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Une solidarité mahoraise sans faille avec les blocages en Hexagone

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Dans les rangs des agriculteurs mahorais, on affiche une solidarité sans faille à l’égard de ses collègues de métropole, qui enchainent les manifestations et les blocages des axes depuis dix jours. Tous syndicats confondus, les exploitants de l’île confirment la crise qui frappe leur profession. Ils n’arrivent pas à vivre de leur activité, malgré les différences énormes qui existent entre l’Hexagone et Mayotte.

À l’inverse de ce que l’on pourrait croire, le monde agricole mahorais suit de très près le mouvement social qui secoue la métropole depuis plusieurs jours, et les barrages des agriculteurs qui cherchent à se faire entendre du gouvernement de Gabriel Attal. Tous les syndicats agricoles locaux se disent solidaires de leurs collègues de l’Hexagone et partagent les mêmes préoccupations. Et cela, quand bien même la différence des objectifs visés par les uns et les autres en fonction des besoins prioritaires de chaque territoire. Ici, deux syndicats dominent le monde agricole mahorais, le Modev et la Coordination Rurale. La FNSEA, qui a jadis connu son connu ses heures de gloire dans le département, est le troisième. Réservés aux derniers arrivés dans la profession, le syndicat des Jeunes Agriculteurs a toujours su se distinguer des autres.

Une solidarité mahoraise sans faille avec les blocages en Hexagone
Tous autant qu’ils sont, ils partagent une revendication commune à leur secteur d’activité, « l’agriculteur français n’arrive plus à vivre de son activité professionnelle, que ce soit dans l’Hexagone ou dans les Outre-mer ». Selon Ishak Ibrahim, président du syndicat Coordination Rurale, ce premier point est le seul partagé entre les deux communautés d’agriculteurs français. « En dehors de ce problème de revenus, à Mayotte, les choses diffèrent en pouvant également être liées. Très peu d’agriculteurs ici arrivent à tirer un revenu de leurs activités. Un nombre très large est contraint d’exercer un métier secondaire pour compléter le revenu agricole qui est insuffisant. » Il explique que la deuxième préoccupation des agriculteurs métropolitains concerne les normes européennes applicables à leur profession, une notion qui touche très peu le département de Mayotte dans la mesure où les productions locales n’ont quasiment pas recours à des produits phytopharmaceutiques, à l’exception des producteurs clandestins qui ont parfois recours à de tels produits en dehors de tout contrôle légale. « Les pesticides et autres produits destinés à lutter contre certaines maladies dans l’Hexagone et en Europe ne font pas partie de nos pratiques locales quand bien même les normes administratives établies s’appliquent officiellement au territoire de par son statut de département et région d’outre-mer », a tenu à préciser Ishak Ibrahim. Autre sujet partagé entre les agriculteurs mahorais et leurs homologues métropolitains, l’application de la politique agricole commune (PAC) et des aides conditionnées. À l’inverse de la métropole, elle ne génère pas les mêmes conséquences, bien que son application soit perçue comme discriminatoire à très grande échelle. « Elle porte simplement sur la modique somme de 900 euros à l’hectare cultivé et se décline en deux volets, un pilier d’aide à la production et un second niveau destiné à la transformation de productions locales et à leurs commercialisations. Dans la mesure où il n’existe quasiment pas de filière organisée localement, cette situation n’a aucune répercussion à Mayotte », explique-t-il.

« Une stratégie différente à Mayotte »

À l’un de ses membres qui lui demande pourquoi le monde agricole mahorais ne se joint pas au mouvement de grève nationale comme l’île de La Réunion voisine, Ishak Ibrahim s’est voulu pédagogue, rappelant que le mouvement en cours a pour origine des agriculteurs non syndiqués, « des paysans qui souffrent beaucoup de ne plus être en mesure de vivre de leurs activités professionnelles et qui ont commencé à se révolter ». Il clarifie la situation en expliquant qu’actuellement les syndicats ne se trouvent mêlés à cette grève que simplement parce qu’ils ont vocation à servir d’intermédiaires et d’interlocuteurs avec les pouvoirs publics dans les négociations. Il accuse la FNSA, syndicat agricole majoritaire en métropole, d’être partiellement responsable des difficultés actuelles du monde rural français par sa proximité avec le pouvoir et qui chercherait une porte de sortie honorable en s’impliquant dans une tentative de sortie de crise avec le gouvernement. À son militant agricole mahorais, Ishak Ibrahim détaille : « Ici à Mayotte, la Coordination Rurale entend recourir à une stratégie différente de celle de la métropole pour mener le combat. La propriété locale reste le développement de nos filières, l’accompagnement du Département-Région et la formation. Malheureusement, cette institution dont notre profession a tant besoin n’existe pas à Mayotte ».
Il s’est montré des plus remontés contre la Capam (Chambre d’agriculture, de la pêche Mayotte) dans sa forme juridique actuelle et appelle à son évolution vers une chambre d’agriculture classique, dénuées de particularismes et spécificités locales, dans le but de permettre aux agriculteurs mahorais d’avancer dans le même sens que leurs collègues de métropole et des autres territoires ultramarins. Dans la même lancée que d’autres agriculteurs mahorais rencontrés par Flash Infos ces jours derniers, Ishak Ibrahim se dit « solidaire des grévistes mahorais à l’origine de nombreux barrages sur les axes routiers de l’île, au nom de la liberté à défendre les droits légitimes du peuple ».

« L’agriculteur est un producteur et non un administratif »

Ancien président de la Capam, Dani Salim fait part de sa solidarité avec les agriculteurs de métropole. Pour lui, quelque soient les latitudes où l’on se trouve en France, la profession est en crise à telle point qu’elle ne nourrit plus ceux qui la pratique. « Il faut savoir que la moyenne nationale donne deux agriculteurs suicidés par jour à cause de la Politique agricole commune (PAC) et des innombrables règlementations qui en découlent. Un agriculteur est un producteur et non un administratif. Il lui suffit de rater une case dans les documents pour que Bruxelles l’accuse de fraude et le sanctionne de fortes amendes. Et lorsqu’il se met aux normes, il se retrouve surendetté sans autre porte de sortie que le suicide. » Il se félicite qu’il en soit différemment à Mayotte, les banques locales refusant de surcroît à accompagner les projets de développement agricole même à minima. Même son de cloche chez d’autres acteurs de la profession qui estiment leur salut dans l’écart important entre le peu de matériel et d’espaces cultivables qu’ils ont avec les charges supportées par leurs homologues de l’Hexagone. « Ici, on ne peut pas parler d’agriculture sur des standards identiques à ceux de nos collègues de métropole », fait remarquer Johnny Souffou Hédja, un apiculteur très connu de Mamoudzou. « Heureusement pour nous, nous n’avons pas à investir dans des équipements identiques, ni à réaliser les mêmes proportions d’investissements et d’acquittement de charges. Sur la totalité des personnes qui se déclarent officiellement agriculteurs à Mayotte, une dizaine seulement arrivent à vivre du produit de leurs activités. Tout le reste est obligé d’avoir une activité annexe pour générer les moyens suffisants pour rémunérer leurs ouvriers agricoles. »
Il défend le mouvement entamé par ses collègues métropolitains au motif que les charges qu’ils supportent sont disproportionnées par rapport à d’autres agriculteurs de l’Union européenne (Allemagne, Roumanie, etc…). Il fustige le comportement du département de Mayotte qui ne tire pas selon lui les enseignements de la crise actuelle en mer Rouge et des conséquences économiques catastrophiques qu’elles impliquent pour l’économie mahoraise. « Le Département ne pense pas à l’avenir de l’agriculture locale, alors que les prix et la disponibilité des produits alimentaires vont être de plus en plus compliqués. Les délais d’acheminement ne feront que se prolonger sans cesse et les 300 hectares de terrain qu’il a acquis à Madagascar pour produire « je ne sais quoi par je ne sais qui » ne serviront à rien du tout, et aucunement pour nourrir les Mahorais. »
Il constate le très faible niveau d’investissement européen dans l’agriculture mahoraise et émet le souhait de voir le département-région, principal propriétaire foncier à Mayotte, céder enfin du terrain agricole aux jeunes producteurs locaux et à soutenir financièrement le développement de leurs exploitations.

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