04/05/09 – Un comité de pilotage sur l’évolution de l’aéroport de Pamandzi
04/05/09 – Ouverture à Mayotte de l’appel à candidature en vue d’obtenir le label « Nacre »
La DTEFP et la Direction Régionale Océan Indien de la Caisse des Dépôts et Consignations informent les organismes intéressés de l'ouverture à Mayotte à compter du 20 avril de l'appel à candidature en vue d'obtenir le label "Nacre" (Nouvel Accompagnement pour la Création et la Reprisela DTEFP de Mayotte. d'entreprise). Les dossiers de candidature doivent être demandés par courrier auprès de la DTEFP de Mayotte.
Mai 2009 – Alcoolisme, prévenir le Fléau
Etude alarmante
La jeunesse en danger
{xtypo_dropcap}R{/xtypo_dropcap}éalisée en 2003 à l'initiative du Centre information jeunesse (Cij) et travaillée par Ipsos et Angalia, une étude sur les jeunes et l'alcool faisait apparaitre des comportements très alarmants chez les garçons adolescents et jeunes adultes. D'une manière générale, la consommation d'alcool est très souvent liée aux actes de délinquance juvénile, pourtant rien n'est fait pour freiner ce phénomène.
C'était en 2003, le Centre information jeunesse fait administrer environ 4.500 questionnaires à des jeunes résidant à Mayotte, pour leurs habitudes de consommation de tabac, d'alcool et de cannabis. Le Cij fait ensuite appel à Angalia et Ipsos pour le traitement des données recueillies. 3.852 enquêtes sont retenues au final, elles concernent des jeunes âgés de 12 à 26 ans. Toutes les données recueillies sont du déclaratif, les résultats sont donc en général en dessous de la réalité.
Présentée par Jean Conneau d'Angalia devant plusieurs responsables de la jeunesse et de la santé, l'enquête fait apparaître des comportements alarmants avec l'alcool chez les garçons (3% seulement des filles déclarent boire), souvent déscolarisés et plus ou moins indépendants ou livrés à eux-mêmes, à savoir ceux qui vivent dans un banga et plus chez leurs parents. Pourtant, rien n'est fait pour endiguer le phénomène.
A l'époque, la Dass annonce que l'alcool ne fait pas partie de ses priorités que sont la lutte contre le paludisme et le chikungunya, et certains se montrent vexés devant les statistiques par origine : parmi les garçons qui se déclarent buveurs, ils sont 25% de ceux nés à Mayotte contre 14% de ceux nés aux Comores, une donnée qui semble mal acceptée.
Parmi les préconisations de l'agence Angalia, la principale est de refaire régulièrement cette enquête et d'établir un observatoire de la consommation d'alcool chez les jeunes, un chiffre seul n'ayant qu'une valeur limitée tant qu'il n'est pas comparé à un autre chiffre. Six ans plus tard, aucune nouvelle enquête n'a été réalisée, Mayotte reste absente des données de l'Observatoire français des drogues et toxicomanies et il est impossible de mesurer la tendance de la consommation d'alcool par les jeunes de l'île.
L'alcool, facteur aggravant de la délinquance
L'enquête fait apparaître que chez les garçons de 12 à 14 ans, 8% déclarent boire, 20% des garçons de 15 à 19 ans et 32% de ceux de 20 à 26 ans. "Chez les plus jeunes, vers 13/14 ans, l'alcool est souvent un facteur aggravant dans les actes de délinquance", constate le juge pour enfants Michel Sastre, "dans les actes de vol, de violence et même de viol, on constate souvent qu'ils ne seraient pas passés à l'acte s'ils n'avaient pas bu. L'alcool facilite le passage à l'acte".
Le magistrat constate également que beaucoup de mineurs qui boivent semblent être entraînés par des plus âgés, souvent des majeurs. "Lorsqu'on leur demande avec quoi ils se procurent cet alcool, on obtient jamais de réponse", déplore-t-il. L'enquête permet d'en apporter une : un buveur sur deux déclare que l’alcool qu’il consomme lui a été offert. L'enquête constate en effet que la consommation d'alcool se fait en groupe. Les jeunes qui ont des activités culturelles ou sportives ou qui participent à des voulés sont plus souvent buveurs que ceux qui n’ont aucune activité de loisirs. 97% des jeunes qui se déclarent buveurs, soit la quasi-totalité, participent à des voulés.
Quoi qu'il en soit la vente d'alcool aux mineurs (interdite désormais aux moins de 18 ans depuis le vote récent de la loi Bachelot) n'est absolument pas contrôlée sur l'île, les actions de contrôles étant uniquement faites sur la conduite en état d'ivresse. L'alcool est également un produit accessible et c'est sans surprise la bière qui est la boisson alcoolisée plébiscitée avec 92% des jeunes buveurs qui en consomment au moment de l'enquête. Viennent ensuite le vin avec 52% et les alcools forts avec 46%. Le trembo (vin de palme fermenté) était encore consommé par 23% des buveurs en 2003.
Une recherche d'échappatoire
"Le plus souvent, l'alcool est mélangé au bangué et aux médicaments", constate Michel Sastre. Il y a encore un ou deux ans, du Rivotril, anxiolytique et hypnotique puissant, circulait dans les établissements scolaires, on peut encore aujourd'hui se procurer certains anti-douleurs très puissants venus d'Inde et interdits à la vente sur le territoire français. "Il y a un phénomène particulier ici : lors des cambriolages, on vole souvent l'alcool", poursuit le magistrat. "Cette jeunesse cherche à s'échapper, à planer, par tous les moyens."
Un constat corroboré par l'enquête : lorsqu'on leur demande de chiffrer leur consommation habituelle, la majorité des jeunes pointe le nombre de verres ou cannettes le plus élevé proposé par le questionnaire, soit 7 et plus.
Le fait de loger dans un banga et non dans sa famille est également un facteur très aggravant : chez les garçons de 12-14 ans 5% de ceux qui n’habitent pas dans un banga déclarent boire. Contre 15% de ceux qui vivent dans un banga. Chez les 15-19 ans on passe de 14% à 26% pour ceux qui vivent dans un banga. "L'alcoolisation est une conséquence de l'oisiveté", note le juge pour enfants, "ils sont exclus de l'école, trainent dehors à n'importe quelle heure, picolent et finissent par faire n'importe quoi."
Pour autant, ces jeunes ne sont pas des alcooliques au sens médical du terme : ceux qui finissent en prison sont sevrés de fait, ils ne font pas de crise de manque lors de leur séjour. Pour les autres, la justice peut assortir des peines de sursis à une obligation de soin, et mettre en place des mesures de suivi comme la liberté surveillée. "Le problème n'est pas insurmontable", estime le juge Sastre. Encore faut-il une réelle volonté politique de s'y attaquer.
Hélène Ferkatadji avec les données de l'enquête réalisée par Ipsos et Angalia pour le Crij
Résumé de l'enquête
Ce sont les garçons qui boivent
3 facteurs à risque :
- L’âge : les plus âgés boivent plus
- Le banga : vivre et/ou dormir dans un banga est un facteur à risque particulièrement pour les plus jeunes
- Etre né à Mayotte : les jeunes nés à Mayotte boivent plus
3 zones à risque bien définies, situées sur la côte Ouest de Mayotte.
La consommation d’alcool est occasionnelle, en groupe et massive : "On se saoule entre copains".
Les chiffres qui font peur :
- 1 garçon sur 4 né à Mayotte et âgé de 12 à 26 ans déclare boire
- 39% des garçons âgés de 20 à 26 ans nés à Mayotte déclarent boire
- 20% des garçons âgés de 12 à 14 ans nés à Mayotte et qui vivent et/ou dorment dans un banga déclarent boire
- 46% des jeunes buveurs consomment des alcools forts
- 36% des jeunes buveurs déclarent boire 7 verres et plus lorsqu’ils s’alcoolisent
- Pour 1 buveur sur 2, l’alcool qu’il consomme lui a été offert
Les préconisations d'Angalia à la suite de l'enquête
- Le questionnaire ne permet pas de savoir quelles personnes de l’entourage fournissent les jeunes en alcool. Ceci pourrait faire l’objet d’un complément d’enquête à l’occasion d'un prochain omnibus Ipsos (non réalisé à ce jour).
- L’enquête ayant été faite en 2002, il faudrait réactualiser les principales données. On pourrait ainsi mettre en place une observation sur les jeunes et l’alcool (non réalisé).
- Dans le cadre de cet observatoire, il faudrait normaliser le questionnaire et la méthodologie afin d’obtenir des informations comparables à celles disponibles sur d’autres territoires (non réalisé).
{mospagebreak title=Entretien avec le Dr Lefevre, directrice du centre de santé mentale}
"Pour se soigner, il faut accepter le fait qu'on est malade"
{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ayotte Hebdo : A Mayotte on assimile souvent celui qui boit à un alcoolique. Qu'est-ce qui caractérise vraiment l'alcoolisme ?
Marie-Joséphine Lefevre : L'alcoolisme est une maladie, une addiction. Je dirais que l'alcoolique est celui dont la volonté se dissout dans le premier verre. Il y a plusieurs façons de boire de l'alcool, l'alcoolique est dans l'incapacité de gérer sa façon de boire, il n'a pas de limites. Il y a plusieurs alcooliques : celui qui boit tous les jours beaucoup et celui qui boit le week-end mais comme "un trou", qui ne peut s'arrêter que lorsqu'il n'y a plus d'alcool ou lorsqu'il tombe.
La notion d'alcool est taboue ici, alors qu'en Métropole l'alcool est culturel. Ici on ne boit pas par goût, il n'y a pas eu d'apprentissage, boire est une transgression. On constate la disparition récente de l'emprise culturelle et religieuse qui freinait la consommation d'alcool, parallèlement le produit est de plus en plus présent.
MH : Une importante étude menée il y a quelques années montre un comportement alarmant des jeunes avec l'alcool, l'avez-vous constaté ?
M.-J. L. : A Mayotte, ceux qui boivent sont ceux qui sont déjà en difficulté par rapport au groupe, d'où le fait que les jeunes boivent. Il y a une rupture à l'adolescence, on boit par provocation de la société et même de la vie. Dans la façon de boire à l'extrême de ces jeunes, le "binge-drinking*", on voit une sorte de défi : "je fais ce que je veux avec ma vie". Au Moyen-âge, on appelait cela un comportement ordalique*. Boire, c'est transgresser, se mettre en difficulté avec Dieu, avec le groupe et avec la loi. Toute alcoolisation est une prise de risque, mais n'est pas une pathologie alcoolique. En fonction de l'histoire de la personne, la rencontre avec l'alcool peut être fatale.
MH : Quels sont les soins existant ici pour les alcooliques ?
M.-J. L. : Il y a des prises en charge, individuelles ou en groupes. Plusieurs infirmiers du centre de santé mentale sont récemment partis en formation en Métropole suivre une formation pour gérer ces groupes de parole dans les normes. Nous connaissons quelques difficultés d'ordre géographique – il est compliqué de réunir quelqu'un d'Acoua et quelqu'un de Dembéni dans un même groupe – mais il y a suffisamment de cas pour organiser ces groupes, bien que la majorité des gens n'avouent pas boire car c'est un tabou puissant ici : quand on trouve un alcoolique ivre mort dans une rue, on le cache plutôt que d'appeler l'ambulance.
MH : Les alcooliques que vous traitez sont-ils venus vous voir de leur plein gré ou sous le coup d'une obligation judiciaire ?
M.-J. L. : Quelques uns finissent par venir au dispensaire de leur plein gré, ils assument leur pathologie, souvent après pression de la famille ou de l'entourage professionnel. Je dirai qu'ils représentent la moitié des cas traités, l'autre moitié est ceux qui ont obligation judiciaire de se faire soigner.
Le problème est que les soins psychiatriques sont récents à Mayotte, nous ouvrons d'ailleurs les premiers lits en psychiatrie le 1er mai, le projet est d'atteindre une vingtaine de lits d'ici deux à trois ans. Ils seront intégrés au nouveau bâtiment de l'hôpital. Ces premiers lits iront avec la mise en place de l'hospitalisation d'office, qui ne se fait pas encore à Mayotte. Jusqu'ici, ceux qui avaient obligation de soins étaient envoyés à la Réunion.
Ceux qui viennent d'eux-mêmes ont le projet d'arrêter. Nous leur proposons les groupes de parole. Ceux qui sont sous le coup d'une obligation judiciaire sont plus délicats à traiter, quelques uns sont déjà dans une démarche de remise en question de leur comportement, mais ils ne constituent pas la majorité. Pour se soigner, il faut avant tout avoir accepter le fait qu'on est malade. Ensuite, on arrive forcément à une étape où on a besoin d'aide pour supporter la perte de l'alcool qui entraine une dépression et une frustration plus ou moins importante. A côté des groupes de parole, les personnes prennent un traitement en anxiolytiques pour gérer leur angoisse et un soin contre la dépression.
