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Mobilisation du Collectif pour un rappel à la loi

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Convoqué pour un rappel à la loi suite à des faits de violences, Ampa, le déficient mental manifestant aux côtés du Collectif, a été soutenu lundi au tribunal par une trentaine de personnes. Sous la pression de son avocat qui invoque des défauts de procédure, la mesure a finalement été annulée mais le procureur a annoncé rouvrir le dossier. La foule a acclamé la décision d’annulation et manifesté sur la RN1, ralentissant la circulation vers 10h00.

Émoi encore ce lundi matin devant le tribunal de grande instance de Mamoudzou. Convoqué dans le cadre d’un rappel à la loi pour violences sur agent dépositaire de l’autorité publique, Ampa, déficient mental manifestant aux côtés du Collectif, était soutenu par une trentaine de personnes, arborant des chapeaux mais aussi des chemises et des salouvas aux couleurs de la France. Alors que nous attendions avec nos confrères du Journal de Mayotte, un homme vient spontanément à notre rencontre et nous montre une vidéo des heurts devant le dispensaire de Jacaranda mi-octobre, lorsque des manifestantes avaient bloqué l’entrée de ce centre de soins et de consultations pour protester contre l’immigration. Sur cette vidéo, on voit effectivement Ampa maîtrisé par les forces de l’ordre. Cependant, on constate aussi qu’avant d’être maîtrisé, il se tenait derrière un policier et avait son bras passé autour de son cou, dans un geste d’étranglement. On ne note pas de violences brutales mais une ébauche d’agression physique avec contact. 

Néanmoins, ce lundi matin, son avocat, Maître Delamour Maba Dali, est remonté et invoque des défauts de procédure concernant, d’une part, la garde à vue d’Ampa, puis sa convocation ce matin-là devant un délégué du procureur pour un rappel à la loi. En effet, selon lui, son tuteur et son avocat auraient dû l’accompagner lors de ces procédures. 

Le rappel à la loi, pas une sanction

Interrogé sur l’obligation de la présence de ces deux personnes dans le cadre d’une garde à vue puis d’une convocation pour un rappel à la loi, le procureur de la République, Camille Miansoni, a réfuté l’argument : « Il n’y a pas lieu [qu’il soit assisté de son tuteur ou de son avocat] car, justement, on ne poursuit pas ». Et le parquet d’insister sur le fait que le rappel à la loi n’est pas une sanction mais la mesure « la plus sereine, la plus légère et la plus compréhensive » que le ministère public ait pu décider eu égard à la personnalité du prévenu. Cette mesure « ne sera inscrite nulle part », est « pédagogique et non coercitive » et permet de « classer le dossier sans suite », insiste le ministère public. « Le sentiment que j’ai, c’est qu’on saisit tout pour en faire une tribune », déplore-t-il encore. À la suite d’une entrevue avec l’avocat d’Ampa, « surpris » par l’ampleur de l’affaire, le procureur de la République a demandé aux manifestants de quitter les lieux par crainte « d’incidents » et a décidé d’annuler lundi la mesure. Toutefois, il a annoncé rouvrir le dossier  – qui aurait dû être classé sans suite – afin de « voir s’il y a matière à poursuivre ». 

À l’annonce de l’annulation, Ampa et ses soutiens ont quitté le tribunal en chantant et aux cris de « Ampa président ». Ils ont manifesté leur joie en marchant sur la RN1 jusqu’à la place Mariage, encadrés par des policiers, et ralentissant considérablement la circulation, vers 10h00 du matin. Non déclarée, cette manifestation spontanée entravant la circulation n’a toutefois pas été empêchée par les forces de l’ordre : « On préfère accompagner et sécuriser pour éviter que ça ne dégénère » plutôt que de réprimer, a indiqué lundi la préfecture. 

 

 

 

Sécurité | Coconi : poursuite du droit de retrait au lycée agricole

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À la suite de l’agression de deux de leurs collègues, les agents du seul lycée agricole de l’île ont décidé d’exercer leur droit de retrait le vendredi 26 octobre. Ils ne reprendront le travail qu’après avoir obtenu « des mesures véritablement concrètes » concernant la sécurisation de ce site d’une vingtaine d’hectares qui a déjà fait l’objet de plusieurs faits similaires par le passé. 

« Nous savons que ce sont nos élèves qui en pâtissent, mais nous n’allons pas attendre qu’il y ait un mort pour agir ». Pour la deuxième fois en à peine plus d’un an, les agents du lycée agricole de Coconi ont décidé de faire usage de leur droit de retrait, le vendredi 26 octobre, à la suite de l’agression à l’arme blanche, le mardi précédent, de deux de leurs collègues sur l’un des trois sites de l’établissement. »Mardi, nous étions à la table des négociations avec le directeur de cabinet du préfet, le directeur de la DAAF (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt, ndlr) notre SRFD (Service régional de la formation et du développement, ndlr) et la direction du lycée agricole. La réunion a débuté à 17h30 et s’est achevée vers 21h30. On a décidé de quitter la table des négociations car nous n’avons pas obtenu de mesures véritablement concrètes », déplore Yazide Mohamed, enseignant en agronomie et production horticole à Coconi et secrétaire général FO « enseignement agricole ». S’il salue l’implication de sa direction, le syndicaliste dénonce « l’inefficacité de (son) ministère » de tutelle, en l’occurrence, l’Agriculture, dans la prise en compte de l’insécurité qui frappe l’établissement. Pour autant, ce n’est pas la première fois que les salariés dénoncent le climat d’insécurité qui y règne et le manque de moyens déployés pour y remédier. « Cette agression, c’est le même acte qu’il y a un an jour pour jour. Au lycée de Coconi, un ouvrier d’exploitation s’était fait tabasser par une quinzaine de jeunes. Nous avions alors fait usage de notre droit de retrait pour trois jours. Ils étaient venus avec des mesurettes », telles qu’embaucher quelqu’un pour assurer le filtrage des élèves à l’entrée des établissements ou « renforcer le grillage » de l’établissement. Depuis lors, une société de gardiennage assure la sécurisation du site la nuit, mais l’agression et les tentatives d’intrusion peuvent également survenir en journée, comme le 23 octobre dernier. À cet égard, le syndicaliste regrette une inégalité de traitement par rapport aux établissements relevant du ministère de l’Éducation nationale. 

Des rondes de gendarmerie plus régulières

En outre, selon lui, « la violence a pris une autre tournure depuis l’an dernier, avec de plus en plus d’agressions à l’arme blanche. Comme le lycée de Kahani (où les violences de la fin 2017 avait déclenché droit de retrait et manifestations ndlr) est désormais sanctuarisé, maintenant les jeunes (délinquants ndlr) se rabattent sur le lycée agricole ». Dans un communiqué adressé à la presse mercredi, les agents ont listé leurs principales revendications, à savoir, la sécurisation des trois sites du complexe : Valarano – où s’est déroulée l’agression du 23 – l’atelier agroalimentaire, et le lycée. « Les personnels ont construit un plan d’action à mettre en place dans l’immédiat et à plus long terme. À titre d’exemple, ils demandent : des rondes régulières des gendarmes sur l’ensemble des sites, un portail sécurisé avec vérification de l’identité des personnes entrant dans l’établissement, la mise en place d’une clôture intégrale et sécurisée du lycée…etc. », indiquent les agents dans leur communiqué. « Ainsi, ils attendent de la part de la DAAF, autorité de tutelle représentant le ministère de l’Agriculture et de la préfecture des réponses urgentes et désengagements clairs à la mesure du danger ».

Du côté de la DAAF, la chef de service Formation et développement Nathalie de Turckheim indique que les faits ont été remontés « le plus vite possible » au ministère de l’Agriculture, avec lequel les agents de la DAAF sont en contact « régulier, voire très régulier » pour faire avancer le dossier. « Ils (le ministère) ont déjà financé une partie de la sécurisation du lycée, ils sont bien conscients du problème, peut-être faut-il qu’ils le soient encore un peu plus », reconnaît-elle par ailleurs, assurant que « s’il faut y retourner, on y retournera ». Le directeur de cabinet du préfet, Étienne Guillet, a également « eu une écoute très favorable » à ce propos, assure-t-elle, notamment sur la revendication d’une augmentation des rondes de gendarmerie dans le périmètre de l’établissement. « Il faut proposer quelque chose de cohérent », souligne-t-elle encore, au regard notamment des contraintes particulières du site de Coconi, avec ses 20 hectares de superficie, qui nécessitent une prise en charge spécifique et vis-à-vis de la problématique sécuritaire qui concerne l’ensemble des agriculteurs mahorais. Une proposition de plan d’action, tirée de l’analyse des demandes d’investissements formulées par les agents, devrait d’ailleurs être envoyée à Paris dès ce début de semaine, indique Nathalie de Turckheim. 

 

 

 

 

 

 

Sécurité | Une baisse de la délinquance générale

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Ce n’est pas pour « se gargariser » selon les mots du procureur de la République que le préfet Dominique Sorain a réuni hier la presse mais pour partager une bonne nouvelle : la tendance à la baisse de la délinquance générale des deux premiers trimestres se confirme au troisième. 

« On s’était engagés à faire régulièrement un point » sur les chiffres de la délinquance, annonce en préambule le préfet Dominique Sorain. Chose promise, chose due, il a convié la presse mardi afin de rendre compte de la situation en matière de délinquance à Mayotte au troisième trimestre 2018. En mettant en perspective ces chiffres avec ceux des deux premiers trimestres, le délégué du gouvernement a mis en exergue une « tendance lourde » de baisse de l’insécurité sur les neuf premiers mois de l’année en cours. 

De manière générale, les faits de délinquance baissent de 12% au cours des neuf premiers mois et de 11,6% en particulier au troisième trimestre. « On est bien dans la confirmation, (…) on ne peut plus parler d’éléments conjoncturels », s’est réjoui Dominique Sorain. Dans le détail, au troisième trimestre, les agressions reculent de 9,8% par rapport à 2017, les atteintes aux biens de 18% avec une baisse notable des cambriolages de 38%. Le préfet note « une baisse sensible des violences intrafamiliales » même si ces dernières restent au-dessus des moyennes nationales à l’instar des autres départements d’outre-mer.

140 gendarmes par jour pour les élèves

« Il y a toujours trop de délinquance », concède Dominique Sorain qui constate toutefois que les effets dus aux moyens affectés à la lutte contre l’insécurité « se font ressentir ». Parmi ceux-ci, l’installation de 66 caméras de vidéo-surveillance à Mamoudzou mais aussi les mesures phares du Plan pour Mayotte acté par la ministre des Outre-mer Annick Girardin en mai dernier : la mise en place d’une compagnie départementale d’intervention, l’ouverture d’une nouvelle brigade à Koungou et prochainement à Dembéni, l’affectation de 150 policiers supplémentaires portant les effectifs totaux à 1.050 agents (police et gendarmerie), le renforcement des effectifs de réservistes, l’instauration de la police de sécurité du quotidien et de zones de sécurité prioritaire en Petite-Terre et à Kawéni, l’augmentation du fonds de prévention de la délinquance qui atteint désormais 685.000 euros, etc.

En présence du procureur de la République Camille Miansoni, le préfet a rappelé que la lutte contre les filières de passeurs, contre l’hébergement illégal et le travail dissimulé –  tout « cet écosystème, (…) cet environnement qui crée un terreau propice à l’immigration clandestine »  – a eu des effets positifs. Le préfet n’omet pas « le travail croisé » avec d’autres acteurs tels que les « gilets jaunes » même si cette mobilisation populaire « ne parviendrait pas à elle seule à expliquer ces chiffres (de la baisse de la délinquance générale, ndlr) ».

Le délégué du gouvernement a également souligné l’accalmie en matière de violences scolaires depuis la rentrée dernière, à mettre notamment au crédit du plan de sécurisation des établissements porté par la ministre des Outre-mer et qui mobilise chaque jour entre 100 et 140 gendarmes.

