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Foire agricole ; Une 3ème édition qui a essayé de tenir son rang

L’occasion pour de nombreux agriculteurs mahorais d’exposer leurs produits et montrer leurs savoir-faire. Cette manifestation est organisée avec la collaboration de la Direction de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Forêt (DAA F), du Conseil départemental, des organisations professionnelles et du centre de formation DAESA. L’organisation de ce salon s’inscrit dans le droit fil de la valorisation de la diversité et de la richesse du secteur primaire. Son objectif est de promouvoir l’agriculture, l’aquaculture et la pêche. Le public a été sensibilisé au potentiel et aux atouts de l’élevage, du maraîchage, de l’aquaculture, de la pêche et de la transformation des produits de la terre et de la mer.

On souhaite que cet événement s’inscrive dans la durée et devienne un événement incontournable de Mayotte”, a souligné Mouslim Payet, le président de la CA PAM, la Chambre d’Agriculture, de la Pêche et de l’aquaculture de Mayotte, lors de l’induration officielle. “Aujourd’hui, on est vendredi et en plus de la grève il n’y a pas grand monde. Les gens ont peur de quitter leurs maisons par peur d’être bloqués. Je m’attends à plus de monde demain (NDLR : samedi dernier), mais j’ai déjà réalisé quelques bonnes affaires, car des personnes ont visité mon stand, poser des questions et fait quelques achats”, dit Saanli Ahmed, de la société EAR La flore de Mayotte basée à Mtsangamouji.

L’agriculture mahoraise demeure marquée par son caractère traditionnel, mais s’ouvre résolument à la modernité. Ces journées ont été l’occasion idéale pour découvrir le travail acharné de ses acteurs pour son développement et son cheminement vers la professionnalisation. Plusieurs temps forts ponctués d’espaces de dialogue (conférences, tables rondes) ont été au programme. Des invités de la région (Madagascar, Comores, La Réunion, République démocratique du Congo, Rwanda) sont venus rejoindre leurs homologues locaux pour partager leurs retours d’expérience autour de diverses thématiques liées à l’innovation dans le secteur. “Je trouve que tout est bien organisé. Les gens peuvent se restaurer sur place et les stands sont assez divers et variés donc tout est bien”, dit avec joie Virginie, touriste à Mayotte depuis 15 jours.

Je pense qu’il y aura plus de monde ce week-end. Aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de passage de gens de l’extérieur ça nous donc permis de faire un tour et il y a de très belles choses à voir”, explique Annie Iyamuremye, créatrice de bijoux de fantaisie et dirigeante de l’entreprise l’atelier d’Aiyam situé à Tsoundzou. Une centaine d’exposants répartis dans 52 stands ont répondu présents. Outre les espaces destinés aux agriculteurs, pêcheurs et aquaculteurs, des lieux dédiés à des partenaires professionnels étaient également visibles (artisanat, banque, assurance, automobile, matériel agricole, mécanisme agricole, tourisme vert, tourisme terrestre et nautique, restauration, protection de l’environnement).

Oirdi Anli

Mayotte, solidaire avec Paris

Les mines sont fermées, la tristesse et la colère sont palpables. Seuls les bruits du vent et de la circulation se faisaient entendre lors d’une minute de silence symbolique tenue par environ 300 îliens. En ce premier jour de deuil national, ils se sont rassemblés Place de la République pour dire « stop au terrorisme » et afficher leur soutien aux victimes et à leurs familles. Parmi eux, des proches ou des amis étaient à Paris au moment des faits mais fort heureusement aucune victime n’est à déplorer de leur côté. Une chance que d’autres n’ont pas eu… « Ce qui m’a frappé, c’est qu’à travers ces actes de terrorisme, on se soit attaqué en grande partie à la jeunesse », explique en sanglot l’un des participants. En effet, nombreuses étaient les victimes âgées entre 20 et 30 ans sortis boire un verre, assister à un concert ou un match de foot.

Des réfugiés syriens s’associent à la mobilisation

Lors de cette mobilisation, les profils divers et variés se mélangeaient. Musulmans, chrétiens ou encore athées, ils ont répondu présents aux appels qui circulaient sur les réseaux sociaux et par textos. Ils sont à l’image de cette France black-blanc-beur. Parmi eux figuraient notamment des réfugiés syriens qui tenaient à témoigner de leur tristesse et de leur opposition au fanatisme religieux. « Ces gens qui ont commis ces meurtres ne sont pas des musulmans, ils ne sont même pas des êtres humains », lance Tammam 50 ans, qui a fuit la guerre dans son pays il y a 5 mois. Son compatriote Dahli, 28 ans partage la même opinion: « ce qui est arrivé à Paris c’est ce que nous avons fui chez nous ». Originaires d’Homs et Alep, ils sont respectivement ingénieur et enseignant, ils n’ont qu’un seul souhait : s’intégrer et pouvoir travailler. Le plus jeune a déjà obtenu un contrat dans une association tandis que son aîné attend toujours d’obtenir son titre de séjour.

Touchés dans leur cœur par les événements de Paris, ils comptent se joindre à un nouveau rassemblement pacifique initié par les syndicats professionnels. Il se tiendra le 21 novembre prochain encore place de la République pour que l’île manifeste une fois de plus son soutien aux familles de nombreux innocents tombés sous les balles de la barbarie.

Gauthier Dupraz

Beach Pétanque. Une 2ème édition plus que réussie

Il y avait du niveau durant la compétition, les meilleurs boulistes de l’île ayant, comme prévu, répondu à l’appel des organisateurs, la société mahoraise de presse (Somapresse) en partenariat avec le comité départemental de pétanque de Mayotte (CDPM). La finale s’est jouée entre deux doublettes à la pratique affirmée : une opposition entre la Petite Terre et la Grande Terre qui plus est. Avec d’un côté, l’équipe du Pétanque Club de Pamandzi conduite par Azad Radjabaly et de l’autre, Dèze et Salim de la Boule au But de Mamoudzou.

En étant menée 10-0 après trois manches, dans une partie à treize points, la doublette du PCP a failli faire Fanny. Mais elle s’est ensuite remuée et, dans les quatre manches suivantes a réduit l’écart à 11-5. Le duo de la BBM n’a pas tremblé et s’est finalement imposé 13 à 5, sous les acclamations des grands terriens – pour beaucoup membres du club de Mamoudzou – présents autour de cette finale. Dèze et Salim remportent ainsi la deuxième édition de la Beach Pétanque et les deux billets d’avion en jeu offerts par la Somapresse. Ils pourront voyager sur une destination de leur choix avec la compagnie Ewa. Ce n’est pas tout : les deux vainqueurs se sont vu remettre un bon d’achat Intersport de 100 euros chacun.

Avec un bon d’achat similaire, un abonnement d’un an à Flash Infos et le Hors série des 15 ans de Mayotte Hebdo, les finalistes ont aussi été récompensés pour leur beau parcours. C’est autant que le vainqueur de la consolante. La doublette finaliste de la consolante, elle, est repartie avec le bon d’achat Intersport et le Hors série. La lumière du jour pouvait alors disparaître sur la plage de Bambo Est, après une grande journée de pétanque et d’animations diverses… Elle avait démarrée tôt le matin par le nettoyage d’une plage tristement sale, par l’association environnementale de Bandrélé, Messo, aidée par les participants et membres organisateurs de la Beach Pétanque. Elle s’est poursuivie, en parallèle du tournoi, avec des promenades en canoë-kayak, des compétitions de baby-foot et des matchs de beach-volley au bord de l’eau. Les enfants n’étaient pas en reste avec les excellents tatouages et maquillages de l’entreprise Maora et un château gonflable commandé par la Somapresse. Le snack Chez Cousin s’est chargé de la restauration tandis que le Lyons Club Mayotte Lagon approvisionnait les joueurs et spectateurs en gâteaux faits maison, boissons, Nespresso ou encore en “Shijavu” (jus de coco naturel). Pour cette seule journée, le LCML a d’ailleurs écoulé près de 200 cocos à boire !

