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Mayotte : L’heure de regarder dans le rétro de l’année 2020 (2/3)

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Chaque fin d’année, le rituel est le même. Chacun jette un œil derrière son épaule, pour regarder le chemin parcouru, les résolutions tenues. Pourtant,...

Chaque fin d’année, le rituel est le même. Chacun jette un œil derrière son épaule, pour regarder le chemin parcouru, les résolutions tenues. Pourtant, cette année, ce chemin n’a ressemblé à aucun autre. Nos résolutions ? Le confinement les a souvent mises à mal. Nos projets ? Reportés pour raisons sanitaires. Alors une dernière fois, regardons les événements qui, depuis presque 365 jours, ont marqué nos vies. Et demandons-nous comment chacun, à son échelle, peut faire de 2021 une année meilleure.

 

Mai : ministre, déconfinement et séquestration

 

Dès le début du mois, de nouveaux affrontements sont perpétrés en marge de mourengués, notamment à Mamoudzou, en dépit des mesures de confinement. Le 4 mai, Abdourahamane Ben Omar, le grand imam de la grande mosquée de Mamoudzou et figure religieuse emblématique de l’île, décède.

Le même jour, le premier ministre Édouard Philippe annonce le report du déconfinement à Mayotte, où le virus circule encore très activement. Le lendemain, dans le plus grand secret, Annick Girardin, alors ministre des Outre-mer, atterrit à Mayotte avec l’avion présidentiel venu apporter des masques, des respirateurs et un automate permettant de réaliser plus de tests PCR, alors que le laboratoire privé pointait du doigt les manques de réactifs. Une visite décidée à la dernière minute et marquée notamment par la visite du CHM. Au programme, pas d’annonce fracassante, mais une volonté de l’État de montrer son soutien aux Mahorais.

En parallèle, la caserne de Kahani, dont les pompiers dénonçaient depuis des mois l’état de délabrement menaçant leur sécurité, est attaquée par une cinquantaine d’individus. Les véhicules sont pillés, vandalisés, des groupes électrogènes volés. Quelques semaines plus tard, une personne tente de s’introduire en pleine nuit dans le dispensaire de Kahani, particulièrement exposé à l’insécurité. Son personnel décide alors de faire valoir son droit de retrait.

À la fin du mois, deux Petits-Terriens sont mis en examen et incarcérés pour des faits de violence, enlèvement et séquestration commis sur un jeune homme de 23 ans, alors encore disparu, soupçonné par les habitants de Labattoir d’actes de délinquance. Au lendemain de sa disparition, deux personnes s’étaient alors spontanément présentées à la gendarmerie, expliquant leur geste par l’inefficacité de la réponse judiciaire. Or, la décision de leur condamnation a déclenché plusieurs manifestations, parfois jusqu’aux portes du tribunal. Le procureur de la République d’alors, Camille Miansioni, est devenu la cible de critiques et injures, une partie de la population ayant jugé la détention des deux hommes être en inadéquation avec l’intérêt des Mahorais.

Le 27 mai, un kwassa sanitaire, en provenance des Comores, débarque de nuit à Bandrélé. À son bord, deux pilotes, deux jeunes adolescents et leur père, dans un état critique. L’homme de 60 ans décédera quelques minutes plus tard, devant un arrêt de bus. À ce stade, nul ne sait si sa mort est imputable au Covid, alors que l’union comorienne prétend n’avoir encore eu aucun cas sur son sol.

À Mayotte, le dernier bilan du mois fait état de 1.871 cas confirmés pour 23 décès. Faute de réactifs, aucun test n’a été réalisé pendant plusieurs jours.

 

Juin : la mer, la mort, les maires

 

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Dès le 2 juin, le déconfinement s’organise à Mayotte, 20 jours après sa première phase en métropole. Sous certaines conditions, bars, cafés et restaurants sont partiellement autorisés à rouvrir. Les hôtels, restés ouverts, déplorent toutefois encore l’absence totale de clients. La réouverture de l’aéroport est quant à elle repoussée. Alors que seule une quinzaine d’établissements du premier degré avaient déjà rouvert leurs portes la semaine précédente, toutes les écoles ont désormais l’obligation d’accueillir les élèves de façon progressive, si les gestes barrières peuvent y être respectés. À l’instar du territoire national, l’oral du bac de français est annulé sur l’île.

Alors que les dépistages massifs de Covid-19 se poursuivent au centre pénitentiaire, les représentants du personnel dénoncent un manque d’anticipation de la direction et de l’ARS, potentiellement dangereux pour les détenues et les employés. Dans le même temps, le personnel du dispensaire de Kahani durcit son droit de retrait et décide de l’exercer totalement.

Mi-juin, le corps d’une femme âgée d’une soixantaine d’années est découvert sur une plage du Sud. En réaction, le collectif des citoyens décide d’organiser des rondes pour s’opposer à la prise en charge médicale des malades évacués en kwassa depuis les Comores.

Le 14 juin, Mayotte pleure Khams, ou Kamardine Hassani, l’un de ses humoriste et comédien les plus talentueux. La veille, l’homme avait disparu en mer lors d’une sortie en jet-ski. De nombreuses embarcations étaient alors parties à sa recherche. Le corps sera finalement retrouvé par des pêcheurs le lendemain matin, sous les larmes des Mahorais qui ont multiplié les hommages.

Le 16 juin, un homme de 59 ans est retrouvé mort près de son domicile à Chiconi. Rapidement, la piste de l’homicide est privilégiée. Une semaine après les faits, une première personne est placée en garde à vue puis mise hors de cause. Elle permettra toutefois de confirmer l’implication d’un autre suspect, par la suite mise en examen et placé en détention provisoire.

À la fin du mois, un corps sans vie est découvert aux Badamiers, en Petite-Terre. Immédiatement, les enquêteurs pensent qu’il s’agit du jeune homme disparu et séquestré un mois plus tôt. Courant juillet, la dépouille sera formellement identifiée comme étant la sienne. En faisant état d’un corps « de race négroïde », le procureur Camille Miansoni déclenchera malgré lui une nouvelle polémique. Quelques semaines plus tôt, Mayotte apprenait la nouvelle de sa mutation à Brest.

Le second des tours des élections municipales se tient à la fin du mois. Alors que la métropole brille par son abstentionnisme, le scrutin mobilise fortement les Mahorais, puisque 72% des électeurs ont fait le déplacement jusqu’aux urnes. Sur les 16 communes candidates au second tour, sept d’entre elles ont vu les candidats se départager avec seulement 100 voix ou moins d’écart. Dans l’ensemble, les candidats centristes ont siphonné ceux de la gauche. Aucune femme ne ressortira victorieuses de ces élections, où, à plusieurs reprises, le non-respect des gestes barrières a été pointé du doigt.

Au 27 juin, Mayotte enregistrait 2.540 cas de Covid-19 pour 35 décès. À ce stade, 34 patients étaient hospitalisés, dont cinq en réanimation.

 

Juillet : les violences repartent, les grèves aussi

 

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Le coronavirus fait son entrée au centre de rétention administrative, rouvert le mois précédent. Associations et syndicats de police montent alors au créneau pour dénoncer un protocole sanitaire « tardif et insuffisant » entre les murs de l’enceinte et une certaine rétention d’informations concernant les cas positifs. Dans le même temps, le gouvernement envisage de mener en Guyane et à Mayotte des essais thérapeutiques pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Mais face à la grogne de la population, le projet est avorté.

À la suite d’un regain de violences entre bandes rivales à Hamjago, la riposte s’est organisée en plein jour. Un événement qui, selon les habitants, aurait provoqué la crise cardiaque d’une commerçante, décédée en tentant de sauver un jeune en train de se faire agresser.

Du côté des pompiers, le torchon brûle. Après avoir déposé un préavis de grève le 30 juin, les soldats du feu enclenchent leur mouvement, espérant enfin faire entendre leurs revendications à leur direction. Parmi elles, la sécurisation des casernes, notamment celle de Kahani, et la fin de la discrimination raciale dont les pompiers s’estiment être victimes. Pour le laboratoire privé de l’île, l’heure est aussi à la grève, les employés considérant qu’un précédent protocole de fin de conflit n’était pas respecté. Au cœur de la grogne, les salaires, restés les mêmes, alors qu’une revalorisation avait été promise par la direction.

Pour l’enseigne Jumbo, l’heure est aussi à la grève, là aussi, majoritairement pour des raisons salariales et de mauvais traitement. Sur le parking du supermarché de Kawéni, les employés tiennent le piquet nuit et jour, et accusent régulièrement la direction de violences et discriminations à leur égard. La grève durera au total 71 jours, et sera marquée par le suicide de l’un des salariés.

