La collecte des déchets est un problème récurrent dans l’île, surtout à Mamoudzou. C’est dans le but d’améliorer ce service que le Sidevam a décidé de faire l’acquisition de nouveaux camions – de l’ordre de 4,5 tonnes – permettront d’emprunter certaines rues étroites afin d’assurer la collecte des déchets dans certains quartiers inaccessibles. À cette occasion, demain au siège de Dzoumogné, une formation sera dispensée à l’endroit des chauffeurs des camions afin de se familiariser aux nouveaux outils de travail. “Cette action s’inscrit dans un projet global de renforcement des moyens pour améliorer la collecte des déchets à Mayotte. En effet, en août 2016 prochain, le syndicat réceptionnera également 7 autres camions à benne et 6 camions plateau équipés de grues pour améliorer la collecte notamment des déchets verts”, précise Assani Saindou Bamcolo, président du Sidevam. Le coût total des investissements est de 2,2 millions d’euros. Par ailleurs, pour accompagner la mise en oeuvre de cette politique, le Sidevam a budgétisé un montant de 500 000 euros pour l’acquisition de bacs pour la collecte des déchets dont 800 bacs ont déjà été commandés.
Astronomie : Transit de Mercure devant le Soleil ce lundi 9 mai
Ce lundi vous serez sans doute très nombreux à suivre l’un des rares passages de Mercure entre la Terre et le Soleil. A Mayotte, il démarrera à 14h11 et se terminera avec le coucher du soleil à 17h43. Mercure sera au milieu de son transit à 17h55. On compte entre 13 et 14 transits de Mercure par siècle. Ce sera l’occasion d’admirer avec un filtre le petit point noir de la première planète du système solaire devant le disque éclatant de notre étoile, un spectacle qui nous rappellera le transit de Vénus du 6 juin 2012. Mercure représentera un point noir environ 160 fois plus petit que le disque solaire. Le dernier transit de Mercure visible en Europe a eu lieu le 7 mai 2003 et le prochain se produira le 11 novembre 2019.
Heures de passage (Heure de Mayotte)
Premier contact extérieur : 14h11
Premier contact intérieur : 14h14
Coucher du soleil : 17h43
Milieu de la course : 17h55 (nuit)
Dernier contact intérieur : 21h38 (nuit)
Dernier contact extérieur : 21h41 (nuit)
ATTENTION DANGER !
Pas d’observation sans protection ! Attention, l’observation du Soleil doit toujours se faire en se protégeant la vue. L’observation du transit à l’œil nu — même avec des lunettes filtrantes — est proscrite ! La brûlure de la rétine par les rayons solaires, d’autant plus intense que l’ombre de Mercure est minuscule sur son disque, est indolore mais les lésions peuvent entraîner une cécité irréversible. Comme pour les éclipses, la prudence est donc de mise.
L’observation directe doit se faire avec une protection adaptée : filtres solaires aux normes ou lunettes spéciales éclipse. Le meilleur moyen reste encore celui de l’observation indirecte, c’est-à-dire par projection.
Celle-ci se fait donc dos au Soleil et peut ainsi être observée en toute sécurité. Si vous utilisez une instrument astronomique (ce qui est recommandé en raison de la petitesse du disque de Mercure) ou un appareil photo avec un zoom, placez à l’avant du tube un filtre en mylar de densité 5 (disponible dans les magasins de matériel astronomique). Pour une observation en toute sécurité seul ou à plusieurs, l’usage d’un Solarscope est vivement recommandé.
Avec Sciences et Avenir et l’Association française d’astronomie
Battle of the year. Un déplorable gâchis…
L’évènement avait pourtant bien commencé. 13 crews (équipes), venus des 4 coins de l’île, étaient en lice pour tenter de remporter le titre de champion de Mayotte et partir pour Montpellier participer aux BOTY France. Sur les 13 crews, le jury en avait sélectionné 6 pour s’affronter en battle. Malheureusement, alors que les deux derniers crews sélectionnés par le jury, Lil Stilz et Power crew, s’apprêtaient à s’affronter en finale, la police a demandé aux organisateurs d’interrompre l’évènement à cause de violentes échauffourées qu’elle n’était plus en mesure de contenir.
Les débordements ont commencé aux alentours de 22h par des bagarres dans la foule. Celle-ci devait atteindre environ les 3 000 personnes. La police, extrêmement mobilisée sur l’évènement, a réussi dans un premier temps à contenir les échauffourées. Le spectacle a donc continué envers et contre tout. Cependant, devant la violence des bagarres, et leur prolifération au-delà de la Place de la République, elle a fini par être totalement débordée. Il y avait pourtant 38 policiers et gendarmes dédiés à la surveillance de l’évènement.
De multiples dégradations et des blessés légers
Selon la police et les témoins présents sur place, l’atmosphère était tendue tout au long du spectacle. Des délinquants ont jeté plusieurs fois des gaz lacrymogènes au milieu de la foule qui comprenait pourtant de jeunes enfants. Les choses ont véritablement commencé à dégénérer lorsqu’un individu a jeté une bouteille en verre au visage d’un policier. Le délinquant n’a malheureusement pas pu être retrouvé et interpelé. Suite à l’arrêt du spectacle, la foule s’est éparpillée rapidement. Les jeunes, excités, ont toutefois continué à se battre et à défier la police aux abords de Mamoudzou. Plusieurs barrages sauvages ont été dressés, notamment à Kaweni, M’tsapéré et Tsoundzou. Des jets de pierre sur des véhicules et sur quelques vitrines du centre ville, sont également à déplorer. Le bilan de l’évènement comprend des dégradations et des blessés légers.
Des jeunes qui commettent un « suicide social »
Chaque année, l’évènement Battle of the year génère des bagarres entre bandes rivales. Ces débordements ont toutefois toujours pu être maîtrisés par les forces de l’ordre jusqu’à présent. En 6 ans d’existence de ce spectacle, c’est la première fois que la police a été contrainte de l’interrompre avant la fin. L’ironie de la chose est que cet évènement a justement été créé pour tenter de canaliser l’énergie des jeunes et leur montrer que l’on peut s’affronter par la danse plutôt que par les poings…Malheureusement, un certain nombre d’entre eux ne semblent pas avoir saisi la subtilité du propos, au grand dam des membres de l’association Hip-hop Evolution qui affichaient tous une mine totalement déconfite à l’annonce de l’arrêt du spectacle. « C’est terriblement dommage », s’exclame Sophie Huvet, administratrice de l’association, « d’autant plus que les fauteurs de troubles devaient être une 30aine tout au plus sur les 3000 personnes que contenait la foule ! C’est dramatique de devoir interrompre un évènement de cette ampleur à cause d’une poignée de délinquants », poursuit-elle, dépitée par la tournure qu’ont prise les évènements.
Hip-Hop Evolution œuvre en effet depuis onze ans en faveur des jeunes de Mayotte en organisant des évènements autour de la danse un peu partout sur l’île. L’association cherche à mettre en valeur le potentiel artistique des jeunes Mahorais afin de leur permettre de s’en sortir par la danse. On peut donc parler d’une forme de « suicide social » de la part de certains jeunes de l’île qui se livrent à un travail de sape des évènements organisés en leur faveur.
Une formule non-adaptée au contexte violent de l’île
« La formule du spectacle gratuit sur la place de la République n’est malheureusement plus adaptée au contexte violent de l’île », affirme une source policière. Cette opinion est d’ailleurs partagée par les membres de Hip-hop Evolution eux-mêmes, à leur grand regret toutefois. « Le principe des battles de hip-hop est d’être un évènement gratuit et populaire. Mais, au vu des débordements qui s’amplifient d’année en année, nous ne pouvons que nous résoudre à l’idée de les organiser dorénavant dans un lieu fermé et payant », affirme Sophie Huvet avec amertume. Lorsqu’on lui soumet l’idée d’organiser le spectacle ailleurs qu’à Mamoudzou, elle s’exclame : « Mais c’est pareil sur toute l’île ! Même en Petite-Terre, il y a des affrontements entre les jeunes de Labattoir et ceux de Pamandzi ! »
Une finale à huis-clos remportée par Lil Stylz
Et le show dans tout cela? Les événements malheureux de samedi dernier ont eu tendance à faire oublier l’essentiel à savoir la compétition en elle-même. « Malgré ce qu’il s’est passé, un crew ira néanmoins défendre les couleurs de Mayotte au BOTY France », affirmaient les membres de Hip-hop Evolution qui, après le fiasco de ce samedi, ont décidé de départager Lil Stylz de Power crew en organisant une finale à huis-clos qui s’est tenue hier à la MJC de Sada. La rencontre a vu la victoire de Lil Stylz. Ainsi, Hip-hop Evolution était décidée à aller jusqu’au bout et à ne pas laisser une poignée de délinquants saper les évènements et les actions qu’ils organisent en faveur des jeunes danseurs mahorais. Il est néanmoins presque certain que la formule des BOTY sera différente dans les années à venir…
Nora Godeau
Ce que j’en pense… Non, les Mahorais ne sont pas racistes !
