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Visite ministérielle | Annick Girardin dément le projet de « Communauté de l’archipel »

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Arrivée dimanche matin à Mayotte, la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a dédié sa première rencontre aux élus. Lors de cette entrevue, elle a réaffirmé que le projet de « Communauté de l’archipel des Comores » n’était « pas à l’ordre du jour » et a enjoint « d’arrêter de se faire peur ».

Au son du mbiwi et le traditionnel collier de jasmin au cou, la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a été chaleureusement accueillie dimanche à 8h du matin par les élus locaux et l’équipe préfectorale. Sur le 101ème département français pour une visite de trois jours lors de laquelle elle rencontrera les acteurs locaux (économiques, associatifs, etc.) ainsi que l’intersyndicale et le collectif afin de « peaufiner le travail » avant de faire des annonces « mardi dans la journée », Annick Girardin a débuté derechef son programme par une entrevue longue de trois heures avec les élus locaux. Parmi eux, entre autres, le président du Conseil départemental, les deux députés, le sénateur Thani Mohamed Soilihi et un certain nombre de maires (dont ceux de Mamoudzou, de Sada, d’Acoua), accompagnés du président de l’association des maires. 

Selon le député Mansour Kamardine (LR), aucune annonce n’a été faite durant l’entrevue mais « les élus ont dit ce qu’ils avaient dans le ventre ». Ils ont notamment évoqué les sujets brûlants de la feuille de route, de la « Communauté de l’archipel des Comores » et de la crise diplomatique, trois jours après la manifestation de jeudi ayant mobilisé plus d’un millier de personnes dans les rues de Mamoudzou.

Après le démenti formel du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, mercredi dernier, la ministre des Outre-mer a réaffirmé dimanche que « cette coopération qui irait très loin avec les Comores n’est pas à l’ordre du jour aujourd’hui. Il faut arrêter de se faire peur ». Et d’expliquer : « Une feuille de route a pu être réfléchie par un certain nombre de fonctionnaires (…) des notes ont pu exister en interne (…) mais c’est le politique qui décide ». Annick Girardin a été ferme : « Combien de fois faudra le dire ? Mayotte est français et restera français (…) tant que les élus de ce territoire le souhaitent ». 

Un non-sujet

Des propos soutenus par le sénateur Thani Mohamed Soilihi, las des rumeurs lui aussi : « C’est un non-sujet ». Quand bien même ce projet existerait, ce dont le parlementaire doute, « rien ne pourrait s’envisager sans l’accord des élus mahorais ». En effet, « d’un point de vue institutionnel », il faudrait jouer sur l’article 53 de la Constitution qui stipule que « nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans le consentement des populations intéressées ». 

Quant aux documents circulant sur Internet et notamment via la page Facebook de la journaliste Estelle Youssouffa, à l’en-tête de la préfecture de Mayotte et évoquant la fameuse « Communauté de l’archipel des Comores », il s’agirait, selon la préfecture, d’une note d’information interne « véridique » expliquant la situation générée par ces rumeurs et la commentant. 

La crise diplomatique déclenchée par l’Union des Comores refusant de réadmettre depuis mi-mars ses ressortissants expulsés a également été abordée. Annick Girardin a appelé à la patience, reconnaissant que le temps des échanges diplomatiques en cas de crise « reste toujours trop long ».

La ministre continuera, lors de son séjour, à rencontrer les acteurs locaux afin de « compléter » éventuellement les propositions qu’elle formulera mardi. Elle a salué cette première entrevue, notant qu’ils étaient « beaucoup plus autour de la table à débattre » et que les échanges se sont déroulés « de manière apaisée ».

Le programme de la ministre

Arrivée dimanche à 8h du matin, la ministre a rencontré les élus de Mayotte en matinée, puis des membres de la société civile. Aujourd’hui, elle devrait se rendre à Chirongui pour une visite « autour des thématiques de l’habitat et d’infrastructures ». Suivra, toujours à Chirongui, une séquence « transports et sécurité dans et aux abords des établissements scolaires » au LPO Tani Malandi. Elle terminera sa journée en Petite-Terre, à Pamandzi, pour une visite « autour des thématiques de l’aménagement du territoire et du développement durable ». Mardi, elle devrait rencontrer des représentants des organisations patronales puis le collectif des citoyens et l’intersyndicale avant de tenir une conférence de presse à 15h en Petite-Terre. 

 

Disparition préoccupante d’une jeune mahoraise en métropole

Une lycéenne âgée de 18 ans, prénommée Yousra, née à Kani-Keli, scolarisée à Riom dans le département du Puy-de-Dôme, en région d’Auvergne-Rhône-Alpes est portée disparue.

Un appel à témoins a été lancé à la demande du parquet de Clermont-Ferrand ce jeudi 10 mai.

La jeune femme a quitté son domicile familial à Ceyrat (Puy-de-Dôme) tôt le matin du jeudi 3 mai pour prendre son bus et se rendre à la gare  de Clermont-Ferrand d’où elle devait prendre un autre bus pour rejoindre le lycée Marie-Laurencin de Riom.

Depuis ce jour, Yousra n’a pas rejoint son lycée et n’a donné aucun signe de vie. Aucune action n’aurait été constatée ni sur son téléphone portable, ni sur son compte bancaire.

L’appel à témoins lancé par la sûreté départementale à la demande du parquet de Clermont-Ferrand décrit une jeune femme aux yeux noirs, de corpulence normale, mesurant 1m50 et avec des cheveux bruns coiffés en chignon. Le jour de sa disparition elle portait un grand sac noir. Pour toute information à son sujet, contactez le commissariat clermontois au 04.63.05.22.22.

Manifestation | Au moins 1 400 Mahorais dans la rue

Après la pétition, la manifestation. Au moins 1 400 personnes (selon la police) voire 5 000 Mahorais (selon les organisateurs) ont participé jeudi matin à la manifestation organisée par l’intersyndicale et le collectif pour s’opposer au projet suspecté de Communauté de l’archipel des Comores, malgré le démenti du Quai d’Orsay mercredi.

« L’histoire de Mayotte s’écrit ici ». Au micro, les organisateurs de la manifestation contre le projet suspecté de Communauté de l’archipel des Comores apportent de la solennité au rassemblement. Au moins 1 400 personnes (chiffre de la police) s’élancent jeudi matin dans les rues de Mamoudzou, au son de La Marseillaise. Organisée par le collectif et l’intersyndicale, à l’origine du mouvement social contre l’insécurité, la marche blanche se déroule sous un soleil de plomb. Dans le cortège, drapeaux français et couleurs nationales sont arborés tandis que les emblèmes des syndicaux sont prohibés pour marquer l’unité, précisent les responsables du défilé.

Une action devant le bureau des étrangers

« Nous disons non au retour de l’esclavagisme », lâche Maoulida Momed, l’un des organisateurs. Il annonce « au moins 5 000 manifestants » dans le cortège. Le chiffre semble quelque peu gonflé, même si la foule est dense lors du premier arrêt devant le bureau des étrangers. Quelques manifestants secouent les grilles du site préfectoral et tentent d’envoyer un cercueil en carton, symbole de l’enterrement du projet de la Communauté de l’archipel des Comores, de l’autre côté du portail, où sont positionnées quelques forces de l’ordre. « Le bureau des étrangers devait vraiment fermer jusqu’à nouvel ordre », souligne Maoulida Momed qui ne « regrette pas du tout » l’action d’une minorité de participants. Lors de sa visite en mars dernier, la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, s’était engagée à fermer un mois le service des migrations et de l’intégration. Il n’a pas rouvert au grand public depuis, pour des raisons inconnues (dans la mesure où la grève interne des agents est terminée et le délai d’un mois passé), mais est accessible à certains usagers sur rendez-vous.

Le cortège s’élance ensuite en direction du centre hospitalier de Mayotte et du commissariat de police avant de redescendre sur la rocade et de rejoindre le point de départ, à savoir la place de la République. « Macron, guerre civile en marche » peut-on notamment lire sur une banderole, en référence au nom du parti politique du président de la République.

« Il faut que les Comores reconnaissent finalement que nous sommes Français », déclare Maoulida Momed. « Chacun a son identité. On doit se respecter [mais] les Comores agenouillent la France, une grande nation. »

Un mot d’ordre élargi

Estelle Youssouffa, la journaliste mahoraise et consultante en affaires internationales à l’origine de la pétition contre la Communauté de l’archipel, prend la parole à l’issue du rassemblement : « Mayotte aujourd’hui a besoin de vous, de se faire entendre (…) Mayotte est debout et Mayotte dit non. La Communauté de l’archipel, c’est l’annexion de Mayotte par les Comores, c’est la mort de Mayotte (…) Macron, écoute, regarde, parce que Mayotte est en train de dire : +Karivendze+ (On ne veut pas, en shimaoré) », lance celle qui est aussi opposée à « la feuille de route et à la coopération régionale [avec l’Union des Comores]. C’est la mort de Mayotte (…) On demande l’abandon total de la feuille de route. Il n’y a pas de négociation en douce dans les petits bureaux. On arrête ! »

Et le maire de Tsingoni et vice-président de l’association des maires de Mayotte, Bacar Mohamed, d’ajouter : « Je voudrais exceptionnellement lancer un message au président [de la République] pour lui dire qu’il ne peut pas y avoir de négociation quelconque avec l’Union des Comores si elle ne reconnaît pas Mayotte comme étant un département français ». En somme, le motif du rassemblement – le refus d’un projet suspecté de Communauté de l’archipel – est élargi.

