Plusieurs réunions de négociations se sont déroulées entre la préfecture et les trois principaux distributeurs, à savoir Bourbon Distribution Mayotte, Sodifram et Somaco au mois de juin, afin de trouver un accord pour le nouveau Bouclier qualité prix à Mayotte. Ce dispositif visant à lutter contre la vie chère à Mayotte contient un panier principal de 75 produits de qualité dit « BQP SUPER’75 » qui concerne les supermarchés.
Le prix global maximal, contrôlé par l’État, est maintenu à 200 euros pour ce panier. Il contient également un panier de 20 produits dit « BQP Proximité » qui concerne les commerces de proximité, et qui est constitué de produits de grande consommation. Le prix maximal est maintenu à 50 euros. Enfin, un panier de 59 produits dont le prix global reste à 149 euros est compris dans ce bouclier également et concerne uniquement trois magasins de Somaco.
Le maintien du panier à un prix constant a été permis notamment grâce à la reconduction de la baisse de l’octroi de mer de la part du Conseil départemental de Mayotte sur onze produits de grande consommations comme le riz parfumé, les ailes de poulet, les tomates pelées, les sardine à l’huile, l’eau plate, la viande de bœuf ou encore le lait demi-écrémé. Désormais, 58 magasins appliquent ce dispositif contre 53 en 2023 et 22 en 2022. Les différentes listes des produits BQP 2024 et les différents magasins intégrés au dispositif sont à retrouver ici : https://tinyurl.com/3zhkmwpp
Depuis février, l’Union des Comores est frappée par le choléra, qui a touché plus de 10.000 personnes.
Alors que le taux global de la vaccination contre le choléra est de 59% dans l’Union des Comores, l’épidémie semble aller decrescendo, notamment à Anjouan, qui détient un nombre élevé de décès liés à la maladie. En effet, les services de santé enregistrent moins de victimes, sans pour autant crier victoire trop rapidement.
L’information relatée ce week-end par le quotidien du service public Al-watwan n’est pas passée inaperçue. Après cinq mois d’épidémie, meurtrière, l’île d’Anjouan n’a enregistré aucun nouveau cas de choléra ce samedi 20 juillet. Ce seul fait montre à lui seul que l’archipel des Comores maîtrise progressivement l’épidémie importée de la Tanzanie, depuis le 2 février, après l’entrée au port de Moroni d’un bateau à bord duquel certains occupants présentaient déjà les symptômes. Très vite, elle s’est propagée sur l’ensemble du territoire.
Bien qu’elle soit la dernière à être touchée, Anjouan, a été frappée de plein fouet, enchaînant explosion de cas et de victimes. Mais selon un bulletin sanitaire du ministère de la santé, le pays n’a pas connu de décès ces dernières semaines. Du 2 au 11 juillet, seules deux victimes ont été répertoriées. Durant la même période, les centres de traitement n’ont pas connu un flux de malades. Une tendance qui s’est poursuivie jusqu’à hier, lundi, a fait remarquer le directeur régional de la santé au niveau d’Anjouan, le docteur Ansouffouddine Mohamed. « Ça fait près d’un mois que nous avons moins de dix cas par jour. Samedi on en a eu aucun. Les jours suivants, les nouveaux cas oscillent entre un et deux« , déclare, satisfait, le directeur régional de la santé, dans un entretien accordé à Flash Infos, ce 22 juillet.
Décentralisation de la prise en charge
À l’en croire, il y a déjà des localités, déclarées zone blanche du choléra depuis vingt jours, citant le cas de Tsembehou. En ce qui concerne les raisons de ce renversement de la courbe, notre interlocuteur en a énuméré quelques-unes. « Je pense que la décentralisation de la prise en charge y a contribué. On en avait quatre au total. Mais entre-temps, nous avions ouvert d’autres points de réhydratation orale. À Mutsamudu, par exemple, la population pouvait en trouver quatre. Ces petits centres ont permis de désengorger les plus gros sites. Si le malade venait avec un état moins grave, il pouvait y passer moins de 24 heures et repartir« , poursuit le docteur Ansouffouddine Mohamed.
Le médecin, qui coordonne la riposte du choléra à Anjouan, explique également que l’épidémie régresse parce que les équipes médicales ont mis en place un dispositif de suivi des ménages. « Dès qu’un cas est détecté, la décontamination se poursuit dans le voisinage. À cela s’ajoute la vaccination« , précise le cardiologue qui a noté que sur les 10.288 cas cumulés (bulletin du 11 juillet), Anjouan en comptait près de 9.000 dont 126 décès. Raison pour laquelle elle fut la première à lancer la campagne de vaccination. Aujourd’hui, 80.000 Anjouanais (80% de la population de l’île) ont pris la dose qui assure une immunité durant une année. À la Grande Comore, le taux est de 40% contre 71% à Moheli. Sur le plan national, le nombre de vaccinés est estimé à 59% de la population, à un moment où l’on a besoin de 93% pour atteindre l’immunité collective.
Maintien des pratiques d’hygiène
Le directeur régional de la santé estime aussi que la maladie a pu être vaincue à Anjouan, en dépit des réticences, car les associations locales, ou encore les agents de santé communautaire, ont favorisé la collaboration entre la population et les équipes médicales. « Leterrain a été préparé en amont par les jeunes, les associations féminines, les scouts et les volontaires de la Croix Rouge. L’appropriation de la lutte par la communauté a fortement contribué« , affirme le docteur Ansouffouddine, qui a annoncé le début de la levée des points de réhydratation orale. Preuve selon lui que la situation n’est plus alarmante. « Les gens se présentent très tôt dans les centres. Toutefois, il faut maintenir les bonnes pratiques« , recommande-t-il fortement.
Sous forme d’alerte, le médecin, évoquant les expériences des derniers épisodes de choléra, appelle à ne pas crier victoire aussi vite en pensant que le danger est derrière. « Il est important de maintenir les bonnes pratiques mises en place comme le lavage des mains. Car les facteurs sous-jacents, à l’instar du problème d’accès à l’eau, sont toujours là et peuvent faire le nid d’un retour du choléra« , prévient-il.
Le directeur régional de la santé souligne que si ce rythme de deux cas sporadiques continue jusqu’à la prochaine saison des pluies, les Comores risquent de faire face à une flambée, car après huit mois, l’immunité diminue dans l’organisme. « Donc dans l’intérêt des îles, même Mayotte, il faut encourager la vaccination pour atteindre l’immunité collective, car sans cela tout le monde est exposé surtout en raison de la circulation des personnes au niveau de l’archipel« , conseille, le directeur régional de la santé qui a tenu à remercier tous les partenaires qui ont aidé le pays à faire face au choléra. « Certes Médecins sans frontières, l’Unicef, l’Oms, étaient tous là, mais nous ne pourrons oublier les efforts consentis par l’Etat comorien qui a beaucoup apporté « , insiste-t-il. L’Union Européenne et la France ont apporté une enveloppe de 500.000 euros, remis à l’Unicef. L’Organisation mondiale de la santé, à travers l’alliance Gavi, a quant à elle débloqué deux millions de dollars (1,86 million d’euros) pour l’achat du vaccin.
Kiladati Issouf Ali et Djoussouf Sajid sont bénévoles dans l’association M’somo, qui propose un accompagnement universitaire personnalisé aux jeunes Mahorais. Elle compte des bénévoles dans tout l’Hexagone et à La Réunion.
Le Forum de la mobilité étudiante continue de sillonner les villages de Mayotte pour donner des conseils aux néo-bacheliers et lycéens. À côté des conseils pratiques concernant la bourse et le logement, des associations sont présentes pour proposer un soutien psychologique aux nouveaux étudiants, alors qu’en métropole, l’isolement et la solitude sont les fléaux des jeunes mahorais.
“Nous sommes là pour vous, même à 4.000 km vous pouvez nous appeler, même si vous n‘êtes pas à Lille mais dans une autre région. Il y a toute une équipe qui est présente. Je vous donne mon numéro si vous avez besoin”, insiste Antoissi Mdallah-Mari, vice-président de l’Association des Mahorais de la métropole lilloise (AMML). Il s’adresse à un groupe de jeunes filles venues au “Forum de la mobilité étudiante” qui a pris ses quartiers à Bandrélé, ce jeudi 18 juillet.
Antoissi Mdallah-Mari est le vice-président de l’Association des Mahorais de la métropole lilloise, il renseigne les étudiants qui peuvent être confrontés à la solitude et à l’isolement en arrivant dans l’Hexagone. À gauche, Houraya Saïd, un ancienne bénévole de l’association.
“C’est bien de savoir qu’il existe des associations de ce type, ça va nous permettre de sociabiliser, parce que j’ai peur de me sentir seule là-bas dans une ville que je ne connais pas”, confie Haoi Ahamadi. Titulaire du bac cette année, elle commence à la rentrée des études de techniques de commercialisation à Paris. À ses côtés, Assiati Mohamed Ahmed appréhende aussi quelque peu la vie en métropole. “J’y suis déjà allée pendant les vacances, mais ce n’est pas la même chose de vivre là-bas au quotidien. Ici tout le monde se dit bonjour, là-bas il y a plus de distance entre les gens.”
“Le suicide, c’est devenu notre hantise”
L’adaptation à la métropole peut être difficile voire douloureuse pour les étudiants mahorais, ainsi Antoissi Mdallah-Mari veut faire connaître l’AMML et les services proposés. “Des choses qui sont simples pour les métropolitains comme prendre le train, le bus peuvent être difficiles pour les Mahorais qui n’y sont pas habitués. À côté de cela, il est difficile de réussir sa première année. Pendant qu’on cherche à s’adapter, les cours ont commencé et on accumule du retard. Ce qui peut générer l’isolement des jeunes”, décrit-il. S’il exhorte autant les jeunes à le contacter, c’est qu’au cours des dernières années, plusieurs étudiants mahorais sont décédés en métropole dans un contexte de solitude. “Le suicide, c’est devenu notre hantise”, commente le vice-président de l’association qui étudie la biologie.
