Violences à La Réunion : des Mahorais ont peur de l’amalgame

Les communes réunionnaises de Saint-André, Saint-Denis et Saint-Benoît connaissent une flambée de violences depuis quelques mois. Elles sont le fait de bandes de jeunes semant la terreur à la tombée de la nuit. Regroupant plusieurs membres de la communauté mahoraise vivant sur place, le collectif Ré-MaA (Résistance Réunion/Mayotte en action) regrette une stigmatisation.

Le problème est simple pour la communauté mahoraise vivant sur l’île plantée au cœur de l’océan Indien. À chaque nouveau fait divers, la population locale la pointe du doigt en désignant les « Mahorais » comme les fauteurs de trouble. Un sentiment qui s’est développé ces derniers mois, au fur et à mesure que des groupes de jeunes s’en sont pris aux habitants de communes du nord et de l’est de l’île. Ces derniers jours, celles-ci ont été même plus de plus violentes. Saint-Benoît, une commune de l’est, a connu dimanche soir sa cinquième nuit de violences consécutive.

« Chaque soir, il y a des agressions gratuites, des incivilités », raconte Abdou-Roihmane Zoubert, secrétaire général du collectif Ré-MaA (Résistance Réunion/Mayotte en action). « Ce week-end, ils ont frappé un vieil homme de plus de 70 ans et l’ont laissé pour mort. » S’il ne nie pas la présence de Mahorais, il défend l’idée qu’il y ait aussi « des Malgaches et des Comoriens », mais que les Réunionnais ne font pas la différence. Avec le collectif, il appelle l’État « à mettre hors d’état de nuire les auteurs des violences ». « Nous rappelons aussi que la communauté mahoraise n’a pas à être stigmatisée comme toujours de ces actes commis par des malfrats récidivistes », s’inquiète le collectif dans un communiqué.

Des élus locaux dépassés par la situation

À nos confrères de Réunion 1ère, ce lundi, le maire de Saint-Benoît Patrice Selly avouait son impuissance face à cette situation, alors que La Réunion connaît pourtant un couvre-feu en lien avec l’état d’urgence sanitaire. « Bras Fusil est un quartier qui a été communautarisé avec des difficultés d’intégration, des modèles sociaux et familiaux différents, et une démission totale des parents, pour certaines familles », regrette-il. « Ces jeunes et ces parents font du mal à notre ville, à leur propre communauté et à notre vivre ensemble. » Évoquant d’abord un tabou, il a ensuite parlé des « communautés mahoraise et comorienne ». Afin de lutter contre l’insécurité, il a demandé hier le renfort de gendarmes et la possibilité de prononcer des interdictions de territoire contre les personnes interpellées. De son côté, le Ré-MaA a proposé également son aide et doit rencontrer les autorités de l’île. « Nous devons trouver une solution », dit Abdou-Roihmane Zoubert en gardant espoir.

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