Les risques cycloniques ou de pollutions accidentelles, le développement de l'urbanisme et des activités sur le littoral pourront également y être traités. Le second atelier "Entre menaces et potentiels, une mer fragile promesse d'avenir" vise à favoriser l'innovation sur les nouvelles technologies de production d'énergie, la lutte contre la perte de biodiversité et la mise en place d'une pêcherie durable.

A Mayotte, seront abordés le développement de l'aquaculture ou le soutien à l'Ifrecor. Des études sont également en cours avec l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) pour évaluer le potentiel des hydroliennes et de la captation d'eaux froides en profondeur pour la climatisation des bâtiments. Le troisième groupe "Partager la passion de la mer" concerne les loisirs nautiques, la formation maritime et la sécurité en mer. A Mayotte, des échanges avec le GSMA, les clubs de plongée ou les Naturalistes sont envisagés. Enfin, le dernier atelier "Planète mer : inventer de nouvelles régulations" évoquera la gouvernance internationale de la mer, avec notamment la gestion de la ZEE de Mayotte.

22/05/2009 – Interview de Tiken Jah Fakoly

 

{xtypo_dropcap}T{/xtypo_dropcap}ounda : Est-ce que vous avez préparé des surprises pour le concert de Mayotte ?

Tiken Jah Fakoly : Nous avons une exclusivité dans le répertoire qui parle de la situation de l'électricité en Guinée-Conakry, un pays d'Afrique de l'Ouest qui a tout pour être au top mais qui n'a rien. Il n'y a même pas l'électricité alors que ça fait 52 ans qu'ils sont indépendants. Tout dernièrement, il y a eu un coup d'Etat : après la mort du président, les militaires ont pris le pouvoir. On espère que les gens qui vont diriger ce pays-là vont mettre le problème de l'électricité dans leurs priorités. Moi, j'ai décidé d'accompagner les populations guinéennes dans leur transition.

 

Tounda : Justement, Conakry est la première date de votre tournée "Un concert, une école"…

TJF : Effectivement, on a commencé le 18 avril, puis on était à Abidjan le 25, et le 3 mai à Ouagadougou. "Un concert, une école", c'est ma manière à moi d'apporter ma contribution au développement du continent africain. C'est aussi ma manière à moi de partager le succès que j'ai aujourd'hui avec ceux qui m'ont soutenu au départ. On dit chez nous "il n'y a pas de fumée sans feu" : s'il y a eu la fumée en Amérique, en Europe, un peu partout aujourd'hui, c'est parce qu'il y a eu le feu en Afrique. J'ai la chance de gagner un peu d'argent à l'extérieur et j'ai envie de partager le succès que l'Afrique m'a donné avec la jeunesse africaine.

 

"Les dirigeants africains savent qu'ils peuvent magouiller parce que la majorité de la population n'est pas allée à l'école"

 

Tounda : Comment s'est passée cette tournée ?

TJF : On a fait trois concerts dans trois pays. J'avoue que sur le plan financier ça ne s'est pas bien passé, mais c'est évident parce que généralement quand on fait des concerts pour gagner de l'argent, on le fait en salle. Moi j'ai déjà fait ça : je me suis retrouvé en Suisse dans une salle pleine de public en costard, c'était des banquiers. Il y avait Youssou N'Dour qui avait organisé un truc pour récolter des fonds pour lutter contre le paludisme en Afrique. Mais moi j'ai décidé d'organiser des concerts avec la jeunesse, parce j'ai un message très important à faire passer : l'importance de l'éducation dans un pays en voie de développement.

Je pense qu'aujourd'hui l'Afrique est dans cette situation simplement parce que les dirigeants africains savent que la majorité de la population n'est pas allée à l'école. Ils savent qu'ils peuvent magouiller, les gens de toute façon ne connaissent par leurs droits, ils ne savent pas qu'ils ont le droit d'être soignés, que normalement ils doivent obligatoirement aller à l'école. La majorité des populations africaines ne connaît pas ses droits. Du coup, les dirigeants en profitent. Sur ce continent, il y a encore aujourd'hui des gens qui votent pour un T-shirt ou même 2.000 francs CFA. Je pense que les choses ne bougent pas beaucoup en Afrique parce qu'on a beaucoup d'analphabètes.