“Se sentir bien va de pair avec la réussite scolaire”
Alors que le taux d’échec des Mahorais en première année d’études supérieures est important, l’association M’somo propose un accompagnement universitaire personnalisé. “Si besoin, nous apportons des conseils pour la méthodologie de travail, l’organisation”, explique Kiladati Issouf Ali, bénévole et ancienne étudiante en droit. “Souvent, des étudiants nous appellent après les résultats du premier semestre, les notes ne sont pas satisfaisantes et ils n’osent pas le dire à leurs parents”, indique-t-elle.
Assiati Mohamed Ahmed et Haoi Ahamadi sont venues s’informer auprès de l’Association des Mahorais de la métropole lilloise au forum de la mobilité qui s’est tenu à Bandrélé jeudi 18 juillet. En septembre, elles vont toutes les deux étudier en métropole.
L’association qui compte des bénévoles dans toutes les grandes villes de l’Hexagone ainsi qu’à La Réunion offre en parallèle un soutien psychologique et moral. “Se sentir bien dans sa peau va de pair avec la réussite scolaire, tout comme accéder à un logement ou aux bourses”, estime-t-elle.
Cet accompagnement des jeunes passe aussi par des moments festifs notamment au sein des associations d’étudiants mahorais. “À l’université de Lille, il existe une journée spéciale de fête pour promouvoir sa culture, alors pensez à ramener vos salouvas les filles”, sourit Antoissi Mdallah-Mari.
Le forum continue jusqu’en août
Organisé par l’association Emanciper Mayotte, le forum de la mobilité continue à sillonner les villages de l’île pour donner des outils et conseils pratiques aux néo-bacheliers et aux lycéens. Ce mercredi 24 juillet il se déroulera à Bandraboua, à l’école élémentaire de Dzoumogné, le 26 juillet à Chiconi, sur la place Cicotram, le 27 juillet à Acoua, sur la place de la mairie, le 31 juillet à Koungou, à l’école Koropa 1 à Majicavo et il s’achèvera le 2 août à Ouangani, le lieu n’est pas encore défini.
Contact : 02 69 66 63 07 et contact@emancipermayotte.org
Sitti Salim, 37 ans, aspire à devenir animatrice. Elle qui restait auparavant à la maison sans pouvoir travailler se sent “chanceuse” de faire partie de ce programme.
Depuis mai 2023, l’association Mlezi Maore emploie des personnes sur le parc agricole de Kawéni pour, à terme, les insérer professionnellement. Ce dispositif permet aux bénéficiaires, souvent d’origine étrangère, de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. À l’issue du contrat d’insertion, l’objectif est qu’ils rejoignent la formation ou métier de leurs souhaits.
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Ce lundi 22 juillet, l’équipe en insertion professionnelle installe des bambous sur la parcelle du parc agricole pour retenir l’eau et limiter l’érosion.
Camille Charlet (à gauche) et Sitti Salim. Le premier est encadrant technique d’insertion, il forme les bénéficiaires à l’agriculture.
Toiyiline Tarmidhi Madi, Comorien de 33 ans espère être embauché à Mayotte Pépinière à l’issue du contrat d’insertion.
Dans les collines sur les hauteurs du village de Kawéni, dans la commune de Mamoudzou, une équipe s’active dans le parc agricole, situé proche des cases en tôles. “Aujourd’hui, on installe des bambous pour retenir l’eau et limiter l’érosion”, explique Ahamadi Saïd, aide encadrant sur le parc agricole de Kawéni. Dans les parterres de la parcelle sont cultivés des légumes : salades, aubergines, piments etc. Ce lundi 22 juillet, six salariés y travaillent, ils sont en insertion professionnelle, embauchés par l’association Mlezi Maore.
Ils cultivent des terres acquises par la mairie de Mamoudzou en 2020 à l’entreprise Cananga. “Après un appel d’offres, la municipalité a mis à disposition une partie des 12 hectares de surface aux associations Mlezi Maore et Nayma pour une durée de 20 ans”, rembobine Moussa Ahamat, coordinateur du projet du parc agricole pour l’association.
Treize personnes en insertion
Depuis mai 2023, l’organisme y emploie treize personnes en insertion pour une durée de quatre à vingt-quatre mois. “Les salariés travaillent vingt-six heures par semaine. Ici sont enseignés les codes du travail. Trois jours sont réservés au travail dans le parc agricole, un autre est consacré aux démarches de recherche d’emploi, déposer des CV par exemple, et enfin un autre est dédié à la formation dans le domaine qui les intéresse ”, décrit Camille Charlet, encadrant technique d’insertion qui forme les bénéficiaires à l’agriculture. Le programme est uniquement destiné aux habitants de Kawéni.
Ces derniers sont essentiellement des immigrés, tous en possession d’un titre de séjour. “Avec ce document à renouveler chaque année, la plupart enchaîne donc les petits boulots, il est difficile de trouver un emploi stable”, observe l’encadrant technique d’insertion. Pour trouver un travail, une partie des bénéficiaires sont confrontés à la barrière de la langue et pour une partie à l’analphabétisme.
Sitti Salim, 37 ans, est accompagnée par le programme depuis un an. Auparavant, elle passait l’essentiel de son temps à la maison à s’occuper de ses trois enfants. Comorienne, il lui était compliqué d’être embauchée. “J’ai beaucoup galéré mais aujourd’hui, je me lève tous les matins pour travailler ici et ça me fait plaisir”, se réjouit-elle. “Mon but est de devenir animatrice Bafa, l’association m’a accompagnée pour réfléchir à mon projet professionnel”. Elle est reconnaissante envers Mlezi Maore qui lui a donné confiance en elle. “Cette formation professionnelle nous montre que nous aussi on a le droit de s’insérer dans la société”. L’habitante de Kawéni se sent “chanceuse” de participer à ce dispositif.
“Le début d’une nouvelle vie”
Pour Toiyiline Tarmidhi Madi, Comorien de 33 ans, ce contrat d’insertion est aussi une chance, à l’issue de l’accompagnement avec Mlezi Maore, lui qui affectionne “le travail de la terre”, espère être embauché à Mayotte Pépinière. Son expérience actuelle est selon lui “le début d’une nouvelle vie. Grâce à cet emploi, je peux payer l’électricité, le loyer et faire manger ma famille” se satisfait-il.
Ahamadi Saïd, 46 ans, actuellement aide encadrant aspire à devenir encadrant technique au sein de Mlezi Maore. Son emploi actuel est sécurisant pour lui. “Jusqu’à là, j’étais employé qu’avec des petits contrats, si mon titre de séjour mettait un peu de temps à être renouvelé, j’étais licencié”, raconte-t-il. Pour cette raison, il a été licencié au moment du Covid-19.
Un programme qui vise aussi à développer la production du parc
En plus de favoriser l’insertion professionnelle, ce projet autour du parc agricole à des visées environnementales. “Les deux objectifs principaux sont la lutte contre l’érosion et la restauration de la fertilité des sols pour développer le caractère productif du site”, indique Camille Charlet, encadrant technique d’insertion en charge du parc agricole à Mlezi Maore. Pendant des années, ces parcelles étaient cultivées en monoculture de manioc ou de banane; des cultures qui ont appauvri le sol.
En parallèle du volet agriculture, sur le site du parc, l’association Nayma accompagne 21 salariés en insertion spécialisés dans le ramassage de déchets. Dans le parc, 55 tonnes de déchets ont été ramassées depuis le début du 2023.
L'ARS n'a détecté qu'un nouveau cas par rapport à la semaine dernière.
Le bulletin d’information hebdomadaire relatif au choléra de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte fait état de 220 cas depuis le 18 mars, dont aucun actif actuellement sur le territoire. Cela fait seulement un cas de plus comparé au dernier bulletin publié le 15 juillet. On enregistre toujours deux décès depuis l’arrivée de la maladie sur l’île. 1.112 personnes ont été traitées et 16.255 ont été vaccinées. En cas de symptômes (diarrhées, vomissements), il est rappelé de s’isoler, de s’hydrater, et d’appeler le 15.
Daroussi Ahamadi, au centre, a évoqué des travaux menés par l’Assemblée lorsqu’il était président. À gauche, Rocher Ramchetty, président du CCEE La Réunion et à droite Bibi Chanfi, vice-présidente du Conseil départemental.
Né le 16 juillet 2004, le Conseil de la Culture de l’Education et de l’Environnement de Mayotte (CCEEM) a fêté ses 20 ans ce mardi. À cette occasion, une conférence était organisée à l’hémicycle Younoussa Bamana pour tirer un bilan et évoquer ses chantiers à venir.
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À gauche, Madi Vita est le président du CCEE Mayotte depuis 2013, à sa droite Naïlane-Attoumane Attibou, le directeur de l’institution.
Son rôle
Le Conseil de la Culture de l’Education et de l’Environnement de Mayotte (CCEEM) est la deuxième assemblée du département-région de Mayotte avec le Conseil économique, social et environnemental de Mayotte (Cesem). Il a une fonction consultative auprès du Conseil départemental. Il émet des avis sur saisine du Président du Conseil départemental ou sur auto-saisine dans ses domaines de compétences à savoir, la culture, l’éducation et l’environnement. « Le conseil mène un travail en silence, pas un travail médiatique comme les élus », présente Daroussi Ahamadi, ancien président de l’instance entre 2008 et 2011. « Le CCEEM accompagne, conseille mais surtout il apporte la vision de la société civile sur les politiques à mettre en place », précise Ben Issa Ousseni, le président du Conseil Départemental de Mayotte.
Des chantiers marquants du CCEEM
Daroussi Ahamadi est revenu sur des avis marquants de l’assemblée. Par exemple, concernant la départementalisation de Mayotte. « Le CCEEM n’a pas souhaité émettre un avis favorable ou défavorable. Nous avons d’abord demandé que ce processus de départementalisation réponde au développement de Mayotte », se souvient-il. Pendant son mandat, a aussi été porté la volonté de « créer un centre universitaire grâce aux conseils du CCEE de La Réunion ».
L’ancien président a évoqué le Conservatoire national des arts et des métiers (CNAM) de Mayotte. « À un moment il risquait une fermeture, nous nous sommes auto saisis pour que cet organisme reste ouvert. Aujourd’hui, le CNAM est existant et propose une palette de formations », se félicite-t-il.
