L'ACTUALITÉ DE MAYOTTE 100 % NUMÉRIQUE

Les infos de Mayotte depuis plus de 20 ans !

Vingt ans de prison pour celui qui a tué un habitant de Chiconi à coup de parpaing

À lire également

Justice à Mayotte : “On va tout faire pour que l’histoire de Stam soit la dernière de ce genre”

On l’appelait Stam. Et l’actualité que connaissent les États-Unis comme la métropole quant aux violences policières faites aux noirs ne peut que faire écho à son histoire. Celle d’un jeune père de famille de Mayotte, tué par balle de la main d’un policier le 23 février à Kawéni. 

Relation sexuelle à 14 ans : une mineure de plus victime des failles de la justice mahoraise

Une simple affaire d’atteinte sexuelle sur une mineure de moins de quinze ans a fini par prendre de l’ampleur au tribunal correctionnel mercredi dernier. Rappelant que le débat sur le consentement, en particulier des mineurs, est toujours cruellement d’actualité, deux ans après l'adoption de la loi sur les violences sexistes et sexuelles. 

Protection animale à Mayotte : « Quand on s’en prend comme ça à des chiens, c’est qu’on n’a plus de limites »

La thématique de la délinquance a mis en lumière, ces dernières semaines, le rapport de jeunes bandes avec les chiens. Torturé par sadisme, utilisé comme arme et objet de rivalités, le « meilleur ami de l’homme » a la vie dure sur le territoire où associations et forces de l’ordre tente tant bien que mal d’endiguer le phénomène.

Rapt de Petite-Terre : après l’appel devant la chambre de l’instruction, case prison et « tournure politique »

Rendue ce jeudi en appel devant la chambre d’instruction de La Réunion, la décision de placer les quatre hommes mis en cause dans l’affaire du rapt de Petite-Terre n’est pas sans soulever de questions selon leur avocat. Me Nadjim Ahamada dénonce notamment une violation des droits de la défense et une motivation politique à l’endroit des divers collectifs contre l’insécurité qui affichent un soutien farouche à ses clients.

Le deuxième jour de procès en appel devant la cour d’assises de Mayotte d’Eli Aboubacar a eu lieu ce mardi 24 octobre. Celui qui a tué Moussa Marssel à coups de parpaing à Chiconi dans la nuit du 15 au 16 juin 2020 a été condamné à vingt ans de prison pour meurtre.

En début de matinée, c’était au tour des experts psychiatre et psychologue d’être auditionnés devant la cour pour le procès en appel d’Eli Aboubacar (la condamnation à 25 ans en première instance n’était légale), ce mardi. Le psychiatre, qui a examiné l’accusé lors d’un entretien en octobre 2020, a notamment conclu à un trait de caractère compulsif dans la personnalité d’Eli Aboubacar, qui pourrait expliquer en partie l’acharnement de violence dont il a fait preuve à l’encontre de la victime, qu’il a frappée à plusieurs reprises à la tête avec un parpaing de 18,7 kilos. Une compulsivité qui se retrouve dans sa consommation d’alcool. « Quand il commence, il n’arrive pas à s’arrêter », a déclaré l’expert psychiatre. Ce dernier a parlé d’ivresse pathologique, une ivresse qui transporte le prévenu dans un état de fureur. Néanmoins, il avait bien conscience de ses actes au moment de les commettre et ne souffre d’aucune maladie psychiatrique.

« Ce n’est pas la faute de Dieu »

Le psychologue a quant à lui soulevé que l’accusé, de nationalité comorienne, n’aurait pas supporté le rapport de domination induit par les propos que la victime lui aurait proférés. En effet, l’accusé, âgé de 18 ans au moment des faits, a soutenu que Moussa Marssel, un homme de 59 ans qui habitait Chiconi, lui aurait refusé sa bière en lui disant que tous les Comoriens étaient des voleurs. Seulement, Eli Aboubacar a nuancé sa version des faits à plusieurs reprises sur les événements de la nuit du 15 au 16 juin 2020. Si le mobile du crime reste flou, il a reconnu lors de son procès, à travers son traducteur, avoir tué Moussa Marssel gratuitement : « Il ne m’a rien fait ».

Les deux experts ont aussi noté que, bien que l’accusé ait reconnu les faits et exprimé des regrets, ce dernier semble ressentir plus de culpabilité vis-à-vis de Dieu qu’il ne ressent d’empathie vis-à-vis de sa victime. Eli Aboubacar avance d’ailleurs que s’il a fait ce qu’il a fait, c’est parce que Dieu en a voulu ainsi. Un discours qui ne passe pas pour l’avocat des parties civiles, maître Abdel-Lattuf Ibrahim. « Ce n’est pas la faute de Dieu, c’est la faute d’Eli Aboubacar », martèle-t-il lors de sa plaidoirie. Il a également insisté sur l’intention meurtrière et le changement constant de version des faits de l’accusé.

« Il n’a laissé aucune chance à la victime »

L’avocate générale, Louisa Aït Hamou, a souligné, lors de ses réquisitions, que malgré trois années et un premier procès passé depuis la mort de Moussa Marssel, l’accusé continue d’utiliser les mots « accident » et « action que j’ai faite », tout en se cachant derrière Dieu. Elle insiste également sur le fait que le prévenu ne reconnait pas son problème d’alcool et affirme qu’il pourrait recommencer dans la même situation. L’absence de témoins oculaires comme auditifs de l’agression, ainsi que l’absence de traces de défense constatée par l’autopsie lui font conclure que Moussa Marssel a été attaqué par surprise, après avoir été suivi jusqu’à proximité de chez lui depuis le bar où il se trouvait plus tôt par l’accusé, qui voulait lui prendre son alcool. « Il n’a laissé aucune chance à la victime », insiste l’avocate générale en ajoutant le terme de « massacre », mot utilisé par l’accusé lui-même. Pour ces faits, lavocate générale a requis vingt ans de prison, une interdiction définitive du territoire français et de porter une arme pendant quinze ans.

« Les faits sont graves, très graves », a affirmé lavocat de la défense, maître Fathi Rahmani, pour commencer sa plaidoirie. Mais il a souhaité rappeler que son client n’était pas connu de la justice avant cela, ne faisait pas partie d’une bande et s’était rendu puis avait collaboré avec les enquêteurs. « Il n’a pas cherché à se dérober ». Pour expliquer la version des faits changeante, l’avocat a avancé l’état d’ivresse du prévenu. Enfin, il a défendu l’idée que son client n’avait pas l’intention de donner la mort et ne savait pas que la victime était morte au moment où il l’a laissée. Pour étayer cette hypothèse, il a cité les coups post-mortem et le fait qu’Eli Aboubacar ait pris le téléphone de la victime avant de rentrer chez lui et de dormir, au lieu de tenter de fuir directement pour les Comores, chose qu’il a essayée après, avant de finalement se rendre au bout de cinq jours. Il a ainsi demandé que les faits soient requalifiés en « coups et blessures ayant entrainé la mort sans intention de la donner ».

Une demande qui n’a pas été entendue. Après un peu moins de trois heures de délibéré, le jury a condamné Eli Aboubacar à vingt ans de réclusion criminelle pour homicide volontaire.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1086

Le journal des jeunes

À la Une

Wuambushu 2 : « Ça bouscule les quartiers, parce qu’on va chercher les gens »

Quelques maires et conseillers départementaux de Mayotte ont pu rencontrer François Xavier Bieuville, ce vendredi, en fin de matinée, dans l’hémicycle Bamana du conseil...

Le corps d’un jeune homme retrouvé avec « une plaie au cou » à Tsingoni ce vendredi

Ce vendredi matin, le cadavre d'un jeune homme d'une vingtaine d'années a été découvert à Tsingoni, par la police municipale, sur la voirie. Il...

Migrants à Cavani : « Ça prendra du temps, il faut le reconnaître », estime François-Xavier Bieuville

Après l’opération de recensement de ce mercredi, une autre de nettoyage est intervenue, ce vendredi matin, devant le stade de Cavani, boulevard Marcel-Henry, à...

Trois cas autochtones de choléra confirmés à Koungou

Depuis lundi, trois cas de choléra dits « autochtones » ont été confirmés dans la commune de Koungou. Un homme, une femme et un bébé, qui...

Les migrants de Cavani chassés de la rue

Depuis les environs de 9 heures, ce vendredi 26 avril, un important dispositif de gendarmes et de policiers bloque l’accès au boulevard Marcel-Henry, devant...