Puis, l’insécurité revient. Trévani s’embrase dans un incendie volontairement déclenché par une bande de jeunes. Aucun blessé n’est alors à déplorer, mais plusieurs domiciles ont été détruits par les flammes. Une soixantaine d’occupants ont ainsi été évacués et deux familles relogées. Un scénario similaire s’était joué à Labattoir quelques semaines plus tôt.

Moins d’un mois après le meurtre d’un retraité à Chiconi, un père de famille perd la vie à M’tsapéré mi-juillet, en marge d’émeutes déclenchés par des dizaines de jeunes. Les premières auditions permettront d’identifier l’un des meneurs, un jeune majeur déjà enfermé à Majicavo pour des faits similaires.

Fin juillet, l’île affiche 2.824 cas de Covid, pour 38 décès, dont trois à La Réunion, faisant suite à des évacuations sanitaires. La commune de M’tsamboro, où le virus circule particulièrement, est provisoirement reconfinée.

 

Août : sur le chemin de l’école

 

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Au début du mois, un restaurant de Combani se fait attaquer par une vingtaine de jeunes en soirée, alors que l’établissement s’apprêtait à fermer ses portes. Gendarmes, pompiers et secours dépêchés sur place sont contraints de s’y barricader, laissant la voie libre aux agresseurs pour piller leurs véhicules d’intervention. Quelques jours plus tôt, un transport sanitaire avait été pris à partie à Dzoumogné. Dès lors, forces de l’ordre et services médicaux mobiles décident de travailler main dans la main pour sécuriser le transfert des malades, particulièrement sensible lorsque celui-ci fait suite à un beachage de kwassa.

Alors que la pleine reprise des cours est prévue le 24 août, les transporteurs scolaires menacent de ne pas être au rendez-vous. En cause : les termes de l’appel d’offres de marché public de transport scolaire, fraîchement lancé par le conseil départemental. Jusqu’alors, la collectivité stipulait qu’en cas de changement de délégataire, le transfert des employés de Matis vers la nouvelle société serait automatique, garantissant de fait le maintien des avantages acquis depuis le début de l’exploitation de Matis, en 2010. Une clause en vigueur depuis la même année mais qui ne figure plus dans le nouvel appel d’offres, selon lequel la reprise des contrats de l’entreprise sortante demeure, certes, possible, mais plus obligatoire. Finalement, un accord sera trouvé in extremis avec le Département.

Nouveau drame le 9 août : une enfant de cinq ans se noie sur la plage de Trévani, après avoir échappé à la vigilance de sa tante. Malgré de longues recherches menées notamment par les clients de l’hôtel adjacent, la marée recrachera le corps inanimé de la petite.

La semaine du 15 août aura marqué les esprits, particulièrement du côté de Koungou et Mamoudzou. Des jours durant, des barrages sont érigés, des habitants agressés, une case en tôle criminellement incendiée. Appelés sur place, les pompiers sont contraints de faire demi-tour face à la pluie de pierres qui s’abattent sur eux. En marge des affrontements, le corps d’un jeune homme est découvert à Kawéni. Quatre blessés graves sont évacués au CHM. Peu de temps après, bloqués par un barrage à Passamaïnty, des automobilistes décident de prendre les pierres à leur tour face aux jeunes émeutiers venus manifester contre le manque de bus. Une nouvelle fois, les Mahorais décident de prendre eux-mêmes les choses en main face à l’insécurité grandissante.

Le 24 août, tous les élèves de l’île reprennent le chemin de l’école, dans des conditions particulières, bien que le protocole sanitaire ait été allégé en milieu scolaire. Face à l’impossibilité de faire respecter les gestes barrières, certains établissements repoussent la date de retour des élèves, pendant que les syndicats dénoncent une prise de risque généralisée à toute l’île.

Autre situation qui ne tardera pas, elle aussi, à concerner l’ensemble de l’île : la pénurie d’eau qui guette. Fin août, la préfecture ordonne les premiers tours d’eau, alors nocturnes uniquement, afin de faire face au manque de remplissage des deux retenues collinaires, principale source d’eau pour les Mahorais. Mais alors que les prévisions météorologiques concernant l’arrivée de la prochaine saison des pluies ne sont pas favorables, le préfet envisage déjà de durcir les restrictions dès les prochaines semaines.

Au 25 août, l’île comptait 3.301 cas de Covid-19, dont 82 en une semaine, pour six personnes hospitalisées et une en réanimation. Le nombre de morts s’élève désormais à 40.

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