Plus récemment, un travail du CCEEM a été mené avec le Conseil départemental pour la reconnaissance de deux langues mahoraises : le shimaoré et le kibushi comme faisant partie du patrimoine de France. « À la suite de ce partenariat, nous avons été fiers d’apprendre l’adoption ultérieure de la loi Molac en 2021 », se réjouit Bibi Chanfi, vice-présidente du Conseil départemental en charge du développement économique. Cette loi vise à protéger et promouvoir les langues régionales.
Ses perspectives d’avenir
Pour son mandat 2024-2027, dans le domaine de la culture, son fil conducteur est de « préserver l’identité culturelle ». L’assemblée veut par exemple « inciter à des travaux de recherche scientifique sur la culture mahoraise, son fonctionnement, ses codes, ses pratiques ».
Pour la réussite éducative, ses membres entendent « promouvoir les initiatives d’éducation populaire », mais aussi « donner une autre vision de la réussite par les voies alternatives à l’école dans les parcours professionnels et professionnalisants ».
Sur les questions environnementales, le CCEEM souhaite notamment « intégrer les risques naturels liés à l’environnement dans le développement durable du territoire » ainsi qu’ « encourager les investissements massifs sur les énergies renouvelables pour optimiser l’efficacité énergétique du territoire ».
De son côté, Ben Issa Ousseni « aimerait que le CCEEM puisse s’auto-saisir des dossiers importants tels que la Loi Mayotte pour trouver des solutions aux problèmes que nous connaissons. » Malgré ses 20 bougies, l’existence du CCEEM est en revanche menacée selon l’ancien président : « Je parie que le projet de Loi Mayotte va prévoir la disparition du CCEEM. Mais si à l’avenir, vous vous battez, il va rester », a-t-il fait remarquer aux membres du Conseil. En Guyane et en Martinique, le CCEE a fusionné avec le Conseil économique, social et environnemental régional (CESER).
Une station d'épuration très largement sous-dimensionnée au regard des besoins réels de la ville.
D’une saison à une autre, un surnom lui est attribué par les riverains. Tantôt « canal de la honte », tantôt « canal de la pestilence », le déversoir d’eaux usées de Labattoir, revient sur toutes les lèvres des habitants du quartier Pamandzi Kéli. À l’approche de la haute saison estivale, les usagers des plages environnantes s’interrogent sur l’impact de son contenu sur les eaux de baignade.
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En saison sèche, l'écoulement des eaux usées se fait moins dense dans le canal, les flaques se transforment alors en bouillon de culture à ciel ouvert.
Des enfants insouciants s'amusent au dessus de ces eaux dangereuses pour leur santé dans l'indifférence générale.
Il n'est pas rare d'assister à un débordement du réseau de collecte d'eaux usées et nauséabondes dans les rues de Labattoir.
« Les hommes politiques peuvent être sans cœur. J’admets qu’ici à Oupi, résident plus d’étrangers que de Labattoiriens d’origine, mais quand même ! Nous restons des êtres humains et des coreligionnaires de ceux qui sont aux manettes de cette municipalité ». Le septuagénaire, qui dit se prénommer Ousséni, s’exprime avec un fort accent anjouanais. Il vient de réaliser sa troisième traversée de la journée du canal d’eaux usées qui limite le quartier de Pamandzi Kéli de la zone d’extension programmée du quartier appelé Oupi.
De l’aurore à la tombée de la nuit, il traverse plusieurs fois ce cours d’eau artificiel avant chaque appel du muezzin pour aller faire la prière dans la petite mosquée du quartier. Seulement voilà, il doit, contre son gré, tremper ses pieds et parfois mouiller son boubou dans une eau pestilentielle à la surface de laquelle se distingue bien des résidus d’excréments qui finiront dans la lagune voisine « Bahari titi » (la petite mer en Shimaoré).
« Ce n’est pas bien d’aller se prosterner devant Dieu et lui demander sa miséricorde en étant chaque fois souillé de la sorte. Ces personnes qui gouvernent cette ville ne craignent pas le créateur. Seul le pouvoir compte pour eux. Ils n’ont de la considération pour nous que lors des élections ». Et d’enchaîner sur la même lancée que les politiciens et politiciennes savent, en pareilles circonstances, se succéder dans toutes les chaumières de cet endroit délaissé de toutes politiques publiques, pour quémander le soutien direct ou indirect des résidents. « Ils se rappellent alors que nos enfants ou nos petits enfants ont le droit de vote ou qu’ils peuvent faire campagne pour eux. Ensuite, Oupi retombe dans l’oubli total, sujet à la délinquance juvénile, aux hordes de chiens errants. Les seules autorités qui nous fréquentent ici, ce sont les policiers de la PAF (Police aux frontières) et les CRS (comprendre les patrouilles de gendarmerie) dans leurs véhicules bleus qu’ils cherchent à remplir de clandestins ».
Déménager du quartier pour une meilleure santé
L’amertume exprimée par ce vieil homme est loin d’être un cas isolé dans le voisinage de ce qui convient de nommer « le canal de la honte ». En effet, les deux bords de ce cours d’eau nauséabonde sont habités par des familles excédées par l’insalubrité des lieux. Fatima, Bastoi, Assadi, et bien d’autres riverains n’ont pas de mots assez forts pour décrire les conditions de vie et d’hygiène qu’ils supportent chaque jour et depuis plusieurs années déjà.
Il convient de distinguer deux phénomènes dans cette affaire. Les eaux usées provenant de tous les coins de la ville de Labattoir drainées à cet endroit par quantité de caniveaux mais aussi, et surtout, les eaux issues de la station d’épuration positionnée au carrefour de Manga Magari, à côté du déversoir en amont. À certains moments de la journée et de l’année comme actuellement en pleine saison sèche, l’odeur dégagée par ce bouillon de culture à ciel ouvert devient insupportable pour les riverains du canal.
Les mieux lotis prennent l’avion et quittent le territoire pour respirer un air plus sain sous d’autres horizons. Ceux qui ne disposent pas des finances nécessaires à de telles pérégrinations n’ont d’autre choix que de supporter l’insupportable. À l’instar de Sandia, plusieurs mères de familles dans le voisinage font part de leur décision de déménager du quartier pour préserver leur santé et celle de leurs enfants. « Le problème c’est qu’il n’y a pas de logement disponible dans la ville, pas même dans les immeubles de la SIM à côté, à Marzoukou », se désole-t-elle, impuissante. « Au point où nous en sommes, j’envisage même de m’exiler en Grande-Terre, très loin de ce cauchemar », nous souffle Sandiya. « Sinon c’est la mort assurée qui nous attend dans un mois, lorsqu’il n’y aura aucune goutte d’eau qui coulera dans les caniveaux. Le mélange d’eaux sales et d’excréments va constituer une grosse flaque en aval et le soleil finira son œuvre de macération. Ça va devenir épouvantable, un nid à germes et épidémies assuré au final », fait-elle observer.
À chaque lâchée d’eaux usées provenant des immeubles Marzoukou en amont d’Oupi, les habitants des abords de ce canal de la pestilence voient rouge et balancent des propos peu aimables à l’adresse de la municipalité de Dzaoudzi-Labattoir. « Nous avons compris qu’ils ne feront rien pour nous et que nous ne figurons guère dans leurs préoccupations. Tout ce que nous demandons en urgence, c’est un pont métallique pour enjamber le canal et ne plus avoir à patauger dans cette eau dégueulasse. Cette demande nous la réitérons chaque année mais ils restent sourds à cette doléance, et les autorités sanitaires ne viennent pas non plus ici. Nous avons l’impression que les différents services se sont passé le mot pour fermer les yeux devant ce problème », avance Abdallah Ahmed, un autre résident du quartier Oupi.
Entre mutisme et embarras des élus locaux
Entre branches (charriés par la mer en période de marré haute) et troncs d’arbres que l’érosion des sols (sous l’effet des pluies diluviennes) fait renverser dans la zone centrale du canal, des enfants non scolarisés y trouvent un terrain de jeu idéal au dessus de ces eaux dangereuses, sous le regard indifférent des passants. Autre conséquence et non des moindres, la lagune de « Bahari titi », déversoir final de ces eaux, autrefois réputée comme un lieu de reproduction de certaines espèces marines (raies, dugongs, poissons, coquillages, oursins, crabes des palétuviers, etc…), est en contact direct et permanent avec la mer du côté de Dzaoudzi comme des Badamiers. Les plages de Four-à-Chaux, Faré et Badamiers seraient impactées. « Qui s’en soucie vraiment ? Personne ! Et surtout pas ces associations de défense de l’environnement qui ont fait stopper la construction de l’aéroport de l’autre côté à Pamandzi. Quand je pense que nos enfants s’adonnent aussi à certains sports nautiques dans les eaux de cette lagune, il y a de quoi perdre le nord dans tout ça », avance énervé Hamada Ali M, un habitant du quartier Racini qui longe « Bahari titi », juste avant Four-à-Chaux.
La gestion des eaux usées dans la commune de Dzaoudzi-Labattoir est « un serpent de mer » qui ne cesse de grandir d’année en année, au fur et à mesure que les équipes municipales se succèdent à l’Hôtel de Ville. L’extension progressive du réseau d’eaux usées dans une partie importante de la ville ne fait qu’empirer une situation déjà dramatique. Ces équipements s’avèrent sous-dimensionnés avant même qu’ils ne deviennent opérationnels. Il n’est pas rare de tomber sur des bouches de réseaux et autres regards débordants d’eaux nauséabondes. À l’heure actuelle, très peu d’usagers y ont accès alors même que la loi impose à tous les riverains du réseau de s’acquitter d’une taxe destinée à financer le traitement de ces eaux usées. Du côté des élus locaux, l’heure est au mutisme et à l’embarras, faute de disposer de moyens adéquats pour gérer ce sérieux problème de santé publique.
La réponse de l’Agence régionale de santé de Mayotte
Nous avons contacté l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte afin qu’elle puisse pour réagir sur ce phénomène d’insalubrité. Voici sa réponse. « La plage de Monaco fait l’objet d’un contrôle sanitaire régulier. Ce contrôle sanitaire, réalisé par l’ARS, permet au gestionnaire du site, à savoir la Mairie de Dzaoudzi, d’avoir des éléments objectifs quant aux mesures de gestion à mettre en œuvre pour préserver la santé des usagers.
Ce site a connu par le passé des épisodes de pollution dues à des contaminations par des déversements des matières fécales. Dans ce type de situation, l’ARS prend attache avec la mairie afin qu’un arrêté de fermeture temporaire de la baignade soit émis pour préserver les usagers. Une visite est ensuite organisée pour identifier les sources de pollution et prendre les mesures nécessaires. Enfin, une fois les mesures palliatives prises, un prélèvement de recontrôle est réalisé pour vérifier le retour de l’eau à une qualité conforme à la réglementation.
Concernant les actions mises en œuvre sur les derniers épisodes de pollution connus, je vous invite à vous rapprocher de la SMAA (société mahoraise de l’assainissement) afin d’avoir le détail des interventions réalisées.
Pour ce qui est de la situation actuelle sur ce site de baignade, les résultats du contrôle sanitaire ne révèlent pas de nouvelle pollution depuis plus de 12 mois, et les derniers prélèvements font état d’une eau de baignade de bonne qualité.
Par ailleurs, aucun signalement n’est parvenu à l’ARS signalant une quelconque pollution de l’eau sur ce site de baignade. »
Idrissa Sanda a osé franchir le Rubicon en déposant, avec son association, un recours en annulation contre l'élection d'Anchya Bamana.
Idrissa Sanda est un étudiant mahorais qui a beaucoup fait parler, et pour cause, il a introduit un recours en annulation contre l’élection d’Anchya Bamana au poste de députée de Mayotte dans la circonscription 2, en succession de Mansour Kamardine. Il se dit indigné par les pratiques en cours sur l’île en période d’élections, le manque de courage des Mahorais pour agir en vue de les stopper, particulièrement devant les instances juridiques adéquates. Il explique ses motivations dans l’entretien ci-dessous.
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Jeune étudiant en droit, Idrissa Sanda (et ses collègues) ambitionne de faire évoluer certaines mentalités dans l'île en brisant des tabous.
Trois questions à Idrissa Sanda
Flash Infos : Qu’est-ce qui vous a motivé à faire ce recours contre l’élection d’Anchya Bamana ?
Idrissa Sanda : Ce recours est né d’un sentiment profond d’indignation face à une violation flagrante de nos principes démocratiques les plus sacro-saints. Depuis mon plus jeune âge, j’ai été animé par une quête inlassable de justice et d’équité, des valeurs que j’ai défendues avec passion en tant que représentant de mes camarades au lycée de Petite-Terre. Voir la démocratie manipulée par des moyens illégitimes et des actions clandestines, telles que la propagande électorale sur TikTok la veille du scrutin, est une atteinte insoutenable à l’intégrité de notre système électoral. Le Conseil constitutionnel a déjà statué sur des cas similaires, démontrant que même de petites irrégularités peuvent compromettre l’issue d’une élection. Mon engagement ne se limite pas à contester une élection, mais à protéger le sanctuaire de notre démocratie contre toute forme de perversion. C’est un acte de résistance contre l’injustice et une affirmation de notre devoir moral de veiller à ce que chaque voix soit respectée et que chaque élection soit équitable.
F. I. : Quelles preuves êtes-vous en mesure de fournir pour prouver vos affirmations ?
I. S. : Nous avons recueilli un corpus probant et substantiel de preuves démontrant la violation des règles électorales. Des captures d’écran et des enregistrements vidéo des diffusions en direct sur TikTok montrent sans équivoque des militants de Mme Bamana exhortant les électeurs à voter pour elle, en pleine période de silence électoral. Ces diffusions, ayant eu lieu à un moment critique où les électeurs doivent être libres de toute influence, constituent une infraction grave. En complément, des témoignages oculaires corroborent ces faits. Ces éléments seront soumis au Conseil constitutionnel pour illustrer l’impact significatif de ces infractions sur le résultat de l’élection. La jurisprudence en la matière, comme les décisions n° 2017-5092 AN et n° 2022-5773 AN, a établi que de telles manœuvres peuvent vicier le processus électoral, particulièrement lorsque l’écart de voix est réduit. Ces preuves visent à restaurer l’intégrité et la transparence de nos élections.
F. I. : Est-ce pour vous une sorte de baroud d’honneur contre la victoire du Rassemblement National à Mayotte ?
I. S. : Ce recours transcende les querelles partisanes et s’inscrit dans une défense impérieuse des principes républicains et démocratiques. Mon action n’est pas dirigée contre un parti politique en particulier, mais contre toute pratique qui compromet l’équité et la transparence de notre système électoral. À 19 ans, je me tiens en rempart contre l’injustice, fort de mon expérience en tant que représentant des élèves dans divers conseils au lycée, où j’ai vigoureusement défendu les droits de mes camarades. J’ai organisé des manifestations, mené des luttes acharnées pour les droits des lycéens, et cette détermination se poursuit aujourd’hui. Cette démarche est une manifestation de mon engagement à garantir que notre démocratie fonctionne avec probité, que chaque vote compte, et que chaque élection soit menée de manière intègre. Les pressions et les menaces, y compris mon obligation de démissionner de mon poste de vice-président d’une autre association de jeunes étudiants Mahorais, n’ont fait qu’accentuer ma détermination. Je suis prêt à combattre pour la justice, sans relâche.
Présentation d’Idrissa Sanda
Depuis son plus jeune âge, Idrissa Sanda est un ardent défenseur des droits et de la justice. Dès le lycée, il s’est distingué en tant que représentant des élèves dans des instances telles que le conseil disciplinaire, le conseil d’administration et le conseil de la vie lycéenne. Il a également siégé au conseil académique de la vie lycéenne, présidé par le recteur, et a conduit de nombreuses actions pour défendre les intérêts des lycéens, organisant des manifestations et menant des combats pour leurs droits. Aujourd’hui, en tant que président de l’Association Unis Contre l’Injustice, il continue à se battre pour la justice et la transparence, quoi qu’il advienne. Son engagement dépasse le cadre politique, il est profondément personnel et philosophique. Il rêve d’un avenir où chaque voix est respectée et chaque élection est juste. Actuellement étudiant en licence de droit, Idrissa a également écrit un livre intitulé « Éclats d’injustice : Un étudiant ultramarin face à l’indifférence », où il partage ses expériences, ses luttes et ses réflexions sur la justice et l’engagement citoyen.
La conviction et la détermination d’un jeune engagé
Idrissa Sanda n’est pas novice dans le domaine de l’engagement citoyen. Son parcours montre un jeune homme profondément attaché à la justice et aux droits de ses pairs. « En tant que représentant des élèves, j’ai toujours défendu les intérêts de mes camarades. Que ce soit au conseil disciplinaire, au conseil d’administration ou au conseil de la vie lycéenne. J’ai toujours été en première ligne pour m’assurer que nos voix soient entendues, » explique-t-il. Aujourd’hui, son engagement s’étend au-delà des murs de l’école, touchant des questions nationales cruciales. « L’injustice sous toutes ses formes doit être combattue. Mon livre, Éclats d’injustice : Un étudiant ultramarin face à l’indifférence, est un cri de ralliement pour tous ceux qui refusent de rester silencieux face aux abus et aux inégalités. J’y raconte mes expériences, mes combats et mes aspirations pour un monde plus juste. À 19 ans, certains pensent peut-être que je suis trop jeune pour mener de tels combats, mais l’histoire nous montre que ce sont souvent les jeunes qui portent le flambeau du changement », affirme-t-il avec conviction.
Un combat pour la transparence et l’intégrité
L’action d’Idrissa Sanda et de son association ne vise pas seulement à contester une élection, mais à défendre la transparence et l’intégrité de notre système démocratique. « Les élections sont le fondement de notre démocratie. Si nous permettons que des pratiques illégales passent sans contestation, nous affaiblissons les piliers de notre république. La décision du Conseil constitutionnel dans les affaires précédentes montre l’importance de chaque voix et de chaque vote. Nous devons être vigilants et fermes dans notre défense des processus démocratiques, » insiste-t-il.
Une vision pour l’avenir
Pour Idrissa Sanda, ce combat est aussi une vision pour l’avenir. « Je veux que chaque jeune, chaque citoyen, se sente investi du pouvoir et du devoir de défendre notre démocratie. Nous ne pouvons pas rester passifs face à l’injustice. Nous devons être actifs, engagés et prêts à nous battre pour ce qui est juste, » conclut-il. Son parcours et son engagement montrent qu’il est prêt à aller jusqu’au bout pour défendre les valeurs auxquelles il croit.
Les candidates de gauche à droite : Anziza Madi, Mouzdalifa Halidi Abdou, Safina Attoumani Bamze, Zaya Toumbou.
Les huit candidates Miss Mayotte 2024 ont été révélées ce lundi 15 juillet. La future Miss élue aura pour mission d’être ambassadrice de l’île et de sa culture. L’élection aura lieu le 31 août.
Les candidates de gauche à droite : Houdayifa Chibaco, Miss Mayotte 2023, Fayna Mchami, Thakila Abdallah, Neidja Maliki, Tatiana Ibrahim.
L’ensemble du comité Miss Mayotte pour Miss France en compagnie d’élus et des candidates.
Houdayifa Chibaco, Miss Mayotte 2023 compte s’engager pour « accompagner la Miss Mayotte dans l’élection Miss France ». Le but ? Permettre d’aller plus loin dans l’aventure puisqu’il est souvent difficile pour Miss Mayotte d’aller au-delà du Top 15.
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Les candidates de gauche à droite : Houdayifa Chibaco, Miss Mayotte 2023, Fayna Mchami, Thakila Abdallah, Neidja Maliki, Tatiana Ibrahim.
L’ensemble du comité Miss Mayotte pour Miss France en compagnie d’élus et des candidates.
Houdayifa Chibaco, Miss Mayotte 2023 compte s’engager pour « accompagner la Miss Mayotte dans l’élection Miss France ». Le but ? Permettre d’aller plus loin dans l’aventure puisqu’il est souvent difficile pour Miss Mayotte d’aller au-delà du Top 15.
Tapis rouge, strass, paillettes. Le comité Miss Mayotte pour Miss France a sorti le grand jeu, ce lundi 15 juillet, pour la soirée révélation des candidates, situé au cinéma Al-Pajoe à Mamoudzou. Les huit candidates Miss Mayotte ont été présentées au public. Elles sont issues du nord, du centre, du sud et de la Petite-Terre, tout le territoire est représenté.