Démenti du Quai d’Orsay

C’est peut-être l’une des conséquences de la prise de parole, mercredi après-midi, du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Interrogé sur le sujet par la députée mahoraise Ramlati Ali (La République En Marche) lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, il a démenti le projet de Communauté de l’archipel : « J’ai déjà eu l’occasion de dire dans cet hémicycle que la rumeur de création d’une Communauté de l’archipel des Comores était sans fondement. Je vous le redis ici une nouvelle fois et très solennellement. Je regrette qu’un certain nombre d’acteurs continuent de relayer, par voie de presse, ces rumeurs. Nous ne transigerons pas sur le statut de Mayotte au sein de la République française, je l’ai déjà dit à plusieurs reprises et je vous le redis aujourd’hui. Nous avons été amenés à condamner publiquement, y compris ici, les mesures prises par les Comores le 21 mars dernier pour interdire la reconduite sur leur territoire des Comoriens entrés illégalement à Mayotte. Ces pratiques ne sont pas acceptables. Face aux blocages que nous avons pu constater sur cette question de la réadmission et à la poursuite des arrivées d’immigrants irréguliers à Mayotte, nous avons décidé de suspendre, depuis le 4 mai dernier et jusqu’à nouvel ordre, la délivrance des visas demandés par les Comoriens pour se rendre en France. Tout cela n’empêche pas la discussion et le dialogue avec les autorités comoriennes, que je poursuis moi-même directement, afin que nous puissions lutter conjointement et efficacement contre les filières d’immigration illégale et aboutir à des actions concrètes de développement aux Comores. J’espère que la confiance et le dialogue que nous souhaitons permettront d’aboutir à ces résultats le plus rapidement possible », appelle de ses vœux le ministre.

 

Les tensions à Sada évoquées

Par ailleurs, des tensions ayant eu lieu la veille à Sada sont évoquées lors de la manifestation. « Cette nuit [de mercredi à jeudi, NDLR], Sada s’est battue. Les clandestins ont même eu l’audace d’aller encercler la mairie », déclare lors de sa prise de parole à l’issue de la marche blanche Estelle Youssouffa. L’auteur de la pétition – qui a d’ailleurs circulé au format papier lors du rassemblement – fait référence aux propos tenus par le maire de la commune, Anchya Bamana, quelques heures plus tôt sur les ondes de Mayotte La 1ère et chez nos confrères du Journal de Mayotte. Des personnes en situation irrégulière se seraient rassemblées autour de l’hôtel de ville après que des villageois qui les hébergeraient ou les feraient travailler illégalement leur auraient demandé de quitter les lieux, provoquant de vives tensions, selon l’élue. Le tout après une opération récente du parquet et un courrier adressé par l’élue aux habitants suspectés d’héberger des clandestins, indiquait-elle.

La version des faits est démentie par la gendarmerie, qui précise qu’environ 70 personnes d’origine comorienne se sont effectivement rassemblées dans la nuit de mercredi à jeudi. « Nous n’avons contrôlé personne en situation irrégulière. On n’a pas contrôlé tout le monde », précisent les gendarmes. Les individus se sont rassemblés pour obtenir des explications suite à une action d’environ 70 villageois la veille. Un cortège est passé dans certains quartiers de Sada demandant à des clandestins supposés de quitter les lieux. Tout ou partie de ces derniers sont en situation régulière et sont venus réclamer des explications à la mairie. Aucun fait de violence n’a été constaté par les gendarmes lors des deux événements distincts.

 

Manifestation | « Ce n’est pas un engagement partisan »

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Estelle Youssouffa, à l’origine de la pétition pour « sauver le 101ème département » qui débouche jeudi sur une manifestation dans les rues de Mamoudzou évoque un « engagement citoyen. Mayotte est une île française et doit le rester ». Portrait.

En à peine 15 jours, elle est devenue une figure centrale des mouvements sociaux en cours. Le 25 avril, la consultante en affaires internationales Estelle Youssouffa fait une apparition remarquée dans l’émission « Kala oi dala » de Mayotte La 1ère. Elle y évoque « un projet qui est proposé par le Quai d’Orsay pour construire une communauté de l’archipel, avec une co-souveraineté comorienne et française à Mayotte, avec un émissaire comorien qui serait présent à Mayotte pour gouverner aux côtés d’un représentant français ».

Installée à Paris, Estelle Youssouffa, 39 ans, est « revenue il y a quinze jours à Mayotte pour alerter » la population, après avoir obtenu ces informations de sources fiables à Paris, précise-t-elle. « L’horizon, c’est 2020 – 2025. C’est demain. Il ne faut pas penser que c’est une hypothèse éloignée », affirme-t-elle.

L’émission « Kala oi dala » a « fait éclater le scandale. Le lendemain, tout le monde en a parlé et m’a sollicitée. » Dans la foulée, Estelle Youssouffa rencontre notamment l’intersyndicale et le collectif à l’origine de la grève générale. « J’ai souhaité, quand on m’a demandé ce qu’on pouvait faire, mettre en place la pétition et la manifestation ». Ainsi, le mardi 1er mai est diffusée la pétition « Il faut sauver le 101e département français ! » sur la plateforme change.org. Une semaine plus tard, la pétition enregistre 7 411 signatures (décompte à 14h45, mardi).

Le Quai d’Orsay « influencé »

« Ce n’est pas un engagement partisan. Je n’en ai jamais pris. Là, c’est un engagement citoyen. Mayotte est une île française et doit le rester (…) L’objet n’est pas d’être leader de quoi que ce soit », martèle celle qui « née en métropole. Mon père est Mahorais. Je suis Mahoraise. J’ai vécu à Mayotte quand j’étais enfant et adolescente. » Elle a notamment été en cours avec Saïd Hachim, membre CFDT de l’intersyndicale et l’un des porte-parole du mouvement contre l’insécurité. Après le baccalauréat, Estelle Youssouffa intègre l’IUT de journalisme de Tours puis part au Canada étudier les sciences politiques et les relations internationales. Elle rejoint ensuite des rédactions audiovisuelles reconnues où elle fait « du grand reportage, de l’investigation et de la présentation » : LCI, TV5 Monde, France 2, BFMTV et I-Télé et fait un crochet par l’Angleterre où elle travaille pour Al Jazeera, un média qatari. « De moins en moins journaliste » depuis trois ans, cette trilingue férue de voyages travaille comme consultante auprès de « grandes entreprises ».

Jusqu’à présent, celle qui revient à Mayotte régulièrement ne s’était exprimée publiquement que « sur la question de la diversité dans les médias ». La donne a changé car « la situation l’exige (…) Mayotte est en retard dans la compréhension de ce qui est en train de se jouer (…) Mayotte était mobilisée sur les questions de développement. À Paris, elles sont perçues comme un problème. Pour certains hauts fonctionnaires, développer Mayotte, c’est jeter de l’argent par les fenêtres car un jour elle sera Comorienne (…) Il y a une ligne stratégique : laisser sous-développée Mayotte pour un jour la donner aux Comores (…) comme si on était des animaux », s’agace Estelle Youssouffa. « On est tous en train de pédaler sur des sujets très importants mais annexes » pour lutter contre l’insécurité et développer l’île, déclare-t-elle. « Les Comoriens ont réussi à influencer le Quai d’Orsay, c’est ahurissant », ajoute-t-elle.

« Ce qui transparaît dans la presse parisienne, c’est qu’il y a quand même des dissensions au sein du gouvernement. Si on n’arrive pas à faire entendre Mayotte à Paris, cette ligne de fond [la proposition suspectée par Estelle Youssouffa du ministère des Affaires étrangères, NDLR] va perdurer (…) Le combat de nos aïeuls a été que Mayotte reste française. Pour nos parents, c’était la départementalisation. Nous, on pensait que ça serait le développement alors que notre combat sera que Mayotte reste Française. C’est un électrochoc, une trahison impensable », déplore-t-elle.

Estelle Youssouffa appelle dans sa pétition à abroger les accords de coopération entre la France et l’Union des Comores. « On ne peut pas collaborer avec quelqu’un qui veut nous annexer (…) Pour les Comores, on n’est pas un territoire français (…) À partir du moment où les Comores abandonnent toute revendication territoriale de Mayotte, la France peut collaborer très volontiers avec eux ». Mais actuellement, « les Comores envoient leurs populations les plus pauvres coloniser Mayotte », lâche Estelle Youssouffa. « On est en train de changer la structure démographique de Mayotte pour acculer les Mahorais et faire accepter une cogestion avec les Comoriens. C’est une trahison (…) La feuille de route [suspendue en septembre, qui permettrait la délivrance de visas gratuits et que Moroni souhaite relancer NDLR] est l’un des outils pour aboutir à la communauté de l’archipel », analyse-t-elle.

« J’ai Mayotte à cœur »

La prise de position de la consultante en affaires internationales ne laisse pas indifférents les élus mahorais. Le député Mansour Kamardine (LR), invité le même soir qu’elle dans l’émission « Kala oi dala », se dit en plateau « à 200% avec l’analyse de Madame Youssouffa ». Dans nos colonnes, le sénateur Thani Mohamed Soilihi indique être « étonné qu’une journaliste reconnue mais dont on n’a jamais lu quelque chose sur Mayotte, vienne quelques jours et devienne immédiatement une référence alors qu’elle est également consultante pour Al Jazeera, chaîne dont on n’a pas inventé plus pro-comorien ! Je ne comprends pas, avec tout le respect que nous lui devons, que subitement, quelqu’un qui est de passage vienne nous dire : +Moi, j’ai vu un plan, je sais des choses que vous ignorez+. Mais on est où, là ? Dans un film ? ». « La théorie du complot, c’est trop facile », réagit la principale intéressée. « J’ai Mayotte à cœur et Mayotte française. »

« Les tractations ont lieu en catimini. Si la population ne se fait pas entendre, Paris pourrait penser qu’on est passivement d’accord, [que c’est] un feu vert pour continuer », prévient-elle. « Les élus ont visiblement préféré croire que la départementalisation nous protégeait. On a tous cru que c’était la fin de cette insécurité statutaire (…) C’est à la population d’agir ».

Avec une suite à la manifestation de jeudi ? « Cela va dépendre de la réponse de Paris. Si Paris pense qu’il peut laisser le problème de côté, ça va vite pourrir de manière très puante. Ce n’est pas un sujet qui se négocie », conclut-elle. Estelle Youssouffa sera de retour à Mayotte jeudi matin pour participer au défilé qui partira de la place de la République aux environs de 8h.

Interrogé au sujet de cette Communauté de l’archipel, le ministère français des Affaires étrangères n’a pas donné suite à notre sollicitation.

