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Mayotte : l’heure de regarder dans le rétro de l’année 2020 (3/3)

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Chaque fin d’année, le rituel est le même. Chacun jette un œil derrière son épaule, pour regarder le chemin parcouru, les résolutions tenues. Pourtant,...

Chaque fin d’année, le rituel est le même. Chacun jette un œil derrière son épaule, pour regarder le chemin parcouru, les résolutions tenues. Pourtant, cette année, ce chemin n’a ressemblé à aucun autre. Nos résolutions ? Le confinement les a souvent mises à mal. Nos projets ? Reportés pour raisons sanitaires. Alors une dernière fois, regardons les événements qui, depuis presque 365 jours, ont marqué nos vies. Et demandons-nous comment chacun, à son échelle, peut faire de 2021 une année meilleure.

 

Septembre : de drame en drame

 

Le mois de septembre s’ouvre sur les chapeaux de roue. Dès le 1er, les quatre parlementaires, le président de l’association des maires et deux représentants du conseil départemental rencontrent pour la première fois, le nouveau ministre des outre-mer né du remaniement, Sébastien Lecornu, à Paris. Insécurité, contrôle aux frontières, compétences régionales, fonds européens… De nombreux sujets sont balayés, et les figures mahoraises estiment avoir rencontré un ministre investi et à l’écoute.

Mais le climat d’insécurité ne faiblit pas pour autant. Pendant plusieurs jours, Combani et Miréréni deviennent la scène de violences inouïes. Des affrontements éclatent, une dizaine de voitures et quelques maisons sont incendiées, contraignant les habitants à s’enfermer chez eux. La situation apaisée, le préfet convoque un point presse à Combani. Mais les violences reprennent, et la réunion se tient finalement à Tsingoni. Là, Jean-François Colombet fera une annonce inédite : le délégué du gouvernement envisage de déchoir de leur titre de séjour les parents de jeunes condamnés pour des faits de violences sur la voie publique. « Je réunirai la Commission des titres de séjour, la loi m’y autorise, pour regarder si nous suspendons ou si nous supprimons les titres de séjour de ceux qui n’auront pas rempli leurs devoirs à l’égard de leurs enfants« , a ainsi déclaré Jean-François Colombet. Mais d’un point de vue constitutionnel, un tel dispositif apparaît rapidement difficile, si ce n’est impossible, à mettre en œuvre. Les jours suivants, plusieurs personnes sont arrêtées puis placées en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire pour leur implication dans les événements de Combani.

De leurs côtés, les pompiers poursuivent leur mouvement de grève sans relâche. Mais en pleine pénurie d’eau, et alors que les coupures s’intensifient à raison de 24h par semaine et par localité, les soldats du feu inondent la façade du conseil départemental. L’image choque, au point que le préfet décide d’intervenir. Une réunion de sortie de crise est immédiatement organisée. Le 12 septembre, un protocole de fin de conflit est signé. Peu de temps après, la nouvelle tombe : le tant controversé colonel Terrien, directeur du centre départemental d’incendie et de secours, quitte l’île aux parfums. Un soulagement pour ceux qui des semaines durant ont tenu le piquet de grève. Pourtant, cela n’empêchera pas les pompiers de l’aéroport de déposer un préavis de grève illimité, craignant le non-renouvellement de leur contrat.

Mi-septembre, l’état d’urgence sanitaire, alors encore en vigueur en Guyane et à Mayotte et prévu jusqu’au 31 octobre, est levé. Signe que l’épidémie, bien que toujours active, est en perte de vitesse sur le territoire depuis le pic du mois de mai. Mais certaines restrictions demeurent toujours de mise, notamment concernant les rassemblements. Toutefois, les voyageurs à destination de La Réunion ne sont plus, pour la première fois depuis des mois, soumis au dépistage obligatoire, pendant que la reprise progressive des vols vers Madagascar s’organise petit à petit. Aussi, après six mois de suspension, les activités sportives scolaires peuvent enfin reprendre elles aussi. Fin septembre, 3.714 cas de Covid étaient confirmés à Mayotte depuis le début de l’épidémie, pour 82 passages en réanimation et 41 décès.

Le 25 septembre, un kwassa en provenance d’Anjouan chavire au nord de Mayotte. 10 des 24 passagers de l’embarcation de fortune trouvent ainsi la mort, emportés par les marées alors particulièrement fortes. Parmi eux, un enfant de sept ans. Dès le lendemain, cinq personnes sont placées en détention provisoire pour aide à l’entrée, au séjour et à la circulation d’étrangers commise en bande organisée et pour homicide involontaire.

Octobre : les violences continuent, l’état d’urgence sanitaire revient

 

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Le 9 octobre en plein après-midi, des bandes rivales de Doujani et Passamaïnty décident d’en découdre. Les pierres pleuvent, deux bangas sont incendiés. Au collège, le principal fait interrompre la dernière heure de classe pour évacuer quelque 1.000 élèves à la hâte. Au même moment, des individus armés de pierres et de couteaux déboulent depuis les rues de Cavani, poussant le supermarché Baobab à baisser les rideaux de fer pour mettre en sécurité les clients encore présents dans le bâtiment. Devant les yeux apeurés de quelques témoins qui ont pu filmer la scène, un jeune est alors pris à partie. La vidéo, qui a largement circulé sur les réseaux sociaux pendant le week-end, montre au moins cinq individus le mettre à terre, le rouer de coups et le laisser pour mort. Il sera évacué au CHM dans un état critique. Au total, quatre personnes seront hospitalisées, dont trois en réanimation. La nuit suivante, tous les effectifs du commissariat sont mobilisés, Entre 1h30 et 4h30 du matin, aucune ambulance, SMUR ou camion de pompiers ne peut partir en intervention, tant la situation est tendue. Aux portes du CHM, des jeunes font irruption, contraignant la police à intervenir. Une scène inédite.

Moins d’un mois après avoir été levé, l’état d’urgence sanitaire fait son grand retour à Mayotte, avec toutefois moins de restrictions. Quelques semaines plus tard, alors que le gouvernement annonce un second confinement en France, l’île, où l’épidémie de Covid continue sa perte de vitesse, y échappe. Le port du masque devient toutefois obligatoire dans l’espace public. Au 28 octobre, 151 nouveaux cas de Covid étaient enregistrés à Mayotte en une semaine, portant à 4.321 le nombre total de cas.

Alors que la grève des employés du laboratoire privé vient à peine de se terminer afin de ne pas gêner davantage les patients, ce sont cette fois les effectifs de l’agence régionale de santé qui, en pleine crise sanitaire, décident d’entamer un mouvement illimité. Parmi les revendications, le départ du directeur de la santé publique, l’élaboration d’un organigramme et l’application de la charte des valeurs rédigée par les agents. La grève durera jusqu’au début du mois suivant.

Puis, Mayotte prépare l’arrivée d’Adrien Taquet, représentant ministériel de la protection de l’enfance et des familles, en visite pour quelques jours. Il y rencontrera l’ensemble des acteurs institutionnels et associatifs impliqués dans ce volet de l’action sociale, et annoncera une enveloppe de deux millions d’euros dédiés à leur développement.

Fin octobre, des centaines de demandeurs d’asile, essentiellement originaires de la région africaine des Grands Lacs, manifestent à Cavani. Ils dénoncent les inégalités de traitement qui subsistent entre Mayotte et la métropole, contraignant nombre d’hommes, femmes et enfants, à dormir chaque nuit dans la rue, sous la pluie, sans abri, argent, ou considération. Une situation exacerbée par l’arrêté municipal pris quelques semaines plus tôt à Mamoudzou, interdisant la vente à la sauvette dans le chef-lieu, source principale de revenus pour la plupart d’entre eux. Ils sont alors nombreux à avoir été mis à la porte de leur logement, souvent vétuste, pour loyer impayé. En amont, les opérations de destruction de l’habitat illégal orchestrées par la préfecture se multiplient aux quatre coins de l’île.

 

Novembre : le bruit des vagues

 

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Le mois s’ouvre avec un événement inédit, demandé depuis des années par le député Mansour Kamardine : les assises de la sécurité organisée par la municipalité de Mamoudzou. A travers une série de rencontres et d’ateliers, politiques, associations et même écoliers prennent la parole pour faire émerger les actions à mettre en œuvre. Quelques jours plus tôt, une vaste étude préalable à l’installation de l’observatoire de la violence à Mayotte était dévoilée. Sociologues et auteurs y retracent les origines du phénomène, l’impact du changement de statut de l’île et des traditions locales. Une première.

Quelques jours plus tôt, une centaine de jeunes terrorisaient la commune de Koungou, pendant qu’un homme atteint de troubles psychiatriques menaçait, chumbo en main, les passants. En réponse et pour éviter tout danger, un gendarme a tiré sur l’individu au niveau de l’épaule. Il a ensuite été conduit au CHM puis placé en garde à vue. De nombreuses dégradations, agressions et incendies ont été recensées dans la nuit.

Alors que Sébastien Lecornu, ministre des outre-mer, et Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, étaient attendu à la fin du mois pour leur première visite à Mayotte, le rendez-vous est repoussé, pour une question d’agenda, au début du mois suivant. Avant d’être une nouvelle fois annulé. Une visite d’un autre genre a toutefois bel et bien eu lieu au début du mois, celle du député européen LR François-Xavier Bellamy. Il a notamment rencontré le Grand Cadi, Hamada Mahamoud Sanda, pour échanger sur la laïcité et le projet de loi contre les séparatismes, au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’Histoire-Géographie, décapité à Conflans-Sainte-Honorine, après avoir donné un cours sur la liberté d’expression illustré par des caricatures de Charlie Hebdo.

Le 25 novembre, le GIGN intervient à Dzoumogné. Devant le collège et le lycée, des bandes rivales se font face depuis plusieurs heures. Mais rapidement, personnel pédagogique et élèves doivent se réfugier dans les salles de classe. La situation dégénère au point que les forces de l’ordre demandent aux commerçants de fermer boutique. Plusieurs tentatives d’évacuation des élèves par bus sont avortées. Alors que les premiers heurts ont démarré à six heures, les derniers jeunes seront évacués à 19h30. Le lendemain, les professeurs décident d’exercer leur droit de retrait.

A la fin du mois, un kwassa sanitaire dépose un homme blessé sur une plage de Bouéni. Victime d’un accident à Anjouan, il a été transféré au CHM, avant de signaler la présence de trois autres embarcations dans la zone, transportant une vingtaine de personnes au total. Quelques semaines plus tôt, un jeune étudiant en médecine dévoile un moyen métrage amateur, dans lequel il filme la traversée qu’il a lui-même réalisée en kwassa, avec plusieurs clandestins. Un témoignage mal reçu par une partie de la population.

Bien que plus discrète, l’épidémie de Covid demeure bien présente. Au 30 novembre, un bilan fait état de 5.181 cas confirmés, pour 554 hospitalisations totales et 97 passages en réanimation depuis le mois de mars et 49 décès.

 

Décembre : entre espoir et désillusion

 

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Le 1er décembre, Yann Le Bris prend ses fonctions de nouveau procureur de la République et succède ainsi à Camille Miansoni. Dans le même temps, le Département inaugure le pôle d’excellence rural de Coconi, un projet vieux de 15 ans sur lequel pourront s’appuyer les quelque 200 producteurs d’ylang-ylang de l’île aux parfums.

Cette bonne nouvelle n’est d’ailleurs pas la seule. Après deux ans d’absence, la compagnie Corsair se pose à nouveau à Mayotte, d’où elle opère désormais deux vols hebdomadaires, et jusqu’au double dès le mois de juin prochain. Quelques jours plus tôt, les conseillers départementaux votaient à l’unanimité une enveloppe de 80 millions d’euros pour la réalisation de la piste longue, dont le coût total de la réalisation est estimé à 250 millions. Une partie de ces fonds devraient être financés par l’État et l’Europe.

Autre combat de longue haleine, une proposition de loi déposée par le sénateur mahorais Hassani Abdallah, en faveur de l’apprentissage « des langues et cultures régionales appartenant au patrimoine de la France« . En clair, le texte, encore en discussion, pourrait permettre l’apprentissage du kibushi et du shimaoré à l’école.

Le 6 décembre, à l’issue d’un match de football organisé en Petite-Terre, alors que les joueurs regagnent leur bus, ils sont victimes de jets de pierres lancées par une cinquantaine d’individus. 13 jeunes sont blessés, dont quatre dans un état grave. L’un des auteurs est interpellé et déféré. Le lendemain matin, d’autres jeunes ont pris à partie, cette fois, la barge, la contraignant à faire demi-tour. Une jeune fille qui s’apprêtait à en sortir a alors été blessée.

Trois jours plus tard, des émeutes éclatent à Kahani, où une cinquantaine de jeunes tentent de s’introduire dans le lycée, armés de pierres, couteaux et barres de fer. Habitants et lycéens se barricadent, en attendant l’arrivée des forces de l’ordre. Plusieurs heures plus tard, le calme reviendra dans la commune. Moins d’une semaine après, c’est cette fois Combani qui est assiégée. Ses magasins sont cambriolés, incendiés, ses habitants caillassés et agressés. Les jours suivants seront marqués par de nombreuses ripostes.

Puis, samedi dernier, les habitants de Koungou se réveillent en découvrant les barrages fraîchement installés. La gendarmerie, face aux bandes de jeunes, boucle le périmètre. Aux origines de ce nouveau chaos, le décès de Mhamadi Mroivili, dit Raoul, bousculé par des jeunes alors qu’il roulait en scooter. Père de famille et médiateur, il était aussi un ancien élu de la commune.

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