L’association caritative est coutumière de ce genre de manifestations : leurs recettes servent ensuite à offrir aux enfants démunis de l’île des cadeaux en période de fêtes (Aïd el-Fitr, Noël…). “Nous sommes très satisfaits de cette nouvelle édition. Un grand merci aux partenaires : le comité de pétanque, le conseil départemental, la Sodifram, ainsi qu’aux participants, aux spectateurs et aux associations et entreprises autour du tournoi. Tous ont contribué à la réussite de cet événement”, rend-t-on hommage du côté de l’organisation.

La Somapresse donne rendez-vous en 2016 et imagine la mise en place d’un second tournoi dans la même année. Une réflexion qui devrait réjouir les amateurs de la Beach Pétanque si le projet venait à se concrétiser.

I.M

Grève : plus de Super à la station essence de Petite-terre

La direction de la communication assure que l’entreprise fait actuellement tout son possible pour trouver une solution rapide d’ici cet après-midi.

Grève : Agressions, cambriolages ou vols à l’étalage

La vigilance est de mise. Divers témoignages nous rapportent des cas d’agressions, de cambriolages de domiciles ou de vols à l’étalage (Tsoundzou 2, boulangerie de Doujani). Sans verser dans la psychose, il est demandé à chacun d’être très vigilant et d’éviter les zones de tension.

Et pour Mayotte, Madame la ministre ?…

 

Il y a la très forte explosion démographique, face à laquelle il faut développer les infrastructures, et rattraper les retards : construire des écoles, des routes, des logements, gérer les déchets, les eaux usées, développer l’économie locale, protéger le lagon et les derniers restes de forêts de la pression anthropique. Tout cela doit se mettre en place sur fond de nouvelles normes à appliquer, de contraintes techniques, de règles de sécurité, d’exigences européennes…

La Métropole, les autres Dom se sont développés à une époque où ces normes n’existaient pas… Ce fut plus facile. Il y a d’abord eu la construction du gros oeuvre, dans tous les domaines, puis petit à petit faire les finitions, les détails, intégrer la mise en place de nouvelles normes, adopter les permis de construire, prévoir systématiquement des places de parkings, les accès pour les handicapés, les ascenseurs, les grandes échelles pour les pompiers, les rambardes de sécurité, les aérations, les issues de secours et les extincteurs dans les bâtiments, la climatisation pour le confort austral, les cantines scolaires, les vestiaires sur les terrains de sports… Ici il faut tout faire d’un coup !

Face à ce défi démographique, un slogan avait été lancé il y a quelques années : “1, 2, 3, Bass !…”. Il fut clair, simple… et efficace. Mayotte a changé de mode de vie, de mode de fonctionnement. Avoir 15 ou 20 enfants, plusieurs femmes, qui constituaient des signes de respectabilité, n’est plus tenable, plus possible.

Outre le planning familial, il y a un travail de rattrapage qui nécessite des moyens, une planification sur 5 ou 10 ans, et cela donnerait du travail dans le BTP, une visibilité. La ministre aurait pu annoncer un doublement des moyens pour les constructions scolaires, cela aurait été apprécié par tous ! Il y a aussi le personnel des collectivités locales, en trop grand nombre et de niveau bien trop peu élevé pour assurer les missions qui sont les leurs et pour conduire les projets ambitieux dont a besoin Mayotte. Il convient là de proposer un vrai pacte, avec les élus en place, les partis politiques, le CNFPT, le Centre de gestion de la fonction publique, l’Association des maires, les autorités de l’État et les syndicats.

Ils doivent se mettre d’accord pour lancer une grande opération, sur 2 à 5 ans si nécessaire, pour former ces agents, les réorienter vers des missions qu’ils pourront assurer (jeunesse, sport, environnement, éducation, santé, social…), leur proposer des cours de français, les préparer aux concours. Il faut arrêter de croire que les agents sont protégés par l’élu qui les a embauchés. Il faut faire comprendre à chacun qu’il en va de l’avenir de Mayotte.

Intégrés dans les fonctions publiques, avec 30 ans de moyenne d’âge, ils seront encore là pour au moins 20 ans. C’est une obligation, un préalable. Il faut proposer à ceux qui le veulent de s’installer à leur compte, dans le privé, avec des aides à l’installation, des primes de départ, financer des départs en préretraite. Cela permettra aussi et surtout, de les remplacer par des agents plus compétents, plus expérimentés, plus capables de faire avancer l’île et tous les projets qui dorment ou meurent… Il faut y mettre les moyens, pour pouvoir compter rapidement sur une fonction publique efficace, au service des citoyens et du développement de notre territoire.

Il y a aussi ce grave problème des clandestins. Quel territoire au monde peut se prévaloir d’accueillir 50 % de clandestins. Habitats insalubres, indignes, enfances abandonnées, misères, violence, inaccessibilité aux secours… Par ailleurs cela génère une très forte pression sur des services publics saturés, un système éducatif inadapté aux faiblesses en langue française de ces enfants, à l’absence de suivi des parents, de moyens d’étudier. Cela oblige le système sanitaire à gérer l’urgence, aux dépens d’une médecine de qualité que la population mahoraise est là aussi en droit d’attendre.

La concurrence déloyale dans l’agriculture, la pêche, le BTP, hier dans les taxis, le tourisme ou les femmes de ménage et garde d’enfants, freine le développement de ces secteurs. Les jeunes entreprises, à qui l’on impose des réglementations lourdes, des casques de chantier, des garanties décennales, des comptabilités, des cuisines aux normes, créatrices d’emploi et de sécurité pour les salariés, mais aussi des charges financières conséquentes, ne peuvent faire face et s’épuisent, se découragent.

Il y a quelques années, le préfet Boisadam avait déclaré que l’État seul ne pourrait pas lutter contre l’immigration clandestine, qu’il fallait le soutien de la population mahoraise. Aujourd’hui que la population réalise l’ampleur du phénomène et son impact dramatique pour Mayotte, et veuille agir, elle semble ostracisée, critiquée, condamnée, comme face à la délinquance. Les méthodes d’avant n’ont plus cours, mais que faire ?

La population, les élus ne savent plus comment relayer cette grave problématique auprès de la justice, des services de l’État. Que faire pour récupérer les terrains illégalement occupés ? L’État serait bien avisé de proposer des explications, une démarche légale à suivre et d’appuyer la population mahoraise dans ces combats qui risquent autrement de dégénérer.

Que la ministre ait prévu d’inaugurer une borne à eau – “pour les clandestins”, entendait-on partout dans les rues – et le CRA – “pour les clandestins” -, après la prison 3 étoiles – “pour les clandestins” -, a pour conséquence d’énerver une population qui ne demande qu’à bénéficier de “plus de France”, plus de liberté, plus d’égalité, plus de fraternité…

Il y a, je pense, un effort à consentir de la part de l’Etat, pour rattraper ces retards accumulés, à travers les constructions scolaires, la mise en place réelle et complète du cadastre, d’infrastructures comme la route par les hauteurs de Mamoudzou, dont la ministre aurait pu annoncer le lancement. Il y a une urgence pour la population à comprendre l’importance d’une fonction publique efficace et pour tous les acteurs à engager un grand plan de formation. Il y a enfin une vraie attente à lutter fortement contre l’immigration clandestine, pas à l’accompagner. Il faudrait là aussi que chacun se décide à condamner fermement tous ceux qui logent les clandestins et tous ceux qui les font travailler. Nos élus doivent s’exprimer, le dire haut et fort s’ils veulent réellement que la situation s’améliore, mais peut-être est-ce déjà un fonds de commerce pour certains ?…

Si ces mesures s’accompagnent du placement de Mayotte en zone franche globale – que la ministre aurait aussi pu annoncer ! -, la situation pourrait rapidement s’améliorer. Avec les enfants bien pris en charge dans l’une des 47 MJC (!), l’insécurité, la délinquance pourraient rapidement reculer, l’île pourrait retrouver sa propreté, sa beauté, le niveau de l’éducation et de la santé remonterait et Mayotte retrouverait toute son attractivité et sa joie de vivre.

Il est temps de s’y mettre, quitte à préparer les dossiers et les proposer à la ministre, pour son prochain déplacement…

 

Laurent Canavate

Le mouvement se poursuit

 

Blocage des barges, du port de plaisance, et du rond-point du Commandant Passot : mardi, les syndicats ont durci le ton suite aux discussions menées le matin même avec la ministre des Outre-Mer George Pau-Langevin, jugées insatisfaisantes. Opération ponctuelle ? Non : après un mercredi, férié, calme, l’intersyndicale reprend dès aujourd’hui son mouvement avec un appel à une opération escargot, et annonce que “La grève continue et les actions seront amplifiées.”

D’autres blocages sont donc à prévoir. Dans son communiqué, l’intersyndicale déplore des “Réponses du gouvernement insuffisantes, malgré la succession de rencontre qui ont eu lieu le 10 novembre” (avec la ministre, mais aussi ses conseillers, N.D.L.R), notamment “Le fait que la ministre n’ait daigné évoquer les revendications relatives à l’indexation des salaires, ainsi que l’attractivité du territoire.”

Tout aussi problématique, selon eux, “Les sanctions prises à l’encontre des responsables syndicaux et agents en lutte n’ont même pas été abordées.” Sur le reste, pas de surprises : les syndicats maintiennent leur position sur l’application immédiate du Code du travail, et un engagement du gouvernement à prendre en compte les années d’ancienneté des agents de la Collectivité territoriale et à fixer un calendrier de mise en oeuvre, avant de débuter un travail d’état des lieux.

Grève. Les manifestants accueillent la ministre

Ils l’avaient annoncé à l’issue de leur première journée de grève, le 3 novembre dernier : la mobilisation se poursuivra pour l’arrivée de Georges Pau-Langevin, ministre de l’Outre-Mer. Hier en effet, la manifestation entamée la semaine dernière a repris dès le matin sur la place de la République. Même si les drapeaux étaient de la partie, l’élan semblait toutefois être un peu retombé, avec une place plus parsemée que lors de la première journée. Qu’importe, pour les manifestants, le but n’est pas de “Retourner Mayotte”, comme l’un d’eux l’explique, mais bel et bien de faire savoir que les revendications sont toujours d’actualité, au rang desquelles la prise en compte des années d’ancienneté, la revalorisation du salaire des professeurs, la réintégration des syndicalistes licenciés, mais aussi une meilleure qualité de vie pour les Mahorais.

Départ pour l’aéroport
Cela dit, en lieu et place de la traditionnelle marche à travers les rues de la ville, le cortège a choisi de se rendre en Petite-Terre, direction l’aéroport, afin “D’accueillir Madame la Ministre.” Ce sont donc quelques centaines de personnes qui ont pris la barge pour aller occuper les lieux, pacifiquement. “C’est une manière de rappeler à la ministre que nous sommes là, explique El Anzize Hamidou, secrétaire de l’Union départementale Force Ouvrière. Mayotte vient de franchir un cap. L’espoir renaît grâce à la mobilisation. Aujourd’hui, c’est une manifestation syndicale, mais demain cela pourrait être un grand mouvement populaire.” En attendant la rencontre prévue ce matin avec la ministre, les syndicats souhaitaient donc montrer leur détermination et la lassitude des Mahorais face à la situation de l’île : “Mayotte 2025 ? C’est bien trop loin ! Les élus doivent agir durant leur mandat. À l’heure actuelle, les habitants de Mayotte voient bien les devoirs inhérents au fait d’être un département, les impôts entre autres. Ils les comprennent et y participent. Mais par contre, les droits tardent à arriver. Si le gouvernement reste donc déterminé à appliquer sa feuille de route, nous le resterons nous aussi, et si rien n’est fait, alors nous manifesterons tous les jours s’il le faut.”

G.V

Des prélèvements pour surveiller la fièvre de la Vallée du Rift

Déceler d’éventuels réservoirs à risque épidémiologiques en ce qui concerne les facteurs d’émergence de la fièvre de la Vallée du Rift, à Mayotte : c’est l’objectif de la campagne que mènera le Centre international en recherche agronomique pour le développement (Cirad) au cours de l’année 2016. “La prévalence de cette fièvre à Mayotte est en nette régression depuis 2009. Selon nos observations, nous n’en avons trouvé aucune trace, explique Éric Brenner, responsable du dispositif de santé publique au Cirad, en charge de la mission. Nous souhaitons donc nous assurer qu’il n’y a pas eu de réintroduction de la maladie, et également en savoir plus sur ses facteurs de transmission pour pouvoir prédire d’éventuelles nouvelles épidémies.”

La fièvre de la Vallée du Rift se transmet de l’animal à l’homme, généralement au contact direct ou indirect de sang ou d’organes d’animaux infectés. S’il s’agit d’une maladie bénigne pour l’homme dans l’extrême majorité des cas, elle peut tout de même avoir des conséquences graves sur les espèces animales domestiques comme les bovins ou les chèvres, en occasionnant des pertes économiques, notamment à cause des avortements qu’elle provoque ou de la mort des jeunes. Les cheptels mahorais sont d’ailleurs sous surveillance régulière afin de s’assurer de leur bonne santé, après l’arrivée du virus ici, il y a quelques années.

De nombreuses espèces sont susceptibles d’être porteuses de la fièvre et de la transmettre à d’autres par l’intermédiaire des moustiques. Makis et chauves-souris aussi, comme l’explique notre intervenant : “Ces prélèvements nous aideront également à comprendre le rôle que ces espèces peuvent jouer, ou pas, dans la transmission du virus.”

Début des opérations au mois de février
C’est la raison pour laquelle, afin de mener l’étude scientifique, 140 lémuriens seront “prélevés” après anesthésie, le temps d’effectuer des prises de sang et des prélèvements de poils, puis relâchés. De même pour les chauves-souris, qui feront l’objet de la même démarche, dans la même quantité, et seront libérées au plus tôt, de nuit et sur les lieux de la capture. Certaines espèces de rongeurs et d’insectes sont elles aussi concernées. Les prélèvements auront lieu dans toute l’île, y compris en Petite-Terre, afin que l’enquête soit menée sur un échantillon représentatif de Mayotte, pour s’assurer qu’il ne subsiste pas, ou que ne sont pas réapparus, de potentiels foyers de transmission du virus. Tout cela dans le plus strict respect de l’environnement, car l’opération doit répondre à des normes précises : “Ce genre de campagne répond à des critères, reprend le responsable. Nous sommes passés par divers comités d’éthiques, notamment en Angleterre et à la Réunion pour déterminer ce qui peut se faire ou pas en fonction des espèces. L’idée est d’objectiver au maximum nos recherches, sans provoquer de dérangement ou de stress inutile.” Rendez-vous en début d’année, donc, pour suivre les résultats de la campagne, et avoir confirmation que la fièvre de la Vallée du Rift à Mayotte a bel et bien disparu.

G.V

Code du travail. Une réforme pour 2018

 

Mayotte veut s’aligner sur la métropole en termes de droit du travail, mais celui-ci devrait changer dans les années à venir. C’est en tout cas ce que souhaite le gouvernement. Manuel Valls a présenté mercredi à Matignon les principales lignes de son projet de réforme en deux ans. Elle doit d’abord “refonder l’architecture de notre code du travail pour le rendre plus lisible et laisser plus de place à la négociation collective”, explique le Premier ministre. Le but est de permettre aux salariés et aux entreprises de mieux identifier leurs droits et les possibilités qui leur sont offertes de s’adapter à leurs contraintes propres. Cette refondation distinguera trois points : les droits fondamentaux, garantis à tous, les dispositions qui relèvent des accords de branche ou d’entreprise dont le champ doit être conforté et les règles applicables au cas où il n’y aurait pas d’accord. Pour cela, Manuel Valls souhaite lancer une mission dès ce mois-ci, pour établir les grands principes qui guideront cette distinction.

Ce groupe de travail sera présidé par l’ancien garde des Sceaux, Robert Badinter. Sur la base des travaux de la commission, qui aura permis d’identifier un “socle de droits fondamentaux”, le travail de réécriture du Code du travail débutera concrètement. Des mesures dérogatoires pour les 35 h ? Ainsi, dès l’année prochaine, cette nouvelle architecture sera appliquée au temps de travail. “Cela représente aujourd’hui plus de 125 pages du code. Il fallait accélérer sur ce point, car les transformations du marché du travail, avec notamment l’essor du numérique, rendent les frontières toujours plus floues entre vies personnelle et professionnelle”, argumente le gouvernement. Mais la loi continuera à garantir des principes, en particulier la durée légale de 35 heures par semaine et le paiement des heures supplémentaires.

Cependant, il reviendra aux acteurs de terrain (patrons, délégués du personnel et syndicats) de décider de la modulation de ce cadre horaire vieux de 15 ans par accord collectif. “Les spécificités des métiers, des rythmes d’activité, seront ainsi mieux prises en compte”, estime le Premier ministre. “Pour réaliser un projet, par exemple le lancement d’un nouveau produit, une entreprise a besoin, ponctuellement, de faire travailler ses salariés 46 heures par semaine pendant 3 mois consécutifs. Aujourd’hui, ce n’est pas possible, sauf dans certains secteurs (couverts par un décret spécifique) ou en cas d’autorisation exceptionnelle de l’administration”, prend pour exemple Manuel Valls. Grâce à la loi, ce sera désormais possible par accord d’entreprise majoritaire à en croire l’État. À condition de respecter le repos quotidien et de ne pas dépasser les 48 heures hebdomadaires, qui feront partie du socle de droits fondamentaux. “Pour les entreprises, c’est plus de souplesse. Pour les salariés, ce sont des contreparties importantes, notamment en termes de rémunération”, estime le gouvernement. Une souplesse qui doit bénéficier notamment aux petites entreprises La deuxième grande orientation du projet de loi, c’est de garantir aux TPE (très petites entreprises) et aux PME (petites et moyennes entreprises) qu’elles profiteront, elles aussi, de ces nouvelles marges de manœuvre. “Car ce sont elles qui ont le plus besoin d’adaptabilité, de souplesse”, répète les porteurs du projet. Dans cette optique-là, ils souhaitent particulièrement qu’un mouvement de restructuration des branches professionnelles s’engage, avec l’objectif de passer de 700 aujourd’hui à 400 d’ici la fin 2016, 200 d’ici deux ans et une centaine à terme.

Enfin, la troisième grande orientation, c’est de renforcer la culture du dialogue social en entreprise. Le Premier ministre souhaite accorder plus de reconnaissance aux acteurs syndicaux dans les entreprises ; en réfléchissant, aux moyens mis à leur disposition pour exercer leur mission ; en posant, enfin, la question de leur formation et de celle des employeurs. Du côté de l’opposition, on s’est montré dubitatif par rapport au projet du gouvernement. Pour certains, cette réforme ressemble à un toilettage plus qu’à une refonte globale. Pas étonnant venant notamment des Républicains qui dénoncent depuis des années le système de 35 h dont ils aimeraient élever le plafond à 40 heures ou plus pour certains. Reste à savoir si cette réforme verra le jour avec les élections présidentielles de 2017 qui approchent et le risque que la majorité change de camp. Ce projet pose aussi un point d’interrogation sur l’application du Code du travail actuel à Mayotte. Est-il plus judicieux d’attendre l’application de l’éventuelle réforme en métropole pour envisager sa mise en place ensuite dans le 101ème département ? La question est posée.

GD

Edito. Ce que j’en pense… Mayotte a besoin de services publics efficaces et d’entrepreneurs dynamiques

Ce sont ces équipes d’agents publics, de fonctionnaires qui permettent à la population du territoire de vivre dans un cadre sain, serein, agréable, de s’épanouir. Ce sont ces administrations qui permettent à un territoire de créer les conditions favorables à son développement économique et à la création d’emplois. Si ces services publics ne sont pas là, efficaces, le territoire perd de son attractivité, perd ses cadres, ses investisseurs. Le chômage et la délinquance se développent et prennent le dessus, entraînant le territoire dans une spirale bien négative, dans laquelle nous sommes clairement. Dans le monde du travail, on distingue souvent deux grandes catégories : les salariés du privé et les agents du secteur public, si l’on met de côté les salariés du milieu associatif, qui se situent un peu entre les deux.

Dans le fonctionnement actuel de notre société, en France en particulier, il y a clairement besoin de ces deux principaux groupes de travailleurs. L’un ne peut aller sans l’autre. Globalement, le secteur privé finance le public qui crée les conditions de vie et de développement les meilleures possible. Il y a d’une part les fonctionnaires, intégrés dans l’une des trois fonctions publiques, par concours normalement. Ils assurent des missions de service public, au service du public : éducation, santé, sécurité, transports, administration de territoires, mise en place des équipements publics… Le périmètre peut parfois évoluer, au gré de changements politiques, de choix de nos élus, certains services publics devenant privés ou vice-versa, comme les télécommunications, la gestion de l’eau, de l’énergie, des ports, des aéroports ou des autoroutes. Il existe aussi un panachage avec des acteurs du public et du privé dans certains secteurs comme dans l’éducation, la santé, les médias audiovisuels, les transports aériens… voire des partenariats public-privé maintenant.

Les offres de services sont ainsi plus variées, plus étoffées. Les agents de la fonction publique territoriale ou hospitalière, au niveau national, sont à 70 % des titulaires, dans la 3ème fonction publique, de l’Etat, ils le sont à 60 %. Mais là où la différence est la plus flagrante avec Mayotte, et la plus inquiétante, c’est le taux d’agents de catégorie C, à plus de 80 % à Mayotte, alors qu’ils ne représentent que 47 % au niveau national, 20 % de catégorie B et 33 % de catégorie A. Pour faire fonctionner ces services, il faut des cadres, des projets à mettre en place, des directives à suivre, des équipes à mobiliser… d’où le gros problème à Mayotte avec les services publics, les administrations qui ne sont pas souvent capables d’assumer leurs missions, par ailleurs de plus en plus nombreuses et complexes.

Il faut reconnaître ce point essentiel là, pour envisager de chercher et trouver des réponses. Un plan de formation quand c’est possible (et les pistes d’avenir sont nombreuses, au service de la jeunesse, de la sécurité, du social, de l’environnement, du sport…), de départs en préretraite avec le remplacement par des cadres, de départs volontaires aidés, me semble primordial et urgent pour assurer une nouvelle étape dans le développement de Mayotte. Les élus et les syndicats devraient se battre pour ça, pour Mayotte, car il en va de l’avenir du territoire. L’État aurait tout intérêt à accompagner cette évolution et réparer les erreurs du passé, toutes ces embauches de complaisance. Travailler dans le secteur public, au service du public, devrait être un honneur. Les citoyens se cotisent, payent des taxes, des impôts, et les confient à certains qui sont en charge de s’occuper de l’éducation de nos enfants, de notre santé, de notre sécurité, de la bonne utilisation des 47 MJC de Mayotte (!), de l’aménagement de nos plages… Ces services-là, ces agents-là ont en main notre cadre de vie, notre avenir, nos enfants. Ils doivent certes avoir notre soutien, mais aussi conscience de travailler pour la population, le territoire où ils exercent. Ils ont un salaire, un travail garanti, et une mission de service public.

Savoir que des centaines, des milliers d’agents à Mayotte sont payés mais inactifs, inutilisés, me gène beaucoup et coûte très cher, chaque mois, d’où les taxes élevées au port, les impôts locaux, et la vie chère… D’autant que ce secteur public est en grande partie financé par le secteur privé. Le deuxième groupe de citoyens, qui travaille dans le secteur privé, est celui grâce à qui les salaires des fonctionnaires sont en partie payés. C’est ce secteur qui peut créer des emplois de manière importante, une fois tous les emplois publics occupés. C’est ce secteur-là qui doit se développer, créer de la richesse, pour disposer de moyens à même d’améliorer les services publics, mieux éclairer les rues le soir, construire de nouveaux stades ou bibliothèques, embaucher de nouveaux médecins, équiper les pompiers…

Certaines administrations sont chargées de favoriser le développement économique, la création d’emplois. Cela permettra à des pères et mères de famille, à des jeunes de travailler ici s’ils le veulent, et de gagner leur vie dignement. Pour cela, les autorités doivent pouvoir compter, s’appuyer sur les artisans, sur les entrepreneurs, sur les investisseurs. Il faut les soutenir, les encourager, les faire travailler. Il faut reconnaître leur rôle, leur courage, leur contribution, et arrêter de les accuser de tous les maux ! Pour lancer une activité économique, il faut a priori du travail et du capital. Ces deux éléments, coordonnés par un chef d’entreprise autour d’une idée, d’un projet, peuvent générer de l’emploi et des richesses. Pour appuyer cela, dans un contexte de développement économique embryonnaire et fragile, il convient de mettre en place au plus vite une zone franche globale. Ce sont ces salariés, ces entreprises, qui payeront leur contribution au fonctionnement de services publics de qualité. Plus il y aura d’entreprises, plus il y aura de travail, plus il y aura de moyens pour développer les services publics, améliorer les infrastructures, favoriser le développement économique. C’est dans cette spirale positive qu’il conviendrait d’installer Mayotte.

L’Etat, les élus, les administrations, les syndicats, les salariés du public et du privé, les artisans et les entreprises, tous les citoyens doivent chacun y apporter leur contribution. Car si un chainon des acteurs du territoire manque, cette dynamique sera très difficile à enclencher et nous marcherons sur un champ de cendres. Nous avons tous intérêt à y prendre une part active, efficace, dynamique. Former les équipes, les mobiliser, monter et faire aboutir des projets, accompagner et valoriser les créateurs d’entreprises, solliciter des financements nationaux ou européens, développer le territoire… cela prend du temps, cela demande du travail de la part de chacun et nécessite du calme et de la sérénité.

Laurent Canavate

Tournoi de Beach pétanque.Tirer ou pointer, telle est la question

La deuxième édition du Beach Pétanque, c’est ce mercredi 11 novembre sur la célèbre plage de Dzona, à Bambo Est, dans la commune de Bandrélé. Comme en 2013 lors de la première édition, le tournoi de la Société mahoraise de presse (Somapresse) rassemblera les meilleurs boulistes de l’île, mais également les amateurs de pétanque, qu’ils soient joueurs débutants ou confirmés.

La Somapresse dispose cette année encore du soutien du comité départemental de pétanque de Mayotte, pour une meilleure organisation. “Le CDPM contacte les clubs puis ceux-ci passent le message à leurs adhérents, de façon à ce que les joueurs qui souhaitent participer soient informés de la tenue de l’événement”, fait savoir le responsable des arbitres au comité, Saïndou Ahamada. “Nous apportons aussi à l’organisateur notre contribution d’un point de vue logistique”. La Somapresse encourage les clubs et les joueurs à se munir de leur propre équipement afin de faciliter le déroulement du tournoi. “Nous fournirons les boules à ceux qui n’en ont pas, dans la limite des stocks”, précise-t-elle.

Une journée à la plage avec autour du tournoi, de nombreuses opérations destinées aux petits comme aux grands : le cadre du 2ème Beach Pétanque est posé. Les passionnés, les amateurs, les novices, les curieux… Nombreux sont ceux ayant déjà bloqué leur11 novembre pour le tournoi. Et vous ?

I.M

 

Grève générale. “Le rapport de force a changé”

La chaleur n’a pas découragé les grévistes qui se sont levés tôt hier matin pour se rassembler devant le comité du tourisme. Avant que le cortège prenne la route de la préfecture, les secrétaires généraux des différents syndicats ont rappelé les revendications qui les réunissaient aujourd’hui : application du Code du travail national, indexation des salaires, attractivité ou encore “fin des attentes au droit syndical”. Durant toute la manifestation, les grévistes ont scandé le slogan “égalité et justice sociale”.

3000 personnes ont défilé selon les syndicats, une mobilisation jugée satisfaisante par les organisateurs. Elle reste néanmoins mesurée par rapport aux 43 500 actifs occupés (c’est-à-dire qui occupent un emploi déclaré) que recense l’Insee dans l’île (chiffres datant de 2014). “Tout est relatif, car Mayotte nous avons une culture syndicale naissante avec des salariés qui ont encore peur des pressions venant de leurs employeurs”, explique Anrmy Bourhane délégué syndical UI-CFDT chez SFR. Pour El Anzize Hamidou secrétaire générale de UD-FO M ayotte, un tel rassemblement n’avait plus vu le jour depuis 2011. “Ces dernières années, d’habitude on comptait 300 personnes sur un mouvement de grève générale, aujourd’hui je considère que le rapport de force a changé”, lance-t-il.

Certains syndicats n’excluent pas un blocage de l’île

Le département semble prendre conscience des enjeux en termes de droits salariaux et sa population se rassemble autour de cette idée d’égalité réelle dans les faits. La mixité qui caractérisait ce mouvement confirme cette solidarité. Mzungu, Mahorais, jeunes, vieux, agents du privé ou du public, le cortège détonnait par son mélange. À l’issue de la manifestation, les représentants syndicaux ont rencontré le préfet qui a noté leurs doléances. Mais le haut fonctionnaire de l’État a avoué son impuissance quant à l’application d’une politique qui viserait à mettre en place une égalité sociale et salariale par rapport à la métropole et à la Réunion. “Je ne suis pas ministre”, a répondu Seymour Morsy.

“Le but aujourd’hui est de montrer que nous sommes dans une démarche constructive ouverte au dialogue social”, rappelle El Anzize Hamidou avant d’ajouter, “nous ne sommes pas là pour cristalliser les déceptions des uns ou des autres au contraire, nous voulons les canaliser”. Anrmy Bourhane dénonce lui une tentative de boycott venant notamment de certains médias. “C’est à se demander si les patrons ou la préfecture n’étaient pas aux commandes, car les grévistes sont passés dans certains articles comme des délinquants prêts à rééditer les troubles de 2011 alors que c’est tout le contraire”, s’indigne-t-il. Le secrétaire général UD -FO a rappelé que si la réponse de l’État dans les prochains jours s’apparente à un “foutage de gueule” selon les termes employés par le syndicaliste, les grévistes passeront à la vitesse supérieure avec un blocage “non-violent” des principaux axes de l’île. La grève reste à ce jour suspendue jusqu’à l’arrivée la semaine prochaine de George Pau- Langevin, la ministre des outremers, l’occasion pour le mouvement de faire entendre encore un peu plus sa voix auprès de l’État.

GD

Les Naturalistes anticipent la Cop21

Une semaine avant le début des négociations internationales à Paris (du 30 novembre au 11 décembre 2015), Ibrahim Bahedja, Docteur en géographie et Maître de conférence à Mayotte, animera la conférence “Les changements climatiques : sciences, impacts et solutions”, lundi 23 novembre, à 18h, au cinéma Alpa Joe de Mamoudzou. Il sera également accompagné des conseillers techniques de l’Espace Info Energie qui aborderont la question des moyens d’action en faveur de la transition énergétique à Mayotte.
Après avoir participé à un sommet sur le climat en 2009 à Melbourne (Australie), Ibrahim Bahedja fait partie des leaders formés et accrédités par Al Gore au sein de son ONG “The Climate Reality Project” pour animer des réunions de sensibilisation et des débats sur la crise du changement climatique dans le monde. Al Gore est un ancien vice-président américain, ayant obtenu un prix nobel de la paix à l’issue de la publication de son documentaire : “Une vérité qui dérange”.
Cette conférence vise ainsi à faire comprendre les causes de cette crise planétaire et les possibilités d’actions que nos dirigeants peuvent mettre en oeuvre.
“Devenu une véritable urgence planétaire – le réchauffement climatique, qui pourrait passer pour un processus lent – se déroule à un rythme incroyablement rapide. Les savants du monde entier s’accordent à dire qu’il reste à peine une dizaine d’années pour éviter une catastrophe mondiale due au dérèglement du système climatique qui entraîne des perturbations météorologiques extrêmes : inondations, longues périodes de sécheresse, vagues de chaleur meurtrières,…” (Al Gore). 
Une prochaine conférence sera organisée le lundi 7 décembre sur la thématique “Cop21 : les mécanismes du changement climatique. La météo du futur à l’échelle mondiale et à Mayotte”. Cette conférence sera animée par Bertrand Laviec, météorologue et délégué départemental de Météo France pour Mayotte.

Le préfet répond aux questions de la CFE-CGC et l’Unsa

À la veille de la grève qui bat son plein, le préfet dû répondre à plusieurs questions posées par les syndicalistes. D’abord concernant le code général du travail, le haut fonctionnaire de l’État a répondu que les revendications dans ce domaine étaient légitimes et justifiées. La question centrale pour l’application du Code du travail reste de savoir si cela doit être immédiat ou progressif. Pour l’Unsa, cette question d’ordre législatif est d’abord à l’initiative des parlementaires élus.

“C’est bien à nos députés et nos sénateurs de convaincre sur ce point essentiel à nos yeux”.
Au mois de décembre 2015, une équipe dédiée pilotée par l’ancien directeur de la Dieccte Mayotte viendra pour des rencontres bilatérales techniques pour la transposition du code général du travail. Le préfet s’est engagé à organiser à Mayotte fin février un séminaire, avec des représentants syndicaux locaux et nationaux sur cette application du code général du travail.

Ancienneté générale des services pour le reclassement des agents des ex-agents de la CDM

Pour les agents ex-CDM, le Préfet répète à la ministre des outremers qu’au regard du reclassement des agents de l’ARS, leur ancienneté générale des services doit être prise en compte sur des bases identiques : c’est-à-dire sur les ¾ de l’AGS . La visite de la ministre des outremers entre le 9 et le 12 novembre devrait permettre d’avancer sur ce point. L’UNSA et la CFE-CGC seront reçues à cette occasion par ses conseillers pour évoquer ce point.

Pour la question urgente de l’insécurité, l’Unsa a rappelé que cette dégradation accélérée de la sécurité des biens et des personnes était un élément majeur pour la question de l’attractivité. Deux inspections générales ont été diligentées par le ministre de l’Intérieur : l’une pour la Police, l’autre pour la Gendarmerie. La volonté du préfet est de rappeler aux municipalités la mission de leurs services de police communale.

L’éclairage sur les voies publiques et la vidéosurveillance sont des priorités du préfet. Pour les questions d’économie locale, l’Unsa a rejoint la CFE-CGC sur cet aspect de la question de l’attractivité. Au 1er janvier 2016, l’intercommunalité débutera à Mayotte avec ses dotations supplémentaires spécifiques, ses transferts de compétences, et ses chartes de bonne conduite financière.

“Ce sera un moyen de contourner l’écueil du surendettement des collectivités territoriales et d’insuffler une autre dynamique”, estime le syndicat. Les financements FEDER ( Europe) – CPER ( État) n’auront plus à avoir une contribution du département pour se monter. 700 millions d’euros seront débloqués par l’Europe. Enfin, autre élément d’importance : le décret installant l’établissement public financier départemental permettra de libérer des terrains pour des entreprises.

500 visiteurs à la journée de l’élevage

Pour la troisième année consécutive, une journée de l’élevage sous l’égide du RITA (réseau d’innovation et de transfert agricole) s’est tenue ce samedi 31 octobre sur l’exploitation du lycée agricole de Coconi (site de Valarano). Cette journée, à destination des éleveurs de l’île, est organisée par l’ensemble des partenaires impliqués dans l’élevage : DAA F, lycée agricole de Coconi, CIRAD, COOPADEM – GDS, COMAVI , CAPAM , ASP, AEM, MSA et Conseil Départemental. À cette occasion, de nombreux ateliers thématiques et techniques ont été proposés : conduite d’élevage des volailles, bovins, caprins, ovins, santé animale, reproduction des ruminants, alimentation, formations, aides et règles en tant qu’éleveur. C’est une occasion pour les professionnels de l’élevage d’être informés des avancées de la recherche et de l’expérimentation, d’obtenir des conseils personnalisés sur leur production, d’assister à des démonstrations (contention, traite, insémination, échographie…) et des miniconférences, de rencontrer et d’échanger avec d’autres acteurs et partenaires. La journée de l’élevage, qui avait rassemblé en 2013 et 2014 plus de 400 personnes, a rassemblé cette année 500 visiteurs. La journée était ouverte de 8h à 15h à tous les éleveurs professionnels. Les discours officiels se sont tenus à 11h. Un parking a été situé sur le site du lycée agricole de Coconi avec mise en place de navettes jusqu’à l’exploitation.

 

Les lycéens de Kawéni expriment leur colère devant le CD

Une centaine d’élèves du lycée polyvalent (LPO) de Kawéni se sont rendus vendredi matin au conseil départemental (CD). Ils ont dénoncé les problèmes d’horaires et de capacité de bus. Alors que les élèves voulaient rentrer dans le bâtiment du CD, seule une dizaine de délégués d’élèves ont pu le faire. Ils ont été reçus dans l’hémicycle par Jean-Pierre Salinière, le directeur général des services (DGS ) et par Jacques Toto, directeur du service des transports. Étaient également présents Jonathan Morel, directeur d’exploitation du transporteur Matis, Charharmane Ben Mohamed, du groupement de transport “Tama ya leo na messo” et Alain Berna, proviseur du LPO de Kawéni.

“Nous sommes 3 à venir de Petite-Terre”, explique Cloe, une des déléguées. “Nous prenons le bus à 5h30. Le bus est plein au 3ème arrêt. Au 4ème arrêt, des élèves ne peuvent pas monter. Ils restent donc assis par terre et doivent attendre le prochain bus. Une fois arrivés à la barge de Mamoudzou, nous sommes une bonne centaine à attendre le bus jusqu’à 8h/8h30 pour aller à Kawéni. Par conséquent, nous ratons parfois les deux premières heures de cours. À 15h et à 17h, il n’y a que 2 bus de 24 places. Ce n’est pas suffisant. Alors que je me lève à 4h du matin, je ne rentre parfois qu’à 19h à la maison. Je n’ai alors plus beaucoup d’énergie pour faire mes devoirs.”

Une autre déléguée, pour sa part originaire de Passamaïnty, affirme que le bus de 5h15, qui vient de Vahibé, n’est pas assez grand pour accueillir assez d’élèves et que le bus de 5h30 ne passe plus. “Dans la mesure où je n’ai pas assez d’argent pour prendre le taxi, je suis obligé de faire du stop pour venir à Kawéni”.

“Nous allons essayer de régler le problème de la régularité des horaires pour que les élèves ne soient pas en retard”, a répondu Jacques Toto. “Il est possible qu’il y ait des retards”, a concédé pour sa part Jonathan Morel. “Mais on ne nous remonte pas forcément l’information. Nous allons faire des recensements à chaque arrêt pour voir combien il y a d’élèves le matin et combien de bus partent.”

“Ils m’ont giflé”
Mr Baco, président de la coopérative des taxis verts de Mayotte a estimé de son côté que les élèves devaient aussi prendre leurs responsabilités. “Je viens à 5h tous les jours à la barge de Mamoudzou. Quand les élèves descendent de Petite-Terre, ils trainent. Ils ne prennent pas le bus tout de suite. Les élèves sont dispatchés. Respectez les arrêts de bus ! Sans vous on ne peut y arriver.” La centaine d’élèves qui s’est rendue au conseil départemental ont aussi pesté contre les problèmes d’insécurité aux abords du lycée de Kawéni. “Hier des jeunes voyous du quartier, âgés de 14 à 17 ans, m’ont demandé 3 euros. Comme je ne les avais pas, ils m’ont giflé”, témoigne Assani. “Un ado originaire de Majicavo a été tabassé avanthier”, indique une autre élève. “Nous sommes par ailleurs très souvent victimes de vol de vêtements”. “Les médiateurs positionnés à l’entrée du collège ne sont pas des agents de sécurité”, rappelle Jean- Pierre Salinière. “On ne peut leur demander d’intervenir dans une bagarre. Il ne peuvent qu’appeler la police”. Aucun représentant de l’État ou de la mairie, chargés de la mission de sécurité publique n’étaient néanmoins présents à la réunion pour aborder ce problème d’insécurité. En ce qui concerne le problème du transport scolaire, une nouvelle réunion sera organisée aujourd’hui à 14h au lycée de Kawéni pour trouver des solutions. Elle rassemblera de nouveau les délégués d’élèves, la direction des transports du CD et les transporteurs.

 

Olivier Loyens

Smart vs MCG. La réunion du démenti

Peu coutumiers du genre, c’est pourtant bien à leur propre et unique initiative que s’est tenue, cette conférence de presse imprévue. En effet, en déplacement sur Mayotte, les quatre représentants de la COR (Coopérative Ouvrière Réunionnaise), actionnaires de la Smart à hauteur de 17%, ont rencontré la direction de MCG ce mercredi. 

Concédant une entrevue des plus cordiales, avec un réel souhait pour Ida Nel (directrice MCG) de trouver une concrète entente, le PDG de la COR, Jean-Daniel Clotagatide, accompagné des trois autres membres, a été plus que désagréablement surpris d’apprendre, à l’issue de ce rendez-vous, la validation d’un accord avec MCG et ce, à la lecture d’un article dans la presse locale.

« Nous avons le sentiment d’avoir été manipulés. Non, nous ne sommes pas là pour faire plier la Smart. Comment voulez-vous que nous la fassions plier d’ailleurs? Nous sommes actionnaires qu’à 17%! Nous souhaitons réellement trouver une solution mais aujourd’hui, nous le disons officiellement, aucun accord n’a été signé avec Madame Nel ».

Une proposition d’accord inadaptée 

Souhaitant apporter quelques précisions quant à la proposition qui leur a été soumise par la société gestionnaire du Port de Longoni (MCG), les représentants de la COR, plus que jamais main dans la main avec la Smart, ont notamment indiqué l’aberration de vouloir quantifier le nombre de chargements/déchargements de containers:

« Et lorsque la Smart a atteint son quota imposé, elle fait quoi? Les manutentionnaires en plein déchargement descendent de leurs grues et laissent la place à ceux d’une autre société? C’est inconcevable, il est impossible de partager le déchargement avec une autre société. De toute façon, il n’y a aucun intérêt économique pour Mayotte à avoir une seconde entreprise de manutention» indique Fabienne Maillot (chargée communication de la COR).

La COR également société de manutention portuaire, a avant tout souhaité s’entretenir avec la Directrice Ida Nel afin de lui exposer le mode de fonctionnement de son port à la Réunion au regard notamment de son rendement bien supérieur et de son équipement paradoxalement inférieur*.

Cet équipement toujours source de conflit qui a été acquis par l’unique décision de MCG et qui ne va, selon les dires de la COR, pas dans le sens d’une utilisation publique comme le notifie la DSP:

« Il s’agit normalement de matériel public, Madame Nel en qualité de gestionnaire du port aurait au moins dû consulter les représentants de la Smart pour tenir compte de leurs besoins et attentes et surtout, avant de demander un agrément pour défiscalisation ».

Un manque d’investissement

C’est un point qui est reproché à la société d’acconage mahoraise. Prenant appui sur les propos tenus par les représentants de la COR, le directeur Gilles Langlois (Smart) tient à rappeler que l’acquisition des manutentionnaires se limite à des engins privés de levage laissant ainsi à l’investissement public l’achat de matériels plus conséquent, en fonction du rendement portuaire. Si le rendement de Longoni devenait plus conséquent au point de nécessiter la présence d’une seconde société de manutention, cette dernière, sur un même pied d’égalité que sa consoeur déjà en place, serait en droit de louer au gestionnaire du port ce matériel public à vide. 

Si rien n’a été fait en ce sens, tient à rappeler non sans une certaine ironie Gilles Langlois, il ne faut pas oublier que « précédemment, c’est la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Mayotte, présidée par Madame Nel, qui était délégataire du port … Elle est peut être société privée mais aujourd’hui elle est délégataire d’un outil public. Elle se doit d’avoir un service public. D’ailleurs elle dit à tout le monde qu’elle investit, mais que je sache, elle attend de l’argent de l’État, du Conseil Départemental, de l’Europe; à qui est cet argent? Il est à nous tous, c’est nos impôts ». 

AOT et DSP

Souhaitant dénoncer l’aberration du jugement rendu le 9 octobre dernier par le tribunal de grande instance, le directeur de la Smart invite l’ensemble de la presse présente dans la salle, à prendre connaissance de cette fameuse DSP. Énumérant notamment la non existence du comité de pilotage de la DSP, comme le formule l’article 64, il en vient à aborder l’article 35 qui stipule les autorisations du domaine public. L’intéressé rappelle que l’expulsion de la Smart souhaitée par Madame Nel se fait au motif d’un manque d’une AOT:

« cet article 35.02 stipule mot pour mot qu’elle aurait dû proposer au Conseil Départemental un projet d’occupation temporaire du terminal. À l’heure actuelle, le Conseil Départemental n’a jamais eu ce projet donc comment voulez-vous que la Smart puisse avoir une AOT? ».

Par ailleurs, reprenant un autre article il poursuit : 

« Cette DSP est quand même bien faite, lorsque Madame Nel achète du matériel et que le montant de la facture est supérieur à 300 000 euros** il doit y avoir non seulement un appel d’offres, mais en plus de ça il doit y avoir une autorisation du Conseil Départemental ».

* Réunion: 400 000 containers traités annuellement avec 1 grue mobile / Mayotte : 50 000 et 3 grues.

 

** Pour rappel, le coût actuel de modernisation du port incluant l’achat des 3 grues, s’élève à 25 millions d’euros.


 

Droit de réponse de MCG 

Contactée par téléphone, la direction de la société MCG, se réservant un droit de réponse public, tient à soutenir qu’aucune annonce de validation d’accord n’a été indiquée au média concerné. Finalement dénoncée comme source initiale de la polémique, la société se questionne quant à un dépôt de plainte pour diffamation.

Maintenant une entrevue cordiale avec les représentants de la COR sur « un fond de bonne entente », Madame Nel confirme que rien n’est acté et qu’elle travaille en ce moment même sur l’évolution d’un nouveau protocole d’accord à soumettre à la Smart.

MCG et la COR n’ayant pu se revoir ce jeudi après-midi pour discuter notamment de ce « quiproquo », les actionnaires concernés réintégreront leur sol réunionnais ce jeudi, en fin de matinée. 

 

 

MLG

 

 

 

 

Edito. Ce que j’en pense… Des combats à mener pour Mayotte

 

Il y a eu un choix volontaire et librement consenti de lier son destin avec celui des Français. Contrairement à de nombreux territoires, il n’y a pas eu de guerre de conquête, pas de combats meurtriers, pas de guerre d’indépendance ou de libération nationale. Il n’y a pas eu de colons accaparants toute l’île jusqu’à aujourd’hui. Il y a eu cette volonté de liberté, et d’éducation.

Puis, le monde évoluant, la France a quelque peu oublié ce territoire durant des décennies. La volonté sans faille d’Anciens, leur détermination, leur vigilance leur ont permis de passer ces périodes parfois troubles sans rompre ce lien avec la France. Quand on regarde autour de nous, on comprend que ces hommes, ces femmes ont été visionnaires. Ils se sont battus pour leurs enfants, pour tous les enfants de Mayotte. Et par respect pour leur combat, nous ne pouvons pas nous permettre de tout casser aujourd’hui, pour des ambitions personnelles.

Aujourd’hui, après les combats gagnés pour la départementalisation, pour la rupéisation, toutes fraiches, il y a ce rêve d’égalité qui prend forme. Il est évidemment sain, bienvenu, légitime, surtout au sein de la République française. Il serait bien malvenu, pour quiconque, de la refuser. Il ne s’agit pas, sous prétexte de risquer de déséquilibrer la société mahoraise, de freiner cette volonté forte. Au vu de l’ensemble des changements colossaux vécus par chacun ces 20 dernières années, la capacité d’adaptation des Mahorais ne peut être remise en cause. Il convient toutefois de vérifier régulièrement que tout le monde suit, que tout le monde est bien monté dans le train… 

Et aujourd’hui, au vu de nombreux problèmes que connait l’île, on peut considérer qu’il y a quelques préalables à régler avant de relancer la machine vers l’avant. Il convient d’assimiler toutes les avancées récentes, les intégrations dans la fonction publique (sans concours !), les indexations qui font exploser les budgets des communes et du conseil départemental… 

Avec 80% des agents de la fonction publique territoriale de catégorie C, pour leur très grande majorité analphabète, avec 40 ans environ de moyenne d’âge, il conviendrait de les former car ils sont là pour encore près de 20 ans… Intégrés, ils ne partiront pas, alors autant qu’ils assurent un travail, car il faut les payer chaque mois, avec l’argent de nos impôts locaux. Et il en faut beaucoup, chaque mois…

Encadrer la jeunesse, les anciens, s’occuper de santé, d’éducation, d’environnement, des équipements sportifs, des MJC… Les pistes de travail sont nombreuses. Les élus et les syndicats doivent proposer des plans de formation, réclamer des moyens, et mobiliser les troupes, les mettre au travail ! Des outils existent comme le CNFPT, il faut les activer, les utiliser plus encore. 

Les départs à la retraite pourront être remplacés par des agents plus qualifiés, plus compétents, plus ouverts sur le monde et ses enjeux, et qui pourront enfin faire avancer les dossiers qui trainent dans tous les domaines. C’est la place de la jeunesse, formée dans de nombreux domaines, qu’il convient de préparer. On ne peut pas la laisser à l’abandon, sur le bord de la route, déçue, – un jour viendra aigrie -, alors que les besoins et les chantiers à mener sont si importants. C’est à mon avis un vrai combat à mener pour Mayotte, et pour assurer la relève. 

Le secteur public étant plutôt bien chargé, pour créer de l’emploi, ce sera dans le privé. Il faut immédiatement placer l’ensemble de Mayotte en zone franche globale. Le retour de l’attractivité du territoire sera quasi-immédiat sur le plan économique et drainera le reste. Les enseignants et les médecins, les entreprises et les investisseurs seront de retour, pour le plus grand intérêt de tous. Cela constituerait un geste fort de l’Etat en direction de Mayotte et relancerait l’île. 

Le foncier pose encore bien des problèmes. Les impôts locaux les mettent à jour sur toute l’île. Il faut finaliser la régularisation, les acquisitions, les attributions. Il faut revoir le calcul de l’assiette. Là encore l’Etablissement foncier tant promis, tant attendu va bientôt arriver. Il était temps. Il faut régler ces soucis qui peuvent dégénérer en conflits familiaux ou villageois. Il faut dynamiser le marché de l’immobilier, avec un foncier propre, sur lequel asseoir des projets, des emprunts. Il faut respecter et faire respecter les règles de la construction, de l’urbanisme, sinon d’autres problèmes surgiront demain. 

Il faut que les particuliers fassent appel aux bureaux d’études, aux architectes, aux entreprises du BTP en règle. C’est ainsi que des centaines, des milliers d’emplois seront créés, pour des ingénieurs, des architectes, des maçons, des peintres, des comptables, des carreleurs, des secrétaires, des chefs de chantier, des électriciens… Il faut mettre un terme à l’emploi de clandestins ou d’ouvriers non-déclarés le week-end. Cela tue Mayotte à petit feu, favorise ou maintient l’immigration clandestine. 

Les jeunes qui s’installent, respectent les normes et les règles contraignantes mais offrent un travail de qualité, ne peuvent pas lutter contre cette concurrence déloyale et meurent. C’est là encore à mon avis un combat important à mener pour construire solidement Mayotte de demain. 

Parmi les « problèmes » à régler, il y a la situation de la jeunesse. Sans occupation, sans encadrement, abandonnée à elle-même, sans espoir d’emploi, sans éducation de qualité, elle part dans de mauvaises directions. Alcool, drogues, délinquance, violence, cambriolages… La jeunesse ne demande qu’à ce qu’on s’occupe d’elle, qu’on lui propose des activités, du sport, des loisirs, des cours de soutien scolaire, des espoirs. 

Les adultes doivent s’occuper des enfants, y consacrer du temps, de l’argent ! Là encore, un travail impressionnant est lancé avec la politique de la ville notamment. Des projets voient le jour, sont préparés, présentés, soutenus, et financés. Les MJC doivent être réactivées dans toutes les communes, les terrains de sport doivent être entretenus, gérés, les associations dynamiques et sérieuses soutenues. Il y a là encore un vrai combat à mener, à gagner et vite. C’est notre avenir qui se joue là, mais aussi la sécurité de chacun. 

L’immigration clandestine est un autre point à aborder. C’est un élément essentiel de l’équation mahoraise à résoudre pour pouvoir reprendre la marche vers l’avant. C’est un sujet qui est de plus en plus tu. Devant l’ampleur de la tâche, on semble essayer de l’évacuer, de toutes parts. Son impact sur l’éducation, la santé, l’urbanisme, la jeunesse, l’emploi, l’environnement, la violence ne peut pas être passée sous silence. 

Là comme ailleurs, on assiste souvent à un grand silence de la part de nos élus, sur ces problèmes de société, sur ces choix à faire et à assumer. 

Des retraites décentes pour les anciens, une meilleure prise en charge des handicapés, des transports en commun et de nouvelles voies de circulation, une véritable gestion des déchets, des zones d’activité économique dans les villages, des aménagements de fronts de mer, une vraie gestion des ressources humaines avec des dirigeants courageux, efficaces… Les combats à mener pour faire avancer Mayotte ne manquent pas. 

Après la liberté chèrement gagnée avec la départementalisation, après le combat pour l’égalité en cours qui nécessite l’amélioration de notre cadre de vie, l’amélioration de la santé, de l’éducation, de notre sécurité, de l’économie pour que chacun puisse gagner dignement sa vie et proposer des emplois à une partie de la jeunesse, il restera à gagner le combat pour la fraternité. Ce sera le combat de tous ceux qui habitent et vivent à Mayotte, de tous ceux qui aiment Mayotte et travailleront pour continuer à avancer ensemble.

Laurent Canavate

 

Affaire Moula Issouf Madi. Le Parti Socialiste s’exprime

Flash Info : Face aux accusations de fraudes électorales de Moula Issouf Madi, comment se positionne le PS local, dont vous assurez l’intérim en attendant le dénouement de l’affaire ?

Abdou Ali Mlanao : Nous avons été surpris et avons découvert ces accusations dans la presse. Pour le moment, Moula Issouf Madi est présumé innocent. Nous laissons la Justice faire son travail, et nous la respectons. Nous n’avons pas eu le temps de trop nous entretenir, mais il nous a assuré de son innocence, et nous n’avons pas de doute là-dessus. Tout cela va se dénouer tranquillement. Encore une fois, la Justice est à l’oeuvre, laissons la faire son office et ne faisons pas grossir une affaire qui n’est pas du tout avérée.

FI : Quel est son état d’esprit ?

AAM : Serein. Il est lui aussi confiant et affirme qu’il n’a rien à voir là-dedans.

FI : Le parti socialiste vient d’inaugurer son nouveau siège à Combani. Dans ce contexte de renouveau, craignez-vous que, vraies ou fausses, ces accusations entachent le PS de Mayotte ?

AAM : Évidemment, nous nous en serions bien passés, le moment n’est pas idéal. Comme vous l’avez dit, nous venons d’inaugurer notre nouveau siège, nous redynamisons nos équipes depuis un an, nous restructurons notre parti : cette affaire présumée est forcément une petite tache d’huile.Cela dit, les accusations de ce type sont malheureusement courantes en politiques. Toutes ne débouchent pas sur des faits avérés. Certains en profiteront pour en faire leur affaire et essayer de nous affaiblir. Ce sont les aléas de la politique, mais nous préférons rester concentrés sur notre tâche. D’ailleurs, samedi aura lieu notre conseil. La question qui nous anime ici sera abordée, mais pas seulement : le travail continu. Moula Issous Madi y assistera si la Justice l’y autorise, et nous le souhaitons : nous avons de nombreux projets à faire avancer, et de nouvelles bases à construire pour Mayotte.

FI : Sur un autre sujet, soutenez-vous le mouvement de grève du 3 novembre ?

AAM : Nous défendons les intérêts du peuple, nous sommes donc avec lui. Toutefois, ce sentiment d’une île abandonnée par la métropole n’est pas tout à fait vrai. Il est entretenu par certains, certes, mais il ne faut pas fermer les yeux sur tout ce qui a déjà été fait : la mise en place du RSA et des allocations scolaires par exemple. C’est ce gouvernement qui les a mis en place. Ce gouvernement a bien travaillé pour Mayotte. Les Mahorais ont attendu longtemps la départementalisation, les attentes en sont automatiquement énormes, et donc le rythme n’est jamais assez rapide. C’est compréhensible, mais n’oublions pas les avancées que Mayotte a déjà connues. Nous organiserons d’ailleurs un congrès avec les militants mahorais en fin d’année, pour faire le point sur l’action gouvernementale depuis 2012 et mettre en avant les nombreuses actions menées ici.

G.V

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes