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18/01/10 – Visite présidentielle

Ce n'est plus à annoncer, le président de la République se rend à Mayotte ce lundi. Accompagné de Marie-Luce Penchard, Ministre de l'Outremer, et de Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'écologie, Nicolas Sarkozy atterrira à midi à l'aéroport ou auront lieu les traditionnels honneurs militaires et accueil populaire. Pour des raisons de sécurité, un nombre maximum de 1.000 personnes a été établi pour l'accueil populaire à l'aéroport, a priori 500 de Petite Terre et 500 de Grande Terre. A12h20, le président et sa délégation se rendront sur le quai de la Marine pour assister à une présentation des acteurs et des moyens de la lutte contre l'immigration clandestine et rencontrer les forces de sécurité ayant participé aux récents évènements de Petite Terre. Ils s'embarqueront ensuite pour le port de Longoni où ils devraient arriver vers 13h et y être reçus par Mayotte Aquaculture.

Après la signature du décret de création du Parc naturel marin de Mayotte, le président repartira sur Petite Terre à la Case Rocher, avant de prendre la barge pour Mamoudzou, direction le parvis du comité du tourisme où il arrivera à 15h30 pour un grand discours sur la départementalisation, discours pour lequel des spectateurs de toute l'île sont attendus, sans restriction de nombre. Comme toujours pour les déplacements de M. Sarkozy les grands moyens sont employés, quatre escadrons de CRS sont attendus sur l'île pour cette seule journée, soit 300 policiers, rajoutés aux forces disponibles à Mayotte qui sont toutes mobilisées. La circulation dans Mamoudzou sera considérablement réduite (voir encadré) et le marché, le 5/5, ainsi que les administrations dépendant du conseil général seront fermées. Après son discours, le président repartira pour l'aéroport, d'où il s'envolera pour la Réunion.

18/01/10 – Visite présidentielle à Mayotte – Petite Terre et Mamoudzou bouclés

Les restrictions de circulation concerneront les navettes des barges ainsi que la circulation et le stationnement des taxis et de l'ensemble des véhicules. Les barges piétonnes et amphidromes fonctionneront uniquement entre le quai Ballou (PT) et le quai Colas (GT), le trafic sera interrompu de 12h à 13h30 (dernière barge 11h30 des 2 côtés). Concernant les taxis, le dimanche 17, en Petite Terre, la zone habituellement utilisée à la sortie de la barge sera neutralisée et les taxis seront positionnés sur une partie du parking Issoufali. Le lundi 18, le stationnement étant interdit quai Issoufali et sur le parking de la gare maritime, les taxis attendront les passagers à l'arrivée des barges, quai Ballou et quai Colas. Restrictions de circulation : le lundi de 12h à 13h, la circulation sera interrompue en Petite Terre du Four à chaux à la place de France à Dzaoudzi.

En Grande Terre, le parking de la gare maritime sera fermé à partir de dimanche soir. La circulation sera réglementée et partiellement interrompue dans le centre ville de 6h à 16h. Concernant le discours du président de la République sur l'esplanade du marché, il est recommandé au public qui souhaite assister au discours de se rendre sur l'esplanade du marché dès 12 heures et au plus tard à 14h. La circulation étant interdite lundi dans les rues du centre- ville, il est recommandé de se déplacer à pieds et de garer les véhicules dans un périmètre dépassant 500 mètres.

Le préfet demande à la population d'excuser ces perturbations et de bien vouloir comprendre que l'organisation de ces restrictions de circulation est inévitable pour organiser de manière satisfaisante le déplacement et la sécurité de la délégation présidentielle.

18/01/10 – Des sportifs ravis

Vendredi soir à l'Orient-Express, la rédaction de Mayotte Hebdo Sport a remis ses récompenses aux nominés et lauréats de la première édition de son trophée Le Sportif de l'année. Pour rappel, les vainqueurs sont le sprinter du RC Mamoudzou Hafidhou Attoumani dans la catégorie sportif de l'année, L'ASC Tsingoni (Equipe de l'année), Badirou Habdou (Haïma Club de Sada) et Sébastien Synave (RC Mamoudzou) en tant qu'entraîneurs de l'année, Saïd Mahatsara Zico (dirigeant) et Mohamadi Loutoufi Bavou (Mahopolitain). La remise s'est faite en présence des partenaires de l'opération (BFC, Intersport, Sodifram et Star Mayotte) ainsi que de nombreuses personnalités sportives et politiques.

18/01/10 – Les Sivom manifestent ce lundi

Après avoir marché dans les rues jeudi dernier et rencontré les représentants de la préfecture, les agents de Sivom avaient décidé de continuer la grève vendredi (en photo les agents du Sivom Centre devant leur siège de Combani), les incertitudes sur leur devenir au sein du futur syndicat unique n'étant pas levées. Aujourd'hui, ils seront comme beaucoup d'autres dans les rues pour essayer d'attirer l'attention du président de la République Nicolas Sarkozy envisite à Mayotte, sur leur sort. Reste à savoir s'ils pourront approcher les conseillers du président, très sollicités à cette occasion quasi-unique en son genre (Nicolas Sarkozy est le second président de la République à faire le déplacement à Mayotte).

18/01/10 – Préavis de grève chez EDM à partir de mardi

La CGT-Ma EDM vient d'émettre un préavis de grève illimitée de tout le personnel de la société d'économie mixte à partir de mardi à 6h30. Comme pour toute entreprise publique, un service minimum sera néanmoins assuré. Constatant le blocage des négociations concernant la convergence des agents vers la convention collective et le statut des IEG (Industries électriques et gazières), Yamine Aboubacar, le secrétaire général de la branche EDM du syndicat, qualifie la direction d'"hostile à la négociation et qui refuse systématiquement tout dialogue constructif". "Depuis l'accord de fin de préavis de grève de février 2009, les négociations tournent uniquement sur l'accord de méthode pour savoir comment va fonctionner le groupe de travail sur cette question", explique le syndicaliste. "Alors qu'on nous a promis ce statut pour 2011, on ne voit toujours rien et la direction ne prend aucune initiative".

Le syndicat exige également la régularisation des heures supplémentaires pour tout le personnel sur la durée hebdomadaire de 35h depuis le 1er mai 2006, le paiement des heures supplémentaires antérieures des agents d'exploitation pour fait de remplacement, l'application des NR (niveaux de rémunération) correspondants aux GF (groupes fonctionnels) pour tous, le paiement de la prime de médaille du travail avec les barèmes applicables à EDF étendus à la branche, par rapport à la couleur de la médaille et non à l'ancienneté. Le syndicat demande  aussi l'ouverture des postes vacants d'EDM à tous les niveaux pour le personnel pour favoriser la promotion interne, l'augmentation des effectifs de mécaniciens à la production et dans les autres sections, la création des postes de chef de quart pour la conduite à la centrale, la réorganisation et la refonte des organigrammes des pôles réseau et clientèle et le paiement des primes de productivité et de l'ISD (Indemnité spéciale Dom) dès 2010. La CGT-Ma réclame enfin le respect des instances représentatives du personnel et le remplacement du directeur général.

18/01/10 – Un hommage aux sportifs à renouveler

 

18/01/10 – Visite présidentielle : la course aux entretiens

Tandis que le président de la République visite de façon éclaire l'île de Mayotte, ses conseillers, installés dans les bureaux de la préfecture à Mamoudzou, reçoivent en audience un certain nombre de syndicats et structures. En quelques heures, ils s'entretiennent avec les syndicats de policiers pour parler intégration dans la fonction publique, le syndicat agricole FDSEAM et la Chambre d'agriculture, les trois grands syndicats FO, CGT et Cisma-CFDT, ainsi que les syndicats majoritaires des instituteurs : Snuipp, et des enseignants : Snes-FSU. Les conseillers de Nicolas Sarkozy doivent également recevoir l'association des consommateurs pour parler de la vie chère, l'association des maires de Mayotte, le collectif migrant Mayotte qui regroupe entres autres la Cimade, Médecins du Monde, Solidarité Mayotte, la Ligue des droits de l'Homme, etc. et enfin le Conseil de la culture, de l'éducation et de l'environnement (CCEEM) qui réclame la création du pôle universitaire de l'île. 

18/01/2010 – Discours du Président de la République

 

 

{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap} vous voir si nombreux ici, à Mamoudzou, qui peut douter de la ferveur des Mahorais pour notre Patrie, de leur attachement charnel à la France, de leur amour pour la République, au lendemain de votre choix historique en faveur de la départementalisation ? C'est l'honneur de la France et la fierté de notre pays que de savoir, par-delà les océans, réunir des femmes et des hommes aux histoires et aux cultures différentes dans un projet commun qui nous rassemble tous. Mayotte en est la démonstration éclatante, elle qui ne cesse, référendum après référendum, d'affirmer son ancrage indéfectible dans la France.

Et pourtant, il aura fallu que vous attendiez cinquante et un an pour que les autorités de la République entendent votre revendication de devenir un département de France.

Depuis le "Congrès de Tsoundzou" de novembre 1958, marqué par la figure de Georges Nahouda, le chemin vers la départementalisation allait être bien long pour les Mahorais. De grandes personnalités mahoraises ont, depuis, attaché leur nom à ce combat. Je pense bien sûr à l'action des "chatouilleuses" Zeïna M'déré, Zaïna Méresse et toutes celles qui ont prolongé leur combat. Ces femmes de Mayotte proclamaient : "Nous voulons être Français pour être libres !". On ne peut imaginer plus bel attachement aux valeurs de la République. Je veux, aujourd'hui, leur rendre le juste hommage qui leur est dû.

Je pense aussi à l'engagement constant, puissant, essentiel du président Younoussa Bamana, premier préfet "élu" de Mayotte, premier député, premier président du conseil général, sur lequel il veillera pendant plus de 27 ans. Je ne peux pas évoquer le président Bamana sans saluer l'action déterminante du sénateur Marcel Henry et de son oncle Martial. Je n'oublie pas, plus récemment, le rôle fondamental de Mansour Kamardine.

Il faudrait en réalité citer le nom de chaque Mahoraise et de chaque Mahorais, vous qui ne cessez d'exprimer, référendum après référendum, votre attachement unanime à la France. Vous êtes Français depuis 1841, c'est-à-dire depuis plus longtemps que Nice ou que la Savoie. Je ne l'oublie pas, et c'est pour cela que j'ai tenu à faire la départementalisation.

La départementalisation, tout le monde vous la promettait en campagne électorale depuis plus de 30 ans, et s'empressait d'oublier de la faire sitôt élu. On allait alors rapidement piocher alternativement dans le droit international, dans le niveau de développement économique et social et l'île, voire même dans de prétendues rigidités religieuses pour justifier le maintien de Mayotte dans un statut particulier qui n'était pas celui que désiraient les Mahorais. Par deux fois, en 1975 et en 1984, on a même frôlé l'impensable.

Durant toute cette période, vous n'avez pas changé d'attitude : de la manière la plus ferme, vous exigiez de devenir un département, tout simplement pour être des Français comme les autres.

