Comme à l’aéroport de Pamandzi, l’activité a repris pour les liaisons maritimes entre Petite-Terre et Grande-Terre, ce mardi. Il y a cependant un changement de lieu de départ à Dzaoudzi puisque le quai Issoufali est bloqué par le déplacement de l’ancienne barge Salama. “Le départ et l’arrivée des barges en Petite-Terre se font quai Ballou jusqu’à nouvel ordre”, confirme la préfecture de Mayotte, qui rappelle que la circulation et le stationnement sont interdits sur le Rocher, “à l’exception des résidents. Les passagers et les véhicules autorisés à emprunter la barge doivent patienter quai Issoufali : ils seront invités par un agent de la DTM (ex-STM) à se rendre quai Ballou à chaque arrivée de la barge pour ne pas bloquer les axes routiers”, expliquent les services de l’État.
Pour fluidifier la circulation, les autorisations de se déplacer se limitent aux piétons, véhicules des forces de secours, de sécurité et d’intervention, des services publics ou des opérateurs des fluides et télécommunications, ainsi que pour le transport alimentaire ou la collecte des déchets.
À Chirongui, au lendemain de la tempête tropicale Dikeledi, les habitants sont à pied d'œuvre pour déblayer leurs rivières.
Ce lundi matin, malgré l’alerte rouge toujours en cours, les habitants de Chirongui étaient en train de déblayer leurs rivières, par peur qu’elles soient obstruées et débordent à nouveau en cas de nouvelles pluies. La population a été effrayée par la tempête tropicale, et plusieurs maisons ont été inondées. Si des personnes ont dû être évacuées de leurs voitures par les pompiers ce dimanche, les agents de la commune n’ont pas recensé de blessés pour l’heure.
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Les rivières de la commune de Chirongui sont sorties de leurs lits ce dimanche 12 janvier en fin de matinée, en raison des pluies provoquées par la tempête tropicale Dikeledi.
Les habitations à proximité des cours d’eau ont été inondées, les évacuations d’eau de la commune étant obstruées par les débris de Chido.
Ce lundi matin, la population s’active pour nettoyer la rivière au niveau du pont à proximité de la mairie, malgré l’alerte cyclonique rouge toujours en cours, interdisant les sorties. L’île est finalement passée en phase de sauvegarde à 15h ce lundi.
Ils enlèvent les débris végétaux de la rivière, pour que son eau puisse s’écouler vers la mer en cas de nouvelles pluies et éviter ainsi de nouvelles inondations.
Des tapis imbibés d’eau rejoignent les trottoirs aux côtés des débris déjà laissés par Chido.
Les habitants accrochent les branches à des cordes fixées à des voitures pour pouvoir les tirer.
À M’zouazia, dans la commune de Bouéni, sur la route allant vers M’bouanatsa, un câble électrique est tombé et de la boue obstrue le passage. Les pompiers et les gendarmes ont commencé à déblayer en fin de matinée, avec des pelles apportées par des habitants.
À M’bouini, dans la commune de Kani-Kéli, le plateau est entièrement boueux au lendemain des inondations.
Les maisons à proximité de la rivière ont été inondées d’eau boueuse. Ici, l’une d’elle vient d’être nettoyée de fond en comble. Sa propriétaire a toujours accès à l’électricité.
À l’entrée de M’bouini, un poteau électrique est tombé.
La rivière de M’bouini est de retour dans son lit ce lundi, après avoir effrayé la population la veille en envahissant la ville.
Le dégagement des routes, notamment dans le sud de Mayotte particulièrement touché par la tempête tropicale Dikeledi, étant encore en cours, la préfecture instaure donc une “phase de sauvegarde cyclonique”. “Le préfet de Mayotte appelle la population à réserver les axes de circulation aux forces de l’ordre, de secours et aux opérateurs d’intérêts vitaux. Leurs interventions sont essentielles. Évitez tout contact avec les fils électriques tombés après les vents forts et signalez-les immédiatement aux autorités pour votre sécurité”, insiste la préfecture. Dans les autres consignes, les habitants sont autorisés à sortir pour “consolider et réparer ce qui peut l’être, sans prendre de risque” ou à “rester éloignés des cours d’eau”.
Concernant le rétablissement des réseaux électrique et d’eau, Électricité de Mayotte (EDM) et la Société mahoraise des eaux (SMAE) font actuellement un diagnostic, ce lundi. Pour le deuxième, qui a promis un retour des tours d’eau mardi, il est indiqué que “les usines de production d’eau sont en cours de redémarrage : les intempéries ont généré des dégâts que la SMAE expertise, notamment des casses ou des arrachages de canalisation”. Le chemin de l’eau a été toutefois rétabli, ce lundi, et une partie des villages a pu être réalimentés (voir le communiqué).
Niveau santé, les urgences du centre hospitalier de Mayotte (CHM) sont ouvertes, tout comme le centre hospitalier de Petite-Terre et les centres médicaux de référence (CMR). L’hôpital de campagne de Cavani le sera à nouveau mardi. Les stations-services demeurent fermées, ce lundi, tandis que les barges circuleront “dans les meilleurs délais”, après des travaux de sécurisation sur les quais.
A Chirongui, ce lundi matin, les habitants constatent les dégâts, au lendemain du passage de la tempête tropicale Dikeledi.
Malgré l’éloignement de la tempête tropicale Dikeledi, les habitants de l’archipel sont invités à continuer leur confinement, ce lundi. Par mesure de précaution, et parce que la pluie prévue pourrait s’avérer dangereuse sur un sol gorgé d’eau, la préfecture de Mayotte ne souhaite pas lever l’alerte rouge enclenchée depuis samedi, 22h.
L’épisode de kashkazi de ce lundi force l’archipel mahorais à vivre une nouvelle journée à l’arrêt. Depuis samedi, 22h, l’alerte rouge de la préfecture de Mayotte est toujours en vigueur. La tempête tropicale Dikeledi, qui est passée à 90 kilomètres au sud du département, dimanche midi, a particulièrement touché les villages du sud de Grande-Terre, provoquant inondations et glissements de terrains. M’bouini par exemple, seule localité épargnée par le cyclone Chido, un mois plus tôt, a vu sa plage disparaître sous l’effet de la marée et des torrents d’eau qui partaient vers la mer. 180 millimètres d’eau sont aussi tombés à Bandrélé, entre 7h et 19h, dimanche, tandis que les rafales de vent ont atteint 70-80 km/h. Des dégâts sur les routes ont également été constatés.
La pluie, dont l’intensité a été variable de part et d’autre du territoire, a fragilisé une végétation déjà éprouvée par le précédent événement climatique. D’où la mesure des autorités de prolonger l’alerte rouge, autorisant uniquement les secours à pouvoir sortir. “On a toujours des vents extrêmement forts et des pluies qui le sont tout autant”, a justifié le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, au micro de nos confrères de Mayotte la 1ère, dimanche après-midi. A cela s’ajoute le risque de submersion marine lors des marées hautes. Selon Météo-France, la météo de ce lundi comprend “des passages d’averses pluvio-orageuses entrecoupées d’accalmies, associées à du vent durant la journée”.
Aucune victime selon les autorités
Outre les dégâts matériels et les bâches envolées, le bilan humain ne fait état d’“aucune victime à ce stade”, selon les autorités. Celles-ci ont déployé 1.200 gendarmes, 800 policiers et 800 pompiers en prévision de l’arrivée de la tempête tropicale. Dans les 79 centres d’hébergement d’urgence ouverts, 14.500 personnes ont été recensées, indique la préfecture de Mayotte. Environ 5.000 auraient été mises à l’abri dans les mosquées. Quant à la rentrée administrative dans les établissements scolaires, prévue initialement ce lundi, elle a été reportée à ce mardi.
Le planning des tours d'eau reprend, ce mardi, à 6h.
Excepté pour le secteur 1 (pour lequel le flou existe en raison de l’état des unités de production), l’eau sera de retour dans les foyers mahorais, ce mardi. Le planning suit le même modèle que la semaine précédente avec trois jours différents : une ouverture de 6h à 18h, puis une autre le lendemain de 14h à 8h, et une troisième journée sans eau pendant 22 heures (de 8h à 6h le lendemain). Normalement, les secteurs 2 et 4 (la zone industrielle de Kawéni) seront les premiers ouverts, respectivement à 6h et 8h. Le troisième devra attendre à 14h.
