« Ça vous dissuadera de lancer des cailloux sur les voitures de gendarmes »

Dans la journée du 22 février 2022, des élèves avaient bloqué le lycée de Pamandzi. La situation avait vite dégénéré. Trois jeunes comparaissent, ce mardi 30 mai, pour avoir participé à ces attroupements et exercé des violences. 28 gendarmes ont porté plainte.

C’est sans avocat que trois jeunes lycéens se présentent à la barre, ce mardi 30 mai, au tribunal judiciaire de Mamoudzou, une jeune fille et deux garçons. Le 22 février 2022, devant le lycée de Pamandzi, ils s’étaient joints au blocage de leur établissement. La manifestation avait dégénéré et les lycéens avaient caillassé les forces de l’ordre. Les deux prévenus ont de suite reconnu les faits et le font encore aujourd’hui. Jugés pour violence sur un militaire, ils le sont aussi pour participation à un attroupement avec une arme et le visage dissimulé, ainsi que des dégradations d’une voiture de police. Quant à la jeune fille, le tribunal lui reproche simplement sa participation. Ce mardi matin, les trois ont exprimé leur envie d’être jugés rapidement, peu importe si l’avocat qui les a assistés en garde à vue n’est pas là. En effet, ils espèrent partir faire leurs études en métropole l’année prochaine.

Le premier garçon concède : « je m’excuse, je voulais juste partir sans être suivi. On était bloqué, on ne pouvait pas partir ». Il soutient avoir caillassé les gendarmes, pour les provoquer et ainsi qu’ils jettent des bombes lacrymogènes. De plus, il réfute avoir caché son visage délibérément, « le masque était devenu une habitude, mais il était baissé, car je n’arrivais pas à respirer à cause du gaz », affirme-t-il. Le jeune prévenu informe le tribunal que comme il travaillait dans une pizzeria, c’était obligatoire et que de toute façon, c’était encore le cas dans les établissements scolaires.

« J’ai suivi le mouvement »

Son camarade reconnaît tout de suite les faits qui lui sont reprochés. Il déclare : « j’allais simplement au lycée et à un moment, ça a dérapé. Quand la manifestation a commencé, les gaz m’ont énervé, j’ai suivi le mouvement ». Il avoue avoir lancé des cailloux sur les forces de l’ordre. Par la suite, il répond plutôt laconiquement aux questions du président du tribunal correctionnel, Benoît Rousseau, ou hoche simplement la tête. Comme son compère, il était lui aussi très reconnaissable sur les photos prises ce jour-là.

La troisième membre du groupe soutient, elle, ne pas avoir participé à l’attroupement. « J’étais là pour manifester ». Malgré les sommations des gendarmes de se disperser, elle ne voulait pas bouger. Les forces de l’ordre ont même qualifié son comportement d’hystérique et d’outrageant. Elle se défend : « j’étais en colère contre les gendarmes, qui s’en prenaient à la mauvaise personne. On voulait partir, on n’était pas violent ».

« Ça leur servira d’avertissement »

Le substitut du procureur, Max Goldminc, explique aux jeunes : « vous devez obéir aux gendarmes ». Il affirme toutefois que ces lycéens n’ont pas le profil de délinquants. Agés tout juste 18 ans, ils espèrent aller en métropole pour faire des études et ont un casier vierge. Il demande la relaxe pour la jeune fille, car « elle n’avait pas les mêmes projets que les autres. Il faut remettre les choses dans le contexte. Elle est trop confuse ». Pour les deux autres, il déclare qu’ils « doivent assumer et il faut qu’ils mesurent la gravité de leurs actes ». Il demande quatre mois de prison avec sursis. « Ça leur servira d’avertissement », espère-t-il.

Finalement, le tribunal les a tous les trois condamnés à des travaux d’intérêt généraux, 35 heures pour la jeune fille et 105 heures chacun pour les deux garçons. Ces derniers ont été relaxés pour les faits de violence sur une personne dépositaire sur une autorité publique, car il était impossible de déterminer quel gendarme exactement ils ont atteint. Le tribunal n’a pas non plus pris en compte la dissimulation de leur visage. Ils payeront seulement les dommages sur la voiture, soit un peu plus de 6.000 euros. Bruno Fisselier, assesseur, assure : « la prochaine fois, ça vous dissuadera de lancer des cailloux sur les voitures de gendarmes ».

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