Crise de l’eau : Peut-on éviter des coupures d’eau plus importantes ?

Va-t-on vers un calendrier plus restrictif de l’alimentation en eau potable à Mayotte pour le mois de novembre ? Le système des coupures de 54 heures montre ses limites avec 25.500 mètres cubes d’eau utilisés quotidiennement alors qu’il ne faudrait pas dépasser les 22.000 m3 journaliers.

C’est un chiffre qui était particulièrement attendu au regard des derniers changements de rythmes. La préfecture de Mayotte annonce dans son « Cons’eau » hebdomadaire que la consommation est de 25.500m3 pour ce lundi. On le sait, l’île connaît une crise hydrique particulièrement grave. Celle-ci a deux raisons déjà bien connues, une sécheresse particulièrement longue et un manque d’infrastructures pour produire de l’eau potable. Deux problèmes qui se rejoignent et confrontent le territoire mahorais à une dure réalité, préserver un maximum la ressource, quitte à couper le robinet plusieurs fois par semaine. Afin de rationaliser l’utilisation des retenues collinaires, voilà presque un an que le territoire vit au rythme des coupures.

Le comité de suivi de la ressource en eau (CSRE) s’est d’ailleurs fixé un objectif à mesure que la crise s’aggrave, atteindre une consommation de 22.000m3 par jour, alors qu’habituellement, elle est de 43.000m3. Depuis le passage aux 48 heures (d’abord en Grande-Terre), le 4 septembre, il y a bien eu une baisse de consommation. Elle a oscillé autour des 27.000 ou 28.000m3 par jour. Le 11 octobre, les interruptions ont été rallongées avec un retour de l’eau entre 10h et midi, tandis que les coupures interviennent maintenant entre 16h et 18h. Petite-Terre, abonnée jusqu’ici aux coupures nocturnes, est passée au même rythme que sa voisine, le 16 octobre. Résultat, des progrès enregistrés avec une moyenne de 1.600m3 gagnés par jour, soit les 25.500m3 annoncés pour ce lundi.

Quel calendrier ?

Chez nos confrères de Mayotte la 1ère, le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousséni, disait espérer « qu’il n’y aura pas une coupure totale ». En réalité, la production d’eau potable ne dépend pas que des retenues collinaires de Combani (dont le niveau est descendu à 11,1% de ses capacités) ou Dzoumogné (6,5%). Elle repose aussi sur le captage des rivières, les forages et la production encore insuffisante de l’usine de dessalement de Petite-Terre. Les travaux réalisés (nouveaux forages ou captages, recherches de fuites, hausse de la production de l’usine de Pamandzi à 4.700m3 par jour, l’interconnexion Grande-Terre/Petite-Terre) sous la pression du ministre Philippe Vigier doivent en même temps augmenter la production et réduire les fuites sur un réseau fragilisé par les coupures. Toutefois, ils se font petit à petit et l’objectif fixé par le préfet Thierry Suquet de « 20.000m3 par jour » en novembre paraît toujours compliqué à atteindre.

De fait, continuer concilier consommation actuelle et production attendue semble peu probable, surtout avec une saison des pluies qui n’est pas encore là (celle-ci pourrait augmenter le débit des rivières où l’eau est captée). Mayotte risque d’être soumise à un nouveau tour de vis. Est-ce que ce sera pour la rentrée attendue ce lundi prochain ? Et surtout quel rythme de coupures pourrait être adopté sachant qu’une alimentation réduite à 30 heures par semaine (3×10 ? 2×15 ?) avait été rapidement évoqué au CSRE du 27 septembre ?

La réponse pourrait être donnée les jours à venir. Mais si le ministre chargé des Outre-mer avait promis un mois d’octobre « compliqué », le mois de novembre devrait l’être encore plus.

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