Pour le secteur 1, si une fermeture est prévue à 8h, ce mardi, sur le planning, l’incertitude demeure s’il y aura bien de l’eau en amont. Joint par téléphone, Ibrahim Aboubacar, le directeur général des services du syndicat Les Eaux de Mayotte, indique que son syndicat et son délégataire, la Société mahoraise des eaux (SMAE), font actuellement un état des lieux du réseau et notamment des moyens de production, ce lundi. Il n’est donc pas garanti que ce secteur ait donc de l’eau avant mercredi, 6h. Pareil pour la remise en eau dans les villages touchés par les inondations et les glissements de terrain. “Je ne suis pas en mesure de vous dire dans quel état sont les canalisations dans le sud”, concède le directeur du syndicat des eaux.
La préfecture place Mayotte en alerte rouge cyclonique dès ce soir, 22h, alors que le cyclone Dikeledi se situe actuellement à 510 km de Mayotte. Après avoir perdu de la puissance avec sa traversée à Madagascar, il devrait passer à 100 km de la pointe Sud de Mayotte. La population doit donc rester confinée jusqu’à nouvel ordre. La circulation est interdite et les commerces, bars, restaurants doivent être fermés.
De très fortes pluies, pouvant générer des crues soudaines, des inondations et des glissements de terrain sont attendus à partir de la fin de la nuit de samedi à dimanche et sur une bonne partie de la journée de dimanche. Des rafales de vent importantes sont attendues au plus fort en milieu de journée dimanche et durant l’après-midi. Les côtes sont également à risque de submersion marine.
Plusieurs centres d’hébergement sont ouverts pour les personnes en situation de vulnérabilité, sans condition :https://tinyurl.com/jsjse7rk
La préfecture de Mayotte a déclenché l’alerte orange cyclonique ce samedi à 8h, à l’approche du cyclone Dikeledi. Actuellement à moins de 800 km à l’Est de l’île, il va traverser Madagascar cette nuit et perdre en puissance avant de passer à 75 km au Sud de Mayotte dans la journée de dimanche, au stade fort de tempête tropicale.
Des vents de 50 à 60 km/h sont attendus à Mayotte ainsi que des rafales pouvant atteindre 100 à 120 km/h. De samedi soir à lundi matin, de fortes précipitations sont attendues ainsi qu’un risque de submersion notamment sur les côtes Ouest et Sud de l’île.
Compte tenu de la vulnérabilité du territoire, la préfecture met en garde contre les glissements de terrain. « Il faut se préparer sérieusement à l’éventualité d’un passage du cyclone au plus près et au déclenchement de l’alerte rouge », avertit la préfecture. Il est ainsi demandé à la population de faire des stocks et de sécuriser son habitation en conséquence.
Madi Madi Souf, président de l'Association des Maires de Mayotte -
Alors que la présidente de l’Assemblée nationale a échangé avec les élus locaux ce jeudi au conseil départemental, le président de l’association des maires de Mayotte, Madi Madi Souf, a souhaité réagir à un échange que les édiles jugent décevant.
Madame la Présidente,
Nous avions accueilli l’annonce de l’arrivée à Mayotte du 4ème personnage de l’État avec espoir, en particulier dans le contexte que vous connaissez et qui de l’aveu même du Gouvernement, place le Parlement et donc notamment l’Assemblée Nationale que vous présidez, dans une position déterminante pour enrichir le projet de loi d’urgence pour Mayotte.
Au moment de votre départ, force est finalement pour nous, élus Mahorais, de vous partager le goût amer et la déception que votre visite sur notre territoire dévasté nous laisse.
Nous faisons en particulier référence à la séquence de travail qui a été organisée ce jeudi 9 janvier 2025 à 14h30 à l’hémicycle Bamana et qui avait pour vocation de vous permettre d’échanger avec les élus de Mayotte sur le plan Mayotte Debout et sur le projet de loi d’urgence.
Ce temps d’échange qui aurait dû être fructueux et rassurant, s’est finalement avéré stérile et inquiétant.
En effet, lors de cette rencontre, vous avez souligné que le projet de loi d’urgence était bon pour Mayotte. Devons-nous vous rappeler que ce projet de texte, tout comme le plan, a fait l’objet de nombreuses demandes d’amendements et de compléments de la part des élus de Mayotte, conseillers départementaux, maires et parlementaires, qui n’ont visiblement pas été pris en compte par le gouvernement ?
Ce qui a d’ailleurs conduit le Conseil Départemental réuni en séance plénière le 8 janvier, le jour même de son examen en conseil des ministres, à formuler un avis réservé sur ce projet de loi.
A l’heure où le Gouvernement lui-même reconnait le caractère incomplet de ce texte, nous ne pouvons que dénoncer votre position déconcertante et vous alerter sur les manquements qu’elle traduit, tant en termes de connaissance de la réalité et de l’ampleur des enjeux locaux qu’en termes de mesure du caractère inédit et historique du moment que nous traversons.
Poursuivant sur votre lancée, vous avez déclaré être opposée à la suppression pure et simple du droit du sol à Mayotte convoquant à l’appui de vos propos le sacro-saint principe d’une République « une et indivisible » et indiquant qu’il ne faut pas, selon vous, faire des différences sur les territoires sur des points essentiels tels que la nationalité. Ce serait même selon vous une entaille au contrat républicain et à l’unité de la République.
Madame la Présidente, vos propos auraient peut-être pu faire sens dans l’Hexagone, dans un département à part entier avec une situation socio-économique proche de la nationale. Mais à Mayotte, qui est le département de toutes les différences, ils sont vides de sens et résonnent même comme une offense.
Avez-vous oublié, vous qui êtes pourtant à la tête d’une Assemblée qui vote les lois, le traitement inégalitaire infligé dans de nombreux textes à Mayotte et à sa population ? Est-il nécessaire de vous rappeler les réalités vécues depuis des décennies dans ce 101ème département de France laissé en marge de ce contrat républicain et de cette unité que vous sacralisez aujourd’hui ? Est-il nécessaire, malgré vos visites sur place, de vous faire remarquer qu’avant ou après Chido, Mayotte reste à ce stade « un département entièrement à part » ? La République est-elle véritablement une et indivisible quand elle maintient les familles mahoraises en difficultés à un niveau de prestations et des minimas sociaux moitié inférieur au reste de la France ? La République est-elle véritablement une et indivisible quand elle laisse partir des agents du service public après des décennies de bons et loyaux services avec moins de 300€ de retraite par mois ? Le sportif mahorais est-il véritablement un Français à part entière quand il ne peut même pas chanter la Marseillaise lors des Jeux des îles de l’Océan Indien ?
Nos quartiers populaires classés QPV sont-ils des quartiers comme les autres quand ils ne sont accompagnés qu’à hauteur de 8€/habitant dans le cadre de la politique de la ville, quand ailleurs les QPV bénéficient de 75€/habitant.
Le département de Mayotte fait-il pleinement partie de cette République une et indivisible quand des milliers de titres de séjour y sont délivrés par an et qu’ils ne sont valables que sur le territoire mahorais ?
Vous faites incontestablement fausse route sur l’ensemble de ces questions qu’on pourrait démultiplier davantage si l’heure n’était pas aussi grave plaçant le curseur de l’urgence sur l’action constructive et la réaction salutaire…
Madame la Présidente, il n’est jamais trop tard pour faire mieux, mais il est plus que jamais indispensable de changer de posture.
Nous vous recommandons ni plus ni moins que l’écoute attentive de la voix des élus de Mayotte, porte-voix de la population locale et fins connaisseurs des forces et faiblesses du territoire.
Comme l’a si justement écrit Jacques Salomé : « écouter, c’est accueillir l’autre avec reconnaissance tel qu’il se définit lui-même sans se substituer à lui pour lui dire ce qu’il doit être ».
Qui mieux que nous, qui sommes nés ici, avons grandi ici, et exerçons ici des responsabilités, pour vous dire ce qui est bon pour nous ? Plutôt que vous inscrire à rebours de nos revendications unanimes, accompagnez-nous dans leur concrétisation.