« Encore un combat à poursuivre »

Ainsi, le nombre de faits enregistrés pour 1.000 habitants se rapproche-t-il des taux nationaux notamment dans le cas des atteintes à l’intégrité physique : 2,62 faits pour 1.000 habitants à Mayotte contre 2,40 au national. Par ailleurs, sur l’île aux parfums, l’on enregistre au troisième trimestre 4,12 faits de délinquance générale pour 1.000 habitants contre 8,19 au national. Même les cambriolages sont proportionnellement moins importants : 0,79 fait à Mayotte contre 1,34 au national. « Nous sommes passés d’une situation avec peu de délinquance à une augmentation très brutale » dans les années 90 sur l’île hippocampe, tempère le préfet pour tenter d’expliquer pourquoi ressentis et chiffres diffèrent. Autour de la table dressée pour la conférence de presse, on ne « se gargarise pas de bons résultats », avertit Camille Miansoni : « Ce n’est pas un point d’arrivée (…), il y a encore un combat à poursuivre ». Et « quand ça n’ira pas bien, on le dira », promet-il, dans une logique « d’obligation de transparence et de pédagogie ». 

Cependant, une situation en particulier interpelle le préfet : l’accidentologie routière. Avec « de plus en plus de voitures roulant dans des endroits pas adaptés », des « motos qui roulent vite », un état des routes qui ne permet pas la vitesse, les « ingrédients » sont réunis pour une augmentation de l’accidentologie. Et elle est importante : +84% d’accidents corporels et +50% de blessés légers au troisième trimestre. Une « attention importante » est ainsi portée au sujet, ce qui se traduira par une intensification prochaine des contrôles routiers, alerte le préfet. En trois mois, sur les 1.017 infractions au code de la route relevées, 116 concernent des conduites sans permis, note le colonel Philippe Leclercq pour qui « le vrai sujet, c’est celui-là ».

Pour le parquet, un des sujets actuels concerne la prostitution des mineurs. La première affaire de recours récurrent à des prostitués mineurs a été jugée récemment : le prévenu a été condamné à un an de prison ferme et un an avec sursis. « Il ne faut pas faire de Mayotte une terre de prostitution des mineurs, c’est ça le message », a fermement déclaré Camille Miansoni, faisant vraisemblablement référence aux îles voisines où ces pratiques ont cours. 

 

Autant d’OQTF qu’en 2017

En matière de lutte contre l’immigration clandestine, il a été délivré en 2018, pour le moment, quasiment autant d’obligations de quitter le territoire français (OQTF) qu’en 2017 – 12.000 OQTF au 30 septembre 2018. En outre, 9.632 reconduites aux frontières ont été effectuées depuis le début de l’année « contre 14.231 en 2017 soit une baisse de près d’un tiers ». L’arrêt des reconduites aux frontières en raison du différend diplomatique avec les Comores qui perdure depuis mars « a eu des effets », reconnaît le préfet.

 

Grève des conducteurs : le centre de Mamoudzou paralysé

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Lundi à l’aube, une soixantaine de salariés de Matis – réseau de transport scolaire du département – ont entamé une grève illimitée bloquant les axes principaux pour rejoindre Mamoudzou grâce à des cars scolaires. Ils réclament une « clarification » de la situation des chauffeurs salariés après l’annonce de la réorganisation de l’allotissement du marché des transports scolaires prévu d’ici 2019 par le Conseil départemental.

 

 » Un nouveau mouvement social de grande ampleur serait catastrophique pour Mayotte », s’inquiète une automobiliste bloquée au niveau de la barge pendant près d’une heure ce lundi matin. Plusieurs centaines d’autres véhicules ont été immobilisés aux abords de Mamoudzou. En cause, la soixantaine de salariés de la société Matis – exploitant du réseau de transports scolaires du 101ème département français – et leur projet de grève « illimitée », débutée ce lundi dès 4h du matin. Les grévistes avaient bloqué tous les axes principaux pour rejoindre le centre-ville de Mamoudzou à l’aide d’une quinzaine de cars scolaires*. Le rond-point de la barge, encadré de quatre cars scolaires, ainsi que la rue menant au Conseil départemental avec pas moins de six autocars, ont été choisis par les grévistes « car ce sont des points stratégiques » et étaient ce lundi les endroits les plus touchés par le mouvement. Aucun véhicule n’était autorisé à passer, « à l’exception des ambulances ». « Pratiquement tout le service est déployé pour contrôler la manifestation et les possibles débordements », explique l’un des policiers affectés au rond-point de la barge. Initié par FO-UNCP – syndicat majoritaire dans le secteur du transport à Mayotte – ce mouvement social résulte du lancement d’un appel d’offres par le Conseil départemental afin de réorganiser les allotissements du marché des transports scolaires à l’horizon 2019. En effet, le département envisagerait de le répartir en six lots géographiques et thématiques distincts, plus un lot « gestionnaire ».

« Une inquiétude prématurée »

Les grévistes revendiquent notamment le retrait de la division des salariés en différents lots et la garantie du maintien de l’emploi et des acquis sociaux ainsi que la reprise des personnels de contrôle. « Plusieurs fois », les salariés de Matis ont tenté de contacter le Conseil départemental afin de trouver une solution « à l’amiable ». « Nous avons envoyé plusieurs préavis ces derniers mois. Aucune réponse ne nous est parvenue sauf la réaffirmation de leur (au Conseil départemental, ndlr) décision. Nous avons le sentiment que le personnel a été oublié dans cette affaire », déplore un salarié de Matis. « Nous voulons rencontrer le président du Conseil départemental (Soibahadine Ibrahim Ramadani, ndlr) qui est l’autorité organisatrice des marchés publics. Je ne conteste pas les lots qui pourraient être réorganisés mais la clarification de notre situation doit être faite », assure Djoumoi Anli, dit « Siaka », secrétaire général FO Transport et délégué syndical dans l’entreprise Matis. Le département, lui, assure comprendre l’inquiétude des salariés. « Effectivement, ils manifestent une inquiétude par anticipation mais les procédures permettent de garantir la reprise du personnel donc c’est une inquiétude qui est certes légitime, mais qui nous paraît prématurée. Nous, nous faisons en sorte que les textes soient respectés de manière à ce que ces inquiétudes puissent être levées et puis rien n’est encore décidé dans l’attribution des lots », affirme Jacques Toto, directeur des ports et des transports maritimes et terrestres.

Les deux parties campent sur leur position

Les deux parties pourraient trouver un terrain d’entente puisque le département aurait proposé aux grévistes de les rencontrer à 16h00 ce lundi pour « discuter » de la situation et trouver « ensemble » une solution. Seule condition : débloquer les routes du centre-ville en levant les barrages. « Nous voulons travailler dans la sérénité et non dans l’obligation d’un groupe de salariés. Pour l’instant (à 16h30, ndlr), la situation n’est toujours n’y a pas d’amélioration de la circulation, en d’autres termes, s’ils ne lèvent pas les barrages, nous nous refusons à les recevoir au Conseil départemental », déclare Ousseni Ahamada, directeur du cabinet du président du Conseil départemental. Une condition qui a du mal à passer chez les salariés de Matis. « Nous avons bloqué les routes pour avoir une discussion avec des responsables politiques. Eux veulent le déblocage des routes pour entamer une réunion. C’est un peu le chat qui se mord la queue », déplore un conducteur de cars scolaires, salarié de Matis et gréviste. Et d’ajouter que « durant quatre mois, nous n’avons pas été pris au sérieux par les responsables politiques, aujourd’hui ils commencent à nous écouter. Nous ne voulons pas retirer notre carte maîtresse du jeu, ça ne serait pas cohérent de notre part, mais nous ne voulons pas non plus créer une grève sans fin ». De son côté, la société Matis et notamment son directeur, Didier Fontaine, certifie que ce mouvement est « indépendant de la volonté de la société » et présente ses excuses aux usagers de la route et principalement aux usagers des transports scolaires. Il « désapprouve » également l’utilisation des bus dans le but de provoquer des barrages. Sur les 79 salariés « et plus » de la société, près de quinze seraient « non-grévistes » et tenteraient d’assurer une partie des rotations. Une information démentie par les salariés en grève ce lundi affirmant que « tous sont solidaires au mouvement même s’ils ne sont pas tous présents aujourd’hui ». * Les conducteurs de cars arrêtés en plein milieu des routes du centre-ville ont tous reçu une contravention de la part de la police municipale.

 

Des réactions antagonistes

Une grève qui a agacé bon nombre d’automobilistes bloqués ce lundi matin dans le centre-ville de Mamoudzou. « Ça fait presque une heure que je suis dans ma voiture. J’ai décidé de laisser mon véhicule à Mamoudzou pour me rendre au travail à Kawéni à pied. Ce qui se passe avec Matis et le département c’est leur problème, nous ne sommes en aucun cas responsables de tout cela. Je suis assez énervé par cette action. Cela n’a aucun sens de bloquer des personnes qui vont travailler. C’est déplorable ! », s’indigne un homme au volant de sa voiture, sous réserve d’anonymat. Cependant, d’autres comprennent la situation. « Même si je ne suis pas avec eux pour manifester, je comprends tout à fait leurs revendications. C’est honorable de se battre pour des convictions. Actuellement, il faut des mouvements sociaux pour faire comprendre le mal être national », estime un piéton aux abords du Conseil départemental, sous couvert d’anonymat également.

 

 

 

Transports scolaires | La grève, c’est maintenant

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Après une première tentative cet été, les conducteurs de transports scolaires avaient finalement décidé de reporter leur grève afin de ne pas perturber la rentrée. C’est finalement ce lundi qui a été choisi par la branche transports du syndicat Force Ouvrière pour entamer une grève illimitée. Principale revendication : la « clarification » de la situation des chauffeurs salariés après l’annonce d’un appel d’offres visant à réorganiser le marché.  

Il ne s’agit pas, comme en février dernier, de dénoncer les violences qui visent les chauffeurs, mais d’obtenir une « clarification » quant à leur situation. Une partie des conducteurs de transports scolaires ont entamé à cet effet une grève illimitée ce lundi matin, dès 4h00, à l’appel de la branche Transports et logistiques du syndicat Force ouvrière (FO) de Mayotte. En cause, le lancement d’un appel d’offres par le Conseil départemental visant à réorganiser d’ici 2019 le marché du transport scolaire et à le répartir en six lots géographiques et thématiques distincts, plus un lot « gestionnaire ». « Nous avons envoyé un préavis le 10 juillet pour le 24 août, mais nous ne voulions pas perturber la rentrée scolaire. Nous avons pris nos responsabilités. Jamais le Conseil départemental n’a daigné nous appeler pour discuter. Ils nous ont répondu par écrit le 7 août et ils ont simplement réaffirmé leur décision de répartir le marché en sept lots », s’agace Djoumoi Anli, dit Siaka, secrétaire général FO Transport et délégué syndicat dans l’entreprise Matis (réseau Halo’). « Ils veulent qu’on en arrive à des tensions sociales et à mettre en difficulté la scolarité des enfants », estime le syndicaliste, qui regrette de ne pas être invité à négocier et assure par ailleurs que « Nous, on ne veut pas aller en grève. Nous, ça ne nous arrange pas de nous mettre en grève ». 

Tama Ya Leo Na Messo assurera les rotations  

La société Matis exploite, depuis 2010, le réseau de transports scolaires Halo’, qui dessert l’ensemble des établissements scolaires et spécialisés du département. Les deux principaux points de revendications du syndicat concernent le retrait de la division des salariés en différents lots et la garantie du maintien de l’emploi et des acquis sociaux pour les entreprises titulaires sortantes ainsi que la reprise des personnels de contrôle. « Nous avons 79 salariés et plus, et aujourd’hui nous ne savons pas à quelle sauce nous allons être mangés », s’alarme encore le délégué syndical de Matis. « Nous ne savons pas quels salariés seront affectés au lot « gestionnaire », et si leurs acquis sociaux seront conservés. » De même, «combien iront dans l’Est ? », s’interroge-t-il. La direction de l’entreprise Matis a de son côté indiqué avoir « indépendamment de sa volonté », pris connaissance du préavis de grève et demandé aux usagers du réseau de « rester vigilant durant cette période et de respecter les consignes qui leur seront données par le personnel afin d’organiser au mieux leurs déplacements ». En outre, le Groupement d’intérêt économique Tama Ya Leo Na Messo, exploitant du réseau Halo’, a annoncé qu’il ne prendrait pas part à la grève. 

