Ballons, coffres et porc-épics : ils sont gonflés, ces poissons

Parmi les poissons familiers des baigneurs, le groupe qui comporte les poissons-ballons, poissons-coffres et poissons-porc-épics est l’un des plus faciles à identifier. Mais pourquoi ces gros poissons se sont-ils tant écartés de la silhouette fuselée de leurs congénères ? 

Des poissons particulièrement faciles à observer sur les plages tropicales sont les poissons-ballons ou « tétrodons », nom qui regroupe les différentes espèces de la famille des  Tetraodontidae, notamment ceux du genre Arothron (6 espèces à Mayotte). On reconnaît ces poissons à leur corps flasque en forme de grosse poche arrondie, leur museau légèrement protubérant sous les deux gros yeux globuleux, leur queue robuste et allongée, et leurs petites nageoires presque rondes, qui leur servent à nager d’une manière lente mais assez précise dans les reliefs. Ces poissons massifs mesurent en moyenne une quarantaine de centimètres de long, mais le plus gros, le poisson-ballon étoilé (Arothron stellatus) peut atteindre 1m20 ! Comme souvent les poissons lents, ils ne chassent pas d’autres poissons mais plutôt des proies peu mobiles : leur bouche contient des dents très épaisses, faites pour broyer les carapaces (crustacés, échinodermes…) ou les algues calcaires et animaux fixes. 

Ces poissons sont célèbres pour leur mécanisme de défense : quand ils se sentent menacés et sont dans l’incapacité de fuir, ils aspirent d’un coup plusieurs litres d’eau pour se transformer en un énorme ballon parfaitement sphérique. Presque aucun prédateur n’a une bouche assez large pour engloutir une telle chose, et la peau bien tendue des tétrodons est trop dure pour être mordue. Cette capacité est certes spectaculaire, mais pas sans risque pour l’animal, qui souffre beaucoup pendant qu’il est dans cet état : il vaut mieux éviter de le provoquer intentionnellement. 

Les tétrodons sécrètent également un poison appelé tétrodotoxine, qui les rend toxiques pour la plupart des prédateurs. Ce qui ne dissuade pas certains peuples asiatiques comme les Japonais, puisque le fameux « fugu » fait partie de cette famille, et provoque chaque année des dizaines d’empoisonnements alimentaires malgré le travail chirurgical des poissonniers spécialisés… Mais c’est aussi pour cela que ces poissons sont si sympathiques : ils savent qu’ils n’ont pas grand-chose à craindre des humains – si ce n’est de se faire poursuivre par un hurluberlu palmé qui voudrait les voir gonfler. 

La famille des tétrodons regroupe aussi les canthigasters (8 espèces à Mayotte), eux aussi très communs à faible profondeur. Leur forme est semblable, mais ils sont plus petits, leur museau est plus prononcé et leurs yeux encore plus gros : ceux-ci sont parfois d’un magnifique vert émeraude (notamment chez Canthigaster valentini), et le corps est souvent très coloré. Ils sont également capables de gonfler (seulement leur ventre), mais ils comptent surtout sur leurs toxines pour se protéger, ce qui en fait des modèles particulièrement dociles pour les photographes sous-marins. Plusieurs poissons d’autres familles s’efforcent de leur ressembler pour dissuader les prédateurs !

On connaît aussi les poissons-porc-épics ou diodons (famille des Diodontidés, 4 espèces à Mayotte), qui ont une forme et un comportement similaires, mais sont en plus hérissés d’épines acérées ! Ceux-là ont une mâchoire plus puissante (presque comme les balistes et perroquets), qui leur dessine comme un grand sourire béat de face, et ils sont de mœurs plus nocturnes. 


→ Un poisson-coffre pintade (Ostracion meleagris) mâle.

Troisième famille de ce groupe, les Ostracidés, ou « poissons-coffres » (5 espèces à Mayotte). La silhouette de ces derniers est assez proche des précédents, mais nettement plus anguleuse, dessinant une forme de boîte, d’où ils tirent leur nom. Incapables de se gonfler par leur petite bouche allongée, ils comptent pour se défendre sur leur squelette : en effet, leur corps est structuré sous la peau par un emboîtement de plaques osseuses très dures, formant comme une carapace d’oursin, ce qui les rend invulnérables à la plupart des dents de la mer. Et comme on n’est jamais trop prudent, ils peuvent également sécréter par la peau un puissant poison appelé ostracitoxine, capables de foudroyer les poissons des alentours (pas d’aquarium pour eux !). Ils signalent ce danger par une robe vivement colorée et ponctuée, qui fait le bonheur des baigneurs. Parmi eux, on compte le « poisson-vache » (Lactoria cornuta), pourvu de longues cornes sur le front et de part et d’autre de la queue, un poisson magnifique mais assez rare et principalement nocturne. 

Alors si vous voulez jouer au ballon, faites-le plutôt sur la plage ; mais si vous voulez vous émerveiller de ces étonnants poissons, c’est dans l’eau que ça se passe !

 

Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1109

Le journal des jeunes

À la Une