Sur la question de la suppression du droit du sol et de la fin du visa territorialisé, qui étaient des priorités du projet de loi Mayotte enterré après la dissolution de l’Assemblée nationale au mois de juillet dernier : écoutez-nous et accompagnez les initiatives législatives qui permettront de traiter enfin cette problématique d’immigration irrégulière à l’origine de nombreux maux qui frappent notre île depuis trop longtemps.
Il est illusoire de croire que Mayotte peut se relever sans un traitement d’urgence et radical de cette question et c’est la raison pour laquelle les élus du territoire souhaitent le voir figurer en bonne place dans le projet de loi d’urgence Mayotte.
Il en est de même sur les questions sociales : écoutez-nous et prenez appui sur votre attachement à l’unité et l’indivisibilité de la République pour inscrire dans les textes l’alignement des prestations et des minimas sociaux. Et nous n’oublions pas la question de l’alignement des dotations aux collectivités locales, sujet majeur pour la reconstruction de nos villes…
Écoutez-nous et faites résonner la promesse républicaine d’égalité dans chacune de nos communes et dans chacun de nos villages.
Ensemble, cessons de faire la même chose et nous aurons enfin des résultats différents.
Au nom des Maires de Mayotte, Madi Madi Souf, le président de l’Association des Maires de Mayotte.
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est rendue à Acoua ce vendredi, à la rencontre des habitants.
Présente depuis ce jeudi à Mayotte et jusqu’à samedi, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est rendue dans le nord de Grande-Terre, ce vendredi. Confrontée à la détresse des habitants, pour la plupart toujours sans électricité et réseau un mois après le passage du cyclone Chido, elle a cherché à se montrer compréhensive tout en défendant les actions mises en place par les services de l’État.
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est rendue ce vendredi matin dans le nord de Mayotte, à la rencontre des habitants. Elle est d’abord allée à Acoua, où elle a été confrontée à la colère de certains citoyens. “On reçoit de l’eau, mais ça n’a jamais suffi. Les gens pleurent, ils n’ont pas d’eau”, insiste auprès d’elle un habitant de la commune, sur le parvis de la mairie. La municipalité indique alors recevoir trois palettes d’eau par jour, soit soixante packs d’eau ou 360 bouteilles, pour une population de plus de 5.000 habitants. “C’est quoi l’objectif de votre visite à Acoua ?”, l’interpelle une autre habitante. Face à ces observations, la présidente de l’Assemblée nationale oscille entre empathie et défense de l’action de l’État. “C’est important pour moi de venir me rendre compte de la réalité de ce qu’il s’est passé, de constater par moi même l’étendue des dégâts et d’échanger avec vous”, défend-elle.
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Les habitants l’ont interpellée concernant le peu de bouteilles d’eau distribuées et l’objectif de sa présence à Mayotte.
Une dame âgée lui a demandé de l’aide concernant l’occupation illégale de son terrain.
“Le rôle du Parlement est de s’assurer que l’exécutif fait bien son job, de voir si la réponse est juste. Il y a des textes de lois qui arrivent bientôt. Cela permettra de voir si les textes du gouvernement sont adaptés”, ajoute-t-elle pour justifier sa présence. Concernant les moyens mis en place pour répondre à la détresse des habitants qui, dans la commune, manquent encore en grande partie d’électricité et de réseau, elle estime “qu’il y a des choses très bien, d’autres moins bien. Les services de l’État font beaucoup. Mais je comprends que pour vous c’est lent, vous avez raison d’être exaspérés”. Si l’électricité tarde à revenir, elle explique à ceux qui l’interpelle que c’est parce que les câbles sont en train d’être mis sous terre et que cela demande plus de temps.
À la rencontre des habitants
“Nous avons besoin de réponses concrètes !”, lui lance l’habitant qui avait évoqué l’eau, un peu plus tôt. À cela, elle répond que la présence d’eau au robinet ou encore l’hôpital de campagne Escrim (élément de sécurité civile rapide d’intervention médicale) installé à Cavani, dans la commune de Mamoudzou (soit à 34 kilomètres d’Acoua, ou une heure de route), sont des réponses concrètes de la part de l’État. Après ces échanges, Yaël Braun-Pivet est allée à la rencontre d’autres habitants dans le village. Sur son chemin, elle croise une dame âgée lui indiquant que depuis le cyclone et la destruction de sa case en tôle, des personnes sont venues occuper illégalement son terrain. La présidente de l’Assemblée nationale, n’ayant aucun pouvoir décisionnaire concernant l’aide qui peut être apportée à Mayotte, souhaite alors se rendre utile en transmettant les coordonnées de la famille de cette femme spoliée aux gendarmes présents, pour qu’ils puissent intervenir.
La présidente de l’Assemblée nationale s’est ensuite rendue à Bandraboua, où elle a pu échanger avec le maire de la commune.
Elle a ensuite poursuivi sa pérégrination dans le Nord, du côté de Bandraboua, où elle a rencontré le maire, Ahamada Fahardine. Ce dernier lui a alors raconté comment il s’est senti isolé des services de l’État jusqu’au mercredi suivant le passage du cyclone Chido. Le secrétaire général de la préfecture de Mayotte, Daniel Fermon, met en avant la difficulté d’accès à la commune par la route avant cette date. “On pouvait circuler dans ma commune dès le samedi”, rétorque calmement le premier édile. Ce dernier a ensuite fait un exposé des difficultés rencontrées, notamment concernant la nourriture. “Il n’y a plus de fruits à vendre sur les bords de la route”, regrette-t-il. Face à cette détresse, Yaël Braun-Pivet a tenté de se montrer compréhensive, tout en maintenant que les services de l’État faisaient leur maximum.
Le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, a donné les premières consignes au passage de Mayotte en alerte pré-cyclonique, ce vendredi. A sa droite, Ali Omar, vice-président du Département, a assuré la traduction du message en shimaoré.
A peine un mois après le passage du cyclone Chido, le Département de Mayotte se prépare à affronter un autre phénomène climatique avec l’arrivée du système dépressionnaire Dikeledi dans le canal du Mozambique. Selon le scénario privilégié de Météo-France, il pourrait passer à 140 kilomètres au sud du département, ce dimanche 12 janvier. Dès ce vendredi, 9h, la préfecture de Mayotte a fait le choix de passer en pré-alerte cyclonique. Explications.
Sur quoi se base la préfecture de Mayotte pour la pré-alerte cyclonique ?
En mettant le département en pré-alerte cyclonique dès ce vendredi matin, la préfecture de Mayotte veut préparer la population au risque d’un nouvel événement climatique majeur. En effet, le système dépressionnaire Dikeledi est en train de s’approcher des côtes malgaches, qu’il devrait atteindre ce samedi. Selon Météo-France, il “devrait transiter à 140 kilomètres au sud de Mayotte, ce dimanche”. Floriane Ben Hassen, la chef de l’antenne mahoraise, précise que “nous allons subir les impacts périphériques de samedi soir à dimanche dans la nuit”. Il reste encore des interrogations sur l’intensité du phénomène qui va dépendre de son passage au-dessus de Madagascar (contrairement à Chido qui avait contourné la Grande île par le nord) et de sa capacité “à se régénérer” dans le canal du Mozambique. “Même si c’est un système qui n’est pas dans les plus grands qu’on ait connu, il y aura des impacts sur le département. Le scénario où il ne se passe rien est toujours possible, mais, à l’heure actuelle, n’est pas celui qu’on privilégie”, continue la météorologue.
Le système dépressionnaire Dikedeli est annoncé à Mayotte pour la journée de dimanche.
Quels sont les risques ?
Il y en a trois, les rafales de vent, des fortes pluies et des submersions marines en fonction des marées et de la houle. Pour les premières, il est annoncé “des vents qui vont forcir progressivement pour atteindre 50-60 km/h en moyenne et des rafales de 90-100 km/h”. “Les niveaux d’eau devront cumuler 150 millimètres sur douze heures et par conséquent, ce n’est pas un sujet jugé comme “modéré”, mais comme “sérieux””, indique le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, lors de la conférence de presse, à Dzaoudzi, ce vendredi matin.
Quelles sont les consignes ?
“L’idée principale est de dire à nos compatriotes de se mettre à l’abri”, insiste le préfet. “Si vous avez des sorties en mer ou en terre, elles doivent être annulées”, donne-t-il comme première recommandation. Les personnes suivant un traitement doivent anticiper en cas d’isolement de plusieurs jours, celles ayant des problèmes respiratoires ou rénaux doivent “se rapprocher de leur établissement de santé habituel”. Il est surtout demandé aux habitants de préparer des réserves en eau, électricité, de quoi s’éclairer et s’alimenter en denrées non périssables “pour rester autonomes quelques jours”. Il est également préconisé de ranger tout ce qui est susceptible de s’envoler avec le vent.
Quand l’alerte orange pourrait intervenir ? Qu’est-que cela impose ?
Selon François-Xavier Bieuville, “il n’est pas impossible que nous allions vers une alerte orange dès samedi matin et une alerte rouge probable dès dimanche matin”. Le représentant de l’État rappelle qu’au niveau orange, les consignes (voir ci-dessus) qui sont alors des recommandations deviennent “des prescriptions”. Ensuite, en fonction de l’évolution de la situation, les mesures seront plus fermes et peuvent aller jusqu’à l’interdiction de déplacement.
A quoi doivent s’attendre ceux déjà éprouvés par Chido ?
Concernant l’eau et l’électricité, qui peuvent encore manquer dans une partie des foyers, le délégué du gouvernement indique “qu’il n’y a pas de raisons qu’à ce stade, comme nous l’avons connu avec Chido, cet événement puisse affecter les infrastructures. En tout état de cause, si elles sont impactées, nous ferions comme le 14 décembre, soit réfléchir à des interventions rapides”. Il confirme avoir arrêté la livraison des bâches pour couvrir les toitures. “C’est du bon sens. Si vous avez du vent puissant, vous allez avoir une île de Mayotte recouverte de bâches dans son environnement naturel”, explique-t-il, appelant à la solidarité pour ceux qui ont perdu leur toit soient hébergés dans les jours à venir.
“La question des hébergements d’urgence va se poser, [ce vendredi] et [samedi], en fonction de l’évaluation de la situation”, ajoute-il.
Sur insistance du maire de Dzaoudzi-Labattoir, Mikidache Houmadi, les opérations de raccordement au réseau électrique vont se concentrer sur le centre-ville de Labattoir.
La Petite-Terre panse elle aussi ses plaies suite aucyclone Chido, qui a dévasté l’archipel, le 14 décembre. Quatre semaines plus tard, les habitants montrent une certaine exaspération quant à la manière dont les opérations de raccordement sont conduites sur le terrain par Électricité de Mayotte (EDM). Ils réclament un renforcement de cette équipe pour accélérer la cadence des raccordements.
Quatre semaines après le passage du cyclone Chido, la population de Petite-Terre cherche, elle aussi, à effacer les stigmates de cette catastrophe naturelle sans précédent à Mayotte. Plus que l’alimentaire, la chose la plus recherchée est l’énergie électrique et le gaz. Un vent de colère commence à faire surface au sein de la population. A l’instar d’autres localités de Mayotte, la Petite-Terre a payé un lourd tribut au cyclone Chido, le 14 décembre. Des poteaux arrachés par la force des vents, des fils électriques et de téléphones jonchent encore les rues de nombreux quartiers de Labattoirprivant les foyers de la précieuse énergie. Sur place, Électricité de Mayotte (EDM) a déployé sur le terrain huit agents pour raccorder des milliers de maisons au réseau électrique. Ils croulent sous le travail et le lent retour à la normale devaient difficilement compréhensible par les usagers. En effet, cinq jours après la dévastation de « la Pépite de Mayotte » par Chido, les agents d’EDM sont intervenus sur un petit tronçon de la rue du Commerce pour alimenter l’hôtel de ville de Dzaoudzi-Labattoir. Quelques foyers alentours et des lieux de culte ont eu alors le privilège d’en bénéficier. « Nous ne sommes pas ici pour raccorder toutes les maisons, nous avons instructions de prioriser les mairies de Labattoir et Pamandzi ainsi que les locaux de l’Intercommunalité seulement. Nous avons trouvé inhumain de laisser les habitations alentours dans le noir et c’est pour ça que nous avons pris sur nous de les raccorder également », lance à un habitant l’un des agents EDM à la manœuvre.
Les jours d’après ont été plus significatifs quant à l’absence d’un plan pensé pour ramener l’électricité en Petite-Terre. Les mêmes agents pouvaient démarrer une activité sur un tronçon et se retrouver appeler dans un autre quartier sur exigence d’un conseiller municipal influent, provoquant une certaine colère de la population. « Le maire s’en lave les mains et met tout sur le dos du préfet de Mayotte, sauf qu’il est en contact régulier avec ce dernier pour arrêter les priorités quotidiennes afin que nous puissions intervenir », confie un autre agent EDM exaspéré par l’injustice résultant de ce micmac. Et si vous avez la malchance d’avoir un poteau arraché ou cassé en deux, la réponse est immédiate, « vous n’avez aucune chance d’avoir l’électricité pendant un moment, nous attendons un arrivage de poteaux neufs par bateau et des renforts de collègues d’Electricité de France (EDF) qui vont venir nous épauler. Tout ce que nous faisons-là c’est du provisoire, EDM a géolocalisé les poteaux tombés à terre, vous devez attendre ».
« Les jeunes du quartier ont replanté les poteaux »
Pour prendre la mesure du problème, il faut se balader dans les rues de Labattoir pendant la nuit, de zones entières de la ville sont encore plongées dans le noir, et malgré le couvre-feu décrété par la préfecture, des familles ont choisi de vivre dehors, devant leurs habitations pour profiter du clair de lune ou de l’éclairage fourni par quelques lampadaires fonctionnant à l’énergiesolaire, les rares rescapés de la fureur du cyclone Chido. Dans le quartier Racini, aux abords de la mosquée du vendredi, deux femmes bavardent dans une ruelle, leur sujet de conversation n’est autre que le manque d’électricité. « Des agents d’EDM sont passés ici, il y a plusieurs jours, ils nous ont dit qu’ils ne peuvent rien faire tant qu’il y aura des fils électriques et des poteaux en bois par terre. Les jeunes du quartier se sont organisés en fin de semaine, ils ont replanté les poteaux en question, remonter les fils au-dessus des toitures, mais nous sommes toujours dans le noir, parce que les techniciens d’EDM ne sont toujours pas repassés par ici », se plaint l’une d’entre elles. Dans le quartier voisin de Bambao, le constat est le même, les familles essaient de reprendre un semblant de vie en s’attroupant devant les lampadaires solaires ou en restant dehors assises à même le sol devant leurs habitations. Certaines d’entre elles pestent en regardant les maisons éclairées des hauteurs de Four-à-chaux, de l’autre côté de la rue principale divisant la ville en deux.
Un mouvement à la centrale
Le maire de la commune, Mikidache Houmadi, croule sous les sollicitations de ses administrés qui ne comprennent pas le retard pris dans les opérations d’EDM. « Je comprends la réaction de ma population, d’autant plus qu’il m’a été demandé de faire nettoyer les grands axes routiers de la ville condition sine qua none pour une intervention des agents EDM, SMAE et Orange. Cela a été fait grâce une mobilisation de tous nos moyens techniques et humains », explique-t-il. Lundi soir, par exemple, il a reçu de nombreux appels émanent de résidants des quartiers Mbouyoujou, Bambao, Mouzdalifa et Mangamagari, l’informant de leur intention d’aller fermer la centrale électrique des Badamiers pour signifier leur mécontentement. Ils demandaient au maire d’aller soutenir leur mouvement (ce qu’il a fait) et faciliter d’éventuelles négociations avec les autorités. « J’ai appelé le préfet pour le tenir au courant, il m’a répondu qu’il allait dépêcher la sous-préfète Nathalie Gimonet (N.D.L.R. l’ancienne chargée de la lutte contre l’immigration clandestine coordonne le rétablissement du réseau électrique) pour voir comment résoudre ce problème. »
Sur place, le maire a contacté par téléphone la direction du fournisseur d’énergie pour l’inviter à participer à une réunion de travail en mairie, à 11 heures, avec des représentants de la population, des acteurs économiques locaux et la sous-préfète. Après le cyclone, les urgences étaient fixées par le préfet en association avec les maires de Mayotte. La situation étant depuis changée, le premier magistrat de Dzaoudzi-Labattoir s’attendait à ce que les agents d’EDM s’investissent dans le raccordement des tous les foyers au réseau, en particulier dans le centre-ville. « Il n’en est rien ! La société annonce des chiffres erronés sur le taux de raccordement supérieur à 50 %, alors qu’à ce jour,seuls 20 % des foyers ont retrouvé l’électricité » tient-il à préciser, dénonçant au passage des dysfonctionnements consécutifs aux initiatives propres des agents d’EDM, sources de polémiques au sein de la population. « Au lieu de procéder au rétablissement du courant quartier après quartier, certains d’entre eux, préfèrent aller rétablir l’électricité dans leurs propres habitations et celles de leurs proches. Ensuite, ils font croire aux usagers que c’est le maire qui arrête les priorités dans leurs interventions » s’offusque-t-il. A l’issue de la réunion, le premier élu a obtenu de la sous-préfète que lui soit désigné un référent EDM qui le tiendra informé des objectifs journaliers de raccordement au réseau afin qu’à son tour il puisse disposer d’informations suffisantes à destination de la population. Il a également souhaité une priorisation en faveur des personnes malades ou souffrant d’handicaps suivies par les services du centre communal d’action social (CCAS) et de l’Agence régionale de santé. A défaut, qu’une solution intermédiaire puisse être trouvée au moyen de groupes électrogènes.
La rencontre s’est avérée payante car dès mercredi, l’électricité est revenue dans une partie des quartiers Mbouyoujou et Bambao et se poursuit dans d’autres endroits de la ville. Le maire insiste sur un retour prioritaire du courant dans le centre-ville où se concentre l’activité économique.
Manuel Valls, ministre de l’Outremer, a présenté la loi d’urgence, ce mercredi.
Suite au conseil des ministres de ce mercredi 8 janvier, c’est Manuel Valls, le ministre d’État chargé de l’Outremer, qui a été chargé de faire le point sur la situation à Mayotte. Il est revenu ainsi sur la loi d’urgence qui est consacrée en majorité à la reconstruction des bâtiments, après le passage du cyclone Chido, le samedi 14 décembre.
Établissement public
“Un opérateur puissant dédié à la reconstruction de Mayotte”, c’est comme ça que Manuel Valls décrit le nouvel établissement public dédié à la reconstruction de Mayotte, après le passage du cyclone Chido, le samedi 14 décembre. Par ordonnance, celui-ci s’est vu confier mission de“coordonner les travaux”, précise le ministre de l’Outremer, ce mercredi, après le conseil des ministres. Comme prévu, la nouvelle structure va absorber l’Epfam (Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte). Suivant le modèle pour la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris, elle sera pilotée aussi par un général de corps d’armée en la personne du général Pascal Facon. L’homme a été gouverneur militaire de Marseille et a notamment dirigé l’opération Barkhane au Sahel en 2019 et 2020.
Urbanisme
Au cours des émeutes de juin 2023 suite à la mort de Nahel à Nanterre, nombre de bâtiments publics avaient été saccagés. Pour accélérer leur reconstruction, plusieurs mesures avaient été prises en matière d’urbanisme. Sur le même modèle, elles vont être réutilisées à Mayotte. Pour des délais de demandes d’autorisation d’urbanisme vont être “divisés par deux ou trois”, donne comme exemple le ministre. Concernant les logements eux-mêmes, en répondant à une question d’un journaliste, le ministre indique que les lois d’urgence et programme “visera aussi à imaginer des formes de logement qui doivent adapter au climat, aux normes sismiques et anticycloniques”, sans aller plus loin dans le détail.
Expropriation
C’est un terme qui fait évidemment peur à Mayotte à beaucoup de propriétaires (et à ceux qui tentent de le devenir via la régularisation foncière). L’article autorise, en effet, le gouvernement à légiférer par ordonnance et procéder si besoin à des expropriations “pour cause d’utilité publique”.“Il s’agit là de s’ajuster à la situation de Mayotte où il est souvent difficile d’identifier formellement les propriétaires de terrains. L’objectif est de faciliter des opérations de constructions et de relogement. Notre priorité est que les Mahorais aient le plus vite possible un toit”, explique l’ex-Premier ministre.
Dons
Afin d’encourager les dons, de nouvelles règles vont être appliquées, dont un taux de réduction d’impôts porté à 75% pour les dons “à des associations et fondations fournissant des repas ou des soins, ou favorisant le relogement de personnes en difficultés”.
Social
Outre le prolongement des droits pour les personnes au chômage ou la mise en place de l’activité partielle dans les entreprises en difficulté, le gouvernement planche sur “un fonds de secours et d’extrême urgence” et le “fonds de secours pour l’outremer”. Un décret est aussi annoncé pour aider les entreprises mahoraises. Le ministre propose aussi un blocage des loyers pour empêcher que la rareté des logements n’entraîne “des profiteurs”.
Habitat illégal
C’est pour l’instant exclut du texte initial, mais lors du point-presse de ce mercredi, Manuel Valls a laissé entendre que des amendements à cette loi d’urgence pourraient concerner l’habitat illégal. “C’est un sujet prioritaire pour le gouvernement”, rappelle celui qui a passé trois jours sur le territoire, la semaine précédente. “Nous ne laisserons pas Mayotte redevenir une île-bidonville.” Il propose comme idée d’étendre le nombre d’agents capables de constater la construction de cases en tôles ou d’envoyer des forces de l’ordre “pour contrôler des activités professionnelles illégales” dans les bidonvilles.
“77%” des établissements scolaires seront disponibles
La rentrée scolaire et la gestion des déchets sont les deux défis auxquels sont confrontés les services de l’État, a indiqué en préambule Manuel Valls, le ministre de l’Outremer. La première a été confirmée au lundi 13 janvier pour le personnel de l’Éducation nationale, au 20 janvier pour les 117.000 élèves que compte le territoire. “77% des classes des premier et second degrés devraient être disponibles pour la rentrée. Ce ne sera pas une rentrée comme celles qui ont déjà eu lieu”, a rappelé le ministre de l’Outremer, Manuel Valls, ce mercredi 8 janvier. Quant à la gestion des déchets, “un véritable défi pour éviter tout risque sanitaire”, un calendrier a été fixé pour “la mi-janvier”.
En ce qui concerne la santé, L’État se repose sur l’activité de l’hôpital de campagne de Cavani pour suppléer le centre hospitalier de Mayotte (CHM) qui a connu d’importants dégâts. Ainsi, “3.000” personnes ont été prises en charge par l’Escrim (élément de sécurité civile rapide d’intervention médicale) depuis la fin décembre. “Il restera encore ouvert quelques semaines”, annonce le ministre, qui veut éviter le retour de choléra (absent du territoire depuis juillet 2024).
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, est à Mayotte jusqu’à ce samedi midi.
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet,est arrivée à Mayotte, ce jeudi, pour deux jours et demi dans le but d’évaluer la réponse de l’Etat après le passage du cyclone Chido. Dans la matinée, elle a rencontré des acteurs mobilisés à Petite-Terre. Reportage.
A la sortie de l’avion, elle a rencontré les forces engagées sur le pont aérien.
Yaël Braun-Pivet s’est rendue au centre opérationnel départemental de gestion de crise (COD) pour connaître l’étendue de la tâche à accomplir pour revenir à une situation normale.
« Une fois qu’une palette est arrivée, combien de temps faut-il pour acheminer les vivres? », questionne Yaël Braun-Pivet, ce jeudi 9 janvier, aux sapeurs-pompiers. A peine descendue de l’avion, la présidente de l’Assemblée nationale s’est rendue aux côtés des forces engagées sur le pont aérien pour livrer entre autres de l’eau et de la nourriture à la population. Arrivée à Mayotte pour deux jours et demi, alors que le projet de loi d’urgence pour Mayotte est prévu lundi prochain à l’Assemblée nationale, la parlementaire voit à travers cette visite une façon de « contrôler et d’évaluer l’action de l’Etat ». Ce voyage est aussi une façon selon elle de « montrer que Mayotte compte pour la nation française ».
La présidente de l’Assemblée s’est rendue au centre opérationnel départemental de gestion de crise (COD) située à la préfecture de Mayotte, sur la case Rocher à Petite-Terre, une sorte de conseil de guerre. Tous les services de l’État y sont représentés ainsi qu’Électricité de Mayotte (EDM) et la Société mahoraise des eaux (SMAE). « Ce lieu est tenu 24h sur 24, 7 jours sur 7, nous faisons deux réunions par jour, une à 7h30 et une deuxième à 17h », présente le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville. Dans différents domaines, les interlocuteurs ont expliqué les difficultés qu’ils rencontrent et le travail mené pour revenir à une situation normale. « Aujourd’hui, 75 % de l’électricité est rétablie mais encore beaucoup de zones en sont privées, notamment dans le Nord. Là-bas, le réseau aérien a été fortement touché, une même ligne desservait une grande partie du Nord. Pour rétablir l’électricité, nous avons décidé d’enterrer la ligne, les travaux se sont terminés [lundi] », ajoute le délégué du gouvernement.
La représentante des parlementaires s’est également intéressée à la question de la rentrée scolaire. A partir du 20 janvier, « la rentrée sera progressive pour les élèves par niveau, accueillir 100 % des élèves comme d’habitude me semble difficile», a admis le recteur Jacques Mikulovic. 35 écoles élémentaires ne devraient pas rouvrir, tandis que cinq établissements du secondaire sont très significativement dégradés, « ils pourront accueillir mais avec des jauges de 30 % ». Le recteur a aussi détaillé la problématique concernant le transport scolaire, 60 % sont en bon état, mais les disparités sont fortes, dans le Nord,c’est le cas de seulement 30 % des bus contre 70 % dans le sud de Grande-Terre.
« Nous avons dû diminuer les médicaments »
Plus tôt dans la matinée, celle qui a été brièvement ministre des Outremer en 2022 (un mois) s’est rendue à l’hôpital sur le site Martial-Henry, à Pamandzi, à la rencontre des soignants. Ces derniers n’ont pas hésité à faire part de leurs difficultés en particulier au sein du service de soins de suite et de réadaptation (SSR) destiné notamment aux patients en post-accident vasculaire cérébral ou paraplégiques afin de leur permettre de regagner en autonomie. « Aujourd’hui, nous ne pouvons plus les faire sortir, nous avons du mal à trouver des solutions », déplore un médecin. Le stock de médicaments est également un problème dans l’hôpital, «nous avons dû les diminuer et les rationner, mais la conséquence de cela c’est qu’ils restent plus longtemps et que nous ne pouvons pas en accueillir de nouveaux ».
Cette visite sur l’archipel est la troisième pour Yaël Braun-Pivet, à l’issue de cette matinée de rencontres, elle a déclaré : « on le sait tous, la République a failli sur Mayotte en mettant moins de moyens que dans d’autres territoires d’outre-mer, je vois le sous-investissement ». Elle a mis en avant les problématiques structurelles de Mayotte « sans commune mesure avec celles que vivent d’autres territoires ultramarins. Alors quand un événement climatique arrive de la sorte, tout cela se percute », a-t-elle affirmé.
La présidente du palais Bourbon poursuit sa visite à Mayotte jusqu’à samedi matin, elle compte « échanger avec des élus et des citoyens » pour connaître ce qu’ils vivent. Ce jeudi après-midi, une rencontre était prévue avec la population à M’gombanià Mamoudzou. Vendredi, plusieurs déplacements sur le terrain sont prévus à l’école de Passamaïnty, dans les communes d’Acoua, Bandraboua et à la ZAC d’Ironi Bé. Un tour de table avec les acteurs économiques, samedi matin, clôturera son déplacement.
La préfecture de Mayotte déclenche l’alerte pré-cyclonique ce vendredi à 9h en raison du système dépressionnaire Dikeledi qui va traverser Madagascar ce samedi en fin de journée puis qui devrait transiter à 140 km au sud de Mayotte dans la journée de dimanche, selon Météo France Océan Indien. Cette tempête pourrait se traduire par de fortes précipitations de samedi soir à la nuit du dimanche à lundi, cumulant 150 mm sur 12 heures. Les vents pourraient atteindre 50 à 60 km/h avec des rafales de 90 à 100 km/h. Il y a également un risque de submersion.
Il est recommandé d’annuler ses sorties extérieurs ce week-end, de préparer ses traitements pour les personnes qui en ont besoin, de préparer des réserves d’eau, de nourriture non périssable et d’éclairage, ainsi qu’un kit de secours. Il faut ranger les objets extérieurs qui pourraient devenir des projectiles.
L’opérateur téléphonique annonce, dans un communiqué, qu’il “intensifie sa mobilisation à Mayotte par la mise en place de moyens logistiques pour notamment, accueillir de nouveaux renforts”. Ces moyens, sous la forme de camps de vie, sont opérationnels depuis ce dimanche. Ils permettent aux équipes de rétablir un réseau fortement endommagé par le cyclone Chido. Elles comprennent une force d’intervention composée d’une quarantaine de professionnels expérimentés en situation d’urgence venue de La Réunion ou de l’Hexagone. “André Martin, directeur général d’Orange Réunion et Mayotte, est présent dans l’archipel pour consolider l’état des lieux des besoins précis et soutenir les équipes fortement mobilisées dès le lendemain du passage du cyclone”, poursuit le communiqué, qui informe que “douze nouveaux experts techniques s’envoleront, ce jeudi matin, de La Réunion pour renforcer les effectifs mahorais et ceux déjà présents à Mayotte”.
“Grâce à des efforts soutenus, 90% de la population a désormais accès au réseau mobile, avec un rétablissement progressif de l’infrastructure lourdement endommagée après le passage du cyclone Chido”, indique l’opérateur, ce mercredi. En parallèle, des bulles Wifi sont déployées dans des sites prioritaires grâce à dix dispositifs appelés “SafetyCases”.
Jacques Mikulovic, le recteur de Mayotte, François-Xavier Bieuville, préfet de Mayotte, ont fait le point sur la rentrée pour les enseignants et le personnel administratif prévue au lundi 13 janvier. A la gauche du préfet, Madi Madi Souf, président de l’association des maires de Mayotte et maire de Pamandzi.
Dans une douzaine de jours, le rectorat de Mayotte va connaître une rentrée décalée et forcément particulière après le passage du cyclone Chido, le 14 décembre, qui a dévasté une partie des écoles. Un point-presse était organisé, ce mercredi, pour expliquer les nouvelles modalités. Le résumé en cinq points.
Établissements
“Nous nous sommes organisés pour permettre le retour des ressources essentielles, l’eau et l’électricité, dans nos établissements scolaires pour pouvoir envisager la rentrée administrative de nos équipes pédagogiques et administratives à la date convenue du 13 janvier”, déclare d’entrée le recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic, ce mercredi après-midi, lors d’un point-presse au rectorat à Mamoudzou. A partir de cette date, l’enjeu sera de mettre tout en place pour accueillir les 117.000 élèves dès la semaine d’après, le 20 janvier. Et si pour certains, un simple nettoyage suffira, pour d’autres, ce sera forcément plus compliqué. “L’accueil sera disparate d’une circonscription à l’autre. Sur certaines, il n’y aura aucune modification du fonctionnement. Alors que pour d’autres, on accueillera tous les élèves, mais avec des formats différents”, ajoute-il. “On s’est très bien qu’il y a des écoles qui ne pourront pas rouvrir car elles ont été dévastées. A l’heure actuelle, on est à peu près à 71% des établissements disponibles, soit 1.123 classes capables d’accueillir des élèves. Il y a448 classes où on a des difficultés, dont 178 pourront être nettoyées cette semaine”, précise Yannick Tenne, inspecteur général de l’Éducation nationale.
Des communes passeront donc en rotation (c’est déjà le cas pour la majorité des communes mahoraises), tandis qu’un allongement de la semaine interviendra pour d’autres en fonction de ce que décide chaque mairie. Des dispositifs alternatifs seront en place dans le secondaire avec cinq établissements en “très grandes difficulté” (lycée Younoussa-Bamana à Mamoudzou, la cité du nord à M’tsangadoua, les collèges de Labattoir, Chiconi et K1 à Kawéni). L’idée d’un recours aux tentes-écoles (deux communes y sont favorables) est toujours sur la table, même si ce type d’équipement n’est pas encore disponible à Mayotte.
Continuité pédagogique
Pour assurer la continuité pédagogique, il est prévu “un accompagnement par le Cned (N.D.L.R. centre national d’enseignement à distance), Canopée (N.D.L.R. un réseau de soutien à destination des enseignants), mais aussi des formats différents”. Un partenariat avec FranceTélévions et Mayotte La 1ère va permettre également la diffusion de programmes éducatifs.
Côté Parcoursup, “un accompagnement spécifique” sera ouvert aux élèves du second degré, tandis que les espaces numériques créés, ces dernières années, par les collectivités locales seront d’ailleurs réouverts et permettront aux terminales de suivre leurs vœux.
Personnel
Qui mettre devant les élèves ? Le rectorat ne s’alarme pas de nombreuses absences à la rentrée. “On mise sur un retour massif de nos enseignants”, espère le recteur, qui admet qu’une partie, notamment des familles, a déjà fait le choix du départ. 76 enfants de professeurs ou du personnel administratif ont ainsi changé d’académie à la rentrée. Le chef de l’Éducation nationale à Mayotte concède que la préoccupation des professeurs sera d’avoir un logement fonctionnel pour cette rentrée particulière. “Des dispositifs sont mis en place justement pour les propriétaires privés puissent rapidement bénéficier de bâches pour couvrir leur toit. On sait que les freins à l’arrivée des enseignants pourraient être cet élément-là.”
Le recours annoncé aux professeurs volontaires ne semble pas une priorité. “Notre plafond d’emploi est couvert, on inscrira les volontaires sur la liste des potentiels recrutables. On va d’abord utiliser nos brigades de remplacement et utiliser le Cned qui permet des enseignements à distance pour des disciplines spécifiques. On verra bien à la rentrée.” En cas d’arrêt-maladie, le rectorat ne peut pas recruter s’il ne dépasse pas les quinze jours. Des demandes de personnel de direction ont été, en revanche, remonté pour soulager ceux qui ont dû gérer le fonctionnement de leur établissement transformé en centre d’hébergement d’urgence.
Sécurisation
Deux conditions vont être à remplir à la rentrée, la sécurité des enceintes via la remise en place des clôtures pour éviter les intrusions et si les conditions de sécurité des bâtiments sont bien respectées. “On ne souhaite pas que nos locaux, même s’ils ne seront pas comme avant le cyclone, ne respectent pas les conditions de sécurité permettant l’accueil du public”,maintient Jacques Mikulovic. Des vérifications vont être faites avec le service départemental d’incendie et de secours (Sdis).
Sur ce volet de la sécurité, le Premier ministre, François Bayrou, avait annoncé un plan de sécurisation avec les forces de l’ordre et l’armée. A écouter le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, le dispositif sera sensiblement le même que d’habitude. Les forces de l’ordre seront ainsi appelées si besoin par les chefs d’établissement.
Sinistrés
Autre point important, si les centres d’hébergement d’urgenceont été progressivement libérés par des personnes hébergées suite ou en prévision du cyclone, il en reste quelques centaines, aujourd’hui. C’est le cas à Mamoudzou, par exemple, au collège de Kwalé et au lycée Bamana. “Il va être mis en place un dispositif qui va débuter dans les prochains jours pour faire en sorte que les personnes soient invitées à quitter les établissements”, annonce le préfet de Mayotte, évoquant à la fois “un peu d’humanité” et “un peu de fermeté pour leur faire comprendre qu’on a un autre lieu pour les accueillir”. Sans dévoiler l’endroit, il ajoute qu’il comportera “dessanitaires et de quoi dormir”.
François-Xavier Bieuville, préfet de Mayotte, et Madi Madi Souf, président de l’association des maires de Mayotte et maire de Pamandzi, au rectorat de Mayotte, ce mercredi après-midi.
C’est toujours l’inconnu. Le sénateur mahorais, Saïd Omar Oili, a d’ailleurs écrit au ministère de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pour lui demander davantage de chiffres sur le bilan humain du passage du cyclone Chido. Ce mercredi, le nombre de décès est officiellement de 40 décès, confirme le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, qui comptabilise 514 opérations d’aller vers réalisées par les pompiers, les forces de l’ordre ou la Croix Rouge pour prendre en charge les blessés dans les quartiers depuis le 14 décembre. “Je démens de façon formelle que nous ayons 60.000 disparus. En revanche, je peux dire ici que nous avons officiellement quarante personnes décédées des suites de Chido et qui sont comptabilisées par l’hôpital”, indique le représentant de l’État, qui reconnaît qu’il y a des disparus, mais qu’il est compliqué de différencier ceux qui sont victimes de Chido ou “d’autres causalités”. Ces disparus seraient au nombre d’une quarantaine. “On doit avoir à peu près 80 personnes décédées ou disparues dont la causalité est plus ou moins certaine avec Chido. Pour l’instant, on ne peut pas aller beaucoup plus loin dans l’affirmation de ces chiffres”, estime-t-il.
Pour la reconstruction de Mayotte, le gouvernement a son propre calendrier avec une proposition de loi au conseil des ministres, ce mercredi.
Pour la loi d’urgence proposée en conseil des ministres ce mercredi, ainsi que pour le plan “Mayotte Debout”, les élus mahorais font part de leurs réserves quant aux dispositions censées répondre aux besoins du département touché par le passage du cyclone Chido, le 14 décembre. Toutefois, il y a peu de chances qu’ils soient écoutés, le gouvernement n’ayant pas demandé leur avis.
Que contient le texte ?
La loi d’urgence comporte 22 articles répartis dans sept chapitres. Les quatorze premiers (soit cinq chapitres) sont dédiés uniquement à la construction. Comme annoncé par François Bayrou, le Premier ministre, lundi 30 décembre, dans l’enceinte même du conseil départemental de Mayotte, les mesures visent à simplifier et accélérer les procédures pour reconstruire plus vite. Cela comprend la création d’un établissement public, le financement des travaux des écoles par l’État, des dérogations aux règles d’urbanisme, de maîtrise du foncier et des allégements en termes de marchés publics.
Le reste porte sur la facilitation des dons à destination de Mayotte ou des mesures économiques (activité partielle, suspension des cotisations sociales, prolongation des droits au chômage).
Qu’est-ce qui déplaît aux élus ?
Plusieurs choses, mais c’est le futur établissement public dédié à la refondation de Mayotte (sur le modèle de celui créé pour Notre-Dame-de-Paris) qui inquiète davantage le conseil départemental de Mayotte (les maires et les parlementaires ont participé aussi à la rédaction d’amendements). Le gouvernement a, en effet, l’objectif de « confier à l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte la mission de coordonner les travaux de reconstruction de Mayotte, en lien avec les ministères et leurs opérateurs et de veiller à la livraison de l’ensemble des ouvrages et à la réalisation de l’ensemble des opérations d’aménagement conduites par des acteurs publics et privés nécessaires à la reconstruction ». L’idée n’est pas nouvelle, elle apparaissait dans une version antérieure de la loi Mayotte (rejetée par le Département en janvier 2022). Cependant, elle n’a toujours pas le succès escompté, trois ans après. « Il est indispensable dans l’esprit de la reconstruction de Mayotte que le président soit un président exécutif issu des collectivités locales, président du conseil départemental ou maire, de façon à mettre en avant les élus du département et favoriser ainsi la réussite des opérations tout en limitant autant que faire se peut l’exposition à la critique», défend le CD dans sa contribution, alors qu’un avis réservé a été voté à l’unanimitéau sujet de cette loi d’urgence. « On nous ressert une structure dans laquelle les élus locaux n’ont pas pied », déplore Soula Saïd Souffou. Le conseiller départemental du canton de Sada-Chirongui pointe aussi une démarche qui “n’est pas conforme” aux promesses d’associer les Mahorais puisque le Département a dû s’autosaisir pour émettre un avis.
Sur les expropriations aussi, autorisées par l’article 10, les élus mahorais se veulent vigilants. “Les élus tiennent à affirmer leur attachement au droit de la propriété. En cas d’expropriation, ils demandent à l’État de veiller à une juste indemnisation du propriétaire tenant compte de lavaleur réelle du bien exproprié ou à défaut de procéder à un échange par un bien équivalent”, défendent-ils.
Qu’ont-ils proposé ?
Sur les hébergements d’urgence, le conseil départemental de Mayotte demande à ce qu’ils soient en dur et aux normes sismiques et cycloniques. “La vraie question est celle de la reconstruction des habitats illégaux (bangas). Le projet de texte n’est pas explicite sur cette question qui est essentielle aux yeux des mahorais et de leurs élus. Politiquement et juridiquement, il paraît indispensable de prévoir un durcissement des mesures visant à empêcher la construction ou la reconstruction de ces habitats par-delà les dispositifs dérogatoires existants”, rappellent les élus locaux. Dans les autres propositions du territoire, sur la reconstruction, il est proposé que “les constructions doivent être nouvelles et non à l’identiques afin d’éviter que les mêmes causes produisent les mêmes effets en cas de nouveau cyclone” ou encore sur la commande publique, les élus estiment que “l’éviction de la publicité paraît bien dangereuse et susceptible de favoriser toutes les fraudes” et disent préférer “une diminution de la durée de publication pour tenir compte de l’urgence”.
C’est quoi la suite ?
Sans grande surprise, la loi d’urgence dont tous les ministres ont eu connaissance, ce mercredi, sera peu ou prou la même que celle qui a été envoyée aux élus mahorais au cours du dernier week-end, avant son arrivée au Parlement, le lundi 13 janvier. La concertation au niveau local, en tout cas celle défendue par Manuel Valls, ministre de l’Outremer, pendant les quelques jours pendant lesquels il était à Mayotte,concernera davantage la loi programme prévue “dans les trois mois”.
Un plan “Mayotte Debout” pas satisfaisant non plus
Dévoilé dans l’enceinte même du conseil départemental de Mayotte, le 30 décembre,le plan “Mayotte Debout” (qui comprend la loi d’urgence de ce mercredi) a subi le même sort que la loi présentée en conseil des ministres. Les élus ont estimé qu’il pouvait aussi être amélioré et ont, là aussi, émis un avis réservé à l’unanimité. Dans leurs remarques, ils demandent par exemple l’enfouissement total du réseau électrique, pas de factures d’électricité pour les six prochains mois, pareil pour les factures d’eau, le plafonnement du prix des bouteilles d’eau, un fond d’urgence catastrophe naturelle pour la reconstruction, notamment ceux qui ne sont pas assurés, la suspension de l’inscription de nouveaux élèves ayant des parents en situation irrégulière pour les cinq prochaines années, la reconstruction du CHM ou encore le plafonnement du prix des billets d’avion vers Paris (800 euros l’aller-retour) et La Réunion (300 euros l’aller-retour).
La convention avec la Croix Rouge adoptée
Comme lundi, le débat sur la signature de la convention avec la Croix Rouge est revenu sur le tapis. Le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, avait reconnu qu’en absence de ladite convention (octroyant vingt millions d’euros à la Croix Rouge), le report était de circonstance. Sauf que ce mercredi, le document n’était toujours pas présenté lors de cette assemblée plénière extraordinaire. En conséquence, et parce qu’ils considéraient n’avoir pas assez d’informations, trois élus de l’opposition n’ont pas souhaité valider ce rapport. Elyassir Manroufou (Mamoudzou 2) et Soula Saïd Soufou ont voté contre, Hélène Pollozec (Mamoudzou 3) a préféré s’abstenir.
Il ne reste que cinq dalles éparpillées dans l’eau au port de plaisance de Mamoudzou.
La houle et le vent ont gravement endommagé les ports de plaisance de Mayotte, le 14 décembre. Médéric Thiout, directeur des ports de plaisance à la chambre de commerce et de l’industrie de Mayotte (CCIM), alerte sur l’urgence de reconstruire ces infrastructures pour éviter l’isolement de l’île.
Lors du passage du cyclone Chido, la majorité des bateaux à quai ont été projetés par la houle et le vent au fond du port de Mamoudzou.
En Petite-Terre, le quai a aussi été dévasté par le cyclone, le matin du samedi 14 décembre.
« C’était là », explique un passant en scooter, en pointant du doigt les cinq dalles qui restent encore du port de plaisance. Mercredi 8 janvier, les dommages du cyclone Chidosont encore visibles sur le chef-lieu de Mayotte. Environ 150 bateaux ont coulé durant le passage du cyclone. La houle (même à marée basse) et le vent ont concassé le ponton flottant utilisé d’habitude pour des sorties en bateau par des prestataires ou des privés.
Du côté de Dzaoudzi, les dégâts sont également considérables. Le parking situé sur le quai Issoufali, qui faisait déjà l’objet d’un arrêté de la préfecture en raison de la non-conformité de cet aménagement, a cédé.
Un cruel besoin
Les équipements de la chambre de commerce et de l’industrie de Mayotte (CCIM) engloutis, c’est tout un écosystème qui doit se réadapter, en particulier les secours qui y avaient leur habitude. « On est orphelins de nos pontons », résume le sergent Abdallah Bamana, responsable de la brigade de sauvetage en mer du Sdis 976. Le même constat est fait du côté de la gendarmerie maritime : « c’est comme si vous étiez photographe et que vous n’aviez pas d’appareil photo», explique un gendarme sous le couvert du droit de réserve. Le sergent Abdallah précise qu’ils doivent désormais se rabattre sur le ponton de la direction des transports maritimes(DTM).
Médéric Thiout, le directeur des ports de plaisance de Mayotte, rappelle le caractère urgent de leur reconstruction : « une île sans port, c’est plus qu’un caillou », alerte-t-il. « Il va falloir qu’on construise des ports tout neufs. »Pour lui, la reconstruction devra passer par plusieurs étapes. D’abord, identifier toutes les épaves au fond de l’eau et les objets non identifiés. Ce n’est qu’ensuite, que l’enrochement des quais pourra débuter. Bien avant le cyclone, des appels d’offres sont à présent en cours.
Le directeur estime à plus de six mois la remise à niveau des ponts de plaisance.
Flash Infos : Quel dispositif avez-vous mis en place après le cyclone Chido ?
Master M’ze Mogné : Avant et après le cyclone, nous avons envoyé des messages texte à nos clients pour les informer et leur expliquer comment déclarer leur sinistre directement depuis leur téléphone. Cependant, nous savons qu’il y a eu des problèmes de réseau pendant quelques jours, ce qui a compliqué l’accès à ces services pour certains.
F. I. : Est-ce que certains des sinistres liés au cyclone seront pris en charge ?
M. M. M. : Tout d’abord, un état de catastrophe naturelle a été déclaré. Pour que l’assurance prenne en charge un sinistre, il faut que le client ait une garantie adéquate. Par exemple, pour les voitures, cela pourrait être une garantie pour le bris de glace, le vol, l’incendie ou une couverture tous risques. Si le client est uniquement assuré pour la responsabilité civile, il ne pourra pas être indemnisé pour les dommages causés par la catastrophe naturelle. Pour les habitations, presque toutes les compagnies d’assurance proposent cette garantie. Cependant, certains n’étaient pas assurés et ont malheureusement réalisé trop tard l’importance de cette couverture.
F. I. :À Mayotte, on estime que seulement 8 à 10 % des biens sont assurés. Qu’en pensez-vous ?
M. M. M. : Oui, c’est un fait. En plus, il y a des zones où certains biens ne peuvent pas être assurés, soit à cause de la manière dont les maisons sont construites, soit à cause de réglementations qui rendent l’assurance impossible. Cela complique encore les choses.
F. I. : Combien de temps faudra-t-il pour que les premières indemnisations arrivent ?
M. M. M. : C’est très simple, légalement, après l’état de catastrophe naturelle, nous avons deux mois pour effectuer une première proposition. Elle n’est pas définitive. C’est une avance par rapport à la situation. Elle peut être faite au cas par cas. Par exemple, pour quelques vêtements, il y a quelques assureurs qui avancent des frais en fonction du montant. Par contre, c’est vrai que si l’on a perdu un toit, l’avance de frais est différente. Toutes les assurances, à ma connaissance, ont joué le jeu, au vu de la situation exceptionnelle.
F. I. : Est-ce que cela va prendre beaucoup de temps pour les indemnités ?
M. M. M. : Malheureusement, vu l’étendue des dégâts, cela prendra un peu plus de temps pour certains, mais pas nécessairement à cause de l’indemnisation. Le vrai délai vient du processus de gestion des sinistres : l’évaluation des dégâts, la prise en charge par les experts, etc. Cela prend du temps. Mais une fois le dossier réglé, on passe à autre chose. C’est dans l’intérêt de tout le monde, y compris celui des experts, car eux non plus ne sont pas payés tant qu’ils n’ont pas finalisé leurs rapports.