Comores : Face à la flambée du choléra, le pays veut recourir aux vaccins

En en un mois et dix jours, l’île d’Anjouan, a enregistré à elle seule, vingt-cinq décès, faisant grimper à quarante-trois, le nombre de victimes sur le plan national, depuis que l’épidémie a été déclarée officiellement, le 2 février. 267 patients sont actuellement hospitalisés.

L’Union des Comores est-elle en train de vivre le pic de l’épidémie du choléra ? En analysant les données de ces cinq derniers jours, les autorités sanitaires ont de quoi s’inquiéter au vu de l’évolution de la maladie, qui fait beaucoup de ravage à Anjouan. Île la plus densément peuplée des Comores, Anjouan, fait face à une explosion de cas et du nombre de décès (25 depuis le 6 mars). Du 11 au 16 avril, on déplorait presque quatorze morts, selon les bulletins publiés par le ministère comorien de la Santé. Pour limiter les dégâts, le gouvernement a par conséquent formulé une requête en vue d’obtenir auprès de ses partenaires des doses de vaccins. « Nous travaillons dessus afin de soumettre le premier draft cette semaine », a confirmé une source gouvernementale. Une fois que la demande sera achevée, la procédure veut que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) prenne le relai.

Après le feu vert des autorités, l’OMS devra à son tour mobiliser ses moyens et ses partenaires pour trouver au plus vite un lot de vaccins destinés aux Comores. Combien de temps cela va prendre ? Difficile de répondre. Il faut savoir qu’avant la flambée des cas, des partenaires extérieurs avaient essayé de convaincre le gouvernement pour qu’il acquière des vaccins pour la prévention, sans succès. Avec moins de districts touchés, et des cas insignifiants, les doses (elles sont administrées par voie buccale) auraient aidé à contenir le choléra. A l’époque, il y avait la possibilité d’obtenir au minimum 700.000 doses. Cette quantité reste toujours d’actualité maintenant que l’épidémie est classée au niveau trois ?

Manque d’eau, volontaires délaissés

En attendant, le ministère de la Santé devra soigner les malades avec les deux traitements disponibles couverts par le gouvernement à savoir le Ringerlactate (sérum injectable) et l’antibioprophylaxie. Si un mois après la déclaration des premiers cas, l’épidémie semblait contrôlable, force est de constater que tout va de mal en pis ces dernières semaines. En deux mois, le bilan sur le plan national s’élève à 43 victimes. Ce chiffre illustre à lui seul à quel point la maladie se propage très vite, comparé au dernier épisode qu’a connu le pays, il y a 17 ans. En 2007, après onze mois de choléra, sans moyens conséquents de riposte, les Comores avaient juste comptabilisé 29 victimes. A Anjouan, la dernière des trois îles indépendantes à enregistrer un cas positif, la population est fortement touchée. Du 13 au 14 avril, les services ont recensé 230 nouveaux cas. « Malgré l’absence de tests rapides là-bas, les médecins dès qu’ils constatent les symptômes, notamment les vomissements ou la diarrhée, ils rajoutent le patient sur leur liste. A la Grande Comore, en revanche, ils se contentaient des résultats des TDR. Ce qui fait beaucoup d’entre nous pensons que les cas sont sous-estimés », a glissé un spécialiste sanitaire qui déplore un manque d’encouragement en faveur des volontaires mobilisés durant cette épidémie. Autre facteur qui pénalise les habitants dans certaines localités anjouanaises, le manque d’eau. La plupart des riverains font la vaisselle, lavent leurs habits, se baignent dans les rivières. Cela augmente incontestablement le risque de contamination.

Or, la société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) n’a toujours pas proposé d’alternative à ces communautés. Même les citernes offertes par le projet Compass ne sont pas installées. Le déni de la maladie chez une partie de la population contribue par ailleurs à la propagation de celle-ci. A lire le dernier bulletin du ministère concerné, sur les 43 décès répertoriés, 31 sont communautaires. Les victimes mettent du temps avant de se rendre dans les centres hospitaliers. « Le pays a constaté un pic lors de la quinzième semaine. Cela est probablement lié à la mobilité de la population sans respect de mesures de lutte à la fin du mois de ramadan et le jour de la fête de l’aïd surtout au niveau de l’île d’Anjouan. Il y a aussi une insuffisance des ressources humaines pour la prise en charge des cas, les investigations des cas confirmés et le suivi des contacts des cas confirmés », relèvent les autorités comoriennes, qui précisent dans le document retraçant l’évolution de l’épidémie que les hommes sont davantage touchés que les femmes.

Mansour Kamardine demande à nouveau le « rideau de fer »

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Mansour Kamardine, député de la deuxième circonscription de Mayotte.

Député de la deuxième circonscription de Mayotte, Mansour Kamardine suit de près l’évolution de l’épidémie de choléra aux Comores, une dizaine de cas en provenance du pays voisin ayant été recensés à Mayotte. « Après l’augmentation des cas de choléra importés des Comores et d’Afrique continentale à Mayotte ces derniers jours et les premiers cas de choléra transmis directement à Mayotte, il y a urgence mettre en place le « rideau de fer en mer » promis par le gouvernement », réitère-t-il.

Il alerte sur les risques dans les bidonvilles pour cette bactérie qui se transmet par les matières fécales (et donc une mauvaise hygiène des mains). Alors que le point public qu’il demande est désormais en vigueur, il souhaite « qu’une information publique et précise soit communiquée sur la date d’effectivité du « rideau de fer en mer » supposé rendre hermétique l’accès clandestin par mer à Mayotte, car tous les jours, depuis les annonces gouvernementales, des kwassas accostent sur le littoral du 101ème département ».

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