Les Mahorais, pour des raisons historiques, géographiques, politiques ou autres, sont constitués d’un mélange d’Arabes arrivés de la péninsule arabique, ayant apporté notamment la religion musulmane, d’Africains provenant de la côte orientale toute proche avec une forte place donnée à la femme et de Malgaches voisins apportant des croyances animistes.
A ce titre déjà, ils constituent un peuple à part, original, différent même des habitants des autres îles de l’archipel des Comores. La population, comme les cultures évoluent sans arrêt, du fait de rencontres, de voyages, de choix personnels… Seuls quelques tribus d’Indiens d’Amazonie, ou les Aborigènes, et encore, ont plutôt figé leurs cultures, leurs populations, en vivant repliés sur eux-mêmes. Ce n’est pas le cas des Mahorais.
Au fil des ans, des siècles, ils se sont mélangés aux Indiens, aux Créoles, aux Métropolitains, aux Africains et tant d’autres, et ont fait de cette terre, leur terre, pour un temps ou pour toujours.
Les enfants qui y sont nés et ne connaissent pas Anjouan, d’où viennent leurs parents, les voyageurs, dont les pas se sont arrêtés ici il y a des générations ou des années, sont Mahorais. Tous ceux qui ont leurs parents, leur famille enterrés ici, tous ceux qui ont grandi et étudié ici, qui vivent et travaillent ici sont de fait Mahorais.
Et les Mahorais ont toujours fait preuve d’un grand sens de l’hospitalité, du fait de la tradition musulmane, du fait de l’insularité, de l’éloignement des continents. La musada, le partage, le respect sont des valeurs très fortes, partagées, transmises par tous ceux qui vivent ici.
Toutefois, cette île si attachante comptait 23.000 habitants il y a 50 ans, et plus de 230.000 aujourd’hui, officiellement. Le calcul est simple et explique pour beaucoup la situation actuelle.
Les Mahorais ont fait un choix, pour s’extraire du joug des sultans comoriens et de leurs descendants, les grandes familles des médinas, qui maintiennent leur pays en coupe réglée et la population dans l’ignorance et l’insécurité sanitaire et alimentaire. Mayotte a été cédée à la France « en échange de l’éducation de ses enfants », précise bien l’acte signé entre Andriantsouli et Passot.
De ce choix, assumé, maintes fois réitéré, « à contre-courant de l’Histoire » disaient certains à l’époque, les Mahorais ont pu rester au sein de la République française. Ils ont pu de ce fait bénéficier d’une amélioration constante, régulière des systèmes scolaire et de santé notamment. Les infrastructures de base se sont aussi étoffées avec le port, l’aéroport, les routes, l’eau et l’électricité, aujourd’hui l’assainissement. Et il reste beaucoup à faire…
L’espérance de vie, les conditions de vie se sont améliorées, les décès d’enfants en jeune âge, les si nombreux décès de femmes en couche sont de tristes mais lointain souvenirs.
Les Mahorais ont fait les efforts demandés, ils ont mis les bœufs devant la charrue, abandonné la polygamie et la justice cadiale. Ils ont changé leurs noms de famille pour beaucoup, la gestion familiale du foncier est devenue une propriété individuelle, avec les nombreux soucis que cela a causé et continue de causer.
Mayotte avance, mais ce choix de la France, ces efforts de la France pour essayer de rattraper tous les retards, se heurtent aujourd’hui à une immigration clandestine massive. Les efforts conséquents sont absorbés comme dans un gouffre sans fond.
Il y a encore 10 ou 20 ans, les Mahorais trouvaient du travail dans les administrations pour beaucoup et les clandestins se chargeaient du travail plus « difficile » dans les champs, à la pêche, sur les chantiers, dans les taxis… pour le compte des Mahorais, qui par ailleurs les logeaient souvent. L’État fermait les yeux pour la paix sociale, en l’absence de prestations sociales et autres assurance chômage ou retraites et se cachait derrière « les liens familiaux » qui unissaient ces îles voisines. Des M’zungus disposaient de femmes de ménage, de jardiniers à bon prix et tout le monde y trouvait son compte, dans un contexte de délinquance très limitée.
Mais les places dans les mairies, au conseil général et autres administrations se faisant rares, il a fallu se lancer dans le privé… et faire face à une concurrence déloyale. Attirés par l’Eldorado que Mayotte constituait à cette époque, les clandestins sont arrivés toujours plus nombreux, les écoles se sont progressivement saturées, puis aujourd’hui les collèges et les lycées. Les hôpitaux et dispensaires se sont spécialisés sur les naissances et les enfants. Des milliers de clandestins ont été reconduits à la frontière, après un passage par le sas de l’ancien centre de rétention administrative, digne du moyen-âge et maintenu comme tel aussi longtemps que possible…
Aujourd’hui, Mayotte souffre dans sa chair. L’environnement subit des dommages irrémédiables, les tortues sont braconnées pour être mangées par centaines, le lagon est pillé, les champs aussi, les forêts sont détruites.
Aujourd’hui, des milliers de naissance par an du fait de femmes en situation irrégulière, des kwassas médicaux ou pas, des enfants jamais scolarisés arrivent et submergent l’île. Des enfants sont restés seuls, ont grandi en tendant la main devant les supermarchés, fouillant les poubelles pour se nourrir. Ils ont grandi, abandonnés de tous, devenant plus méchants, plus organisés, armés. Ils sont et seront là. Ils doivent manger chaque jour et faute de travail, la délinquance devient un mode de survie.
Aujourd’hui, la population est terrorisée. Il ne s’agit pas de racisme, mais d’un constat simple, mathématique, avec 40% de la population vivant en marge de la société, cachée, terrée, sans droit ni devoir. Ce n’est pas sain ni une situation d’avenir, pour personne.
Aujourd’hui, il s’agit de sauver Mayotte. Et la plus grande violence subie par ces populations migrantes est celle infligée par les autorités comoriennes qui les maintiennent dans la misère, avec pour seul espoir Mayotte.
L’État a une grande part de responsabilité, dans la lutte contre l’immigration clandestine, dans la sécurité à assurer aux habitants de Mayotte, mais les parents, les élus locaux ont aussi un rôle très important à jouer pour inverser cette situation dramatique.
Les drames se multiplient, les dérapages vont s’accentuer, une étincelle menace de faire exploser la marmite. Il convient assurément que chacun agisse, vite, sur le terrain, concrètement, mais pas seulement sur les conséquences avec des forces de l’ordre supplémentaires, surtout sur les causes, à leur racine, donc aussi avec l’Etat comorien.
Non, les Mahorais ne sont pas racistes ! Ils voudraient juste pouvoir vivre en toute sécurité, disposer, à l’égal de leurs concitoyens de Métropole, d’une éducation correcte pour leurs enfants, d’un système de santé performant. L’île doit retrouver son attractivité d’urgence. Et tous ceux qui, sous prétexte d’humanisme dont nous serions dépourvus, veulent condamner les Mahorais, devraient plutôt s’intéresser au sort des Comoriens à Anjouan et à l’histoire si particulière de Mayotte et des Mahorais.
Laurent Canavate
Frédéric Veau : nouveau Préfet de Mayotte
Âgé de 49 ans, le fonctionnaire est actuellement chef du service justice et affaires intérieures de la représentation permanente de la France à Bruxelles, et connaît bien l’outremer pour avoir été secrétaire général de la préfecture de Guyane. Auparavant, c’est en Guadeloupe que Frédéric Veau officiait en tant que secrétaire général, là aussi délégué aux affaires économiques. Il a également été chef du département des affaires européennes au ministère des départements et territoires d’outre-mer entre 1993 et 1996, et conseiller technique administration territoriale, décentralisation et outre-mer au cabinet du premier ministre de 2009 à 2012. Plus de détails sur son C.V, ci-dessous. Seymour Morsy, lui, a été nommé préfet de l’Indre. Il prendra ses fonctions le 23 mai prochain en métropole.
- Expérience Chef du service justice affaires intérieures RP (Représentation permanente) France République française février 2013 – Aujourd’hui (3 ans 4 mois)
Région de Bruxelles, Belgique - Conseiller pour les affaires intérieures Cabinet du Premier Ministre 2012 – 2012 (moins d’un an)
Région de Paris , France - Conseiller technique administration territoriale, décentralisation et outre-mer Cabinet du Premier Ministre 2009 – 2012 (3 ans)
Région de Paris , France - Secrétaire général Préfecture du Puy-de-Dôme juillet 2008 – juin 2009 (1 an)Clermont-Ferrand Directeur général des services Conseil général de Lot-et-Garonne juillet 2001 – juillet 2008 (7 ans 1 mois)
Agen - Secrétaire général Préfecture de la région Guyane juin 1998 – juillet 2001 (3 ans 2 mois)
Cayenne - Conseiller technique affaires économiques, agriculture et Guyane
- Secrétariat d’État à l’outre-mer juin 1997 – juin 1998 (1 an 1 mois)
Région de Paris , France - Secrétaire général pour les affaires économiques Préfecture de la région Guadeloupe juin 1996 – juin 1997 (1 an 1 mois)
Guadeloupe - Chef du département des affaires européennes Ministère des départements et territoires d’outre-mer mars 1993 – juin 1996 (3 ans 4 mois)
Région de Paris , France - Formation Cycle des hautes études pour le développement économique – IGPDE Développement économique – finances publiques 2005 – 2006
- Ecole nationale d’administration 1991 – 1993
- Aix-Marseille Université Centre de préparation aux concours de l’ENA 1988 – 1989
- Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence Diplôme de l’institut d’études politiques, Droit, économie, gestion publique 1985 – 1988
Cazeneuve confirme sa visite à Mayotte
Bernard Cazeneuve a expliqué que “le problème de Mayotte n’est pas seulement un problème d’effectifs, mais également de coordination”. Il ne précise pas s’il s’agit de la coordination entre la préfecture et les élus locaux, ou entre la gendarmerie et la police ou encore de la guerre intestine au sein du commissariat de Mamoudzou. Le ministre a ensuite voulu rassurer le parlementaire en réaffirmant qu’il y aura “bientôt des conclusions sur les effectifs (de forces de l’ordre) qui seront rendues” en ajoutant qu’il se rendra dans le 101ème département dans quelques mois.
Chiens errants : Nouvelle campagne de capture
À Mayotte, on compte aujourd’hui une population de chiens errants estimée entre 10 000 et 20 000 individus selon la préfecture. Ce phénomène présente un risque sur le plan sanitaire, un danger pour l’homme et le bétail, mais aussi un problème de protection animale, car ces animaux sont souvent victimes de mauvais traitements. Au-delà force est de constater que ces chiens sont la proie de délinquants qui s’en servent comme armes, pour menacer voire pour agresser leurs victimes. Une réunion, présidée par la directrice de cabinet du Préfet, Florence Ghilbert-Bezard, s’est tenue ce mardi 3 mai à la préfecture afin de définir un plan d’actions pour lutter contre ce phénomène et limiter la propagation de ces animaux.
Il n’y a toujours pas de fourrière
En premier lieu, un rappel réglementaire des textes et de leur champ d’application a été présenté à chaque participant. Ainsi, il a été précisé que le code rural prévoit que tout chien errant ou en divagation doit être placé en fourrière. Plusieurs difficultés ont été relevées par les intervenants, à commencer par l’absence de fourrière sur le territoire. En l’absence d’une telle structure, les services de la Daaf ont mis en place une convention avec un opérateur privé pour le gardiennage de ces chiens capturés. S’ajoutent à cela, des missions rendues désormais difficiles en raison des lieux d’intervention dans certaines zones sensibles du département.
Une trentaine d’attaques sur des tortues en 2015
Les dégâts occasionnés par ces animaux sont importants, notamment pour les autres espèces dont les tortues marines, inscrites sur la convention de Washington. En 2015, le Parc naturel marin a recensé une trentaine d’attaques mortelles sur des femelles venues pondre sur les plages mahoraises.
La présence de chiens errants à proximité des habitations et des établissements scolaires est par ailleurs préoccupante. Le cas du collège de Majicavo a été évoqué, où plusieurs intrusions de chiens ont été signalées.
Aux termes des échanges, il a été acté plusieurs actions : des opérations ponctuelles et organisées au nom de la sécurité seront organisées prochainement ; un recensement des élevages clandestins sera réalisé dans chacune des communes en liaison étroite avec les élus, les polices municipales et les forces de l’ordre ; une action sera organisée sur la plage de Moya, où plusieurs attaques ont été recensées sur des tortues marines, mais aussi des personnes ; en lien avec les élus, une réflexion sur la création d’une première fourrière va être lancée, avec la possibilité de financements de l’État et de l’Europe ; des opérations de capture vont également être menées dans les quartiers de la Convalescence et à Cavani sud, où des meutes de chiens ont été signalées ; une rencontre va être organisée avec les associations de protection des animaux afin de leur présenter le plan de lutte contre les chiens errants.
La préfecture précise que si quatre jours après la capture, personne n’a réclamé les chiens (avec preuve de propriété), ils seront euthanasiés. Une décision conforme au code rural, en métropole le délais est de 8 jours. Dans les outre-mer il est de quatre jours.
Une application pour pallier l’absence de dermatologues
La télémédecine est une solution de plus en plus évoquée comme une alternative à l’absence ou le manque de médecins dans certaines régions en manque d’attractivité pour les professionnels de la santé. C’est dans ce but qu’a été créée l’application Epiderm. Grâce à ce système, un dermatologue pourra qualifier une pathologie et déterminer les besoins des patients. Si nécessaire, il pourra prendre contact avec un confrère et organiser une prise en charge plus poussée.
Un service qui n’est pas totalement gratuit
L’application Epiderm a été conçue pour répondre aux besoins de patients soucieux d’avoir rapidement un avis médical. Pour cela, le service fonctionne en 4 étapes, une fois l’application téléchargée : prendre 2 photos directement depuis l’application, en plaçant le téléphone à environ 10 cm de sa peau et remplir un questionnaire qui précisera l’antériorité du problème, le niveau de gêne et quelques informations personnelles (âge, ville, sexe). Ensuite, décrire les symptômes en répondant à moins de 10 questions qui permettront de préciser sa pathologie & viendront compléter les photos & le questionnaire d’inscription. Puis, valider l’acte d’achat, car si l’application est gratuite, la demande de conseil est facturée 14,99 €. Ce paiement donne accès à 7 jours d’échange avec le spécialiste. Enfin, échanger avec le dermatologue : le spécialiste prend alors la suite pour échanger plus en détail avec le patient et répondre à ses questions. Un premier avis médical est envoyé en quelques heures (conseils, bonnes pratiques, indications sur l’urgence ou non de se rendre chez un spécialiste et orientation dans son parcours de soins de manière plus générale). Tout cela reste anonyme.
Un dermatologue au CHM d’ici la fin de l’année ?
Lancée en octobre 2015, Epiderm est un service de téléconseil dermatologique. Fondé par Antoine Bohuon, Élisabeth Berrissoul, dermatologue depuis plus de 30 ans et Mickael Lecoq, ce service n’a pas pour vocation de remplacer les consultations avec les dermatologues, mais d’apporter rapidement un premier avis aux patients qui cherchent à se rassurer sur leur santé. À noter selon l’ARS, que le CHM espère recruter un dermatologue avant la fin de l’année. Pour en savoir plus Plus d’informations sur : https:/epiderm.co/
Faits divers – Colère noire à Sada
Tout commence par un vol dans une menuiserie du village. Le guetteur est attrapé, par le propriétaire et des amis. Mineur, il est retenu pendant plusieurs heures et frappé avec des bouts de bois et des cordes afin qu’il livre le nom de ses complices.
La gendarmerie a d’ailleurs diffusé l’image du dos du jeune homme, recouvert de cicatrice et de contusions en tout genre. Mais en voulant se faire justice eux-mêmes, sans déposer plainte auprès de la gendarmerie, les auto-justiciers ont déclenché sans le savoir une procédure. En effet, le jeune homme est parti se plaindre auprès de la gendarmerie, et les victimes présumées sont devenues les prévenus. Quatre ont été placés en garde à vue.
Apprenant cela,, une partie de la population, excédée par les vols et cambriolages et le climat d’insécurité a pris fait et cause pour les “tortionnaires”. Et, face au refus des gendarmes de “libérer leurs camarades”, les choses se sont envenimées. Dans la nuit de vendredi à samedi, l’attroupement pacifique avec blocage de la route, s’est transformé en affrontement avec les gendarmes, retranchés dans leur caserne. Des pneus enflammés ont été jetés sur le toit et des véhicules et la caserne, fortement caillassée. De leur côté, les gendarmes, qui comptent trois blessés dans leurs rangs, ont riposté avec quantité de gaz lacrymogène et en effectuant plusieurs interpellations. Parmi les 4 auto-justiciers, deux ont été rapidement relâchés, les autres maintenus en garde à vue. Tus sont convoqués devant la justice pour répondre de leurs actes le 1er juin prochain. Trois autres personnes sont poursuivies pour des troubles à l’ordre publics dans le cadre de l’affrontement avec les gendarmes.
Pour la mère du jeune agressé, son fils, âgé de 13 ans a été victime d’un mauvais concours de circonstances. Elle a raconté que les faits se sont déroulés jeudi dernier vers 11h le matin. À ce moment, le propriétaire d’une menuiserie et des proches se rendent compte qu’on vient de voler des fruits à pain de l’arbre qui leur appartiennent.
Quand ils sortent, ils croisent l’adolescent et le suspectent immédiatement. Le jeune nie les faits. Cela ne suffira pas à convaincre les adultes. Ces derniers l’entraînent dans l’atelier de menuiserie, l’attachent les mains et les pieds et le frappent à l’aide de cordes pour attacher des zébus ainsi que de fils de fer de 11h jusqu’à 17h. La municipalité a effectué une réunion d’urgence sur le thème de la sécurité samedi pour mettre à plat les choses et tenter de trouver une issue acceptable pour tous. Les cadis se sont aussi réunis pour un appel au calme. Et une marche “noire” s’est déroulée samedi pour dénoncer le climat d’insécurité, le manque de réaction des autorités et le traitement “trop clément” des délinquants par la justice.
Adrien Theilleux
Jeunes Talents Mahorais : des résultats concrets à l’aube de la quatrième édition
La Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) Etat organise depuis 2013 la détection des Jeunes Talents Mahorais. Elle garantit à cinq jeunes sportifs mahorais une bourse pour intégrer le Centre de ressources, d’expertise et de performances sportives (Creps) de la Réunion.
“Cinq bourses maximum, mais ça peut être moins, si les responsables des pôles ne détectent aucun jeune”, précise David Hervé, conseiller d’animation sportive à la DRJSCS, en charge du projet. “Cependant, on l’a vu lors des trois premières éditions, les cinq bourses ont été attribuées à chaque fois.”
D’une détection à un pôle Espoirs, d’un pôle Espoirs au sport de haut niveau : l’éclosion de talents est tout l’intérêt du projet de la DRJSCS. Et cela prend forme, concrètement, trois ans seulement après la mise en place du dispositif. Fayzat Djoumoi, Manon Seguier (JTM session 2013) et Noussourati Matoungou (JTM session 2014) poursuivent leur parcours d’excellence sportive, respectivement à Tarbes, Nice et Rennes. Fayzat Djoumoi, basketteuse de 15 ans va intégrer en septembre le centre fédéral du basketball, “la voie royale pour réaliser une carrière professionnelle” selon Alex Hartz, responsable du centre de formation du Tarbes Gespé Bigorre, le club actuel de la M’gombanienne (voir MHS n°745 du vendredi 8 avril 2016).
Manon Seguier, judokate de 17 ans, pensionnaire du Creps de PACA s’est qualifiée pour les prochains championnats de France Cadet, qui se déroulent les 23 et 24 avril prochains dans la ville de Ceyrat, en Auvergne. Fayzat Djoumoi à l’Insep, Manon Seguier et Samuel Bertin Bamcolo aux championnats de France, Camille Tanne scrutée par le champion de France de basket féminin en titre… L’ex licenciée du Ringa Club de Pamandzi sera opposée aux meilleures combattantes de France dans sa catégorie (-52 kg). Noussourati Matoungou enfin, rugby-girl de 16 ans originaire de
M’tzamboro demeure un élément important du Creps de Rennes malgré sa blessure longue de six mois et pas encore rétablie. D’autres jeunes talents mahorais actuellement au Creps de la Réunion, présentent des bilans sportifs et scolaires plein de promesses. Comme la basketteuse Camille Tanne (JTM session 2014) en phase d’intégrer le centre de formation de Bourges (2ème de LFB, 1re division nationale), ou Samuel Bertin Bamcolo (JTM session 2015), qualifié comme Manon Seguier pour les championnats de France Cadet à Ceyrat… Une soixantaine de jeunes mahorais, âgés de douze et treize ans s’apprêtent à postuler, à leur tour, pour une place au Creps de la Réunion à la rentrée 2016. La quatrième édition des Jeunes Talents Mahorais se tiendra sur deux week-ends: de ce vendredi 29 avril au lundi 2 mai pour le handball et le basket-ball, et du 6 au 9 mai pour le football. Concernant le rugby, la détection s’est déroulée le week-end dernier à la Réunion. Enfin, pour le judo, le comité de Mayotte a déjà ciblé un potentiel combattant. Comme chaque année, les techniciens mahorais sont chargés de réaliser une pré-détection, avant l’arrivée des responsables des pôles Espoirs de la Réunion pour la détection finale. Les meilleurs jeunes feront l’objet d’une observation plus creusée.
À la recherche de nouvelles pépites
Car en plus de devoir réussir les tests fédéraux, les prétendants au Creps de la Réunion doivent présenter de bons bulletins scolaires et leur famille, leurs proches doivent pouvoir prendre en charge le placement en famille d’accueil de l’enfant à la Réunion – un investissement d’environs 300 euros par mois.
De retour à la Réunion, Claude Lowitz pour le football, Daniel Martinou pour le basket-ball, Fred Valliamee pour le handball, Philippe Briat pour le rugby et Jérome Henric, en charge du sport de haut niveau à la DJSCS Réunion procèderont à une sélection finale. Seront alors dévoilés les noms des cinq nouveaux Jeunes Talents Mahorais, qui effectueront leurs années scolaires 2016/2017 et 2017/2018 au Creps de St Denis.
“La DRJSCS prend en charge annuellement la totalité des frais de formation et de transport aérien des cinq candidats retenus par les différents pôles Espoirs ou centre régional”, détaille le contrat d’objectifs validé par les DJSCS Mayotte et Réunion. Comme leurs ainés Fayzat, Manon, Noussourati, Camille ou Samuel, les nouvelles pépites mahoraises pourront à long terme envisager une carrière professionnelle dans leur discipline.
“La réussite du projet Jeunes Talents Mahorais, nous la devons à Thierry Montheil (prédécesseur de David Hervé à la tête du projet JTM, qui a quitté ses fonctions à la DRJSCS en juillet dernier, NDLR). Sans l’énergie qu’il y a consacré, nous n’en serions pas là”, rend hommage le conseiller d’animation sportive.
Celui-ci rassure : “La détection des Jeunes Talents Mahorais 2016 est la dernière du contrat d’objectifs signé par les DJSCS Mayotte et la Réunion, car il tenait sur l’olympiade 2013-2016. Mais l’opération est un succès, tout laisse croire qu’elle sera reconduite en 2017 et prolongée les années suivantes”.
I.M
Agriculture : un tiers de la production disparait
En moyenne, il se vendrait 44 % des productions et 23 % seraient auto-consommées. Mais, cela cache de fortes disparités selon les cultures pratiquées. Pour le manioc, la banane verte, la patate douce, le taro et le fruit à pain, 40 à 60 % de la production est auto-consommée.
Concernant les pertes de productions, elles sont estimées globalement à 33 % du potentiel. Les fruits sont les plus touchés. Les litchis, goyaves, mangues et grenadilles en tête, pour lesquels les producteurs estiment perdre de 58 à 71 %. Les cultures vivrières (banane, manioc, coco, fruit à pain) sont également affectées de pertes non négligeables, entre 41 et 28 %. Les cultures maraichères et la tomate sont relativement épargnées, comme le sont les cultures de rente (vanille, ylang) et l’élevage. Le pourcentage d’exploitations ou de surfaces cultivées déclarant subir des pertes était de 85 % lors du recensement de 2010. Aujourd’hui, il est au même taux (83,3 %).
Le vol couterait 22 millions d’euros par an
Les causes de ces pertes de production sont classées en 6 catégories : Vols, makis, roussettes, maladies et insectes, aléas climatiques, autres. La perte liée au vol dans les cultures avoisinerait les 23 % de la valeur de la production, soit 22 millions d’euros par an. Les vols seraient d’ailleurs en augmentation : en 2010, 67 % des exploitations déclaraient subir des pertes par le vol, contre 70 % en 2015. Les pertes par les makis et roussettes progressent également à 15 % contre 12 % en 2010. Pour autant, ces pourcentages globaux cachent des disparités de causes de pertes selon les cultures. Ainsi, les bananes vertes, coco et manioc subissent essentiellement des pertes par le vol. Par contre, mangues, grenadilles, goyaves et litchis font l’objet de déprédations par les makis et roussettes. Les attaques parasitaires par des maladies et des insectes affectent surtout les productions de tomates, aubergines et concombres. Les agriculteurs mettent également en avant les fréquentes attaques de rats sur les légumes et les ananas.
Vrai ou faux? Il y avait bien des lycées et des routes nationales avant 2006
Il y a 10 ans, il n’y avait pas de lycée.
Faux. Déjà en 1997, il y avait 4 lycées dans l’île comme le rappelle un rapport du sénat (http:/www.senat.fr/rap/r07-461/r07-46114.html).
Il y a dix ans, il n’y avait pas d’université.
Vrai. Le Centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de Dembéni a été fondé en 2011 (https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000024666032&dateTexte=&categorieLien=id).
Il y a dix ans, l’hôpital n’était pas celui que l’on a.
Vrai. Le centre hospitalier de Mayotte a subi plusieurs rénovations et extensions depuis sa construction en 1960 avec notamment deux grandes phases de travaux : une première tranche inaugurée le 16 février 2002 et une deuxième tranche entre 2008 et 2011 (http:/www.chmayotte.fr/#!histoire-du-chm/cnzw).
Il y a dix ans, il n’y avait pas de routes nationales.
Faux. Un décret ministériel datant du 6 juillet 1978 classait dans le réseau routier national les axes reliant Mamoudzou à M’tzamboro, Mamoudzou à Sada et Tsararano à Tsimkoura. Mais bien évidemment, depuis près de 40 ans ces routes ont connu des changements et des améliorations dans leur aménagement. (https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?numJO=0&dateJO=19780713&numTexte=&pageDebut=02793&pageFin=02794).
GD
Éducation nationale : le ministère est venu prendre le pouls de l’île
Le chantier de l’éducation à Mayotte est énorme et le délégué ministériel l’a bien compris. Surtout quand il s’agit de l’insécurité dans ou à proximité des établissements scolaires où se produisent régulièrement des bagarres qui dégénèrent, des caillassages de bus ou encore des rackets.
Le délégué a commencé par rappeler qu’en France, en général, 50 % des violences scolaires se déroulent dans la classe et que 700 000 élèves sont victimes de harcèlement. Mais le représentant de l’État estime que contrairement aux quartiers difficiles de métropole, cette violence s’exprime surtout à l’extérieur des collèges ou lycées. Une insécurité qui serait le fait de bandes de jeunes dont la plupart sont déscolarisés à en croire André Canvel. Mais des cas de règlements de compte entre jeunes inscrits dans le même établissement, mais issus de quartiers différents existent aussi. Un médecin du travail rappelait que cette violence est en effet très cantonnée au second degré même si des cas d’agressions ont été recensés dans le primaire comme cet enseignant de l’école de la Briqueterie à Kavani qui a été agressé à coups de couteau en début d’année dans son lieu de travail. Une insécurité parmi d’autres causes, qui n’a pas tendance à vouloir convaincre les jeunes enseignants métropolitains à rester durablement sur le territoire comme le rappelle la médecine du travail. À cela s’ajoutent des conditions de travail difficiles avec des locaux parfois insalubres ou vétustes malgré l’intention affirmée de la préfecture de rénover et construire de nouvelles classes avec un objectif de 600 nouvelles salles d’ici 2017.
Le BSMA par la voix du colonel Carrères a également apprêté son analyse de la situation de l’île en s’appuyant sur les missions opérées par le bataillon en termes de réinsertion des jeunes en manque de repères, déscolarisés, sans formation et sans emploi. Avec un taux de plus de 80 % de placement de ses jeunes dans une formation ou un emploi, le BSMA affiche un taux de réussite plus que satisfaisant, mais impossible de savoir si 6 mois ou un an après que les apprentis aient quitté le bataillon, ces chiffres se confirment sur la durée avec une stabilité dans le milieu professionnel. À cela il faut ajouter le faible taux de reprise de scolarité. La solution d’intégrer l’armée pourrait paraître évidente, mais le niveau scolaire trop faible de la quasi-totalité de jeunes encadrés par la structure ne permet pas cette option. “Et malheureusement, le tissu économique mahorais n’est pas encore prêt à accueillir nos apprentis c’est donc la raison pour laquelle nous essayons de les envoyer dans des CFA en métropole”, souligne le colonel.
La DJSCS observe quant à elle un manque d’encadrement de la jeunesse en dehors du temps scolaire. La faute à la faible offre d’activités périscolaires avec cet exemple flagrant des MJC vides d’activités. La solution pour le service préfectoral serait de renforcer l’intervention des associations “après 17h” pour éviter que les jeunes sombrent dans l’ennui, la drogue et la délinquance. Cette situation est en partie la résultante “d’un manque coordination territoriale”. Pourtant le service de l’État dispose d’une enveloppe annuelle de plus de 2 millions d’euros. Mais une solution selon la direction repose sur la formation des éducateurs à travers des diplômes comme le Bafa. De gros efforts restent à réaliser dans ce domaine de professionnalisation. Le chantier est donc encore long. Nul doute que le délégué ministériel fera remonter à la ministre Najat Vallaud-Belkacem les inquiétudes de ces acteurs mahorais, du moins c’est ce que ces derniers espèrent.
GD
Galarme rencontre Pau-Langevin aujourd’hui
Thierry Galarme, le président du Medef Mayotte, va rencontrer aujourd’hui à Paris George-Pau Langevin, la ministre des Outre-Mer. Comme il l’a indiqué hier lors du journal de nos confères de France O, il va demander à la ministre de mettre en œuvre des mesures afin de lutter contre la délinquance, comme le doublement des effectifs des forces de l’ordre, la construction d’un commissariat à Kawéni et l’armement des forces de sécurité privées. Le vice-président de la fédération des entreprises des Outre-Mer (Fedom) interpellera aussi la ministre sur la nécessité de relancer la commande publique, à travers la construction d’écoles, de MJC, d’hôpitaux, ou encore de logements sociaux. Enfin Thierry Galarme renouvellera son appel à mettre en place une zone franche globale à Mayotte, pour une période minimale de 10 ans.
Code du travail : Application 2018 “inéluctable”
Le contexte semblait compliqué : après deux semaines de grève générale, la réunion qui s’est tenue à Paris le 15 avril avec l’intersyndicale aura finalement permis de dénouer le grand nœud du Code du travail. Si sa date d’application demeure fixée au 1er janvier 2018, c’est donc dans un contexte apaisé que le directeur du travail Dominique Ledémé a pu revenir à Mayotte pour la deuxième fois, dans le but de rencontrer les partenaires sociaux et acteurs socioéconomiques de l’île. Des concertations destinées à faire avancer l’application totale du Code de droit commun, sur une partie en particulière, les relations individuelles au travail : contrat de travail, règlement intérieur et procédure disciplinaire, résolution des conflits, conseil des prudhommes, etc. Les partenaires sociaux ont jusqu’au 31 juillet pour faire valoir leurs remarques et propositions sur ces points. Au-delà, quoi de neuf, donc ?
Quelques points faisant suite aux demandes de l’intersyndicale ont tout d’abord été actés. En premier lieu, la date “Inéluctable” du 1er janvier 2018 va être inscrite dans un texte de loi en préparation, afin de s’assurer qu’elle ne soit pas repoussée. “Cela n’a jamais été prévu, explique Dominique Ledémé, mais cela permet de s’en assurer et de l’acter.”
Deuxièmement, les réflexions avec les partenaires sociaux concernant l’article 73 du Code du travail, qui permet d’adapter certaines dispositions du Code aux spécificités des outresmers ont débuté. “Ces adaptations se feront à la marge, concernant des points particuliers permettant de respecter l’identité de Mayotte”, commente le directeur du travail. De quoi s’agit-il plus précisément ? Rien n’est encore précisément défini pour le moment, mais nous pouvons citer par exemple l’intégration des cinq jours fériés propres à Mayotte qui ne font pas partie du Code du travail initial ; les références aux distances de travail qui peuvent être inscrites dans le Code, mais qui ne trouvent pas de sens ici compte tenu de la taille de l’île ; l’obligation de disposer de deux semaines de congés payés consécutives à prendre entre le 1er mai et le 1er octobre qui ne correspond pas à la réalité de l’hémisphère sud ; d’éventuels horaires de travail adaptés à la période du ramadan ; ou encore la Commission consultative du travail, propre à Mayotte, dont l’existence pourrait être prolongée d’un an. Autant de points qui pourront, selon l’issue des concertations, menées à des dispositions adaptées.
Par ailleurs, il a été convenu d’accélérer la transposition de certaines dispositions du Code de droit commun à celui de Mayotte en attendant l’application totale de celui-ci. À venir rapidement : l’assurance garantie de salaire, les tickets restaurant ou encore les contrats de génération. Également, les partenaires sociaux avaient demandé que l’ordonnance d’application du Code du travail au 1er janvier 2018 paraisse en amont, avec un délai suffisamment grand pour qu’ils puissent en prendre connaissance. “Nous allons aller en ce sens et accélérer cette ordonnance”, confirme le directeur du travail. Enfin, l’expert concède qu’il va falloir trouver rapidement une réponse à une demande, légitime, des partenaires sociaux : celle de formations permettant de s’adapter à la nouvelle règlementation à venir.
Un observatoire du travail temporaire ?
Des nouvelles aussi d’un serpent de mer : l’arrivée du travail temporaire. Des discussions à ce sujet ont eu lieu lors de la mission de cette semaine. “Les partenaires sociaux en ont une approche plutôt positive”, remarque Dominique Ledémé. “Ils souhaitent juste s’assurer qu’il n’y ait pas d’abus. Nous avons donc évoqué avec la Dieccte la possibilité de créer un Observatoire du travail temporaire. ” Si celui-ci se met en place, il appartiendra au ministère d’anticiper ou non la transposition de cette disposition.
G.V
Tourisme : le secteur est à la peine
Mayotte peine à attirer les touristes. En 2015, ils sont 50 700 a s’être rendu sur le territoire. Un chiffre stable par rapport à l’année précédente. “Cela nous semble plutôt être un message négatif. On espérait un développement plus important” déplore Jamel Mekkaoui, directeur territorial de l’Insee. Près de 6 touristes sur 10 arrivent de métropole. Le nombre de touristes réunionnais continue par contre de diminuer — 5 % en 2015. “Les touristes réunionnais sont plus sensibles à l’actualité et à l’activité sociale à Mayotte”, explique le comité du tourisme. 64 % des touristes viennent à Mayotte principalement pour rendre visite à des parents ou amis. C’est 17 % de plus qu’en 2014. À l’inverse, le tourisme d’agrément, dont le principal objectif est la découverte de l’île, baisse pour la deuxième année consécutive (— 13 %, après – 7 % en 2014). Avec seulement 9600 visiteurs, les touristes d’agrément ne représentent que 19 % de l’ensemble des touristes.
Baisse inquiétante du tourisme d’affaires
Le tourisme d’affaires recule très fortement avec une baisse de 29 %. Les 7500 touristes d’affaires ne représentent que 15 % de l’ensemble des visiteurs. Leur nombre n’a jamais été aussi faible. “Nous avons du mal à expliquer les causes de cette baisse. Le phénomène interpelle, avoir une baisse du tourisme d’affaires dans un territoire en développement, c’est un élément d’alerte. On ne s’y attendait pas” confesse Jamel Mekkaoui. Michel Madi, directeur du comité du tourisme abonde : “Le tourisme est un miroir de la société. Si l’on constate une forte baisse du tourisme d’affaires, cela veut dire qu’il n’y a plus d’investisseurs qui viennent”.
Les visiteurs dépensent peu
Mayotte profite peu du tourisme affinitaire. Seul un touriste sur cinq est hébergé en hôtel ou dans un gîte. Ces établissements n’accueillent que 21 % de l’ensemble des touristes. En 2015, les touristes ont dépensé 26.3 millions d’euros durant leur séjour. Un touriste dépense en moyenne 20 euros par jour à Mayotte. À La Réunion, en 2014, chaque touriste dépensait en moyenne 52 euros par jour. “Il faut prendre des précautions avec les comparaisons, les situations ne sont pas les mêmes. Le tourisme chinois se développe à La Réunion, ce sont des publics qui dépensent beaucoup” nuance Jamel Mekkaoui. Pour Michel Madi, Mayotte doit réussir à profiter davantage du tourisme affinitaire. Les voyageurs venus rendre visite à leurs proches à Mayotte ne dépensent que 14 à 15 euros par jours, à La Réunion un touriste affinitaire dépense 32 euros. “Des offres se développent sur notre territoire, des hôtels qui proposent des formules avantageuses pour les locaux, c’est un début”, explique Fatimatie Razafinatoandro, présidente du comité du tourisme.
Et demain ?
Les événements des dernières semaines sont encore trop récents pour que nous puissions évaluer les conséquences sur la fréquentation. Le comité du tourisme reconnait toutefois qu’il y a eu plusieurs annulations. “Les dommages pour l’image de Mayotte sont énormes” se désole la présidente du comité du tourisme. Tous les espoirs portent désormais sur l’arrivée au moins de juin de la ligne directe entre Paris et Mayotte.
Amandine Debaere
Mayotte pour les nuls
La charia est appliquée à Mayotte.
Faux
La charia n’est pas appliquée à Mayotte. En parallèle des lois de la République, la “législation locale musulmane” à destination uniquement des musulmans est édictée et appliquée par des juges religieux (les cadis) qui ordonnent les lois coraniques et non la charia. La religion musulmane, implantée à Mayotte depuis le XVème siècle, occupe une place majeure dans l’organisation de la société. 97,1 % des Mahorais sont d’obédience musulmane et de rite sunnite.
Des femmes des pays limitrophes viennent accoucher à Mayotte afin que leurs enfants bénéficient du droit du sol et obtiennent la nationalité française.
Vrai
La situation économique et sociale aux Comores étant critique, de nombreux comoriens estiment n’avoir d’autre choix que de prendre le kwassa pour se rendre à Mayotte. 9000 naissances ont été enregistrées dans le 101ème département en 2015 selon le centre hospitalier de Mayotte (CHM) soit près de 25 naissances par jour. Entre 10 000 et 10 500 naissances sont prévues en 2016. Dans l’île au lagon, sept naissances sur dix sont issues de familles comoriennes.
À Mayotte, le Smic (salaire minimum de croissance) est au même niveau que la métropole depuis le 1er janvier 2016.
Vrai et faux
Comme le rappelle le Bondy Blog dans un article paru le jeudi 14 avril 2016, depuis le 1er janvier 2016, le Smic à Mayotte s’élève à 1141,30 euros mensuels net. En France, il est quasiment du même montant : 1141, 61 euros. Sauf que… En France, le Smic est calculé sur la base de 35 heures par semaine. Or, à Mayotte, le Smic est calculé sur la base de 39 heures hebdomadaires. À Mayotte, le Smic brut horaire revient donc à 7,30 euros contre 9,67 euros en France métropolitaine. Car à Mayotte, la durée légale du travail est de 39 heures contre 35 heures ici. On est donc encore loin d’une situation à égalité entre la France, Dom Tom compris, et Mayotte.
Il existe une réelle inégalité entre le versement du RSA en métropole et sur l’île.
Vrai
Toujours selon le Bondy Blog, depuis la mise en place du RSA à Mayotte, les bénéficiaires du RSA du département bénéficient chaque fin d’année, comme partout en France, du versement d’une aide exceptionnelle, dite prime de Noël. Depuis 2012, son montant est inchangé : 38,11 euros pour une personne seule sans enfant, majorée pour les familles. Même pour cette aide, il y a inégalité : en France, DOM – TOM compris, le montant de cette aide est de 152,45 euros pour une personne seule sans enfant, soit 4 fois plus que le montant versé aux Mahorais.
Le département de Mayotte n’est pas la France, il aurait dû acquérir son indépendance.
Faux
Notons que Mayotte est un territoire français depuis 25 avril 1841. Donc avant Nice et la Savoie. En 1860, aux termes du Traité de Turin, la Savoie (c’est-à-dire les deux départements actuels) rejoint la France, avec le comté de Nice. Elle fait partie des derniers territoires rattachés au sol national.
Les Mahorais sont polygames.
Vrai (en partie)
Certains Mahorais pratiquent encore la polygamie, mais la loi française interdit l’union d’une personne avec plus d’un individu. L’Islam n’interdit pas aux hommes d’avoir plusieurs femmes. Donc, si un homme peut avoir plusieurs femmes dans les faits à Mayotte, au niveau administratif, à la mairie, il ne peut se marier qu’à une seule femme. Selon le Code civil, un mariage polygame ne peut être contracté en France. Il est impossible de se marier ou de se pacser avec plusieurs partenaires. Toutefois, il peut y avoir situation de polygamie hors mariage ou union civile (polygynie, polyandrie) ou lié à de récents types de concubinages (polyamour, tryade, couple libre, amour libre…).
Il y a une “chasse aux blancs” à Mayotte.
Faux
Il ne faut pas faire d’amalgames. Les derniers faits divers (le père de famille poignardé à Kawéni le 15 avril dernier, entre autres) ont été associés à un crime raciste par certains internautes mal intentionnés relayant un article du célèbre site d’extrême droite, fdesouche.com datant du 27 mars 2008. En effet, il y a 8 ans des ressortissants comoriens ont manifesté dans la rue pour exprimer leur colère après que la France ait décidé d’exfiltrer et d’accueillir Mohamed Bacar le chef d’État autoproclamé d’Anjouan qui fuyait les Comores suite au débarquement de l’armée Comorienne épaulée par l’OUA (l’Organisation de l’Unité Africaine). Lors de cette manifestation, des participants ont provoqué de violentes émeutes ce jour-là en s’en prenant à des métropolitains. Ces débordements ont été assimilés par certains à une “chasse aux blancs”.
Mayotte est l’un des départements qui coûtent le plus cher à la France.
Faux
L’article de Bondy blog rappelle une fois de plus que l’effort budgétaire de l’État par habitant est de 3964 euros par habitant à Mayotte contre 5331 euros par habitant à l’île de la Réunion par exemple. De plus, la dotation globale de fonctionnement (DGF) ne représente que 136 euros par habitant pour Mayotte contre 446 euros par habitant pour La Réunion ou 410 euros par habitant pour la Martinique.
Les Mahorais sont des assistés et des profiteurs.
Faux
Le taux de chômage à Mayotte s’élève à 23,6 % (même si beaucoup estime qu’il est ici sous-évalué) contre 10 % en France métropolitaine (Insee) et 28,6 % à la Réunion. Quant à l’indemnisation chômage, voici ce qu’indique l’Unedic sur son site consacré à Mayotte comme le réitère l’article de la journaliste Nassira El Moaddem : “La convention du 24 mars 2016 entre en vigueur à compter du 1er mai 2016 pour une durée de 3 ans. Elle poursuit l’adaptation des règles d’indemnisation spécifiques à Mayotte afin de les rapprocher du régime général applicable dans les autres départements”. C’est donc un accord spécifique qui régit l’indemnisation chômage à Mayotte, et non l’accord interprofessionnel du 22 mars 2014 introduisant une nouvelle convention Unedic en France. Autre exemple flagrant de la différence de traitement dont souffre l’île aux parfums, l’AFD a attribué récemment des crédits aux outre-mer. Mayotte n’est pas la mieux lotie. La Réunion a perçu le plus de financements (392 millions d’euros, soit 25 % de l’activité), devant la Martinique (350 millions d’euros), la Guadeloupe/Saint-Martin/Saint- Barthélemy (283 millions d’euros) et la Polynésie française (189 millions d’euros). Arrivent ensuite la Nouvelle-Calédonie (151 millions d’euros), la Guyane (94 millions d’euros), Les Terres australes et antarctiques françaises (50 millions d’euros). Et Mayotte ? Elle n’a perçu que 37 millions d’euros. C’est certes plus que Walliset- Futuna (22 millions d’euros) et Saint-Pierreet- Miquelon (0,1 million d’euros).
Par Marine Henquenet et Gauthier Dupraz
Ce que j’en pense Mayotte attend des actes forts de l’Etat et de ses élus !
Ces derniers jours, Mayotte a été entendue sur les ondes, sur internet, dans les journaux nationaux. La ministre s’est fendue d’interventions télévisées, de communiqués. Tous les médias y sont allés de leurs articles, de leurs analyses, de leurs comptes-rendus sur la situation dramatique de Mayotte. C’était sûrement nécessaire. Globalement c’était plutôt bien, nos préoccupations ont été entendues, relayées.
Et maintenant ? Concrètement ?…
Les citoyens se sont très fortement mobilisés ce mardi 19 avril, avec plus de 6.000 personnes dans les rues de Mamoudzou. Ils attendent, ils demandent, ils exigent de l’Etat et de leurs élus, qu’ils trouvent, ensemble, des solutions pour améliorer la situation de Mayotte, que l’île retrouve sa sécurité, son attractivité, sa joie de vivre.
Une rencontre de nos élus est prévue avec le Premier ministre le 26 avril. Qu’en est-il attendu ? S’agira-t-il juste de demander de l’argent pour les communes exsangues et des forces de l’ordre supplémentaires, certes bien nécessaires ? De l’argent pour les communes et le conseil départemental qui ont embauché des centaines, des milliers d’agents depuis des années, jusqu’à en être saturés ? Sans suivi de carrière (?), sans être capables de les former sérieusement malgré les possibilités, malgré le CNFPT où beaucoup de formations se terminaient quasiment sans agent.
Pour établir des relations saines, respectueuses, il faut tenir un langage de vérité. Il y a eu tant de recrutements familiaux, politiques, sans fiche de poste, sans compétence, sans concours, qui asphyxient depuis des années déjà le conseil départemental et les mairies, incapables de mener à bien des projets sérieux, ambitieux ?… Incapables de répondre aux enjeux et aux attentes des citoyens exaspérés.
Alors plutôt que d’augmenter les impôts locaux pour payer cette masse salariale, il conviendrait déjà de faire preuve de courage et de mettre ces équipes au travail, quitte à avertir, voire virer ceux qui ne bossent pas ou ne sont même pas à leur poste de travail, quitte à favoriser leur départ à la retraite, à les aider dans leur reconversion, et à y mettre des gens compétents. Il y a de plus en plus de jeunes compétents, expérimentés qui ne demandent qu’à se mettre au service du territoire, certains sont déjà dans les services, dans un placard, du fait de leur «couleur politique», d’autres trépignent sur les réseaux sociaux. Trouvez-leur une place, une mission, vite. Mayotte en a besoin.
S’agira-t-il pour l’Etat de dire que les choses s’arrangent lentement, que le chantier est considérable et que des efforts sont déjà consentis ? Devrions-nous nous satisfaire d’une école qui fabrique des analphabètes entassés dans des établissements, sans assez d’enseignants titulaires; d’une île qui croule sous l’immigration clandestine et où l’Etat n’est pas capable d’assurer la sécurité de ses citoyens ? Devrons-nous accepter de vivre sous le couvre-feu, barricadés dans des maisons-prisons, avec la peur de sortir dès la nuit tombée et de laisser des bandes de délinquants faire régner leur loi ?
Devrons-nous accepter de nous contenter d’un PIB par habitant de 7.900 €, quand il est de 31.500 € en Métropole, sous prétexte que nos voisins sont plus pauvres encore ?
Je pense que pour (re)lancer Mayotte, il convient que les uns et les autres arrêtent de se mentir, de nous mentir. Mayotte va mal, très mal ! Et je pense que l’Etat et nos élus doivent travailler ensemble, comme cela est dit et répété depuis des années, sans préjugés, avec sérénité, intelligence et respect mutuel.
Concernant l’immigration clandestine, problème crucial, les élus mahorais, bien au fait de la situation sur le terrain, devraient imposer à l’Etat et au Quai d’Orsay de reprendre les discussions avec l’Etat comorien. Il faut régler le problème en amont, plutôt que courir derrière sans fin en aval, épuisant les forces de l’ordre et générant un impact dramatique sur la nature, mais aussi engorgeant les écoles, les dispensaires et absorbant quasiment tous les efforts de l’Etat consentis au profit de la départementalisation tant attendue.
Mayotte souffre, les tortues sont braconnées par centaines, le lagon est pillé pour nourrir chaque jour ces milliers de clandestins. Les forêts sont coupées, brûlées, pour cuisiner ou planter, les champs des agriculteurs sont pillés avant la récolte.
Il conviendrait à mon avis de demander à l’Etat comorien de s’engager à détruire l’usine de kwassas d’Anjouan, à faire immatriculer tous les bateaux «de pêche», pour connaître les propriétaires, à interdire les départs de kwassas de Domoni, au lieu de les regarder partir en rigolant… C’est honteux de la part de ces dirigeants de laisser leurs citoyens risquer ainsi leurs vies, à cause de leur incurie, trop contents de ne pas avoir à leur assurer l’éducation, la santé, un travail et toutes les infrastructures nécessaires à un pays qui se développerait. Les Comores récupéreraient tous les délinquants comoriens condamnés à Mayotte pour qu’ils purgent leurs peines chez eux.
En échange, la France pourrait proposer une aide mensuelle, durant un an par exemple, à tous les clandestins qui accepteraient de repartir aux Comores, avec leurs enfants et un projet. Au vu de ce que cela coûte à la France ici, le compte serait vite fait. Ceux-ci pourraient ensuite obtenir facilement un visa pour revenir à Mayotte quand bon leur semble. Une coopération dans l’éducation et la santé serait mise en place.
Mayotte s’engagerait à accueillir un certain nombre d’étudiants à son université, ou en Métropole. Mayotte pourrait accueillir des étudiants infirmiers, des agents chargés de différents services publics, en formation. Les échanges économiques seraient facilités, les entreprises mahoraises, françaises qui s’installeraient sur place seraient encouragées.
EDM et la Sogea devraient contrôler leurs réseaux et couper toutes les dérivations sauvages, ils connaissent les débits et savent très bien où ça se passe. La justice devrait condamner plus sérieusement tous ceux qui logent, emploient, vendent de l’eau ou de l’électricité à ces clandestins. La loi le permet et la situation semble l’exiger.
Concernant la jeunesse désœuvrée : sans réaction, sans occupation, elle grandira, s’organisera, deviendra chaque jour plus violente et empêchera toute évolution saine de Mayotte. Il convient que chacun prenne ses responsabilités, comme tout le monde se plait à le dire… Les plus durs seront orientés vers des centres éducatifs fermés, des centres de «redressement», vers la prison-hôtel si nécessaire. Mais beaucoup, nés à Mayotte ou arrivés très jeunes, risquent de rester ici et il suffirait de s’en occuper pour leur éviter de basculer dans la délinquance, et leur offrir un espoir.
Le conseil départemental doit lancer, dans les 15 jours, l’appel d’offres annuel pour la formation professionnelle, dans les tiroirs depuis… deux ans. Il faut proposer à cette jeunesse un espoir, apprendre un métier et un début de rémunération. C’est de sa responsabilité et il perçoit 4,8 M€ de l’Etat chaque année pour cela…
Les maires doivent en urgence ouvrir leurs MJC. C’est de leur responsabilité ! Les citoyens pourraient très certainement proposer leurs services, même une heure par semaine, pour s’occuper de toute cette jeunesse. Elle pourrait là (re)découvrir les chants et danses traditionnels, le tressage ou la broderie, mais aussi le théâtre, la lecture, l’informatique, des cours de soutien scolaire… Ce serait déjà un bon début.
Les maires pourraient en profiter pour finir de nommer les rues, places et autres ruelles, c’est aussi de leur responsabilité et cela facilitera l’adressage des impôts et l’accès aux secours…
Le placement de Mayotte en ZEP (zone d’éducation prioritaire) a apporté plus de moyens et, vu les critères, Mayotte y avait vraiment droit. Une ZSP (zone de sécurité prioritaire) pourrait permettre de mieux sécuriser l’île et rassurer la population. La politique de la ville commence à trouver sa place, mais là aussi le rôle des communes est primordial. La rénovation de quartiers avec M’gombani, puis maintenant Kawéni et la Vigie, constitue une avancée, mais il y a tant d’autres quartiers à rénover ou reprendre. Il faut d’ores et déjà établir le planning à venir.
Pour faire face aux embouteillages qui font perdre tant de temps, tous les jours, et renchérissent le coût de la vie sur l’île, le conseil régional – c’est de sa responsabilité – et les mairies, doivent travailler de concert. Il serait temps de faire taire les divergences politiciennes, puériles, minables au regard des enjeux et des attentes de la population. Il faut lancer le projet de la rocade par les hauteurs de Mamoudzou, déjà engagé, et continuer la rocade de M’tsapéré jusqu’à Dembéni, comme prévu initialement.
Il faut aussi mettre en place un réseau de transports en commun – avec des bus électriques ! – avec un gare routière à Koungou et l’autre à Doujani ou Tsoundzou, avec de grands parkings surveillés et des bus qui sillonnent Mamoudzou, mais aussi le reste de l’île, même le week-end, pour tous les sportifs notamment. Cela a un coût, il faudra des tarifs pour les jeunes, des cartes d’abonnement, mais il faut l’engager sans tarder.
Pour dynamiser la vie culturelle et économique, il faut en urgence que l’Etat et la mairie de Mamoudzou débloquent une parcelle sur le terre-plein de M’tsapéré pour y faire construire un grand Parc des expos avec son parking, une salle polyvalente où il pourra autant y avoir des concerts, des spectacles de danse, de théâtre, de hip-hop, même en saison des pluies, que des foires internationales, des salons commerciaux, des séminaires… Un privé pourrait être sollicité si besoin. Mettez le terrain à disposition et établissez un cahier des charges !
Enfin, parmi les quelques idées et réflexions qui me sont régulièrement transmises, il en est une qui me parait essentielle, urgente, forte. Il s’agit, pour l’Etat, de placer Mayotte en zone franche globale, sur la base de critères (taux de chômage, pauvreté, habitat insalubre, niveau scolaire, taux de jeunes…), qu’elle serait malheureusement la seule à remplir à ce niveau.
Cela constituerait un signal fort de la part de l’Etat, pour Mayotte qui retrouverait une partie de son attractivité. Avec les jeunes en formation rémunérée et les MJC activées, la délinquance serait logiquement contenue et cela favoriserait la venue de médecins notamment, mais aussi d’investisseurs. Cela permettrait à l’économie naissante de décoller et de créer des emplois, pour embaucher ces jeunes bientôt formés, et dégager des recettes pour pouvoir payer les agents publics locaux qui seraient enfin activés et rendus efficaces par des cadres motivés et rompus au management d’équipes.
Je pense qu’il ne faut pas se mentir. Il y a du travail, beaucoup, avec plein de priorités à mener en parallèle. Il faut une volonté politique et des compétences. Les moyens sont en partie déjà là, notamment avec les fonds européens à activer. Il faut avoir l’intelligence de reconnaître ses faiblesses, ses lacunes, et oser demander de l’aide, un appui, des formations pour pouvoir avancer. Se taire, ne pas agir, par un orgueil inutile, par manque de courage, ne servira qu’à rendre la situation plus dramatique demain. Mayotte est un jeune département, nous devons apprendre. L’Etat a aussi besoin d’avoir en face de lui des élus forts, solides, avec des équipes réactives, compétentes, pour monter des projets ambitieux qui nous manquent tant.
C’est à mon avis à ces conditions, avec ces quelques idées et sûrement bien d’autres à mettre en oeuvre, que Mayotte pourra recommencer à aller de l’avant et que l’on pourra réussir la départementalisation, pour nous et nos enfants. Mayotte attend des actes forts de l’Etat et de ses élus !
Laurent Canavate
Du nouveau pour la déclaration de revenus
Quelles sont les nouveautés en 2016 ? Cette année est d’abord marquée par la première étape de la généralisation de la déclaration en ligne. Les usagers dont le revenu fiscal de référence de 2014 excède 40 000 € doivent à présent obligatoirement effectuer leur déclaration en ligne. Les usagers qui déclarent leurs revenus en ligne bénéficient immédiatement d’un avis : l’avis de situation déclarative à l’impôt sur le revenu (ASDIR). Pour les usagers non imposables, l’ASDIR remplace l’avis de non-imposition, qui n’existe plus à compter de cette année. Une messagerie sécurisée est accessible dans l’espace particulier. Elle permet de poser des questions, de faire une réclamation ou de consulter l’historique des échanges avec l’administration fiscale.
Enfin, la prime pour l’emploi est supprimée. Elle est remplacée par la prime d’activité, versée à compter de 2016 par les caisses d’allocations familiales. La déclaration doit être déposée en ligne jusqu’au 7 juin 2016 et papier jusqu’au 18 mai 2016, auprès du centre des finances publiques. Le Centre des finances publiques de Mamoudzou est ouvert du lundi au jeudi de 7h30 à 12h30 ; le vendredi de 7h30 à 11h30. À compter du 2 mai les horaires d’ouverture seront élargis l’après-midi : du lundi au jeudi de 14h à 15h30. Une permanence téléphonique sera assurée aux mêmes horaires au 06 39 27 30 09. Il est possible d’effectuer sa déclaration sur le site de la direction générale des finances publiques : www.impots.gouv.fr (24h/24h). Renseignements auprès du Centre impôts services au 0 810 467 687 du lundi au vendredi de 9h à 23h et le samedi de 10h à 20h (heures de Mayotte). Sinon écrivez au service des impôts des particuliers à sip.mamoudzou@dgfip.finances.gouv.fr.
Meurtre de Christophe : tous les suspects interpellés
Deux suspects restant étaient toujours activement recherchés jusqu’à ce matin. L’un d’entre eux, le plus jeune (13-14 ans) a été livré au commissariat par son père. Et le suspect le plus important, celui qui aurait porté le coup de couteau fatal au restaurateur, a été immobilisé par la foule à Kaweni aux alentours de midi avant que la police ne vienne le chercher. Les deux auteurs ou complices présumés de l’assassinat du trentenaire ont été mis en garde à vue. Le premier suspect interpellé samedi dernier est actuellement en prison, en détention provisoire.