A un moment donné de la vie, on a l'impression qu'on va à l'école pour les parents. En tant que leader d'opinion aujourd'hui, en tant qu'artiste qui est beaucoup écouté par les jeunes, je leur dis : l'école, c'est important, vous allez à l'école pour vous-mêmes. Moi, quand j'étais adolescent, si j'avais eu un message venant d'un leader d'opinion très respecté, j'aurais considéré l'école autrement. Au-delà de la chanson, je pense que c'est bien de poser des actes.

 

Tounda : Depuis le début de la tournée, il y a des sponsors qui vous ont contacté ?

TJF : Non, je n'ai pas eu de sponsors. C'est ça, le paradoxe : je suis l'un des artistes qui rassemble le plus de monde sur des concerts, mais je n'ai pas de sponsor. En Guinée et en Côte-d'Ivoire, on n'a pas eu de sponsor, au Burkina-Faso, on en a eu qu'un. Je n'ai pas eu d'argent pour réhabiliter les écoles : je me suis retrouvé à Abidjan avec 20.000 personnes sur le stade pour 2.500 entrées payantes. C'est les policiers, les gars de la sécurité qui vont prendre l'argent à gauche à droite et qui vont faire rentrer des gens. Ca, c'est un autre combat : celui contre la corruption. Mais moi, j'ai donné ma parole au peuple.

 

"S'il y a beaucoup de personnes qui vont à l'école, les gens vont se rendre compte qu'ils ont des droits et que s'ils ne les réclament pas, personne ne va le faire à leur place"

 

Le plus important pour moi c'est de réveiller les gens, essayer de leur faire prendre conscience de l'importance de l'école. Après, je peux faire des concerts en Europe pour venir réhabiliter ou construire des écoles en Afrique. J'ai déjà construit un collège dans le Nord de Mali, d'une valeur de 50 millions de francs CFA, en étant aidé par la région Rhônes-Alpes. J'ai aussi fait un concert à Saint-Etienne et avec la recette j'ai construit une école primaire dans le Nord de la Côte d'Ivoire, d'une valeur de 25 millions de francs CFA. Là, j'ai cru que je pouvais faire des concerts avec les jeunes pour avoir de l'argent, mais je n'en ai pas eu. Mais il y a eu une mobilisation partout, c'était un vrai succès. Le plus important pour moi, c'est d'attirer l'attention des gens sur l'importance de l'éducation, savoir que si on ne met pas les enfants à l'école, si nos populations ne sont pas lettrées dans quelques années, on va rester au même point. Mais s'il y a beaucoup de personnes qui vont à l'école, ça va changer beaucoup de choses parce que les gens vont se rendre compte qu'ils ont des droits et que s'ils ne les réclament pas, personne ne va le faire à leur place.

Le taux de scolarisation des jeunes filles en Afrique est très bas parce que les parents se disent : c'est pas la peine qu'elles aillent à l'école parce qu'elles vont se marier bientôt. Le coin où j'ai construit le collège dans le Nord du Mali, c'est à quelques km du village d'Ali Farka Touré, le grand guitariste malien qui a été l'un des seuls artistes africains à avoir deux Grammy Awards avant sa mort (le 7 mars 2006, ndlr). Dans ce village, les filles n'allaient qu'à l'école primaire. Aujourd'hui, on a des exemples en Afrique : on a même une femme qui est chef d'Etat, la présidente du Libéria, et on a beaucoup de femmes ministres dans les gouvernements africains.

 

Tounda : Pensez-vous que la situation de la Côte-d'Ivoire est sur la voie du renouveau avec l'annonce d'élections nationales par Laurent Gbagbo avant la fin 2009 ?

TJF : J'espère qu'il y aura des élections en 2009. Ca fait 10 ans que tous les élus ivoiriens sont assis dans leurs fauteuils, tranquilles, parce que personne ne démissionne. Je pense que les dirigeants ont conscience qu'on ne peut plus attendre parce que rien n'est fait. Le seul programme du gouvernement qu'on a depuis quelques mois, c'est l'accord de Ouagadougou (signé le 4 mars 2007 par Gbagbo et Guillaume Soro, le chef des Forces nouvelles devenu Premier ministre, ndlr). Les jeunes ont envie d'aller à l'école, qu'il y ait des projets de bitumage des routes, des entreprises qui s'installent pour leur donner du travail. Cette guerre était inutile, elle est arrivée parce que certains Ivoiriens considéraient les autres comme des étrangers dans leur propre pays, alors que la Côte-d'Ivoire est une terre cosmopolite. J'espère que mon retour en Côte-d'Ivoire se fera après les élections présidentielles, lorsqu'on aura un président qui va libérer la parole et assurer la sécurité de tous les citoyens. Mais pour le moment, je suis bien au Mali (voir biographie).

 

"Personne ne viendra changer l'Afrique à la place des Africains. Si l'Afrique doit avancer, ce sera avec nos forces"

 

Tounda : Votre prochain album "African Revolution" va sortir en septembre 2010. Est-ce que vous pouvez nous dire quelques mots sur ce nouvel opus ?

TJF : Rien n'est fait encore, tout est encore dans ma tête. Moi, je n'écris pas beaucoup, j'ai cette culture de la tradition orale. L'album va parler de la prise de conscience des Africains sur leur sort. Dans cet album, je dis simplement : personne ne viendra changer l'Afrique à la place des Africains. Si l'Afrique doit avancer, ce sera avec nos forces. Personne n'a changé les autres pays. Aujourd'hui, la Chine n'est pas un pays démocratique mais c'est une force économique qui fait même concurrence aux pays les plus puissants du monde. Mais c'est les Chinois qui ont changé la Chine, ce ne sont pas les Français ou les Anglais qui sont venus.

 

Tounda : Justement, les Chinois investissent beaucoup en Afrique ces dernières années…

TJF : Les Occidentaux et nous, ça fait très longtemps qu'on est ensemble. Ils ont remarqué que les Africains commencent à comprendre certaines choses. J'aurais préféré qu'on rediscute les anciens contrats, parce que le problème avec l'Occident, c'est qu'il y a des contrats qui ont été signés avec des présidents qui sont morts il y a longtemps, mais qui ont toujours cours aujourd'hui. Je pense qu'il faut mettre tout à plat, revoir tous les contrats et comprendre que les mentalités ont changé. Le peuple a commencé à se décoloniser : il y a une nouvelle génération sur le continent et il faut aller sur de nouvelles bases pour avancer.

Moi, je ne fais pas confiance à la Chine. Je trouve que ce que l'Occident a commencé à arrêter, c'est ce qu'ils viennent faire. L'Occident a compris quelque part que de toute façon, si l'Afrique n'avance pas, il y aura toujours des retombées chez eux, avec toute l'affluence de la jeunesse africaine en Occident. Les Occidentaux ont soutenu les dictateurs qui ont mis l'Afrique à genoux pendant des décennies, ce qui fait qu'aujourd'hui, les jeunes n'ont pas de boulot, aucune situation. Ils ne rêvent pas, donc ils ont envie de partir. Aujourd'hui, la Chine vient corrompre les dirigeants pour avoir les marchés. Ils s'en foutent des jeunes qui doivent avoir du boulot. Pendant les Jeux Olympiques à Pékin, les Noirs n'avaient pas le droit d'entrer dans les bars, j'ai lu ça dans "Jeune Afrique". C'est vous dire un peu ce que les Chinois pensent de nous. Le pillage des ressources du continent ne s'arrêtera que quand nous, les Africains, on va dire : stop !

 

"On ne peut pas imposer aux Mahorais de rester comme les Comores où il y a beaucoup de problèmes et où les gens ne peuvent pas se soigner quand ils sont malades"

 

Tounda : Vous venez de sortir un mini-album "Radio Libre" en début d'année. Pourquoi n'est-il distribué qu'en Côte-d'Ivoire, au Mali, en Mauritanie et au Burkina-Faso ?

TJF : J'ai un contrat avec Universal et je sors un album tous les deux ans. Là, il y a eu tellement d'événements en Afrique : le coup d'Etat en Guinée, celui en Mauritanie ou l'élection historique d'Obama qui mérite d'être écrite dans l'Histoire du reggae. J'avais envie de m'exprimer mais mon contrat ne me permettait pas de sortir un album officiel sur le plan international. C'est un album qui a été enregistré dans les loges. Les premières prises qu'on a faites, c'était dans les loges du Zénith de Saint-Etienne. La dernière prise de voix, je l'ai faite dans la salle de réunion de mon hôtel à Paris, et puis on a mixé l'album. Je l'ai sorti pour pouvoir m'exprimer par rapport à l'actualité en Afrique. Si un jour Universal estime que c'est un album qui mérite d'être connu sur le plan international, on le fera. En tout cas, le titre "Conakry électricité" sera certainement sur le prochain album "African Revolution".

 

Tounda : Quel est votre sentiment sur le statut de département que les Mahorais viennent d'approuver très largement ?

TJF : Je pense que chaque peuple a la possibilité de décider de son destin. Aujourd'hui, les Mahorais ont décidé d'être un département français, c'est quelque chose que je respecte. On ne peut pas leur imposer de rester comme les Comores où il y a beaucoup de problèmes et où les gens ne peuvent pas se soigner quand ils sont malades. Nous, au niveau de l'Afrique, on aimerait bien les avoir avec nous mais on se cherche encore, il y a beaucoup de situations qui vont mal. Je considère tous les pays de l'océan Indien comme africains, surtout Mayotte. Je suis un démocrate et je respecte le choix de la majorité de la population. Peut-être que pour le moment, c'est ce qui est le mieux pour eux.

 

Propos recueillis par Julien Perrot

 


 

Petite biographie de Tiken Jah Fakoly

Doumbia Moussa Fakoly est né le 23 juin 1968 à Odienné au Nord-Ouest de la Côte-d'Ivoire. Issu d'une famille de forgerons, il découvre assez tôt la musique reggae et monte son premier groupe, Djelys, en 1987. Il réussit peu à peu à se faire connaître au niveau régional, puis national, avec ses concerts.

Très concerné par l'évolution sociale et politique de son pays, Tiken Jah écrit des textes incisifs sur la situation électorale qui fait suite à la disparition d'Houphouët-Boigny en 1993, ce qui lui a valu une grande popularité au sein de la jeunesse. En 1998, il monte pour la première fois sur scène en Europe, à Paris. Depuis 2003, Tiken Jah Fakoly vit exilé au Mali suite à des menaces de mort.

Il obtient la Victoire de la musique en 2003 dans la catégorie album reggae/ragga/world pour l'album "Françafrique". Artiste de renommée mondiale, il enchaîne les tournées et a joué dans les festivals les plus prestigieux.

Lors d'un festival de rap à Dakar en décembre 2007, il demande au président Wade de "quitter le pouvoir s'il aime le Sénégal" et parle du danger que court le pays. Il est déclaré "persona non grata" au Sénégal suite à ces déclarations jugées "fracassantes, insolentes et discourtoises" par le gouvernement sénégalais, qui l'a depuis interdit de séjour.

Tiken Jah a financé deux établissements scolaires dont le premier a été inauguré à Touroni, en Cote-d'Ivoire, en décembre 2008. Pour sa tournée Afrique 2009, parrainée par Cheick Modibo Diarra, "ambassadeur de bonne volonté" de l'Unesco, Tiken a l'ambition de reverser l'ensemble des revenus issus de la billetterie au bénéfice de la construction d'écoles. Un site internet qui contient tous les détails de cette tournée a été créé pour l'occasion : www.ecole-fakoly.com.

 

Discographie

  • 1996 : Mangercratie
  • 1999 : Cours d'histoire
  • 2000 : Le Caméléon
  • 2002 : Françafrique
  • 2004 : Coup de gueule
  • 2007 : L'Africain
  • 2008 : Live à Paris

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