 

Manifestation | Dissensions au sein des élus

Le président du Département et des élus de l’île se sont réunis ce mardi pour discuter de leur éventuelle participation à la manifestation de jeudi. Si Soibahadine Ibrahim Ramadani ne descendra pas dans la rue, la grande majorité des élus présents souhaitent manifester aux côtés de la population mahoraise.

« Si vous êtes déterminés à être là le 10, qu’il en soit ainsi. La séance est levée ! ». C’est de manière plutôt autoritaire, et unilatérale, que Soibahadine Ibrahim Ramadani, le président du Conseil départemental de Mayotte, a clôturé la réunion qui se tenait ce mardi et qui avait pour objet la participation (ou non) des élus de Mayotte à la manifestation de jeudi contre le projet supposé du gouvernement français de « communauté de l’archipel » dévoilé par la presse nationale il y a quelques semaines. Après trois heures de réunion entre le président du Département, des maires et des conseillers départementaux, les esprits commençaient tout juste à s’échauffer et le débat s’intensifiait, lorsque le président du Département a décidé de lever la séance. Ces échanges ont opposé la majorité des élus en présence, volontaires pour descendre dans la rue jeudi en soutien aux manifestants, au président du Département, défavorable à ce mode d’action avant la visite de la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, dont l’arrivée est prévue dimanche.

Echaudés par « l’échec de la diplomatie française » dans la crise qui oppose l’État français à l’Union des Comores, craignant qu’Annick Girardin ne puisse pas « y apporter de réponses concrètes », mettant en avant « la régularisation massive des clandestins » face « au discours officiel », les élus, en colère, ont fermement fait part de leur envie de manifester aux côtés de leurs concitoyens demain. Les mots « foutage de gueule » pour qualifier la politique anti-immigration clandestine du gouvernement français ont même été prononcés par un maire du nord de l’île qui a conclu : « Mayotte va mal ». Pour cet élu, « le droit d’un peuple à disposer de lui-même est menacé » et justifie la manifestation de jeudi. Le sentiment latent est celui de « voir Mayotte être lâchée ».

Tout au long de la discussion, Soibahadine Ibrahim Ramadani a, quant à lui, soutenu que le changement de statut de Mayotte française n’était pas envisageable, et que les craintes de la population mahoraise étaient dès lors plus ou moins infondées. Il a longuement étayé ses arguments en faveur de son projet de toilettage institutionnel visant à doter la collectivité unique de Mayotte des moyens adéquats pour assumer ses responsabilités de Département et de Région. Une modification de la loi qui crée « une émotion, une appréhension et une crainte » chez les élus présents à la réunion, redoutant que ce toilettage n’entraîne un changement de statut de Mayotte. « Notre parapluie, c’est le référendum du 29 mars 2009 », a cherché à rassurer le président du Département.

Des contre-propositions à la feuille de route

La question de la « communauté de l’archipel » qui serait actuellement étudiée par le ministère des Affaires étrangères (voir notre interview d’Estelle Youssouffa) est « induite par la feuille de route » qui avait poussé la population de Mayotte à manifester en fin d’année dernière selon le quatrième vice-président Issa Issa Abdou. Et cette feuille de route est, selon Soibahadine Ibrahim Ramadani, suspendue. Ce dernier, ainsi que les parlementaires mahorais (sénateurs et députés) auraient fait part de leurs nombreux points de désaccord sur cette « feuille de route » au ministre des Affaires étrangères et seraient en train de préparer des « contre-propositions » dont la rédaction est confiée au député Mansour Kamardine.  Les élus présents à la réunion de mardi ont semblé apprendre la nouvelle en direct. Certains se sont ouvertement offusqués d’avoir été écartés des débats. « Pourquoi ces discussions ont-elles eu lieu sans le président [de l’Association des maires de Mayotte] ? Les maires n’ont pas connaissance de la feuille de route, mais ce sont eux qui sont chaque jour confrontés à la population, qui est inquiète », s’est exclamé Bacar Mohamed, le maire de Tsingoni et président de la coordination des élus de Mayotte.

Dans l’assemblée, certains regrettent un manque de transparence générale. « Il est temps que les élus de l’île rendent des comptes à la population », a déclaré Anchya Bamana, le maire de Sada. Elle invite tous les élus présents à descendre dans la rue le jeudi 10 mai, et à manifester aux côtés de la population mahoraise. Le président Ibrahim Ramadani, lui, n’ira pas. « Si la venue de la ministre ne répond pas à nos attentes, alors je descendrais dans la rue mais je ne descendrai pas avant », a-t-il déclaré. « Faites confiance à vos grands élus », a-t-il encore rétorqué pour légitimer le silence des parlementaires concernant ces contre-propositions et fustigeant le fait que les élus se plaignant du manque de transparence n’aient pas demandé à consulter le contenu de la feuille de route, des mois après la manifestation de 2017.

 

Trophées mahorais de l’entreprise | « Tous les nominés méritent la récompense »

Soirée événement samedi soir à la piscine de Koropa. La Somapresse (Mayotte Hebdo, Flash Infos) a organisé la sixième édition des Trophées mahorais de l’entreprise. Sept prix ont été décernés à des chefs d’entreprise qui contribuent au développement de Mayotte.

Préfet, élus, représentants d’administrations et du monde économique… Plus de 200 personnes ont participé samedi soir à la 6ème édition des Trophées mahorais de l’entreprise, autour de la piscine de Koropa. Créé après le mouvement social de 2011 pour « redonner un peu de visibilité et d’espoir » aux entreprises mahoraises, l’événement s’est à nouveau déroulé cette année après « quelques périodes troubles » pour les sociétés, a souligné le directeur de la Somapresse (Mayotte Hebdo, Flash Infos), Laurent Canavate, à l’origine de la soirée.

Pendant les deux heures de cérémonie, les conséquences économiques du mouvement social contre l’insécurité se sont invitées dans les discours. A commencer par celui du président de la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte, Mohamed Ali Hamid, qui estime que « le regain d’activité en 2017 (…) a été stoppé net. L’île a traversé une zone de turbulence assez grave. C’est encore très tôt pour dresser un bilan. J’apprécie la mobilisation générale qui a eu lieu pour tenir les entreprises dans cette phase difficile (…) C’est sur la réussite des entreprises que nous devons nous concentrer [ce samedi soir]. Nous souhaitons encourager ces femmes et ces hommes qui prennent des risques, leur dire notre fierté », a-t-il témoigné avant la remise du premier prix. 

« Dire aux Mahorais de croire en eux »

Un premier prix qui a été attribué à la société de transport Matis et à ses 366 salariés qui décrochent le trophée de l’Entreprise citoyenne. Côté Jeunes entreprises, c’est la salle de sport May body form qui a été distinguée. « Je pense que tous les nominés méritent la récompense. Je veux surtout dire aux Mahorais de croire en eux. On est partis de loin », a déclaré Fafi Anli qui a monté la société avec son frère Dar Madi Attoumani.

Le jury, composé de représentants de l’Etat, du Conseil départemental, des trois chambres consulaires, de l’Ordre des experts-comptables, du Conseil économique social et environnemental de Mayotte et de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte, a décerné le trophée de l’Entreprise dynamique à la société Etic Services de Feyçoil Mouhoussoune. « Entreprendre à Mayotte, ce n’est pas simple mais c’est gratifiant quand ça marche », a indiqué le récipiendaire, heureux de recevoir un « prix qui récompense l’entreprise, donc le collectif ».

Maestria Recrutement, cabinet de conseil en recrutement, a décroché le trophée de l’Entreprise innovante. L’entrepreneur Namoure Zidini, « très surpris et absolument ravi » a déclaré avoir « choisi un domaine très compliqué (…) Œuvrer pour l’attractivité de Mayotte, recruter des gens qui peuvent changer l’île, j’espère que ça continuera. »

Dans la catégorie Économie sociale et solidaire, l’Adie (Association pour le droit à l’initiative économique) Mayotte a été distinguée. « On œuvre depuis 20 ans pour les plus nécessiteux », a rappelé au micro Madioili Dayrani, manager à l’agence de Mamoudzou. L’économie sociale et solidaire pèse « plus de 2 000 emplois et plus de 400 entreprises » dans le 101e département, a mis en exergue Roukia Lahadji, la maire de Chirongui et trésorière de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire, qui a remis le trophée.

Nouveauté cette année : l’attribution du prix du Bâtisseur de l’année. « L’île est en plein travaux (…) On a voulu mettre en avant ce secteur d’activité », a exposé Laurent Canavate. La réalisation du collège de Ouangani a été primée. « Je suis ravi que le vice-rectorat soit le premier lauréat de ce trophée », a réagi Didier Cauret, le directeur de cabinet du vice-rectorat. « Ce trophée traduit le lien entre l’économie mahoraise et l’Éducation nationale. C’est 97 000 élèves, plus de 7 000 enseignants, un impact économique incontestable. »

« Un honneur pour toutes les femmes »

Le trophée du Manager de l’année, point d’orgue de la soirée, a été attribué à Nadine Hafidou, gérante du cabinet Delta. « C’est une grande surprise pour moi. J’étais la seule femme de la liste [il y a cinq nominés par catégorie, NDLR]. C’est un honneur pour toutes les femmes chefs d’entreprise », a indiqué la lauréate.

Ce dernier prix a été remis par le préfet, Dominique Sorain, pour qui la soirée a été l’occasion de découvrir « un concentré de l’esprit d’entreprendre. C’est une image aussi de Mayotte qui réussit ». Le représentant de l’État, qui est revenu sur les conséquences économiques de la grève et les mesures d’urgence mises en place, a annoncé la visite de la ministre des Outre-mer à Mayotte le 14 mai pour présenter le plan de développement. « Bravo pour tout le travail réalisé dans un contexte difficile. Nous serons à vos côtés pour vous appuyer », a conclu le délégué du gouvernement.

Un propos proche de celui tenu plus tôt par le vice-président du Conseil départemental en charge du développement économique, Ben Issa Ousséni, qui a assuré que « le Conseil départemental est et sera toujours auprès des entreprises ».

Au cours de la soirée, deux prix spéciaux du jury ont été décernés à deux regrettés chefs d’entreprise : Alain Lebihan et Gilbert Leclere.