Au-delà de la beauté, le comité recherche une ambassadrice de l’île aux parfums. Le slogan est on ne peut plus clair : « Une Miss pour faire rayonner Mayotte ». Une communication qui s’inscrit dans « un objectif marketing », assume Patrick Belin, le directeur artistique du comité. L’idée est de promouvoir le territoire et de « mettre en lumière la culture et les traditions de notre belle-île », souligne Catherine Mkadara, la directrice du comité.
Est recherchée une « femme qui incarne des valeurs, qui regarde à la fois vers l’avenir de notre société et qui reflète également la diversité de notre département », souligne Saïd Salim, le président de l’office de tourisme de Petite Terre. Cette année encore, l’élection de Miss Mayotte se déroulera à Pamandzi.
« Le besoin d’un ambassadeur »
À l’heure où Mayotte traverse une passe difficile, « on a besoin d’un ambassadeur pour représenter Mayotte », constate Houdayifa Chibaco, l’actuelle Miss Mayotte, qui elle-même a pu ressentir le soutien des Mahorais au moment du concours Miss France. « La veille de l’élection, j’ai senti tout l’engouement du peuple mahorais pour ma candidature. C’était le moment le plus marquant de mon aventure Miss Mayotte », raconte-t-elle.
L’élection de Miss Mayotte pour Miss France 2025 se déroulera le 31 août à l’hôtel Ibis Styles à Pamandzi. Un lieu qui a été choisi pour ne pas être trop impacté en cas de mouvement social. Les organisateurs ont bien sûr en tête les barrages du début d’année 2024. La Miss France 2024 sera présente à l’élection, c’est donc l’image de Mayotte qui sera en jeu à ce moment-là.
Les profils des candidates :
Anziza Madi, 18 ans, 1m72, Longoni. « En tant que Miss Mayotte, je souhaiterais ardemment défendre la préservation de l’environnement, l’éducation des jeunes et promouvoir la riche culture mahoraise. »
Mouzdalifa Halidi Abdou, 21 ans, 1m76, Pamandzi. « Ce serait une opportunité unique de faire connaître notre île, riche en paysages magnifiques, plages superbes et trésors culturels. »
Safina Attoumani Bamze, 24 ans, 1m70, Sada, « Je souhaite défendre l’accès à la santé, confrontée à des crises fragilisant son système.»
Zaya Toumbou, 20 ans, 1m73, Acoua, « Je souhaite défendre la protection de l’environnement, essentielle pour Mayotte face aux défis du réchauffement climatique et la promotion des artistes mahorais sur la scène nationale et internationale. »
Fayna Mchami, 28 ans, 1m73, Poroani, « J’aimerais défendre la lutte contre le harcèlement scolaire qui cause tant de souffrance à notre jeunesse. »
Thakila Abdallah, 25 ans, 1m78, Chiconi, « J’aimerais contribuer au développement de l’art et de la culture mahoraise. Je suis convaincue que la population mahoraise est talentueuse et mérite d’être mise en lumière.»
Neidja Maliki, 25 ans, 1m78, Tsingoni, « Je souhaite offrir un accompagnement à la jeunesse mahoraise dans tout ce qu’elle entreprend que ce soit dans ses études supérieures ou dans la recherche d’un emploi. »
Tatiana Ibrahim, 22 ans, 1m72, Pamandzi, « En tant que Miss Mayotte, je mettrai en avant la splendeur de notre île, ses paysages magnifiques, son histoire riche et la chaleur de ses habitants. »
Zakia Meresse, Présidente d'honneur de l'ADESFEM, a officialisé la désignation d'Hélène Pollozec en qualité de marraine de l'association.
De retour de la Foire Internationale des Produits Agricoles de Dakar, les membres de l’ADESFEM, entendent soutenir leurs agricultrices locales dans leur transition vers des pratiques durables, respectueuses de l’environnement et capables de répondre aux défis climatiques. Elles ambitionnent de faire de l’agriculture un pilier de l’économie mahoraise.
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Visite surprise de la nouvelle députée Anchya Bamana (ici aux côtés de Chamssia Mohamed 1 ère- adjointe au maire de Dzaoudzi-Labattoir) à la conférence de presse de l'ADESFEM.
Mise à l’honneur lors de la dernière Foire Internationale des Produits Africains (FIPA), à Dakar cette année, la délégation de femmes entrepreneures de Mayotte est rentrée enchantée par cette première sortie à l’international. À les entendre, cette première expérience a été des plus enrichissantes pour ces femmes actives, au-delà de toutes leurs attentes. Bien que revenues du Sénégal depuis plusieurs semaines, elles ont choisi d’attendre la fin des élections législatives anticipées pour dresser publiquement le bilan de leur déplacement sur le continent africain du 28 mai au 9 juin 2024 au cours d’une conférence de presse organisée vendredi matin 12 juillet courant sous le préau du Conseil départemental de Mayotte. Une conférence de presse à laquelle ont participé plusieurs élues du territoire, parmi lesquelles les conseillères départementales de Mamoudzou 1 et Sada-Chirongui, Hélène Pollozec et Mariame Said Kalame, mais également, Chamssia Mohamed, la première adjointe au maire de Dzaoudzi-Labattoir.
Faire avancer Mayotte grâce au travail et à la créativité des femmes
Contre toute attente, les adhérentes de l’association pour le développement Économique et Social des Femmes Entrepreneurs de Mayotte (ADESFEM) ont reçu la visite surprise d’Anchya Bamana, la nouvelle député (RN) de la circonscription 2 qui leur a réservé sa première sortie publique, depuis son retour de l’Assemblée nationale. Cette réunion de restitution était présidée par Zakia Meresse, la présidente d’honneur de l’ADESFEM (Halima Moumini la présidente en exercice étant absente du territoire). Se félicitant de l’accroissement progressive de cette organisation créée en 2012, grâce à la détermination de ses membres, Madame Meresse a expliqué que la mission de celle-ci est claire, « promouvoir et soutenir les femmes entrepreneures dans tous les secteurs d’activités à Mayotte » parce qu’elle croit fermement que « le développement de notre île passe par l’autonomisation des femmes et leur participation active à l’économie locale ». Elle a appuyé son propos en soulignant le fait que les membres de l’ADESFEM sont issues de divers horizons, commerce, agriculture, artisanat et d’autres domaines, et qu’elles partagent un objectif commun qui est de « faire avancer Mayotte grâce à leur travail, leur créativité et leur esprit entrepreneurial ».
Pour revenir à la participation de l’ADESFEM à la FIPA 2024, Zakia Meresse a évoqué la qualité exceptionnelle de l’accueil réservé à sa délégation par les hautes autorités de l’État sénégalais, notamment le consul en poste à Paris (lequel avait spécialement fait le déplacement pour les accueillir), mais également le Ministre des Affaires Étrangères et sa collègue en charge de la famille et de la promotion sociale qui a tenu à visiter le stand officiel de notre île.
Développer une coopération multiformes avec l’Afrique
Autre participant à cette conférence de presse, Ousseni Balahachi. Il a relevé l’importance et la qualité de cette nouvelle relation que le Sénégal est en train de tisser avec Mayotte dans tous les domaines, sachant que jadis ce pays fut l’un des soutiens de la revendication territoriale comorienne sur Mayotte. Il a invité les différents responsables politiques locaux à s’engouffrer sur cette brèche ouverte par le pays de Léopold Sédar Senghor pour porter la voix des Mahoraises et des Mahorais sur le continent africain et à asseoir une coopération économique, sociale et culturelle profitable à toutes les parties. Il a notamment fait référence aux échanges universitaires et religieux entre l’institution cadiale de Mayotte et son équivalent sénégalais. La Première adjointe au maire de Dzaoudzi-Labattoir, Chamssia Mohamed, qui s’est également exprimée au cours de cette conférence de presse a, elle, salué la qualité des échanges que les représentants des intercommunalités de Petite-Terre et du Sud ont eu avec l’association des maires du Sénégal. Elle a rappelé la présence de ressortissants sénégalais dans sa commune, plus de 150 personnes, et le besoin de coopération avec leur pays d’origine. Ce déplacement à la FIPA 2024 ouvre pour elle, de nouvelles perspectives de coopération internationale avec d’autres pays qui souhaitent accueillir des maisons de Mayotte dans leurs capitales respectives. La Chine se dit prête à leur emboîter le pas dans la ville de Guangzhou où transite une forte communauté d’hommes et femmes d’affaires de notre île. Pour rappel, la FIPA envisage d’installer dans notre département son siège pour l’Océan indien et y co-organiser prochainement une conférence économique internationale. Cette conférence de presse du vendredi 12 juillet 2024 a vu la désignation officielle d’Hélène Pollozec en qualité de marraine de l’ADESFEM.
Une gendarme mobile se serait donné la mort ce vendredi matin, l’hôtel Sunjet, anciennement appelé hôtel Trévani.
La nouvelle est tombée ce matin, et elle est confirmée par le procureur de la République de Mayotte, Yann Le Bris.
C’est un nouveau drame qui touche les gendarmes. Une gendarme mobile se serait donné la mort ce vendredi matin, à l’hôtel Sunjet, anciennement appelé hôtel Trévani. Selon le procureur de la République de Mayotte, Yann Le Bris, que nous avons joint, « nous sommes sur une piste de suicide. »
L’enquête est en cours et à l’heure où nous écrivons ces lignes, les experts sont encore sur les lieux du drame. Nous ignorons pour l’instant la raison de cet acte. Le procureur a indiqué qu’il communiquera plus amplement plus tard.
Deux suicides en moins d’un an
Il s’agit du deuxième suicide de militaire à Mayotte en moins d’un an. Pour rappel, en début d’année, un gendarme mobile de 31 ans s’était ôté la vie en utilisant son arme de service à son domicile à Kangani.
La situation est “redevenue normale au niveau de la qualité de l'eau", indique la SMAE.
La Société Mahoraise des Eaux (SMAE) informe ce 18 juillet les usagers que les derniers contrôles sanitaires de la qualité de l’eau dans les villages de Dzoumogné, Bandraboua, Mtsangamboua, Handrema, Mtsahara, Hamjago, Mtsamboro et Mtsangadoua sont “conformes à la norme sur la qualité des eaux destinées à la consommation humaine sur l’ensemble des paramètres, notamment bactériologiques”. La situation est “redevenue normale au niveau de la qualité”, poursuit la SMAE. Par conséquent, il n’est plus nécessaire de faire bouillir l’eau pour la consommer comme recommandé initialement.
Les personnes décédées appartenaient toutes à la même famille, elles sont d’origine comorienne, plus précisément de l’île de Mohéli.
Dans la nuit du 17 au 18 juillet, un incendie s’est déclaré dans un immeuble du quartier des Moulins, dans la ville de Nice. Sept personnes sont décédées, dont trois enfants et un adolescent. Deux d’entre elles auraient sauté du septième étage pour échapper aux flammes, mais elles n’ont pas survécu à leurs blessures. Les victimes appartenaient toutes à la même famille, elles sont d’origine comorienne, plus précisément de l’île de Mohéli. Dès l’annonce de ce drame, c’est toute une communauté qui s’est mobilisée pour aider les survivants et les familles de ceux qui ont péri dans l’incendie. Dans un communiqué, l’ambassade de l’Union des Comores en France a réagi. « L’ambassade, ensemble, avec la communauté comorienne de France, s’associe au deuil et présente ses condoléances les plus attristées aux proches, aux familles et aux Comoriens de la ville de Nice. »
La piste criminelle est confirmée par le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli. Lors de sa conférence de presse, il explique que « s’agissant des causes de l’incendie, il apparaissait sous réserve des conclusions définitives que trois départs de feu étaient intervenus au premier, deuxième et troisième étage, cette pluralité de mises à feu ayant contribué à la propagation très rapide des flammes. » Trois individus sont activement recherchés.
Abdoul Kamardine, conseiller départemental de Mtsamboro, explique aux futures jeunes recrues qu'elles portent les attentes de toute une population.
Une première section de jeunes sapeurs-pompiers est en passe de voir le jour à Mayotte. Les épreuves de sélection ont démarré ce lundi 15 juillet sur la Petite-Terre. L’objectif est de recruter 16 jeunes âgés de 13 à 14 ans.
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Le président en exercice du SDIS lance le coup d'envoi des épreuves sportives et physiques pour les filles.
Revue des troupes par les officiels du département de Mayotte et de la commune de Dzaoudzi-Labattoir.
Une effervescence inhabituelle a été notée ce lundi matin au stade municipal Alain Poher à Labattoir. De nombreux sapeurs-pompiers du SDIS 976 étaient visibles aux abords du terrain, rejoints progressivement par des officiels du territoire : le préfet délégué du gouvernement, la conseillère départementale de Pamandzi Soihira El Hadad, le conseiller municipal Ahmed Nassor et le conseiller départemental de Mtsamboro (président en exercice du SDIS de Mayotte) Abdoul Kamardine. Ils sont tous venus saluer, par leur présence, une grande nouveauté pour Mayotte : la création officielle d’une section de jeunes sapeurs-pompiers. En effet, à l’instar de l’Hexagone, le passage de notre île au droit contraint à la création d’une section de jeunes sapeurs-pompiers. L’exercice du jour consistait donc à départager, au moyen d’épreuves physiques et sportives, les 26 candidatures déposées et validées en interne pour n’en retenir que 16.
« Nous avons des jeunes âgés de 13 à 14 ans. Notre objectif est de leur inculquer des valeurs de la République, de les former aux gestes de premiers secours, ainsi qu’à certaines missions des sapeurs-pompiers en termes d’incendie mais également de secours à la personne », a indiqué le commandant Indaroussi Saïd, chef du bureau formation au SDIS de Mayotte. L’autre objectif de cet exercice consistait à détecter d’éventuelles aptitudes à devenir sapeurs-pompiers professionnels ou volontaires. Outre ces tests physiques et sportifs de la matinée, les candidats en lice passent les épreuves écrites dans l’après-midi afin que ne soient retenus que les 16 meilleurs d’entre eux. Ils seront ensuite formés au centre de secours et d’incendie de Pamandzi durant plusieurs semaines et seront mobilisés lors de manifestations sportives ou encore lors des cérémonies de pompiers pour représenter leur section.
Recruter plus de jeunes
« Après une expérimentation menée au collège de Dembéni l’année dernière, nous allons à présent procéder étape par étape. Si nous avons choisi de démarrer aujourd’hui le recrutement de cette première section en Petite-Terre, c’est pour une raison historique étant donné que le corps local des sapeurs-pompiers a vu le jour ici », précise le commandant Indaroussi Saïd. Le conseil d’administration du SDIS a récemment délibéré en faveur d’une poursuite de cette démarche en Grande-Terre, dans la commune de Bandrélé, et aussi à Acoua dans le nord. « Si nous arrivons à ouvrir ces recrutements en simultané, ce serait bien, sachant que l’idéal pour nous serait de disposer d’une section de jeunes dans chaque centre de secours et d’incendie sur toute l’île. »
Dernier officiel à passer le dispositif en revue, Abdoul Kamardine, l’élu référent sapeurs-pompiers du département de Mayotte, s’est adressé aux jeunes candidats en ces termes : « Vous êtes l’avenir, et il a besoin de vous. L’idée de cette opération est de vous amener à vous imprégner du métier de sapeur-pompier, qui vous intéressera sûrement un jour en tant que professionnels ou volontaires. » De nombreux sapeurs-pompiers expérimentés ont été mobilisés pour le bon déroulement de ces épreuves de sélection physique et sportive.
François-Xavier Bieuville estime que le bilan de Mayotte Place nette est "positif".
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Anchya Bamana, la députée de la deuxième circonscription, demande l’installation d’un bateau de la marine nationale au large de Mayotte.
Le préfet a tenu la troisième conférence de sécurité en présence de certains élus mahorais.
Ce mardi 16 juillet, le préfet a tenu une conférence de sécurité, en présence des élus mahorais, pour leur faire le compte-rendu de l’opération Mayotte Place nette qui s’est officiellement achevée le 8 juillet. Malgré quelques objectifs qui ne sont pas atteints, François-Xavier Bieuville estime que le bilan est positif.
Depuis son arrivée, il y a cinq mois, François-Xavier Bieuville fait régulièrement le point avec les élus mahorais. La fin de Mayotte Place nette était donc le moment parfait pour tenir cette troisième conférence de sécurité. Pour rappel, l’opération a duré deux mois et demi, et elle avait au départ trois objectifs : interpeller des chefs de bande, lutter contre l’immigration clandestine, décaser les habitats informels et insalubres. Au fil du temps, un quatrième axe s’est ajouté à la liste, et c’est celui de la lutte contre l’économie informelle.
100 chefs de bande interpellés
C’est l’une des fiertés du préfet de Mayotte. Le nombre d’interpellation des chefs de bande a dépassé l’objectif fixé initialement par le gouvernement. « Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et la ministre déléguée des Outre-mer, nous avaient assigné comme résultat 60 interpellations de chefs de bande. En réalité, nous en avons réalisé 100. Ils sont tous en prison », clame fièrement François-Xavier Bieuville. Les contrôles ont été intensifiés en zone de police et de gendarmerie afin de « renforcer ce sentiment que le territoire est tenu. »
3 500 reconduites à la frontière
C’était l’un des points faibles de l’opération Wuambushu en 2023. Les reconduites aux frontières n’ont pas pu être effectuées comme prévu, car le président Azali Assoumani refusait d’accueillir ses ressortissants. Mayotte Place nette n’a pas eu ce problème. En deux mois et demi, les autorités de l’État ont reconduit à la frontière, « 3.500 personnes qui n’avaient pas de titre leur permettant d’être sur le territoire national en toute légalité. La majeure partie d’entre elles a été reconduite vers les Comores puisqu’elles sont originaires de là-bas », précise le délégué du gouvernement. Cependant, l’arrivée de migrants venus de l’Afrique des Grands Lacs a créé une nouvelle filière. Il est plus difficile pour eux d’être renvoyés, mais il y a un début à tout. « Nous avons initié des reconduites avec le Congo Kinshasa. Cinquante personnes sont reparties vers ce pays, avec l’aide des autorités congolaises », indique l’occupant de la Case Rocher. Il cherche désormais à étendre ce dispositif avec le Burundi, la Tanzanie, le Rwanda et la Somalie.
650 décasages
D’emblée, François-Xavier Bieuville est honnête en indiquant que l’objectif des décasages n’est pas atteint. « On nous avait assigné 1.300, c’était sans doute trop ambitieux », reconnaît-il. Ce sont finalement près de 650 cases en tôle qui ont été démolies durant la période Mayotte Place nette, à Doujani, Sada, Vahibé, Dzoumogné, et la Petite-Terre. Cela étant, le préfet ne perd pas espoir, il est convaincu que les 1.300 seront atteints d’ici la fin de l’année avec les prochaines opérations de démolition. « À la rentrée en septembre, nous allons commencer avec les démolitions de Mavadzani à Koungou. Ce sont 474 cases, et cela va nous permettre de réaliser un gros tiers pour atteindre l’objectif qui a été assigné au début de Place nette. » À cela, s’ajouteront d’autres opérations qui seront réalisées avant la fin de l’année. Le représentant du gouvernement explique que l’objectif n’a pas été rempli, car ils se sont heurtés à de nombreuses difficultés. « Avant un décasage, nous sommes obligés de faire une enquête sociale, et nous devons proposer des logements. Mais certains n’acceptent pas le relogement et ça rend l’opération compliquée », explique-t-il. De plus, toujours selon lui, « il manquait 5 millions d’euros sur l’ensemble de l’opération Place nette. Nous les avons obtenus il y a très peu de temps. » Ce manque n’a pas permis aux autorités de l’État de proposer des logements d’urgence à ceux qui pouvaient en bénéficier. Enfin, le préfet n’a pas souhaité effectuer la grosse opération de Mavadzani, car il ne disposait pas des forces de l’ordre lui permettant de la sécuriser.
L’économie informelle
Cet axe n’était initialement pas prévu dans le programme de Mayotte Place nette, mais le travail des différents acteurs a permis quelques interpellations. « Nous avons par exemple saisi 4 tonnes de poissons pêchés dans des conditions illégales et pas acceptable d’un point de vue sanitaire. On a aussi saisi des kwassa, des moteurs, des filets, et on a fait une opération pour détruire une usine de kwassa qui se trouvait dans une mangrove à Mayotte », détaille François-Xavier Bieuville. Dans le domaine agricole, il y a également eu des contrôles, notamment en ce qui concerne les plantations illégales, et l’utilisation de produits phytosanitaires dangereux pour la santé publique et interdits dans l’Union européenne. Et enfin, la circulation d’argent liquide au départ de Mayotte vers des pays étrangers, a aussi été scrutée. La douane a intercepté « des flux importants et les personnes qui détenaient cet argent n’étaient pas capables de nous dire d’où ça venait », indique le préfet.
Un bilan « positif » à améliorer
Le délégué du gouvernement n’a pas caché sa fierté lors de la conférence de sécurité. « Ce sont des résultats globalement positifs parce que nous avons fait plus avec moins de moyens », martèle-t-il. Il est cependant conscient qu’il reste encore beaucoup à faire. « On a encore beaucoup de travail, et je ne cesserai pas tant qu’on a n’aura pas le sentiment d’avoir rétabli une sécurité au profit de nos compatriotes… Moi, je ferai du Wuambushu tous les jours ! » C’est ce qu’attendent les élus mahorais qui étaient présents à cette rencontre. La députée Anchya Bamana demande l’installation « d’un bateau de la marine nationale pour refouler les kwassas afin qu’ils n’arrivent plus à Mayotte… Ce bateau existe au large de La Réunion, une île qui ne connaît pas une immigration aussi massive que Mayotte. » Quant à Chamssia Mohamed, l’adjointe au maire de Dzaoudzi-Labattoir, elle demande « la création d’une maison d’arrêt et d’une maison de redressement pour les mineurs délinquants. » Pour l’heure, nul ne peut garantir si ces propositions seront retenues par le prochain gouvernement.
Cette formation a essentiellement été proposée à des migrants du stade de Cavani et des jeunes du quartier pour leur permettre de gagner en compétences.
L’association Web Cup a animé la semaine dernière une formation de création de jeu vidéo au sein du Centre régional information jeunesse de Mayotte (Crij). Parmi les inscrits se trouve des migrants qui vivent près du stade de Cavani. Alors qu’ils sont sans activité, car ils attendent leurs papiers, l’objectif est qu’ils gagnent en compétences.
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Tout au long de la semaine, Moussa Karim, chargé de projets dans l’association Web Cup, apprend aux jeunes à créer un jeu vidéo.
À l’issue des 15 heures de formation, les jeunes auront validé un diplôme de niveau 1.
« Qui sait ce que signifie la touche Alt Gr ? Celui qui trouve je lui donne 50 € », plaisante Moussa Karim, chargé de projets dans l’association Web Cup, qui forme au numérique. Ce mardi 9 juillet, il anime un stage de création de jeu vidéo au Centre régional information jeunesse (Crij) Mayotte situé à Cavani (Mamoudzou). Après les 15 heures de formation, les jeunes auront validé un diplôme de niveau 1.
Ce projet a été mis en place par Ikram Lassi Oiziri, coordinateur au Crij et « promeneur du web », une mission qui consiste à sensibiliser les jeunes aux dangers du numérique. Parmi la dizaine d’inscrits cette semaine, la majorité sont des migrants qui vivent aux abords du stade de Cavani, situé à 100 mètres de bâtiment. « Je leur ai proposé d’y participer, cela leur permettra de repartir avec un diplôme à la fin de la semaine », explique-t-il.
« C’est le seul endroit où ils ne sont pas jugés »
Ce n’est pas la première fois qu’ils viennent. « Tous les jours, quelques-uns passent du temps à la bibliothèque pour utiliser les ordinateurs, ils s’informent sur la France, son histoire. Des connaissances qu’ils acquièrent pour obtenir les papiers. Certains jours, jusqu’à 100 personnes sont venues dans les locaux. Ici, c’est le seul endroit où ils ne sont pas jugés, nous accueillons tout le monde sans à priori », raconte-t-il.
Bienvenu, un Congolais de 22 ans vit aux abords du stade, il est reconnaissant de pouvoir participer à la formation. « Au lieu de rester dans le campement à ne rien faire, pendant une semaine j’apprends des compétences », se réjouit-il. Dans l’attente de son titre de séjour, il est actuellement « bloqué ». Intéressé par les sciences et l’architecture, il se rendait souvent à la bibliothèque pour chercher des informations sur ces thèmes.
Assis à ses côtés, Jérôme également Congolais de 27 ans est « tellement content » de participer au stage. Habitué à venir à la bibliothèque se renseigner sur la nutrition, discipline qu’il a étudiée, sa « deuxième passion après est l’informatique », évoque-t-il, c’est donc sans hésitation qu’il a rejoint le groupe.
Former les jeunes au lieu de les laisser « traîner »
Parmi les participants au stage, on trouve aussi deux jeunes sans papiers qui habitent à Cavani, alors qu’ « ils traînent souvent dehors », Ikram Lassi Oiziri leur a proposé de se joindre à eux. « Ils ont leur bac, ils sont prêts à aller faire leurs études en métropole mais ils sont bloqués parce qu’ils n’ont pas de titre de séjour. Pour éviter qu’ils tombent dans la violence à ne rien faire, j’ai pensé leur proposer », décrit-t-il.
Si les niveaux de compétences en informatique sont hétérogènes tout comme celles en français selon les jeunes, l’animateur Moussa Karim « va crescendo » pour s’adapter à chacun d’entre eux. À la fin de la formation, l’objectif est d’avoir créé un jeu de plateforme en 2D. « Comme Mario Bros qui est en 2D », précise le professionnel.
Dans le cadre du projet Promeneur du net, le Crij a signé un partenariat avec l’association Web cup. Pour la troisième semaine consécutive, Moussa Karim organise donc des formations dans la structure. Celle de la semaine dernière portait sur la cyber sécurité, la prochaine portera sur les bases du codage.
Le directeur général de Mlezi Maoré, Hugues Makengo, a présenté le bilan 2023 de l'association, ce vendredi. Il est entouré ici du directeur du pôle solidarité, Pablo Lordelot, et le chef de service UHL (Unité Hébergement Logement), Daoud Abdallah.
L’année 2023 a été compliquée chez Mlezi Maoré. Faute de financements, l’association qui œuvre dans le social et la santé a dû procéder à une poignée de licenciements et fermer des dispositifs. Ce vendredi 12 juillet, Hugues Makengo, directeur depuis la fin 2022, a insisté sur sa volonté de garder les comptes à l’équilibre tout en améliorant les prestations existantes.
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Malgré une crise des financements en 2023, le budget a augmenté légèrement par rapport à l'année précédente. Il s'établit à 36,9 millions d'euros avec une déficit final de 800.000 euros.
Salama Houmadi habitait le quartier de la Citadelle à Mangajou. Sa maison étant détruite au mois de juin, elle et sa famille ont été prises en charge dans un hébergement de Mlezi Maoré.
800.000 euros de pertes
« On a eu une crise des financements sévère, parce que nous sommes l’un des plus gros », ne cache pas Hugues Makengo, le directeur général de Mlezi Maoré, ce vendredi matin. En plus de la crise de l’eau, l’année 2023 a été compliquée pour les associations qui se sont retrouvées coincées par les négociations tardives entre l’État et le Département de Mayotte, le principal acteur dans le social sur le territoire. La convention signée en décembre 2023, qui a octroyé 50 millions d’euros à la collectivité départementale et 100 millions prévus en 2024, a été une bouffée d’air pour toutes les structures qui travaillent avec elle.
Comme d’autres, la difficulté à récupérer des fonds européens a aussi été préjudiciable à Mlezi, ces dernières années. Pour le premier acteur Mahorais dans le domaine, « ce sont 3,5 millions d’euros perdus sur quatre ans », estime le directeur. En effet, les montants initialement fléchés doivent faire l’objet d’un strict contrôle des justificatifs pour débloquer les fonds. « Ces justificatifs, on les a. C’est plus leur interprétation qui pose problème », explique-t-il, citant comme exemple un véhicule qui n’est plus financé parce qu’il est mutualisé avec d’autres services. En tout, 800.000 euros de pertes ont été enregistrés. « On va travailler autrement ces volets financiers », promet-il.
Sept licenciements
Ce trou dans les finances n’a pas été sans conséquence. La Maison de santé mentale de Tsingoni, qui venait à peine de voir le jour, a dû être transformée en CMPP (centre médico-psycho-pédagogique). En effet, L’expérimentation faite avec le Centre hospitalier de Mayotte n’a pas pu continuer et la structure a dû passer de 24 à 7 professionnels de santé. « C’est l’Agence régionale de santé qui nous suit désormais, le CMPP répondant à un besoin sur le territoire », indique le directeur de Mlezi Maoré. Du côté des chantiers d’insertion bâtiment et forestier, ils ont été tout simplement arrêtés. En tout, une trentaine de salariés ont vu leurs emplois menacés. « On a pu amortir les perturbations.On a limité les départs à neuf personnes (N.D.L.R. il y a eu sept licenciements et deux démissions). C’est l’avantage d’être grand », fait remarquer Hugues Makengo, qui remercie aussi les partenaires sociaux. Autre mesure prise, la mutualisation des sites ou des véhicules, qui ont permis 150.000 euros d’économies. « Ce sont toutes ces mesurettes qui ont permis de limiter la catastrophe. »
Un nombre de bénéficiaires en hausse
Malgré les répercussions sur ses activités, l’association connaît une nouvelle augmentation de son nombre de bénéficiaires en 2023. Il est passé de 7.400 à 9.006 pour 47 établissements ou services. À noter que le pôle jeunesse devance dorénavant celui de handicap. Le temps où Mlezi Maoré grossissait à marches forcées est cependant révolu. Le directeur l’assure, c’est le temps de « la maturité ». En 2023, l’association a tout de même ouvert une plateforme TND (Troubles du neuro-développement) à Doujani avec Autisme Mayotte et l’Apajh (Association pour adultes et jeunes handicapés). Sans rendez-vous, les parents peuvent y amener leurs enfants pour savoir s’ils sont autistes. Toujours sur le même sujet, une deuxième classe élémentaire a été ouverte en Petite-Terre, après M’roalé.
Un effet Wuambushu
Parmi les dispositifs déployés, Mlezi Maoré fait partie des associations qui sont sollicitées pour héberger des Français ou des étrangers en situation régulière. Salama Houmadi en est un exemple. Cette mère de famille comorienne était concernée par le deuxième volet de l’opération Wuambushu, Mayotte place nette. Il y a un mois, elle a dû quitter Mangajou avec ses sept enfants et son mari. Mlezi a réussi à lui trouver un logement à Tsingoni et l’aide dans ses démarches pour trouver une solution pérenne. « J’aimerais bien retourner à Mangajou où mes deux plus jeunes enfants sont inscrits à l’école », espère-t-elle.
Avec sa famille, elle rentre dans les 346 places d’hébergement insertion occupées actuellement. Ce nombre a été largement augmenté avec l’opération Wuambushu, l’an dernier. « On en a 196 de plus au cours de l’année 2023 », comptabilise le directeur du pôle solidarité, Pablo Lordelot, ajoutant que depuis de l’année, Mlezi Maoré a fait « 406 mises à l’abri » concernant les migrants du stade de Cavani. La problématique reste toutefois de trouver une solution au bout des six mois.« Les sorties sèches, ce n’est pas intéressant. C’est revenir au point départ », se défend le directeur.
Sur ce sujet, Mlezi Maoré veut continuer à développer l’inter médiation locative (IML), soit d’aider des locataires aux revenus fragiles à payer leur loyer jusqu’à ce qu’ils puissent le faire entièrement, une initiative qu’elle a développée en majorité à Koungou pour l’instant.
« On souhaite remercier la présidente »
C’est une nouvelle qui a pris de court l’association. Fahoullia Mohamadi, présidente depuis un an, a annoncé sa démission, il y a un mois. Celle qui est déléguée à la recherche et à l’innovation au rectorat de Mayotte s’y est résignée, s’estimant trop souvent écartée de la vie de l’association, alors qu’elle demandait un meilleur accès aux comptes. Hugues Makengo n’a pas souhaité commenter ses relations avec la présidente. « On souhaite remercier la présidente pour tout ce qu’elle a fait pour nous. Elle a pu apporter son regard sur l’inclusion et l’éducation. Nous prenons acte de sa décision », déclare-t-il sobrement. Il a convenu que les statuts de Mlezi Maoré sont « complexes », les décisions revenant souvent au directoire installé à Paris et leur exécution à la direction locale. Un reproche que le prochain rapport de la Chambre régionale des comptes La Réunion-Mayotte a justement adressé à Mlezi Maoré lors de son contrôle en 2023. Pour le cas de la présidence, elle devrait rester vacante au moins jusqu’à la rentrée.
La Cour régionale des comptes rapporte « un contrôle interne insuffisant » de Mlezi Maoré qui a pu conduire à des dérives.
La Chambre régionale des comptes a rendu public vendredi 12 juillet son rapport d’observations sur l’association Mlezi Maoré. Il souligne notamment un « contrôle interne insuffisant » qui a pu provoquer des dérives, telles que le détournement de fonds public d’un de ses directeurs.
Quel est le problème avec la gouvernance ?
Le rapport décrit « une gouvernance complexe dans laquelle le partage des responsabilités et des pouvoirs manque de clarté ». Selon les situations, l’association peut être représentée par sa présidente, le président du directoire ou le membre du directoire nommé sur la jeunesse. Il arrive qu’elle soit représentée par son directeur général sans délégation de pouvoir assortie. « La multitude de représentants de l’association à divers titres complexifie la lisibilité des délégations de pouvoirs qui lient les membres de l’association », estime la Chambre. Pour Hugues Makengo, le directeur général de Mlezi Maoré, « c’est tout à fait légal ». Il reconnaît cependant que ce n’est pas un schéma que la CRC a l’habitude de voir. La démission de la présidente Fahoullia Mohamadi, il y a un mois est justement une conséquence de la situation décrite. Elle s’estimait trop souvent écartée de la vie de l’association, alors qu’elle demandait un meilleur accès aux comptes.
Quelles ont été les dérives constatées ?
Il y en a une seule qui a particulièrement jeté l’opprobre sur l’association. C’est la condamnation en janvier 2023 d’un de ses directeurs de pôles pour détournements de fonds publics. À l’époque, les cartes bancaires dans les services n’étaient pas nominatives, c’est ainsi que l’usage d’une carte bleue à des fins personnelles a été relevé en 2022. Des fonds ont été détournés pour un montant total « estimé à plus de 160 000 €, dont 26 000 € d’usage frauduleux en lien avec une carte bleue », souligne le rapport. Le détournement s’est étalé sur près d’une année. Des achats frauduleux ont été effectués par carte bleue, certains d’un montant supérieur à 500 €. Le fraudeur a aussi validé des factures de travaux sans autorisation préalable pour un montant de 50 000 €. Il a loué deux véhicules à des fins personnelles dont l’un des deux « pendant près de six mois avant que service des moyens généraux ne s’en aperçoive ». La CRC évoque le manque de contrôle interne pour expliquer cette histoire, mais ne fait pas état de cas similaire.
Comment les astreintes sont devenues trop fréquentes ?
Un passage revient sur le problème des astreintes qui sont devenues au fur et à mesure trop récurrentes et dont la rémunération a été multipliée par cinq entre 2018 et 2022. Elles pouvaient servir, par exemple, lorsqu’un cambriolage se déroulait un week-end dans l’une des structures de l’association. Les astreintes rémunérées à certains salariés « dépassent le maximum légal autorisé », indique la Chambre. Entre 2018 et 2022, deux cadres administratifs ont perçu à ce titre des sommes très significatives, respectivement 38 300 € et 20 100 €. « Aucun ne relève de l’accord de branche », poursuit le rapport.
Pendant la période d’astreinte, le salarié a l’obligation de demeurer à son domicile ou à proximité afin d’être en mesure d’intervenir pour effectuer un travail au service de l’association ou de l’établissement. Le CSE de Mlezi Maoré relève que certains salariés sont hors du département à ces moments-là, « en déplacement à Paris ou à La Réunion. » Il affirme également qu’il leur arrive de ne pas répondre au téléphone. Par ailleurs, la Chambre a constaté que des salariés sont en congé ou en formation hors département pendant celles-ci. Le directeur reconnaît ces éléments et déclare que les choses ont changé. Désormais, seuls les cadres peuvent faire des astreintes.
Est également pointé du doigt l’avantage en nature du logement de fonction de l’ancien directeur général. À compter de novembre 2021, un loyer lui a été payé jusqu’à son départ huit mois et demi plus tard. Le montant versé est de 3.500 euros par mois, soit 29.750 euros pour la durée totale d’occupation. En contrepartie, le salarié n’a eu aucune retenue au titre d’un avantage en nature. En réponse à la Chambre, Mlezi Maore a évalué, en décembre 2023, à 11.440 euros la retenue forfaitaire à effectuer au titre de cet avantage pour l’ensemble de la période.
À quelles difficultés de recrutement Mlezi est soumise ?
C’est un problème que l’on retrouve dans de nombreux domaines sur le territoire, il y a un déficit d’attractivité. Il est encore plus criant dans le social et dans la santé, les deux filières dans lesquelles Mlezi Maoré intervient. Ce qui amène le rapport à affirmer que « les effectifs de Mlezi Maoré sont incomplets et constamment en tension. » Selon les données de mai 2023, il manque 77 équivalents temps plein, soit 15 % des effectifs. C’est dans le domaine socio-éducatif puis paramédical que les besoins sont les plus importants. L’association recrute 17 éducateurs spécialisés, 15 psychologues, 10 psychomotriciens et 9 orthophonistes.
Le juge des référés a rejeté le recours de Salime M’déré, il ne récupère donc pas son poste d’élu.
Suite à l’arrêté du préfet de Mayotte du 25 juin dernier, portant démission d’office Salime M’déré a perdu son poste de premier vice-président du Département de Mayotte. Ce dernier a demandé un recours pour suspendre cette décision. Le juge des référés du tribunal administratif l’a rejeté.
C’était l’un des derniers espoirs de Salime M’déré, mais le juge des référés du tribunal administratif de Mayotte l’a anéanti. L’ancien vice-président du Département de Mayotte a demandé la suspension de l’arrêté du préfet de Mayotte le déclarant démissionnaire d’office de son mandat de conseiller départemental. Il a fait appel en espérant que le juge des référés soit plus clément avec lui. « Mon client conteste cette décision en estimant que le fondement sur lequel le préfet s’est appuyé ne s’applique pas dans son cas parce qu’il a fait appel de la décision pénale », explique maître Benoît Jorion, l’avocat de Salime M’déré. Après une audience en urgence, le juge des référés rejette le recours ce lundi 15 juillet. « Le juge judiciaire ayant assorti de l’exécution provisoire la privation du droit électoral de M. M’Deré pendant deux ans, le préfet de Mayotte était donc tenu de déclarer l’intéressé démissionnaire d’office de son mandat de conseiller départemental », explique le tribunal administratif. Pour rappel, le tribunal correctionnel de Mamoudzou a condamné l’ex premier vice-président du Département à une peine d’un an de prison, dont six mois avec sursis et deux ans d’inéligibilité avec exécution provisoire.
« Il n’a plus aucune source de revenus »
L’avocat de Salime M’déré affirme que ces décisions ont eu un impact significatif sur la vie de son client. « Il a tout perdu, il n’a plus d’emploi, plus de mandat, il n’a plus aucune source de revenus », explique-t-il. En effet, le concerné a également perdu son poste de directeur adjoint de la caisse des écoles à Koungou puisqu’il a aussi écopé d’une interdiction de toute fonction publique. Selon maître Benoît Jorion, son client va perdre 6.000 euros par mois. Cela comprend ses indemnités en tant qu’élu qui s’élèvent à 2.500 euros et à son salaire en tant que fonctionnaire. « On a une décision temporaire qui tue socialement ce monsieur », lance l’avocat.
Pour l’heure, aucune date n’est fixée pour le procès en appel. « À mon avis, il ne se fera pas avant deux ans », ajoute le défenseur de Salime M’déré.