MH : Rien ne peut se faire tant que l'on n'a pas accepté sa maladie ?
M.-J. L. : C'est exact. Selon leur histoire, certains n'ont pas cette capacité de jugement de l'effet destructeur de l'alcool sur eux, ils sont dans le déni. Ceci est valable pour tout produit addictogène. D'ailleurs, à Mayotte, l'alcool est bien plus tabou que le bangué (cannabis).
L'alcoolisme est une maladie à vie, c'est-à-dire qu'un alcoolique qui a arrêté de boire ne pourra jamais reprendre de façon modérée, le premier verre lui sera à nouveau fatal. Cette maladie est contrôlable à partir du moment où le sujet a accepté son état, où il sort du déni.
MH : La justice constate que les jeunes qui font de la prison sont sevrés de fait, ce qui veut dire qu'ils ne sont pas de vrais alcooliques. Quel est le profil de l'alcoolique ici ?
M.-J. L. : Ce que je peux dire, c'est que nous ne voyons jamais de femmes, les alcooliques que nous traitons sont tous des hommes. Il est vrai que ces jeunes délinquants ne sont pas véritablement alcooliques car ils ne font pas de crise de manque en prison, mais je présume qu'en grandissant, certains de ces adolescents deviennent des adultes alcooliques. Avec un facteur aggravant pour ceux dont le père boit déjà : le père est un repère fort, un père défaillant va entrainer un enfant défaillant.
Propos recueillis par Hélène Ferkatadji
* Comportement extrême à haut risque, parfois appelé "auto-sacrificiel", motivé par un besoin de jouer avec la mort ou de revitaliser son existence.
{mospagebreak title=Rencontre avec un consommateur}
“Ici, on a tendance à ne rien expliquer aux jeunes”
{xtypo_dropcap}]A{/xtypo_dropcap}li est un jeune mahorais de 25 ans. On pourrait le qualifier de consommateur d’alcool modéré. Il connaît les dangers de l’alcool, mais regrette que les religieux n’expliquent pas clairement les raisons de l’interdit qui frappe cette substance dans la religion musulmane.
Quand on est adolescent, on ne souhaite qu’une chose : braver les interdits et se démarquer des parents. Ali a lui aussi traversé cette phase quand il était plus jeune. Parmi les interdits qui l’attiraient, figurait l’alcool. Sa première boisson alcoolisée, c’est à Mayotte qu’il a eu l’occasion d’y goûter. “J’avais 18 ans et c’était du Gandia. J’ai juste goûté pour voir ce que c’était. J’étais avec ma bande de potes et certains parmi eux buvaient depuis longtemps déjà. J’ai un peu fait la grimace, il faut l’avouer.”
Peu de temps après, il obtient son bac et direction le Nord de la France. Là-bas, les occasions se multiplient en fin de semaine lors des fêtes étudiantes pour boire des boissons alcoolisées. “Le week-end, en boîte ou dans les cafés, on se lâchait. J’étais le seul Mahorais dans mon groupe d’amis”, affirme Ali. Selon lui, il n’avait pas besoin de se mettre à boire pour se faire accepter et améliorer son intégration à ce nouvel environnement. Il lui est arrivé une seule fois de finir totalement ivre et de ressentir les effets de l’alcool le lendemain matin.
Depuis, Ali assure qu’il a toujours su se contrôler. Revenu à Mayotte depuis peu, il continue à boire de l’alcool. “Je bois une bière à midi quand je mange. Quand je suis chez moi, je ne bois pas. Tout le monde est au courant, sauf mes parents, ou s’ils le savent, ils ne m’en ont jamais parlé. Et il serait inconcevable de boire ou d’être saoul en leur présence. C’est une question de respect à leur égard, je ne veux pas leur imposer quelque chose qu’ils n’approuvent pas”, confie-t-il.
“Il faut expliquer les dangers de l’alcool"
Ali affirme comprendre l’image négative que traînent les consommateurs d’alcool à Mayotte. “Il y a boire et boire. C’est sûr que si tu te saoules et que tu fais ch… les autres, tu auras une mauvaise image. Mais si tu bois avec modération et qu’une fois que tu as fini, tu rentres tranquillement chez toi sans que personne ne remarque quoi que ce soit, alors là peut-être que les buveurs seront mieux accueillis”, avance-t-il. Toutefois, avec le poids de l’islam qui interdit la consommation d’alcool, il n’est pas tout à fait sûr qu’un jour un consommateur d’alcool, quel qu’il soit, soit bien vu par la société mahoraise.
“Il faut expliquer les dangers de l’alcool et apprendre comment le consommer. Je sais qu’on peut avoir des cancers du foie, devenir dépendant et ne plus avoir de vie à cause de l’alcool. Mais ici, les religieux ne nous expliquent pas tout ça. Ils nous disent que c’est interdit, c’est comme ça et pas autrement. S’ils expliquaient quelles sont les raisons qui ont poussé le prophète à interdire cette consommation d’alcool, quels sont les dangers, je pense que cette interdiction serait mieux respectée.” Comme de nombreuses personnes, Ali a constaté que les Mahorais avaient une attitude de binge-drinking : boire beaucoup et vite pour atteindre un état d’ébriété à une vitesse grand V.
“Ca énerve mes amis quand je tiens la même canette pendant une heure”
“Quand je suis dans un voulé, ça énerve mes amis de me voir tenir ma bière pendant une heure. Ils aimeraient que je les suive.” Dans l’Hexagone, ses amis mahorais buvaient plus facilement qu’à Mayotte. “Beaucoup buvaient là-bas et ne le font pas ici. C’est sûrement à cause de la famille et de la religion. Là-bas, ils étaient comme moi, indépendants et se lâchaient. Même les filles buvaient. Mais contrairement aux garçons, elles connaissent leurs limites et elles buvaient juste pour être zen, pour planer, par pour se mettre une mine. L’alcool, ça désinhibe, ça rend plus facile le contact avec les autres”, estime Ali.
Ce dernier estime que finalement, si on a un rapport mesuré avec l’alcool, on ne devrait pas être montré du doigt. Pour lui, ces personnes ne sont pas plus ou moins fautives que celles qui vont à la mosquée devant tout le monde et qui, une fois à Madagascar, consomment des bières. Ou que les mamans qui se disent pratiquantes et qui, une fois de temps en temps, boivent des spiritueux au cours d’un rumbu. “En fait, c’est une façon de se défouler pour elles, un peu comme quand je vais en boîte.”
Faïd Souhaïli
Quelques fausses idées sur l’alcool
Le pastis est moins alcoolisé avec beaucoup d’eau : en réalité, l’ajout d’une grande quantité d’eau ne change pas la quantité d’alcool qui est contenue dans le verre. Cela ne fait que diluer le goût et l’alcool.
Quand on boit régulièrement, on tient mieux à l’alcool : en fait quand on boit régulièrement, on perçoit moins les effets de l’alcool. On a l’impression que l’on résiste mieux, mais cela ne change rien à la quantité d’alcool que l’on a dans le corps
Boire de l’alcool stimule le cerveau : c’est tout le contraire. Bien qu’on ait l’impression d’être en forme et donc d’avoir le cerveau stimulé, l’alcool ralentit son activité. La vigilance est moins bonne. L’alcool augmente la prise de risque et rend très dangereuse la conduite automobile.
Source : Brochures “Pour faire le point sur votre consommation d’alcool” et “Alcool : votre corps se souvient de tout”, éditées par l’INPES (Institut national de prévention et d'éducation à la santé)
{mospagebreak title=A la rencontre de consommateurs}
Alcool et désillusions…
{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}amoudzou, Pamandzi, Kawéni. En matière d'alcoolisme, les grandes villes de Mayotte semblent à l'avant-garde d'une tendance qui va en s'amplifiant, à mesure que les difficultés sociales augmentent. Même si pour le moment l'alcoolisme chez les jeunes se cantonne surtout aux voulés et aux sorties en boites de nuit, on n'est pas à l'abri d'une situation similaire à celle de la Réunion et d'autres territoires français d'Outremer où l'alcool est devenu la niche de tous ceux qui se sont retrouvés exclus du monde du travail. Nous sommes partis à la rencontre de ceux pour qui l'ivresse est devenue un refuge, pour tenter de comprendre leur situation.
On les retrouve tous les soirs. Ce sont toujours les mêmes qui se réunissent aux abords de l'ancien marché de Mamoudzou, juste à coté de leur magasin d'alcool favori. "Ici c'est le carrefour", disent-ils. "Nous travaillons à Kawéni ou dans les environs, et nous sommes obligés de passer ici pour prendre le taxi brousse. Comme on sort fatigués du boulot, on en profite pour venir boire un coup avant de rentrer. Ca permet de déstresser…"
Carrefour, le terme est bien choisi. En effet, dans ce petit carré, on trouve de tout. Les buveurs occasionnels, qui passent par là pour boire une canette le temps de finir leur cigarette; les habitués, qui se retrouvent entre amis pour boire une bière ou deux, même si au final le nombre de canettes ingurgitées se situe plutôt autour de cinq. Et enfin les purs et durs, ceux qui sont là dès l'ouverture. Les plus fidèles clients.
Un carrefour, dans le sens de quartier général. Mais ici c'est surtout un lieu de rencontres, comme l'explique ce marin. "Je suis capitaine d'un bateau, je viens ici pour trouver un peu de compagnie plutôt que de rester seul. En venant ici, j'ai pu faire des rencontres extraordinaires. Des Mahorais, des Comoriens, des Wazungu. A Mayotte, il n'y a que dans un endroit comme celui-là que l'on peut voir toutes ces personnes se rencontrer et discuter." Accompagné de ses deux acolytes, Bernard* n'hésite pas à nous confier sa solitude de marin et sa relation avec l'alcool. "En ce moment, je ne travaille pas, mon bateau a quelques problèmes. Alors je viens ici pour boire. Ca m'aide à oublier un peu."
"A Mayotte il n'y a plus de chance, plus d'espoir, surtout quand ta famille te rejette"
La solitude, on la retrouve aussi en face, sur le trottoir où se retrouvent les jeunes. "On est célibataires, on n'a pas de femme. On boit pour oublier avec un autre plaisir, celui de l'ivresse", explique El-Anrif*.
C'est avec sa famille que Bourhane* rencontre des problèmes. "Ma famille a honte de moi, ils font comme si je n'existais pas. Ils disent que je donne une mauvaise image d'eux". Pour ce jeune homme de 26 ans, impossible de s'en sortir sans l'appui de son entourage. Dans une société où les relations font et défont des carrières, où l'entraide familiale reste le seul moyen de palier aux carences en matière de protection sociale, un rejet familial aboutit souvent à l'exclusion sociale.
C'est surtout lors de ses recherches d'emploi que le jeune homme prend conscience de cette réalité. "Ici il y a un gros problème : si tu n'es pas connu, si tu ne viens pas d'une grande famille, on te prend pas. A Mayotte il n'y a plus de chance, plus d'espoir, surtout quand ta famille te rejette." Un constat difficile que beaucoup ici ont pu faire au cours de leurs différentes expériences. D'ailleurs la plupart a l'impression d'avoir été oubliée par la société.
"Quand les gens voient un homme dormir là, dans la rue", s'indigne Allaoui, (il nous désigne un homme en train de dormir dans un sac de couchage derrière lui), "ils pensent tout de suite que c'est un alcoolique. Mais non, ça peut aussi être un homme qui est venu chercher du boulot. Lui a gaspillé 50 euros pour se déplacer partout."
Il nous raconte l'histoire de ce jeune originaire du village de Sohoa. "Pour trouver du travail et déposer son CV, il a fait tout le tour des administrations, sans succès. Du coup, à la fin de la journée, il n'avait plus de quoi rentrer. Il a été obligé de rester là. Il s'est retrouvé à mendier et à boire. Y'en a qui dorment dans la rue, plutôt que de repartir dans leur villages et être obligé de repayer pour revenir chercher du travail. On ne se rend pas compte des frais que ça représente pour quelqu'un qui ne travaille pas."
"On ne fait pas attention à mes diplômes. On me propose le même salaire qu'aux Anjouanais : 500 euros"
Ahmed* est à Mayotte depuis huit mois. Il a finalement décidé de rentrer avec un BTS restauration dans la poche, suivi de sept années d'expérience en France. Mais après quelques recherches, il a été contraint d'accepter la dure réalité du marché de l'emploi local.
"Partout où je vais, on ne fait pas attention à mes diplômes. On me propose le même salaire qu'aux Anjouanais : 500 euros. Eux ils acceptent parce qu'ils n'ont pas le choix, mais en tant que cuisinier qualifié, même le Smig ce n'est pas assez pour ce que je fais. Imagine que là où je travaille, en une nuit, on fait à manger pour 300 personnes et on n'est que 5. On doit travailler le plus vite possible avec les pressions de l'employeur. C'est pour ca que je viens boire à la sortie du travail. On a voté "oui" au département, maintenant j'attends de voir si on va vraiment appliquer les lois en ce qui concerne la réglementation du code du travail."
A ses cotés, Estelle*, la seule fille dans l'assemblée acquiesce en silence avant d'ajouter : "c'est vrai qu'on est vraiment exploités ici, les heures supplémentaires que l'ont fait ne sont même pas payées". Elle aussi connaît les mêmes désillusions.
"Quand on était petit, on nous a dit d'étudier. Maintenant qu'on cherche du boulot, il n'y a plus personne. J'ai envoyé mon CV au conseil général pour un travail et on m'a dit d'attendre deux à trois mois. Résultat : c'est un criminel qui a eu le poste. Un garçon que je connais, il volait des carreaux pour aller les revendre pendant que moi j'étais à l'école. C'est juste parce qu'il a de la famille haut placée. Quand on dénonce ce genres de choses, les politiciens nous regardent de haut, pour eux nous ne sommes que des ivrognes", ajoute Ahmed.
Découragé comme beaucoup de jeunes mahorais, il a décidé de repartir tenter sa chance dans l'Hexagone. En ces temps de crise, c'est une autre réalité toute aussi difficile qui l'attend. Mais selon lui, là-bas au moins les politiciens font plus attention à leurs jeunes.
Halda Toihiridini
* Prénoms d'emprunt
{mospagebreak title=Alcool et sécurité routière}
L'Alcool au volant

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a comparaison avec les chiffres de la Métropole est difficile car seuls sont disponibles les chiffres de 2006.
En 2006, l’alcool était présent dans 11,1% des accidents corporels et 28,4% des accidents mortels. Dans les accidents au cours des nuits de week-end, plus de la moitié des accidents mortels sont dus à l’alcool. La proportion d’accidents avec alcool dans les accidents mortels est trois fois plus élevée que celle constatée dans les accidents corporels non mortels.
70,2% des conducteurs au taux d’alcoolémie positif impliqués dans un accident corporel étaient au volant d’une voiture de tourisme contre 64% en général. Sur cinq tués dans un accident avec alcool en 2006, trois étaient des conducteurs en état alcoolique, un était passager du conducteur ivre et un était piéton ou usager d’un véhicule tiers.
En 2006, si aucun usager n’avait conduit avec un taux d’alcoolémie positif, les nombres d’accidents mortels et de tués auraient pu être réduits d’environ 26,2%. Le nombre total de dépistages d’alcoolémie pratiqués a été multiplié par 2,3 entre 1990 et 2006. Le nombre de dépistages positifs, qui est un indicateur plus fiable, a connu entre 2002 et 2006 une hausse du nombre de contrôles positifs de +57%.
Depuis la loi du 15 septembre 1995, le seuil maximum d’alcoolémie est de 0,5 g/l de sang (soit de 0,25 mg/l d’air expiré). Au-delà de 0,8 g/l d’alcool dans le sang, le conducteur se trouve dans une situation de délit qui entraîne de lourdes sanctions, dont le retrait de six points du permis de conduire. La conduite en état d’alcoolisation, avec entre 0,5 et 0,8 g/l d’alcool dans le sang, constitue une infraction sanctionnée par une contravention de 4ème classe qui, outre la peine d’amende forfaitaire, fait encourir le retrait de trois points du permis.
{mospagebreak title=4,54 Millions de recettes pour la CDM}
4,54 M€ de recettes pour la CDM
{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}es taxes sur l’alcool ont rapporté l’an dernier à la CDM 4,54 millions d’euros. Une somme en forte augmentation par rapport à 2007 (3,57 millions) et 2008 (3,88 millions). En proportion, cela peut sembler peu sur un budget qui s’élève à presque 400 millions d’euros. Mais si on les compare à un budget d’une commune moyenne de l’île, c’est la somme qu’il faut à celle-ci pour fonctionner pendant une année.
La stratégie qui a été choisie est de fortement taxer tous les alcools, sauf ceux qui sont utilisés à but thérapeutique et les vinaigres. Les premiers (alcool éthylique et eaux-de vie dénaturées) sont soumis à une taxe de 10% de droits de douane, 3% de taxe à la consommation et de 15,24 € par tonne et le vinaigre n’est soumis qu’à la taxe à la consommation (25%)
Les vins sont soumis à 10% de droits de douane, de 100 à 120% de taxe à la consommation selon le type de vin, à 15,24 € par tonne pour la redevance sur marchandise et à une taxe de 91 € par hectolitre importé.
Pour la bière, cela est identique, sauf pour les droits de douane (20%), la taxe à la consommation (90%) et la taxe sur le volume importé (61 € par hl). Pour les spiritueux, la règle est la même pour tous : 10% de droits de douane, 90% de taxe à la consommation, 15,24 € par tonne de redevance sur la marchandise et 91 € par hl.
Certains affirment que pour réguler la consommation d’alcool, une différenciation devrait être faite selon le pourcentage d’alcool contenu dans une boisson alcoolisée. Par exemple, une bière à 8% ou 12%, devrait être plus taxée qu’une bière à 5%.Ou un rhum, devrait être plus taxé qu’un vin. D’autres se demandent s’il ne vaudrait mieux pas cibler les alcools qui font le plus de dégâts en matière de santé publique à Mayotte : les vins en brique et les bières à plus de 5%, au profit de bières ou vins de haut de gamme.
En France hexagonale, les pré-mix ou sodas alcoolisés ont vite été surtaxés car considérés comme dangereux et trop attractifs pour les jeunes qui les consommaient comme des boissons gazeuses, alors que ce sont des boissons alcoolisées. Coûtant plus chers, ils sont moins accessibles aux jeunes. Le débat mérite d’être lancé, mais les grands importateurs qui récoltent des gains importants, pour eux et pour la CDM, accepteront-ils de changer la donne ? La CDM, en difficulté financière, se risquerait-elle à tuer cette mini-poule aux œufs d’or ? L’idéal serait que tous les acteurs de ce dossier se réunissent pour trouver un juste équilibre entre santé publique et liberté de consommation des individus.
F.S.
{mospagebreak title=Entretien avec Azida Kartoibi, directeur du Cotes}
“Un Mahorais qui boit est un consommateur à problème”
{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e Comité territorial d’éducation à la santé (Cotes) est un organisme qui a pour but de mieux informer la population mahoraise quant aux comportements qui permettent d’améliorer leur santé. L’alcool, quand il est consommé sans modération, peut conduire à de nombreux problèmes de santé. Pour Azida Kartoibi, le manque de communication au sein de la cellule familiale, l’accès trop facile aux boissons alcoolisées, le manque de soutien aux organismes qui informent sur les dangers de l’alcool et la primauté d’une vision économique plutôt que sanitaire sur la question, font qu’à Mayotte la consommation d’alcool pose de gros problèmes.
Donner des informations objectives et sensibiliser sur les comportements à risques : tel est l’objectif que se donne le Comité territorial d’éducation à la santé (Cotes). Cela concerne aussi bien le sida, le tabac que les drogues et bien sûr l’alcool. Cette substance possède un double aspect qui est au centre de la problématique de sa consommation. A Mayotte, il est couramment admis que la population est à majorité musulmane. Le chiffre de 90% est avancé, mais pour les orthodoxes, ce chiffre est surestimé, puisque s’il y a beaucoup de croyants, le nombre de pratiquants serait bien moins élevé.
La religion musulmane a fait des boissons alcooliques des aliments “haram”, c’est-à-dire illicites. L’ivresse provoquée, la perte de contrôle de soi-même en est la principale raison et en fait un pêché. Par conséquent, traditionnellement l’alcool était banni de la société mahoraise puisque celle-ci était fondée en grande partie sur les préceptes islamiques. Aujourd’hui, Mayotte fait partie de la République française. Comme partout ailleurs sur le territoire, l’alcool est un produit légal que tout adulte peut se procurer et consommer.
Pour Azida Kartoibi, directeur du Cotes, ces deux aspects contradictoires ne rendent pas facile l’action de son association sur l’île. “On baigne dans une société traditionnelle et cultuelle qui interdit la boisson alcoolisée. La consommation n’est pas autorisée, ni acceptée. Au contraire de la Métropole qui a une grande tradition de vins et d’autres alcools."
"En France hexagonale, les enfants voient leurs parents boire à table"
"Là-bas, les enfants voient leurs parents boire un verre à table. Ils grandissent avec cette habitude, voient le comportement des adultes. A Mayotte, les parents ne boivent pas à la maison. Du coup, les jeunes vont s’identifier à ceux qui boivent dehors. Et ces gens là, ce sont ceux qui se saoulent. Le jeune croit donc que boire revient à se saouler et il n’arrive pas à boire avec modération. Nous brûlons les étapes, nous consommons beaucoup d’un coup. Un Mahorais qui boit est un consommateur à problème.”
Qui n’a pas entendu des gens se plaindre d’un rassemblement de buveurs ? Difficile d’en être autrement quand on a affaire à des gens bruyants, désinhibés, parfois grossiers et insultants et pouvant même devenir violents. C’est souvent cette image négative que véhiculent les buveurs, quand bien même ils ne saoulent pas tous à tout bout de champ. Mais au-delà des désagréments qu’ils font subir à d’autres personnes, c’est surtout le mal qu’ils se font à eux-mêmes qui inquiète Azida Kartoibi et le Cotes.
“Souvent, quand un jeune boit c’est pour lancer un message et dire qu’il ne se sent pas bien. Quand on les interroge sur les raisons de leur consommation d’alcool, ils nous répondent que c’est pour oublier leurs soucis. On leur demande : “pensez-vous que les soucis partent en buvant ?”. La réponse est non. Boire n’est pas la bonne solution. Pour trouver la bonne solution, il faut faire appel à un adulte”, constate-t-il.
Des parents désarmés face à leurs enfants alcooliques
Toutefois, le directeur du Cotes admet que si sa communication est principalement ciblée vers les jeunes, celle-ci concerne tout le monde. Tout d’abord parce qu’il n’y a pas que les jeunes qui ont un problème avec l’alcool. Ensuite parce que tous les adultes selon lui ont une responsabilité quant au rapport des jeunes avec l’alcool.
“Lors de nos actions en 2006, 2007 et 2008 avec la collaboration du CG, de la CSSM des mairies de Ouangani, Bouéni et Bandrélé, nous avions insisté pour que les parents soient là. On y a rencontré des parents désarmés face à la violence de leurs enfants. Ils nous disaient : “On ne sait plus comment faire, on a peur de les corriger, de leur dire de ne pas boire, de les taper de peur d’aller à Majicavo.” Il y a une grande incompréhension entre les parents et les institutions : école, gendarmerie, assistante sociale.
Les parents sont les personnes les mieux placées pour dire à leurs enfants ce qu’il faut faire ou pas. Ici, il y a une tendance à ne pas parler à l’enfant. On ne lui explique rien et parfois on lui donne tout. A l’école, c’est l’inverse, on le responsabilise. Avant, on passait chez un oncle, les grands-parents, les tantes avant d’aller à l’école à 7 ans. On acquérait les bases de l’éducation traditionnelle avant de rentrer à l’école. Aujourd’hui c’est l’inverse et c’est difficile pour les parents de reprendre les rênes. C’est pareil en matière de sexualité.”
Le directeur du Cotes reconnaît qu’il est difficile pour lui d’évaluer l’impact des campagnes d’information ou des actions de son association envers le public mahorais. La seule façon pour son équipe de le faire est de voir si à la fin des interventions les personnes demandent des brochures ou le numéro du Cotes.
La loi Evin piétinée à Mayotte
Azida Kartoibi considère que les élus et la justice ont aussi une grande responsabilité quant aux comportements excessifs. “Le législateur a mis en place la loi Evin en 1991, modifiée plusieurs fois par la suite, pour recadrer la vente, la publicité sur l’alcool et le tabac. Elle est en vigueur à Mayotte, mais si on l’appliquait vraiment on pourrait faire beaucoup de choses. A Mayotte, tout le monde peut vendre des boissons alcoolisées alors que normalement il faut une licence. On ne peut pas vendre d’alcool à un jeune de moins de 16 ans – ça devrait monter à 18 ans avec la loi Bachelot à venir. La justice doit veiller à ce que cela soit respecté.”
Autre moyen selon lui de remettre les vendeurs ou les fournisseurs d’alcool aux mineurs devant leurs responsabilités : la plainte au commissariat de police ou à la gendarmerie. “Les gendarmes disent qu’ils ne peuvent être partout et ce n’est pas leur rôle de surveiller les enfants. En revanche, si un de vos enfants revient ivre à la maison, vous pouvez porter plainte pour que la police ou la gendarmerie fasse une enquête pour savoir quel débitant ou adulte lui a procuré de l’alcool.”
Pour le directeur du Cotes, rendre difficile l’accès à l’alcool est une façon de lutter contre les comportements dangereux liés à l’alcool. “Certaines municipalités ont pris des arrêtés pour limiter la vente à certaines heures. Mais la vision est locale, il aurait fallu une politique globale sur toute l’île”, fait-il remarquer.
Une meilleure information pour une consommation responsable
Il sait néanmoins que si un consommateur souhaite vraiment se procurer de l’alcool, il y arrivera par un moyen ou un autre. Toutefois, il regrette qu’une vision économique l’ait emporté sur une vision sanitaire.
“En tant qu’institution, nous déplorons le fait qu’une usine de production de bière se soit installée à Mayotte. Cela facilite son accès puisque le prix est réduit. Je n’accable toutefois pas cette entreprise, mais plutôt les autorités. Depuis 2005, nous proposons des projets et personne ne nous subventionne. Dans le même temps, on accepte l’implantation d’une usine de production de bière. Les élus ont préféré les retombées économiques à la santé. Je peux comprendre, mais dans ce cas-là il aurait été utile de verser une somme minimale aux associations qui informent sur les dangers de l’alcool.”
Le directeur du Cotes rappelle que la société mahoraise est friande de ce qui vient de l’extérieur. “Tout ce qui n’est pas de chez nous est valorisé. Avant, c’était ceux qui réussissaient qui s’autorisaient à boire, mais pas devant tout le monde. Aujourd’hui, la situation actuelle fait qu’il y aura des dégâts. C’est un peu comme si on fabriquait des armes et qu’on les vendait à n’importe qui. Ceux qui seront touchés sont les plus pauvres, les plus démunis, ceux qui n’auront pas les moyens d’avoir les informations sur ce produit. Nous ne demandons qu’à avoir les moyens de pouvoir informer les Mahorais objectivement. Un consommateur qui aura reçu l’information connaîtra les comportements à avoir et agira en connaissance de cause.”
Faïd Souhaïli
{mospagebreak title=Un produit essentiellement importé}
L’alcool, un produit essentiellement importé
{xtypo_dropcap}O{/xtypo_dropcap}n le savait déjà, mais grâce aux statistiques qui nous ont été fournies par les Douanes, nous pouvons affirmer que l’alcool consommé à Mayotte provient essentiellement de l’extérieur de l’île. Sans surprise, c’est la bière qui arrive en première position des boissons alcoolisées importées. Avec un peu plus de 3,15 millions de kg importés en 2008, 3,79 millions en 2007 et 2,65 millions en 2006, la bière se porte plutôt bien à Mayotte et renforce la décision de certains entrepreneurs d’en produire localement.
En effet, de l’année 2006 à 2007, la hausse des importations est de 42% Un repli de 17% s’est opéré entre 2007 et 2008. La bière de malt est l’alcool qui a rapporté le plus à la CDM sur les 3 dernières années (1,57 million d’euros en 2006, 1,97 en 2007 et 2,08 en 2008). Les bières proviennent principalement des Pays-Bas et de Belgique, d’Afrique du Sud et de France. A noter l’émergence des bières malgaches qui représentaient une part infime en 2006 (34.442 kg) et qui a presque triplé depuis (116.957 kg en 2008).
En seconde position des boissons importées viennent les vins de raisins frais. La quantité est en chute (1,03 million de kg en 2006, 954.158 en 2007 et 997.097 en 2008), mais pas la valeur qui a augmenté de 13,11% pour atteindre 1,42 million d’euros. Une hypothèse que l’on pourrait émettre est que les vins vendus en brique d’un litre ont été délaissés au profit d’autres vins de meilleure qualité… et plus chers. Cela peut être rapproché avec une baisse des vins d’Espagne (646.786 kg en 2006 et 534.555 kg en 2008) d’où proviennent les deux principales marques importées à Mayotte par les gros distributeurs que sont la Somaco et la Snie. Suivent loin derrière les vins français (365.278 kg en 2008) et argentins (37.070 kg en 2008).
En ce qui concerne les spiritueux, la France, le Royaume-Uni et les Emirats Arabes Unis forment le trio de tête des importations en 2008. A noter néanmoins une diversification de la provenance puisque s’il n’est pas étonnant de retrouver la Réunion, la Martinique et la Guadeloupe (rhum), la Russie fait un bond en avant (270 kg en 2006, 655 en 2008), tout comme la Pologne et Cuba. A noter que la présence de 144 kg d'alcool importés d’Iran est incongrue. Cela doit peut-être comptabiliser des marchandises en transit, comme celles provenant des Emirats Arabes Unis et de leur port principal Dubai.
F.S.
{mospagebreak title=Rencontre avec Aqua Service Mayotte}
“C’est l’excès qui est dangereux”
L'entreprise Aqua Service Mayotte est la seule entreprise qui fabrique localement de la bière et qui la commercialise. Pour ses dirigeants, l’alcool s’il est consommé en quantité raisonnable, n’est pas dangereux. C’est seulement en cas de dépassement des doses recommandées que la situation se gâte. Et quitte à ce que la bière soit consommée, autant la produire sur place.
{xtypo_dropcap}P{/xtypo_dropcap}roduire de la bière à Mayotte, sur une terre où la majorité des habitants sont de confession musulmane, peu de gens l’imaginait il y a encore quelques années. Pourtant, depuis 6 mois, Aqua Service Mayotte a franchi le pas en produisant une bière blonde. Pendant longtemps, les autorités religieuses ont fait valoir leur point de vue sur la question en déclarant qu’il était inconcevable d’associer production d’alcool et islam. Mais pour Patrick Chan-Ou-Teung, directeur général d’Aqua Service Mayotte, produire ou non à Mayotte ne change pas grand-chose à la situation actuelle.
“La plupart des boissons alcoolisées en vente à Mayotte sont importées. Nous estimons avoir 10% du marché des bières. Que cela soit produit à Mayotte ou pas, les consommateurs sont là et l’alcool est acheté par tout le monde, quelle que soit la population d’origine”, indique-t-il. L’administrateur d’Aqua Service Mayotte, Marc Arbogast, pour sa part, explique que la fabrication de bière est un métier difficile. Si son entreprise ne s’est pas lancée plus tôt dans la production de bière, c’est parce que toutes les conditions n’étaient pas réunies.
“Pour brasser de la bière, il faut des personnes compétentes et qualifiées, des ingénieurs. On ne fabrique pas de la bière comme on fabrique de la limonade.” Celui-ci indique par ailleurs que pour s’adapter au marché mahorais, Aqua Service Mayotte va lancer dans quelques mois une bière “véritablement” sans alcool.
Bientôt une bière sans alcool validée par les Iraniens
“Ce sera une bière à 0,0% et non pas à 0,5% comme c’est souvent le cas pour les bières sans alcool. C’est encore plus difficile de fabriquer de la bière sans alcool. On le fera selon un procédé qui a été validé en Iran. On ne peut pas être plus strict que là-bas en matière d’alcool”, affirme Marc Aborgast. Selon lui, si l’alcool a si mauvaise réputation à Mayotte, c’est à cause du comportement de quelques personnes qui en abusent.
“C’est l’excès qui est dangereux, qui donne des comportements qui ne sont pas bons. Des études ont montré que deux verres de bière par jour étaient excellents pour prévenir les risques cardio-vasculaires. En revanche, si on monte à quatre ou cinq, alors là on multiplie les risques.” A titre d’exemple, il rappelle que si nous buvons du lait tous les jours en lieu et place de l’eau, notre santé va en prendre un coup.
Patrick Chan-Ou-Teung souligne qu’Aqua Service Mayotte ne produit pas que de la bière. Les initiales de son nom de famille (COT) forment le nom d’une marque de soda et Aqua Service Mayotte est très présente sur le créneau des fontaines d’eau dans les entreprises et administrations. Le patron d’Aqua Service Mayotte insiste sur le fait que son entreprise fait partie, tout comme sa maison mère, de l’association Entreprise et Prévention à la Réunion. Cette association créée en 1990 dans l’Hexagone regroupe les principales entreprises du secteur des vins, bières et spiritueux. L’objectif est de lutter contre l’abus d’alcool au profit d’une consommation raisonnable fondée sur la maîtrise des risques.
Le binge-drinking, danger n°1 des jeunes consommateurs d’alcool
“A Mayotte, nous participons aux opérations Sam. Lors de soirées, en collaboration avec la préfecture, nous faisons de la prévention en mettant un bracelet à la personne qui conduit. Celle-ci a le droit de consommer gratuitement des boissons non alcoolisées et si en partant son taux d’alcoolémie est inférieur au taux légal, il repart avec un cadeau”, précise Patrice Roux, directeur adjoint d’Aqua Service Mayotte. Boire avec responsabilité, l’équation est parfois difficile à trouver, surtout dans une société où traditionnellement l’alcool est tout bonnement interdit.
“Ce qu’il faudrait, c’est qu’il y ait une formation à la santé par l’Education nationale. Il faudrait que les enseignants expliquent aux jeunes jusqu’où peut mener une consommation excessive d’alcool”, suggère Marc Aborgast. Si une éducation doit être faite, il n’est pas sûr que cela soit bien vu par les parents d’élèves. Néanmoins, interdire totalement l’alcool n’est pas non plus la solution selon les dirigeants d’Aqua Service Mayotte. La période de la Prohibition aux Etats-Unis l'a bien montré.
“A 18 ans et n’ayant jamais bu, ils vont se mettre à boire trop d’un coup, faire du binge-drinking, comme le font les jeunes dans les pays anglo-saxons. Il est vrai qu’à Mayotte, une éducation par les parents sur ce plan paraît plus compliquée”, indiquent-ils. En effet, dans l’Hexagone, un enfant peut au cours d’un repas être initié par ses parents à l’alcool, sans que cela ne soit vécu comme une transgression. Mais à Mayotte, difficile de voir un père ou une mère de famille partager un verre de vin ou de bière, même coupé à l’eau à table ou au cours d’un voulé.
L’interdit religieux est très fort et “éduquer” ses enfants à boire serait considéré plutôt comme de l’incitation à la débauche. Pour certains, c’est le prix relativement bas de la bière locale qui inciterait de plus en plus de gens à boire. “Ce n’est pas parce qu’un imbécile se conduit mal que les autres doivent payer. Il faudrait aussi rappeler qu’il n’y a aucune industrie agro-alimentaire qui a autant investi à Mayotte”, affirme Marc Aborgast. Quant au côté religieux, les dirigeants d’Aqua Service Mayotte y sont sensibles.
“Nous étions prêts pour commercialiser notre bière avant la fin du Ramadan, mais nous l’avons fait après”, disent-ils en chœur. Ils ne sont donc pas prêts de s’arrêter et demandent à leurs clients de consommer avec modération.
Faïd Souhaïli
Des pictogrammes pour lutter contre le syndrome d’alcoolisme fœtal
Le pictogramme est petit, mais Patrick Chan-Ou-Teung n’en est pas peu fier. Une femme enceinte avec une bouteille à la main, le tout barré, c’est un signe qui figure sur toutes les bouteilles de bière produites par Aqua Service Mayotte.
“On soutient une association qui lutte contre le syndrome d’alcoolisme fœtal à la Réunion, initiée par la sénatrice Anne Payet. Nous nous associons à toutes les opérations pour informer sur les dangers que court une femme enceinte qui boit”, souligne le patron d’Aqua Service Mayotte. Il ajoute que son groupe respecte la loi Evin, notamment en matière de publicité (pas de publicité à heure de grande écoute, obligation de la mention sanitaire : “à consommer avec modération”) et qu’elle a mis dans les établissements de nuit fermant après 2h00 du matin (à la Réunion) des bornes avec alcootest pour indiquer aux consommateurs s’ils ont dépassé le taux légal d’alcoolémie (0,5g/l de sang). “Les bornes indiquent juste si vous êtes positif ou négatif. Il n’y a aucune mesure, histoire de ne pas permettre à des inconscients de faire des concours”, mentionne pour sa part Marc Aborgast.
{mospagebreak title=Entretien avec Thierry Féraud, ndirecteur commercial de Distrimax}
Vendre, mais pas à n’importe quelles conditions
{xtypo_dropcap}T{/xtypo_dropcap}hierry Féraud est le directeur commercial de Distrimax, importateur grossiste qui commercialise un portefeuille de marques à dominante alimentaire, de boissons alcoolisées et non alcoolisées. Les boissons alcoolisées peuvent entraîner des comportements dangereux et Distrimax, dans une démarche citoyenne volontaire, appelle à des comportements plus responsables en matière de vente d’alcool.
Mayotte Hebdo : Qui sont les clients de Distrimax ?
Thierry Féraud : Nous sommes des importateurs grossistes. Nos clients sont donc des grandes et moyennes surfaces d’une part et des cafés, hôtels, restaurants (CHR) d’autre part.
MH : Quels types de boissons distribuez-vous ?
TF : Nous distribuons principalement de la bière. Nous nous refusons d’importer de la bière low-cost (à bas prix) vu qu’il existe une production locale de bière titrant à plus de 5% de volume d’alcool. Comme partout dans le monde, la bière est l’alcool le plus vendu. Nous commercialisons également des spiritueux, mais uniquement en réseau CHR.
MH : D’où proviennent vos boissons alcoolisées ?
TF : En ce qui concerne les bières, nous les importons principalement des îles voisines : Réunion, Maurice et Madagascar. Outre que le groupe auquel nous appartenons est un fervent partisan de la coopération économique régionale, nous voulons d’abord satisfaire tous les goûts de la clientèle et notamment ceux des diasporas des îles voisines résidant à Mayotte.
MH : L’alcool peut, s’il est absorbé en quantité excessive, être dangereux pour la santé et provoquer des comportements anti-sociaux. Que faites-vous pour que les consommateurs aient connaissance de ces dangers ?
TF : Le distributeur doit d’abord se responsabiliser lui-même. Un exemple pour mieux comprendre : cela fait plus de 4 ans que Distrimax est associé avec la préfecture aux soirées Sam, pour prévenir les dangers de l’alcool au volant : "celui qui boit ne conduit pas". Je participe donc à des soirées ou évènements au cours desquels est apposé un brassard au bras de chaque conducteur ayant décidé de rester sobre pour pouvoir en toute sécurité raccompagner plus tard ceux qui auront choisi de consommer. Il remet les clés de son véhicule dès son arrivée et se voit offrir des boissons non alcoolisées pendant toute la soirée. Si au moment du départ, en soufflant dans l’éthylotest, il apparaît qu’il n’est pas positif, on lui rend les clés accompagnées d’un cadeau. Sinon il doit attendre. Nous organisons également des réunions de sensibilisation avec les CHR. On remarque qu’ils se considèrent de plus en plus responsables de leurs clients consommateurs et ils prennent conscience des initiatives qu’ils doivent prendre pour mieux asseoir ce comportement.
Nous avons une charte d’achat et de distribution et même si cela peut faire sourire venant d’un distributeur d’alcool, nous luttons d’une certaine manière contre l’alcoolisme excessif.
MH : Dans une société où la religion interdit la consommation d’alcool, n’est-il pas incongru de distribuer de l’alcool ?
TF : Certes nous sommes une île dont la religion dominante est l’Islam, mais nous appartenons aussi à un pays laïc. En tant que distributeurs, nous répondons d’abord à une demande de clients professionnels. Ensuite c’est aussi à chacun de se responsabiliser. Nous sommes respectueux des us et coutumes religieuses d’une île dominée par l’Islam. Par exemple, nous ne communiquons pas sur l’alcool pendant le mois de Ramadan ou au moment des principales fêtes musulmanes. On peut assurément aller plus loin, mais nos actions ne doivent pas rester isolées. Il conviendrait d’élargir ce code de bonne conduite à l’ensemble de notre profession et d’imaginer d’autres moyens d’action plus citoyens.
Propos recueillis par Faïd Souhaïli
Qu’est-ce qu’un verre d’alcool ?
Quand vous buvez un demi de bière, un ballon de vin rouge, une coupe de champagne ou une dose de whisky, vous consommez pratiquement la même quantité d’alcool, une unité d’alcool ou plus communément un verre. C’est donc à partir de ces contenants que l’on peut estimer la consommation d’une personne.
Un verre d’alcool correspond à 10 cl de vin à 12°, 2,5 cl de pastis à 45°, 7 cl d’apéritif à 18° ou 25 cl de bière à 5°.
30/04/09 – Les Francojeunes à Nosy-Be, du 2 au 9 mai
Ces lauréats rencontreront ceux de Madagascar et des Comores à Nosy-Be, du 2 au 9 mai 2009. Lors de cette semaine, ils participeront à des ateliers et à des soirées littéraires et artistiques afin de parfaire leur maitrise de la langue française et de continuer de développer leurs talents.
30/04/09 – Le Marion Dufresne fait escale à Mayotte
30/04/09 – Conférence des Naturalistes de Mayotte
"40 années d'archéologie sous-marine française"
La prochaine conférence des Naturalistes de Mayotte est programmée ce vendredi 1er mai, dans l'hémicycle Younoussa Bamana au conseil général, à 17h30. "Quarante années d'archéologie sous-marine française" est son thème. Il sera abordé par Michel L'Hour, conservateur général du Patrimoine et directeur du département subaquatique, dans le cadre de la venue sur Mayotte du navire scientifique le Marion Dufresnes.
Dotée en matière d'épave d'une législation très ancienne, la France fut en 1966 le premier pays au monde à créer et développer une organisation spécifique pour assurer la protection, l'étude et la mise en valeur du patrimoine immergé. Les archéologues français ont successivement ou simultanément appris à fouiller une très grande diversité de sites, depuis les sites sous-marins jusqu'aux sites en lac ou en rivière.
Cette grande diversité des sites étudiés se double d'une très grande variété des chronologies, depuis les vestiges du paléolithique ou de l'époque gréco-romaine, jusqu'aux épaves des grands conflits contemporains. Confronté à cette diversité, on conçoit bien que navires et cargaisons étudiés du Pacifique à l'Atlantique ou de l'océan Indien jusqu'à la Méditerranée, aient révélé de véritables trésors archéologiques sous-marins. Aujourd'hui de nouveaux enjeux se dessinent, au premier rang desquels l'archéologie sous-marine des grandes profondeurs.
Conférence, ce vendredi 1er mai, à 17h30, au conseil général.
30/04/09 – Les agents du STM en grève
De son côté, la direction du service de transport maritime s'est dite peu inquiète par ce mouvement qui ne serait motivé que par moins de 10% des 300 employés du service. "Le conseil général me soutient dans cette affaire, et je garantis que tous les bateaux seront en ligne demain (jeudi, ndlr), et au moins un amphidrome sur deux", affirme M. Cormy. D'autre part, le directeur du service estime pour sa part que les allégations de M. Baco sont infondées : "nous avons changé les méthodes de management pour être compétitifs, nous avons également procédé à un remaniement de l'organigramme pour mieux répondre à la demande des usagers. Cela n'est pas du goût de tout le monde apparemment. Mais c'est le moindre mal pour se mettre en ordre de marche".
30/04/09 – Fin de la grève à la BFC
L'application de la convention collective des banques a été validée, comme la mise en place d'un complément de retraite via l'assureur Swiss life, auquel les salariés peuvent souscrire individuellement en sus du dispositif intégral proposé par la banque à ces salariés depuis 1996. Les grévistes ont également obtenu l'application à l'identique de la NAO (Négociation annuelle obligatoire).
30/04/2009 – Conférence et concert pour les « Enfants de la lune »
{xtypo_dropcap}L'{/xtypo_dropcap}association des "Enfants de la lune de l'océan Indien" s'est donnée pour mission d'accueillir, de scolariser et de soutenir les enfants atteints de la maladie de xeroderma pigmentosum. Ces enfants n'étaient, avant 2003 et la création de l'association, pas pris en charge. La plupart d'entre eux n'avaient jamais été scolarisés et vivaient sans protection. Aujourd’hui, les enfants sont accueillis du lundi au vendredi de 7h30 à 17h. Ils sont scolarisés le matin, dans une nouvelle classe, prennent leur repas et restent jusqu’à 17h dans "la Maison des Enfants de la lune". Un bus aménagé, aux vitres les protégeant des rayons du soleil, les ramène ensuite chez eux tous les soirs.
Pour sensibiliser les populations, récolter des fonds mais aussi faire vivre des moments exceptionnels aux enfants dont elle s'occupe, l'association lance le projet "Au pays de la lune". Ce projet comprend plusieurs évènements. Le 5 mai, le docteur Cartault, généticien au laboratoire de l’hôpital de Saint-Denis de la Réunion, animera une conférence sur la maladie dans l'hémicycle du conseil général à 18h.
Puis, jeudi 7 mai, Cathy Forestier et Jean-Claude, Eliasse, Mikidache, Maoris et Doujah Sound participeront à un concert au Relais de Bandrélé à partir de 19h. Ce concert organisé un soir de pleine lune sera accompagné d'un stand d'information sur la maladie ainsi que de stands d'artisanat.
Un DVD devrait aussi voir le jour en novembre sur lequel figurerait un clip vidéo de Mikidache, parrain de l'association, des images du concert ainsi que l'émission "100% Mayotte" de mai 2008.
Juliette Piolat
Xeroderma pigmentosum est une maladie génétique orpheline très rare. Elle se caractérise par une intolérance de la peau et des muqueuses aux rayons ultra-violets du soleil. Cette maladie touche essentiellement les populations noires et d’Afrique du nord. En Métropole une cinquantaine de cas sont recensés sur presque 70 millions d’habitants, à Mayotte on compte 13 cas sur une population de 200.000 habitants environ.
Sans protection, elle entraine des lésions graves et irréversibles : une altération de la peau, des cancers cutanés, des maladies oculaires pouvant aller jusqu’à la cécité, une fragilité du système ORL (yeux, nez, oreille). Seule une protection totale contre la lumière du jour permet de ralentir cette maladie grave mais non contagieuse. Sans protection, elle conduit inexorablement et rapidement à la mort.
Les enfants atteints sont destinés à vivre "enfermés" afin de prolonger leur espérance de vie.
30/04/2009 – Sport : Rugby / Le RCM toujours champion
{xtypo_dropcap}“O{/xtypo_dropcap}n est les champions, on est les champions !” Le refrain est connu au sein du Rugby club de Mamoudzou. Depuis 1999, les hommes du président Eric Landmann le chantent à chaque fin de saison et samedi dernier ça a encore été le cas après la finale au stade de Kavani. Un stade qui était plein, au grand bonheur du président du comité territorial de rugby, Sébastien Rière.
Le Rugby club de Petite Terre, créé il y a 3 ans, disputait sa première finale et après avoir fini le championnat en trombe, en corrigeant les Despérados en demi-finale, le club rouge et noir se voyait bien subtiliser le bouclier de champion au RCM. Mais dès l’entame du match, les Petits-Terriens ont reçu une douche froide. Sur une mêlée ouverte, les avants du RCM poussent leurs adversaires vers la ligne de but. Complètement balayés, ils encaissent un essai collectif (5-0). La transformation côté droit est manquée par Christophe Montiel. On ne joue que depuis deux minutes.
Sept minutes plus tard, la défense du RCM dégage au pied dans les 30 mètres adverses. L’arrière-garde du RCPT s’empare du ballon, mais est vite mise en touche par les avants de Mamoudzou. Sur la touche qui suit, les jaunes récupèrent le ballon et forment un maul. Comme précédemment, le paquet d’avants finit sa course dans l’en-but. Cette fois-ci, Christophe Montiel transforme face aux poteaux (12-0). Le RCPT réagit, notamment par son capitaine Tony Carvajal, mais à chaque fois le RCM serre les vis et surtout, les rouge et noir font de nombreux en-avants.
A la 17e minute, l’arrière du RCM, Matthieu Saintcricq passe un drop à 20 mètres et accroît encore l’avance des champions en titre (15-0). Complètement assommé, le RCPT semble avoir oublié la recette qui lui avait permis de battre le RCM pendant la saison régulière.
Une folle échappée non concrétisée par le RCPT
Avant la pause, Christophe Montiel rajoute un nouvel essai, transformé par la patte gauche d’Irchadi Abdallah (22-0). C’est sur ce score que la première période s’achève. Stephan Pomarède, qui officie habituellement dans le Top 14, rappelle les joueurs quelques minutes après pour lancer la seconde période.
Le RCPT sait qu’il doit montrer un tout autre visage pour espérer renverser la vapeur. Ainsi, Mamoudou Savadogo effectue une interception à 30 mètres de ses poteaux et prend à revers toute la défense des jaunes. Les supporters de Petite-Terre l’acclament et pensent qu’il va réduire le score après une course folle de 70 mètres. Mais avec deux défenseurs aux trousses, le deuxième ligne du RCPT oublie d’aplatir le ballon et le laisse tomber dans l’en-but.
C’est le tournant du match, car le RCPT ne se remettra pas d’une si belle occasion manquée. Le RCM va gérer et malgré une splendide action collective qui voit le RCPT marquer le plus bel essai de la rencontre par son capitaine Tony Carvajal (22-5, 59e), le XV du chef-lieu ne montrera pas de signe de faiblesse. Le RCM réplique dans la foulée par un nouvel essai en force de Christophe Montiel, transformé par Irchadi Abdallah (27-7, 77e).
Les esprits s’échauffent peu après, mais M. Pomarède sanctionne d’un carton jaune chaque équipe. La rencontre se finit donc à 14 dans chaque camp. Malgré tout, la fête sera belle pour le RCM qui réussit la passe de 10, un exploit que très peu de clubs mahorais (dont les filles du BCM) ont accompli.
Beaux joueurs, le RCPT effectuera une haie d’honneur à son adversaire, qui lui rendra la pareille. Pour une première, le RCPT n’a pu faire tomber l’ogre de Mamoudzou. Mais ils n’ont pas tout perdu, puisque les jeunes rouges et noirs ont emporté le bouclier chez les 18 ans… face au RCM (15-6).
Faïd Souhaïli
Fiche technique
RCM bat RCPT 27 à 7 (22-0)
Stade : Kavani
Spectateurs : 500
Arbitre : Stephan Pomarède
RCM : 4 essais Ben Oussene Boina (2e), Rouchdi (9e), Montiel (27e et 77e), 3 transformations Montiel (3e) et Abdallah (28e et 78e) et 1 drop Saintcricq (20e).
RCPT : 1 essai Carvajal (59e) et 1 transformation Bonnefon (60e)
RCM : Saintcricq – Abdallah, Miradji, Landmann, Varela – (o) Thiboult, (m) Gougue – Pommier (cap), Montiel, Dinhut – Lecomte, Aime – Locatelli, Rouchdi, Ben Oussene Boina.
Remplaçants : Champiat H., Danion, Berge, Moustakim, Champiat J., Mohamed A., Mohamed H.
Entraîneur : Eudeline
RCPT : Laot P. – Cavallo, Bonnefon, Marel, Repaud – (o) Carvajal (cap), (m) Salvin – Fauchart, Laot J-M, Busson – Savadogo, Gandini – Loussouarn, Bernahrdt, Moula.
Remplaçants : Razafindrainibe, Bulciagny, Pelletier, Da Costa Sobral, Vinet, Briot, Morizon.
Entraîneur : Porquet
Réactions d’après-match
Pascal Porquet, entraîneur du RCPT : “Ils ont été meilleurs que nous, ils ont bien joué, mais nous méritions d’être là, on n’est pas arrivé là par hasard. Je suis fier de mes joueurs.”
Réjean Eudeline, entraîneur du RCM : “C’est le match le plus abouti de la saison, on les a mis sous l’éteignoir. Devant, on a des armes à faire valoir et nous avons été au top le jour J. Certains nous avaient déjà enterrés et je rappelle que nous n’avons perdu que deux matches cette saison. On a beaucoup souffert, notamment en demi-finale, nos joueurs sont des “anciens”. Mais lors de la très belle finale des 18 ans, on a vu que la relève est là, aussi bien chez nous que chez le RCPT, on va essayer de les intégrer petit à petit.”
Sébastien Rière, président du comité de rugby : “Le niveau monte, les écarts se resserrent un peu plus tous les ans. Nous sommes sur un schéma de développement de 4 ans où nous devons former les cadres et les arbitres et diversifier nos activités : beach rugby, rugby-touché, rugby à 7, UNSS et scolaire.”
Stephan Pomarède, arbitre de Top 14 et de la finale : “Les joueurs ont été assez respectueux des règles, mais la chaleur fait que l’on fait plus de fautes. Le niveau est intéressant, même si cela n’a rien à voir avec le Top 14 évidemment.”
30/04/09 – (Re)découverte de la gastronomie mahoraise
Une journée dédiée à la gastronomie mahoraise était organisée le samedi 17 avril dernier à Passamainti, à l'initiative du club des supporters (en formation) du Football club de Passamaïnti Gnambo Titi (FCPG).
Concoctée pour la deuxième année consécutive, cette journée de promotion des plats typiquement locaux a connu un grand succès. Plus d'une vingtaine de mets anciens étaient proposées. Et près de trois cent personnes s'étaient déplacées pour les découvrir.
L'idée de programmation mensuelle de ce rendez-vous festif est en étude selon Routoubati Ali Djoumoi, coordinatrice de l'action. Des stands d'exposition, sous la forme d'un marché paysan, pourraient être installés.
La liste non exhaustive des plats qui étaient proposés le samedi 17 avril dernier est longue : m'hogo piki, kima, guiri-guitsi, tibwi-tibwi, fogne-fogne, rorovahia, mavogue, mtsolola mwéou, mhogo na tsouzi, majimbi ya nadzi, trovi ya vahoi nadzi, batabata la nadzi, fénénétsi, bwantamou, bwantamou dzidzano, bankora, m'tsouzi wa houri, trovi ya nadzi, oubou wa trango, oubou wa drimou, didi, kaki, mgodro.
30/04/2009 – Un vrai stade du 21e siècle pour M’tsangamouji
{xtypo_dropcap}I{xtypo_dropcap}l y a quelques mois, les élus du conseil général et du comité régional olympique et sportif (Cros) avaient émis le souhait d’organiser les Jeux des Rup à Mayotte en 2012. Pour cela, il faut des enceintes sportives dignes de ce nom (aux normes et homologuées) et un nombre de logements très important pour accueillir les délégations. Pour être dans les temps, il faudrait construire à un rythme dubaïote ou pékinois. Néanmoins, à l’horizon 2011, si tout va bien, devrait être érigé le stade territorial de M’tsangamouji.
Le lieu a été choisi – à Chembenyoumba, en face du collège -, le maître d’œuvre aussi, en l’occurrence l’agence parisienne Aurel & Laurent. Et si le stade ressemble à ce qui est prévu sur les plans, M’tsangamouji héritera d’un véritable écrin. “Ce sera un stade complet avec des gradins pouvant accueillir 3.000 personnes. Au vu de la configuration du site, il y aura un terrain d’entraînement cerclé d’une piste d’athlétisme à 9 couloirs et un terrain d’honneur”, indique Emmanuel Laurent, architecte du cabinet Aurel & Laurent.
Ont été prévus 300 places de parking pour le grand public, un accès réservé aux joueurs, journalistes et VIP, des emplacements pour des buvettes, une grande salle polyvalente pouvant faire office de loge et des cabines pour les journalistes. La tribune sera placée de telle façon à donner sur les deux terrains.
Deux terrains sur un seul site
“Cette double orientation permettra de mutualiser des fonctions pour l’athlétisme et un autre sport (football ou rugby)”, affirme Emmanuel Laurent. Deux configurations ont été imaginées pour l’utilisation de ce stade. En cas de manifestation sportive, la sécurité sera optimale, permettant d’accueillir beaucoup de monde dans un laps de temps très court. Pour la configuration entraînement, le terrain d’honneur sera fermé, mais une promenade en faisant le tour sera accessible à tous les marcheurs. Pour réaliser cette enceinte, Aurel et Laurent s’est associée au cabinet mahorais TandeM.
Emmanuel Laurent n’en est pas à sa première enceinte sportive et a participé à l’élaboration du Stade de la Licorne à Amiens. Le bureau d’études chargé de la pelouse s’est pour sa part chargé du Stade des Alpes à Grenoble et du Stade Jean Bouin à Paris. Placé dans une cuvette, le stade sera conçu de façon à minimiser l’impact des déblais et à éviter un transport coûteux et non écologique par camion. Le coût de construction de ce bijou est évalué à 9,5 millions d’euros, mais ne sont pas compris dans cette somme les honoraires des maîtres d’œuvre et des organismes de contrôle.
Le conseil général a fait un effort considérable pour que le projet se mette en route. Il faudrait que par la suite il en soit de même pour son entretien, aussi bien pour le gestionnaire que surtout pour les utilisateurs.
Faïd Souhaïli
30/04/2009 – Les crèches menacées de fermeture
{xtypo_dropcap}D{/xtypô_dropcap}es parents, des employées des crèches et des petits enfants faisant un sit-in au conseil général pour réclamer les subventions nécessaires à la survie de l'association, c'était fin 2007, alors que la crèche des Beaux Enfants luttait contre la fermeture. La même année, la crèche de Kani-Kéli avait du fermer quelques mois avant les grandes vacances pour les mêmes problèmes. A l'époque, on parle de mettre en place des conventions pluriannuelles pour éviter qu'un tel problème se répète et favoriser la création d'autres crèches, en très faible nombre sur l'île. Des discours mais pas d'action, et le problème se répète…
Privés de salaires depuis 3 mois à Kani-Kéli et 2 mois à M'tsahara, les employés lassés se sont mis en grève. A Combani, la crèche associative Kara Raouki Titi pense tenir jusqu'au mois de juillet, mais pas plus. "Le conseil général et la mairie se renvoient la balle", explique la directrice de Combani, Hélène Delarue. "Les présidents des différentes crèches se sont regroupés pour exiger une rencontre entre le président de l'Association des maires et le conseil général, pour qu'ils se mettent d'accord sur qui verse quoi."
Une rencontre devait avoir lieu mercredi, mais les directrices n'ont aucune nouvelle. "En 2008, le conseil général avait donné une enveloppe à chaque crèche censée couvrir uniquement les salaires", poursuit Hélène Delarue. "Ils nous avaient d'ailleurs averti que la subvention ne serait peut-être pas reconduite l'an prochain. Apparemment la Dass a accepté cette année de donner un financement pour pallier les manques du CG, mais selon les crèches nous avons des échos différents et ne savons pas vraiment à quoi nous attendre."
"Des tarifs très bas, selon les revenus"
Selon les communes dont elles dépendent et les tarifs qu'elles pratiquent, les situations diffèrent, mais toutes les crèches associatives sont menacées de fermeture. A l'intérieur même des communes, on constate des différences de traitement : la mairie de Tsingoni prend en charge le loyer et les charges de la crèche de Tsingoni, alors qu'elle ne verse que 800€ par an à celle de Combani.
L'autre grand financeur est la Caf, qui devrait voter cette semaine les subventions aux crèches pour 2009, mais leur doit toujours une partie du financement 2008. "Ils viennent juste de nous verser la subvention de 2006 qui n'était jamais arrivée", annonce, mi-amusée mi-consternée, Christelle Tlili, nouvelle directrice de la crèche de Tsingoni et adjointe à celle de Combani. "Au mois d'août, nous allons devoir payer les charges, et cela va devenir très difficile", prévient Hélène Delarue, alors que M'tsahara n'a pas réussi à payer le 4e trimestre 2008.
Si Combani et Tsingoni tiennent toujours, c'est surtout grâce aux cotisations des familles, alors que celles de M'tsahara ne suffisent plus. "Contrairement à ce que certains pensent, les crèches ne sont pas des établissements pour enfants de wazungus : chez nous, 99% des enfants sont Mahorais", rappelle la directrice de M'tsahara Sylvie Lecomte. "Pour leur être accessible, nous faisons des tarifs très bas, ils vont de 60 à 240€ par mois selon les revenus, avec une cotisation annuelle de 25€." Ce n'est donc que grâce aux subventions que l'association peut accueillir toute l'année 20 enfants et employer 8 personnes.
Les crèches de plus en plus prisées
A Combani, qui accueille environ autant d'enfants mahorais que wazungus à des tarifs allant de 700 à 4.000€ l'année et une cotisation annuelle de 70€, la direction souhaitait mettre en place des places à tarif "caribou", avec une participation minimale de la famille. Le contexte actuel ne permet évidemment pas une telle démarche.
"Notre seule solution pour augmenter la trésorerie serait d'augmenter les tarifs et les cotisations, mais cela fermerait l'accès à la crèche à certaines familles", déplorent les trois directrices. En Métropole, c'est la Caf qui verse une subvention par enfant, pour compléter l'écart entre ce que peut mettre la famille et le tarif de la prestation. Les crèches sont ainsi assurées de toucher une somme fixe par enfant accueilli. A Mayotte c'est chaque année le même mystère : qui versera combien et quand ? Un système, ou plutôt une inexistence de système, qui ne permet pas de projets à long terme.
"Jusqu'ici, les Mahorais avaient pour habitude de faire garder leurs enfants par la coco, ou d'embaucher une Anjouanaise, mais de plus en plus on voit une volonté des parents de voir leurs enfants encadrés et parler français le plus tôt possible", constate Sylvie Lecomte. "Il y a une liste d'attente importante dans les crèches, d'autant qu'il n'y a pas assez de places en maternelle : à M'tsahara nous accueillons aussi les enfants de 3 ans pour qu'il n'y ait pas un trou entre la crèche et l'école."
Un certain nombre de parents soutiennent la grève de M'tsahara, ceux de Combani et Tsingoni ne sont pas encore tous au courant des difficultés, mais seront associés si aucune solution n'est trouvée par les pouvoirs publics et que les associations décident de médiatiser leurs difficultés.
Hélène Ferkatadji
30/04/2009 – Semaine mondiale contre l’illettrisme
{xtypo_dropcap}C{/xtypo_dropcap}ette action, intitulée "1000 lectures pour l’alphabétisation" a donc fait le tour du monde, Mayotte compris. L’Ecole des parents, rappelons-le, est un dispositif de formation destiné aux adultes dans le cadre de la lutte contre l’illettrisme, mise en place par la direction du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (DTEFP) dans les dix-sept communes de Mayotte.
Vendredi matin à Moinatrindri, les bénéficiaires de cette formation ont tenu à affirmer leur participation dans l’éducation des plus jeunes à travers l’événement. Durant toute une semaine, ils ont préparé cette journée qu’ils devaient présenter aux classes de CE1 et CE2 du village, avec leur collaboration. "Je suis contente, car je ne pensais pas que ma mère était capable de faire ça !", explique toute fière une enfant à la fin de la représentation. Ça ? C’est lire, c’est s’amuser tout en apprenant la langue française, c’est réciter des contes et des poèmes de façon ludique…
Voilà ce que les parents d’élèves ont réussi à reproduire au cours de ce spectacle. Un spectacle extrêmement riche en activités éducatives. Toutes ont parfaitement joué le jeu, de bout en bout, procurant beaucoup de plaisir, de sourire, de rire, de fou rire dans et autour de la classe… Cet événement a notamment permis aux membres de l’Ecole des parents d’accomplir un bilan sur l’ensemble de leur stage jusqu’alors. Grâce à l’implication totale de la mairie de Bouéni (service de la politique de la ville) dans ce dispositif depuis plusieurs mois, de nombreuses autres rencontres intergénérationnelles ont pu être organisées.
Le centre de formation Oidf qui dispense cette formation à Moinatrindri, par le biais de la formatrice Mme Biécha Mhoumadi, se réjouit des conditions de déroulement de l’action, de la relation et de la mutualisation avec les partenaires, qui jouent tous un rôle primordial dans cette action. L’objectif de l’Ecole des parents est de renforcer les acquisitions de base (savoir lire, écrire, compter), mais aussi consolider les liens parents-enfants.
Et c’est ce que réussit jusqu’à présent l’Oidf, selon les parentes d’élèves "très satisfaites" de leurs progrès depuis l’ouverture de "leur" école. Une opération comme celle-ci permet notamment à ces personnes de partager des instants forts et éducatifs avec leurs enfants. À travers les différentes photos effectuées et textes réalisés ce jour-là, Mayotte disposera prochainement de son espace sur le site "Solidarité laïque", l’association en charge de relayer la manifestation dans toute la France.
I.M
30/04/2009 – Education à l’environnement
{xtypo_dropcap}"L'{/xtypo_dropcap}objectif est qu'à terme chaque kW/heure soit utilisé utilement." C'est dans cet esprit, annoncé par son directeur Augusto Soares dos Reis, que la société EDM a décidé de travailler en étroit partenariat avec le vice-rectorat dans la sensibilisation des jeunes aux économies d'énergies. Présenté mardi dans une classe de sixième du collège de Koungou, le kit pédagogique "Les économies d’énergie à la maison avec Ouzouri" a été élaboré sur une initiative d'EDM, en collaboration avec le vice-rectorat, l'Ademe et le conseil général et distribué dans chacun des 18 collèges de l'île.
Le kit permet de faire une animation d’une heure avec une classe, le public visé est avant tout les classes de sixièmes. Il comporte une affiche grand format représentant la maison de la famille "Têtenlair", partie à un voulé en oubliant ses bonnes habitudes. Ouzouri guide les enfants dans la maison qui doivent se livrer à la chasse au gaspillage en pointant les irrégularités : télévision ou climatiseur laissés allumés, robinet qui coule, etc.
Cet exercice permet d'intégrer les gestes simples du quotidien qui permettent de diminuer le gaspillage d'énergie et de se familiariser avec certains aspects d'optimisation de la consommation d'une maison : isolation, chauffe-eau solaire… Le kit comprend également quelques posters qui présentent la façon dont est produite l'électricité dans l'île, ainsi qu'un guide de l'"éco-attitude" destiné aux enseignants, qui présente 40 gestes simples pour économiser l'énergie. L’animation se termine par un quizz de dix questions sur les éco-gestes.
"Ce kit est évolutif", précise M. Soares dos Reis, "nous attendons des retours des classes qui l'utiliseront pour l'améliorer chaque année." "Il est très important de travailler avec les jeunes générations car se sont les consommateurs de demain", poursuit le directeur d'EDM, qui a tenu à saluer l'engagement du vice-rectorat dans ce domaine sous formes d'actions concrètes. "Sans le vice-rectorat ce projet n'aurait pas existé."
1,6 hectare de panneaux s(c)olaires
Dans la classe, aux côtés du professeur de SVT, plusieurs agents de l'entreprise Tenesol répondent aux questions des jeunes sur les économies d'énergies. Plus tôt dans la journée, leur directeur s'est associé à MM. Cirioni et Soares dos Reis pour inaugurer les 2.400m² de panneaux solaires posés sur le toit de l'établissement, la plus grosse installation photovoltaïque de l'île à ce jour. D'une puissance de 350 kilowatts, cette installation permettra d'alimenter environ 350 foyers et n'est que la première d'une longue série.
L'entreprise Tenesol doit installer des panneaux solaires sur les toits du collège de Passamainty en juillet pour une puissance de 437 kW, puis sur les collèges de M'gombani (246 kW) et Dembéni (217 kW) d'ici à fin 2009. L'entreprise SCEM installe actuellement des panneaux sur le toit du collège de M'tzamboro (175 kW), avant de s'attaquer à celui de Tsingoni (215 kW). "Nos futures constructions intégreront toutes des panneaux photovoltaïques sur leurs toitures", précise le vice-recteur. Au total, les installations sur ces six établissements représenteront une surface de 1,6 hectare, pour une puissance de 2,4 mégawatts.
Au-delà de l'avancée que cela représente pour l'énergie solaire dans l'île, M. Pistarino, directeur de Tenesol, a tenu à préciser l'impact de tels marchés sur l'emploi à Mayotte. Après avoir débuté avec des agents venus de la Réunion, l'entreprise a embauché 5 CDD en 2008, dont 3 se sont transformés en CDI de chefs d'équipes. Pour 2009, elle embauche 32 personnes, dont 18 affectées aux installations sur les collèges. Douze autres seront affectées à la mise en place de la centrale sur le site d'EDM d'une puissance d'un mégawatt, la première réalisée par l'entreprise.
Actuellement, aucune formation spécifique à ce domaine n'existe à Mayotte et en Métropole. Le personnel est donc formé dans l'entreprise, à la Réunion et sur place. Impressionné par l'impact en matière d'emploi, le vice-recteur a tenu à rappeler qu'il ouvrait un BTS électrotechnique dans le futur lycée de Dembéni, et qu'une formation professionnelle dans le photovoltaïque, type FCIL (formation continue d'initiative locale), en partenariat avec les entreprises locales, était tout à fait envisageable.
Hélène Ferkatadji
30/04/09 – Atomix à M’tsangabeach, le samedi 9 mai
Les gens pourront se restaurer sur place. L'entrée sera libre l'après-midi et payante (5€) à partir de 19 heures. La sécurité du site et du parking sera assurée tout au long de la soirée.
Pour tous renseignements : atomix976@gmail.com
30/04/2009 – Direction de l’aide sociale du CG
{xtypo_dropcap}"P{/xtypo_dropcap}our mieux servir nos personnes âgées et nos jeunes handicapés, le personnel exige une amélioration de leurs conditions de travail", peut-on lire dans le communiqué de l'UTFO transmis à la presse cette semaine. Cela fait deux jours maintenant que les agents font le piquet de grève à l'entrée de la Daf. "Nous avons de vieux ordinateurs, le personnel n'est pas formé. Il ne s'agit pas de juste mettre quelqu'un devant un poste de travail", explique Dhoimrati Mtrengoueni, trésorière adjointe de l'UTFO.
"On déménage sans cesse, il est temps que la population sache que s'il y a des retards dans le versement des prestations, c'est parce qu'on ne nous a pas donné les conditions optimales pour réaliser notre travail". Après avoir été installé dans les bâtiments du Cnasea, puis dans ceux de la Daf, les agents devraient en effet déménager une nouvelle fois à Cavani au mois de juin. "Nous voulons une stabilité des locaux pour mettre en place nos logiciels, c'est comme si on tournait en rond et on en a marre !".
Les problèmes s'accumulent depuis la décentralisation opérée en 2005 et les agents veulent montrer que si ce service, pourtant indispensable pour les catégories de population les plus défavorisées, n'est pas opérationnel, cela ne relève pas de leurs responsabilité mais de celle du conseil général. Ils demandent des voitures supplémentaires pour effectuer leurs missions, comme se rendre dans des réunions ou contrôler les versements aux domiciles des bénéficiaires.
Selon les grévistes, avec ce nouveau déménagement, les bénéficiaires des prestations vont se retrouver désorientés pour apporter leurs pièces justificatives. En 2008, 2.559 personnes ont bénéficié des différentes prestations sociales du conseil général, qui ont coûté 5.545.603 euros à la Collectivité, soit 180 euros par personne et par mois.
"Aucun élu n'est jamais venu nous voir"
Après avoir reçu mardi la visite d'Hadadi Andjilani, conseiller général de Ouangani et président de la commission des finances, venu à la place de M'hamadi Abdou, conseiller général de Bandraboua et président de la commission d'action sociale actuellement en déplacement à l'extérieur, les grévistes attendent qu'un document écrit leur soit transmis, avec un échéancier précis, avant arrêter leur mouvement. "Alors que nous avons évoqué nos problèmes depuis le 25 mars, aucun élu n'est jamais venu nous voir", constate Dhoimrati Mtrengoueni.
Ali Mohamed Elamine, directeur général adjoint de la DSDS, estime que cette grève n'a pas lieu d'être car des réponses ont déjà été apportées aux agents lors d'une réunion le 22 avril dernier à laquelle ont participé la DRH et le service informatique du conseil général. Le 15 juin prochain, un espace de 800 m² à Cavani va permettre de regrouper divers services de la DSDS et les agents de l'ASG auront trois bureaux à leur disposition, contre un seul aujourd'hui. "A la Daf, on n'a même pas de compteur électrique à nous. Y rester n'était pas prévu, c'était une solution provisoire". En l'occurrence, les locaux de Cavani seront également une solution provisoire puisque la DSDS projette d'établir son siège social à Kawéni… dans "5 à 8 ans".
Concernant l'obsolescence des ordinateurs, le DGA explique que 170 PC ont été promis par le service informatique pour la fin du mois de mai : "On a dit aux agents qu'ils allaient avoir ces nouveaux PC, mais ils ne sont pas seuls à attendre !". Même son de cloche pour les véhicules supplémentaires : "Depuis 2005, il n'y a eu aucune commande de véhicule de la part du conseil général. Nous espérons qu'elle sera bientôt lancée, mais l'ASG est plutôt bien lotie car certains services ont plus besoin de voitures qu'elle. Le conseil général fait le maximum pour répondre à tous les problèmes, pas uniquement les leurs. C'est un problème général qui prendra du temps".
Pour M. Elamine, les agents de l'ASG utilisent les mêmes logiciels depuis des années et n'ont pas besoin d'être formés. "Il n'y a que pour l'ASV et l'AEH qu'il y a un problème concernant l'applicatif, car l'ancien responsable informatique de la Dass a tout verrouillé quand il est parti en 2005. Le service informatique a dû pirater l'applicatif pour y accéder et un test est prévu fin mai avec des formations pour les agents concernés"… En outre, le service informatique a demandé que la DSDS lui fournisse un cahier des charges pour mettre en place les applicatifs qui correspondent aux besoins. "Il faudra un outil clair et performant avant de faire des formations", souligne le DGA.
En attendant, ce sont les bénéficiaires de ces prestations qui sont les plus lésés, alors que pour certains ces aides sont leur seul moyen de subsistance.
Julien Perrot
Les prestations sociales versées par le conseil général
– Allocation enfant handicapé (AEH)
– Tierce personne allocation enfant handicapé (TP AEH)
– Allocation simple vieillesse (ASV)
– Tierce personne allocation simple vieillesse (TP ASV)
– Allocation spéciale personne handicapé (ASPH)
– Allocation spéciale personnes âgées (ASPA)
– Tierce personne allocation adulte handicapé (TP AAH)
– Demande de prise en charge de la dépendance
– Secours exceptionnel (SE)
– Aide au rapatriement de corps et autres
30/04/2009 – Semaine du développement durable
{xtypo_dropcap}V{/xtypo_dropcap}oilà cinq ans que les adhérents de l'association environnementale de Hapandzo se battent pour entretenir leur proximité : le village, la forêt, la rivière… Pour cette bienveillante initiative prise par ces quelques bénévoles, le conseil général et la direction de la jeunesse et des sports (DJS) n'hésitent pas à les soutenir. "Ils mettent leurs services à notre disposition pour nous aider. De ce côté-là, il n'y a rien à redire", déclare très satisfait le trésorier général de l'AHPE Moïse. Policier municipal dans la commune, il rappelle que chacun des membres a ses occupations quotidiennes, "mais nous nous efforçons de nettoyer, c'est important".
Plusieurs fois dans l'année, ils se regroupent et mènent des opérations dans et autour de Hapandzo. Mercredi dernier, ils ont vu l'aimable participation des lycéens de Coconi, venus en renfort purifier la zone d'eau : depuis la cascade – qui longe Barakani – jusqu'à la grande rivière. "On ne peut pas tout enlever, mais on essaie à chaque action de diminuer les dégâts, et aujourd'hui cette classe nous a énormément aidé".
Les mains travailleuses du lycée de Coconi n'étaient pas moins d'une dizaine sur place. En remontant la coulée, les membres de l'association et les élèves ont ramassé ce qu'ils pouvaient imaginer trouver : couches, vêtements dégradés, sachets de savon… La centaine de sacs poubelles mis à disposition par la direction de l'agriculture et de la forêt (Daf) ont été remplis à l'issue de cette matinée, durant laquelle a été notée la présence d'agents de la Daf, de botanistes et certains éléments de la police de l'eau.
Tricots, gants, masques et autres accessoires ont été distribués par la Dass (direction des affaires sanitaires et sociales), pour un ramassage plus sûr, plus hygiénique. Avec des résultats pareils et un tel soutien de l'État et la Collectivité, l'AHPE entend bien poursuivre ses actions de nettoyage comme elle le fait à merveille depuis 2004.
I.M
30/04/2009 – Enquête Ipsos pour la CACM
{xtypo_dropcap}I{/xtypo_dropcap}nitiée en 2007 par la CACM (Caisse d'assurance chômage de Mayotte), cette enquête a été réalisée à partir de questionnaires envoyés par courrier auprès de tous les chefs d'entreprises de l'île. Pour l'année 2008, le nombre de questionnaires reçus et exploitables est de 197, contre 232 en 2007. Deux redressements séparés ont été réalisés pour être au plus juste de la représentativité des entreprises, selon l'activité et les tranches d'effectifs. Cette étude n'est pas représentative du marché global de l’emploi à Mayotte, le champ de travail initial étant limité au fichier CACM des entreprises de 3 salariés et plus.
Sur le périmètre de 730 entreprises ou structures de 3 salariés ou plus, il y a 1.000 salariés de plus par rapport à 2007, soit 13.000 salariés au total. Les entreprises de 50 salariés et plus continuent de croître en effectifs : alors qu'elles ne représentent que 5% des sociétés, elles emploient la moitié des effectifs, soit une moyenne de 160 salariés par structure, contre 140 en 2007.
Les entreprises de moins de 10 salariés représentent comme en 2007 les deux tiers de l'ensemble des sociétés et emploient toujours 18% des effectifs totaux. Elles sont constituées comme en 2007, pour moitié de TPE (moins de 5 salariés), soit un tiers de l’ensemble des entreprises et 6% du total des employés, et pour moitié d’entreprises de 5 à 9 salariés, soit un tiers de l’ensemble des entreprises et 12% de l’effectif total.
Le secteur agricole connaît une forte concentration
La construction-BTP (20% des entreprises) demeure le plus gros employeur de l’île puisqu'elle emploie 38% des salariés, les services marchands (38% des entreprises) 27% des salariés et le commerce (21% des entreprises) regroupe 23% des salariés. Tandis que le secteur association-action sociale-santé n'emploie plus que 4% des effectifs contre 11% en 2007, le secteur agricole connaît au contraire une forte concentration puisqu'il passe de 22 à 42% des entreprises de 5 à 9 salariés.
9 salariés sur 10 sont à temps plein et les trois quarts sont employés en CDI. Les contrats de chantiers continuent de concerner 10% des effectifs, et ils restent exclusivement utilisés dans le secteur de la construction où ils représentent toujours un quart des emplois. Le temps plein s'est généralisé dans le secteur agricole puisqu'il est passé de 66% des salariés en 2007 à 92% en 2008. Le recours au temps partiel reste toujours plus le fait des PME (30% de recours environ) et il concerne plus en 2008 les services (21% de recours contre 11% en 2007) et toujours autant les associations-actions sociales-santé (23%).
Les femmes ne représentent toujours qu'un quart des effectifs et restent plus présentes dans les petites structures (4 emplois sur 10 dans les TPE, contre 16% dans les entreprises de plus de 50 salariés). La moitié des salariés est âgée entre 25 et 35 ans. L’affectation à des postes techniques-production, déjà élevée en 2007, a encore progressé (54% des postes existants en 2008 contre 38% en 2007).
6 chefs d'entreprise sur 10 n'ont pas confiance dans l'avenir
Le moral des entreprises est au plus bas. Alors qu'en 2007, deux tiers des chefs d'entreprises imaginaient leur chiffre d'affaires en hausse pour l'année 2008, moins d'un tiers d'entre eux tablent sur une croissance effective de leur CA en 2009. Le secteur de la construction, qui représente près de 4 emplois sur 10, est celui qui pense souffrir le plus, contrairement aux entreprises agricoles. Même si la perspective de la départementalisation rend les chefs d'entreprises optimistes, avec 55% d'entre eux qui estiment que la situation économique va plutôt en se dégradant, contre 86% d'entre eux à la Réunion par exemple, la crise économique internationale et les retards de paiement des collectivités publiques font que 6 chefs d'entreprise sur 10 n'ont pas confiance dans l'avenir.
Le nombre d'entreprises ayant réalisé des embauches au cours des 12 derniers mois est en baisse (69% contre 78% en 2007), du fait d’un recul de ce type de projets dans les PME et dans la quasi totalité des secteurs. Au final, les embauches réalisées ont concerné moins d’entreprises (4 sur 10, contre la moitié en 2007), mais avec un volume de salariés en croissance (4.000 salariés contre 3.000 en 2007).
Comme en 2007, ce sont essentiellement les entreprises de plus de 50 salariés qui ont contribué à l’accroissement de l’emploi salarié : les trois quarts d’entre elles ont augmenté leurs effectifs, réalisant ainsi 67% des embauches (contre 40% en 2007) et ont quasiment triplé leur nombre moyen de recrutements par rapport à 2007 (plus de 100 personnes embauchées par entreprise en moyenne contre 35 en 2007). Mais elles sont malgré tout plus nombreuses à déclarer un effectif en baisse (23% contre 11% en 2007), le nombre de grandes entreprises dont l’effectif est resté stable ayant diminué (3% contre 17%).
Un quart des entreprises souhaitent recruter avant la fin de l’année, contre 42% en 2007
Le secteur construction-BTP à lui seul a réalisé les deux tiers des embauches (contre la moitié en 2007) soit 3.000 personnes environ. En 2008, les entreprises de plus de 50 salariés (qui ont recruté 80% d’ouvriers contre 73% en 2007), se sont davantage tournées vers les ouvriers qualifiés (61% contre 44% en 2007) que non qualifiés (19% contre 29%). Les contrats de chantiers, proposés essentiellement par les entreprises de plus de 50 salariés et le secteur de la construction-BTP, représentent près de 50% des recrutements réalisés en 2008 (contre 30% en 2007), soit 2.000 personnes (contre 800 en 2007). En parallèle, les départs/fins de contrats ont concerné dans 39% des cas des contrats de chantier (soit environ 1.200 personnes contre 800 en 2007).
Si le nombre d’embauches a considérablement augmenté entre 2007 et 2008, il a concerné le même nombre de CDI, soit 1.000 personnes environ. Ce type de contrat a pâti de la forte croissance des contrats de chantier au global, sauf dans le secteur de l’industrie et des services où les CDI ont augmenté. L’origine des embauches est similaire entre 2007 et 2008 : 7 entreprises sur 10 ont réalisé toutes leurs embauches sur Mayotte et surtout les grandes entreprises (52% contre 26% en 2007). Moins d’une entreprise sur 10 a fait appel uniquement à des candidats extérieurs à l’île.
Un quart des entreprises a déclaré souhaiter recruter avant la fin de l’année, alors qu'en 2007, elles étaient 42%. Ce sont toujours les entreprises de plus de 50 salariés qui manifestent le plus cette intention (mais la moitié d’entre elles seulement contre 72% en 2007). L’intention est moindre également dans le secteur du BTP (35% contre 51%). A l'inverse, les entreprises agricoles sont 29% en 2008 à envisager des embauches de fin d’année, contre 8% en 2007.
Les grandes entreprises semblent souhaiter tendre vers une professionnalisation de leurs équipes puisqu’elles souhaitent davantage s’orienter vers des CDD (60% des futures embauches envisagées contre 19% en 2007) et des CDI (28% contre 15%) et beaucoup moins vers des contrats de chantier (13% contre 65%). De même, le secteur du BTP envisage de recruter dans les mêmes proportions des CDD, des CDI et des contrats de chantier, alors que 67% des embauches prévues pour 2008 en 2007 avaient concerné des contrats de chantier.
La part des entreprises prévoyant des embauches pour 2009 est en léger recul par rapport aux prévisions faites en 2007 pour 2008, mais reste proche de 50%. En terme de volume, on note toutefois une baisse de près de 40% des prévisions d’embauches futures (1.100 personnes contre 1.800 en 2007). Ce sont essentiellement les grandes entreprises et le secteur du BTP qui envisagent le plus de freiner leurs recrutements en 2009.
Julien Perrot
Les métiers les plus recherchés à Mayotte
Les catégories de personnel où les embauches réalisées sont les plus faibles par rapport aux embauches prévues sont les métiers d'ingénieurs, d'informaticiens, d'agents d'entretiens, d'agents de gardiennage, de cadres administratifs, de comptables, d'hôtesses d'accueil et de standardistes. 59% des chefs d'entreprise estiment avoir eu beaucoup de difficultés pour embaucher du personnel, à cause d'un manque de compétences propres au métier, de spécialisation, d'expérience professionnelle et de qualités personnelles. Les ouvriers qualifiés et non qualifiés sont les plus recherchés.
– Dans le BTP : les métiers en tension sont ceux de manœuvres, manutentionnaires, maçons, charpentiers, coffreurs, électriciens, chefs de chantier, conducteurs de travaux et techniciens VRD.
– Dans le secteur du transport : les conducteurs d'engins, grutiers, chauffeurs-livreurs, chauffeurs de poids lourds, mécaniciens, carrossiers et moniteurs d'auto-école sont les plus recherchés.
– Dans le secteur socio-éducatif : il manque des professeurs, des instituteurs, des formateurs, des assistantes maternelles, des puéricultrices, des animateurs, des éducateurs et des travailleurs sociaux.
– Dans le domaine de la santé : il faudrait former davantage d'infirmiers, d'ambulanciers, de pharmaciens, de préparateurs en pharmacie, de vétérinaires, de kinésithérapeute et autres spécialistes, de secrétaires et d'assistants médicaux.
7 entreprises sur 10 pensent proposer des formations
Globalement, comme en 2007, la moitié des structures mahoraises disposent d’un budget de formation. Cette proportion reste croissante avec la taille des entreprises, atteignant 100% dans les entreprises de plus de 50 salariés (89% en 2007). Si les entreprises du secteur industrie sont moins concernées (48% contre 58%), celles du BTP (51% contre 42%) et du commerce (48% contre 38%) le sont plus. Sans surprise, la proportion d’entreprises disposant d’un budget dédié à la formation reste très proche de celles proposant des activités de formation (1 sur 2 environ). Comme en 2007, les entreprises du secteur de la construction-BTP ne sont qu’un tiers à avoir entrepris des actions de formation, tandis que celles du secteur agricole, déjà en avance, ont encore progressé (78% contre 61%).
Concernant les intentions de formations pour l’année 2009, le constat est similaire à celui établi en 2007 : 7 entreprises sur 10 pensent proposer des activités de formations, dont les trois quarts de manière certaine. Les thèmes privilégiés restent les compétences techniques (72% de citations), mais également dans les grandes entreprises l’usage de l’informatique ainsi que le perfectionnement de la lecture et de l’écriture et les activités de développement des qualités personnelles.
La part d’entreprises disposant d’un responsable des ressources humaines est en progression par rapport à 2007 (55% contre 47%), notamment dans le BTP (53% contre 32%) et dans les entreprises de plus de 50 salariés (100%). La quasi-totalité des entreprises (8 sur 10) et surtout les plus de 50 salariés (96%) rencontrent toujours des problèmes dans la gestion de leurs ressources humaines, et ce malgré le fait que ces dernières disposent dans 6 cas sur 10 d’un directeur RH (les RH restent gérées dans une entreprise sur 2 par le directeur). Les raisons de ces difficultés restent essentiellement liées à la motivation du personnel et au recrutement, puis à la formation, à l’organisation des plannings et au poste relations-climat de travail.
UNE Mayotte Hebdo N°426 – Jeudi 30 avril 2009
Alcoolisme (Dossier 5 pages)
LE FLEAU (Enquête, témoignages, analyses, interviews)
> Développement durable :Un kit pour les enfants et 2400m² de panneaux solaires
> Science : Le Marion Dufresne fait escale
> Illetrisme : "Pourquoi tu n'allais pas à l'école avant , maman ?"
> Mayotte ECO : Quels sont les secteurs qui recrutent ?
> Tounda : "Les précieuses ridicules"