Un récipiendaire de l’édition précédente, Hazali Chouanybou, à la tête de l’entreprise Big réparations, est venu témoigner sur la scène, installée au-dessus de la piscine de Koropa : « Les gens m’ont vu dans les journaux, entendu à la radio. Maintenant, toute l’île me connaît. » « Un an après, on m’en parle encore », a de son côté assuré un autre récipiendaire de l’édition 2017 Norbert Martinez, directeur de MIM.

 


L’Association pour le droit à l’initiative économique, représentée par son manager Madioili Dayrani a reçu le trophée Économie sociale et solidaire.


Matis, représentée par une de ses responsables, Lanto Thomas, a été primée dans la catégorie Entreprise citoyenne.


May Body Form, représentée par l’un des gérants et créateurs Fafi Anli, a été primée dans la catégorie Jeune entreprise.


Etic Services, représentée par son gérant Feyçoil Mouhoussoune, a reçu le prix entreprise dynamique.


Maestra Recrutement, représentée par son gérant Namoure Zidini, a reçu le trophée de l’Entreprise innovante.


Nadine Hafidou, gérante du cabinet Delta, a reçu le trophée du Manager de l’année.


Le vice-rectorat, qui a reçu le trophée Bâtisseur de l’année pour la réalisation du collège de Ouangani, était représenté par Didier Cauret, directeur de cabinet.


Une partie des récipiendaires.

 

Grève générale | « Attention, on va arriver aux décasages »

« Les gens en ont marre, ils sont excédés », alerte Saïd Hachim, membre CFDT de l’intersyndicale à l’origine avec le collectif de la grève générale contre l’insécurité. À l’approche de la manifestation du 10 mai, ce porte-parole du mouvement social s’inquiète et met en garde le gouvernement. Face à l’absence de « réponses concrètes » sur les volets insécurité et immigration illégale, le spectre des décasages plane. « Les syndicalistes depuis plus d’un mois essaient de contenir une population en colère. »

« Je n’ai pas envie que demain on trouve un drapeau de mon syndicat flottant devant un banga qui a brûlé. » Saïd Hachim, membre CFDT de l’intersyndicale à l’origine du mouvement social contre l’insécurité avec le collectif, s’exprime dans nos colonnes à l’approche de la manifestation du 10 mai.

« Les gens en ont marre, ils sont excédés, ils trouvent qu’il n’y a pas de réponses. C’est ce qu’on ressent quand on discute avec eux. On sent qu’ils vont partir dans ce genre de débordements [les décasages, NDLR]. Il faut que les autorités prennent la mesure des choses (…) Jusqu’à aujourd’hui, c’est nous qui avons arrêté ça (…) On se retrouve face à des gens qui nous interpellent tout le temps, des personnes qui ont été trahies par le mouvement de 2011. Il vaut mieux leur dire la vérité : sur certaines questions concernant l’immigration clandestine et l’insécurité, on n’a pas de réponses concrètes. »

« Les gens entendent qu’on va tout le temps discuter [avec les autorités]. Ils croient qu’on est en train de leur mentir, qu’on négocie des choses (…) A un moment, nous on est fatigués d’être taxés d’être à la solde du gouvernement (…) Aujourd’hui on se retrouve face à une situation qu’on peut qualifier d’insoluble parce qu’on pose des questions qui n’ont pas de réponses immédiates », poursuit ce porte-parole du mouvement contre l’insécurité.

« Ce n’est plus tenable »

« On appelle à manifester le 10 très fortement (…) Cette manifestation est à l’initiative du collectif et de l’intersyndicale suite à la rencontre avec Estelle Youssouffa à Dembéni. » Cette dernière est à l’origine de la pétition +Il faut sauver le 101e département !+ qui en moins de trois jours a enregistré plus de 5 500 signatures sur la plateforme change.org. Journaliste et consultante en affaires internationales, Estelle Youssouffa assure dans ce texte que le gouvernement planche sur un projet de Communauté d’archipel des Comores, dans lequel Mayotte perdrait une part de souveraineté au profit de l’Union des Comores. « On n’a pas voulu jeter de l’huile sur le feu mais des éléments vont apparaître assez rapidement » pour prouver ce projet de Communauté d’archipel des Comores, fait savoir Saïd Hachim, qui évoque la diffusion de documents d’ici lundi. « Nous ne transigerons jamais sur la souveraineté de la France sur le département de Mayotte », avait pour rappel indiqué le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian le 3 avril dernier à l’Assemblée nationale.

Et Saïd Hachim d’ajouter : « C’était difficile à la réunion à Dembéni. » Certains participants « ne voulaient même pas entendre Estelle. Ils voulaient dégager ces gens-là [les personnes en situation irrégulière, NDLR]. Il faut que syndicalement parlant on se pose, qu’on observe tout ça, qu’on ait une ligne de conduite et qu’on sache où on va, où on met le pied. On dit aux gens : +Attention, on va arriver aux décasages+. » Saïd Hachim assure en parallèle qu’aucun leader au sein de l’intersyndicale et du collectif à l’origine du mouvement social contre l’insécurité n’appelle à ces actions illégales. « Les syndicalistes depuis plus d’un mois essaient de contenir une population en colère qui n’a pas de réponses (…) A un moment, ce n’est plus tenable ».

C’est dans ce contexte que, selon nos informations, entre dix et vingt personnes ont à Kani-Kéli, dans la nuit de lundi à mardi, incité un habitant à quitter son logement et à rentrer aux Comores. Les auteurs des faits auraient cassé la porte de la cour, démonté et enlevé la porte d’entrée de l’habitation et détruit une case en tôle servant de cuisine à la victime, sans faire usage de violence physique. Sollicité, le parquet n’était pas en mesure de confirmer jeudi soir ces informations.

 

Trois syndicats contre « le largage de Mayotte »

Trois syndicats adhérents au FSU (SNASUB, SNUipp et SNUTER) ont apporté jeudi par voie de communiqué leur soutien à l’appel à la grève du 10 mai, appelant leurs « adhérents ainsi que [leurs] sympathisants à descendre massivement dans la rue ». Ils ont exprimé leur hostilité vis-à-vis de « toute évolution statutaire de Mayotte qui aboutirait à la perte des acquis obtenus grâce à la départementalisation ». Dans le viseur, le « projet de la Communauté de l’archipel qui découle de la déclaration du 21 juin 2013 ». Les trois syndicats redoutent, « sous couvert de cette coopération régionale », une co-souveraineté comorienne, et demandent l’abandon « définitif » de la fameuse « feuille de route » qui alimente les débats actuels.  

 

Des élus suspectés de prise illégale d’intérêts

Le tribunal correctionnel de Mamoudzou devait se pencher, mercredi matin, sur des soupçons de prise illégale d’intérêts, « pantouflage » et abus de biens sociaux. L’affaire mêle MCG (le délégataire de service public du port de Longoni) et trois élus du Conseil départemental, dont deux toujours en fonction. L’audience a été renvoyée au 3 octobre.

C’est un dossier épais, composé d’un millier de pages, qui devait être étudié mercredi matin par le tribunal de Mamoudzou. Quatre prévenus devaient comparaître en audience correctionnelle : trois élus du Conseil départemental, dont deux toujours en fonction et la présidente de MCG, le délégataire de service public du port de Longoni. La défense, qui n’avait pas eu le temps de prendre connaissance de l’ensemble des pièces, a obtenu le renvoi du procès au 3 octobre prochain.

Dans cette affaire, Issoufi Ahamada, deuxième vice-président du Département et la conseillère départementale Soihirat El Hadad sont poursuivis pour « prise illégale d’intérêts par un élu public dans une affaire dont il assure l’administration ou la surveillance ». Le délit suspecté s’étalerait du 29 avril 2015 au 31 janvier 2018 pour Issoufi Ahamada et du 29 décembre 2015 au 31 janvier 2018 pour Soihirat El Hadad. L’ancien vice-président de cette même collectivité, Jacques-Martial Henry, est quant à lui suspecté, entre le 20 avril 2016 et le 31 janvier 2018, de « prise de participation par fonctionnaire ou agent d’administration publique dans une entreprise avec laquelle il contractait dans le cadre de ses fonctions ».

Présumés innocents

En l’espèce, le parquet reproche aux deux élus encore en fonction d’avoir occupé des postes à responsabilité au sein de MCG alors même qu’ils ont eu au Conseil départemental à encadrer cette délégation de service public (DSP). Pour le procureur de la République, Camille Miansoni, la prise illégale d’intérêts semble caractérisée. « C’est le fait d’avoir eu un intérêt dans une activité, dans une opération, pour laquelle on a eu en tant qu’élu ou agent public une fonction de surveillance, d’administration ou de gestion », précise-t-il.

Le cas de Jacques-Martial Henry, qui a été embauché par MCG après avoir quitté ses fonctions d’élu au sein du Conseil départemental est différent. Il n’aurait pas respecté le délai légal avant d’être recruté par le délégataire de service public. « On ne peut pas travailler pour l’entreprise dont a assuré la surveillance pendant un délai de trois ans », estime le parquet. « C’est la même démarche intellectuelle, la même finalité » que la prise illégale d’intérêts, affirme encore le ministère public, qui évoque un délit de « pantouflage ».

« Je suis poursuivi sur la base [d’un article] qui vise uniquement les personnes exerçant une fonction exécutive locale. Lorsque la DSP était signée, [cet article du code pénal] ne concernait pas les élus, uniquement les fonctionnaires et les contractuels de la fonction publique », se défend Jacques-Martial Henry. « La loi en vigueur aujourd’hui est postérieure à la signature de la DSP » mais antérieure à la signature de son contrat avec MCG. « Elle vise entre autres les personnes exerçant une fonction exécutive locale. Le code général des collectivités locales précise clairement que le président du Conseil départemental est l’organe exécutif de la collectivité. En tant que deuxième vice-président délégué à la commission thématique sur les affaires de santé et du social, je n’étais pas un exécutif local. D’autant plus que je n’avais aucune délégation de signature (…) Si j’avais eu un intérêt à MCG à l’époque où la DSP était votée, j’aurais été poursuivi sur la base » d’un autre article, poursuit celui qui a voté l’attribution de la délégation de service public du port de Longoni à MCG et qui affirme que cette dernière « n’est pas remise en cause ».