Eh bien depuis le 29 mars 2009, nous nous sommes engagés, ensemble, dans cette voie ! A plus de 95%, vous avez dit "oui" à la départementalisation de Mayotte. A plus de 95%, vous avez, une fois de plus, affirmé votre attachement à la France et votre souhait d'aller plus loin dans la République. A plus de 95%, vous avez réalisé le rêve de plusieurs générations de Mahoraises et de Mahorais, de plusieurs générations d'anciens dont certains sont présents ici, et que je veux saluer.

 

"Je ne laisserai à personne, à aucune puissance étrangère, le droit de décider de qui serait Français et de qui ne le serait pas. Je veux le dire de la manière la plus simple qui soit : Mayotte, c'est la France, et ça le restera."

 

Cette départementalisation, je vous l'avais promise dans la "Lettre aux Mahorais", que j'ai envoyée à chacun d'entre vous le 14 mars 2007. Cela n'a pas été facile, il a fallu convaincre bon nombre de parlementaires en Métropole. Mais j'ai tenu bon. Parce que la promesse que j'avais faite aux Français de Mayotte, j'avais le devoir moral de la tenir. Je considère que chaque territoire de l'Outremer doit pouvoir s'organiser selon les modalités que ses habitants auront choisies. C'est cela aussi, la nouvelle relation que je veux insuffler entre la Métropole et ses Outremers : plus de souplesse, plus de confiance réciproque, plus de responsabilités pour les acteurs locaux, avec une seule ligne rouge que je ne franchirai jamais : celle de l'indépendance. Je veux le dire de la façon la plus nette qui soit : tant que je serai en responsabilité, nos territoires d'Outremer demeureront français. Je ne laisserai à personne, à aucune puissance étrangère, le droit de décider de qui serait Français et de qui ne le serait pas. Je veux le dire de la manière la plus simple qui soit : Mayotte, c'est la France, et ça le restera.

Lors du prochain renouvellement du conseil général, en 2011, Mayotte deviendra donc, officiellement, le 101e département français. C'est ce que prévoit, comme vous le savez, la loi organique du 4 août 2009, conformément aux engagements que le gouvernement a pris devant les Mahorais dans le "Pacte pour la départementalisation de Mayotte". Ce pacte comporte des droits, mais aussi des devoirs nouveaux ; je pense notamment à la mise en place d'une nouvelle fiscalité, au respect scrupuleux de l'égalité homme/femme ou à l'existence d'une seule justice. L'ensemble des foyers mahorais a été destinataire de ce Pacte avant la consultation populaire, il sera respecté scrupuleusement par l'Etat. Il n'y aura pas de surprises dans sa mise en œuvre : ni accélération, ni retards. Je l'ai toujours dit, la départementalisation de Mayotte se fera de façon "progressive" et "adaptée", afin de ne pas créer des déséquilibres qui vous nuiraient. C'est un processus ambitieux et complexe qui sera exigeant pour chacun.

Certains changements concrets auront toutefois lieu avant 2011. Ainsi, dès cette année, les foyers mahorais bénéficieront des 10 chaînes de la Télévision numérique terrestre, au lieu de la seule RFO aujourd'hui. C'est aussi cette année que sera revalorisée l'allocation minimum vieillesse et l'allocation adulte handicapé. Je sais que les anciens ont, dans la culture mahoraise, une place à part. Je sais aussi qu'ils sont bien souvent dans une situation sociale précaire, qu'il serait injuste de ne pas prendre en considération. La départementalisation, c'est plus de solidarité nationale à l'endroit des Mahorais. C'est pourquoi aussi nous allons augmenter les plafonds pris en compte par la sécurité sociale pour calculer les pensions de retraite, afin qu'ils soient au niveau du Smic mahorais actuel. Le Smic mahorais a considérablement augmenté depuis 2004, et pendant ce temps-là les retraites restaient calculées sur la même base. Il faut corriger cela dès 2010, nous allons le faire.

 

"Je veux le dire aux Mahorais : tout ne viendra pas de l'Etat. Il faudra que chacun fasse des efforts, et que la Collectivité de Mayotte trouve en elle-même davantage de marges de manœuvre."

 

Mais la départementalisation, c'est aussi plus de responsabilités. Je ne peux pas ne pas revenir sur les incidents qu'a connus Mayotte le 2 décembre dernier. Je suis ici pour vous dire la vérité, ces événements ont fait beaucoup de mal à Mayotte. L'opinion publique métropolitaine n'a pas compris qu'alors que Mayotte accédait au statut de département de France, certains Mahorais s'en prennent ainsi aux symboles de la République de la manière la plus violente et, je veux le dire très clairement, la plus intolérable qui soit. Un gendarme a été grièvement blessé par un jet de grenade. Il a failli mourir, son pronostic vital a été engagé pendant quelques heures.

Une policière de la police de l'air et des frontières a failli perdre la vie en étant lapidée par une trentaine de jeunes qui se sont acharnés sur elle à coups de pierres et de parpaings. Son collègue, qui l'a dégagée, a eu le bras cassé par la violence des coups. Le Centre de rétention administrative de Mayotte a été mis à sac, tandis que de nombreux européens étaient pris pour cible par les émeutiers. Voilà ce qui s'est passé le 2 décembre à Mayotte.

Des arrestations ont eu lieu. Je souhaite que les responsables et les éventuels organisateurs de ces débordements – quel que soit leur rang – soient recherchés, jugés et punis. Tout cela, ça ne ressemble pas à Mayotte, et ça n'est pas admissible sur le territoire de la République. Dans un département de France, on utilise les mots et pas les coups, le débat et pas la violence, le dialogue et pas l'affrontement, les élections et pas la loi du plus fort.

Plus de responsabilités, c'est aussi une plus grande liberté laissée à vos élus locaux. Vous connaissez la situation financière du conseil général de Mayotte, qui est passé selon la Chambre régionale des comptes de 86 millions d'excédents budgétaires en 2004 à 92 millions de déficit aujourd'hui. Cela non plus, dans un département français, n'est pas acceptable. Le président Douchina est élu depuis peu, il ne peut être tenu pour seul responsable d'une situation qu'il a trouvée à son arrivée à la tête du département. Il lui revient toutefois la rude tâche de devoir redresser la situation. Je veux lui dire ma confiance, et il sait que l'Etat l'accompagnera sur le chemin du retour à l'équilibre en 2014. La récente convention entre l'Etat et le département de Mayotte témoigne de cet engagement réciproque. Mais je veux le dire aux Mahorais : tout ne viendra pas de l'Etat. Il faudra que chacun fasse des efforts, et que la Collectivité de Mayotte trouve en elle-même davantage de marges de manœuvre.

Plus de responsabilité, c'est enfin faire que chacun prenne sa part à la réussite des politiques publiques. Vous êtes soumis, à Mayotte, à une pression migratoire inimaginable. Je le dis pour que les Métropolitains qui nous écoutent comprennent l'ampleur du phénomène : à Mayotte, plus d'un tiers de la population est en situation irrégulière. Les filières qui organisent la traversée maritime des migrants clandestins sur les "kwassas-kwassas" sont directement responsables de plusieurs morts tous les ans. Quatre naufrages sont survenus en 2009, entraînant 7 morts et 28 disparus. Et encore ne compte-t-on pas ceux qui ont disparu sans que personne ne les remarque. Plus d'une centaine de vies ont été sauvées par les forces armées, les gendarmes et les policiers lors d'opérations de sauvetage en mer !

Nous avons beaucoup fait, depuis 2002, pour enrayer ce phénomène : en tant que ministre de l'Intérieur, je vous avais promis un hélicoptère, il est là. Je vous avais promis un 3e radar, il est opérationnel et nous allons en installer un 4e pour couvrir toute l'île. Les effectifs de la police aux frontières ont été multipliés par 12 depuis 2002, tandis qu'une centaine de gendarmes supplémentaires sont aujourd'hui affectés à Mayotte.

Grâce à ces nouveaux moyens techniques et au travail remarquable des policiers, des gendarmes et de la marine, près de 20.000 étrangers en situation irrégulière ont été éloignés en 2009 ! C'est presque autant que pour tout le territoire métropolitain ! Et c'est cinq fois plus qu'en 2002. On arrête également 20 fois plus de passeurs qu'en 2002, et on intercepte 40 fois plus de kwassas-kwassas !

 

"Qui n'a pas donné un travail à un Comorien que l'on savait en situation irrégulière ? Il faut mettre fin à une vaste hypocrisie : près de 15.000 travailleurs à Mayotte sont des clandestins. On ne peut pas, d'un côté, vouloir de l'emploi pour la jeunesse mahoraise, se plaindre des problèmes engendrés par l'immigration irrégulière et, de l'autre côté, en tirer avantage. Sur ce sujet aussi, il faut être responsable, chacun à son niveau."

 

Mais ne nous voilons pas la face : le combat est loin d'être gagné. Qui n'a pas croisé à Mayotte un voisin que l'on savait reconduit vers les Comores quelques jours plus tôt ? Qui n'a pas donné un travail à un Comorien que l'on savait en situation irrégulière ? Il faut mettre fin à une vaste hypocrisie : près de 15.000 travailleurs à Mayotte sont des clandestins. On ne peut pas, d'un côté, vouloir de l'emploi pour la jeunesse mahoraise, se plaindre des problèmes engendrés par l'immigration irrégulière et, de l'autre côté, en tirer avantage. Sur ce sujet aussi, il faut être responsable, chacun à son niveau.

Nous allons encore amplifier ces efforts. Il manquait à Mayotte un centre de rétention administrative adapté aux nécessités de la lutte contre l'immigration illégale. Dans les tout prochains jours va démarrer l'étude de faisabilité de la construction du nouveau centre de rétention administrative de 140 places, qui sera opérationnel au cours de l'année 2012.

Il faut aussi que les moyens de l'Etat en mer soient mieux coordonnés pour faire un usage optimal des ressources disponibles à la Marine nationale, à la gendarmerie, à la Paf, aux douanes. J'ai décidé que Mayotte serait un département pilote pour l'expérimentation de la fonction "garde-côte", placé sous la responsabilité du préfet. Cette fonction garde-côte devra entrer en vigueur au plus tard au second semestre 2010.

L'Etat sera au rendez-vous de Mayotte. Dans ma "Lettre aux Mahorais", j'ai pris un certain nombre d'engagements devant vous. Je ne reviens pas sur les promesses relatives à la sécurité et à la lutte contre l'immigration, ni sur la départementalisation, dont on a vu qu'elles avaient été tenues.

Qu'il me soit permis toutefois de dire un mot sur le projet de piste longue de l'aéroport de Pamandzi. Je l'avais écrit dans ma Lettre aux Mahorais, et je suis aujourd'hui encore convaincu que cette infrastructure est essentielle pour le développement économique de Mayotte. Elle permettra à l'île de pouvoir accueillir des touristes en provenance directe de l'Europe, sans passer par la Réunion située, je le rappelle, à 1.400 kilomètres. Avec un nombre de passagers qui a été quasiment triplé en 10 ans pour atteindre aujourd'hui quelque 250.000, la croissance formidable de la population mahoraise et la dynamique de la départementalisation, personne ne peut soutenir que les infrastructures actuelles sont adaptées aux besoins de Mayotte.

J'ajoute que cet équipement permettra aussi de pouvoir acheminer du fret dans des conditions plus optimales qu'aujourd'hui, je pense par exemple aux produits de la pisciculture. Il est, en outre, le complément naturel du nouveau quai de Longoni, que je vous avais promis et que j'ai eu le plaisir de voir ce matin. Celui-ci permet d'accueillir des navires de commerce et de tourisme de forte capacité ayant besoin d'un accès en eau profonde. Depuis l'année dernière, Mayotte a ainsi les moyens de devenir un port d'éclatement stratégique dans l'océan Indien à destination de ses voisins du canal du Mozambique, et même un pôle d'attraction pour les croisiéristes qui pourront désormais accoster sur ce quai.

 

"Dans les semaines qui viennent, les premières études opérationnelles seront lancées, afin de préparer la déclaration d'utilité publique en 2011 et le lancement des travaux en 2012. Ceux-ci vont durer trois ans, pour une ouverture du nouvel aéroport avec sa piste longue en 2015."

 

Il faut donner à votre territoire les mêmes atouts dans le domaine aérien. Dans les semaines qui viennent, les premières études opérationnelles seront lancées, afin de préparer la déclaration d'utilité publique en 2011 et le lancement des travaux en 2012. Ceux-ci vont durer trois ans, pour une ouverture du nouvel aéroport avec sa piste longue en 2015. Cela peut paraître long, mais nous parlons là de travaux extrêmement lourds et très complexes, qui posent des défis techniques et environnementaux majeurs et que je vous propose de réaliser d'ici cinq ans.

On me dit qu'une compagnie aérienne serait en capacité de faire atterrir des 777, c'est-à-dire des vols long-courriers assurant la liaison directe avec Paris, sur la piste actuelle de Mayotte. J'ai demandé à la direction générale de l'aviation civile d'expertiser cette proposition. Si celle-ci s'avérait faisable, alors les objectifs de la piste longue sur le transport direct des touristes et des Mahorais, ainsi que du fret, pourraient être atteints bien avant 2015. Il s'agirait d'un coup d'accélérateur formidable pour le développement économique de Mayotte, puisque les premiers avions pourraient atterrir dès la fin de l'année 2011 à Pamandzi. L'Etat accompagnerait cette initiative, en utilisant éventuellement la défiscalisation, et en restant vigilant sur le niveau des prix des billets d'avion proposés.

Autre point de la lettre programme aux Mahorais, et je sais que tous y sont particulièrement attachés, la création d'une antenne universitaire permettant aux jeunes bacheliers mahorais de pouvoir continuer, sur place, leurs études jusqu'à Bac+2. Je rappelle que nous parlons là de 1.000 bacheliers par an, chiffre en hausse constante depuis quelques années, ce dont je ne peux naturellement que me réjouir. Nous avons beaucoup travaillé pour y arriver, et j'ai le plaisir de vous annoncer que cette antenne accueillera ses premiers étudiants à la rentrée 2011. Il s'agira d'une structure qui sera portée par le vice-rectorat de Mayotte, et qui permettra aux Mahorais d'avoir la fierté de voir former leurs jeunes sur leur sol. Il est quand même extravagant d'exiger qu'à Mayotte, alors que ceci n'existe dans aucun autre département français, on envoie tous nos jeunes étudier à 1.400 kilomètres de l'endroit où ils habitent… Eh bien, à partir de la rentrée 2011, ceci ne sera plus le cas, au moins pour les deux premières années de l'Université.

 

"Afin de lutter contre l'illettrisme, j'ai souhaité que Mayotte soit dotée d'un sous-préfet à la cohésion sociale et à la jeunesse dès cette année. (…) J'ai aussi décidé que les crédits supplémentaires déjà accordés à Mayotte pour les constructions scolaires seraient augmentés de 50% dès cette année."

 

Je sais les défis que doit relever Mayotte pour former ses jeunes. Afin de lutter contre l'illettrisme, j'ai souhaité que Mayotte soit dotée d'un sous-préfet à la cohésion sociale et à la jeunesse dès cette année, qui aura notamment comme mission de mettre en place le très ambitieux plan de lutte contre l'illettrisme décidé lors du Conseil interministériel à l'Outremer de novembre dernier. Je dis très ambitieux parce qu'il se donne un objectif fort : la réduction de moitié en cinq ans de l'écart entre Mayotte et la Métropole en matière d'illettrisme.

J'ai également souhaité que les enfants, notamment ceux élevés dans des familles non-francophones, soient fortement incités à être scolarisés dès l'âge de trois ans. C'est en effet dès le plus jeune âge que se forment les inégalités, et la première des inégalités c'est celle du langage. Un enfant qui ne maîtrise pas convenablement le français ne pourra pas suivre, de manière satisfaisante, une scolarité normale par la suite. Je demande au préfet d'être particulièrement attentif à ce point.

Pour aider Mayotte à faire face à son défi démographique et migratoire, sa population ayant doublé en 20 ans, j'ai aussi décidé que les crédits supplémentaires déjà accordés à Mayotte pour les constructions scolaires seraient augmentés de 50% dès cette année. Enfin, pour lutter contre la malnutrition des enfants, j'ai souhaité que la Prestation d'aide à la restauration scolaire soit doublée cette année, afin de donner à tous les élèves scolarisés une collation équilibrée, qui constitue parfois le seul repas de la journée.

La Lettre aux Mahorais mettait aussi l'accent sur le désenclavement numérique de Mayotte et l'arrivée du haut débit. En 2010, ne pas avoir un accès fluide à internet est un handicap majeur pour le développement économique. Cela ne peut plus durer, alors que nous lançons aujourd'hui un grand plan national de déploiement du très haut débit financé par l'emprunt national. Mayotte doit profiter de ce grand investissement numérique. Je demande donc aujourd'hui à Marie-Luce Penchard de travailler avec Christian Estrosi, les élus et le commissaire général à l'investissement René Ricol sur le raccordement rapide de Mayotte à l'internet mondial par un câble sous-marin. Il faut que ce câble soit opérationnel d'ici fin 2011, et que le réseau interne de l'île soit prêt, pour cette date, à accueillir ces nouvelles capacités.

Je vous avais aussi promis de renforcer les moyens humains et matériels du Centre hospitalier de Mamoudzou. C'est chose faite puisque, depuis 2007, ce sont 56 M€ qui ont été consacrés à des opérations de restructuration et d'agrandissement du site principal, ainsi qu'à l'ouverture d'un service d'urgences.

 

"L'Etat se donne les moyens d'accompagner la Collectivité dans la construction de 33.000 à 40.000 logements sociaux d'ici 2017, en étendant tous ses outils d'intervention de droit commun à Mayotte. J'ai par ailleurs décidé, lors du Conseil interministériel de l'Outremer, de céder les terrains de l'Etat, à titre gratuit, pour y construire des logements sociaux."

 

Enfin, sur la difficile question du logement social, l'Etat se donne les moyens d'accompagner la Collectivité dans la construction de 33.000 à 40.000 logements sociaux d'ici 2017, en étendant tous ses outils d'intervention de droit commun à Mayotte. J'ai par ailleurs décidé, lors du Conseil interministériel de l'Outremer, de céder les terrains de l'Etat, à titre gratuit, pour y construire des logements sociaux. En outre, afin de rassurer les propriétaires et de les inciter à construire des logements locatifs sociaux, j'ai aussi souhaité l'extension de l'allocation logement à Mayotte. Nous résoudrons le problème endémique du logement social à Mayotte, car la France ne laissera tomber aucun de ses départements, même le plus éloigné, sur ce sujet. S'il le faut, et si les élus du conseil général en font la demande, je suis prêt à accompagner la création d'un Etablissement public foncier local qui facilitera la construction de logements sociaux.

Je suis un Président qui tient ses promesses. Il n'y a pas un point de la Lettre aux Mahorais qui ait été oublié, ou négligé depuis deux ans et demi. Et mon action pour Mayotte ne se résume pas simplement à la mise en œuvre de la départementalisation, on vient de le voir. Je ne suis pas de ceux qui considèrent qu'il faut moins faire pour le département de Mayotte au prétexte qu'il est éloigné de la Métropole. Je le redis pour ceux qui nous écoutent : Mayotte. c'est la France, et chaque Français a droit à la même part de solidarité et d'engagement de l'Etat, où qu'il se trouve sur le territoire national.

 

"Toutefois, la départementalisation, ça n'est pas le développement économique. Le développement économique, c'est aux Mahorais de le créer. L'Etat vous donnera toutes les infrastructures nécessaires : le port en eaux profondes, la modernisation de l'aéroport, l'arrivée du haut-débit, etc. Mais la richesse, ce n'est pas l'Etat qui la crée, ce sont les Mahoraises et les Mahorais."

 

Toutefois, la départementalisation, ça n'est pas le développement économique. Le développement économique, c'est aux Mahorais de le créer. L'Etat vous donnera toutes les infrastructures nécessaires : le port en eaux profondes, la modernisation de l'aéroport, l'arrivée du haut-débit, etc. Mais la richesse, ce n'est pas l'Etat qui la crée, ce sont les Mahoraises et les Mahorais.

Tout à l'heure, j'ai signé le décret instituant le parc marin de Mayotte. Je sais bien qu'il génère quelques inquiétudes, notamment de la part des acteurs économiques. Je veux le dire très simplement : le lagon de Mayotte, c'est la richesse des Mahorais, nous n'allons pas en faire un sanctuaire intouchable. Si j'ai tenu à aller signer le décret constitutif du parc marin dans une entreprise de la filière aquacole, c'est que je considère que le développement durable et le développement économique ne sont pas antagonistes, mais bien au contraire complémentaires. C'est pourquoi, d'ailleurs, nous allons aller encore plus loin que ce qui était prévu initialement autour du parc marin en mettant en place un plan de grande envergure pour lutter contre les rejets d'eaux usées dans le lagon. Nous consacrerons près de 100 M€ d'ici 2015 à l'assainissement des rejets d'effluents dans la mer.

Je sais que l'activité aquacole de Mayotte est aujourd'hui la plus importante de tout l'Outremer. Nous pouvons toutefois aller encore plus loin, en se donnant pour objectif de produire 1.000 tonnes de poisson par an à l'horizon 2015, au lieu des 140 tonnes actuelles. Pour y arriver, l'Etat va consacrer 5 M€ au développement de la filière aquacole à Mayotte. En ce qui concerne la pêche je suis prêt, une fois que les bateaux seront mis aux normes de sécurité et que la flottille de palangriers sera suffisante, à étudier la possibilité d'étendre la zone de pêche exclusive au-delà des 24 milles actuels, afin de donner un coup d'accélérateur à la constitution d'une filière solide. Des crédits seront d'ailleurs prévus à cet effet dans le Contrat de projet Etat-Mayotte.

Mais le lagon, c'est aussi un formidable potentiel de développement pour l'activité touristique à Mayotte. Il faut que les acteurs économiques mahorais se saisissent de cette opportunité fantastique et proposent des offres hôtelières plus étoffées, cherchent des accords avec des tour-operators pour mettre en place des circuits combinés avec d'autres destinations dans la zone, créent des circuits touristiques attractifs. Avec moins de 40.000 touristes par an, dont 10.000 seulement se rendent sur l'île à des fins exclusives de loisir, Mayotte demeure en effet très en deçà de son potentiel d'accueil.

Mes chers amis, je suis heureux d'être parmi vous. Tout à l'heure, quand je suis arrivé en barge sur la place du marché de Mamoudzou, j'ai serré de nombreuses mains amies. J'ai senti la ferveur de vos cœurs, la chaleur de vos sentiments patriotiques, la fierté des Mahorais à demeurer, encore et toujours, fidèles à la France. La France a été, finalement, au rendez-vous. Vous pouvez compter sur moi pour qu'elle y demeure.

 

Vive la République, vive la France, et vive Mayotte dans la France

15/01/2010 – L’éducation en chiffres

 

 

{xtypo_dropcap}"G{/xtypo_dropcap}énération bac." C'est ainsi que s'intitule l'édito de "L'éducation en chiffres" signé par le vice-recteur. Un moyen de montrer que beaucoup de chemin a été parcouru, tant au niveau quantitatif que qualitatif. "Nous achevons la préscolarisation cette année avec l'accueil de tous les 3 ans à la rentrée prochaine. Le collège fonctionne bien et s'améliore, maintenant nous travaillons donc sur le lycée", résume Jean-Claude Cirioni, qui rappelle que depuis 2002 le pourcentage d'une génération qui atteint le bac est passé de 17 à 39% – encore loin des 80% et quelques de Métropole -, mais en sachant que le premier bac "mahorais" date de 1984.

2010 sera d'ailleurs l'année du lycée avec la construction prochaine de celui de Dembéni, dont les plans ornent le bureau du vice-recteur, en attendant celui de Mamoudzou 2 promis par François Fillon.

2010 marquera aussi l'aboutissement du travail d'accueil de tous, avec la scolarisation obligatoire de tous les enfants dès 3 ans en maternelle, scolarisation bien entamée puisque les statistiques révèlent qu'ils sont 50% à aller en classe cette année. Les statistiques montrent qu'en 2009 le nombre moyen d'élèves par classe est de 30 en maternelle et 26 en élémentaire.

Le document précise que "le nombre d'entrants au CP ayant échappé à la préscolarisation diminue mais reste préoccupant : 12,5% en 2009". Un taux élevé que M. Cirioni impute aux manquements de l'état civil et surtout à l'immigration clandestine. "Tous les enfants de 4 et 5 ans déclarés à la mairie sont scolarisés. Bien sûr il en reste dans les rues qui ne vont pas à l'école, mais ils ne sont pas connus de notre administration."

 

Booster le niveau des BTS

 

Le vice-recteur aimerait d'ailleurs établir le pourcentage d'élèves ayant suivi le parcours normal de la maternelle à la 3e, pour mieux évaluer le nombre d'enfants qui arrivent en cours de route sur l'île et donc à l'école, et font ainsi baisser le niveau puisque "certains n'ont jamais été scolarisés avant d'arriver à Mayotte".

Concernant le secondaire, le vice-recteur s'est réjoui de la forte baisse de la déperdition d'élèves entre la 6e et la 3e, qui passe de 13% pour les élèves de 2005/2008, à seulement 4% pour les élèves de 2006/2009. Ils ne sont toujours que 43,7% à entrer en sixième à l'âge normal de 11 ans, un retard qui devrait s'amenuiser avec la généralisation de la maternelle, cruciale pour la maîtrise du français.

La déperdition des élèves du lycée en cours de parcours est elle aussi en baisse, mais reste à 17%, le nombre de candidats au bac – et de lauréats – augmente et passera à 2.118 en 2010.

Enfin, concernant l'enseignement supérieur, le vice-recteur a admis que les résultats des BTS "progressent lentement", avec seulement 33,6% de réussite en 2009 toutes sections confondues.

M. Cirioni a chargé sa nouvelle inspectrice d'une mission spéciale sur le sujet afin de booster le niveau. Les résultats dans les formations universitaires dispensées par l'IFM sont en revanche satisfaisants avec en moyenne 50% de reçus, résultat tout à fait comparable à la Métropole.

Nouveauté cette année, la brochure comporte un chapitre sur l'Institut de formation des maîtres. On y constate que le nombre de place a plus que doublé en 2009, passant de 50 à 120 postes ouverts au concours 2009, un chiffre qui devrait être maintenu au concours 2010, si la demande du vice-recteur est acceptée.

 

Le plus gros employeur de l'île avec 5.428 salariés

 

Le niveau des instituteurs stagiaires a également augmenté, en 2009 un peu plus de la moitié des reçus au concours sont niveau bac+3 et au-delà. A noter que 2010 marque la fin du corps des instituteurs de la CDM qui seront tous intégrés dans le corps des "instituteurs d'Etat recrutés à Mayotte" d'ici le 1er septembre.

La brochure montre également l'augmentation des journées de formation continue pour les instituteurs, "le deuxième volet concernera la formation continue des directeurs d'école, ce qui devrait aider à une meilleure qualité de l'enseignement", estime le vice-recteur, qui précise qu'un gros travail d'accompagnement des contractuels, du premier et du second degré, est mis en place, notamment avec des livrets d'accompagnement édités par le vice-rectorat. Les derniers chiffres sont connus, mais démontrent toujours le gigantisme de l'administration qui reste le plus gros employeur de l'île avec cette année 5.428 salariés et un budget 2009 de 245,5M€.

 

Hélène Ferkatadji

 

la population scolaire de 1973 à 2009 - Une scolarisation récente

 

 


 

Raconte-moi l'Histoire… de Mayotte

Petit clin d'œil, la première page de la brochure présente une image du futur manuel d'Histoire destinés aux élèves du primaire, le premier édité par le vice-rectorat. "Raconte-moi l'Histoire" traitera de l'Histoire de France, de l'Histoire des arts et de l'Histoire de Mayotte, une bonne nouvelle pour les élèves mahorais.

Imprimé à 45.000 exemplaires, ce manuel réalisé sur des fonds du conseil général, qui se remboursera par l'achat du manuel par les communes, sera disponible au mois de mai. Le vice-recteur espère par la suite lancer la création d'un manuel de géographie qui serait une sorte d'atlas de Mayotte, un document qui serait utile au-delà de l'école même.

15/01/2010 – Eclipse annulaire du soleil ce vendredi 15 janvier

 

 

{xtypo_dropcap}U{/xtypo_dropcap}ne partie plus large des continents asiatique, africain, et même de l'Europe de l'Est pourront assister à une éclipse partielle, la lune ne masquant pas entièrement le soleil depuis ces endroits. L'éclipse annulaire du soleil traversera 49 pays de l'Asie et de l'Afrique dont Madagascar. A Mayotte, elle sera visible dans la matinée de ce vendredi 15 janvier. Le ciel devrait subir une obscuration allant de 20 à 50%.

Le port de lunettes spéciales est obligatoire pour pouvoir l'admirer. L’observation, même pendant quelques secondes, d’une éclipse de soleil présente un danger de brûlure définitive de la rétine. Une personne qui observerait l’éclipse sans protection s’expose donc au risque de devenir aveugle. Il est donc indispensable de regarder le phénomène au travers de lunettes spéciales qui peuvent être achetées en pharmacie ou chez les opticiens. En l’absence de lunettes, il faut absolument s’abstenir de regarder l’éclipse et de diriger son regard vers le soleil.

L’attention du public et particulièrement celle des parents et des enseignants est donc attirée sur la nécessité de prévenir les enfants afin qu’ils ne regardent pas le soleil sans protection pendant la durée de l’éclipse.

L'éclipse est dite annulaire car la partie visible du soleil prend la forme d'un anneau. L'ombre produite par le passage de la lune devant le soleil n'atteint pas la surface de notre planète. La surface de la terre rencontre alors le prolongement du cône d'ombre, et non le cône d'ombre comme dans le cas d'une éclipse totale de soleil. Les observateurs placés sur la bande de centralité observeront en premier lieu une éclipse partielle, suivie de la phase d'annularité, puis de nouveau une phase partielle. Pour un observateur situé dans le cône de pénombre, comme c'est le cas à Mayotte, seule une partie du soleil est masquée par la lune. L'éclipse n'est donc que partielle.

L'éclipse annulaire du 15 janvier 2010 est la 23ème éclipse du saros 141 selon Fred Espenak. La série, comprenant 70 éclipses, a débuté par une éclipse partielle le 19 mai 1613, la première d'une série de 7 éclipses partielles consécutives. Les 41 éclipses suivantes de ce saros étaient des éclipses annulaires. La plus longue éclipse annulaire de cette série a eu lieu le 14 décembre 1955, avec une durée exceptionnelle de 12 minutes et 9 secondes. La série prendra fin le 13 juin 2857, après avoir produit 22 nouvelles éclipses partielles supplémentaires.

15/01/10 – Le corps de Samir sera rapatrié

La semaine dernière, Me Marie Faure lançait un appel dans nos colonnes pour retrouver les parents du petit Samir, mort en 2004 sous les coups de son oncle à Montauban. Ce dernier a été condamné en appel à 15 ans de réclusion et le corps du petit Samir a été décongelé par la morgue du CHM de Montauban. Grâce à l’appel paru la semaine dernière, le père de l’enfant a été retrouvé et la dépouille sera rapatriée à Mayotte, grâce notamment à la participation financière du conseil général du Tarn-et-Garonne et au concours des services de la Dass et de la CDM.

15/01/10 – Campagne d’information pour les subventions du CNDS

Dans le cadre de la campagne 2010 du CNDS (subventions aux associations sportives), la direction de la Jeunesse et des sports de Mayotte (Etat) organise 3 réunions d’information afin d’aider les dirigeants bénévoles à remplir leur demande de subvention.

Elles se dérouleront dans l’hémicycle Bamana du conseil général à Mamoudzou le samedi 23 janvier à 9h pour les clubs de sports collectifs sauf le football; le samedi 23 janvier à 14h pour les clubs de football uniquement et le dimanche 24 janvier à 9h pour les clubs de sports individuels.

15/01/10 – Tatouage obligatoire pour tous les chiens et chats

 

 

L'arrêté préfectoral n°105/Daf-SV/2009 du 3 décembre 2009 rend obligatoire l'identification des carnivores domestiques à Mayotte à partir du 1erer janvier 2010, afin d'anticiper l'entrée en vigueur au 1 janvier 2011 de l'article L212-10 du code rural.

Cet arrêté a été pris pour lutter contre la divagation des chiens, notamment les nuisances sanitaires qui en découlent, comme les morsures accompagnées du risque de transmission de pathologies telles que la rage, l'insalubrité liée à la dispersion des ordures ménagères ou les nuisances sonores…

Il s'agit aussi de lutter contre les risques d'atteinte à la faune sauvage par des chiens errants, les risques pour la sécurité publique, mais aussi pour lutter contre les actes de maltraitance rapportés par les associations de protection animale de Mayotte.

L'article 1 stipule que "les carnivores domestiques, préalablement à leur cession, à titre gratuit ou onéreux, sont identifiés par un procédé agréé par le ministre chargé de l'agriculture mis en œuvre par les personnes qu'il habilite à cet effet. Il en est de même, en dehors de toute cession, pour les chiens nés après le 6 janvier 1999 âgés de plus de 4 mois. L'identification est à la charge du cédant".

L'article 2 précise que cette identification obligatoire comporte "le marquage de l'animal par tatouage ou tout autre procédé agréé par arrêté du ministre de l'agriculture" et "l'inscription sur un fichier national des indications permettant d'identifier les animaux et de connaître le nom et l'adresse de leur propriétaire".

15/01/2010 – 720 hectares de mangrove nous protègent

 

 

{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ayotte Hebdo : Quel a été l'objet de vos travaux sur Mayotte ?

Matthieu Jeanson : Je travaille sur Mayotte depuis 2005, à raison de 2 à 6 semaines tous les six mois environ. J'ai travaillé dans le cadre d'un contrat avec le ministère de l'Outremer dont le but est la mise en place d'un réseau d'observation du littoral de Mayotte. Ce projet concerne tout l'Outremer français.

Nous avons étudié l'évolution des mangroves depuis une cinquantaine d'année, par les photos aériennes, afin de dégager une tendance d'évolution. Il y a une opposition entre les mangroves du nord, qui sont plutôt stables, voire en légère augmentation, et celles du sud et de l'ouest qui subissent une forte érosion.

Nous avons pris des mesures topographiques sur sites, que ce soit les mangroves ou les plages, et recueilli des données hydrodynamiques : vagues, courants,… sur les mangroves, les plages et les récifs coralliens. Tout cela afin de déterminer quels sont les processus qui jouent sur l'érosion de la mangrove. Il en ressort que les mangroves du sud et de l'ouest sont plus vulnérables. Il y a un facteur naturel qu'est la plus forte houle, le récif corallien étant moins large que celui du nord, qui protège davantage les côtes, et un facteur humain avec l'urbanisation et la coupe des palétuviers. Nous avons également étudié les changements climatiques, nous avons analysé les vents depuis une cinquantaine d'années, il y a peu de données. Il y a peut-être une augmentation de la vitesse du vent et de la houle australe. Il est important de préciser qu'il n'y a pas de vérité établie sur les causes de dégradation de la mangrove.

 

MH : Le fait que certaines mangroves servent de déchetteries sauvages joue également ?

Franck Dolique : Le sol de la mangrove possède une grosse capacité d'absorption, les déchets sont ainsi stockés dans les sols. La mangrove joue un rôle de filtre dans l'écoulement des déchets vers le lagon, ce qui est bon pour le lagon mais mauvais pour la mangrove. Si l'érosion continue, ce filtre disparaîtra.

 

MH : Quelle est la finalité de ces travaux ?

Matthieu Jeanson : Le but est de surveiller les littoraux pour étudier comment ces milieux vont se reconstituer après un impact naturel, comme un cyclone ou une houle cyclonique. Il y aurait un risque d'augmentation des cyclones avec le temps, l'objectif est donc de savoir comment et en combien de temps ces milieux se reconstituent après un impact fort. Cette connaissance permettra in fine de changer les comportements vis-à-vis du littoral en Outremer. Il y a dans ces territoires une forte urbanisation des littoraux, y compris à Mayotte qui est en plein développement. La gestion des littoraux n'est pas toujours adaptée à leur protection : hôtels, logements, etc… Avec l'érosion plus forte du littoral, il faudra en repenser la gestion, d'où l'intérêt de savoir comment il réagit aux impacts. Même si les cyclones sont très rares sur Mayotte, la côte peut être touchée par une houle cyclonique.

Nous avons choisi plusieurs plages types, selon leurs enjeux, leur situation, leur peuplement, etc., et nous avons créé un profil topographique de l'état naturel pour chacune d'entre elles. Le principe est d'y revenir après un évènement de forte densité pour en mesurer l'impact par rapport à cet état zéro que nous avons établi, et de faire des observations régulières pour mesurer l'évolution du milieu.

 

MH : Il n'y a pas eu d'impact de ce genre durant votre étude, vous n'avez donc pas encore de données sur la reconstruction des mangroves ?

Matthieu Jeanson : Non, ma thèse s'attachait à connaître le cycle normal de dynamique des plages, à déterminer précisément cet état zéro. Si un évènement se produit, le réseau de surveillance s'activera et pourra comparer l'état des mangroves à celui que j'ai défini.

 

Franck Dolique : Le but est de transférer la méthode aux services de l'environnement locaux : Daf, DEDD, Conservatoire du littoral,… qui feront vivre le réseau. Notre séjour sur l'île cette semaine avait pour but de restituer les travaux de la thèse de Matthieu à tous ces services qui y ont contribué en nous fournissant une aide matérielle et humaine précieuse, et également de rencontrer les pouvoirs publics locaux pour qu'ils puissent s'approprier ce travail. La mise en place du parc marin (dont le décret de création pourrait être signé par Nicolas Sarkozy lundi NDLR) devrait être une bonne opportunité pour la mise en place de ce réseau.

 

MH : M. Dolique, vous travaillez en Martinique, la situation des mangroves est-elle comparable à Mayotte ?

Franck Dolique : Les Antilles sont des îles très urbanisées, beaucoup plus qu'ici, les problématiques sont donc exacerbées. Dans les Antilles il est trop tard, les mangroves sont dans un état lamentable, de même pour le lagon, on lutte pour sauver ce qui peut l'être. Mayotte est un milieu encore protégé, même s'il y a déjà des problèmes, c'est une chance. Il faut préserver dès maintenant ces milieux naturels, en mettant en place des lois de protection importante et surtout en veillant à ce qu'elles soient appliquées, de même qu'un effort d'éducation, qui a déjà commencé. Mayotte est un formidable laboratoire pour le développement durable, il faut la préserver au maximum.

 

Propos recueillis par Hélène Ferkatadji


 

La mangrove, un milieu essentiel pour le lagon

La mangrove joue un rôle multiple. D'un côté elle protège le littoral des fortes houles, de l'autre elle sert de filtre lors de l'écoulement des eaux de pluie dans le lagon, en retenant les boues par les racines des palétuviers, évitant l'envasement du lagon. La mangrove a également un rôle biologique, elle sert de nurserie à de nombreuses espèces de poissons récifaux. Elle abrite aussi plusieurs espèces d'oiseaux.

Mayotte compte 720 hectares de mangrove, ce qui représente 30% du linéaire côtier. Elle compte 7 espèces de palétuviers. A l'échelle mondiale, c'est une surface très faible, mais dont l'importance écologique est considérable, essentiellement par son rôle de filtre qui préserve le lagon.

15/01/2010 – Station d’épuration expérimentale de Malamani

 

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a mangrove est un écosystème unique. Elle protège la terre de la mer et, en amortissant les effets des vagues et de la marée, elle protège ainsi les côtes de l'érosion marine. Elle protège également la mer de la terre en filtrant les apports solides et liquides en direction du lagon. Elle piège ainsi une partie des sédiments résultant de l'érosion des versants et de nombreux déchets. La mangrove est enfin un lieu de vie privilégié pour un grand nombre d'espèces marines et d'oiseaux servant notamment de nurserie pour les jeunes poissons.

Moins connue, sa capacité bioépuratrice pourrait permettre d'effectuer une "bioremédiation" des eaux usées domestiques. C’est avec cet objectif que le Sieam, en collaboration avec le CNRS, a décidé de mener un projet de recherches destiné à trouver des solutions alternatives adaptées au contexte local pour l'épuration des eaux usées, caractérisé par une forte densité de population, une urbanisation rapide et un milieu naturel fragile. Le problème des rejets des stations d’épuration se pose notamment à cause des dysfonctionnements importants des 120 "mini-stations" construites dans le cadre de lotissements, d'opérations de résorption de l'habitat insalubre ou de bâtiments scolaires en mauvais état.

 

Un coût de fonctionnement moitié moins important que le traitement classique

 

Station d'épuration expérimentale de MalamaniLa station expérimentale de Malamani a été mise en route en avril 2008. Un décanteur digesteur effectue un traitement primaire permettant un abattement de l’ordre de 60% de la pollution organique et de 30% de la pollution minérale (azote et phosphore). Les effluents ainsi traités sont envoyés dans la mangrove pour y subir un traitement complémentaire.

Il s'agit bien sûr de traiter uniquement les rejets d’eaux usées d’origine domestique et non pas industrielle, chargés en métaux lourds ou en résidus de pesticides et d’hydrocarbures. Ce rejet se fait uniquement à marée basse à raison d’un rejet journalier. Un travail de thèse a été associé à ce projet de recherche effectué par Mélanie Herteman depuis maintenant 3 ans, qui doit la soutenir en juin 2010 (voir interview).

Ce type de station nécessite un investissement relativement faible et une exploitation simple, permettant ainsi une meilleure fiabilité environnementale. Son coût de fonctionnement est estimé à environ la moitié de celui d'une station d'épuration classique type "biodisque", à capacité équivalente. Un suivi régulier du système à ses différents niveaux – de la collecte des eaux à leur rejet en mangrove en passant par le traitement primaire en décanteur – reste cependant indispensable.

Mais l'intérêt se situe surtout au niveau du rejet des effluents de stations d’épuration. En effet, les rejets de stations d’épuration sont très compliqués à Mayotte du fait des faibles débits des rivières, du manque de foncier permettant une éventuelle infiltration et de la fragilité du milieu naturel. Pour la plupart des cas, le seul rejet envisageable est la création d’un émissaire marin (conduite sous-marine) permettant d’aller rejeter les effluents dans des zones à fortes courantologies permettant une dilution des effluents, mais le coût de ce type d’ouvrages est extrêmement important (de l’ordre de 3.000 € par mètre), comme c'est le cas pour la station d’épuration du Baobab à Mamoudzou.

 

La croissance des arbres de mangrove paraît favorisée par l’apport d’eaux usées

 

Station d'épuration expérimentale de MalamaniLes canalisations qui acheminent les eaux usées vers la mangrove sont aériennes, fixées sur des pieux en bois pour ne pas être immergées par les marées. En moyenne, 40 m³ d'eaux usées par jour ont ainsi été rejetés depuis avril 2008 sur 3 parcelles (voir encadré). Financé par les ministères de l'Outremer et de l'Ecologie, ce dispositif est complété par un suivi et des mesures pendant 3 ans sur les végétaux, les populations de crabes, la qualité des eaux et des sédiments.

Ce suivi est assuré par le CNRS via la thèse de Mélanie Herteman et a été complété par les campagnes de mesures en 2009 par le bureau d'études Pareto dans la baie de Bouéni pour relever les indicateurs de biodiversité, des sédiments et de l'eau et par l’Arvam (Agence pour la recherche et la valorisation marine, basée à la Réunion) pour effectuer le suivi de la qualité physico-chimique et bactériologique du site expérimental.

Après un an et demi de rejets, les premiers résultats de l'étude indiquent qu'il n'y a pas de différence dans la répartition et l'activité des crabes, ces "ingénieurs" de la mangrove, acteurs essentiels de son fonctionnement (voir encadré). En ce qui concerne la végétation, un verdissement intense des feuilles de palétuviers a été constaté, traduisant une activité photosynthétique accrue et une augmentation de la concentration en chlorophylle.

La croissance des arbres de mangrove paraît ainsi favorisée par l’apport d’eaux usées, qu’ils absorbent au moins en partie. L’analyse des composés azotés confirme cette absorption, différente cependant selon les compartiments (eau, sédiment, végétation) et la nature de ces composés (ammonium, nitrate).

 

"Une solution potentiellement intéressante pour Mayotte mais qui reste limitée"

 

"Il reste à prouver que l’ensemble de la pollution est éliminé par la mangrove, qu'il n'y a pas d'impact sur la baie de Bouéni et que l'écosystème de la mangrove ne sera pas modifié à terme", précise Christophe Riegel, chef de projet qui suit l'expérimentation pour le compte du Sieam depuis avril 2008.

"A ce jour, l'impact semble être positif sur la végétation et sans effet sur les crabes, qui jouent un rôle clef dans l'équilibre de la mangrove, mais qu'en sera-t-il à plus long terme et quel sera aussi le devenir du phosphore ?", s'interroge Mélanie Herteman. "Les études et les expérimentations doivent être poursuivies afin de répondre à ces grandes questions. Il faut être sûr qu'à plus long terme, le fonctionnement général de cet écosystème de mangrove ne sera pas modifié."

"C’est une solution potentiellement intéressante pour Mayotte, mais qui reste cependant limitée car elle ne peut être appliquée qu'aux zones disposant de mangroves et elle ne permet pas a priori une application à grande échelle. Il s'agit donc d'un bon procédé pour assainir les villages, en complément des stations d'épuration classiques", résume Christophe Riegel. De plus, ce procédé concerne uniquement le traitement des rejets domestiques car les rejets industriels détruiraient tout l'écosystème.

 

Une première mondiale en étude pendant encore un an et demi

 

La station expérimentale a d'ores et déjà eu de nombreux échos favorables, notamment lors du Grenelle de la Mer et dans d’autres territoires ultramarins possédant de la mangrove, qui observent le projet-pilote de Malamani avec attention. Des expérimentations de ce type ont également eu lieu au Japon, au Bangladesh, en Floride, à Hong-Kong et en Australie, mais sans station d'épuration fonctionnelle. C'est donc une première mondiale.

La station de Malamani et sa mangrove devraient continuer à faire l'objet d'un suivi pendant encore un an et demi pour s'assurer de son efficacité, avant de passer peut-être à une phase opérationnelle. Une AOT (Autorisation d'occupation temporaire) a été concédée par le Conservatoire du littoral dans ce sens jusqu'en septembre 2011. "Ce n'est qu’au terme de cette période que des conclusions définitives pourront être tirées de cette expérimentation et que l'on pourra envisager – ou non – de développer ce procédé à Mayotte, voire ailleurs", explique Francois Fromard.

"Parmi les travaux scientifiques restant à développer d'ici-là, il faut renouveler les observations sur les populations de crabes et les analyses sur la végétation, afin de suivre leur évolution sur une plus longue période de rejets. Les bilans azotés et phosphorés doivent encore être précisés à différents niveaux de l'écosystème et des bilans bactériologiques doivent également être renouvelés", tient à souligner le scientifique. "Il est certain aussi qu'un tel procédé ne peut s'appliquer que dans des conditions strictement contrôlées, et dans certaines conditions environnementales".

 

Julien Perrot

 


 

EcoLab, un laboratoire qui étudie les relations entre les communautés et les écosystèmes

EcoLab, laboratoire d’écologie fonctionnelle, est une unité mixte de recherches du CNRS, de l’Université Paul Sabatier-Toulouse III et de l'Institut national polytechnique de Toulouse. Le laboratoire est rattaché aujourd'hui au nouvel Institut national écologie et environnement du CNRS (INEE).

Sa vocation est l'étude combinée du fonctionnement des communautés et des écosystèmes et de leurs interrelations. Ainsi, le rôle de la biodiversité dans les fonctions des écosystèmes, l'influence des régimes de perturbations sur la biodiversité, la dynamique et l'effet des polluants ou encore la bioremédiation et la restauration des milieux naturels constituent des thèmes majeurs du laboratoire.

EcoLab est formé de 7 équipes de recherche organisées en 2 départements et d’un service d’appui à la recherche. Le laboratoire comprend 17 chercheurs CNRS, 33 enseignants-chercheurs, 29 personnels de soutien à la recherche, une quarantaine d'étudiants doctorants, post-doctorants et contractuels et une trentaine d'étudiants stagiaires.

La mangrove est un des modèles d'étude privilégiés par EcoLab. Cet écosystème y est étudié dans le cadre de recherches à approche plutôt fondamentale, en Guyane notamment, et de programmes finalisés relevant du domaine de l'ingénierie écologique. C'est dans ce dernier cadre que s'insère le projet "Mangrove et bioremédiation" à Mayotte.

 

 

Les crabes, "ingénieurs" de la mangroveLes crabes, "ingénieurs" de la mangrove

Les populations de crabes jouent un rôle capital dans la structure et le fonctionnement global d’une mangrove. Ce sont de véritables espèces d'ingénieurs au sein de cet écosystème particulier. Grace à leur activité de "bioturbation", la micro-topographie du substrat et la structure des sédiments sont modifiées de manière importante.

Dans la mangrove, milieu saturé en eau et souvent peu perméable, le réseau interconnecté de leurs galeries permet l'infiltration des écoulements de surface en profondeur. Ce réseau facilite aussi le mélange entre eau douce et eau de mer, favorise le drainage des racines de palétuviers et permet l'enfouissement des feuilles de la litière et l'enrichissement des sédiments en matière organique.

C'est ainsi que les crabes interviennent dans les mécanismes d'échanges entre les compartiments eau, sédiment et végétation de la mangrove, au niveau des cycles du carbone et de l’azote, de l'oxygénation du sol, et de la circulation des eaux de nappe et de marée.

13 espèces de crabes ont été recensées sur le site d’étude de Malamani, dont 9 sont réparties sur les faciès de mangrove dominés par les palétuviers Rhizophora mucronata et Ceriops tagal. Elles appartiennent aux familles Grapsidae et Ocypodidae. Ces déterminations ont été réalisées avec la collaboration de Jean-Marie Bouchard, un carcinologue basé à Mayotte.

 

 

40 m³ d'eaux usées rejetées par jour depuis avril 2008

Sur le terrain du site expérimental de Malamani, 4 parcelles test (2 impactées et 2 témoins) et une 5ème pour éliminer le surplus, ont été délimitées. Les eaux usées sont rejetées toutes les 2 marées basses sur les 2 parcelles impactées (tuyaux percés tous les 2 mètres, organisés en 3 rampes). Les volumes et les débits sont régulés en amont par un automate programmable. Le dispositif est paramétré pour traiter 40 m³/jour d’eaux usées. Cela correspond au rejet des 400 habitants du lotissement, soit 100 litre/jour/habitant.

En saison sèche, il n'y a que 20 m³/jour de rejets, car il n'y a pas d'infiltrations d'eaux claires parasites et d'eaux pluviales dans les canalisations d'eaux usées du réseau. Les rejets peuvent en revanche atteindre 60, voire 80 m³/jour en saison des pluies, d'où une parcelle de plus pour éliminer le surplus. En pratique, 10 m³/jour sont reçus sur chacune des 2 parcelles impactées. L’analyse de l’état zéro du système (végétation, eau, sédiment, crabes) a été réalisée en 2007-2008. Les rejets dans les parcelles sont opérationnels depuis avril 2008.

Dans chacune des parcelles sont installés des dispositifs d’observation et de mesures : quadrats d’analyse de structure de la végétation, collecteurs de litière pour le suivi de la productivité, étiquetage des jeunes plantules (suivi de régénération), placettes de comptage de crabes et terriers, etc. Un réseau de 25 piézomètres (tubes de 2 mètres enfouis dans le sédiment), dont 2 équipés de sonde automatique, complète ce dispositif afin de caractériser l’hydrologie (hauteur de nappe, conductivité/salinité, température).

 

 

Trois questions à Mélanie Herteman, doctorante àen écologie à EcoLab

Trois questions à Mélanie Herteman, doctorante en écologie à EcoLab

"Nous ne pouvons pas encore affirmer un pouvoir épuratoire de la mangrove"

Soutenue par à une bourse Cifre (Conventions industrielles de formation par la recherche), Mélanie Herteman est doctorante-ingénieur au sein du laboratoire EcoLab au CNRS de Toulouse et au Sieam. Sa thèse, qui a débuté en septembre 2006, sera soutenue en juin 2010 à l’Université Paul Sabatier de Toulouse. L’ensemble des résultats seront ensuite présentés à Mayotte.

Apres des études de biologie, elle s'est spécialisée en écologie tropicale. Particulièrement intéressée par les mangroves, elle s’est consacrée à leur étude, en commençant d'abord par une mission scientifique en Guyane dans le cadre de son DEA. Arrivée à Mayotte il y a 3 ans, son travail quotidien de terrain en mangrove a laissé la place à l'analyse et la synthèse des résultats depuis en juillet 2009 où elle est retournée en Métropole. Accompagnée par les chercheurs Francois Fromard et Luc Lambs, elle est revenue sur l'île en octobre 2009 pour une autre mission scientifique.

 

Mayotte Hebdo : Comment la mangrove parvient-elle à assainir les eaux usées domestiques ?

Mélanie Herteman : La question n’est pas encore "comment… ?" mais plutôt "est-ce que… ?". Nous ne pouvons pas encore affirmer aussi clairement un pouvoir épuratoire de la mangrove. Nous sommes encore en pleine phase expérimentale, même si les premiers résultats commencent à tomber. Une expérimentation comme celle-ci en milieu naturel ne fonctionne pas comme une expérience sur paillasse en laboratoire. Il faut du temps pour pouvoir comparer les différentes saisons et se rendre compte d'un effet à long terme.

 

MH : En quoi consiste le processus de nitrification-dénitrification de l'azote ?

MH : La nitrification est un processus naturel contrôlé par l'action de certains micro-organismes spécifiques du sédiment, qui conduit à la transformation de l'ammoniac NH4+ en nitrate NO3- (avec passage par les nitrites).

La dénitrification est aussi un processus biologique qui s'opère dans les sols hypoxiques ou anoxiques (peu ou pas d'oxygène) comme les sédiments de mangrove, sous l'action de bactéries spécifiques satisfaisant leur besoin en oxygène par une désoxygénation des ions nitrate. En effet, le dioxygène O2 se diffuse peu dans les sédiments, d'autant plus qu'ils sont gorgés d'eau. Par conséquent, les bactéries qui se trouvent dans ces types de sols manquent de dioxygène, notamment quand l'eau a comblé tous les espaces lacunaires du sol contenant auparavant de l'air.

C'est alors que les bactéries dénitrifiantes opèrent la dénitrification. Elles vont puiser, dans les molécules de nitrates, l'oxygène dont elles ont besoin. Elles vont ainsi réduire l'ion nitrate NO3-, soluble et facilement absorbable par les végétaux, en ion nitrite NO2, puis en monoxyde d'azote NO, après en N2O (oxyde nitreux) et enfin en diazote N2, qui se volatilisera dans l’atmosphère. Cette réaction est très importante en écologie, en agriculture et dans le domaine du traitement des eaux usées.

 

MH : Quel est l'avenir de la station expérimentale de Malamani ?

MH : Cette station pilote est expérimentale. Elle fonctionnera encore au minimum un an et demi, puisque la durée de l'AOT accordée par le Conservatoire du littoral s'étend jusqu'en septembre 2011, période durant laquelle les suivis de terrain et des expériences complémentaires doivent être faits. Après seulement, une suite peut être envisagée : si ce système s'avère être sans impact négatif pour l'écosystème mangrove et lagonaire, alors une réflexion sur l’amélioration ou la modification de la réglementation en vigueur (rejet dans la mangrove interdit par l’arrêté du 22 juin 2007) est à entamer pour permettre éventuellement l'utilisation de ce système de traitement des eaux usées domestiques.

Par contre, dans le cas contraire, si les résultats ne sont pas concluants, que le moindre dérèglement de fonctionnement (végétaux, bactériens, faunistique ou hydrologique) est constaté, alors il faudra travailler sur l'amélioration du système en amont pour développer par la suite ce système de traitement des eaux usées, ou renoncer à ce procédé.

15/01/2010 – Politique : Parlement européen

 

 

{xtypo_dropcap}C{/xtypo_dropcap}ela fait plus de 6 mois qu’Élie Hoarau a accédé à la fonction de député européen. L’élu de l’Alliance des Outremers avait promis d’engager un assistant-parlementaire mahorais pour l’épauler dans son travail à Bruxelles et Strasbourg. Il a fallu que le Réunionnais vienne lui-même auditionner les candidats à Mayotte pour qu’un choix soit arrêté.

Dans un premier temps, la commission chargée de faire des propositions de la Fédération des partis progressistes de Mayotte (composée de Saïd Ahamadi Raos président du PSM, Bacar Ali Boto président de l’Alliance, Ibrahim Bacar président du MPM et Assani Alidina président du PCRM) avait établi son choix sur Kira Bacar Adacolo. Mais certains postulants et membres du jury eux-mêmes ont contesté ce choix.

Mais le 31 décembre, lors de ses vœux, Elie Hoarau a confirmé que le jeune trentenaire allait le suivre au Parlement européen. “C’est une initiative extraordinaire qui émane de la Fédération des partis progressistes de Mayotte. Ils ont établi une convention pour qu’il y ait un Mahorais au sein du Parlement européen. Ce flair démontre qu’il y a des dirigeants à Mayotte, notamment Assani Alidina et Saïd Ahamadi “Raos” qui n’ont pas que des ambitions personnelles, mais aussi des ambitions pour le pays”, affirme Kira Bacar Adacolo.

 

“Les élus mahorais ne prennent pas suffisamment la peine d’expliquer les choses”

 

Sa mission principale sera de faire en sorte que Mayotte intègre les régions ultrapériphériques européennes (Rup) le plus rapidement possible. Pour cela, il espère qu’une collaboration efficace s’effectuera entre le conseil général, ordonnateur des fonds européens à Mayotte et Élie Hoarau.

“Toutes les autorités et services publics ou privés doivent faire remonter leurs projets au député pour qu’ils trouvent un écho au sein des instances décisionnelles de l’Union européenne. Les collectivités, les entreprises privées, les syndicats professionnels doivent concocter des projets bien ficelés et règlementairement éligibles aux financements européens. Ils doivent s’inscrire dans une démarche d’anticipation, car en 2014 les projets doivent être prêts. Il faut donc se mettre au travail, car le temps presse”, explique l’assistant-parlementaire.

Ainsi, il organisera à Mayotte un séminaire au mois de mai sur l’évolution des Rup et un autre en octobre sur les énergies renouvelables et les Padd, principalement à destination des élus. “Le but est de leur faire connaître les différents dispositifs européens auxquels les collectivités mahoraises peuvent prétendre, mais aussi de leur expliquer le fonctionnement de l’UE. L’un des problèmes des élus mahorais, c’est qu’ils ne prennent pas suffisamment la peine d’expliquer les choses. Ils n’anticipent pas assez, comme pour la hausse du tarif de la barge. À la SNCF ou à la RATP, tous les ans les tarifs sont révisés. Ici il a fallu attendre plusieurs années avant que cela ne soit envisagé.”

Kira Bacar Adacolo s’est envolé dimanche pour la Belgique et devrait prendre ses fonctions très prochainement.

 

Faïd Souhaïli


Ces aides tant désirées

Pendant longtemps, la départementalisation avait été annoncée comme synonyme d’un afflux de sommes importantes pour notre île. Aujourd’hui, ce sont plutôt les fonds européens qui font envie. Mayotte est éligible en tant que PTOM (Pays et territoires d’Outremer) au Fonds européen de développement (FED) depuis 1977.

Le 10e FED (2008-2013) prévoit 22,9 millions d’euros pour le transport et le tourisme. Mais en passant au statut de Rup en 2014 (si tout va bien), ce sont les fonds structurels qui seront accessibles. Et là les montants sont potentiellement supérieurs (jusqu’à 10 fois plus que ce que reçoit Mayotte aujourd’hui). Ainsi, la Réunion est éligible pour le Feder, le FSE ou le Feader. Ils ont permis de réaliser des travaux d'aménagement importants et de construire des infrastructures indispensables, comme récemment la Route des Tamarins ou encore le tram-train. “Nous allons préparer les élus à connaître le fonctionnement des financements européens afin de les optimiser dans le domaine des projets d’infrastructures et de développement économique”, espère Kira Bacar Adacolo.

15/01/2010 – Société : Débat national

 

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a polémique fait grand bruit en France. Faut-il, au nom des principes de la République et de la sécurité, interdire le port du voile intégral ? Pour ceux qui veulent l'interdire, le voile intégral représente un danger parce qu'il permet de dissimuler des armes, mais aussi parce qu'il rend la personne non identifiable. Mais l'interdire reviendrait à bannir tous les vêtements ou autres moyens de dissimuler son visage, afin de ne pas tomber dans la discrimination.

Pour les spécialistes de la question, une telle loi constitue une double injustice pour les femmes concernées, particulièrement pour celles qui le portent par obligation. Pénalisées par la loi, ces femmes risquent de se faire exclure des lieux publics afin de ne pas subir les remontrances de leurs époux. Principalement musulmane, Mayotte ne semble pas perturbée par la question. Rares sont les personnes à être au courant des remous suscités par la question en Métropole.

Sur place, la première constatation est qu’en musulmans modérés, les Mahorais sont les premiers à être choqués par ces femmes voilées de la tête aux pieds. "Ici on ne les respecte pas", nous explique Ydaya, "les gens disent qu’ils sont musulmans et pourtant ils passent leur temps à se moquer d’eux". En effet, à en juger par leur réaction face à ces personnes péjorativement surnommées "djaoulas", (terme généralement utilisé pour désigner les dévots, NDLR), ou même "ninjas", on retrouve une certaine défiance envers ces femmes entièrement voilées. "C’est gênant de parler avec des personnes dont on ne voit pas le visage, explique cette jeune adolescente. On ne sait pas à qui on a affaire."

 

"Comme dans toute religion, certaines personnes veulent en faire plus"

 

Pour Ilan aussi, lycéen de 19 ans, cette tenue montre une exagération vis-à-vis des principes religieux. Pour lui, "ces femmes ont le droit de se vêtir comme bon leur semble sauf dans les endroits publics, car dans ces endroits ça devient du prosélytisme."

Même si la tenue choque dans la rue, tout comme lui, beaucoup estiment important de laisser ces femmes suivre leur propre vision de la religion. "C’est leur choix, je suis très religieuse, mais je ne le ferais pas", admet Mounia, avant de conclure, "en tout cas elles sont courageuses parce que les gens ont un regard négatif sur elles."

Lorsqu’on les interroge, les femmes qui s’imposent le niquab expliquent toutes vouloir aller aux sources de l’islam. Une manière pour elles de se sentir pleinement musulmanes. Certaines admettent le faire pour leur mari. C’est ce que nous explique cette religieuse.

"Il y en a qui le font parce que leurs maris les obligent à le faire. D’autres se l’imposent par respect pour lui. Mais au fond, ce n’est pas une obligation, elles l’abandonnent généralement lorsqu’elles se séparent de lui. Dans la religion, on demande juste aux femmes de porter une tenue décente. Comme dans toute religion, certaines personnes veulent en faire plus que ce qu’on leur demande. C’est leur choix. Ce n’est pas une bonne chose que l’Etat les force à renier leur vision de la religion, parce que c’est comme ca qu’ils vont interpréter cette loi."

 

Une tradition pré-islamique

 

Pour Ali Youssouf, maitre coranique à Mamoudzou, burqua n’est pas le terme exact pour désigner le voile intégral. Selon lui, le terme "niquab" serait plus adéquat. Cette tenue viendrait d’une tradition anté-islamique de la péninsule saoudienne. Durant les voyages dans le désert, on recouvrait les caravanes transportant les femmes musulmanes par une tente. Cette toile constituait à la fois une protection contre la chaleur, mais aussi contre les regards indiscrets.

"Quand l’islam est arrivé, précise "oustade"* Youssouf, il n’a pas interdit cette pratique. C’est pour cela qu’au fil des siècles, les gens l’on assimilée à la religion. Aujourd’hui, cette toile collective, est devenue individuelle. Et les femmes de ces pays la portent sur elles. Cependant, l’Arabie Saoudite est le seul pays où le port du niquab est obligatoire. Mais des milliers de personnes dans le monde ont choisi de pratiquer la religion comme en Arabie Saoudite, terre natale du prophète. Une manière pour eux d’être au plus près de la religion.

"Les personnes qui suivent aveuglement les savants saoudiens portent effectivement le niquab ou l’imposent à leurs compagnes. En tant que musulman salafiste, ce n’est ni une obligation pour moi, ni une interdiction : c’est un choix", nous avoue Ali Youssouf.

Pour lui, les rares femmes à le porter à Mayotte n’on même pas conscience de sa signification. Mais lui aussi reste persuadé qu’interdire le niquab sera très mal vu par la branche religieuse qui l’impose. Une loi qui touche des minorités musulmanes, mais qui ne manquera pas d’attiser l’hostilité des intégristes religieux envers la France.

 

* maitre, en arabe

 

Halda Toihiridini

 


 

Burqua, niqab, tchador… petit lexique

 

 

Le voile, dont de nombreuses musulmanes à travers le monde se couvrent la tête, en totalité ou en partie, comporte de nombreuses versions et se retrouve dans de nombreuses traditions, bien au-delà de l'islam. Le port du voile pour les femmes est ainsi attesté depuis l'Antiquité, par exemple chez les juifs dans la Bible et chez les Arabes bien avant l'islam.

 

 

 

 

 

Le hidjab

 

 

Le mot hidjab est formé sur la racine arabe "hajaba", qui signifie "cacher", "dérober aux regards", "mettre une distance". Promu par les Frères musulmans, ce voile cache les cheveux, les oreilles et le cou, ne laissant voir que l'ovale du visage, et est souvent complété par une tunique ou un imperméable. Il s'est généralisé dans le monde musulman, remplaçant les tenues traditionnelles comme le "haïk" en Afrique du Nord, grande pièce de laine ou de coton qui dissimule les formes du corps et voile le visage.

 

 

 

 

 

La burqa

 

 

La burqa est à l'origine le vêtement traditionnel des tribus pachtounes en Afghanistan. Ce long voile, bleu ou marron, couvre complètement la tête et le corps, un grillage dissimulant les yeux. Cette tenue est devenue aux yeux du monde le symbole du régime des talibans en Afghanistan, qui l'ont rendue obligatoire, mais elle est loin d'avoir disparu après leur chute.

 

 

 

 

 

Le niqab

 

 

Dans les pays arabes, le niqab, voile intégral complété par une étoffe ne laissant apparaître qu'une fente pour les yeux, s'est répandu sous l'influence de l'islam wahhabite, surtout en milieu urbain. Certaines femmes y ajoutent des lunettes de soleil et des gants, voire un masque.

 

 

 

 

 

Le tchador

 

 

En Iran, le tchador est un vêtement traditionnel utilisé principalement aujourd'hui par les pratiquantes. Il s'agit d'une grande pièce de tissu posée sur la tête, laissant apparaître l'ovale du visage, tenue fermée à l'aide des mains, voire des dents si la femme a besoin d'utiliser ses bras. Le port du tchador n'est pas obligatoire dans la République islamique, à la différence du port d'un voile sur la tête.

 

 

 

 

 

Le lithâm

 

 

Ce voile est un cache-nez, que l'on appelle encore khimâr, terme générique qui désigne tout ce qui couvre la tête : mantille, châle ou écharpe.

 

15/01/2010 – Ouverture du 2nd quai de Longoni

 

 

{xtypo_dropcap}17{/xtypo_dropcap} ans après la mise en service du premier quai de Longoni, vendredi le second quai a été inauguré. Un évènement majeur pour lequel tous ce qui comptent dans la vie politique et économique de l’île s'étaient déplacés. Devant une assemblée massive, le président de la CCI a dévoilé les défis majeurs qui restent à relever avec ces nouvelles infrastructures.

"Il faut désormais faire revenir les armateurs", et récupérer les trafics qui ont peu à peu déserté le lagon face aux difficultés liées à la saturation de l’ancien quai. En 10 ans, l'activité est passée de 132.000 tonnes à 242.000 tonnes. Les capacités de stockage limitées, ainsi que les 178 mètres de quai que comptabilisent les deux quais de la première partie du port, n’ont pas pu suivre la forte progression de l’activité portuaire. Les bateaux étaient obligés d’attendre le déchargement des navires à quai.

Avec ses 233 mètres de quai, ses 14 mètres de tirant d’eau et près de 12 hectares d’espace de stockage des containers, le nouveau quai va permettre d’accueillir plus de navires, même les gros porteurs, et répondre à la forte demande liée au positionnement stratégique du port de Mayotte dans le canal de Mozambique.

La tâche n’a pourtant pas été aisée. Entamés en mai 2004, les travaux ont rapidement accumulé les difficultés. Des contraintes géotechniques imprévues ont vite fait exploser l’ardoise. De 48 millions d’euros prévus au départ, le coût total des travaux est monté à 80 millions.

Des difficultés qui ont occasionné près de neuf mois de retard et un surcout de 48 millions d’euros, essentiellement assuré par la Collectivité et sur lequel l’Etat s’est engagé à prendre en charge 10 millions d’euros. D’autres problèmes liés à la concession du port sont venus retarder sa mise en service, un retard "inacceptable" pour le préfet.

 

"Nous allons devenir un véritable "hub" dans le canal de Mozambique"

 

Aujourd’hui, Longoni a tous les atouts pour devenir une étape incontournable dans la zone du canal de Mozambique. Une route commerciale mondiale où transitent chaque jour des centaines de navires. Les responsables espèrent faire de Mayotte un port régional de transbordement, c’est-à-dire un port d'où partiront les cargaisons vers les Comores, Madagascar ou le Mozambique.

Grace à des tarifs imbattables, l'île Maurice capte les principaux flux de la région. C'est de là que les embarcations plus petites se chargent de livrer dans la zone. Un système qui pénalise Mayotte avec des délais de livraisons plus longs. Pour Serge Castel, ce nouveau quai marque une étape importante dans le désenclavement de l’île.

"Maintenant, nous avons la capacité d’être un port régional, parce qu’on est dans le canal de Mozambique, le long de l’océan Indien. Comme concurrent, actuellement, nous avons Anjouan et Diego qui sont des petits ports, et aussi Majunga. Nous allons devenir un véritable "hub" dans le canal de Mozambique. Et ça intéresse les armateurs parce que c’est le véritable carrefour Afrique-Asie-Europe. Beaucoup plus que Maurice-Réunion, parce qu’on est vraiment dans l’axe".

Des paroles confirmées par l'intérêt soudain des armateurs pour Longoni. "Depuis qu'on a annoncé la mise en service du second quai, il y a déjà plein de navires qu'on n'a jamais vus ici, qui nous ont contacté pour faire leur toucher à Mayotte, notamment des navires qui transportent des voitures. Ils ne pouvaient pas aller sur l'ancien quai, mais désormais ils veulent faire du transbordement à Mayotte", annonce déjà le nouveau directeur du port, Zoubair Ben Jacques Alonzo.

La compagnie CMA-CGM a elle aussi débloqué une ligne supplémentaire sur la liaison Djibouti-Mayotte, à raison d'une fois par semaine. La nouvelle a ravi tous les opérateurs économiques qui espèrent ainsi voir raccourcir les délais de livraison.

 

Un espace d'accueil et de vie

 

L'arrivée le 27 mars prochain du MSC Sinfonia, un paquebot de croisière de 2.800 passagers, marquera l'avènement d'une nouvelle ère pour le port, qui se présente comme la nouvelle zone de débarquement des touristes. Une alternative en réponse aux problèmes de circulation dans la zone du débarcadère de Mamoudzou. Les autorités portuaires tablent dorénavant sur la mise en place d'un réseau de bus qui viendra récupérer les visiteurs pour les emmener dans les zones touristiques de l'île. Une nouvelle activité qui fait de Longoni "la porte maritime de Mayotte".

D'autres projets tendent à rendre le lieu plus hospitalier, avec notamment l'installation de plusieurs restaurateurs ainsi que des mamas brochettis sur le site. Reste désormais à améliorer les infrastructures déjà présentes, comme le terminal pétro-gazier qui ne dispose toujours pas de la profondeur annoncée. Il faudra aussi régler l'épineuse question tarifaire.

Aujourd’hui Longoni est l’un des ports les plus chers de la région. Un problème qui va constituer le gros de la réforme du fonctionnement du port. Un premier défi pour la CCI, en attendant que la Collectivité de Mayotte ne désigne le gestionnaire du port.

 

Halda Toihiridini

15/01/2010 – Ce que j’en pense

 

 

{xtypo_dropcap}C'{/xtypo_dropcap}est la folle sarabande de l'information passée à la moulinette de la mondialisation. On plonge au cœur de la forêt, avec la guérilla bolivienne, puis on se relève, un peu sonnés, et on repart avec Obama, devant le Congrès.

On va d'une polémique à une autre, d'un mot maladroit à une critique acerbe, on cherche le bon mot, on le sort de son contexte et on fait monter la mayonnaise de l'info spectacle. On maintient ainsi l'intérêt pour cette information prémâchée, que l'on sert avec des journalistes bien télégéniques. Et ainsi vont les caméras du monde…

Ce lundi, les caméras quitteront la tragédie haïtienne quelques instants pour se diriger sur Mayotte. Ce sera peut-être la note d'espoir du jour, dans cet océan de dramatiques nouvelles.

La France va accueillir un nouveau département. Une île de l'océan Indien veut intégrer pleinement la République, et toutes ses valeurs, en y apportant ses cultures, ses langues, ses richesses humaines, naturelles, son histoire. La République s'enrichira encore de cette diversité qui la constitue depuis sa fondation. De cette diversité qui fait sa force, son honneur, ses valeurs, qui lui maintient sa place parmi les grandes nations de ce monde.

Cette visite de Nicolas Sarkozy rappellera au reste du monde l'existence de cette île singulière, française. Cette visite du président de la République ouvrira quelques portes, débloquera quelques dossiers. Il restera ensuite, une fois le tumulte passé, à se mettre au travail pour bâtir ce département tant attendu, tant promis.

On pourra se satisfaire du parking du marché goudronné et attendre une prochaine visite présidentielle, dans quelques années… On pourra aussi s'appuyer sur les expériences des uns et des autres, valoriser les compétences existantes ou à venir, mobiliser des financements, pour construire l'université qui accueillera nos enfants, pour construire les logements dignes pour tous, pour ériger un parc des expositions qui puisse recevoir nos invités, en période des pluies…

Les vœux de début d'année sont toujours porteurs d'espoirs. La mémoire sélective nous permet, dans les bilans de fin d'année, d'oublier les mauvais moments. Ainsi va la vie. Et les caméras du monde continuent de tourner. Elles s'arrêteront quelques minutes sur Mayotte ce lundi. Et quand elles reprendront leur course folle, dans le calme revenu, il nous restera à bâtir ce département, à réussir cette départementalisation, avec pour seul spectateur, le petit journal local…

 

Laurent Canavate

UNE Mayotte Hebdo N°458 – Vendredi 15 janvier 2010

UNE Mayotte Hebdo N° 458 - Vendredi 15 janvier 2010Protection de l'environnement

La mangrove, une richesse pour l'avenir

> Evénement : Tout sur la visite présidentielle
> Politique : Les voeux du président du CG
> Urbanisme : Mamoudzou, la ville des trous 
> Société : faut-il interdire la burqua ?
> Education : 1973-2009 – De 17 à 39 % de bacheliers
> Mayotte ECO : Longoni, "le singapour du canal du Mozambique"
 

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Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes