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Un foundi soupçonné d’avoir abusé d’une élève

Hier, le tribunal correctionnel de Mamoudzou jugeait un enseignant coranique aux allures de tartufe. Les faits dignes d’un scénario tiré d’un roman de Nassur Attoumani, remontent à 2012 et 2013 quand un certain C. foundi en Petite Terre, a entretenu une relation avec une de ses jeunes élèves. Séduite par le charisme et les promesses d’amour du jeune trentenaire, l’adolescente âgée de 14 ans succombe à son charme et tombe enceinte à deux reprises de son professeur. La première grossesse conduit à une fausse couche quand la seconde donnera naissance à un enfant âgé à présent de deux ans. Le prévenu en situation irrégulière promet à son élève de la marier espérant ainsi pouvoir régulariser sa situation, la jeune femme ayant la nationalité française.

Il explique au moment de son audition par le juge d’instruction, ne s’être rendu compte de l’âge de la victime qu’après coup mais assume sa responsabilité. “Je voulais m’occuper de l’enfant, or les parents de la jeune femme s’y sont opposés”, répète-t-il à la barre alors que la partie civile dit le contraire. La mère de son enfant quant à elle avoue, avoir été amoureuse avant finalement de nourrir de la rancœur envers son professeur. “Je réalise aujourd’hui que j’étais naïve et qu’il a abusé de ma jeunesse”, se plaint-elle. Lorsque l’histoire s’est répandue, la famille de la victime est devenue rapidement le sujet de moqueries dans la commune, aux dires de leur avocat. À tel point que celle-ci décide de déménager en métropole. À cela s’ajoute le préjudice scolaire pour la jeune femme. “Déscolarisée, elle n’a pas pu finir ses études à cause de ses grossesses et cette affaire”, explique son avocate.

Le prévenu aurait profité de son statut

Mais qu’est-ce qui a pu pousser un enseignant coranique à avoir des rapports sexuels avec une adolescente alors qu’il est censé instruire des valeurs religieuses telles que l’abstinence avant le mariage ? “Vous comprenez que votre comportement va à l’encontre de ce que vous enseignez”, l’interroge le juge avant d’ajouter, “les parents n’envoient pas leurs jeunes filles pour que le maître fasse une opération de séduction”. Le prévenu explique avoir cédé à la facilité même s’il jure avoir eu l’intention de trouver une femme majeure en dehors de la madrassa. Son avocate met en avant les traditions culturelles de l’archipel où les rapports entre jeunes femmes et hommes matures seraient monnaie courante. Pour le procureur, l’argument est irrecevable : “la loi stipule qu’on ne doit pas avoir de relations sexuelles avec un mineur de moins de 15 ans donc on ne touche pas !”, lance-t-il de manière ferme. Au moment de lire les expertises, le juge rappelle que l’atteinte sexuelle a été commise sans emprise physique mais bien sous emprise psychique.

Le foundi est soupçonné clairement d’avoir abusé de sons statut et de son aura. Pour l’avocat de la défense à 14 ou 15 ans, un adolescent est certes mineur mais on peut avoir des sentiments amoureux. Pour le procureur, au contraire “à 14 ans, on est capable d’avoir des rapports sexuels au niveau physionomique mais on n’est pas toujours conscient de ses actes”. Les réquisitions du procureur sont fermes. Il demande au président de la cour deux ans d’emprisonnement, dont 20 mois avec sursis assorti de deux mois de mise à l’épreuve ainsi qu’un suivi médical déjà en cours depuis sa mise en examen. La cour délibérera le 9 décembre prochain.

GD

L’Ireps se mobilise contre le sida

À l’occasion de la Journée mondiale contre le sida hier, l’Ireps (instance régionale d’éducation de promotion de la santé) a organisé 2 temps forts à Mamoudzou, à côté de la barge. L’objectif étant de sensibiliser tout le monde et essentiellement les jeunes, pour leur faire savoir que le sida est partout, même à Mayotte. Premièrement une action de sensibilisation du grand public. L’Ireps a profité de cette journée pour rouvrir son kiosque à la barge pour assurer un stand d’information, de quizz, de slam, de sensibilisation et de distribution de préservatifs.

Toute l’équipe de l’Ireps s’est mobilisée pour cette journée. Une quinzaine de personnes environ, dont certains se trouvaient au niveau de l’amphidrome en petit-terre. “On voit qu’il y a du changement dans les moeurs des Mahorais. Par rapport aux années précédentes, il y a beaucoup plus de monde qui vient nous voir pour poser des questions. La lutte contre cette maladie à Mayotte est donc dans de bonnes voies”, indique Adeline Trehudic, de l’Ireps. “Je ne savais pas que le 1er décembre était la journée mondiale de la lutte contre le sida”, indique pour de son côté Said Idris. “C’est en sortant de la barge que je suis devant par hasard. Je trouve que c’est une très bonne opération pour rappeler cette maladie, car ici les gens ont tendance à oublier cette maladie et ne se protègent pas”. Pour le deuxième temps fort, elle a également organisé un grand concours de dessin pour les 12-25 ans. Plus de 100 dessins ont été collectés et 24 ont été sélectionnés et exposés devant la barge. Les dessins ont été soumis aux votes du public et d’un jury de professionnels.

La remise des prix s’est tenue au restaurant le 5/5. Le dessin gagnant sera transformé en une grande affiche et sera affiché dans les quatre coins de l’île. “J’ai compris que cette action a pour but de lutter contre une maladie et c’est une très belle initiative. Malheureusement ce n’est qu’une fois par an et l’action n’est pas trop élargie dans les autres communes de Mayotte”, regrette Assane Ali. Dans le même temps à Kawéni, le Lion’s club Mayotte lagon a fait un don de 3000 préservatifs masculins, 1000 préservatifs féminins et 2000 gèles lubrifiants à l’association Nariké M’sada. Un don qui provient de l’association réunionnaise Sid’aventure qui fait de la prévention contre le virus du Sida. Ces préservatifs vont être distribués durant ce mois de décembre dans les villages de Mayotte.

Oirdi Anli

Retraite : Valls commande une mission d’inspection

“ La loi n°2001-616 du 11 juillet 2001 relative à Mayotte prévoit l’application progressive du droit commun français à Mayotte, dans le cadre de son évolution institutionnelle. La loi organique n°2007-223 du 21 février 2007 portant dispositions statutaires et institutionnelles relatives à l’outre-mer a précisé le statut juridique de Mayotte. Dès 2010, les dispositions du code général des collectivités territoriales et du code électoral ont été étendues à Mayotte, assorties des indispensables adaptations qu’appelait ce département.

En 2011, l’organisation judiciaire a été revue et ses effectifs renforcés pour permettre la prise en compte des nouvelles réglementations désormais étendues à Mayotte. En 2013, le code général des impôts a été rendu applicable à Mayotte. Au-delà de l’action menée pour concevoir cet édifice juridique complexe, l’État s’est également fortement mobilisé pour accompagner les mutations structurelles indispensables du département. Par ailleurs, conformément aux engagements pris par le Président de la République, le Gouvernement a procédé, à compter du 1er janvier 2013, à l’alignement progressif des dispositifs indemnitaires d’attractivité et de congés au profit des agents de la fonction publique affectés à Mayotte, sur les dispositifs de même nature servis dans les autres départements ultra-marins. Lors des concertations de juillet 2013 avec les organisations syndicales représentatives de la fonction publique, il a été décidé la tenue d’une réunion d’étape dite “Clause de revoyure Mayotte”.

Cette dernière, tenue le 29 septembre 2015, a permis de réaliser un bilan à mi-parcours des dispositifs indemnitaires et statutaires mis en oeuvre dans le cadre de la départementalisation, de dresser un tableau global des réformes engagées et réalisées à Mayotte, et, plus généralement, de présenter le schéma stratégique de développement pour ce territoire, à l’horizon 2025. “Proposer des solutions envisageables en équité, et budgétairement soutenables” Le décret n° 2012-1256 du 13 novembre 2012 dispose que les agents publics de Mayotte intégrés ou titularisés dans des corps ou cadres d’emplois des fonctions publiques doivent être affiliés au régime de droit commun, ce qui suppose la prise en compte de l’ensemble des services effectués par ces agents pour faire valoir leur droit à retraite.

Les difficultés en la matière, rappelées par les organisations syndicales lors de la réunion du 29 septembre, font apparaître les 3 cas-types suivants : Les difficultés de transition d’une caisse de retraite à une autre concernant les agents non titulaires auparavant affiliés à la Caisse de sécurité sociale à Mayotte (CS SM) et titularisés dans l’un des trois versants de la fonction publique, et donc affiliés soit au SRE, soit à la CNRACL (polypensionnés) ; L’absence de cotisations identifiées : en l’espèce, il apparaît qu’indépendamment des cas d’intégration dans l’un des trois versants de la fonction publique, certaines périodes cotisées auprès de la Caisse de sécurité sociale à Mayotte (CSSM), n’auraient pas fait l’objet de versements de cotisations patronales. Par ailleurs, dans le secteur privé, des salariés auraient travaillé sur de longues périodes, sans disposer d’un contrat de travail, entraînant ainsi l’absence de cotisations et par conséquent de lourds impacts en termes de niveau de retraite. En outre, dans le secteur privé, les règles de calcul des retraites comportent encore de nombreuses différences avec les règles en vigueur dans le code de la sécurité sociale.

C’est pourquoi, au regard de l’ensemble de ces éléments qui révèlent une certaine confusion dans la situation des retraites à Mayotte, le Gouvernement vous demande de bien vouloir conduire une mission d’inspection, qui aura pour objet d’analyser précisément l’adéquation entre dispositifs juridiques en vigueur à Mayotte, tant dans le secteur public que le secteur privé, et les réalités que vous constaterez sur le terrain. À cet égard, vous quantifierez les effectifs concernés par les différentes situations relevées (agents publics en situation de “polypension”, agents dont la carrière comporte des interruptions de cotisations, agents dont une partie importante de la carrière n’a pas fait l’objet de cotisations). Vous proposerez les solutions envisageables en équité, et budgétairement soutenables, afin de remédier à ces situations. Enfin, vous évaluerez les impacts que pourrait induire, en termes notamment de niveau de retraite, une convergence accélérée vers le régime général d’assurance vieillesse.

Votre rapport devra dresser une liste de préconisations de nature à améliorer la compréhension qu’a aujourd’hui la population mahoraise du système d’assurance vieillesse et évaluer s’il convient de revoir l’agenda de convergence vers le régime métropolitain d’assurance vieillesse. Pour conduire cette mission, vous pourrez vous appuyer sur les services ministériels, notamment la Direction générale de l’administration et de la fonction publique, la Direction générale des collectivités locales, la Direction générale de l’offre de soins, la Direction de la sécurité sociale, la Direction générale des outre-mer et la Direction du budget, ainsi que les services de la préfecture de Mayotte.”

Journée mondiale de lutte contre le Sida

Dans le cadre de cette journée, l’association Nariké M’sada fait la promotion du préservatif, à travers une campagne de 10 affiches en 4*3 (shimaore et français) disséminées dans les quatre coins de l’île. Nariké M’sada est une association de prévention contre le VIH SIDA et d’accompagnement des personnes vivant avec le VIH à Mayotte depuis 2003. Pour la réalisation de cette campagne, une photo a été fournie à 5 graphistes différents qui ont accepté bénévolement de décliner le message chacun à sa manière.

Cette campagne fait la promotion du préservatif. Il s’agit de faire passer l’idée qu’utiliser le préservatif c’est un acte d’amour. D’où le slogan : Si tu m’aimes, protège-moi, protège-nous ! Pour la version française et pour celle en shimaore : neka kweli usu nivendza, utunduzi wa damu vendza na kapoti rumiya. La séroprévalence du VIH à Mayotte a augmenté de 20 % pour l’année 2014 avec 36 nouveaux cas déclarés. Une augmentation qui se confirme avec 37 nouveaux cas pour 2015. La file active (patients réellement suivis au CHM ) est de 200 patients avec toujours 60 % de femmes (dépistage effectuer lors des grossesses).

La catégorie d’âge la plus représentée est celle des 25-34 ans, ce qui reflète parfaitement la jeunesse de la population mahoraise. Durant pratiquement tous les week-ends de ce mois de décembre, Nariké M’sada en partenariat avec les infirmières PMI du conseil départemental va mener des campagnes de sensibilisation dans les communes de l’île en passant par les associations des communes afin qu’elles relayent les informations. Une campagne qui commence ce week-end par la commune de Chiconi et qui va se poursuivre par Labattoir, Acoua, Tsingoni et M’tsapéré. “Plus il y a des personnes sensibilisés et informé et mieux ça sera”, indique la présidente.

Aujourd’hui en début d’après-midi, le Lions Club va faire un don de 3000 préservatifs à l’association. Des préservatifs qui vont être distribués durant la campagne de sensibilisation dans les communes. L’Ireps (instance régionale d’éducation de promotion de la santé) développe aussi plusieurs actions ce mardi 1er décembre. L’IREPS rouvre pour l’occasion son kiosque à la barge. Au programme à partir de 8h : sensibilisation info, quizz, et slam. Elle a également organisé un grand concours de dessin pour les 12-25 ans, plus de 100 dessins ont été collectés et 30 ont été sélectionnés. Ils seront soumis aux votes du public et d’un jury de professionnel le aujourd’hui.

La remise des prix aura lieu à partir de 14h au restaurant le 5/5. Plus d’informations dans le Mayotte Hebdo de cette semaine.

Oirdi Anli

Retards dans le versement des aides aux étudiants

Voici sa lettre écrite par . “ Ces derniers jours, nous voyons des messages alarmants dans les réseaux sociaux, Facebook, Twiter… et autres, en plus des messages envoyés aux parents à Mayotte, où des élèves mahorais de métropole comme ceux de la Réunion interpellent les responsables du CD976, sur le non-versement des aides de la collectivité depuis la rentrée.

Au 30 novembre, soit 3 mois après la rentrée, le parti socialiste se demande comment des responsables politiques peuvent-ils continuer à vivre tranquillement, alors que nous avons des dizaines d’élèves qui vivent dans des conditions difficiles, précaires, voire insoutenables, car sans ressource et menacés d’expulsion de leur domicile, s’ils ne sont pas déjà dans la rue, faute de loyer impayé.

D’ailleurs, il paraît que certains d’entre eux préfèrent abandonner les études pour aller travailler afin de subvenir à leurs besoins. Ce qui est à nos yeux très grave. Et cette situation n’est pas normale et reste inacceptable. J’interpelle donc les responsables du conseil départemental de Mayotte de tout mettre en oeuvre pour verser les aides à nos étudiants qui se trouvent loin de leurs familles car cette situation engendre trop de souffrance. Cette situation n’est pas nouvelle certes, elle se répète pratiquement tous les ans, mais cette année elle est plus grave, plus dure.

Or, ce sont nos élèves, nos enfants qui subissent ces conditions catastrophiques. Il est temps de trouver de solutions et de mettre fin à tout cela. Et je pense qu’il faut changer le fonctionnement pour éviter à nos futurs étudiants cette désagréable situation. Le laxisme n’a plus sa place dans notre collectivité. Mayotte doit regarder vers l’avant et penser à ses futurs cadres qui sont les étudiants d’aujourd’hui et de demain.

Alors, pour l’amour de Mayotte, pour notre avenir, réveillez-vous chers élus, et trouvez des solutions aux problèmes de nos jeunes étudiants de Métropole et de la Réunion. Le parti socialiste dénonce cette situation et appelle les responsables du CD976 à verser rapidement ces aides.”

Affaire Roukia : Mathias Belmer enfin à la barre

Hagard, Mathias Belmer donnait l’impression d’être un peu perdu au moment de rentrer dans la salle d’audience. Le juge lui fait remarquer d’emblée de parler distinctement afin qu’il n’ait pas besoin de l’aider à interpréter ses déclarations et réponses confuses. Le quadragénaire a démarré son audition en exprimant ses regrets : “c’est terrible pour Roukia et sa famille”.

Les lamentations passées, le juge pose sa première salve de questions particulièrement sur la relation qu’entretenaient Roukia et Mathias. Ce dernier la considérait à vrai dire que comme une maîtresse alors que la jeune femme souhaitait se marier avec lui. “On était ensemble sans vraiment être ensemble, car j’avais d’autres petites amies, mais c’est elle que je préférais”, lance le prévenu. Le président Laurent Sabatier rebondit sur l’écart d’âge entre les deux amants, environ 20 ans : “ça me paraît beaucoup”, avant d’en venir à la consommation de la drogue qui a causé l’overdose mortelle à la lycéenne.

“Une soirée en amoureux” avec un rail de coke

L’ancien coiffeur ne s’est pas défilé sur ses responsabilités, il reconnaît ses actes. “Je lui ai donné ce que je croyais être de la cocaïne si je savais que c’était de l’héroïne, je ne l’aurai pas fait”, se justifie-t-il. Se défendant d’avoir forcé ou incité sa petite amie, c’est selon lui cette dernière qui lui a demandé d’amener de la cocaïne pour une dite “soirée en amoureux”. Le président de la cour correctionnel demande alors au prévenu de revenir quasiment heure par heure sur le déroulé de cette journée du 12 janvier jour du drame. Alors en contact avec Saïd Ahamada M’zé un des indicateurs du Gir qui devait le fournir depuis plusieurs semaines en cannabis, il finit par rencontrer ce jour-là Daniel Mohamed autre informateur par le biais de Saïd. Daniel lui fournit la poudre que tout le monde pense être de la cocaïne. Il s’absente pour la tester dans un cagibi à son lieu de travail en compagnie de Vincent H oarau son ami poursuivi dans cette affaire pour transport non autorisé de stupéfiants. Mathias lui avait aussi promis de le fournir en résine de cannabis. “Après l’avoir goûté, Vincent m’a dit que la poudre était coupée”, le juge l’interrompt et lui demande si son compère a employé la phrase “c’est de la merde” pour décrire le produit ce que Mathias réfute. Une déclaration donc, contradictoire par rapport à celle de Vincent Hoarau. “Il ne m’a pas dit ça, car il voulait en commander”, réplique Mathias. Après cette entrevue, le prévenu retourne acheter ce même produit à ses fournisseurs. Plus tard Roukia le rejoint dans son salon où ils vont sniffer chacun une ligne de cette poudre. Puis ils se rendent à son domicile situé à Majicavo- Dubaï où ils vont de nouveau inhaler la drogue. Après s’être endormi, Mathias Belmer se réveille le lendemain matin constatant le corps sans vie de Roukia.

L’homme perd rapidement toute raison en décidant de ne pas appeler les secours. Il devine tout de suite que le décès a été causé par le stupéfiant : “je me suis dit ce n’est pas de la cocaïne ça doit être de l’héroïne pour qu’elle en soit morte”. Le toxicomane tente de trouver des réponses à ses questions en essayant en vain de retrouver Saïd pour savoir quel produit les indics lui ont donné. Il joint finalement Brian Mokhefi un ami “qui connaît bien la cocaïne”. Il est affirmatif, il s’agit d’héroïne. “Brian m’a dit je vais te cacher la poudre”, explique Belmer. Mais ce dernier se rend compte après coup qu’il aura besoin du sachet et de son contenu comme preuve du drame. Paniqué, il essaie de la récupérer auprès de Brian là aussi sans succès, l’échantillon a déjà disparu. “Je me suis dit, on va croire que j’ai étouffé Roukia ou quelque chose comme ça”. C’est par la suite qu’il sollicite l’aide de son employeur pour se débarrasser du corps qui refuse une première fois. Il se retourne vers Ismaël Kidza qui va finir par se raviser à la dernière minute. La suite est bien connue : Mathias finit par convaincre sa patronne Frédérique Blondel à l’aider dans la macabre opération.

 

“Je n’ai pas été honnête sur ma première déclaration”

S’en suit une série de contradictions entre la déclaration faite par cette dernière lundi lors du premier jour de procès et celle de son employé. Par exemple, lui affirme que Blondel l’a aidé pour transporter le corps de son domicile dans la voiture de la coiffeuse alors que celle-ci dit avoir juste donné un coup de main pour disposer le cadavre dans le coffre.

Le juge en vient aux différentes versions que Mathias Belmer a données lors de ses auditions en garde à vue et pendant sa mise en examen. “Sur ma première déclaration, je n’ai pas été honnête parce que je n’étais pas dans mon état normal”, argumente le prévenu.

Me Idriss avocat des parties civiles en profite pour lui rappeler ce qu’il a expliqué aux policiers concernant la bague qu’il avait offert à Roukia et qu’il avait enlevé après sa mort : “j’ai retiré la bague pour que l’on ne m’identifie pas”. Une phrase qui témoigne de la volonté du suspect d’avoir voulu effacer des preuves.

La cour mettra plusieurs fois le doigt sur l’excuse présentée par Belmer pour expliquer son choix de ne pas prévenir les forces de l’ordre. Ce dernier dit avoir perdu ses moyens et était désespéré. “Vous pensez que l’on va croire qu’à ce moment-là vous perdez les pédales alors que vous avez demandé à plusieurs personnes de l’aide pour vous débarrasser du corps”, interroge fermement le juge, agacé par les explications du prévenu. Déstabilisé, Mathias Belmer répète plusieurs fois dans le procès la phrase “je ne me souviens pas”. Reste à savoir combien de fois encore, l’ex-petit ami de Roukia continuera de se retrancher derrière sa perte de mémoire concernant ce dramatique événement de janvier 2011.

GD

La Sim inaugure deux stations d’épuration écolo à Combani

Faire face à l’absence de réseau public d’assainissement des eaux, tout en soutenant le développement durable : c’est la voie pour laquelle a opté la Société immobilière de Mayotte (SI M) pour deux des ses lotissements à Combani. Jeudi en effet, l’organisme a inauguré deux stations d’épuration écologique. Des stations vertes ? Oui car utilisant un procédé par filtres plantés. Plus simplement : il s’agit d’un traitement de l’eau par les plantes. Du naturel donc, qui permet aux deux lotissements concernés – celui du Champ d’Ylang et celui du chemin du Golf – de bénéficier d’un tout nouveau système de retraitement, en remplacement des deux anciens, plus conventionnels puisqu’il s’agissait de stations de type décanteur ou à boue.

Un fonctionnement 100 % naturel Alors, comment tout cela se passe-t-il concrètement ?

Très simplement. Un bassin bâché est creusé pour chacune des stations. Ce bassin contient plusieurs filtres naturels, plantes (rhizomes) et graviers. L’eau brute y est récoltée, filtrée, débarrassée de ses particules solides, puis récoltée par un drain en fond de bassin. Elle peut ainsi être rejetée en milieu naturel en étant épurée de sa pollution. Le tout sans construction en béton, et ne consommant que très peu d’énergie puisque seules deux pompes sont utilisées. Enfin, ce type de station ne demande que très peu d’entretien : deux visites de contrôle et de nettoyage par semaine. Innovant à Mayotte, ces stations d’épuration feront l’objet de recherches pour l’assainissement en zone tropicale, en partenariat avec l’État et l’Institut national de recherche en science et technologie pour l’environnement et l’agriculture. Coût total des deux opérations : 333 192 €.

Le Medef annonce des transpositions du code du travail à Mayotte

La plupart d’entre elles seront transposées. Ainsi le Directeur Général du travail a confirmé que sont en cours d’élaboration pour une application rapide, notamment une ordonnance portant extension à Mayotte de l’AGS (Assurance Garantie des Salaires), 6 décrets portant extension à Mayotte des mesures suivantes, la création d’entreprise (accompagnement des jeunes, entreprises adaptées), la rémunération des stagiaires, tickets restaurants, dispositif adultes relais, aide à l’embauche du 1er salarié et l’intérim. La demande du MEDEF Mayotte de zone franche n’étant pas de compétence ministère du Travail n’a pas été évoquée lors de cette rencontre mais présentée par ailleurs au ministère de l’Outre-Mer.

Roukia : Le procès tant attendu démarre aujourd’hui

Le temps passe, mais la mémoire reste intacte. Nombreux sont les Mahorais la famille de la victime la première, à attendre le dénouement de l’affaire. Après de multiples péripéties, le procès va enfin prendre place. Plusieurs personnes comparaissent, mais la plupart pour des chefs d’accusation différents. Pour bien comprendre les tenants et aboutissants de cette affaire, il faut remonter en janvier 2011. Un matin, le corps d’une jeune femme âgée de 18 ans est retrouvé sans vie sur une plage à Trévani. L’autopsie révélera qu’elle est décédée d’une overdose d’héroïne. Au fur et à mesure que l’enquête avance, les investigations démontrent l’implication du petit-ami de la victime dans le drame. En effet, celui-ci avouera lors de ses auditions, avoir consommé la drogue dure en sa compagnie avant qu’elle ne succombe. Sous le coup de la panique visiblement, l’individu décide de dissimuler le cadavre avec la complicité de son employeur de l’époque.

Mais l’affaire prend une tournure encore plus grave quant à l’origine des stupéfiants qui se sont retrouvés dans les mains de Roukia. Les premières conclusions de l’enquête montrent l’existence d’un trafic de drogue au sein du Gir (groupe d’intervention régional) rattaché à la police et à la gendarmerie. Plusieurs officiers et sous-officiers seront sommés de s’expliquer jusqu’à ce que les charges ne concernent finalement plus que deux agents. Ces derniers sont accusés par le compagnon de Roukia d’avoir mis en place un réseau de trafic de stupéfiants bien ficelé. Afin de gonfler leurs chiffres d’interpellations et de saisies, ils auraient installé un circuit avec Anjouan d’où transitait l’héroïne avant de la revendre ou de la restituer à deux indicateurs. Ces derniers sont eux aussi poursuivis dans cette affaire en tant que dealer et sur le volet de l’homicide involontaire. Parmi les indics du Gir, certains ont dénoncé des menaces de la part des forces de l’ordre pour les faire taire. Des accusations que contestent bien évidemment les principaux concernés.

Pressions, fuites, fadettes et soupçons de manipulation

Le juge Hakim Karki qui instruit ce dossier s’attire progressivement les foudres des forces de l’ordre qui demandent qu’il soit dessaisi de l’enquête. S’en suivent des fuites de documents jugés confidentiels dans la presse locale. L’incident va mener à la garde à vue d’un journaliste. L’IGGN (l’inspection générale de la gendarmerie nationale) cherchait à connaître ses sources. Auparavant en 2012, une commission rogatoire du vice-président chargé de l’instruction du tribunal de grande instance de Mayotte, Marc Boehrer, avait ordonné d’éplucher les fadettes du juge Karki. À l’origine de cette procédure, une information judiciaire ouverte pour violation et recel du secret de l’instruction” (MH n°569 vendredi 25 mai 2012). Un procédé légal mais qui a choqué l’opinion publique. Ainsi, les ressentis envers l’État sont exacerbés au sein du barreau et de la société mahoraise. Ils reprochent aux instances d’user de méthodes dignes de la “colonisation” selon les termes employés en 2013 par l’avocat de la famille de la victime, Mansour Kamardine. De plus, la gendarmerie réclamera en vain la délocalisation du procès à La Réunion. Une tentative qui a provoqué la colère des avocats qui ont toujours exigé la tenue du procès à Mayotte comme condition sine qua non. Cependant, le tribunal de grande instance de Saint-Denis a tout de même reçu les auditions.

Cette affaire n’étant plus à un rebondissement près, voilà qu’en 2014 le juge Karki est poursuivi dans le cadre d’une plainte pour viol. Au vu des éléments en présence, pour le barreau et la famille de la victime l’accusation ressemble plus à un coup monté. Une allégation que nie déjà en juillet 2014 le commandant Gautier, ex-patron du Gir et entendu comme témoin dans ce procès. Le juge s’est toujours défendu en mettant en avant un rapport sexuel consenti. Autre zone d’ombre dans l’instruction de ce dossier, l’absence de confrontation entre la victime et son présumé agresseur. Par la suite, Hakim Karki a été suspendu de ses fonctions avant que lui soit retirée l’affaire Roukia. Depuis le dossier a été remis au juge Ballu qui a signé une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel à l’encontre des six prévenus (le petit-ami, son employeur, les deux indicateurs, l’agent de police et le gendarme), les chefs d’accusation relevant de cette juridiction. Ils encourent jusqu’à 10 ans de réclusion. En septembre dernier, Me Kamardine l’avocat de la famille de Roukia avait indiqué son souhait de faire intervenir à la barre le juge Karki avant finalement de changer d’avis. “J’ai renoncé à cette option, car son intervention n’apportera pas d’élément particulier en plus dans le débat qui va s’ouvrir”, estime-t-il.

Le procès démarre donc aujourd’hui à 14h sans que l’on sache encore ni la date ni l’heure du verdict. Néanmoins, la durée de la procédure est estimée à cinq jours. Tout dépendra de la vitesse des audiences.

GD

Edito. Ce que j’en pense… La France doit retrouver sa joie de vivre

 

Il ne fallait pas choquer, il a fallu accepter beaucoup de compromis(sions). Il y a eu la real polititik, puis le pragmatisme érigé en mode de gestion politique et diplomatique. Il y a eu la crise, qui a obligé à baisser la culotte pour quelques contrats d’exportations… Puis certains y ont pris goût, ne se sont plus aperçus des dégâts que cela engendrait ou engendrerait. Et ainsi allait le monde.

On commerçait avec des dictatures, on pillait des pays, on vendait des armes à des ennemis potentiels, on acceptait des zones de non-droit aux portes de nos villes, on communautarisait sans gêne, on oubliait nos principes, nos valeurs. Et plutôt que de résoudre les problèmes à la source, on essayait, tels des pompiers pyromanes, de mater des soulèvements ponctuels dans les banlieues, des colères trop longtemps contenues d’altermondialistes ou d’écologistes, des manifestations d’agriculteurs excédés, de routiers, de taximen…

Par manque de courage, on a accepté beaucoup trop de dérapages, d’excès, de dérives. Par manque de vision, d’ambitions, on a accepté trop souvent de suivre aveuglément des “alliés” dans des combats qui n’étaient pas les nôtres, ni dans nos valeurs.

Le lobby des vendeurs d’armes américains est très puissant. Il maintient, entretient ou provoque des zones de tension, de guerre loin de ses frontières, pour vendre ses armes. Il provoque des révolutions aux portes de l’Europe et les abandonne, soutient des régimes extrémistes, des dictatures, pour des raisons financières, pétrolières, ou pour maintenir des “points chauds” et semble se complaire dans cette ambiance de guerre permanente, larvée. Une fois les destructions télévisées terminées, les équipes de bâtisseurs arrivent. Une fois le chaos installé, les groupes de sécurité privée se mettent en place, chèrement, longtemps.

Ce n’est pas notre façon de faire, de concevoir la vie sur terre, avec nos voisins. Nous n’avons pas osé souvent le dire, sinon une fois à l’Onu. Nous sommes espionnés, nos grandes entreprises pillées par des réseaux à l’échelon mondial. Alors oui, il faut se défendre, se protéger, mais pas au prix du renoncement à notre liberté, comme d’autres l’acceptent.

Au nom de l’ultra-libéralisme, nous avons accepté d’importer beaucoup de ce qui nous entoure de Chine, sans imposer de normes sociales ou environnementales, qui auraient pu améliorer le sort de notre planète. Nous aurions pu, du le faire. L’Europe aurait pu n’accepter les importations que de pays, ou d’entreprises labellisés, et inciter les autres à le faire, contribuant à améliorer la situation sur la planète.

Au nom de l’amitié transatlantique, nous avons suivi les Américains dans des guerres, loin de chez eux, mais à nos portes, contre des peuples amis, ou tout au moins qui n’étaient pas ennemis. Les révolutions arabes ont été soutenues parfois, combattues violemment ailleurs, suivant des intérêts qui ne correspondaient pas à nos valeurs. Seule la Tunisie, prix Nobel de la Paix, s’en sort comme elle peut, et elle a besoin de nos soutiens.

La politique africaine de la France, la politique arabe de la France pouvaient s’appuyer sur des relations étroites, historiques, sincères. Les valeurs universalistes de notre pays, de fraternité, de paix, de tolérance, de liberté, étaient reconnues, appréciées, respectées. Nous sommes désormais un pays guerrier, interventionniste. Nous avons privilégié les vendeurs d’armes va-t-en-guerre, plutôt que les diplomates et autres spécialistes reconnus. Nous avons quasiment cessé la coopération technique, dans l’éducation, la culture, au profit d’interventions belliqueuses bien plus dangereuses, et coûteuses. Et surtout cela nous positionne comme des cibles privilégiées de ces extrémistes, qui naissent et grandissent dans la misère de pays ruinés, sans éducation, dans des zones en guerre. Ils sont des cibles faciles de propagandistes djihadistes qui leur parlent d’héroïsme, de vierges et de paradis.

La position géographique de la France, son histoire, au croisement des peuples d’Europe, de Méditerranée, d’Afrique, l’accueil de réfugiés vietnamiens, chiliens, iraniens, qui ont forgé notre population, notre métissage, nous avaient placé naturellement dans cette posture, dans cette situation de négociateur, de faiseur de paix. La France est et doit rester un pays ouvert, de tolérance, de liberté, de vie. Nous basculons dans la guerre et on devrait s’en satisfaire, s’en accommoder ?…

Je ne souhaite pas laisser à nos enfants une planète au bord de l’asphyxie, polluée, réchauffée, et en guerre. Nous devons faire taire les fusils, par la raison, par l’éducation, par la laïcité, par les échanges. Nous en sortirons grandis. Si nous répondons aux armes par les armes, nous entrons dans le jeu des terroristes, des extrémistes et nous risquons de devoir pleurer encore et encore la mort d’innocents.

La France doit retrouver sa place, ses valeurs, sa liberté de parole, son courage, sa joie de vivre.

 

Laurent Canavate

ATTENTATS. La Marseillaise a rassemblé les Mahorais

Nous sommes Paris ! Nous sommes Paris ! Nous sommes à Paris !”, a scandé Mohamed Nassur El Mamouni, le porte-parole des Cadis de Mayotte, invitant la foule à en faire de même. Samedi, l’intersyndicale suspendait son mouvement de grève générale et invitait par là même occasion les Mahorais à se rassembler place de la République à Mamoudzou, pour observer une minute de silence en mémoire aux victimes des attentats de Paris. Hier donc, une petite centaine de personnes étaient réunis à ces fins, parmi lesquels des élus, mais aussi les représentants des diverses communautés de l’île. C’est Rivo, secrétaire général du SNUipp, qui s’est exprimé le premier, exprimant la volonté des Mahorais de “Montrer qu’à Mayotte, et malgré nos différences, nous sommes tous des républicains.” S’en est suivie une minute de silence. Le porte-parole des Cadis a ensuite pris la parole : “Quelle belle image que de voir ensemble, réunis, les représentants de nos religions”, s’est-il satisfait avant de rendre hommage aux victimes de vendredi dernier, “Victimes de la barbarie de ceux qui se réclament d’une religion qu’ils ne représentent absolument pas. Nous allons faire ce que nous faisons depuis des siècles : prier pour que nous soyons tous protégés ici.” Un second cadi a ensuite engagé un doua, une prière appelant à la protection.

Ce fût ensuite au tour du pasteur de s’exprimer, représentant l’église protestante de Mayotte : “C’est une bénédiction de pouvoir montrer ici, avec mes amis cadis et prêtres, notre solidarité avec la Nation. Une solidarité entre les religions aussi, avec l’amour et l’amitié, car aucune religion n’accepte ce qu’il s’est passé. Mayotte montre que nous pouvons être tous ensemble dans la République.” Les catholiques se sont aussi exprimés aussi par la voix du prêtre de Notre-Dame-de-Fatima, appelant à “Continuer ensemble de porter un message d’espérance, dans la liberté et la justice.”

Enfin, la communauté indienne avait également tenu à être présente : “Nous sommes tous choqués par ces actes barbares, et nous voulions exprimer notre solidarité avec la République. Toutes les religions prônent l’amour et la fraternité”, at- elle souligné, avant que le cadi ne reprenne la parole pour conclure “Toutes les religions ici parlent d’une seule voix.”

Le rassemblement s’est achevé par une Marseillaise reprise à vive voix par chacun des participants.

G.V

La radicalisation dans le viseur des cadis

Au cours de ce rassemblement, il a été décidé de tenir une minute de silence en hommage aux victimes des attentats de Paris. Les cadis feront une Fatiha, invocation religieuse pour protéger le pays de cette “maladie” de la radicalisation islamiste. En réunion hier, les cadis ont aussi évoqué les actions à entreprendre pour éviter la radicalisation et suivre les directives du ministre de l’Intérieur.

Une de leur proposition consiste à répertorier les “mosquées sauvages”, qui prolifèrent en marge des villages. Un cas s’est présenté il y a quelques mois à M’tsangamouji. Les habitants ont fini par reprendre les choses en main et à détruire la mosquée, tenues par des étrangers et qui faisait de l’ombre à la Mosquée du vendredi du village. Plus récemment, un autre lieu de culte a été détruit à Dzoumogné. Il s’agissait, d’après les cadis, d’un lieu d’enseignement de la religion, dans lequel s’était peu à peu aménagée une salle de prière qui avait pris des proportions importantes.

Sans dénoncer un lieu de radicalisation, les cadis ont tout de même fustigé l’édification de ce lieu d’enseignement par de “prétendus fundis” comoriens qui dénigraient ouvertement les imams mahorais. Pour le porte-parole du Grand Cadi, Mohamed Nassur El Mamouni, il y a à Mayotte “des lieux d’enseignement clandestin qui ne doivent plus exister”. “Ces lieux sont devenus des lieux de commerce où les fundis en profitent pour se faire rémunérer ou trouver une épouse pour obtenir des papiers”. Souvent dans les villages “bis”, construits par les migrants comoriens à la marge des villages, des lieux de cultes sauvages sont bâtis qui restent hors de contrôle, en termes d’enseignement coranique, de fonctionnement, de messages religieux.

Pour distinguer les mosquées officielles des mosquées clandestines, 4 critères ont été établis par les cadis. D’abord, le “respect des démarches administratives pour l’enregistrement du lieu de culte”, ce qui comprend aussi “l’identification foncière” du lieu de culte. En second, La construction d’une mosquée doit faire l’objet d’un “consensus au sein de la population du village ou du quartier concerné”. En troisième, les cadis reconnaissent comme mosquée, un lieu dans lequel se déroulent les 5 prières quotidiennes. Enfin, le lieu doit respecter les principes de l’enseignement coranique, doit “partager des valeurs de respect d’autrui” et doit “participer à favoriser la paix sociale”.

Entre 250 et 260 mosquées officielles ont été recensées sur le territoire de Mayotte par les cadis. Ils entendent relayer le message du ministre de l’Intérieur sur les dangers de la radicalisation.

Adrien Theilleux

Éducation – Trois Mahorais sur quatre sans diplôme

En 2014, 100 400 Mahorais de 15 ans ou plus ont quitté le système scolaire ou n’ont jamais été scolarisés. Les trois quarts d’entre eux n’ont pas de diplôme qualifiant, soit deux fois plus qu’en métropole. En outre, 36 % des Mahorais en âge de travailler n’ont jamais été scolarisés.

Le niveau de diplôme varie selon l’origine des Mahorais

Le niveau de formation dépend fortement de l’origine. Près de la moitié des Mahorais âgés de 15 ans ou plus ayant terminé leurs études sont nés à Madagascar ou aux Comores ; Parmi eux, neuf sur dix n’ont pas de diplôme. Pour les Mahorais nés sur le territoire, la part des non-diplômés est inférieure, mais reste importante (68 %). Une scolarisation plus limitée des natifs de Madagascar et des Comores explique en partie cet écart : 47 % n’ont pas été scolarisés contre 31 % des natifs de Mayotte. Les autres personnes, principalement nées en métropole, ont un niveau de diplôme particulièrement élevé : deux tiers d’entre elles sont diplômées du supérieur. Elles représentent néanmoins une faible part de la population mahoraise (9 %). Comme en métropole, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à ne pas avoir de diplôme (76 % contre 70 %), parce qu’elles ont été moins scolarisées. En cinq ans, la part des diplômés a nettement augmenté, passant de 19 % en 2009 à 27 % en 2014. Cette hausse provient des jeunes natifs de Mayotte, bien plus souvent diplômés que leurs aînés : deux tiers des natifs âgés de 25 à 34 ans ont un diplôme contre un tiers entre 35 et 44 ans. Les jeunes femmes sont autant diplômées que les jeunes hommes.

Pour les diplômés, un accès à l’emploi équivaut à la métropole

La scolarisation à Mayotte s’est fortement intensifiée suite au développement des infrastructures scolaires à partir des années 1980. Ainsi, neuf Mahorais sur dix âgés de 20 à 24 ans sont allés à l’école primaire, contre sept sur dix de 40 à 44 ans et cinq sur dix de 50 à 54 ans. Cependant, l’arrêt de la scolarité dès le primaire reste encore élevé. Ainsi, seuls sept Mahorais sur dix âgés de 20-24 ans sont allés au collège. Le marché du travail est peu développé à Mayotte : seulement un tiers des personnes en âge de travailler occupent un emploi. Toutefois, le niveau de formation conditionne fortement l’insertion professionnelle. Même sans l’obtention d’un diplôme, la scolarisation multiplie déjà par deux les chances d’être en emploi (41 % contre 24 %). Le taux d’emploi croît ensuite avec le niveau de diplôme : de 58 % pour les titulaires d’un CAP ou d’un BEP à 85 % pour les diplômés de l’enseignement supérieur. À niveau de diplôme équivalent, les Mahorais ont autant de chances d’être en emploi que les métropolitains. Du fait de sa rareté, le diplôme est très valorisé à Mayotte. Le taux d’emploi des Mahorais diplômés du supérieur dépasse même celui de leurs homologues de métropole. Ces diplômés du supérieur, souvent natifs de métropole, arrivent en effet fréquemment à Mayotte en ayant déjà un emploi.

Cependant, avec l’élévation globale du niveau de formation, la valeur du diplôme tend à diminuer dans le temps. Par exemple, 58 % des détenteurs d’un CAP /BEP sont en emploi en 2014 contre 73 % en 2009.

Foire agricole ; Une 3ème édition qui a essayé de tenir son rang

L’occasion pour de nombreux agriculteurs mahorais d’exposer leurs produits et montrer leurs savoir-faire. Cette manifestation est organisée avec la collaboration de la Direction de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Forêt (DAA F), du Conseil départemental, des organisations professionnelles et du centre de formation DAESA. L’organisation de ce salon s’inscrit dans le droit fil de la valorisation de la diversité et de la richesse du secteur primaire. Son objectif est de promouvoir l’agriculture, l’aquaculture et la pêche. Le public a été sensibilisé au potentiel et aux atouts de l’élevage, du maraîchage, de l’aquaculture, de la pêche et de la transformation des produits de la terre et de la mer.

On souhaite que cet événement s’inscrive dans la durée et devienne un événement incontournable de Mayotte”, a souligné Mouslim Payet, le président de la CA PAM, la Chambre d’Agriculture, de la Pêche et de l’aquaculture de Mayotte, lors de l’induration officielle. “Aujourd’hui, on est vendredi et en plus de la grève il n’y a pas grand monde. Les gens ont peur de quitter leurs maisons par peur d’être bloqués. Je m’attends à plus de monde demain (NDLR : samedi dernier), mais j’ai déjà réalisé quelques bonnes affaires, car des personnes ont visité mon stand, poser des questions et fait quelques achats”, dit Saanli Ahmed, de la société EAR La flore de Mayotte basée à Mtsangamouji.

L’agriculture mahoraise demeure marquée par son caractère traditionnel, mais s’ouvre résolument à la modernité. Ces journées ont été l’occasion idéale pour découvrir le travail acharné de ses acteurs pour son développement et son cheminement vers la professionnalisation. Plusieurs temps forts ponctués d’espaces de dialogue (conférences, tables rondes) ont été au programme. Des invités de la région (Madagascar, Comores, La Réunion, République démocratique du Congo, Rwanda) sont venus rejoindre leurs homologues locaux pour partager leurs retours d’expérience autour de diverses thématiques liées à l’innovation dans le secteur. “Je trouve que tout est bien organisé. Les gens peuvent se restaurer sur place et les stands sont assez divers et variés donc tout est bien”, dit avec joie Virginie, touriste à Mayotte depuis 15 jours.

Je pense qu’il y aura plus de monde ce week-end. Aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de passage de gens de l’extérieur ça nous donc permis de faire un tour et il y a de très belles choses à voir”, explique Annie Iyamuremye, créatrice de bijoux de fantaisie et dirigeante de l’entreprise l’atelier d’Aiyam situé à Tsoundzou. Une centaine d’exposants répartis dans 52 stands ont répondu présents. Outre les espaces destinés aux agriculteurs, pêcheurs et aquaculteurs, des lieux dédiés à des partenaires professionnels étaient également visibles (artisanat, banque, assurance, automobile, matériel agricole, mécanisme agricole, tourisme vert, tourisme terrestre et nautique, restauration, protection de l’environnement).

Oirdi Anli

Mayotte, solidaire avec Paris

Les mines sont fermées, la tristesse et la colère sont palpables. Seuls les bruits du vent et de la circulation se faisaient entendre lors d’une minute de silence symbolique tenue par environ 300 îliens. En ce premier jour de deuil national, ils se sont rassemblés Place de la République pour dire « stop au terrorisme » et afficher leur soutien aux victimes et à leurs familles. Parmi eux, des proches ou des amis étaient à Paris au moment des faits mais fort heureusement aucune victime n’est à déplorer de leur côté. Une chance que d’autres n’ont pas eu… « Ce qui m’a frappé, c’est qu’à travers ces actes de terrorisme, on se soit attaqué en grande partie à la jeunesse », explique en sanglot l’un des participants. En effet, nombreuses étaient les victimes âgées entre 20 et 30 ans sortis boire un verre, assister à un concert ou un match de foot.

Des réfugiés syriens s’associent à la mobilisation

Lors de cette mobilisation, les profils divers et variés se mélangeaient. Musulmans, chrétiens ou encore athées, ils ont répondu présents aux appels qui circulaient sur les réseaux sociaux et par textos. Ils sont à l’image de cette France black-blanc-beur. Parmi eux figuraient notamment des réfugiés syriens qui tenaient à témoigner de leur tristesse et de leur opposition au fanatisme religieux. « Ces gens qui ont commis ces meurtres ne sont pas des musulmans, ils ne sont même pas des êtres humains », lance Tammam 50 ans, qui a fuit la guerre dans son pays il y a 5 mois. Son compatriote Dahli, 28 ans partage la même opinion: « ce qui est arrivé à Paris c’est ce que nous avons fui chez nous ». Originaires d’Homs et Alep, ils sont respectivement ingénieur et enseignant, ils n’ont qu’un seul souhait : s’intégrer et pouvoir travailler. Le plus jeune a déjà obtenu un contrat dans une association tandis que son aîné attend toujours d’obtenir son titre de séjour.

Touchés dans leur cœur par les événements de Paris, ils comptent se joindre à un nouveau rassemblement pacifique initié par les syndicats professionnels. Il se tiendra le 21 novembre prochain encore place de la République pour que l’île manifeste une fois de plus son soutien aux familles de nombreux innocents tombés sous les balles de la barbarie.

Gauthier Dupraz

Beach Pétanque. Une 2ème édition plus que réussie

Il y avait du niveau durant la compétition, les meilleurs boulistes de l’île ayant, comme prévu, répondu à l’appel des organisateurs, la société mahoraise de presse (Somapresse) en partenariat avec le comité départemental de pétanque de Mayotte (CDPM). La finale s’est jouée entre deux doublettes à la pratique affirmée : une opposition entre la Petite Terre et la Grande Terre qui plus est. Avec d’un côté, l’équipe du Pétanque Club de Pamandzi conduite par Azad Radjabaly et de l’autre, Dèze et Salim de la Boule au But de Mamoudzou.

En étant menée 10-0 après trois manches, dans une partie à treize points, la doublette du PCP a failli faire Fanny. Mais elle s’est ensuite remuée et, dans les quatre manches suivantes a réduit l’écart à 11-5. Le duo de la BBM n’a pas tremblé et s’est finalement imposé 13 à 5, sous les acclamations des grands terriens – pour beaucoup membres du club de Mamoudzou – présents autour de cette finale. Dèze et Salim remportent ainsi la deuxième édition de la Beach Pétanque et les deux billets d’avion en jeu offerts par la Somapresse. Ils pourront voyager sur une destination de leur choix avec la compagnie Ewa. Ce n’est pas tout : les deux vainqueurs se sont vu remettre un bon d’achat Intersport de 100 euros chacun.

Avec un bon d’achat similaire, un abonnement d’un an à Flash Infos et le Hors série des 15 ans de Mayotte Hebdo, les finalistes ont aussi été récompensés pour leur beau parcours. C’est autant que le vainqueur de la consolante. La doublette finaliste de la consolante, elle, est repartie avec le bon d’achat Intersport et le Hors série. La lumière du jour pouvait alors disparaître sur la plage de Bambo Est, après une grande journée de pétanque et d’animations diverses… Elle avait démarrée tôt le matin par le nettoyage d’une plage tristement sale, par l’association environnementale de Bandrélé, Messo, aidée par les participants et membres organisateurs de la Beach Pétanque. Elle s’est poursuivie, en parallèle du tournoi, avec des promenades en canoë-kayak, des compétitions de baby-foot et des matchs de beach-volley au bord de l’eau. Les enfants n’étaient pas en reste avec les excellents tatouages et maquillages de l’entreprise Maora et un château gonflable commandé par la Somapresse. Le snack Chez Cousin s’est chargé de la restauration tandis que le Lyons Club Mayotte Lagon approvisionnait les joueurs et spectateurs en gâteaux faits maison, boissons, Nespresso ou encore en “Shijavu” (jus de coco naturel). Pour cette seule journée, le LCML a d’ailleurs écoulé près de 200 cocos à boire !

L’association caritative est coutumière de ce genre de manifestations : leurs recettes servent ensuite à offrir aux enfants démunis de l’île des cadeaux en période de fêtes (Aïd el-Fitr, Noël…). “Nous sommes très satisfaits de cette nouvelle édition. Un grand merci aux partenaires : le comité de pétanque, le conseil départemental, la Sodifram, ainsi qu’aux participants, aux spectateurs et aux associations et entreprises autour du tournoi. Tous ont contribué à la réussite de cet événement”, rend-t-on hommage du côté de l’organisation.

La Somapresse donne rendez-vous en 2016 et imagine la mise en place d’un second tournoi dans la même année. Une réflexion qui devrait réjouir les amateurs de la Beach Pétanque si le projet venait à se concrétiser.

I.M

Grève : plus de Super à la station essence de Petite-terre

La direction de la communication assure que l’entreprise fait actuellement tout son possible pour trouver une solution rapide d’ici cet après-midi.

Grève : Agressions, cambriolages ou vols à l’étalage

La vigilance est de mise. Divers témoignages nous rapportent des cas d’agressions, de cambriolages de domiciles ou de vols à l’étalage (Tsoundzou 2, boulangerie de Doujani). Sans verser dans la psychose, il est demandé à chacun d’être très vigilant et d’éviter les zones de tension.

Et pour Mayotte, Madame la ministre ?…

 

Il y a la très forte explosion démographique, face à laquelle il faut développer les infrastructures, et rattraper les retards : construire des écoles, des routes, des logements, gérer les déchets, les eaux usées, développer l’économie locale, protéger le lagon et les derniers restes de forêts de la pression anthropique. Tout cela doit se mettre en place sur fond de nouvelles normes à appliquer, de contraintes techniques, de règles de sécurité, d’exigences européennes…

La Métropole, les autres Dom se sont développés à une époque où ces normes n’existaient pas… Ce fut plus facile. Il y a d’abord eu la construction du gros oeuvre, dans tous les domaines, puis petit à petit faire les finitions, les détails, intégrer la mise en place de nouvelles normes, adopter les permis de construire, prévoir systématiquement des places de parkings, les accès pour les handicapés, les ascenseurs, les grandes échelles pour les pompiers, les rambardes de sécurité, les aérations, les issues de secours et les extincteurs dans les bâtiments, la climatisation pour le confort austral, les cantines scolaires, les vestiaires sur les terrains de sports… Ici il faut tout faire d’un coup !

Face à ce défi démographique, un slogan avait été lancé il y a quelques années : “1, 2, 3, Bass !…”. Il fut clair, simple… et efficace. Mayotte a changé de mode de vie, de mode de fonctionnement. Avoir 15 ou 20 enfants, plusieurs femmes, qui constituaient des signes de respectabilité, n’est plus tenable, plus possible.

Outre le planning familial, il y a un travail de rattrapage qui nécessite des moyens, une planification sur 5 ou 10 ans, et cela donnerait du travail dans le BTP, une visibilité. La ministre aurait pu annoncer un doublement des moyens pour les constructions scolaires, cela aurait été apprécié par tous ! Il y a aussi le personnel des collectivités locales, en trop grand nombre et de niveau bien trop peu élevé pour assurer les missions qui sont les leurs et pour conduire les projets ambitieux dont a besoin Mayotte. Il convient là de proposer un vrai pacte, avec les élus en place, les partis politiques, le CNFPT, le Centre de gestion de la fonction publique, l’Association des maires, les autorités de l’État et les syndicats.

Ils doivent se mettre d’accord pour lancer une grande opération, sur 2 à 5 ans si nécessaire, pour former ces agents, les réorienter vers des missions qu’ils pourront assurer (jeunesse, sport, environnement, éducation, santé, social…), leur proposer des cours de français, les préparer aux concours. Il faut arrêter de croire que les agents sont protégés par l’élu qui les a embauchés. Il faut faire comprendre à chacun qu’il en va de l’avenir de Mayotte.

Intégrés dans les fonctions publiques, avec 30 ans de moyenne d’âge, ils seront encore là pour au moins 20 ans. C’est une obligation, un préalable. Il faut proposer à ceux qui le veulent de s’installer à leur compte, dans le privé, avec des aides à l’installation, des primes de départ, financer des départs en préretraite. Cela permettra aussi et surtout, de les remplacer par des agents plus compétents, plus expérimentés, plus capables de faire avancer l’île et tous les projets qui dorment ou meurent… Il faut y mettre les moyens, pour pouvoir compter rapidement sur une fonction publique efficace, au service des citoyens et du développement de notre territoire.

Il y a aussi ce grave problème des clandestins. Quel territoire au monde peut se prévaloir d’accueillir 50 % de clandestins. Habitats insalubres, indignes, enfances abandonnées, misères, violence, inaccessibilité aux secours… Par ailleurs cela génère une très forte pression sur des services publics saturés, un système éducatif inadapté aux faiblesses en langue française de ces enfants, à l’absence de suivi des parents, de moyens d’étudier. Cela oblige le système sanitaire à gérer l’urgence, aux dépens d’une médecine de qualité que la population mahoraise est là aussi en droit d’attendre.

La concurrence déloyale dans l’agriculture, la pêche, le BTP, hier dans les taxis, le tourisme ou les femmes de ménage et garde d’enfants, freine le développement de ces secteurs. Les jeunes entreprises, à qui l’on impose des réglementations lourdes, des casques de chantier, des garanties décennales, des comptabilités, des cuisines aux normes, créatrices d’emploi et de sécurité pour les salariés, mais aussi des charges financières conséquentes, ne peuvent faire face et s’épuisent, se découragent.

Il y a quelques années, le préfet Boisadam avait déclaré que l’État seul ne pourrait pas lutter contre l’immigration clandestine, qu’il fallait le soutien de la population mahoraise. Aujourd’hui que la population réalise l’ampleur du phénomène et son impact dramatique pour Mayotte, et veuille agir, elle semble ostracisée, critiquée, condamnée, comme face à la délinquance. Les méthodes d’avant n’ont plus cours, mais que faire ?

La population, les élus ne savent plus comment relayer cette grave problématique auprès de la justice, des services de l’État. Que faire pour récupérer les terrains illégalement occupés ? L’État serait bien avisé de proposer des explications, une démarche légale à suivre et d’appuyer la population mahoraise dans ces combats qui risquent autrement de dégénérer.

Que la ministre ait prévu d’inaugurer une borne à eau – “pour les clandestins”, entendait-on partout dans les rues – et le CRA – “pour les clandestins” -, après la prison 3 étoiles – “pour les clandestins” -, a pour conséquence d’énerver une population qui ne demande qu’à bénéficier de “plus de France”, plus de liberté, plus d’égalité, plus de fraternité…

Il y a, je pense, un effort à consentir de la part de l’Etat, pour rattraper ces retards accumulés, à travers les constructions scolaires, la mise en place réelle et complète du cadastre, d’infrastructures comme la route par les hauteurs de Mamoudzou, dont la ministre aurait pu annoncer le lancement. Il y a une urgence pour la population à comprendre l’importance d’une fonction publique efficace et pour tous les acteurs à engager un grand plan de formation. Il y a enfin une vraie attente à lutter fortement contre l’immigration clandestine, pas à l’accompagner. Il faudrait là aussi que chacun se décide à condamner fermement tous ceux qui logent les clandestins et tous ceux qui les font travailler. Nos élus doivent s’exprimer, le dire haut et fort s’ils veulent réellement que la situation s’améliore, mais peut-être est-ce déjà un fonds de commerce pour certains ?…

Si ces mesures s’accompagnent du placement de Mayotte en zone franche globale – que la ministre aurait aussi pu annoncer ! -, la situation pourrait rapidement s’améliorer. Avec les enfants bien pris en charge dans l’une des 47 MJC (!), l’insécurité, la délinquance pourraient rapidement reculer, l’île pourrait retrouver sa propreté, sa beauté, le niveau de l’éducation et de la santé remonterait et Mayotte retrouverait toute son attractivité et sa joie de vivre.

Il est temps de s’y mettre, quitte à préparer les dossiers et les proposer à la ministre, pour son prochain déplacement…

 

Laurent Canavate

Le mouvement se poursuit

 

Blocage des barges, du port de plaisance, et du rond-point du Commandant Passot : mardi, les syndicats ont durci le ton suite aux discussions menées le matin même avec la ministre des Outre-Mer George Pau-Langevin, jugées insatisfaisantes. Opération ponctuelle ? Non : après un mercredi, férié, calme, l’intersyndicale reprend dès aujourd’hui son mouvement avec un appel à une opération escargot, et annonce que “La grève continue et les actions seront amplifiées.”

D’autres blocages sont donc à prévoir. Dans son communiqué, l’intersyndicale déplore des “Réponses du gouvernement insuffisantes, malgré la succession de rencontre qui ont eu lieu le 10 novembre” (avec la ministre, mais aussi ses conseillers, N.D.L.R), notamment “Le fait que la ministre n’ait daigné évoquer les revendications relatives à l’indexation des salaires, ainsi que l’attractivité du territoire.”

Tout aussi problématique, selon eux, “Les sanctions prises à l’encontre des responsables syndicaux et agents en lutte n’ont même pas été abordées.” Sur le reste, pas de surprises : les syndicats maintiennent leur position sur l’application immédiate du Code du travail, et un engagement du gouvernement à prendre en compte les années d’ancienneté des agents de la Collectivité territoriale et à fixer un calendrier de mise en oeuvre, avant de débuter un travail d’état des lieux.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes