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Lutte contre le VIH à Mayotte : “Le Sida, ça ne pouvait pas tomber sur moi”

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Aujourd’hui âgée d’une cinquantaine d’années, Asma*, mère de trois enfants, a découvert sa séropositivité alors qu’elle n’avait pas 25 ans. Elle est devenue, de fait, l’un des premiers patients atteints du VIH à Mayotte. Pour elle, la maladie était réservée aux personnes aux mœurs que nombreux désigneraient comme légères. Mais sa première prise de risque a été celle de trop. Elle raconte. 

De son histoire, Asma* n’en livrera que les grandes lignes. Cette mère de famille a été dépistée séropositive 25 ans plus tôt et pourtant, aujourd’hui encore, elle tait sa maladie à la plupart de ses proches. “Pour moi, le VIH, ça n’arrivait qu’aux gens qui faisaient des bêtises”, souffle-t-elle. “J’étais vierge avant de rencontrer mon mari et je ne me suis jamais droguée. Ça ne pouvait pas tomber sur moi, je n’avais même pas eu le temps de goûter tout ce que la vie avait à me donner…”

À l’aube de sa vingtaine et au lendemain de son mariage et de son premier accouchement, un médecin conseille vivement à Asma de se faire dépister du VIH. En cause : son mari, malade, et évacué à La Réunion pour y suivre une batterie de tests sérologiques, vient de découvrir sa séropositivité. Pourtant, l’examen de la jeune mère, lui, s’avère être négatif. “On m’a conseillé de me refaire dépister quelques mois plus tard”, se souvient-elle. Finalement, la réponse tombe comme un couperet : elle n’a pas 25 ans, et Asma découvre qu’elle est porteuse du VIH. 

S’habituer à vivre avec le VIH

“J’étais tellement choquée d’apprendre la nouvelle que les mois qui ont suivi, j’ai refait plusieurs tests en changeant mon prénom pour vérifier les résultats. Je n’arrivais pas à l’accepter.” Pourtant, sa prise en charge médicale s’organise immédiatement. “J’ai été suivie par un médecin du CHM de Mamoudzou dès le début, j’ai été bien accompagnée”, reconnaît la désormais quinquagénaire.

Les premiers mois sont, pour elle, les plus difficiles à passer. Plusieurs traitements successifs lui sont prescrits, afin de déterminer celui qui se révèle être le plus efficace sur son organisme. “J’ai dû prendre beaucoup de comprimés par jour, parfois jusqu’à six ou huit avant de me coucher.” Asma perd le sommeil, l’appétit. Mais si elle ne s’alimente pas correctement, son médecin peut lui demander d’interrompre son traitement. Alors pas question d’abandonner. Et ses efforts payent. “Aujourd’hui, on a trouvé ce qui fonctionne sur moi, je n’ai plus de symptômes et j’ai même l’impression de vivre normalement”, sourit-elle. 

Petit à petit, la vie d’Asma reprend son cours. Elle et son conjoint décident même d’avoir un deuxième enfant, puis un troisième. “Mes grossesses ont été très suivies, mes enfants ont été dépistés et nous savons qu’ils vont bien, ils n’ont pas le VIH.” Aujourd’hui, une prise en charge dès la grossesse permet de réduire considérablement le risque de transmission de la mère à l’enfant : en France, moins de 1% des enfants nés de parents séropositifs sont porteurs du virus. À condition que celui-ci soit dépisté à temps chez celui et celle qui lui donneront la vie. “Mais depuis, je n’ai pas eu d’autres enfants, parce que la peur est toujours là”, reprend Asma, dont la charge virale n’est, à ce jour, pas devenue indétectable. “J’ai espoir qu’un jour ça soit le cas, ça peut toujours arriver. Mais moi, je ne me sens plus malade.”

À quelques exceptions près. Les premières années qui ont suivies son dépistage, la jeune femme garde le silence. Parce que nombreux, encore, sont les clichés qui entourent le VIH et les personnes qui vivent avec. Au bout de dix ans, elle “craque”, lorsque son père, gravement malade, menace de mourir. “J’ai porté ce fardeau pendant trop longtemps, je n’arrivais plus à le porter.” Elle le met dans la confidence, puis en parle à sa sœur. Et les premières réactions ne se font pas attendre. “On m’a dit que je mentais, on m’a demandé de montrer des tests, des ordonnances à mon nom pour prouver que c’était vrai. Personne ne comprenait que ça puisse tomber sur moi.” Finalement, la nouvelle fait son chemin dans l’entourage d’Asma. Bien que nombre de ses amis et membres de sa famille ignorent encore qu’elle est l’un des premiers cas de séropositivité à travers l’île.

* Le prénom a été modifié

Retrouvez gratuitement l’intégralité de notre dossier sur le Sida dans le dernier numéro de Mayotte Hebdo, disponible sur notre site. 

Des dépistages rapides, gratuits et anonymes 

Des dépistages de toutes les infections sexuellement transmissibles gratuits et anonymes – donc ouverts à tous les publics – sont proposés au CHM. Nariké M’sada propose également des dépistages rapides, également gratuits et anonymes, du VIH uniquement, dans ses locaux à Cavani. Ils peuvent être réalisés sans rendez-vous les lundis et mercredis (de 14h à 17h) et les samedis de 9h à 12h. Il est également possible de prendre rendez-vous en dehors de ces créneaux au 0269 62 69 73. Enfin, il est toujours possible de se faire dépister au laboratoire privé, avec une ordonnance. 

Un bus de dépistages bientôt sur les routes 

« Un programme de santé publique au service de la population de Mayotte ». D’ici avril 2021, Nariké M’Sada et ses partenaires, dont les laboratoires et le CHM, devraient mettre en service le « Bus prévention santé ». Ce centre de dépistage mobile tout équipé sillonnera toute l’île et permettra ainsi de faire reculer les inégalités liées aux déplacements et à l’éloignement des structures compétentes, le plus souvent situées à Mamoudzou. Le personnel médical à bord mènera ainsi des opérations de prévention et sensibilisation auprès d’un public le plus large possible. « Les dépistages proposés seront gratuits, anonymes et ouverts à tous, il n’y aura aucun profil prioritaire », commente Moncef Mouhoudhoire, directeur de Nariké M’Sada. Par souci de discrétion et de lutte contre la stigmatisation, le bus ne sera pas floqué aux couleurs de la lutte contre le Sida. Il sera possible d’y réaliser d’autres dépistages, comme celui du diabète ou du cancer infantile. 

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