“Grâce à la mobilisation de la force de son réseau de transporteurs, le GIE TAMA YA LEO NA MESSO assurera l’ensemble des rotations dont il en a la charge et demande aux parents, scolaires, et institutions de conserver leurs habitudes de circulation au sein de son réseau”, ont indiqué ses responsables par voie de communiqué. 

 

 

 

 

Des insurgés anjouanais à Mayotte

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Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a indiqué en marge de la séance de questions au gouvernement, mercredi 24 octobre, que des insurgés anjouanais étaient bel et bien arrivés à Mayotte. Ces derniers y ont demandé l’asile politique. 

À titre de rappel, pendant six jours, du lundi 15 au vendredi 19 octobre, en pleine médina à Mutsamudu capitale d’Anjouan, une quarantaine de rebelles ont pris les armes contre le président des Comores Azali Assoumani. Une insurrection – qui a fait plusieurs morts et blessés – à l’issue de laquelle des insurgés ont pris la fuite en direction de Mayotte. 

Mercredi 24 octobre, en marge des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur français Christophe Castaner, a déclaré que des insurgés étaient arrivés sur le territoire  et en avaient profité, par la même occasion, pour demander l’asile politique. « Certains insurgés se sont échappés » a-t-il indiqué, ajoutant que ces derniers se sont immédiatement présentés « aux forces de l’ordre et ont été placés sous la responsabilité [des] gendarmes ». Et d’ajouter : « Une enquête approfondie est conduite, évidemment en lien avec les autorités des Comores. Évidemment avec le président Azali. [Il s’agit de] comprendre d’abord ce qu’il s’est passé pour évaluer la capacité d’accueillir ces personnes et voir leur responsabilité dans les actes qui se sont commis à Anjouan, et entendre aussi leur demande immédiate d’asile politique ». L’annonce de cette nouvelle ne manquera sans doute pas de raviver les revendications des collectifs anti-immigration dans le 101ème département. Depuis fin juillet, les « Mamans » et le Collectif des citoyens de Mayotte s’opposent fermement à la réouverture du service des étrangers de la préfecture, dénonçant ce qu’ils qualifient de « régularisation massive » des Comoriens. 

La situation politique reste tendue depuis plusieurs mois dans l’Union des Comores suite à la réforme constitutionnelle de juillet, qui a ouvert le droit au président Azali de se représenter pour un deuxième mandat. Pour l’heure, les insurgés n’ont toujours pas été débusqués, les armes n’ayant toujours pas été retrouvées non plus. Une source anjouanaise a indiqué à Flash Infos, sous couvert d’anonymat, qu’à l’heure actuelle, les gendarmes comoriens procédaient « activement » à des fouilles dans l’enceinte de la médina et aux alentours. 

 

 

 

Les actions de la Croix-Rouge, « sans discrimination »

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À l’occasion de la présence de son directeur général sur le territoire, la Croix-Rouge a rappelé à la presse ses différentes missions auprès des publics de Mayotte et précisé qu’elle œuvrait autant pour les populations locales qu’étrangères, sans discrimination, de manière « impartiale et neutre ». 

« C’est une année où la situation n’a pas été simple » et lors de laquelle les actions des associations humanitaires ont particulièrement été « mises en cause » par une partie de la population les accusant de davantage s’occuper des migrants plutôt que des Mahorais, a déclaré mercredi Jean-Christophe Combe, le directeur général de la Croix-Rouge française, en déplacement à Mayotte pour trois jours. En pleine tournée dans les territoires ultramarins pour « accélérer le développement et la structuration des activités en outre-mer », le DG a rappelé que la Croix-Rouge ne pratiquait « aucune discrimination » et avait vocation à porter assistance à toutes les personnes vulnérables, sans distinction de nationalité, populations locales comme étrangères. « On a en face de nous des personnes humaines qui méritent d’être traitées de façon digne », a calmement souligné Jean-Christophe Combe, également venu pour « rassurer [ses] équipes et la population ».

Michel Henry, le directeur de l’antenne locale de la Croix-Rouge, a confirmé que ces préjugés  étaient tenaces et brouillaient malheureusement le travail partenarial nécessaire avec les communes : « [Elles] sont dans l’attente, pas dans l’accompagnement ». Elles craignent notamment « l’interprétation » que font certains Mahorais des actions de l’association concernant les étrangers. Le responsable constate toutefois que « plusieurs maires savent s’appuyer sur la Croix-Rouge », notamment lors de glissements de terrains, par exemple. 

600.000 euros de bons alimentaires

Pourtant, les nombreux dispositifs animés par l’antenne locale de la Croix-Rouge profitent à tous. Parmi ceux-ci, la distribution de coupons alimentaires à 13.000 bénéficiaires pour un montant total de 600.000 euros – financés par l’État et la Caisse de sécurité sociale de Mayotte. Au sein des douze accueils physiques de l’île mis à disposition par les communes ou l’hôpital et où il est possible d’aller chercher un coupon, les équipes de la Croix-Rouge se relaient pour proposer aux familles un accompagnement plus global (soutien à la parentalité, éducation à la santé nutritionnelle, à la santé sexuelle, sensibilisation aux premiers secours, etc.). Et, depuis septembre, des épiceries sociales mobiles complètent le dispositif. En outre, un service de soins infirmiers à domicile (notamment pour les personnes âgées ou en situation de handicap) couvre les zones de Mamoudzou et Koungou et devrait s’étendre au centre de l’île prochainement.

Par ailleurs, la Croix-Rouge est particulièrement attentive à la jeunesse de l’île et mène depuis deux ans de vastes chantiers éducatifs à destination d’enfants et d’adolescents en décrochage scolaire, déscolarisés voire isolés, de 11 à 21 ans, qu’elle repère lors de maraudes. Au travers notamment d’activités collectives (aménagement et embellissement d’espaces publics, etc.) en partenariat avec les communes, les éducateurs spécialisés de l’association échangent avec les jeunes, définissent avec eux un « projet de vie », les aident à se rescolariser ou à s’insérer professionnellement. Durant ces temps privilégiés, les éducateurs en profitent pour faire de la prévention sur la santé sexuelle ou parler des addictions, par exemple, et rappellent également les valeurs fondamentales et règles de civisme. Si 1.000 jeunes par commune ont bénéficié de ces chantiers, ce sont plus particulièrement 200 jeunes qui jouissent d’un accompagnement de proximité par an. 

Répondre à la catastrophe

Un autre des axes majeurs de la Croix-Rouge, son « cœur de métier » comme le définit Jean-Christophe Combe, réside dans la prévention et la préparation aux catastrophes. Cyclones, séismes, mouvements sociaux affectant durement la population : la Croix-Rouge prépare des plans d’actions, en termes de logistique, de moyens humains et matériels pour répondre dans l’urgence à de tels scénarii. Yassime Boinali, président de la direction territoriale de la Croix-Rouge, a d’ailleurs rappelé l’implication de l’association humanitaire lorsque la crise sismique, à son paroxysme, provoquait la panique d’une partie de la population. Durant cette période, 3.000 personnes ont été informées, écoutées et ont bénéficié d’un soutien psychologique. De même que 2.000 personnes ont été initiées aux « gestes qui sauvent » via la Caravane d’été de la Croix-Rouge. 

L’association connaît à Mayotte une forte dynamique de développement puisque de 7 salariés, elle est passée à 50, et de 20 bénévoles à 150. Son budget annuel avoisine les 2 millions d’euros. « Il y a un vrai développement des activités, plus particulièrement ces deux dernières années », s’est réjoui Michel Henry.

« Exposés à des phénomènes beaucoup plus importants (crises sanitaires, sociales ou liées à des événements climatiques) », les Outre-mer ont des « besoins spécifiques qui appellent des réponses spécifiques », a déclaré Jean-Christophe Combe qui, après les Caraïbes et Mayotte, devait se rendre à La Réunion puis dans le Pacifique. 

Un travail d’équipe ?

Pour apporter une « réponse globale » en termes d’accompagnement des populations vulnérables, la Croix-Rouge travaille avec de nombreux partenaires, notamment l’État, les collectivités locales, les autres associations et ONG. Cependant, si Jean-Christophe Combe a pu rencontrer lors de son déplacement à Mayotte les services de l’État, le Conseil départemental n’a pas trouvé de créneau pour s’entretenir avec lui. 

 

Plan pour Mayotte | En toute transparence

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Le site internet présentant les avancées du Plan pour Mayotte acté par la ministre des Outre-mer en mai dernier a été dévoilé mardi par la préfecture. « Les mesures sont bien en cours », a rassuré le préfet. 

Ce site Internet est « un engagement en lui-même », a affirmé le préfet Dominique Sorain hier, lors de la présentation officielle de la version mahoraise de Transparence Outre-mer, une plateforme en ligne détaillant l’évolution des différentes mesures du plan d’action pour l’avenir de Mayotte acté par Annick Girardin en mai dernier. Comme la Guyane, Mayotte dispose désormais d’un accès « simple, résumé et raccourci » à l’état d’avancement des 53 mesures déclinées en 125 actions de « L’action de l’État pour votre quotidien ». 

Ainsi, sur www.transparenceoutremer-mayotte.gouv.fr, en ligne depuis lundi, les citoyens peuvent accéder au détail des différentes actions par trois biais : soit par une approche thématique grâce à huit onglets*, soit via la rubrique « Actualités » faisant remonter les dernières nouveautés, soit par une recherche géographique – cette dernière étant toutefois encore en cours de développement. Un outil qui sera régulièrement mis à jour, a promis le préfet, et qui est également accessible sur tablette et smartphone. Le site renvoyant vers les comptes des réseaux sociaux de la préfecture, les internautes ont également la possibilité de commenter. En outre, la préfecture ira « à la rencontre des gens, dans les communes » afin de continuer à communiquer sur ces actions. 

Le préfet s’est félicité de l’évolution rapide « et dans les délais prévus » des différents projets portés par le Plan pour Mayotte. « C’est un travail très lourd, (…) souterrain, pas spectaculaire », a-t-il toutefois reconnu. 

Sécurité : engagements tenus

Dominique Sorain a longuement listé les avancées en matière de sécurité : la mise en œuvre du groupe d’enquête et de lutte contre l’immigration clandestine (Gelic), l’installation de la compagnie départementale d’intervention (CDI) et de la police de sécurité du quotidien (PSQ), l’ouverture de la brigade de Koungou et celle de Dembéni qui devrait bientôt advenir, l’application du plan de sécurisation des transports scolaires (« Un seul caillassage, en mai », depuis la mise en œuvre de ce plan, a-t-il souligné), la création de la brigade de prévention de la délinquance juvénile qui devrait être inaugurée dans les prochaines semaines, l’arrivée imminente de deux nouveaux intercepteurs nautiques, l’affectation de 150 policiers supplémentaires pour un effectif total (police et gendarmerie) de 1.050 agents sur le territoire. L’État « a tenu la totalité des engagements en matière de sécurité », a insisté le préfet, relevant que « même » le député Mansour Kamardine avait abondé en son sens sur ce sujet. Aux détracteurs – et notamment les membres des différents collectifs et l’intersyndicale qui, il y a quelques jours, avaient montré leur réticence lors d’une conférence de presse –, le préfet a répondu : « Dire que l’État ne respecte pas ses engagements en matière de sécurité ne résiste pas aux faits ». Et ce, même « s’il y a toujours trop de délinquance ».

« Les mesures sont bien en cours », a-t-il donc martelé, rappelant également et entre autres le point d’étape lundi concernant la création de l’ARS de plein exercice mais aussi la programmation pluriannuelle de construction et rénovation de bâtiments scolaires dans le premier degré, le contrat de progression avec le syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement, la mise en place du dispositif Cadres Avenir à Mayotte, l’effort porté sur la construction de logements sociaux et sur la rénovation urbaine de quartiers déshérités – Majicavo et La Vigie devraient d’ailleurs bientôt bénéficier du même type de programme que Kawéni. « Si on réalise déjà tout [ce que contient le Plan] dans les 2,3 ans, on aura bien avancé », a fait remarquer Dominique Sorain, énumérant : les 450 logements locatifs sociaux par an, la troisième retenue collinaire, les 70 réfectoires en milieu scolaire, etc. 

« Que tout le monde se bouge »

Au-delà du cap tenu sur ces échéances, le préfet a annoncé que l’État insistait auprès des élus pour une « accélération des travaux » sur certains sujets, notamment sur les transports. Le préfet a d’ailleurs demandé à ce que des experts viennent de Paris en appui sur le projet Caribus. En outre, un certain nombre d’études sont en cours, notamment sur le transfert de compétences régionales au Conseil départemental ou encore sur le port de Longoni. 

Par ailleurs, la semaine dernière s’est tenu un comité stratégique de pilotage et de suivi lors duquel l’équipe préfectorale a présenté l’avancement des travaux au président du Conseil départemental, aux présidents des intercommunalités, aux maires, aux responsables des chambres consulaires et aux parlementaires. « On n’est pas en train de faire le plan de l’État mais le plan pour Mayotte », a rappelé Dominique Sorain, sous-entendant le travail multipartenarial à poursuivre, notamment avec les collectivités territoriales. « Il faut que tout le monde se bouge », a-t-il déclaré plus frontalement. 

En attendant, le travail continue, notamment avec l’arrivée cette semaine d’une mission d’étude sur la desserte aérienne.

Des reconduites à la frontière « compliquées »

Interrogé durant la conférence de presse relative au site Transparence Outre-mer sur le sujet annexe des reconduites aux frontières et alors qu’Anjouan traverse une grave crise politique, le préfet Dominique Sorain a déclaré que le port de l’île voisine étant fermé, les reconduites étaient actuellement « compliquées ». Cependant, « dès que le port rouvrira », les éloignements reprendront « dans un cadre non officiel mais efficace ». En attendant, le préfet a précisé que les étrangers en situation irrégulière étaient toujours interpellés : « Nous vérifions particulièrement leur situation », a rassuré Dominique Sorain, répondant à l’inquiétude d’une journaliste sur une éventuelle arrivée de rebelles, notamment armés, d’Anjouan. Concernant de possibles demandes d’asile, le préfet a indiqué que, tous les ans, environ 200 Comoriens formulent de telles demandes et que 98% d’entre elles sont rejetées. Également questionné sur le dispositif conjoint police-gendarmerie sécurisant la zone autour du « bureau des étrangers » ainsi que du dispensaire Jacaranda (Mamoudzou), le délégué du gouvernement a affirmé que ces services « n’avaient pas vocation à fonctionner » avec ces renforts et a espéré que la situation s’apaise pour un retour rapide à la normale. Il a annoncé que le nouveau mode de fonctionnement du service des migrations et de l’intégration, sur rendez-vous, allait être pérennisé afin « d’éviter la foule » et que l’équipe du « bureau des étrangers » serait renforcée sans préciser le nombre d’agents supplémentaires. « Je ne laisserai plus de services fermer », a-t-il enfin déclaré. 

 

* Huit onglets thématiques permettent d’accéder aux mesures : Sécurité, justice et immigration ; Santé ; Social ; Éducation et formation ; Logement ; Infrastructures ; Entreprises et économie ; Institutions et services de l’État.

 

Délinquance | PJJ : « À Mayotte, les jeunes sont très réceptifs aux mesures éducatives »

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Le jeudi 18 octobre, la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) de Mayotte organisait sa journée portes ouvertes. Si le 101ème département reste marqué par un taux très élevé d’incarcération des mineurs, le faible pourcentage de récidive chez les jeunes suivis (20%) et leur capacité à s’adapter aux différents programmes de réinsertion viennent contrebalancer cette réalité.

L’ordonnance du 2 février 1945, texte de référence sur la délinquance juvénile, pose le principe selon lequel « il est peu de problèmes aussi graves que ceux qui concernent la protection de l’enfance, et parmi eux, ceux qui ont trait au sort de l’enfance traduite en justice. La France n’est pas assez riche d’enfants pour qu’elle ait le droit de négliger tout ce qui peut en faire des êtres sains ». Très riche d’enfants avec une population composée à plus de 50 % de mineurs, le plus jeune département de France a de nombreux défis à relever en la matière. Aussi, la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) y tient-elle une place toute particulière. Quelque 843 jeunes ont été suivis par ses services au cours de l’année 2017, dont 787 au pénal, et seulement 56 au civil.

À l’occasion de ses journées portes ouvertes nationales, jeudi 18 octobre, la direction territoriale de la PJJ de Mayotte a ouvert plusieurs de ses établissements à un public restreint de partenaires et d’élus locaux. L’occasion de présenter son travail, ses résultats, et d’évoquer les spécificités du territoire. La direction de la PJJ (DPJJ), qui relève du ministère de la Justice, a plusieurs missions. En plus de contribuer à la rédaction des textes de loi concernant les mineurs, l’organisme vient, tout au long de l’année, soutenir l’action des magistrats. Cette mission concerne autant les mineurs en danger que les mineurs délinquants, et permet d’évaluer la situation personnelle et familiale de chacun d’entre eux. La DPJJ est également chargée de mettre en œuvre les décisions des tribunaux pour enfants dans les établissements et services de placement en milieu ouvert du secteur public ou auprès des associations habilitées.

Des effectifs en hausse

Éducateurs, psychologues, responsables d’unité éducative, professeurs techniques, travailleurs sociaux, etc. : près de 9 000 personnes travaillent pour la PJJ en France. À Mayotte, « nous sommes bien dotés », estime la directrice territoriale Liliane Vallois (en photo ci-joint), avec un effectif qui atteindra bientôt les 60 agents, soit 20 de plus qu’il y a 3 ans. Tous les dispositifs nationaux y sont représentés, à travers cinq établissements dédiés. Le Service territorial éducatif de milieu ouvert et d’insertion (STEMOI) de Mayotte regroupe ainsi deux unités éducatives de milieu ouvert, l’une au sud de l’île et l’autre au nord, cette dernière étant également chargée d’une mission dite de permanence éducative auprès des tribunaux. Une Unité éducative d’hébergement diversifié (UEDH) accueille des jeunes âgés de 13 à 18 ans à la suite d’une mesure de placement ordonnée dans un cadre pénal. Deux Unités éducatives d’activités de jour (UEAJ), en Petite-Terre et à Cavani, sont plus spécifiquement dédiées à l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Enfin, les professionnels de la PJJ sont également présents au centre pénitentiaire de Majicavo, où ils prennent en charge les jeunes détenus au Quartier Mineurs (QM).

Même si certaines structures manquent encore, les choses tendent à évoluer dans le bon sens à Mayotte, selon la directrice territoriale. Celle-ci se réjouit notamment de l’adoption l’an dernier du « Schéma départemental Enfance et Famille » qui annonce la création de deux maisons à caractère social, d’un service d’action éducative en milieu ouvert et de différents « lieux de vie », des structures à mi-chemin entre le foyer et la famille d’accueil. Autant d’outils susceptibles de faciliter le travail de la PJJ et notamment celui du milieu ouvert. Ce travail s’effectue avant et après jugement. Ainsi, lorsqu’une infraction est commise par un mineur, l’éducateur doit-il systématiquement dresser un diagnostic sur le jeune, pour permettre aux juges de comprendre sa situation personnelle et familiale, et leur proposer une alternative à l’incarcération. Après jugement, il doit également rendre compte aux magistrats de l’effectivité de la décision. « Le principe, c’est que le mineur est jugé sur ses actes, mais également sur ses capacités de changement et de résilience », rappelle la directrice territoriale. Il s’agit donc d’une justice bien particulière qui s’inscrit dans un temps relativement court, puisque les prises en charge – sauf pour quelques mesures éducatives bien précises – ne doivent pas excéder la majorité des jeunes. Pour stimuler ce changement et prévenir la récidive, « insertion » et « savoir-être » sont les maîtres-mots de la PJJ.    

Beaucoup d’incarcérations, peu de récidives

Si le département se caractérise par un fort taux d’incarcération des mineurs, à cause notamment de la gravité des faits commis – 30 à 35 jeunes sont actuellement incarcérés à Majicavo, pour un total de 77 entrées en 2017 -, la PJJ peut également se prévaloir d’un faible pourcentage de récidive. Environ 80% des mineurs passés par ses services ne réitèrent pas. En effet, contrairement à d’autres territoires où les mineurs ont de nombreux dispositifs à leur disposition, « à Mayotte, les jeunes sont extrêmement réceptifs aux mesures éducatives », souligne Liliane Vallois.

Accompagner les mesures répressives par divers programmes d’insertion ou de réinsertion sociale, scolaire et professionnelle fait partie des missions premières de la PJJ. C’est tout le travail de l’Unité éducative d’activités de jour (UEAJ) de Petite-Terre, où débutait la journée portes ouvertes de jeudi. Pour Rokhaya Kissem, sa responsable : « Notre rôle, ici, c’est d’être au plus près des jeunes et de leur famille sur des questions de socialisation, de savoir-être, de savoir-faire, d’illettrisme, mais aussi sur des questions matérielles comme les transports ou les repas ». Lorsqu’ils sont présents, les parents ne sont « pas toujours en mesure d’accompagner » leur enfant, constate-t-elle, dans un contexte de « système social très défavorisé » pour certaines familles.

Tout l’enjeu consiste alors à insérer les jeunes dans des dispositifs de droit commun, malgré la difficulté, pour certains d’entre eux, à se procurer des papiers. Savoir être à l’heure, se lever le matin, respecter les bases de la politesse, travailler en commun, à l’UEJA, les jeunes (généralement âgés de 16 à 18 ans) apprennent ou réapprennent – durant six mois ou un an – les fondamentaux de la vie en société. À travers divers ateliers de cuisine, sport, artisanat, des travaux dans les locaux, activités culturelles ou de découverte des métiers, tous les moyens sont bons pour favoriser leur insertion. Jean-Christophe Claverie, professeur technique au sein de la structure, y mène entre autres un projet de construction de voilier. Objectif : que les jeunes puissent, fin novembre, naviguer sur leur propre bateau. « Le but n’est pas d’en faire des navigateurs professionnels, nous essayons de nous fixer des objectifs cohérents et atteignables », explique-t-il. Dans cette perspective, la PJJ a le pouvoir d’émettre des conventions de stage et de nombreux partenariats sont conclus avec les entreprises de l’île, dans le secteur mécanique, le BTP ou la restauration, par exemple. Et, « pour la plupart, elles jouent le jeu de la réinsertion », se félicite Rokhaya Kissem. Autant de structures qui sont pourtant souvent « les premières victimes » de la délinquance des mineurs, mais qui sont vite « rassurées par le suivi de la PJJ ».

 

 

 

Comores | Une situation toujours très tendue

La lutte armée se poursuivait hier au sein de la médina de Mutsamudu, avec de nombreux blessés et un premier bilan faisant état de six morts. Mayotte Hebdo est parvenu à joindre des habitants et a rencontré un membre de l’opposition ayant demandé l’asile politique à Mayotte. 

“ Nous avons entendu de grosses explosions hier soir (mercredi, ndlr) vers 23h et aussi pas mal de tirs très tôt ce matin”. Depuis lundi, Anaïs vit terrée chez elle, sur les hauteurs de Mutsamudu, dans le quartier de Hombo : “L’ambassade de France a envoyé un SMS à la plupart de ses ressortissants pour d’abord leur conseiller puis leur demander impérativement de rester chez eux”. Si Hombo est relativement calme, cette salariée d’une association locale entend quotidiennement des tirs et reste confinée. “J’ai recueilli plusieurs témoignages de personnes qui ont préféré fuir leur logement proche du centre-ville pour se réfugier dans les quartiers ou villages plus calmes (Bandrani, Mirontsi, Hombo)”, témoigne-t-elle encore. Le gouvernement local a décrété un couvre-feu de 20h à 6h. Et de fait, les habitants de Mutsamudu interrogés évoquent des tirs fréquents de roquettes et d’obus, tirs qui viseraient la médina. L’eau et l’électricité ont été coupées dans la zone cible des tirs et des résidents sollicités par Mayotte Hebdo font état de communications “brouillées” par téléphone. Cependant, en dehors de Mutsamudu, la circulation est normale. Une de nos sources indique que l’aéroport d’Ouani fonctionne et que des vols commerciaux sont opérés via AB Aviations. Un membre de l’hôpital de Hombo comptabilise six morts civils et de très nombreux blessés. Les médecins et infirmiers n’arriveraient pas à accéder à cet hôpital. La quarantaine d’hommes armés tenaient encore la médina hier après-midi. 

“Le rebelle, c’est Azali” 

“Pour nous, le rebelle, c’est Azali (le président comorien, ndlr) car c’est lui qui a détruit la constitution nationale”, affirme Ahmed Samir, secrétaire régional de l’Union pour le développement des Comores (UPDC). Ce membre de l’opposition actuellement à Mayotte et demandant l’asile politique déclare que “les citoyens révoltés (…) n’ont pas pour but de cesser le feu” et comptent renverser “le colonel” (Azali Assoumani, ndlr). Ce coordinateur du parti, qui soutient ouvertement ceux qu’il refuse d’appeler “les rebelles”, espère que le mouvement prenne une ampleur nationale. Yasser, artiste comorien qui l’accompagne, surenchérit : “Cette guerre n’est pas à nous seuls, les Anjouanais. Qu’ils nous rejoignent (les Grands comoriens et les Mohéliens, ndlr) ! ” Ahmed Samir souhaite que le président soit renversé, que le vice-président de la Grande Comore soit installé en attendant la présidence tournante qui, avant la réforme constitutionnelle, devait revenir à Anjouan en 2021, selon les Accords de Fomboni. Samir Ahmed pense que l’Union africaine “peut soutenir” cette lutte ainsi que l’Organisation des Nations Unies “qui ne soutiennent pas Azali”.

Deux Anjouanais retrouvés sur une plage 

Du côté de Mayotte, deux Comoriens en provenance d’Anjouan ont été retrouvés jeudi matin sur la plage de Papani, l’un grièvement blessé par balle, l’autre en bonne santé, a indiqué la gendarmerie. L’embarcation serait arrivée dans la nuit. L’individu blessé a été conduit au centre hospitalier, le second, son frère, a fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). S’il est probable que ces personnes aient fui le conflit à Anjouan, il n’est pas avéré qu’il s’agisse de victimes des troubles politiques en cours.

 

Immigration | Heurts à Jacaranda

La tension est encore montée d’un cran hier. Des manifestantes entendant bloquer Jacaranda ont provoqué des altercations avec des patients qui attendaient pour une consultation. Des insultes et des coups ont été échangés mais la situation a rapidement été maîtrisée par les forces de l’ordre. Dans la journée, les différents collectifs ont annoncé qu’ils mèneraient de nouvelles actions « prochainement ». 

« Tu viens faire quoi ici, clandestin ? Rentre chez toi ! » Il n’est pas même 8h du matin que le ton monte ce mercredi entre la douzaine de manifestantes comptant bloquer le centre de consultations Jacaranda et les patients, notamment Comoriens, qui attendent de voir un médecin.

Des mouvements de foule se créent et les deux parties s’invectivent voire s’insultent, se poussent. Un homme sur ses béquilles proteste vigoureusement. Une manifestante porte un coup avec son sac à main sur une personne qui se révoltait. Les forces de l’ordre, sécurisant une des rues menant au service des migrations et de l’intégration depuis plusieurs jours, interviennent rapidement, cherchent à ramener le calme, à éviter de nouveaux heurts et maîtrisent sans violence une des manifestantes virulentes.

La police parvient à disperser sur le trottoir d’en face les patients et à isoler plus loin la douzaine de femmes à l’origine des heurts. Dès que l’altercation éclate, le personnel du centre de consultations se met en droit de retrait. Ainsi, tôt dans la matinée, hier, les grilles du premier centre de dispensation de soins primaires de l’île étaient-elles baissées. 

Mardi, « une dizaine de personnes se sont introduites dans le dispensaire de Jacaranda » et « ont menacé les personnes présentes : femmes, enfants, personnes âgées et personnel hospitalier, en les invectivant et leur ordonnant de sortir des salles de soins et d’attente », s’indignent Médecins du Monde et la Cimade par voie de communiqué, évoquant des insultes et des bousculades ainsi que l’évacuation de « plus de 80 personnes (…) présentes depuis l’aube afin de pouvoir bénéficier des soins auxquels elles ont droit ». » Il est intolérable qu’une poignée de personnes puisse empêcher le fonctionnement des services de l’État, particulièrement ceux participant à l’accès aux soins », déclarent fermement les deux associations.  

« Prêt à tout »

Choqué, insulté ce mercredi matin, un Comorien, présent sur le territoire depuis 15 ans, marié à une Mahoraise et père de quatre enfants français, venait faire vacciner un de ses fils. »On me dit que je n’ai pas le droit d’être là, je ne comprends pas », explique cet homme en situation régulière. « Moi, je suis prêt à payer pour faire vacciner mon fils en libéral mais on me dit de venir à Jacaranda (…) mais c’est fermé tous les jours », constate-t-il. L’homme continue de témoigner : « La vie de mes enfants est en danger », estime ce père de famille qui rappelle que la vaccination est obligatoire. « Aujourd’hui, je n’étais pas préparé. Mais demain, je me prépare physiquement et psychologiquement. Je suis prêt à tout, même à aller à Majicavo (en prison, ndlr) », avertit-il. « Là, on est en guerre », juge ce Grand comorien qui trouve ces actions « inadmissibles » et supplie sa femme « d’aller ailleurs », de quitter l’île et ce, depuis plusieurs années.

Contactée, la direction du Centre hospitalier de Mayotte (CHM) n’a pas souhaité s’exprimer.  Jacaranda a rouvert dans la matinée de mercredi, sous surveillance policière.

« Le mouvement n’est pas mort, il avait été suspendu »

Hier, les membres des différents collectifs ont donné une conférence de presse à Mamoudzou afin d’indiquer que des actions auraient lieu « très prochainement ». « Le mouvement n’est pas mort, il avait été suspendu », ont-ils affirmé. S’ils sont restés très évasifs sur le contenu de ces prochaines manifestations de mécontentement, ils ont averti les associations (La Cimade, Médecins du monde), qu’ils considèrent « mahorophobes » : « Elles ont intérêt à avoir le derrière propre », ont-ils menacé, sous-entendant qu’ils disposaient d’informations démontrant que ces structures pratiquaient une forme de discrimination envers les Mahorais. Ils ont en outre indiqué avoir pris « toutes les mesures nécessaires pour faire comprendre que nos frontières sont poreuses » et ont déclaré qu’ils mèneraient « une action ciblée contre l’État ».

Les collectifs estiment également que les « mots du préfet » ont « manqué de considération » et ont été « méprisants » lorsque Dominique Sorain aurait déclaré que « La Réunion, ce n’est pas Mayotte  » par rapport au refoulement des Sri-lankais de l’île sœur, au début de ce mois. « Sur l’application du droit, il se permet de dire que La Réunion, ce n’est pas Mayotte (…) alors qu’il nous rabâche qu’on est Français », ne décolèrent pas les membres des collectifs. Ils se sont également dit outrés du délogement des manifestantes devant le service des migrations et de l’intégration et ont accusé sans la nommer « une élue de notre territoire, du sud de Mayotte (Roukia Lahadji, maire de Chirongui, ndlr) » d’en être à l’initiative. Ils ont revendiqué le droit à manifester et le droit « de réclamer qu’une mission régalienne (le contrôle des frontières) soit assurée de manière sérieuse » à Mayotte. Enfin, ils se sont montrés inquiets de l’impact que provoqueront « forcément » les troubles politiques à Anjouan, évoquant l’arrivée « ces dernières 48 heures de 12 barques ». Jugeant que l’État ne respecte pas les engagements pris suite au dernier mouvement de lutte contre l’insécurité, les différents collectifs ont donc annoncé riposter très bientôt : « Nous (le) ferons comprendre au Préfet de manière très sévère ».

 

Mamoudzou : un parking payant mais pas entretenu

Avec la mise en place du stationnement payant cet été, on aurait pu s’attendre à ce que l’entretien des parkings fut irréprochable. Force est pourtant de constater que ce n’est pas le cas. Sur cette image prise ce mardi à la sortie du parking devant le « Camion Rouge », ce nid-de-poule capable d’accueillir toute une volière, oblige les deux-roues qui sortent de la barge à manœuvrer pour le contourner. Il suffit d’être présent aux heures de pointe pour constater le chaos, entre ceux qui veulent éviter le piège, les voitures qui poireautent avant de pouvoir rejoindre la circulation et ceux qui bouchonnent aux abords du rond-point de la barge. Un aperçu peu flatteur pour ceux qui débarquent de l’avion et découvre Mamoudzou. Et avec un peu de chance, ceux qui seront venus les accueillir auront pris une amende… 

 

Commerce de proximité | Nadine Hafidou : « La CCI va proposer un projet de restructuration du marché couvert »

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Depuis lundi et pendant trois jours, la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion (CCIR) organise les Assises du commerce de l’outre-mer. Le thème de cette édition ? La vitalité économique des centres-villes et le commerce de proximité. La présidente de l’association des CCI d’outre-mer, Nadine Hafidou, en a évoqué les enjeux dans le 101ème département. 

Mayotte Hebdo : Aujourd’hui, les commerces de proximité de Mayotte doivent faire face à la concurrence de la grande distribution, avec l’arrivée prochaine du centre commercial Baobab à Mamoudzou, ou celle du Jumbo score à Kawéni il y a quelques années. Quelles solutions peuvent être apportées pour endiguer cette recrudescence des grandes surfaces dans le paysage mahorais et développer le commerce de proximité ?

Nadine Hafidou : Plusieurs leviers existent. Actuellement, 222 villes dont Mamoudzou, Dzaoudzi et Dembéni ont été retenues dans le dispositif « Action cœur de ville » plébiscité par l’État. L’idée de ce dispositif est de vitaliser et dynamiser les centres-villes pour faire face à cette désertification dans les départements et territoires d’outre-mer. Les partenaires sur le territoire comme les Chambres de commerce et d’industrie (CCI) et les établissements publics de l’État vont accompagner les communes et les commerçants de ces communes dans leur modernisation. Ils développeront aussi l’aménagement des centres-villes pour favoriser l’installation des commerçants. Nous voulons également avoir un retour des commerçants qui étaient partis à l’extérieur des villes. Pour y parvenir, il faut réaliser un diagnostic du territoire en termes de commerce de proximité et appréhender les besoins des citoyens. Des procédures règlementaires, des autorisations administratives ainsi qu’une règlementation urbanistique sont des leviers qui peuvent favoriser l’installation de commerces, notamment à Mamoudzou. Des incitations fiscales pourraient également être mises en place pour éviter le déménagement des commerces vers des zones éloignées du centre. 

 

MH : La cohabitation entre les commerces de proximité et les grandes surfaces est-elle vraiment envisageable ou est-ce tout simplement une illusion avant la disparition définitive des petits commerces ?

N.H. : Une cohabitation est possible. Nous croyons en un partage des activités commerçantes et nous souhaitons dresser une perspective de développement entre commerçants et grande distribution. Nous sommes aujourd’hui obligés de trouver des pistes pour cohabiter. Ces commerces de proximité, en se modernisant, permettent de stabiliser l’habitant du centre-ville dans ce centre-ville. C’est un ensemble d’aménagements qui sont nécessaires pour mettre en valeur ce commerce et améliorer l’offre. Pour cela, il faut et faudra innover dans la façon de servir et de vendre ces produits. Les commerçants n’ont plus d’autre choix que d’entrer dans la digitalisation ou la modernisation de façade… grâce notamment à un accompagnement des communes et de la collectivité. 

 

MH : Vous travaillez actuellement sur la délégation de service public du marché couvert de Mamoudzou où plus de 250 commerçants sont installés. Comment peuvent-ils lutter contre l’augmentation des vendeurs à la sauvette ?

N.H. : Au sein de la CCI, c’est un combat de tous les jours et les commerçants nous le rappellent très souvent. Ce que nous cherchons à faire c’est les aider à animer autrement ce marché en proposant, par exemple, des animations autour du marché ce qui empêcherait ces vendeurs à la sauvette de s’installer en périphérie du marché. L’objectif est de pouvoir élargir leurs panels de produits. La délégation de service public du marché couvert a été relancée tout récemment et notre CCI compte proposer un projet de restructuration du marché justement pour pouvoir trouver des solutions afin d’empêcher ces installations illégales. Cette réorganisation créera des animations plus structurées au sein du marché. Il y aura une distinction des zones par types de produits. Nous voulons rendre les étals et le marché en général plus facilement aménageable en permettant (aux commerçants) d’avoir un endroit pour stocker leurs marchandises. Une réflexion aura donc lieu avec (eux) pour une meilleure adaptation aux pratiques de ceux qui y sont tous les jours. 

 

MH : La circulation et le manque de places pour les véhicules dans la capitale mahoraise est aussi l’une des problématiques des commerces du centre-ville. Comment peut-on régler ce problème ?

N.H. : La commune a, ces dernières années, énormément travaillé sur un plan de circulation et de stationnement qui, pour l’heure, s’avère payant pour les commerçants du centre-ville. C’est une solution au problème d’engorgement du territoire et notamment des villes comme Mamoudzou. Ce que je sais, c’est que dès qu’il est question de circulation et de déplacement au niveau de la commune et qu’une stratégie est en discussion au sein des services communaux, notre CCI y est associée. Nous apportons une réflexion en représentation des commerçants de l’île. Nous en avons déjà parlé mais il y a également un projet de transport urbain qui va bientôt voir le jour. Ce réseau pour faciliter le déplacement pour les Mahorais qui souhaitent circuler dans Mamoudzou tout en proposant des parcs relais au Nord et au Sud. Cela permettra le report modal (action de remplacer un mode de transport saturé par un autre pour décongestionner le premier, ndlr). Ce dispositif est aussi un recours à la préservation des commerçants de proximité et donc à la survie du centre-ville de Mamoudzou. 

 

 

Comores | Vives tensions à Anjouan

Les forces de l’ordre comoriennes sont intervenues lundi matin en ouvrant le feu dans la capitale de l’île d’Anjouan, Mutsamudu, pour démanteler des barricades érigées dans plusieurs rues et aux portes de la ville, a-t-on appris auprès de témoins.

 » Ça a commencé vers 4h00 du matin et ça a duré pendant près de trois heures, on a entendu des tirs, des tirs… », a déclaré un habitant de la ville sous couvert de l’anonymat. Le gouverneur de l’île Abdou Salami Abdou, membre du parti Juwa d’opposition au régime, a confirmé ces incidents. « Oui, on vit ça depuis ce matin, ça tire un peu partout », a-t-il déclaré au téléphone. Aucune victime n’avait été signalée en milieu de journée. La situation politique est très tendue depuis plusieurs mois aux Comores, où le président Azali Assoumani a fait interpeller récemment des dizaines de membres de l’opposition ainsi que des personnalités de la société civile. Parmi eux figurent l’ancien président de l’Union, Ahmed Abdallah Sambi, inculpé dans une affaire de corruption présumée sur l’affaire de la citoyenneté économique. Chef du parti Juwa, M. Sambi est originaire de l’île d’Anjouan. L’écrivain Said Ahmed Said Tourqui (SAST) auteur de « Djins et sultans », soupçonné d’être impliqué dans une tentative de coup d’Etat est également incarcéré depuis bientôt deux mois dans des conditions « inhumaines », selon une source moronienne. Les barricades, faites d’arbres abattus, avaient été dressées à plusieurs endroits de la ville (Habomo, Fortaleza, Mroni, quartier du marché, Pajé, Mirontsi, Bandrani etc…) et la plupart des routes menant à la capitale bloquées, selon ses habitants. Aucune information n’était disponible sur l’identité des manifestants. « Les militaires ont commencé à dégager les barricades », a indiqué l’un d’eux sous couvert d’anonymat. « La situation pourrait se dégrader cette nuit car les manifestants dont certains sont lourdement armés ont décidé de ne pas baisser les bras », rapporte un restaurateur. En juillet dernier, le chef de l’État a vu ses pouvoirs renforcés lors d’un référendum aux allures de plébiscite (92,74% de « oui ») boycotté par l’opposition. Ce changement autorise Azali Assoumani, un ancien putschiste élu en 2016, à accomplir deux mandats successifs au lieu d’un. Il a annoncé son intention d’organiser un scrutin présidentiel anticipé au premier semestre 2019, qui lui permettrait de remettre les compteurs électoraux à zéro et de régner sur l’archipel, en cas de victoire, jusqu’en 2029. Ses adversaires dénoncent depuis des mois sa dérive autoritaire.

Un couvre feu de six jours

Dans une déclaration envoyée à la presse hier, l’Union de l’opposition a tenu à préciser que « le sentiment général qui prévaut dans tout le pays est que ça suffit, trop c’est trop ! La loi de l’histoire générale des pays, des nations et des peuples selon laquelle la dictature appelle la résistance trouve ici sa meilleure traduction ». L’Union de l’opposition déclare également « exprimer son soutien total à la population anjouannaise dans ce soulèvement spontané pour manifester son refus des emprisonnements arbitraires, du musellement de la presse, de la confiscation de toutes les libertés, de l’instrumentalisation de la justice, du bafouement de l’autonomie des îles, du piétinement de toutes les institutions de la république ». Le ministère de l’Intérieur de l’Union des Comores a tenu à rassurer la population à travers un communiqué, « d’avoir pris des mesures d’urgence afin de préserver la sécurité de la population et garantir l’ordre public » : – Un couvre feu est proclamé par la préfecture de Mutsamudu de 20h00 à 6h00 du matin durant six jours à compter du lundi 15 octobre. – La surveillance des frontières comoriennes et les contrôles d’identité seront renforcés. Hier au moment où nous bouclions cette édition, on apprenait que des coups de feux sporadiques résonnaient aux abords de la Médina alors que l’armée s’était repliée à Hombo, quartier situé sur les hauteurs de Mutsamudu. Vingt ans après la crise séparatiste qui avait secoué l’archipel en 1998, l’histoire se répète.

Le zébu mahorais : une race enfin reconnue

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Espèce endémique implantée à Mayotte depuis plus de 900 ans, le zébu mahorais est aujourd’hui menacé de disparition. Pour contrer sa raréfaction, le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) et la Coopérative agricole des éleveurs de Mayotte (CoopADEM) se sont battus pour caractériser la race et la faire reconnaître comme une espèce à part entière en France. Cette étape a été franchie le 25 septembre dernier.

En brousse comme en ville, ils sont incontournables et font partie du paysage. On les croise partout à Mayotte. Que ce soit au bord des routes, face aux voitures, ou dans les champs : ils paissent toujours paisiblement, la corde autour du cou, leurs propriétaires souvent à quelques encablures de là, les surveillant du coin de l’oeil. Vous l’aurez bien sûr deviné, on vous parle ici du zébu mahorais. Depuis le 25 septembre dernier, le bovidé a été reconnu au Journal officiel de la République comme : une « race à part entière ». Bonne nouvelle donc pour ce ruminant local et « originel », qui voit depuis quelques années sa population diminuer sur l’île au profit des races « exotiques » venues de métropole.

Un travail de fond pour caractériser la race

Jérôme Janelle, zootechnicien et entomologiste au Cirad (Centre International pour la Recherche Agronomique et le Développement), explique que depuis 2012, un important travail de recherche concernant le zébu a été entrepris, permettant d’établir une véritable carte d’identité, « précise et fouillée » de la race, et d’en déterminer exactement « les caractéristiques d’un point de vue génétique et démographique ». La Coopérative agricole des éleveurs de Mayotte (CoopADEM) et le Cirad ont travaillé main dans la main en ce qui concerne ces travaux ayant pour objectif de protéger l’espèce, emblématique de l’île, mais pourtant menacée par les croisements.

Protection de l’espèce

Aujourd’hui, les agriculteurs ont tendance à délaisser les espèces locales au profit de races importées. « Ils cherchent des bêtes plus grosses, plus productives », et de nombreuses importations de bêtes européennes, notamment de « vaches jurassiennes » ont été effectuées à Mayotte. Pourtant le zébu mahorais est une espèce « plus adaptée à ce territoire, implantée depuis plus de 900 ans ici, et nécessitant moins de soins » qu’une espèce importée, par exemple d’Europe. Le climat, les parasites, ne sont pas un problème pour cette espèce endémique. En plus de l’arrivage de nouvelles espèces sur le territoire, l’insémination artificielle avec ces mêmes races métropolitaines pourrait causer « l’absorption » des races mahoraises par d’autres races croisées, et à long terme faire disparaître ces races locales. La reconnaissance du zébu mahorais en tant qu’espèce à part entière constitue à ce titre une belle avancée, permettant d’envisager dans l’avenir le déblocage de fonds européens permettant une protection accrue de l’espèce. 

Assises des Outre-mer | Uzuri wa dzia, la première coopérative laitière

À Mayotte, trois projets ont conquis le cœur du jury des Assises des Outre-mer, dans le cadre du concours Innovation. Ainsi, le territoire accueillera bientôt une coopérative de producteurs de lait, des laveries solidaires et un projet d’aide à la mobilité des jeunes. Chaque jeudi, Flash Infos vous présente un projet. Aujourd’hui : Uzuri wa dzia.

Offrir du lait local et des produits laitiers locaux à la population mahoraise, tel est le projet de la coopérative Uzuri wa dzia. Créée en 2018, cette structure regroupe sept éleveurs des quatre coins de l’île, fédérés notamment autour de celui qui tient une laiterie à Mtsangadoua. Possédant chacun de trois à une vingtaine d’animaux (du zébu croisé à la race pure), ces éleveurs ont pour objectif de produire ensemble jusqu’à 500 litres de lait par jour, « pour monter jusqu’à 800 litres » dans un second temps, espère la directrice Élise Cantelé. « On démarre petit avec quelque chose qui fonctionne », explique la responsable mais « les éleveurs sont prêts, ils n’attendent que ça (le démarrage de l’activité, ndlr) ». 

Ce projet a séduit le jury des Assises des Outre-mer, par son innovation (si le lait était transformé à Mayotte, il n’était pas produit localement auparavant), son éco-responsabilité puisqu’il se pose comme une alternative à l’importation, et son dynamisme économique pérennisant l’activité des agriculteurs. Il fait donc partie des trois lauréats mahorais de ce concours et se distingue dans la catégorie « Production économique ». 

Du lait made in Mayotte

Chaque éleveur a investi 6 000 euros, soit 42 000 euros pour l’ensemble des membres de la coopérative. À cette somme de départ s’ajouteront probablement des crédits du fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), sollicité par la coopérative – ces crédits représentant « 90 % des investissements », qui s’élèvent au total à 150 000 euros, se réjouit la directrice. Le temps d’effectuer les démarches administratives, de toucher les différentes subventions et de faire venir du matériel, la coopérative espère lancer son activité début 2019.

Ainsi, le consommateur pourra-t-il acheter directement à la laiterie, en épicerie ou encore en grande surface du yaourt, du lait caillé et du lait pasteurisé « made in Mayotte » très probablement dès février. Les produits seront composés à 99 % d’ingrédients locaux (le reste devra être importé, tels que les ferments) et conçus à partir de lait entier, type fermier. « Nos recettes ont pour vocation de travailler le lait de la manière la plus naturelle possible, sans passer par une phase de poudre ou d’homogénéisation » et les emballages seront en carton et en plastique recyclables, souligne Élise Cantelé. La directrice ajoute : « Nous souhaitons mettre l’accent sur la qualité de nos produits en communiquant avec transparence sur la traçabilité et les conditions sanitaires de production ».

À terme, Uzuri wa dzia espère développer la filière, accueillir davantage d’éleveurs et diversifier son offre, avec du fromage blanc, par exemple. Uzuri wa dzia, un projet vertueux renforçant l’activité économique du territoire et offrant au consommateur des produits locaux. 

 

Le concours Innovation des Assises

Sur les 850 candidatures, le jury des Assises des Outre-mer n’a retenu en septembre dernier que 19 lauréats pour l’ensemble des outre-mer dans les 6 catégories suivantes : numérique, mobilité, environnement, culture, production économique, lien social. Chaque lauréat recevra 10 000 euros et pourra compter sur l’accompagnement de l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (Iedom), de l’Agence française de développement (AFD) et de Bpi France. Par exemple, le correspondant TPE de l’Iedom assurera quatre entretiens d’appui sur l’année avec les lauréats, qui seront également reçus par l’AFD, et Bpifrance établira un diagnostic complet de chaque projet. En outre, « l’AFD, Bpifrance et la Banque des Territoires faciliteront le parcours des candidats en accélérant leur accès aux réseaux des partenaires chargés de la formation, des garanties et du financement », promet le ministère des Outre-mer. 

 

 

Diplôme Universitaire « animateur en santé communautaire » : une première nationale

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Ce lundi avait lieu le lancement du premier Diplôme universitaire (DU) « animateur en santé communautaire » sur le territoire français au Centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de Dembéni. Élaboré par l’ARS Océan indien en partenariat avec l’Institut Renaudot, il répond à des besoins en santé beaucoup plus importants à Mayotte qu’ailleurs sur le territoire nationale, notamment en raison des situations de dénutrition observées.

« La création d’un réseau d’animateurs de santé communautaire est primordiale à Mayotte ». Dans le cadre du Plan de santé 2018-2028 qui est une « feuille de route » pour la politique de santé régionale, l’Agence régionale de santé de l’Océan indien (ARS OI) a entrepris d’engager une nouvelle politique en santé communautaire sur l’ensemble du 101ème département français. « Il s’agit de soutenir les actions de prévention et promouvoir la santé auprès de la population », avait annoncé Xavier Monserrat, directeur général adjoint préfigurateur de l’ARS Océan Indien (voir encadré), lors d’une réunion au CUFR le 30 novembre 2017. Dans cette optique, se tenait lundi dans l’amphithéâtre du Centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de Dembéni le lancement du premier Diplôme universitaire (DU) « animateur en santé communautaire » au niveau national. Ce DU a été préparé par l’ARS OI, en partenariat avec l’Institut Renaudot et en collaboration avec CUFR de Mayotte. Des parlementaires présents ou représentés, des maires, des élus et les étudiants de la formation étaient présents lors de l’ouverture de ce diplôme. 

Des besoins en santé importants

« C’est le quatrième DU que j’élabore. Parmi les axes forts du Centre universitaire, l’un de ses principaux défis est d’articuler son offre globale de formation avec les besoins identifiés sur le territoire. C’est dans cet esprit qu’a été créé ce nouveau diplôme. C’était une volonté affichée par l’ensemble des acteurs de santé du département », explique Aurélien Siri, Directeur du CUFR de Mayotte, avant d’ajouter : « Il faut souligner que sa construction s’est faite en moins d’un an ». La santé communautaire vise donc à accompagner les habitants, usagers, citoyens, professionnels, élus, associations et institutions à obtenir des réponses adaptées aux problèmes de santé, reconnus comme prioritaires. « L’un des enjeux est de promouvoir la santé communautaire en sensibilisant et mobilisant les usagers. À Mayotte, les besoins en santé sont plus importants que partout ailleurs », souligne Huguette Yong-Fong, responsable communication de l’ARS OI.

Dans le département le plus pauvre de France, cette approche communautaire a été déployée dès les années 1990-2000 pour « prendre en compte les spécificités sociologiques et culturelles de l’île », selon l’ARS. « En considération des bouleversements sociaux en cours à Mayotte et de l’impact des conditions de vie souvent précaires sur la santé de la population, les acteurs locaux se rejoignent sur l’impératif de rendre les habitants acteurs de leur santé », a détaillé l’ARS OI. Parmi les quatre domaines touchant à la santé communautaire, la santé nutritionnelle a été retenue pour être approfondie durant l’année scolaire notamment en raison des situations de dénutrition observées chez les enfants et à une prévalence élevée de la surcharge pondérale et de l’obésité à Mayotte.

Une formation de 120 heures

« Je travaille pour une association qui vient en aide aux déficients sensoriels. Je voulais rester dans le social et cette formation permet d’avoir un diplôme supérieur. C’est un secteur d’avenir et Mayotte a besoin de former du personnel. Nous (les futurs animateurs, ndlr) allons apporter de la plus-value grâce à des projets de réflexion communs sur le territoire. Je suis native de l’île et je souhaitais contribuer au développement de Mayotte. Je pense qu’avec ce diplôme, je vais pouvoir le faire », affirme Cédia Msoili, une des seize étudiantes de la formation. 

Sélectionnés au mois de juin dernier par les équipes de l’Institut Renaudot, ils étaient 23 au départ après un appel à candidatures lancé en mai 2018. « Ce sont principalement des professionnels des collectivités locales, des professionnels de la santé, du champ médico-social ainsi que des bénévoles ou militants d’associations. Ils deviendront les porte-paroles des communes, des opérateurs et de la population mahoraise », annonce Aurélien Siri. Financé à hauteur de 90 000 euros par l’Agence française de développement (AFD), la formation se déroulera en quatre sessions de quinze heures, espacées de deux à trois mois, soit une formation de cent vingt heures découpées entre enseignement et stage. « Les connaissances seront évaluées sous la forme d’un contrôle continu, au moyen d’un livret de suivi, et avec la rédaction d’un mémoire s’appuyant sur les expériences du stage et les acquisitions de connaissances », informe le Directeur du CUFR de Mayotte. Le règlement d’examen et le montant des droits d’inscription a été fixé à 120 euros par étudiant. Ce diplôme étant destiné à « s’inscrire dans le temps », les candidats recalés cette année pourront être acceptés l’année prochaine.

 

Création d’une ARS à Mayotte en 2020

Annick Girardin, ministre des Outre-mer, avait annoncé la création d’une Agence de santé « de plein exercice » à l’horizon 2020 à Mayotte lors de son déplacement sur l’île aux parfums le 15 mai dernier. Un groupe de travail inter-administrations a été mis en place pour s’atteler notamment à quatre priorités propres à Mayotte : la gouvernance locale en santé, le développement de politiques de santé publique et de prévention, des mesures spécifiques sur l’offre de soins et des mesures en matière de ressources humaines en santé afin de renforcer l’attractivité de l’île.

Xavier Montserrat, ancien directeur de la délégation de l’île de Mayotte, a été nommé directeur général adjoint préfigurateur depuis le 1er septembre 2018. Dix postes supplémentaires seront aussi créés à Mayotte en 2019. Ces créations d’emplois permettront la mise en place de la future agence. En outre, pour développer la prévention sur l’île, le fonds d’intervention régional dédié à Mayotte a été augmenté de 50% dès 2018 et le sera également en 2019. 

Immigration | « On va les faire sortir (…) avec la force de nos bras »

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Lundi matin, la préfecture a délogé sans violence les manifestants qui bloquaient depuis fin juillet le service des migrations et de l’intégration. Se sentant « humiliés », ils ont déclaré réfléchir à une riposte. Ousséni Balahachi a appelé « à la mobilisation de la population mahoraise, afin de lutter pour la sauvegarde de leur (sic) territoire ». Dans la soirée, le préfet a tenu une conférence de presse pour expliquer sa décision.

Un air de déjà-vu. Lundi matin, vers 8h, les manifestants chassés tôt dans la nuit du service des migrations devant lequel ils veillaient nuit et jour depuis fin juillet, formaient une chaîne face au cordon de gendarmerie sanctuarisant la zone. Parmi les « mamans », des leaders des différents collectifs et de l’intersyndicale, tels que Safina du Collectif des associations, Soufiane du Codim, le secrétaire départemental de la CFDT Ousséni Balahachi ou encore Faouzia Cordjee. Ils ont été délogés sans violence par deux pelotons de gendarmerie mobile, a confirmé Soufiane qui, présent sur les lieux, a demandé aux manifestantes de ne pas résister, échaudé notamment, a-t-il avoué, par le procès de Balahachi la semaine dernière. 

« Les Mahorais pensent que la France a trahi Mayotte », hurle une femme aux gendarmes, d’apparence impassible. « On ne va pas se laisser faire, on va riposter d’une façon ou d’une autre », gronde Safina qui s’étonne que durant le long sit-in aucun médecin ne soit venu à la rencontre des « mamans » alors « qu’ils réclament la réouverture du service pour les Comoriens malades ». Soufiane, du Codim, regrette que les forces de l’ordre désertent « dès 17h » la place, laissant les manifestants seuls la nuit, « sans sécurité ».

Le spectre des décasages

Une autre femme, du Collectif des citoyens, est moins mesurée : « Ces gens-là, les étrangers, on va les faire sortir de chez nous (…) avec la force de nos bras », tempête-t-elle, évoquant explicitement les décasages. « Encore hier, mon frère a été agressé (…) La dernière fois, c’était en sortant de l’école et les policiers ont refusé de prendre notre plainte », témoigne-t-elle, liant directement cet évènement personnel de délinquance à l’immigration clandestine.  Cette manifestante estime que l’action matinale de la préfecture est « une déclaration de guerre ». « Ils ont leurs armes, on a les nôtres. À la guerre, comme à la guerre ! », prévient-elle. Dans la matinée, Balahachi a appelé, par voie de sms, la population mahoraise à la mobilisation auprès des manifestantes délogées « afin de lutter pour la sauvegarde de leur (sic) territoire ». Toute la journée, les manifestants, peu nombreux, sont restés place Mariage, après en avoir bloqué les rues en disposant au travers de la route des poubelles de la Cadema.

Des voix dissonantes 

Place Mariage ce lundi matin, des badauds assistent à la scène, dont une étudiante mahoraise, atterrée : « Je trouve que ce que font ces manifestants est injuste », déclare-t-elle, évoquant le cas de ses camarades étrangers qui ne peuvent poursuivre leurs études en raison de la fermeture de ce service public. « On n’ose pas dire qu’on n’est pas d’accord mais c’est le cas ». La jeune femme évoque encore les pertes d’emplois liés à ce blocage, l’économie qui en pâtit, et conclut : « Ils disent que ce sont les Comoriens qui coulent l’île mais ce sont eux, les Mahorais, qui détruisent tout ». Une autre femme, d’une quarantaine d’années, avance un autre argument, également économique, du manque à gagner de la non-régularisation des étrangers : « Ils savent combien ça rapporte, l’argent des titres de séjour ? Moi, j’aimerais bien avoir la caisse pour moi ! », s’amuse-t-elle.

« Situations humaines inextricables »

Fin septembre, le défenseur des droits, Jacques Toubon, avait qualifié la situation « d’alarmante » et demandé instamment « au ministre de l’Intérieur ainsi qu’au préfet de Mayotte de l’informer des mesures envisagées pour mettre un terme » à ces « atteintes aux droits » générées par la fermeture aussi longue d’un service public sur le territoire français. Cette demande « urgente » est intervenue un mois après que le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, en visite sur le 101ème département français, a également formulé des inquiétudes similaires.

Ce désaccord ministériel, puis l’intervention du Défenseur des droits, ont-ils motivé l’action de la préfecture ? « La situation n’était plus tenable », avec des « situations humaines inextricables ». C’est pourquoi « j’ai décidé de mettre un terme au blocage », a déclaré le préfet Dominique Sorain lors d’une conférence de presse qu’il a tenue lundi soir, évoquant encore « des raisons juridiques, de principe et humaines ». Le préfet a rappelé qu’il comprenait « le mouvement d’inquiétude des Mahorais par rapport à l’immigration clandestine, (…) un des facteurs de déstabilisation parmi les plus importants du territoire de Mayotte ». Mais, « contraire aux règles de fonctionnement de la République », ce blocage ne permettait pas, en outre, de refuser les dossiers de personnes n’ayant pas vocation à rester sur le territoire. Une « situation pas bonne à terme », selon le préfet. 

Il a également longuement détaillé les moyens mis en œuvre dans la lutte contre l’immigration clandestine dont les effectifs renforcés de la gendarmerie et de la police et notamment de celle aux frontières (PAF) – les 40 personnels supplémentaires de la PAF, les 7 agents supplémentaires du groupe d’appui opérationnel (GAO) – mais également l’instauration du groupe d’enquête et de lutte contre l’immigration clandestine (GELIC), la pérennisation du troisième escadron de gendarmes mobiles, l’arrivée de deux nouveaux intercepteurs nautiques en novembre, etc. 

1 500 contentieux

Pourquoi alors n’avoir pas agi avant ? « Parce que j’ai recherché le dialogue. Nous sortons d’un conflit très important à Mayotte. (…) J’ai recherché le dialogue jusqu’au bout », a martelé le représentant de l’État mais aucune « issue consentie » n’a été trouvée et même s’il faudra « continuer le dialogue ». Ainsi, « jeudi vraisemblablement », le service des migrations et de l’intégration rouvrira « partiellement  » et traitera les cas prioritaires, notamment ceux concernant la santé, l’emploi ou le regroupement familial. Pour les étudiants étrangers, « on verra au cas par cas ». « On ne recevra pas au guichet » mais sur rendez-vous, a averti le préfet, et les nouvelles demandes ne seront, de fait, pas étudiées. « Des milliers de dossiers » sont déjà en souffrance et l’État fait face à 1 500 contentieux « qu’on va perdre », a admis Dominique Sorain, avouant que 50 avaient été déjà perdus, occasionnant des frais d’astreinte d’une soixantaine d’euros par jour par dossier. 

En outre, le préfet a admis que des reconduites avaient bien lieu mais que « pour l’instant, il n’y a pas d’accord global » avec les Comores. Il a refusé de s’exprimer davantage sur le sujet afin de ne pas brouiller « le travail diplomatique en cours ». 

Interrogé sur d’éventuelles représailles suite à l’action de lundi matin, le préfet a déclaré « [compter] beaucoup sur le dialogue et la raison » et a fermement rappelé que les décasages n’étaient « pas tolérables ». 

Deux heures après la conférence de presse du préfet, le Collectif des citoyens et l’intersyndicale ont réagi par voie de communiqué : « Nous restons mobilisés : jamais nous nous laisserons intimider et jamais nous ne cesserons de rappeler à l’État ses obligations et ses devoirs à Mayotte. »

 

 

 

 

 

 

 

Accident de voitures : 7 personnes blessées près de Jumbo score

Une collision entre deux véhicules est survenue ce lundi vers 15h sur la route nationale de Jumbo score, sortie Hauts Vallons en allant direction Mamoudzou. Hier après-midi, les douaniers s’étaient postés sur la RN 1 pour pouvoir effectuer des contrôles en faisant signe aux voitures de se ranger sur la bas côté. Un « taxi-mabawa » a alors été « pris de panique » et a « possiblement perdu le contrôle » de son véhicule un peu plus loin avant de s’encastrer dans une camionnette qui était dans le sens opposé. Selon le capitaine de police Stéphane Cosseron, cet accident a fait sept blessés légers dont un nourrisson qui se trouvait dans le taxi (cinq dans le taxi et deux dans la camionnette). Emmenés au CH M par les pompiers pour observation, le pronostic vital des victimes ne semble pas engagé. « Le problème c’est que dans les chocs comme ça, nous ne savons pas la gravité des blessures avant examen au CHM. Les pompiers ont donc préféré les emmener à l’hôpital pour des examens approfondis », indique le capitaine de police. Et d’ajouter que « le lieutenant colonel des pompiers s’est tout de même déplacé ainsi que quelques élus locaux car ce nombre de blessés n’arrive pas souvent ici ».

Deux mois avec sursis pour Balahachi

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Mercredi s’est tenu le procès du contrôle d’identité qui a dérapé le 1er octobre, impliquant le syndicaliste Ousséni Balahachi. A l’issue de plus de quatre heures de débats, il a été relaxé pour deux des trois chefs d’accusation et condamné à deux mois d’emprisonnement avec sursis pour rébellion. Il est sorti du tribunal sous les vivats de la foule venu le soutenir.

Si elle s’est déroulée dans un calme relatif, l’audience de mercredi lors de laquelle était jugée le syndicaliste Ousséni Balahachi, accusé de rébellion, d’outrages et de violences envers quatre gendarmes a été très médiatisée et suivie par plus de 200 personnes sur site, à l’intérieur et à l’extérieur du tribunal. 

Durant plus de quatre heures, les débats ont été vifs et toujours divergents, les versions n’arrivant jamais à concorder. Ils opposaient quatre gendarmes – défendus par Maître Rahmani – à Ousséni Balahachi, entouré de pas moins de quatre avocats – Maîtres Ahamada, Andjilani, Souhaïli, Mabadali.

Inlassablement narrée dans ses moindres détails, l’altercation du 1er octobre à Tsingoni entre les forces de l’ordre et le syndicaliste a donné du fil à retordre au président d’audience Daniel Rodriguez. 

Manque de respect pour l’un

Pour Ousséni Balahachi, soumis ce jour-là à 8h du matin à un contrôle d’identité routinier alors qu’il emmenait son fils en taxi à l’hôpital en présence de son épouse, les gendarmes lui ont manqué de respect puis l’ont violemment jeté à terre. Pourtant, il n’aurait pas refusé de se soumettre au contrôle d’identité mais passant son passeport par la vitre du bus afin de le remettre à l’agent, celui-ci serait tombé par accident. Selon le prévenu, demandant « gentiment » au gendarme de le ramasser, ce dernier lui aurait intimer l’ordre « de manière agressive » de venir le récupérer lui-même et de sortir du véhicule. Avouant être relativement énervé en raison de l’attitude supposée de l’agent, Balahachi serait sorti et aurait été brutalement « attrapé » par un gendarme, plaqué contre le véhicule puis jeté à terre. 

Rébellion pour les autres

Pour les gendarmes, tous solidaires dans leurs propos, le prévenu aurait refusé de se soumettre au contrôle et de sortir du véhicule et les aurait invectivés. « Ce n’est pas vrai », s’insurge le syndicaliste aux côtés, à la barre, du militaire qui maintient aussi mordicus sa position. Pour le gendarme qui effectuait le contrôle, Balahachi aurait jeté violemment son passeport par terre et lui aurait dit : « Ramasse mon passeport tout de suite », provoquant l’hilarité des passagers. Interloqué, l’agent lui aurait dit « Pardon ? », et Balahachi aurait réitéré son ordre en ajoutant : « Tu n’es qu’un gendarme, je ne sortirai pas pour toi ». Selon les militaires, après lui avoir demandé plus de six fois de sortir alors qu’il « était debout, s’énervait et gesticulait », il aurait été extrait du bus, effectivement plaqué contre le véhicule puis maîtrisé à terre. « Ça vous arrive de ramasser des pièces d’identité tombées par terre ? », demande le président de séance à un gendarme. « Bien sûr », répond l’agent. « Et vous le faites ? », « Oui, quand c’est bien demandé », affirme sûr de lui le gendarme.

Lors de l’interpellation, Balahachi aurait porté des coups de pied au niveau du gilet pare-balles dont il resterait des « preuves matérielles », des traces, a insisté le ministère public dans son réquisitoire.

David contre Goliath

A la barre, la vision de Balahachi, homme de moins d’1m60 plutôt frêle, à côté du gendarme l’ayant maîtrisé, vigoureux gaillard d’1m80 environ, suscite l’interrogation du président d’audience. Le prévenu représentait-il vraiment un danger au point d’user la force pour le maîtriser ? Pour le gendarme, Balahachi l’aurait agrippé au col et serait rentré « dans sa zone intime », geste déclencheur d’une procédure de maîtrise. Ce n’est pas la morphologie qui détermine l’action mais l’attitude de la personne, ici « très virulente », argue encore le militaire. 

Une vidéo ayant largement circulé sur les réseaux sociaux et montrant uniquement la maîtrise au sol a été diffusée lors de l’audience. On y voit l’interpellation et on entend distinctement le mot « abruti(s) » qui, selon les gendarmes, aurait été prononcé par Balahachi. L’absence de témoins (seules l’épouse de Balahachi et une supposée passagère qui se serait spontanément présentée aux gendarmes le lendemain) a compliqué la tâche des magistrats.

« Bavure »

Pour la défense, plusieurs faits plaident en faveur du prévenu. Son casier judiciaire vide, tout d’abord, alors que ses activités militantes l’exposent de fait à de nombreuses confrontations avec les forces de l’ordre. Son combat, ensuite, pour « plus d’Etat à Mayotte » et donc davantage d’effectifs des forces de l’ordre. « Pour quelle raison aurais-je manqué de respect aux gendarmes ? », demande Balahachi qui rappelle son attachement à la République et à ses valeurs. « L’instruction a été à charge », accuse un avocat, et la comparution immédiate pour un « primo-délinquant » est une véritable « violence », dénonce un autre. Les quatre ténors du barreau, qui parlent de « bavure » et d’usage « disproportionné » de la violence, exigent la relaxe pour les trois chefs d’accusation.

Le motif premier de l’altercation a été retourné par l’avocat des gendarmes : pour quelle raison des agents arrivés il y a deux mois sur le territoire, qui ne connaissent pas Balahachi, auraient-ils voulu s’en prendre à lui ? Des militaires qui, d’ailleurs, effectuent une soixantaine de contrôles par semaine, sans jamais que des problèmes de ce type ne se présentent. Pourquoi des agents en service, « toujours au contact de la population », s’énerveraient-ils si on leur demande gentiment de ramasser un passeport, se demande également le ministère public, dans son réquisitoire. Maître Rahmani demande 1 500 euros de dommages et d’intérêts pour les trois gendarmes ayant supposément subi des outrages et 2 000 euros pour celui qui aurait subi des violences.

« Délire de toute-puissance »

Le parquet, dans son réquisitoire, évoque « les leviers de pression » et « la capacité de mobilisation » de l’entourage du syndicaliste, « surpris » de voir tant de monde à l’audience dans un « contexte local très tendu (…) et qui n’est pas normal ». Pour Pablo Rieu, « ce sont eux (les collectifs et l’intersyndicale) qui font la loi maintenant » : exactions, contrôles policiers, etc. Des actions qui auraient provoqué chez Balahachi un « délire de toute-puissance ». Pour les trois chefs d’accusation, le ministère public requiert 8 mois d’emprisonnement avec sursis.

Le président a tranché : deux mois avec sursis pour rébellion, relaxe pour outrages et violences, 100 euros de dommages et intérêts et 100 euros de remboursement de frais d’avocat pour chacun des gendarmes.

Balahachi a d’ores et déjà porté plainte pour violences et ce, même si aucun jour d’ITT ne lui a été délivré suite à l’interpellation incriminée. Il est sorti du tribunal acclamé par ses soutiens, organisant même une quête pour le syndicaliste.

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes