Les échanges ont dû être houleux mardi soir à la Chambre de Commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM) entre les représentants de la chambre consulaire et un collectif de professionnels de la mer. Pomme de discorde : la gestion du ponton de Mamoudzou, prisé des pêcheurs et des touristes.
« Voleur », disent les uns, « voyou », disent les autres. Les noms d’oiseaux fusent de chaque camp. D’un côté, le collectif des usagers des pontons de plaisance de Mamoudzou et de Dzaoudzi et de l’autre, la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM), les deux s’étant entretenus hier soir en présence d’élus, afin d’échanger sur la question de la gestion des deux pontons.
Montés en collectif fin 2017, divers prestataires nautiques, ainsi que les représentants des plaisanciers et des pêcheurs des pontons de Mamoudzou et de Dzaoudzi ne décolèrent pas. Ils reprochent à la CCIM, mandatée par le Conseil départemental pour gérer les deux pontons, de faillir à ses missions. Manque d’entretien de l’infrastructure et des dispositifs de fixation en général provoquant « une mise en danger » potentielle des usagers, absence de navire pour l’assistance aux bateaux, défaillance de balisage des périmètres et chenaux, menaces d’enlèvement et de saisie des bateaux dont les propriétaires ne paient pas la redevance, etc. La liste des griefs est longue et étayée dans un courrier que le collectif a adressé au préfet, au procureur de la République, aux sénateurs et aux députés de Mayotte en novembre dernier. L’affaire a d’ores et déjà pris une tournure judiciaire puisque le gérant de l’entreprise Mayotte Lagon, professionnel usager du ponton de Mamoudzou, a sollicité les services d’un avocat afin de régler un litige relatif à un défaut de paiement.
Contactée par téléphone, la direction de la CCIM a démenti l’ensemble des informations ci-dessus. « Il faut bien comprendre que pour qu’une infrastructure fonctionne, il faut que les usagers paient », a plaidé Zoubair Ben Jacques Alonzo, accusant les membres du collectif de ne plus s’acquitter de leurs redevances, parfois depuis plusieurs années. « C’est du vol, c’est hyper malhonnête », poursuit le directeur général de la CCIM : « Ce collectif représente 8 usagers, sur les 110 du ponton qui paient pour eux ». Le responsable est lui aussi colère : « En attendant, ils embarquent bien des passagers, ils prennent bien l’eau du ponton, ils utilisent bien les infrastructures du port, leurs entreprises prospèrent, non ? (…) S’ils ne sont pas contents, ils s’en vont ! » Zoubair Ben Jacques Alonzo a également déclaré que la CCIM engageait chaque année entre 60 000 et 80 000 euros de travaux d’entretien, et qu’elle venait tout juste d’investir 85 000 euros, précisant que le budget du port de plaisance est rendu public. D’autre part, le directeur a tenu à préciser que la CCIM était déficitaire « tous les ans sur cette infrastructure ».
Ping-pong argumentatif
Malgré les investissements de la chambre consulaire, le gérant de Mayotte Lagon rapporte de nombreux problèmes, dont une panne – partie flottante du ponton sur laquelle s’amarre un bateau – qui se serait décrochée en raison des vents de la semaine dernière. « On paie trois fois le prix pour un ponton pourri », se plaint Patrick Varela, de Mayotte Lagon. « Malgré les coups de vents, le ponton est toujours là », rétorque le directeur général de la CCIM. « Oui, le port de Mayotte est plus cher que celui de La Rochelle. Mais s’il y a la vie chère à Mayotte, qu’y peut-on ? », argue encore Zoubair Ben Jacques Alonzo.
Autre motif de mécontentement : l’exploitation du port de plaisance accordée à la CCIM par le Conseil départemental, semblant relever de « favoritisme avéré » selon le collectif qui explique qu’une délégation de service public (DSP) « ne peut être reconduite, sauf dans l’intérêt général et pour une durée d’un an » et s’indigne ainsi que le Département ait conclu un septième avenant au contrat noué avec la chambre consulaire. « Il faut changer de mode de gestion », reconnaît Zoubair Ben Jacques Alonzo qui indique que cette responsabilité incombe au Conseil départemental qui n’a pas encore engagé de réelle procédure de mise en place d’une DSP. « On ne peut pas investir tant que le mode de gestion n’a pas changé », regrette-t-il, précisant que dans les prochaines semaines, le Conseil départemental devrait se saisir du sujet à bras-le-corps.
Enfin, la CCIM a déclaré qu’une procédure de contentieux était engagée pour que les usagers qui ne paient pas la redevance quittent les lieux et que cette affaire « devrait être réglée au cours de l’année ».
Histoire de la gestion du ponton de plaisance
Un document datant de 2015, cosigné par le préfet de l’époque, Seymour Morsy, et le président de la CCIM, Ali Hamid, explique déjà le cœur du problème. Voici ce qui y est précisé : « La CCI est gestionnaire du port de plaisance depuis sa création en 1995. Depuis 2011, au terme de son contrat, elle bénéficie d’avenant de prolongation de durée très courte pour continuer l’exploitation. Le dernier en date arrive à échéance le 31 août 2015. Cette situation rend très compliquée la gestion quotidienne des infrastructures car elle ne permet pas d’investir pour répondre aux besoins des usagers et crée une situation d’insatisfaction. Les usagers profitent de cette «défaillance» pour contester les tarifs en vigueur. Cela se ressent dans le taux d’impayés. Le département n’a toujours pas défini sa politique pour cet outil. Par conséquent, les objectifs suivants sont retenus : La commission de finances doit statuer sur les problèmes des tarifs des pontons; Engager des négociations avec le Conseil Départemental pour une DSP provisoire, incluant le solde du passif des pontons, ce qui permettrait à la CCI de repartir sur des bases saines; Concernant le personnel CCI détaché aux pontons (maître du port), il faut négocier avec lui son rattachement à la concession avant le transfert éventuel à un futur délégataire. Les autres agents restent attachés de droit à leurs fonctions aux pontons; La CCI doit se préparer à répondre à une éventuelle DSP, si telle était la décision du département. »
Hier à 17h35 un car scolaire a été caillassé à Kawéni, puis à 17h50 un autre caillassage de bus par des jeunes a eu lieu entre Majicavo-Lamir et Koropa. L’agression d’une extrême violence selon le conducteur, a fait 4 blessés dont 1 grièvement. Les stigmates sont encore visibles à l’intérieur du véhicule caillassé. Plusieurs galets et des morceaux de bois ont fini leur course sur les sièges du véhicule. Excédés par ses attaques à répétition, les chauffeurs de Matis ont décidé d’exercer leur droit de retrait. Ils se sont rassemblés tôt ce matin à la rocade de M’tsapéré, ce qui a occasionné plusieurs barrages érigés par des collégiens au nord, au sud et au centre de l’île. Encore une fois les usagers de la route ont été priés de prendre leur mal en patience.
La police a organisé un contrôle de vitesse samedi dernier sur la rocade de Mtsapéré. L’opération menée sur la RN2 a permis de relever huit excès de vitesse, compris entre 80 et 117 km/h, sur une portion limitée à 50 km/h. Sept amendes contraventionnelles et une délictuelle ont été dressées par les forces de l’ordre.
Le collectif des Citoyens de Mayotte, accompagné de manifestants, s’est uni samedi dernier à Pamandzi pour militer pour la piste longue de l’aéroport. L’allongement de l’actuelle piste est un sujet qui suscite toujours autant d’émoi.
Ils étaient environ 300 à manifester samedi dernier. Le collectif des Citoyens de Mayotte, composé de onze associations dont le Codim, les Assoiffés de Mayotte, Civirevos, les Femmes Leaders, ont entamé la marche à partir du rond-point du Four à Chaux et ont ensuite pris la direction de l’aéroport. Comme à l’époque de Zéna M’déré et de Younoussa Bamana durant les manifestations, le maulida shengue (chant traditionnel) était au cœur du cortège. Sur les banderoles, on pouvait lire : « Les Mahorais ne sont pas les vaches à lait d’Air Austral » ou encore : « Oui à la piste longue, non au bac à sable à la con ».
Entre chants et discussions, on pouvait également entendre le discours de ceux qui ne comprenaient pas pourquoi les Mahorais ne s’étaient pas mobilisés en masse comme durant la manifestation au sujet de la feuille de route : « On s’attendait à ce qu’il y ait autant de monde [que pour la feuille de route]. C’est vraiment dommage. Lorsqu’il faut manifester pour une chose utile, les Mahorais restent chez eux et croisent les bras en espérant que le peu de personnes qui se sont réveillées fassent le travail de tout monde », regrette un manifestant. Du côté des organisateurs, les avis divergent. Certains sont mécontents et auraient aimé voir une marée humaine à la manifestation, d’autres sont satisfaits, à l’instar de Soufiani Malide, membre du collectif des Citoyens de Mayotte : « Notre objectif n’était pas d’atteindre un nombre de personnes donné mais de passer un message. Et on pense que le message est passé car le Préfet est là et les médias aussi », commente-t-il.
Trois points ont été soulignés durant cette manifestation : la sécurité des usagers, le développement économique et le désenclavement de l’île. Pour Dhoimrati M’trengoueni, membre du collectif, contribuer à cette journée c’est « montrer et dire à nos élus qu’on est avec eux. Alors, qu’ils prennent les choses en main ! » Quelques élus avaient d’ailleurs fait le déplacement pour accompagner la population tels qu’Anchya Bamana, maire de Sada, Hafidati Mkadara, conseillère départementale de Bouéni, et Daniel Zaïdani, conseiller départemental de Pamandzi. « Le devoir d’un élu est d’être aux côtés de sa population. Donc, notre rôle est d’être ici et de soutenir cette initiative, d’autant plus que derrière l’élu se cache un citoyen qui connaît les mêmes difficultés que nos concitoyens », explique Issa Abdou, conseiller départemental de Dembéni.
Entre espoir et pessimisme
Un drame n’est certainement pas loin, craint Issa Abdou : « Il y a un problème manifeste de sécurité ici, il n’y a qu’à voir la descente des avions pour se demander non pas si un accident est possible, mais quand arrivera-t-il ? C’est donc une chose qui doit nous toucher et surtout nous faire agir et réagir ».
Entre les élus et les quelques citoyens qui gardent espoir quant à la révision du dossier, il y a ceux qui ne cachent pas leur pessimisme comme Oustadh Abdourahim, participant à la marche : « Cette manifestation est pour nous une très bonne chose même si le résultat est assez décevant. Nous avons besoin de cette piste longue pour justement participer à l’économie de Mayotte », déplore-t-il. « Mais je ne pense pas que cette manifestation changera quoi que ce soit à la décision de l’Etat », conclut-il.
La manifestation a touché à sa fin vers midi à l’aéroport de Dzaoudzi. Les membres du collectif ont pris le temps de remercier tous les participants. La pluie, synonyme de bon présage dans la tradition mahoraise, est venue arroser les manifestants. Reste à voir si elle apportera réellement de bonnes nouvelles.
Mansour Kamardine pour l’allongement de la piste
En déplacement à Paris, le député de Mayotte a montré son soutien aux manifestants du 20 janvier, à travers un communiqué en faveur de la piste longue : « La construction de la piste longue permettra le désenclavement de Mayotte, une importante baisse des tarifs aériens et favorisera le développement économique et social du 101ème département français, département riche de plusieurs centaines de milliers d’habitants. Sa construction est une nécessité. Parmi les grands investissements structurants dont Mayotte a besoin, la piste longue est « la » priorité. C’est pourquoi je souhaite, afin que sa réalisation intervienne au plus vite, que nous sollicitions la mobilisation des fonds européens pour couvrir la plus grande partie de son financement, qui est évalué à 200 millions d’euros environ ».
Le Conseil départemental n’a pas prolongé certaines exonérations sur l’octroi de mer, accordées aux entreprises locales. Depuis le 1er janvier, la taxation s’est envolée sur des matières premières. « Plusieurs centaines d’emplois sont menacés », selon le Medef de Mayotte. La collectivité aurait oublié de prolonger la délibération mais se serait engagée à rectifier le tir auprès du syndicat patronal.
« J’aime bien donner des exemples précis. » Thierry Galarme, président du Medef de Mayotte, met en exergue les conséquences de l’abandon de certaines exonérations sur l’octroi de mer, une taxe appliquée depuis 2014 à Mayotte. « L’entreprise Tôles de Mayotte était exonérée jusqu’au 31 décembre sur l’importation de sa matière première. Elle ne payait qu’un octroi de mer modique sur sa production. Depuis le 1er janvier, elle est passée d’un taux de 2,5 % à 26 %. » Conséquence : « L’entreprise n’est plus compétitive par rapport à la tôle importée de Chine. »
Des dizaines de sociétés seraient concernées par des hausses conséquentes et « plusieurs centaines d’emplois menacés », selon le représentant du syndicat patronal. « On pénalise le consommateur et on met en péril la production locale. C’est catastrophique pour les industriels. »
Le Medef « n’exclut aucun moyen d’action »
Thierry Galarme a alerté le Conseil départemental sur l’absence de prolongation de la délibération permettant ces exonérations jusqu’au 31 décembre 2017. La collectivité « n’a pas pensé à revoter un arrêté l’an dernier », croit savoir le patron des patrons. « Lors de nos derniers contacts, ils se sont engagés à le faire courant janvier. Il faut que la décision soit prise en assemblée plénière. » La délibération devrait être rétroactive, pour annuler la hausse opérée au 1er janvier. « Si le Conseil départemental ne revient pas sur sa décision, qui ne représente pas des recettes phénoménales, on n’a plus qu’à fermer nos usines. D’autant que s’ajoutent à cela le passage aux 35 heures et l’application du code du travail. »
« Le Medef a confiance dans le Conseil départemental pour trouver une solution par voie amiable, mais n’exclut aucun moyen d’action », poursuit Thierry Galarme. Une référence à l’opération menée début 2016 par le syndicat patronal, qui a « bloqué les services du Conseil départemental avec des camions de chantier et des militants, sans couper la circulation. » A l’époque, le Medef local s’opposait à une hausse de l’octroi de mer sur certains produits. Un accord avait été trouvé après ce bras de fer, qui avait conduit pharmaciens, entreprises du BTP ou encore vendeurs du marché dans la rue. Les exonérations « protègent la production locale, pas si nombreuse à Mayotte », assure Thierry Galarme.
Les principaux secteurs économiques qui bénéficient de l’exonération d’octroi de mer externe sur les matières premières et les biens d’équipements importés « sont l’agriculture, la pêche, l’industrie (une partie), le tourisme, la transformation des produits agricoles, l’aquaculture, l’artisanat et la restauration », indiquait le Conseil départemental dans un communiqué, publié en 2016. Près de 180 activités différentes sont concernées.
Le tribunal correctionnel de Mamoudzou jugeait hier une affaire de trafics de clandestins entre Anjouan et Mayotte. 7 personnes comparaissaient pour des faits remontant à 2016. Ils ont été reconnus coupables d’aide à l’entrée ou au séjour irrégulier d’étrangers sur le territoire national en bande organisée. Leur chef a écopé de 4 ans de prison fermes.
Ils sont accusés d’avoir réalisé une trentaine de voyages illégaux au départ d’Anjouan vers Mayotte entre 2015 et 2016. Les 7 prévenus, tous de nationalité comorienne, qui étaient appelés à la barre hier, étaient membres d’un important réseau comprenant plusieurs dizaines de personnes. Certaines sont passées à travers les mailles du filet. Les 7 comparses qui étaient convoqués au tribunal ce mercredi ont eu moins de chance.
Tout a démarré en avril 2016 lorsque le radar de M’tsamboro repère un kwassa se dirigeant vers les côtes mahoraises. Alors que la gendarmerie s’apprêtait à intervenir, l’embarcation décide de repartir en sens inverse. Rapidement, les forces de l’ordre ont repéré un individu qui semblait donner des instructions par téléphone depuis le front de mer de M’tsamboro. C’est son interpellation qui permettra de remonter le réseau.
Parmi les personnes interpellées, 7 seront placées en détention provisoire. Ils ont pour la plupart purgé 18 mois de prison avant leur remise en liberté en novembre dernier et leur jugement ce 17 janvier 2018.
Lors du procès, les 6 petites mains accusaient l’un des leurs d’être à la tête du réseau alors que ce dernier niait. “J’étais le chef du téléphone. C’est mon frère à Anjouan qui dirigeait tout”, tente-t-il de se défendre devant le juge pour éviter une peine trop lourde. En effet, le prévenu en question risquait jusqu’à 10 ans de réclusion si son rôle à la tête du réseau était confirmé.
Finalement, sa responsabilité en tant que chef du groupe a été reconnue comme telle par le juge et ses assesseurs. La peine infligée sera néanmoins plus clémente que ce que prévoyaient les textes. L’intéressé a donc écopé de 4 ans de prison fermes avec mandat de dépôt. Quant aux trois pilotes de kwassas et aux trois guetteurs, ils ont pris respectivement 20 mois fermes et 12 mois fermes. Ces derniers ont pu repartir libres de la salle d’audience. Tous ont également été condamnés à une interdiction de résider sur le territoire français pendant 3 ans. Ils doivent donc quitter Mayotte par leurs propres moyens ou attendre d’être interpellés par la police aux frontières. Une situation quelque peu paradoxale.
La grève se poursuit à Mayco à Longoni. Et hier le mouvement a dérapé. Les gendarmes ont interpellé deux salariés après une altercation entre grévistes et un huissier de justice.
Un incident s’est produit hier matin devant la société Mayco. Alors qu’un huissier devait se rendre dans les locaux de l’entreprise, les grévistes qui bloquent depuis plus de 70 jours la société lui ont barré l’accès aux locaux. D’après le témoignage d’un salarié, un de ses collègues a arraché le cahier de l’officier de justice. C’est l’élément déclencheur de l’intervention de gendarmerie qui accompagnait l’huissier. S’en sont suivis deux interpellations musclées. La gendarmerie a déclaré que trois agents ont été blessés par des coups et une morsure. « C’est faux », rétorque Soilihi Midaïn, le délégué syndical CGT Ma. « Aucun gendarme n’est blessé, mais par contre de notre côté nous avons cinq blessés à la suite des coups de matraque et jets de gaz lacrymogène. Trois sont à l’hôpital et les deux autres en garde à vue », expliquait-il hier au téléphone. « Nos collègues vont porter plainte, mais on sait que c’est peine perdue quand on s’attaque aux forces de l’ordre », ajoutait-il. Hier dans la journée, les vidéos de la scène d’interpellation ont fleuri sur les réseaux sociaux. On y voit, en effet, une intervention très musclée des forces de l’ordre. Les grévistes se plaignent notamment de provocations à répétition qu’un gendarme aurait formulées depuis quelques jours. « C’est lui qui a gazé un collègue. La veille, il nous avait menacés en disant : vous allez voir! » (sic).
À présent, faut-il craindre une escalade de la violence dans ce mouvement social qui s’enlise? En tout cas, les grévistes ne souhaitent pas communiquer sur la réponse qu’ils apporteront ou pas à l’incident d’hier. « C’est une honte pour le préfet et les élus ce qui se passe à Mayco. On a l’impression qu’elle fait ce qu’elle veut. Elle a notamment refusé de participer à la réunion proposée par le préfet avant les fêtes de fin d’année », condamne Soilihi Midaïn.
Pour rappel, les grévistes ont accepté les propositions de sortie de conflit de la direction, mais ils souhaitent que les dirigeants ne sanctionnent pas les grévistes une fois la grève terminée. Point sur lequel le directeur n’a pas souhaité s’engager. Un désaccord qui conduit à un bras de fer dont l’issue est difficilement perceptible.
Suite au décès d’une mère et de quatre de ses enfants à Koungou en raison de l’effondrement de leur habitation, près d’une centaine de résidents du quartier Caro Boina ont été évacués puis relogés. Où sont-ils désormais ? Seront-ils relogés de manière pérenne ? Qui est responsable du drame ? Eléments de réponse ci-dessous.
Depuis jeudi dernier, des habitants du quartier Caro Boina – où une mère et ses quatre enfants ont péri au sein de leur habitation suite à un glissement de terrain provoqué par de fortes pluies – sont hébergés d’urgence au foyer des jeunes de Koungou. D’après la Croix-Rouge, qui coordonne l’opération, les 86 personnes concernées (hommes, femmes et enfants) devront de nouveau être transférées dans un autre centre d’hébergement sous peu.
Jointe par téléphone, une des mères de famille actuellement logée au foyer des jeunes de Koungou avec ses sept enfants, son mari et sa mère, a expliqué qu’on lui avait proposé un hébergement à Tsoundzou 2 pour trois semaines mais qu’elle avait refusé, ses enfants étant scolarisés à Koungou et la famille ne disposant pas de moyen de transport personnel. « Je reste ici car je n’ai aucun autre endroit où aller », témoigne encore Mari (*le prénom a été changé), à qui un hébergement à Koungou a finalement été proposé. Si la Croix-Rouge et les associations comoriennes sont venues à la rencontre des familles évacuées, l’époux de Mari s’offusque de ce qu’aucun responsable de la mairie ne soit venu échanger avec elles. « Personne n’est venu nous parler, nous expliquer quelles démarches entamer, etc. », tempête le chef de famille. L’habitation dans laquelle loge la famille de cet homme a été érigée en 2003 sans permis de construire sur un terrain appartenant au groupe Cananga et fait partie d’une des premières à avoir vu le jour dans ce quartier, selon lui. « La commune était au courant et consciente du danger. Depuis le début, elle aurait dû dire à ma femme de ne pas construire ici, que c’était dangereux, mais la mairie n’a rien fait », ne décolère pas cet habitant.
A qui la responsabilité ?
Pour ce chef de famille, la responsabilité du drame survenu à Koungou la semaine dernière est donc directement imputable à la mairie. Nous avons cherché à de nombreuses reprises à contacter le maire de Koungou, notamment sur ces questions, en vain.
Cependant, une enquête est en cours et a pour objectif de déterminer les causes de la mort de la mère et de ses enfants afin de déterminer une éventuelle responsabilité pénale. Pour ce faire, nous explique le procureur de la République, Camille Miansoni, il est nécessaire de répondre à une série de questions préalables, telles que : « Qui est le propriétaire ? Dans quelles circonstances l’habitation a-t-elle été construite et mise à disposition ? Quel est l’historique de ce logement? » Il est encore bien trop tôt pour y apporter des réponses, l’enquête devant se dérouler « à froid » selon le procureur, et une fois le père de famille endeuillé en condition pour témoigner.
L’attaquant mahorais El Fardou Ben Mohamed, a quitté le club grec de l’Olympiacos où il évoluait depuis l’été 2017. Il a rejoint le weekend dernier le club serbe L’étoile rouge de Belgrade. L’international comorien, né à Passamainty, s’est engagé pour un contrat de deux ans et demi avec le club de la capitale serbe. Le transfert a été opéré pour un montant de 500 000 €. Se plaignant d’un faible temps de jeu (seulement 10 apparitions toutes compétitions confondues depuis le début de la saison), le Mahorais a refusé en décembre dernier l’offre de prolongation de son contrat formulée par son ancien club. À la suite de cette décision, les dirigeants de l’Olympiacos ont écarté El Fardou Ben Mohamed de l’équipe première. Le divorce était donc consommé entre le joueur et le club du Pirée (Athènes). « J’ai fait ma part en Grèce maintenant j’ouvre une nouvelle page en Serbie…», a déclaré en conférence de presse le natif de Mayotte. Il s’est dit honoré de désormais jouer pour « le plus grand club de foot serbe ». L’enfant du pays s’était illustré en juillet dernier en contribuant à la qualification de l’Olympiacos en ligue des champions. Il avait inscrit notamment 2 buts lors du match aller face au Partizan Belgrade le grand rival de son nouveau club.
C’est l’une des conséquences du violent cyclone qui a frappé Madagascar le premier week-end de janvier. De forts vents ont persisté toute la semaine au nord de l’île, rendant impossible les rotations des appareils d’Ewa Air. Une centaine de passagers de la compagnie mahoraise s’est retrouvée bloquée à l’aéroport de Diego-Suarez pendant plusieurs jours. Ava perturbe Ewa.
Le cyclone qui a balayé Madagascar il y a plus d’une semaine a des répercussions sur la compagnie aérienne mahoraise et ses passagers. Les conditions météorologiques ont conduit au report, jeudi 4 et vendredi 5 janvier, de deux vols, programmés au départ de l’aéroport de Diego-Suarez, situé au nord de Madagascar et à destination de Mayotte. Les voyageurs ont pu regagner Dzaoudzi-Pamandzi samedi 6 janvier, lors d’une accalmie. Les passagers des vols du dimanche 7 et du mardi 9 janvier, reliant Diego-Suarez à Mayotte, ont dû prendre davantage leur mal en patience. Ils n’avaient toujours pas pu embarquer vendredi. « Une centaine de personnes environ sont coincées là-bas », regrette le directeur de la compagnie, Ayoub Ingar. La situation devait rentrer dans l’ordre au cours du week-end, avec une météo s’annonçant plus clémente du côté de Madagascar. Mais une dégradation, attendue à Mayotte, laissait planer l’éventualité d’un nouveau report des vols pour Dzaoudzi-Pamandzi. Tout au long de la semaine, « le problème à Diego, c’était le vent en biais. C’est très risqué. La limite autorisée (pour décoller et atterrir, NDLR) est de dix nœuds dans cet aéroport. » Depuis que le cyclone a frappé le pays, « on a entre 18 et 28 nœuds », assure Ayoub Ingar. « La sécurité est notre priorité. A Diego, la piste est plus petite qu’à Mayotte. Avec le même vent, d’autres pistes nous permettent d’atterrir. Les aéroports de Diego et d’Anjouan sont les deux points noirs. » Deux vols exceptionnels ont été programmés ce week-end, pour rapatrier les passagers de Diego-Suarez. « On a ouvert notre cellule de crise. Nous devons jongler avec les appareils et l’équipage, tout en respectant les règles, et en assurant le programme régulier. Tout le monde est mobilisé. » La compagnie ne possède que deux avions ATR 72-500 pour une vingtaine de pilotes, copilotes et personnel naviguant. Côté programme régulier, un autre vol était prévu ce samedi, entre Diego-Suarez et Dzaoudzi-Pamandzi. Complet, il ne pouvait pas prendre en charge les voyageurs bloqués. Conséquence : « Si la météo s’aggrave, ça augmente le nombre de passagers qui ne peuvent pas embarquer », craignait, par anticipation, le directeur d’Ewa Air.
La colère gagne certains des passagers bloqués à Madagascar
Ils ont dû être délogés par les forces de l’ordre. En colère, une partie des passagers bloqués à Diego-Suarez a envahi, jeudi, l’agence Air Austral de l’aéroport malgache. Ewa Air est une filiale de cette dernière compagnie. «Je comprends un peu ces passagers», livre le directeur d’Ewa Air, Ayoub Ingar. «Cette situation n’est pas de notre faute. Aucune compagnie ne laisse un avion cloué au sol par plaisir ou pour embêter les gens. Ça coûte plus cher qu’un avion en vol.» La grogne des voyageurs de Diego-Suarez est sans doute alimentée par l’absence de prise en charge par la compagnie : ni repas, ni hôtel. «La réglementation européenne dit qu’en cas de catastrophe ou phénomène naturel, nous n’avons pas à le faire», réagit Ayoub Ingar.
Le 23 décembre dernier, l’association Handicapable de Mayotte s’est rendue au pied du mont Choungui avec le pari d’atteindre le sommet. Un défi accompli, non sans un peu de douleur, certes, mais surtout dans la joie et la bonne humeur ! Entre la préparation et l’ascension, l’évènement a permis à l’association de faire passer des messages. Récit.
S’il existait déjà, le terme « handicapable » a été entendu pour la première fois sur l’île en mars 2017, durant le tour de Mayotte en fauteuil roulant (TMF). Son promoteur, Ambdirazakou Ousséni Coco -alias Docteur Léo – paraplégique mahorais, définissait alors le terme « handicapable » ainsi : « Un handicapable est une personne en situation de handicap qui défie ses limites dans l’intention de prouver que le handicap n’est pas une fatalité, mais bien une situation qui incite à l’adaptation. » Il ajoutait « Un handicapable est aussi une personne valide qui a pris conscience de la discrimination dont sont victimes les personnes en situation de handicap et qui agit de façon concrète pour défendre leur cause. »
► Docteur Léo, administrateur de l’association Handicapable de Mayotte. Crédit photo : DJ Mike.
► Top départ pour trois jours d’ascension. Crédit photo : DJ Mike.
Aujourd’hui, l’instigateur du TMF et administrateur de l’association Handicapable de Mayotte résume: « En définitive, un handicapable, c’est le mariage entre une personne valide et une personne en situation de handicap, le mariage de leur courage, leur noblesse et leur solidarité. Notre association ne pouvait porter un autre nom, car aucun autre nom n’aurait pu mieux traduire la raison de son existence. »
Après ce défi du Tour de Mayotte, l’association s’est lancée un autre challenge : gravir le mont Choungui avec des personnes en situation de handicap. Trois jours, trois étapes : la montée de la côte menant au village de Choungui le vendredi 22 décembre, l’ascension du mont le samedi 23 décembre et la descente du mont le dimanche 24 décembre. Challenge réussi avec brio.
► Crédit photo : DJ Mike.
« Nous n’avions rien, et deux semaines pour réussir notre pari. »
« Le samedi 9 décembre, nous avions une réunion dans le cadre de la création de l’association et avant ce jour nous n’en avions jamais vraiment parlé », dévoile Docteur Léo. « L’idée a été proposée et validée ce jour-là, pour une réalisation du projet le 23 décembre. Nous n’avions alors rien, et deux semaines pour faire en sorte de réussir notre pari. »
L’ascension du mont Choungui devait répondre à quatre des 16 points de l’article 2 des statuts de l’association, à savoir « Apporter un nouveau regard sur le handicap en interpellant les citoyens » ; « Sensibiliser et informer sur la notion du handicap » ; « Mener des actions individuelles et collectives sur toute l’île »; et « Lutter contre l’isolement des familles détenant une ou des personnes en situation de handicap. »
Un fauteuil roulant au sommet du mont Choungui ? L’idée, pour son côté extravagant voire irrationnel, est rapidement relayée par les médias locaux. Logiquement, l’information se répand comme une traînée de poudre. Articles de presse, émissions de radio, ou encore journaux télévisés, Docteur Léo et l’association Handicapable de Mayotte font le buzz tandis qu’une pluie d’encouragements déferle sur les réseaux sociaux et les chaînes de radio.
Dans la commune de Kani-Kéli, et particulièrement dans le village de Choungui qui doit accueillir l’évènement, la mobilisation s’organise : une famille s’engage à héberger les Handicapables durant les trois jours qui couvrent le projet. De son côté, l’association du village Zazatsara La Montagne leur promet un grand accueil.
Néanmoins, trois jours avant l’évènement, la question de la sécurité se pose à nouveau et fait débat au sein de l’association. En réunion, le mercredi 20 décembre, il est question de reporter l’action à une date ultérieure.
► Fin de la première étape et accueil populaire à Choungui. Crédit photo : DJ Mike.
A Choungui, la fête jusqu’à minuit
« Une société spécialisée dans l’escalade se propose de sponsoriser l’évènement et de prendre intégralement en charge la montée des personnes en situation de handicap », fait savoir Toihir Saïd Hassani, trésorier de l’association Handicapable de Mayotte. « Mais elle a besoin de plus de temps pour obtenir les moyens de financer l’équipement nécessaire pour un tel projet. Elle nous demande de décaler l’ascension au mois de mars 2018. » Il poursuit : « Nous avons six personnes en situation de handicap, dont quatre en fauteuil roulant, et aujourd’hui, nous sommes à peine une dizaine d’accompagnateurs. Sans tenir compte des risques météorologiques, en cette période de fortes pluies. Le défi est intéressant, mais nous devons aussi être réalistes. »
► Crédit photo : DJ Mike.
« Nous avons fait tous les médias de l’île et le message est plus que passé : on nous attend. Nous ne pouvons pas faire machine arrière si près du but ! », rétorque Alkaline, secrétaire adjoint de l’association. « Nous maintenons l’ascension », tranche Docteur Léo, « mais en vu du nombre que nous sommes, nous ne pouvons monter tous les fauteuils au sommet. C’est insensé. Le samedi 23 décembre, nous laisserons deux personnes en fauteuil au village de Choungui. » Une proposition validée à l’unanimité.
Vendredi 22 décembre, jour J. Les Handicapables se retrouvent à 13h à Caroni dans la commune de Chirongui, pour la première étape de l’ascension. C’est une quinzaine de personnes qui s’attaque à la côte ralliant le carrefour au village de Choungui. Rejoints au carrefour Djalimou, à mi-chemin, par les policiers municipaux de la commune de Kani-Kéli et une vingtaine de volontaires, les Handicapables atteignent Choungui en fin de journée, effectivement accueillis comme des héros par les Chounguiens et l’association culturelle du village.
► Crédit photo : DJ Mike.
« Prendre le temps » : le mot d’ordre de l’ascension
« Cet accueil populaire, ces danses et chants traditionnels pour nous escorter lentement et sûrement vers la place publique du village, ces mamans qui nous couvrent de fleurs de jasmin, ces sourires, ces accolades, ces encouragements, ces félicitations… Cette ambiance rappelle fortement les fins d’étapes du tour de Mayotte en fauteuil roulant. C’est très fort émotionnellement », savoure la vice-présidente de l’association, Asmine Inssa.
Le temps de souffler et d’engloutir le festin préparé par la famille d’accueil, et les Handicapables regagnent en début de soirée la place publique du village, où les associations culturelles se succèdent jusqu’à minuit pour une fête en l’honneur des invités du jour.
Samedi 23 décembre. La nuit a été courte pour les Handicapables, qui se dirigent tranquillement au pied du sommet. C’est entourés d’une dizaine d’accompagnateurs que Miki, président d’honneur de l’association HDM et tétraplégique, Saïdal, père de famille non voyant, Fatima, jeune sudiste en situation d’obésité sévère, et Docteur Léo entament l’ascension.
Ce dernier traverse les premiers obstacles sur son fauteuil, et quand ceux-ci sont infranchissables, les « handicapables valides », saisissent les quatre parties du fauteuil et changent la donne. Deux heures après le départ, voici le groupe scindé en deux. Devant, Mikdar et Saïdal sont accompagnés par une partie des membres de l’association, toutefois leur handicap perturbe dans une moindre mesure l’ascension.
Pour Fatima et Docteur Léo, c’est une autre histoire. A mi-parcours, il n’est plus question de marche, mais d’escalade. Le fauteuil n’est plus utile : il est porté au dos par deux volontaires qui se relaient et rejoignent le groupe de tête. Ici, le mot d’ordre est « prendre le temps ».
►Crédit photo : DJ Mike.
« P… c’est ça Mayotte ?! »
Il faut tantôt porter entièrement l’initiateur du tour de Mayotte en fauteuil roulant, tantôt porter la partie basse de son corps : les jambes et le buste, paralysés, afin qu’il puisse escalader avec la force de ses bras. Les efforts sont intenses sur de courts instants. Conséquence, l’ascension est lente et marquée par un nombre incalculable de pauses.
Mais elle s’accomplit, roche par roche, racine par racine. Au bout de cinq heures d’ascension, les premiers points de vue apparaissent pour Docteur Léo. Ils en prennent plein les yeux, enfin, au sommet !
« P… c’est ça Mayotte ?! », s’exclame le principal instigateur du mouvement, sous le coup de l’émotion. « On l’a dit, on l’a fait ! Je n’arrive pas à y croire, je vais chialer ! » Contrairement au TMF, Docteur Léo parviendra à retenir ses larmes de joie. Place au repos pour les Handicapables, qui passent la nuit au sommet.
► Les handicapables dans les nuages du mont Choungui, aux aurores.
Dimanche 24 décembre. Comme au crépuscule la veille, les nuages camouflent le soleil au lever du jour, gâchant l’un des plaisirs à camper au sommet du mont Choungui. Néanmoins, la nuit, l’équipe a été épargnée par les intempéries, comme depuis le début de l’aventure. Un petit miracle à la vue des prévisions météorologiques.
« Il a plu des cordes toute la semaine qui a précédé l’ascension, y compris la nuit. Et la météo ne présageait rien de bon. On s’est tous demandé ce qu’on allait bien pouvoir faire là-haut si une tempête s’abattait sur nos têtes. On savait qu’on n’allait pas reculer, mais on a beaucoup prié pour que le ciel soit clément avec nous ce soir-là, s’esclaffe Petoulet. Visiblement, nos prières ont été entendues. »
Il est maintenant temps de redescendre. Mais comment ? La question se pose, les propositions ne sont pas nombreuses, l’introspection est de mise devant le sublime panorama du sud de Mayotte.
Quel message ?
Après de longues minutes de réflexion, les Handicapables se décident à entamer la descente, avec Miki, Docteur Léo et le fauteuil sur le dos. Aussi longue que l’ascension, la descente est néanmoins assurée par une corde de sécurité montée au sommet par d’autres membres de l’association la veille, peu après l’arrivée des Handicapables.
Lentement mais sûrement, l’équipe descend le mont Choungui avec la plus grande prudence, jusqu’à parvenir à ses fins. Au pied du mont, ligne de départ devenue ligne d’arrivée, une vingtaine d’individus est venue féliciter l’association. « Je n’ai pas eu la force et le courage de monter avec eux, mais je tenais à être présente à leur arrivée pour les féliciter », assure Moina, habitante de Choungui.
► Photo de famille au pied du mont avant d’aborder la seconde étape.
C’est au pied du mont que les Handicapables se séparent, au bout de trois jours intenses en sport et en émotions. Ils se retrouvent – pour une grande partie – une semaine plus tard sur la plage des 3 Baobabs à M’bouanatsa, pour fêter le passage à 2018. Autour des grillades de brochettes de viande et autres cuisses de poulet, l’heure est aux remémorations, aux railleries sous forme de clin d’œil, et à un premier bilan pour les membres dirigeants.
« Nous avions un message à passer et nous l’avons fait quand on nous a invités à la radio, quand on nous a interviewés, quand on est arrivé à Choungui et que les villageois nous ont donné la parole : les personnes en situation de handicap peuvent s’adapter aux situations et s’intégrer dans la société si on leur en donne les moyens. Et de ce fait qu’ils ne méritent pas d’être isolés. Car nous sommes terriblement isolés », déplore Docteur Léo.
► Fin de la deuxième étape et photo de famille au sommet pour l’association HDM.
L’ascension du mont Choungui en trois jours a donc permis à l’association Handicapable de Mayotte de répondre à plusieurs de ses raisons d’exister, notamment « Lutter contre l’isolement des familles détenant une ou des personnes en situation de handicap » : la plupart de celles ayant participé à cette opération mettaient les pieds à Choungui et dormaient ailleurs que chez elles pour la première fois.
Aussi, les interventions médiatiques et dans les villages ont contribué à « Apporter un nouveau regard sur le handicap en interpellant les citoyens » et à « Sensibiliser et informer sur la notion du handicap » : deux autres points des statuts de l’association. Mais pour HDM, le combat ne fait que commencer.
► Début de la troisième et dernière étape : la descente… « Mais comment descendre ? », ont-ils tous l’air de se demander !
« Pour que le message finisse par être ancré dans les mœurs, une bonne fois pour toutes, nous nous devons de répéter les actions et évènements marquants. Nous nous devons de retourner au contact des Mahorais, des jeunes en particulier. C’est pour cela que nous avons un certain nombre d’idées que nous allons faire naitre, comme nous l’avons fait avec le TMF ou l’ascension du mont Choungui », promet Docteur Léo.
Voici un article qui porte sur le même sujet mais avant la montée:
Le Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage (Cross) a annoncé hier soir le sauvetage des deux pêcheurs mahorais perdus en mer depuis mardi dernier. Un ouf de soulagement pour le monde de la pêche et pour les familles des rescapés.
Une barque de plaisance mahoraise partie en pêche au large de Petite Terre victime d’une panne de moteur a fait l’objet d’un important dispositif de recherche en mer depuis mercredi.
Une opération de recherche a été menée par l’organisation des secours maritimes (SECMAR), l’Unité Territoriale de la Direction Mer Sud Océan Indien (UTDMSOI) de Mayotte, l’hélicoptère de la section de Gendarmerie de Mayotte, la vedette côtière de surveillance maritime « L’Odet» ainsi que deux navires de pêche.
Le CROSS Réunion a demandé après accord des autorités maritimes malgaches, à 6 navires de commerce en transit dans cette partie du canal du Mozambique, de se dérouter vers la zone de recherche, estimée le 11 janvier à plus de 60 milles nautiques (110 Km) de Mayotte.
Dans le courant de l’après-midi du 11 janvier, l’un des navires déroutés, le cargo « ASTAL » battant pavillon des îles Niue (Pays insulaire du Pacifique Sud) prévient le CROSS Réunion de la présence d’une barque à la dérive avec deux personnes à bord. Rapidement identifié comme les marins recherchés et ne soufrant d’aucun problème médical particulier, il est proposé au cargo de les prendre en charge et de se dérouter au plus près des côtes mahoraises.
Le cargo et ses nouveaux passagers étaient attendus hier vers 23h00 (heure de Mayotte). Les rescapés, sains et saufs, ont été pris en charge par la vedette de la brigade nautique de la gendarmerie à proximité de la passe de Bandrélé (Sud-Est de Mayotte) pour les ramener à terre.
À la suite du drame qui s’est produit hier soir à Koungou et qui a coûté la vie à 5 personnes, la préfecture a décidé de procéder à l’évacuation de 150 personnes.
Elles vivaient dans la zone en question située au-dessus de la résidence « Hameau du récif » (non loin de la mairie) et étaient installées dans des habitations de fortune. Ce matin, le préfet Frédéric Veau accompagné du maire Assani Bamcolo Saindou ainsi que du substitut du procureur de la République et de l’ensemble des services de l’État concernés s’est rendu sur place pour constater les dégâts et « apporter leur soutien aux habitants et à la famille des victimes ». « Le préfet de Mayotte tient à rassurer les familles qu’il mettra tout en œuvre pour déployer l’ensemble des moyens à sa disposition afin de les soutenir dans cette douloureuse épreuve », a déclaré le service communication de la préfecture.
Mercredi vers 23 h à Koungou, un glissement de terrain a emporté deux cases en tôles.
Une mère de famille et 4 de ses enfants sont morts ensevelis. Seul un des enfants a survécu. Ce drame s’est produit non loin de la mairie. Installées à flanc de colline les habitations précaires présentent un danger non négligeable en cas d’intempéries. L’incident intervient après les fortes averses qui sont tombées dans la nuit de mercredi à jeudi. Il relance la question de l’habitat indigne qui pousse chaque jour dans les ravines et les collines en raison de l’immigration clandestine et de l’absence de logements dignes pour ces populations. Le défrichement est également mis en cause. En l’absence d’arbres, plus rien ne retient la terre. L’urbanisation sauvage et l’agriculture clandestine augmentent ces risques de mouvements de terrain.
Le maire de Mamoudzou Mohamed Majani, a formulé ses vœux hier sur le parvis de l’hôtel de ville. Un discours dans lequel il souhaité insister sur la nécessité de mettre l’accent sur la sécurité pour cette nouvelle année.
« Nous allons poursuivre les efforts entrepris, en coordination avec les services de l’État ». Tel était le vœu pieux de Mohamed Majani au moment de présenter ses vœux 2018. Pour illustrer ses paroles, le maire a fait référence au système de vidéosurveillance récemment mis en place. « Il sera opérationnel dans les semaines à venir », promet-il. Un projet qui a coûté environ 4 millions d’euros et qui a été financé sur fonds propre avec l’aide de la réserve parlementaire du sénateur Thani Mohamed Soihlli à hauteur de 50 000 €. La rénovation des locaux de la police municipale a été réalisée en parallèle pour un montant de 300 000 €. Le centre superviseur urbain (CSU) y a été installé.
Si la commune a investi dans la sécurité et compte poursuivre sa démarche, elle appelle néanmoins à un « effort collectif » pour lutter contre l’insécurité. Le maire en a appelé aux propriétaires fonciers dont les terrains sont occupés illégalement par des « squatteurs ». « Aidez-nous à réduire les bidonvilles, en engageant des actions en justice », lance Mohamed Majani. Il aurait pu s’appuyer sur l’exemple de la famille Batrolo qui a lancé depuis 2016 des procédures d’expulsion d’habitations illégales sur ses terrains qui s’étendent au-dessus sur une partie de la côte Sogea à Kaweni. Mais visiblement, ces actions n’ont pas avancé puisque les cases en tôle sont toujours là.
Mais lutter contre l’insécurité passe aussi par l’encadrement des jeunes pour éviter l’oisiveté. Mohamed Majani a rappelé par exemple le partenariat avec Pôle emploi pour financer des formations leur étant destinées ou encore l’ouverture récente de la MJC de M’gombani.
L’amélioration du cadre de vie a aussi été mis en avant par l’élu municipal, en témoigne les travaux en cours à M’gombani. Il a aussi cité l’exemple de Kaweni avec sa maison du projet qui rassemble les divers acteurs de la société civile pour repenser l’aménagement du quartier dans le cadre du programme national de renouvellement urbain. Enfin, une parenthèse a été faite sur le projet de transports interurbains Caribus dont les premières rotations sont attendues pour 2023, si tout va bien d’ici là…
L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a annoncé le 3 janvier via un tweet qu’une mission de protection avait récemment été menée à Mayotte, lors de laquelle 400 demandeurs d’asile venus de l’Afrique des Grands Lacs avaient été entendus. Dans l’attente des résultats de cette mission, Flash Infos revient sur la situation de ces candidats au statut de réfugié. Et en termes d’hébergement, d’allocations et de soins pour ces populations, Mayotte semble manquer à ses devoirs.
« En besoin manifeste de protection », c’est ainsi que l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a qualifié la situation des 400 demandeurs d’asile originaires de la région de l’Afrique des Grands Lacs à Mayotte qu’il a entendus. En mission de protection durant 3 semaines sur le 101ème département français, l’Ofpra a collaboré avec l’association Solidarité Mayotte, qui a accompagné plus de 1400 demandeurs d’asile en 2017 dont 500 nouveaux arrivants. « Un nombre clairement en augmentation », note Mouhamadi Assani, directeur adjoint de la structure. Parmi ces candidats au statut de réfugié, beaucoup viennent de la région de l’Afrique des Grands Lacs, fuyant la crise politique que traverse le Burundi et les exactions, ou encore les conflits armés de la République démocratique du Congo, notamment dans la région de Kivu, et qui provoquent d’importants déplacements de population.
Des « atteintes graves » au droit d’asile
L’année dernière, l’association a accueilli 99 Congolais, 77 Burundais et 53 Rwandais nouvellement arrivés, la plupart arrivant depuis la Tanzanie et changeant de bateau en pleine mer, passant sur des kwassas pour rejoindre Mayotte. « J’ai l’impression que depuis septembre, le nombre de demandeurs d’asile originaires du Burundi augmente, certainement en raison de la crise mais peut-être aussi à cause de certaines opportunités [en raison de l’augmentation ou de la formalisation des filières de passeurs] », observe le directeur adjoint de Solidarité Mayotte, qui note de manière générale une plus grande part de mineurs non accompagnés (76 sont pris en charge par Solidarité Mayotte dont 40 arrivés en 2017) et de femmes seules ou avec enfants. Et malheureusement, les conditions d’accueil et d’accompagnement de ces personnes en situation de grande vulnérabilité ne sont pas optimales sur le territoire – notamment pour les mineurs, en l’absence de foyer de l’enfance et de financements du Département dans ce domaine. En septembre 2017, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCD H) mentionnait dans un rapport public des « atteintes graves » au droit d’asile à Mayotte, pointant du doigt un certain nombre de dysfonctionnements dans le traitement des demandes : mesures d’éloignement irrégulières notamment pour les ressortissants comoriens et malgaches « systématiquement placés au centre de rétention administrative après leur interpellation, et (…) bien souvent renvoyés avant même que leur éventuelle demande n’ait été enregistrée et examinée par l’Ofpra »; des problèmes de réception des documents administratifs en raison d’un adressage problématique sur l’île ; l’absence ou le manque d’interprètes ; des délais pour un entretien avec l’Ofpra particulièrement longs, etc.
Un constat que partage le directeur adjoint de Solidarité Mayotte qui retrace le parcours du combattant du demandeur d’asile à Mayotte : entre le moment où ce dernier dépose une demande d’asile et la réponse qu’il obtient de l’Ofpra, entre trois et quatre ans peuvent s’écouler, « même si les choses s’améliorent », tempère Mouhamadi Assani. Cette personne ne peut travailler avant neuf mois et ne bénéficie pas des allocations auxquelles elle a droit « en raison d’un régime dérogatoire à Mayotte », explique le responsable. Une situation administrative et financière qui ne permet pas à ces migrants de vivre décemment. En outre, aucun centre d’accueil de demandeurs d’asile n’existe sur l’Ile aux Parfums, seule Solidarité Mayotte propose 15 places d’hébergement d’urgence, financées par la Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS). Et si en décembre la DJSCS a débloqué de nouveaux fonds pour 20 places supplémentaires, le nombre de lits demeure « dérisoire » en regard des besoins, pour Mouhamadi Assani. Ainsi, le demandeur d’asile peut bénéficier d’un toit durant un mois, renouvelable une fois, mais sera contraint de laisser sa place au bout de deux mois maximum. « Nous demandons aux communautés de prendre en charge ces personnes si possible mais sinon, nous sommes sans solution, elles sont livrées à elles-mêmes », regrette le directeur adjoint. A titre d’exemple, il chiffre : « Entre le 22 décembre et hier, 47 personnes sont nouvellement arrivées. L’hébergement est déjà plein. »
« Problème de gouvernance »
Solidarité Mayotte proposait également un accompagnement psychologique et des soins infirmiers, un dispositif financé par l’Agence régionale de santé (ARS) mais dont les fonds n’ont pas été renouvelés, selon Mouhamadi Assani. Ainsi, les médecins du centre médico-psychologique (CMP) de Mamoudzou contactent-ils Solidarité Mayotte, relate le directeur adjoint, afin de trouver une solution pour ces populations ayant vécu de grands traumatismes et pouvant difficilement être prises en charge en raison de l’engorgement du CHM. Suite à la suppression du dispositif de soins porté par Solidarité Mayotte et en l’absence de couverture maladie universelle (CMU) et d’aide médicale d’Etat (AME) auxquelles ont théoriquement droit les demandeurs d’asile, qu’a prévu l’Etat pour la santé de ces étrangers ? « Cela pose de nombreux problèmes, notamment en termes d’épidémies », avertit Mouhamadi Assani, évoquant par exemple le virus Ebola. Outre la problématique des droits fondamentaux de ces migrants, se pose donc une question de santé publique pour l’ensemble de la population de l’île. Contactée, la délégation mahoraise de l’ARS a démenti avoir suspendu les financements de ce dispositif, et a affirmé avoir effectué les paiements de 2017 et avoir même prévu une enveloppe à la hausse en 2018. « Le dispositif a cessé fin 2016. En 2017, les fonds de l’ARS ont servi à l’aide alimentaire aux personnes démunies », s’étonne le directeur adjoint de Solidarité Mayotte.
Pour Mouhamadi Assani, la prise en charge des demandeurs d’asile à Mayotte pose un problème de « gouvernance administrative » et de responsabilité : « Je ne sais pas quand l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration, ndlr) va se décider à prendre en charge les demandeurs d’asile », s’interroge le directeur adjoint. D’autant que le problème est complexe à Mayotte, avec des demandeurs d’asile de tous horizons : en 2017, l’association a accueilli des migrants du Yémen, de Tanzanie, du Soudan, du Sénégal, de l’Ouganda, d’Inde, d’Ethiopie, de Birmanie, etc.
En 2017, selon les chiffres de Solidarité Mayotte, 278 personnes ont obtenu le statut de réfugié, 79 ont été déboutées, 671 étaient dans l’attente d’une décision de l’Ofpra et 25 ont demandé une procédure de réexamen de leur dossier.
Dans un rapport paru en décembre, la Cour des Comptes estime la gestion du port de Longoni « défaillante » et à « la gouvernance inadaptée » et demande à trois ministres (Transports, Outremer, Action et des comptes publics) de lui répondre sur un changement de statut du port permettant à l’Etat d’intégrer sa gouvernance, à travers le statut de grand port maritime.
Peu après la ministre des Transports, Elisabeth Borne (voir Flash Infos du vendredi 5 janvier 2018), le ministre de l’Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, a également écrit au président de la Cour des Comptes. Reprenant une partie des conclusions d’Elisabeth Borne, Gérald Darmanin estime lui aussi qu’il est compliqué de mettre fin à la délégation de service public accordée à Mayotte Channel Gateway (MCG) et complète : « L’examen des possibilités de résiliation de la délégation de service public met en évidence les difficultés qui s’ensuivraient, tant en termes financiers qu’organisationnels, la recherche d’un accord amiable avec le délégataire pour qu’il abandonne cette délégation paraissant sans issue ». En outre, le ministre doute de la capacité du Département « à assumer la charge financière qui en résulterait pour lui ». Et la possibilité de l’intégration de l’Etat dans la gouvernance du port « nécessite des évolutions législatives lourdes, au calendrier peu compatible avec les urgences qu’a soulignées la Cour [des Comptes] ». Ainsi, le ministre préconise plutôt « un dispositif souple et rapide à mettre en oeuvre » tel « le recours à un médiateur désigné par l’Etat en accord avec les deux parties (le Conseil départemental et son délégataire) […] »
Selon le site météorologique windy.com, une dépression devrait se former à partir de samedi ou dimanche dans le canal du Mozambique entre Mayotte et Madagascar. Elle pourrait se transformer en cyclone en début de semaine prochaine, mais Météo France tient à prévenir la population quant à l’interprétation de ces informations. « Windy.com est une plateforme de visualisation de sorties informatiques. C’est-à-dire qu’elle visualise sur une carte des calculs informatiques », explique Bertrand Laviec, directeur de l’antenne mahoraise de Météo France. Autrement dit, l’interprétation par ce site des éléments bruts n’est pas une prévision, mais juste une « visualisation » hypothétique. « Il y a 14 modèles de visualisation de sorties informatiques dans le monde et windy.com utilise le modèle européen CEP et le modèle américain GFS. Ce dernier ne montre d’ailleurs aucun phénomène météorologique de ce genre dans la zone géographique en question pour la semaine prochaine », précise Bertrand Laviec. Mais cela ne signifie pas que le site n’est pas fiable admet le directeur avant d’ajouter : « il est possible que le site ait raison, mais attention à la lecture que nous faisons de ces données ». Néanmoins, Météo France rappelle qu’il est difficile de prévoir la météo sur une semaine. Donc, il est inutile de paniquer. Les spécialistes devraient en savoir plus d’ici mercredi ou jeudi. Patience et calme sont donc de rigueur avant confirmation ou non de la probabilité d’une tempête pouvant se former au large du 101ème département.
Depuis le 1er janvier 2018, la prime à la conversion des véhicules est accessible à tous.
Les Français qui veulent changer un vieux véhicule polluant pour une voiture plus propre, neuve ou d’occasion, peuvent désormais bénéficier d’une aide de 1 000 à 2 000 €. Mayotte est aussi concernée par cette prime. Pour accompagner les automobilistes désireux d’en bénéficier, Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, a lancé cette semaine, la plateforme d’information www.primealaconversion.gouv.fr.
La prime à la conversion des véhicules va-t-elle inciter certains habitants de Mayotte à troquer leur vieille automobile contre une nouvelle voiture en principe moins polluante (car il ne faut pas oublier le scandale du “Dieselgate” qui avait mis en lumière ces dernières années le système de triche organisé par certains constructeurs automobiles quant aux niveaux d’émissions de CO2 et de particules fines de leurs véhicules) ? Seul l’avenir le dira, en attendant l’État souhaite travailler dans ce sens-là.
Mais, quel est le montant de la prime ? Quels sont les vieux véhicules repris ? Quelles sont les démarches à effectuer ? La nouvelle plateforme du gouvernement entend répondre à toutes les questions que se posent les particuliers et les professionnels qui veulent bénéficier du nouveau dispositif de prime à la conversion :
– un test rapide permet de vérifier son éligibilité et le montant de la prime accordée ;
– un téléservice est directement accessible pour effectuer sa demande en ligne ;
– une foire aux questions apporte tous les renseignements pratiques sur le fonctionnement de la prime (objectifs du dispositif, conditions d’obtention, démarches à effectuer…) ;
– un espace réservé aux professionnels est mis à disposition pour faciliter le déploiement du dispositif dans le secteur automobile.
La prime à la conversion est l’une des mesures du “Paquet solidarité climatique” entrée en vigueur ce 1er janvier 2018. Les Français qui veulent acquérir une voiture neuve ou d’occasion récente (Crit’air 1 ou 2) émettant moins de 130 gCO2/km peuvent désormais recevoir une aide à hauteur de 1000 € en mettant au rebu un vieux véhicule polluant. Cette prime est doublée pour les ménages non imposables puisqu’elle passe de 1 000 € à 2 000 €.
Pour le ministre, “le nouveau dispositif de prime à la conversion est un levier incontournable pour accélérer la sortie du parc des véhicules essence et diesel les plus polluants. Le lancement d’une plateforme d’information doit permettre à chacun d’avoir tous les renseignements nécessaires pour s’emparer du Paquet solidarité climatique, que l’on soit particulier ou professionnel”.
En réponse à un référé de la Cour des Comptes préconisant de changer le statut du port de Longoni afin que l’Etat intègre sa gouvernance, la ministre chargée des Transports, Elisabeth Borne, a étayé les raisons pour lesquelles cette transformation demeure complexe. Explications.
Détaillant la gestion du port de Longoni, la Cour des Comptes ne mâche pas ses mots : « défaillante » et à la « gouvernance inadaptée ». Dans un rapport adressé à trois ministres (Transports, Action et comptes publics et Outre-mer) et paru le 21 décembre, la juridiction dresse un bilan aux allures de désastre de la délégation de service public (DSP) du port de Mayotte. L’instance demande donc à Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports, de lui répondre sur la question d’un éventuel changement de statut du port de commerce qui permettrait à l’Etat d’intégrer sa gouvernance, à travers le statut de grand port maritime. Dans ce référé, la Cour des Comptes énumère les nombreuses difficultés de fonctionnement imputables à la fois au Département et au délégataire Mayotte Channel Gateway (MCG) : « dégradation des infrastructures portuaires susceptible de porter atteinte à la sécurité » et inaction du Département sur ces questions ; « acquisition de grues mobiles et de portiques motorisés (…) à un coût supérieur à celui prévu » d’où une augmentation des droits de port et des redevances d’occupation du domaine public ; obligations contractuelles non respectées telles que la transmission des rapports d’activité et comptes annuels, etc. De multiples manquements générant un nombre considérable de différends : 31 contentieux entre 2014 et fin 2017, note la Chambre des Comptes.
Passé cet amer constat, la juridiction recommande donc à l’Etat de s’associer à la gouvernance du port afin de remettre un peu d’ordre dans cette gabegie. Pour appuyer sa proposition, elle prend en exemple les organes de gouvernance des ports de Guyane, de Guadeloupe, de Martinique ou encore de La Réunion au sein desquels siègent des représentants de l’Etat ou des membres nommés par l’Etat.
Un « non pour l’instant » argumenté
Dans sa réponse au président de la Cour des Comptes, Elisabeth Borne argumente longuement sur les différents obstacles qui empêchent pour le moment la transformation du port de Longoni en grand port maritime. Tout d’abord, le statut particulier du port de Mayotte – décentralisé – ne permet pas d’envisager « la présence de l’Etat dans les instances de gouvernance (…) en l’état actuel du droit ». Par ailleurs, créé dès l’origine sous le régime de port décentralisé, le port de Longoni ne peut bénéficier d’un transfert de propriété à titre gratuit puisque ce mécanisme est réservé aux seuls ports relevant de l’Etat et transférés par la suite aux collectivités locales. Cette cession « devrait s’effectuer dans un autre cadre que celui de la loi de décentralisation de 2004 et ne pourrait s’envisager que sur demande du Département ». En outre, la ministre rappelle que la mission interministérielle mise en place en 2017 étudie plutôt « les scénarii envisageables permettant d’établir un pilotage plus efficace du contrat de cession actuel ».
Elisabeth Borne souligne également que c’est au Département de signifier qu’il renonce à sa compétence portuaire au profit de l’Etat. Or, « nous n’avons pas connaissance de la position du Conseil départemental sur ce point, ni même s’il en a forgé une », constate-t-elle. Interrogé, le président du conseil portuaire, Bourhane Allaoui, a affirmé que le Département était « favorable » à la transformation du port de Longoni en grand port maritime et que ce changement « permettrait de minimiser les conflits que nous connaissons actuellement ». Le Conseil départemental n’a pourtant pas exprimé officiellement par écrit sa position auprès de l’Etat. « Mais s’il faut le faire, nous le ferons évidemment », a précisé Bourhane Allaoui.
Enfin, la ministre a réfuté l’argument de la Cour des Comptes prenant en exemple les ports des autres DOM : dans le cas de Mayotte, la transformation en grand port maritime supposerait la résiliation de la convention de DSP en cours entre le Département et MCG, convention qui arrive à échéance en 2028. « Sa résiliation risque d’entraîner d’importantes conséquences financières (…) et de donner lieu à de nouveaux contentieux d’indemnisation, qui viendraient s’ajouter à ceux, non encore résolus, relatifs à la précédente concession », argue la ministre, soulignant toutefois que la mission interministérielle évaluait actuellement « les conséquences d’une telle résiliation ». Malgré les nombreux obstacles soulevés par la ministre, « l’Etat continue à jouer pleinement son rôle, notamment à travers le contrôle de légalité exercé par le préfet », a affirmé Elisabeth Borne.