Maître Ahmed Idriss, avocat d’Issoufi Ahamada, indique de son côté que son client était « salarié de la Chambre de commerce et d’industrie qui exploitait le port avant. Lorsque MCG a bénéficié de la DSP, il n’y a eu qu’un transfert légal de contrat. Il n’a pas été recruté en 2015. »

La présidente de MCG, Ida Nel, est de son côté poursuivie pour complicité de prise illégale d’intérêts et pour abus de biens sociaux. « Quand un dirigeant d’entreprise commet un acte sanctionnable pénalement, cet acte porte nécessairement atteinte aux intérêts de la société. Il y a des salaires qui ont été payés de manière illicite », justifie le procureur de la République.

Les prévenus sont présumés innocents. Si le siège venait à reconnaître des prévenus coupables de prise illégale d’intérêts, ils encourraient jusqu’à cinq ans de prison et 500 000 euros d’amende. Le délit de « pantouflage » peut quant à lui se traduire par au maximum trois ans de prison et 200 000 euros d’amende.

« Il faut sauver le 101e département ! » : plus de 4 000 signataires en 24 heures

La journaliste Estelle Youssouffa a lancé une pétition mardi matin adressée au président de la République, pour « dénoncer les tractations opaques » en cours selon elle avec l’Union des Comores en vue d’une Communauté d’archipel. Avec plus de 4 000 signataires en 24 heures, le texte a rencontré un franc succès.

« L’idée est simple : c’est de faire passer un message public à Paris et auprès de nos élus pour qu’ils comprennent qu’il y a des lignes rouges et que la question de Mayotte française n’est pas négociable (…) Elle ne sera jamais sous une co-souveraineté comorienne. Le souhait de la population est de mettre un terme aux négociations qui se passent en coulisse » entre l’Union des Comores et la France, livre Estelle Youssouffa, 39 ans. Cette journaliste mahoraise et consultante en affaires internationales est à l’origine de la pétition publiée mardi matin sur la plateforme change.org, intitulée « Il faut sauver le 101e département ! » Le texte, adressé au président de la République, avait recueilli 4 264 signatures ce mercredi, à 10 h 30.

« Je ne pensais pas que ça irait aussi vite mais j’espérais et me doutais de cette mobilisation. Je pense que ça n’est qu’un début. J’espère qu’on sera très nombreux le 10 mai pour une manifestation à Mamoudzou pour nous faire entendre. » Cette dernière est soutenue par le collectif et l’intersyndicale à l’origine du mouvement social contre l’insécurité.

« Le projet fumeux de hauts diplomates »

La pétition vise à « expliquer la situation, dénoncer ces tractations opaques qui nous concernent au premier chef », en vue, selon l’auteure, d’une Communauté d’archipel. « On a oublié la volonté populaire. Ce n’est pas une question partisane. C’est quelque chose qui mobilise toute l’île. On est au-delà des questions villageoises, des rivalités. Cette question est fondamentale. Il faut mettre un terme absolument tout de suite à ces tractations. Ce n’est pas possible que ce projet continue à cheminer. »

Et d’ajouter : « Ce que j’avance, c’est vérifié. J’ai discuté avec des personnes au plus haut niveau à Paris, des sources fiables. Ce n’est pas de la rumeur […] Ce qu’on veut, c’est que ce projet [de Communauté d’archipel] soit tué dans l’œuf par la volonté populaire. On vit avec depuis 2013. Il est très avancé. Quand on parle aux Mahorais de coopération régionale, c’est pour avancer afin de créer cette Communauté d’archipel. On ne peut pas avoir comme ça la situation qui se détériore avec l’avenir de Mayotte qui est hypothéqué avec le projet fumeux de hauts diplomates. »

Interrogé par le député Mansour Kamardine à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement sur « cette vieille idée de Communauté d’archipel des Comores », le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian avait indiqué le 3 avril dernier : « Nous ne transigerons jamais sur la souveraineté de la France sur le département de Mayotte ».

Dans sa pétition, reproduite intégralement dans le Flash infos du jour, Estelle Youssouffa dénonce des « marchandages » et prévient : « Nous n’accepterons jamais de coopérer avec les Comores : cet État corrompu, disloqué, l’un des plus instables du monde, est régi par un système de castes féodales qui veut nous réduire, nous Mahorais, en esclavage (…) Ces extrémistes menacent notre pratique traditionnelle de l’islam : tolérant, humaniste, pacifiste et féministe puisque l’un des nombreux particularismes de Mayotte réside dans son matriarcat (…) Nous demandons l’abandon pur et simple de la Feuille de route, l’abrogation des Accords d’amitié et de coopération entre la France et les Comores signés en 2013 (…) Les Comores exercent un odieux chantage sur la France en utilisant la misère et la forte natalité de ses citoyens pour conquérir Mayotte par le nombre et extorquer plus d’aide financière tout en réclamant désormais 650 euros par tête pour leur retour. Car, sous couvert de migration économique, c’est un projet politique de conquête de Mayotte qui est en fait à l’œuvre (…) La migration comorienne dans le département de Mayotte [est] un acte de conquête et de guerre qui ne dit pas son nom : la France est menacée. »

 

Pour signer la pétition : https://www.change.org/p/emmanuel-macron-il-faut-sauver-le-101e-departement-de-mayotte

 

Un incendie fait deux morts

Deux adultes âgés de 43 et de 50 ans ont perdu la vie, mardi matin, dans l’incendie d’une maison à Tsoundzou. Les victimes sont un professeur et un mécanicien. L’enquête est en cours du côté de la police nationale pour déterminer l’origine du départ de feu.

La délégation interministérielle invitée du Cesem

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Réuni en assemblée plénière, le Conseil économique social et environnemental de Mayotte (Cesem) a accueilli jeudi la délégation interministérielle qui doit établir un plan de développement pour Mayotte. Éducation, santé, ingénierie, immigration : de nombreux sujets ont été balayés. Morceaux choisis.

« C’est intéressant d’avoir le retour de personnes qualifiées », se réjouit Nicolas Clouet, inspecteur de l’administration de première classe et membre de la délégation interministérielle chargée d’élaborer un plan de développement pour Mayotte. Jeudi après-midi, cette dernière a dialogué avec les membres du Conseil économique social et environnemental de Mayotte (Cesem), réunis en assemblée plénière à l’hémicycle Bamana, à Mamoudzou.

Agriculture, économie, santé, mineurs isolés : pendant plus de deux heures, de nombreuses thématiques ont été abordées ; l’occasion pour la délégation d’apporter des précisions sur le plan qui sera présenté le 26 mai à Mayotte par la ministre des Outre-mer Annick Girardin.

« J’ai envoyé ce jour [jeudi, NDLR] une maquette de ce que pourrait être la plateforme d’ingénierie publique » qui ne s’inscrira pas « dans le fonctionnement habituel des services », souligne Nicolas Clouet. Le collectif d’agriculteurs et de pêcheurs pourra compter dessus pour mener à bien ses projets de deux abattoirs pour volailles, d’un abattoir pour bovins et d’un atelier de transformation alimentaire, cite en exemple l’inspecteur. « La plateforme a vocation à constituer les projets, à les accompagner (…) pour qu’ils puissent sortir le plus vite possible (…) Nous avons constaté que les fonds européens n’étaient pas suffisamment utilisés », précise-t-il.

Le double de voitures en 2030

« Ce territoire souffre d’un manque de pensée à long terme », ajoute Philippe Schmit, inspecteur général de l’administration du Développement durable. « Pour réussir à bâtir cette stratégie systémique (…) on est parti dans une réflexion à 2040. En 2030, c’est presque le double de voitures [sur l’île]. En 2040, c’est tout le nord de l’île qui ne bouge plus », expose-t-il, indiquant se baser sur une croissance démographique raisonnable. « On est resté sur 100 000 habitants de plus en 2040 (…) Le Premier ministre a annoncé un exercice de prospective territoriale. C’est une première en France selon moi. En 2040, on aura 100 000 actifs de plus. Ils vont faire quoi ? L’enjeu, il est là aussi (…) Nous allons mener cet exercice avec vous. »

La lutte contre l’immigration irrégulière a également alimenté le débat. Haoussi Boinahedja, membre du Cesem et représentant du syndicat CGT-Ma demande « un moratoire pour que les Mahorais puissent former demande à l’autorité de venir déloger sans qu’ils soient inquiétés » d’avoir, un temps, hébergé des clandestins. « Il y a peut-être un équilibre à trouver entre cet effort humanitaire (…) les Mahorais aident les autres, ils accueillent (…) et aujourd’hui la menace d’une sanction », abonde le président du Cesem, Abdou Soimadou Dahalani, occultant un certain nombre de situations où des propriétaires exigent une contrepartie financière ou un travail non déclaré en contrepartie de l’occupation d’un lieu. À la clé, une réponse sibylline de l’inspecteur général Philippe Schmit. « La question se pose de l’occupation illicite notamment lorsqu’elle est très récente. Je ne crois pas qu’il soit logique de scanner les terrains. Il y a à la fois un message à envoyer à la population qui croit que Mayotte est la solution et la question de l’éparpillement urbain » qui s’accompagne de brûlis et de déforestation, liste-t-il. « Il faut prioritairement qu’on essaie de stabiliser les zones d’habitation (…) Je suis frappé de constater une très rapide dégradation de la qualité de l’eau du lagon. »

Extension de la maternité

Côté santé, le docteur Grégory Emery, membre de la délégation interministérielle, rappelle la création prochaine d’une agence régionale de santé de plein exercice. Il appelle de ses vœux un « partenariat fort entre le centre hospitalier de Mayotte et des centres universitaires métropolitains pour faire venir des spécialistes (…) pour créer des ponts ».  Le sous-directeur adjoint performance à la direction générale de l’offre de soins déclare aussi que la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn a débloqué « une aide urgente de modernisation de 22 millions d’euros pour le centre hospitalier de Mayotte (CHM) dès 2018 » en vue d’une extension du bloc opératoire et de la maternité et « la constitution d’une réserve de 172 millions d’euros pour la modernisation du CHM. Ça n’est pas le chiffrage final » de ce projet d’ampleur mais une garantie minimum de fonds.

Sur le volet éducation, Pierre Lussiana, inspecteur général à l’inspection générale de l’Éducation nationale et de la recherche met en exergue la création d’un rectorat de plein exercice. « Ce qui est important, c’est surtout la transformation du département en académie. C’est à ce niveau-là que se situe le pilotage stratégique. » Puis d’ajouter : « Quand bien même une partie des élèves proviennent de l’immigration irrégulière – ils sont majoritaires dans certains collèges – il y a un droit à l’instruction. En termes de sécurité, un jeune en situation irrégulière, il vaut mieux qu’il soit scolarisé que déscolarisé. »

Côté économie, « nous avons demandé pour faire face à l’économie informelle des renforts (…) qui j’espère résoudront en partie ce développement », indique l’inspecteur Nicolas Clouet. Par ailleurs, « l’État perd huit millions d’euros de rentrée fiscale à cause de la grève (…) Actuellement est à l’étude par l’inspection générale des finances une forme de réintroduction du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) » qui pourrait se caractériser par une exonération des charges patronales.

S’exprimant à destination des chefs d’entreprise et à propos des prêts d’honneur à taux zéro accordés par l’État pour pallier les conséquences de la grève générale, Nicolas Clouet ajoute : « Vous dites +On est obligé de se rendetter pour repartir+. J’en ai bien conscience (…) Ça n’est peut-être pas suffisant. Encore un peu de temps, s’il vous plaît. Il y a encore des réunions interministérielles qui vont se tenir toute la semaine », précise-t-il jeudi.

Plan de développement : le Cesem regrette de ne pas être associé

Par voie de motion, le Conseil économique social et environnemental de Mayotte (Cesem) a regretté « que le gouvernement ait cru devoir limiter le dialogue ainsi instauré à Paris, le 19 avril courant, avec les seuls élus politiques de l’île en excluant totalement la société civile qui a conçu et réalisé l’actuel mouvement de protestation ». Le Cesem trouve « très regrettable que la revendication sécuritaire de la population n’a pu faire l’objet d’annonces crédibles à ce jour ». Le Conseil économique social et environnemental de Mayotte « rappelle aux pouvoirs publics [qu’il] constitue l’Assemblée représentant légitimement la société civile organisée [et] espère dorénavant [qu’il] sera associé aux travaux de recherche et de formulation des solutions aux problèmes soulevés par les Mahorais ».

 

À la rencontre de Maliki Bassoiri | Gérant du bureau d’études EIC

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Maliki Bassoiri est à la tête d’EIC, bureau d’études et ingénierie du bâtiment situé à Longoni. Fondé en 2015, c’est à la sueur de son front que le chef d’entreprise a développé son activité sur l’île aux parfums. 

Maliki Bassoiri a un parcours ancré dans le génie civil. Après avoir passé un bac scientifique au lycée de Mamoudzou, en 1997, il poursuit ses études à l’Institut universitaire de technologie de Grenoble (38) où il obtient un diplôme universitaire de technologie (DUT) en génie civil, l’équivalent d’un bac +2. Ce dernier complète sa formation à l’Institut universitaire professionnalisé avec une licence et une maîtrise en génie civil, qui lui donnent le titre d’ingénieur maître en génie civil. Motivé, Maliki Bassoiri ne souhaite pas s’arrêter là. Il intègre l’École nationale d’ingénieurs de Saint-Étienne (42) pour une ultime graduation en master. L’étudiant devient alors ingénieur en génie civil. Son objectif est atteint. 

À Saint-Étienne, le futur gérant n’avait qu’une idée en tête : revenir s’établir sur son île natale. « Une fois que j’ai obtenu mon master, j’ai commencé à envoyer des CV et des lettres de motivation à Mayotte », explique Maliki Bassoiri qui n’avait nullement envie de rester travailler en métropole : « Dès le départ, je m’étais donné cinq ans pour faire mes études et revenir ». 

« J’étais prêt sans être prêt » 

En septembre 2003, il est de retour à Mayotte et c’est avec célérité que les portes de l’emploi s’ouvrent à lui.  Sans  « galérer » comme c’est parfois le cas, il se voit proposer des postes de haute fonction. « Dans ma tête, j’étais prêt sans être prêt. C’était l’ambition qui parlait », raconte-t-il.  Sa carrière professionnelle démarre au sein du bureau d’études EMI, œuvrant dans le bâtiment et le génie civil en tant qu’ingénieur structure. Il y reste trois ans avant d’intégrer la Chambre professionnelle (devenue la  Chambre de commerce et d’industrie) en tant que directeur technique au port, pour une durée de six mois. Le challenge n’était pas au rendez-vous : « Cela ne me plaisait pas de faire carrière dans une structure administrative, de type fonctionnariat », explique Maliki Bassoiri, qui prend son courage à deux mains et démissionne. Aussitôt, il rejoint le bureau de contrôle, Bureau Veritas, en tant que chargé d’affaires contrôle technique. Deux années plus tard, il est nommé responsable de l’agence, de 2009 à 2014. 

À la tête de quatre entreprises 

Maliki Bassoiri crée EIC – pour Études ingénierie et conseil – en 2015,  mais pas que. Si l’entreprise spécialisée dans l’ingénierie civile reste la société phare, le chef d’entreprise détient les clés de ses trois petites sœurs, fondées dans la foulée et avec ses fonds propres. Ainsi, Maore coordination sécurité (MCS), spécialisée dans la sécurité chantier, et Mayotte inspection, spécialisée dans les réseaux d’assainissement voient également le jour en 2015. Un an plus tard, P2-M Consulting intervient dans l’assistance à maîtrise d’ouvrage. Les quatre entreprises sont basées à Longoni, dans la vallée 3. Pourquoi tant de structures ? Pour la simple et bonne raison que le chef d’entreprise souhaitait diversifier son activité. « Ce n’est pas le même domaine d’intervention, explique-t-il. Par exemple, EIC est un bureau d’études effectuant des études de route, de bâtiment, de voirie, MCS procède à de la coordination sécurité sur les chantiers ».  

Si aujourd’hui Maliki Bassoiri est persuadé que les études – aussi longues soient-elles – ne font pas d’une personne ce qu’elle est, il exhorte la jeunesse mahoraise à redoubler d’efforts pour réussir, car « le plus dur est de se trouver une place sur le marché ». 

 

 

 

Le carnaval, point d’orgue du Fatma

Ce week-end s’ouvre la 11ème édition du Festival des Arts traditionnels de Mayotte (Fatma) avec le grand retour du carnaval. Précisions sur les orientations et le programme.

Cette année, le grand carnaval du Festival des Arts traditionnels de Mayotte (Fatma), plébiscité par les habitants de l’île et faisant défiler dans un cortège bigarré l’ensemble des costumes folkloriques de l’île aux parfums, est de retour. En effet, l’année dernière, il n’avait pas eu lieu, provoquant la déception des petits et des grands. Autres nouveautés détaillées par le Conseil départemental : l’organisation d’un mbiwi et d’un chigoma géants pour la 11ème édition de cet événement qui se déroulera du 27 au 29 avril à Mamoudzou, avec des animations et des ateliers gratuits et ouverts à tous.

L’idée générale de ce festival : donner à voir les traditions mahoraises telles qu’elles étaient à l’origine ainsi que leurs évolutions. « Il y a des choses qui se perdent, comme la véritable identité des danses et certains instruments de musique », affirme Katty Abdou, chargée de programmation à la direction de la culture et du patrimoine du Conseil départemental. « Par exemple, pour le chigoma, les participants dansent désormais selon des chorégraphies qui n’existaient pas avant », détaille-t-elle. Autre exemple selon elle : la façon qu’ont les anciennes de danser le m’biwi, « en bougeant tranquillement et doucement les fesses (magouta) » et qui a changé. Dorénavant, les jeunes danseuses suivent le rythme beaucoup plus effréné du tambour (souloubou). Des exemples parmi d’autres de la modernisation des coutumes mahoraises. 

Afin de rappeler les traditions d’antan, un « village des mémoires » prendra place et sera composé de stands sur lesquels il sera possible de s’initier aux danses et aux instruments traditionnels tels que le dzendzé ou le gaboussi. En outre, le président du Conseil départemental prendra la parole le 27 avril pour « expliquer la vraie histoire de l’esclavage de Mayotte et donner la vraie date de la fête de l’abolition ». 

Le premier Festival de Mayotte

En outre, ce festival se veut multigénérationnel avec, notamment, un atelier destiné aux enfants autour du m’toro, cette figure de l’esclave fugitif que les parents brandissaient autrefois pour faire peur aux petits. Un spectacle de la compagnie de théâtre Ari Art définira les contours de cette légende aux enfants qui s’armeront ensuite de leur imagination et de leurs crayons pour raconter des histoires autour de ce mythe et dessiner ce fameux m’toro. Les meilleurs dessins et histoires seront distingués en juin prochain lors du tout premier Festival de Mayotte. Le mystère est bien gardé par le Conseil départemental qui refuse pour le moment de communiquer autour de ce nouvel événement.

 

 

Programme du 11ème Fatma

Vendredi 27 avril :

– Cérémonie de commémoration de l’abolition de l’esclavage avec inauguration de la stèle sur l’abolition de l’esclavage (De 9h à 10h45, avec les allocutions du président du Conseil départemental et du préfet, Jardin de l’hôtel du Département) 

– Spectacle d’Ari Art (10h45, Jardin de l’hôtel du Département)

– Visite guidée de l’exposition sur l’esclavage (11h, Jardin de l’hôtel du département)

– Spectacle d’Ari Art sur le thème du m’toro (11h25, Salle de cinéma Alpa Joe)

– Lancement du concours d’écriture « Raconte-moi le m’toro » (11h50, Salle de cinéma Alpa Joe)

– Salon d’exposition d’objets artisanaux et d’instruments traditionnels (De 9h à 16h, Place de la République) avec discours d’ouverture à 14h

– Village des mémoires et des abolitions (De 15h à 18h, Place de la République) 

 

Samedi 28 avril :

– Salon d’exposition d’objets d’artisanaux et d’instruments traditionnels (De 9h à 18h, Place de la République)

– M’biwi géant (De 14h à 18h, Place de la République)

– Spectacles de danses traditionnelles, concerts, nuit du gaboussi (De 20h à minuit, Place de la République)

 

Dimanche 29 avril :

 – Salon d’exposition d’objets d’artisanaux et d’instruments traditionnels (De 9h à 12h, Place de la République)

– Carnaval géant (De 14h à 16h, Départ de la MJC de M’gombani)

– Chigoma et clôture de Fatma (De 20h à minuit, Place de la République)

 

Le port de Mayotte privé de l’un de ses deux quais

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Non entretenu depuis 1992 selon l’actuel délégataire Mayotte Chanel Gateway (MCG), le quai n°1 du port de Longoni sera fermé fin juin sur décision préfectorale. « Ça va poser un énorme problème », estime MCG qui pointe du doigt la responsabilité du Conseil départemental. Contacté, ce dernier n’a pas souhaité réagir.

Le port de Longoni dans le creux de la vague… Le délégataire de service public, Mayotte Chanel Gateway (MCG), cumule les difficultés depuis plusieurs semaines. Le site a d’abord été paralysé par la grève générale, avant que la maison refuse de faire crédit aux transitaires, provoquant un bras de fer avec ces derniers. Prochain désagrément : l’un des deux quais va devoir fermer le 30 juin en raison de sa vétusté. La préfecture est à l’origine de cette décision, via un arrêté en date du 28 mars, signé par l’ancien préfet de Mayotte, Frédéric Veau.

« Considérant la nécessité de sécuriser les installations portuaires situées sur le domaine public de l’État et de prévenir tout risque d’accident du fait de la vétusté du quai n°1 ; considérant qu’il revient au Conseil départemental de Mayotte d’entretenir les ouvrages situés sur le domaine public de l’État et transférés en gestion ; considérant que le Conseil départemental n’a jusqu’à présent pris aucune mesure de réhabilitation du quai n°1, malgré une mise en demeure et bien qu’alerté depuis plusieurs années par le commandant du port, sur proposition du chef d’unité territoriale de Mayotte de la  direction de la mer Sud océan Indien ; (…) l’utilisation du quai n°1 (…) est interdite à partir du 30 juin 2018 », stipule le document. Contacté par téléphone, le Conseil départemental a déclaré ne pas souhaiter réagir à ce sujet.

« Pas une surprise »

« Ça n’est pas une surprise« , réagit Jacques-Martial Henry, chargé de mission chez MCG. « Depuis 1992, le quai n’a jamais fait l’objet d’un entretien quelconque ni par le Conseil général ni par le délégataire de l’époque. » La centaine de pilotis, « enfoncés directement sous l’eau« , s’est notamment dégradée. « Nous estimons le coût de remise en état du quai n°1 à 35 millions d’euros minimum« , quantifie Jacques-Martial Henry.

« La dernière réunion [à ce sujet] a eu lieu en novembre 2016« , précise-t-il. « On était en pourparlers avec le Conseil départemental. Le principe avait été acté de déléguer à MCG les études et les travaux mais ça n’a jamais été formalisé« , affirme-t-il. Aucune mission n’a débuté depuis.

La fermeture de l’un des deux quais du port va « poser un énorme problème« , poursuit Jacques-Martial Henry. « Si des bateaux viennent au même moment, ça veut dire que l’un doit rester au mouillage pendant qu’on travaille sur l’autre. C’est une perte de temps pour les armateurs.« 

Le risque : « L’autre armateur va se dire +Je vais faire mon transbordement à Maurice ou à La Réunion+. Ça va ralentir l’économie de Mayotte. Il y aura une perte pour tous les acteurs du port, y compris pour le Conseil départemental lui-même. 75% des redevances sur les marchandises sont versées au Conseil départemental« , déclare Jacques-Martial Henry.

Selon ce dernier, il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur l’état du quai n°2, « deux fois plus grand que le quai n°1« , qui est fonctionnel.

Une voiture interceptée avec plusieurs régimes de bananes

Dans le cadre de la lutte contre l’insécurité, le comité pour la sécurité et la tranquillité de Tsoundzou a intercepté une voiture avec une énorme cargaison de régimes de bananes hier vers 1h00 du matin sur la route nationale de Tsoundzou 1. Les deux occupants ont tenté de prendre la fuite avant d’être rattrapés et remis aux mains de la police. Il s’agit vraisemblablement de régimes volés dans un champ du sud. La voiture sans assurance a été immobilisée et remorquée vers la fourrière. Après le violent cambriolage survenu dans la nuit du dimanche à au lycée agricole de Coconi, où 8 individus ont neutralisé les deux gardiens en les ligotant, l’insécurité ne faiblit pas dans le département malgré les 8 semaines de grève.

 

Des vigiles ligotés au lycée agricole de Coconi

Huit individus armés de machettes ont pénétré au sein du lycée agricole de Coconi dans la nuit de dimanche à lundi vers 1h15, a indiqué la gendarmerie de Mayotte. Ils ont ligoté les vigiles sous la menace de leurs armes et les ont laissés dans un véhicule le temps de dérober du matériel à l’intérieur de l’établissement (ordinateurs, téléphones, etc.). Ils ont également volé trois véhicules, dont une voiture et un deux-roues appartenant au lycée et un scooter appartenant à un vigile. Les huit individus ont pris la fuite.

Cinq ans de prison pour des attouchements sur une fillette

Un jeune homme était jugé mercredi par le tribunal correctionnel de Mamoudzou pour des attouchements suspectés de nature sexuelle sur une fillette de moins de dix ans. Malgré ses dénégations, il a été condamné à cinq ans de prison avec maintien en détention.

L’affaire a été « correctionnalisée pour un jugement plus rapide », souligne Benjamin Banizette, le président de l’audience. « Initialement, c’est un viol qui était reproché ». Mercredi, le tribunal correctionnel de Mamoudzou a jugé un jeune homme de 21 ans suspecté d’attouchements de nature sexuelle sur une fillette de moins de dix ans au moment des faits.

Les agressions ont été dénoncées par la mère de la victime le 24 mars 2016, après qu’elle aurait surpris le prévenu – un ami de la famille parfois hébergé au domicile – sortir des toilettes, pantalon baissé et sexe en érection, avec sa fille derrière lui tétanisée. Son enfant confiera ensuite qu’elle aurait été à plusieurs reprises attouchées par le suspect. C’est donc pour plusieurs agressions commises entre le 1er septembre 2015 et le 23 mars 2016 que comparaissait à la barre le prévenu, qui avait été placé en détention provisoire dans l’attente de son jugement.

« C’est complètement faux », assure-t-il à la barre. « Je ne comprends pas pourquoi ça tombe sur moi ». La maman « veut de l’argent », avance celui qui indique être « plus attiré par les hommes ». Mais les éléments à charge sont nombreux. L’expertise psychologique réalisée sur la victime ne révèle « aucun trouble ou anomalie » et « l’existence d’un traumatisme puisque la jeune fille revoit les images de la scène lors de l’endormissement. Elle a du mal à en parler ». Un examen médical souligne « une défloration latérale partielle droite » qui pourrait correspondre aux attouchements suspectés.

« Une seconde chance »

« Nous sommes d’homme à homme. Vous savez très bien qu’il y a des filles qui se caressent », tente alors le prévenu, à l’attention du président de l’audience. Ce dernier le recadre : « Nous sommes de tribunal à prévenu », rappelle-t-il, tout en jugeant peu réaliste l’argument de ce dernier, compte tenu de l’âge de la fillette. « Vous avez écrit une lettre pour demander pardon », relève par ailleurs Benjamin Banizette. Le suspect déclare dans ce courrier à la mère de la victime : « Aide-moi à sortir d’ici s’il te plaît », tout en demandant « une seconde chance ». Un terme qui intrigue les magistrats du siège. Est-ce un aveu de culpabilité ? Non, assure le prévenu, qui indique, en substance, ne pas avoir saisi la définition de l’expression « seconde chance ».

Élément à la décharge du prévenu : « Aucune trace ADN n’a été retrouvée sur les vêtements » de la fillette, déclare le président de l’audience. Le procureur de la République a requis cinq ans de prison à l’encontre du prévenu. Le délibéré est similaire, avec un maintien en détention. Le suspect devra également verser 4 500 euros de dommages et intérêts. Il a dix jours pour faire appel de la décision de justice.

 

Annonces à Matignon : des élus satisfaits

La réunion d’étape jeudi à Matignon entre le Premier ministre et les élus de Mayotte était très attendue par la population mahoraise. À l’issue de cette rencontre, Édouard Philippe a annoncé quelques avancées pour Mayotte telles que la création d’une agence régionale de santé et d’un rectorat de plein exercice sur le territoire, qui ont satisfait les élus.

« Pour une fois, on a senti qu’on prenait nos problèmes en considération », a déclaré le sénateur Abdallah Hassani à l’issue du premier point d’étape de l’élaboration du plan d’action pour Mayotte à laquelle ont notamment pris part jeudi matin le Premier ministre et les élus mahorais à Matignon. 

Cette réunion cruciale est intervenue deux mois après le début du mouvement social et a mis en présence le Premier ministre, Édouard Philippe, entouré de quatre ministres d’importance à savoir Jean-Michel Blanquer (Éducation nationale), Agnès Buzyn (Santé), Élisabeth Borne (Transports) et bien sûr Annick Girardin (Outre-mer), ainsi que les quatre parlementaires de Mayotte (les deux sénateurs, Thani Mohamed Soilihi et Abdallah Hassani, et les deux députés, Mansour Kamardine et Ramlati Ali). Le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, ainsi que deux conseillers départementaux (Ben Issa Ousséni, chargé des Finances et Issa Issa Abdou, chargé de l’Action sociale) étaient également de la partie. Le président de l’association des maires, Saïd Omar Oili, ainsi que les maires de Tsingoni et de Mamoudzou complétaient l’équipe locale. Le préfet et délégué du gouvernement, Dominique Sorain, s’était également déplacé.

Mayotte dans la loi asile et immigration

À l’issue de la rencontre qui a duré plus de deux heures, le Premier ministre a pris la parole face aux caméras et a annoncé quelques mesures d’ores et déjà actées par le gouvernement. Édouard Philippe a rappelé que suite à la visite d’Annick Girardin en mars dernier, les actions contre l’immigration clandestine ont été renforcées et que « des amendements répondant à la situation spécifique de Mayotte sont examinés dans le cadre du projet de loi sur une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif : je pense en particulier au contrôle des documents des étrangers dans les véhicules de transport ou aux sanctions pour fausse attestation ». Le Premier ministre a rassuré : les actions se poursuivront « tant sur le plan opérationnel que diplomatique ».

Sur la question de la crise diplomatique entre la France et les Comores, le Premier ministre est resté vague : « L’immigration est évidemment au coeur de nos échanges diplomatiques mais, ce matin, nous avons aussi convenu qu’un dialogue approfondi avec l’Union [des Comores] doit contribuer au développement des services publics et de l’économie de l’archipel. Je pense aussi à la coopération sanitaire qui fait l’objet d’une mission. » Un représentant du ministère des Affaires étrangères était d’ailleurs présent à la réunion, a confirmé le sénateur Hassani Abdallah qui s’est déclaré satisfait des positions prises par le Premier ministre durant la réunion : « Il a réaffirmé l’appartenance de Mayotte à la nation française (…) Le statut de Mayotte ne sera jamais touché (…) Il n’y a pas d’ambiguïté ». Concernant les crispations autour des reconduites à la frontière, pour le sénateur, « on ne peut pas aller plus vite que la musique (…) Les négociations vont se poursuivre ». Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a d’ailleurs rencontré jeudi son homologue comorien. 

Un rectorat de plein exercice

Les mesures majeures annoncées par Édouard Philippe concernent l’évolution de l’organisation de l’État à Mayotte et de ses services. L’exécutif s’achemine vers une volonté de prises de décisions déconcentrées, en local, afin « que les réponses soient le plus adaptées à la situation du territoire ». Ainsi, selon le Premier ministre, « nous allons poser les bases d’une agence régionale de santé (ARS) de Mayotte et créer un rectorat de plein exercice pour Mayotte. De même, Pôle Emploi va renforcer l’autonomie de sa direction basée à Mayotte ». 

En matière d’éducation, « le besoin de rattrapage des équipements scolaires est incontestable, en particulier dans le secteur primaire. Nous allons donc bâtir dans les prochaines semaines un plan pour accélérer le rythme des constructions de classes », a encore dévoilé Édouard Philippe. 

Des annonces saluées par les élus en présence et par le syndicat des enseignants du premier degré, le SNUipp-FSU Mayotte, récemment exclu de l’intersyndicale. Le syndicat a déclaré par voie de communiqué « rester dans l’attente de précisions sur les moyens qui seront alloués au nouveau rectorat de Mayotte, sur les échéances et le volume de constructions de nouvelles salles de classe » et constater « que le gouvernement n’a pas encore répondu aux autres revendications concernant l’augmentation des moyens humains notamment à travers la généralisation des REP+ (réseaux d’éducation prioritaire renforcés, NDLR) dans tout le département, l’augmentation du taux d’indexation des salaires ou d’autres mesures indemnitaires, etc. » 

Instauration de la CMU

Sur le volet santé, le Premier ministre a annoncé l’instauration prochaine de la couverture maladie universelle (CMU), une avancée notable pour le département.

S’agissant des infrastructures, « le gouvernement va soutenir le développement d’un transport en commun en site propre sur la Grande-Terre et la réalisation du contournement de Mamoudzou », a-t-il encore promis. Du côté de l’aérien, « une mission sur les capacités de développement de l’aéroport de Mayotte, sur les moyens de favoriser la concurrence et d’abaisser les prix des billets d’avion » est prévue. 

Ce « débat franc » a plu aux élus de Mayotte, a soutenu le sénateur Abdallah Hassani qui se réjouit des annonces, notamment celles ayant trait au rectorat et à l’ARS de plein exercice. Sur la question du calendrier, le sénateur a déclaré qu’il n’en avait pas été fait mention dans la réunion mais que « ce n’est qu’un point d’étape dans le processus. Les discussions vont se poursuivre ici [à Paris] et à Mayotte, avec la délégation [interministérielle] ». Ainsi, les élus sont-ils relativement satisfaits, sauf sur les enjeux du port de Longoni et de la piste longue de l’aéroport. Ils devraient rencontrer l’intersyndicale et le collectif à leur retour sur Mayotte afin de leur faire un compte-rendu du point d’étape.

 

Les non-invités se rebiffent

Quatre membres de l’intersyndicale et du collectif (Djoumoy Djoumoi (CFE-CGC), Salim Nahouda (CGT Ma), Ousséni Balahachi (CFDT), et un membre de l’association des Familles de France) s’étaient déplacés à Paris pour suivre la réunion mais n’ont pas pu assister aux échanges. « Ils se sentent écartés mais dès le début, Édouard Philippe a dit qu’il s’adresserait aux élus », a expliqué le sénateur Abdallah Hassani. Le président de l’association des maires a déclaré à l’AFP regretter que le Premier ministre ne les ait pas conviés toutefois. Autre déçu : le député européen Younous Omarjee, très investi sur les problématiques ultramarines, qui a tweeté à l’adresse d’Annick Girardin : « Dommage que vous n’ayez pas eu le réflexe européen en oubliant d’inviter le député européen des Outre-mer et de Mayotte. L’avenir de Mayotte et les solutions sont pourtant inséparables de l’engagement de l’Europe. »

La ministre des Outre-mer à Mayotte mi-mai

Annick Girardin, la ministre des Outre-mer, devrait se rendre à Mayotte vers le 15 mai pour présenter aux Mahorais le plan d’action pour Mayotte.

 

Qualité de l’air : prévenir avant l’étouffement

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À l’occasion de l’assemblée générale ordinaire de l’association Hawa Mayotte chargée de l’observation de la qualité de l’air dans le département, nous avons interrogé Bruno Brouard-Foster, directeur de l’association. Si la qualité de l’air à Mayotte n’est pas critique sur le plan sanitaire, il insiste pour prendre en compte les différents types de pollution afin de prévenir les risques futurs.  

Flash Infos : Pouvez-vous nous présenter Hawa Mayotte et ses prérogatives ?

Bruno Brouard-Foster : Hawa Mayotte est une association agréée de surveillance de la qualité de l’air dans le département. L’État met en place une surveillance de la qualité de l’air dans les DOM, comme en métropole. Cette surveillance est établie grâce aux différentes associations régionales. Il existe 18 associations réparties sur tout le territoire français, et Hawa Mayotte est la dernière ASCA (association agréée de surveillance de la qualité de l’air) créée sur le réseau. Notre travail se concentre également sur la sensibilisation et la communication auprès des populations. Nous menons des actions auprès des jeunes dans les groupes scolaires, mais aussi au sein des entreprises et des institutions. Nous avons aussi un devoir d’alerte en cas de pic de pollution préoccupant. 

FI : De quels indices dispose-t-on quant à la dégradation de la qualité de l’air à Mayotte ? 

B.B-F : Le simple fait de se balader à Kawéni en heure de pointe est un indice marquant. Les embouteillages et les fumées des pots d’échappement sont suffocants et révélateurs. De manière générale, les particules fines et la pollution par les poussières sont un phénomène à prendre en compte en termes de préoccupation écologique. Celui-ci étant la conséquence du trafic automobile, mais aussi du brûlage de déchets, y compris des déchets verts. 

FI : Quelles mesures peut-on prendre au quotidien pour améliorer la qualité de l’air ? 

B.B-F : Tout le monde peut agir à son échelle pour améliorer la qualité de l’air. En termes de déplacements, il suffit de ne pas prendre sa voiture pour les trajets courts. Vous pouvez privilégier la marche à pied ou la bicyclette. À la maison aussi des actions sont possibles : limitez les bombes déodorantes et les produits odorants de manière générale tels que l’encens. Enfin, n’oublions pas la fumée de cigarette qui reste la pollution de l’air la plus connue. L’homme respire en moyenne un volume de 15 000 litres d’air par jour, ce qui représente un ballon de 3 mètres de diamètre. On peut facilement imaginer l’effet de filtre de nos poumons vis-vis de cet air vital que nous respirons quotidiennement. Plus cet air sera propre, moins il causera de maladies aux Mahorais et aux Mahoraises. 

FI : Que peut-on espérer en termes de mesures politiques pour favoriser cette amélioration ? 

B.B-F : Nous attendons des actions fortes, notamment concernant la mise en place de transports en commun. Il faut également espérer un meilleur suivi au niveau des contrôles techniques automobiles et des contrôles de pollution. Je reviens aussi sur le brûlage, avec les cultures sur brûlis qui sont monnaie courante. Il faudrait des actions de police de l’environnement plus fortes. Les lois existent puisqu’un arrêté a été pris pour interdire la pratique du brûlis. Mais il faut que les moyens de répression soient assez conséquents pour l’appliquer. 

 

Contrôle de garages automobiles

Une nouvelle action de contrôle de plusieurs garages automobiles a été organisée le jeudi 12 avril, à Mamoudzou, dans le cadre du plan d’action décidé au sein du Comité opérationnel départemental anti-fraude (Codaf) co-présidé par le préfet et le procureur de la République, a indiqué mardi la préfecture par voie de communiqué. Au cours de cette opération coordonnée entre les services de police et de l’inspection du travail, trois garages ont pu être contrôlés, précise-t-elle encore. De « nombreuses situations de travail dissimulé ont été constatées », relève la préfecture qui dénombre au moins un garage sans activité déclarée et l’emploi d’étrangers sans titre de travail ainsi que des manquements à la réglementation relative à l’hygiène et la sécurité des travailleurs, qui donneront lieu à des poursuites pénales, prévient-elle. À Mayotte, on compte au moins 250 garages dont 120 d’entre eux dans le secteur informel, indique la préfecture qui avertit : « Les contrôles relatifs au travail dissimulé sous toutes ses formes vont se poursuivre et s’intensifier dans les garages au cours de l’année ».

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes