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17/12/08 – Aucune victime mais de nombreuses routes endommagées

Les fortes pluies de lundi matin ont causé d'innombrables inondations et glissements de  terrain un peu partout sur l'île, mais aucune victime n'est à déplorer. Mardi soir, la centaine d'agents de la DE était toujours à pied d'œuvre pour déblayer les voies de circulation. "Cette montée des eaux est exceptionnelle", souligne Didier Jan, responsable des infrastructures à la DE, "il est tombé en un jour autant qu'en un mois de pluies". Météo France a enregistré des cumuls records de précipitations : "ce cumul est le plus élevé depuis 1949, c'est-à-dire depuis les premiers relevés effectués à la création de la station de Pamandzi", a constaté Noël Carton, délégué de Météo France à Mayotte. "Il n'y avait pas vent mais des nuages orageux, très actifs dans la nuit de dimanche à lundi, se sont développés juste au-dessus de Mayotte. S'ils s'étaient formés à 50 km des côtes, on n'aurait presque rien eu."

Les dégâts les plus importants se sont situés sur la RN2 à Ironi-Bé, dans le virage de la Guinguette, où un gros glissement de terrain sur 100m de long a empêché la circulation vers le Sud jusqu'en milieu d'après-midi. Le pont dans le virage d'Hajangua a également été très gravement touché : la montée des eaux a provoqué le déplacement d'un mur extérieur de 5m de haut qui a chuté de 2m et s'est déplacé de 10m vers l'aval, emportant avec lui le ravier. Le pont est toujours praticable mais la DE doit encore effectuer des réparations d'urgence : "nous sommes en train d'étudier la technique à employer car il y a un risque d'affouillement de l'ouvrage, qui peut s'effondrer à cause d'un trou en-dessous", explique M. Jan. Le Nord a également beaucoup souffert, entre Majicavo et Longoni, où 20 agents de la DE sont encore en train de déblayer branches, pierres et boue. En Petite Terre, les agents de la DE ont travaillé jusqu'à 20h lundi soir pour rétablir les voies de irculation. Mardi soir, la route menant vers la plage de Moya était toujours coupée.

17/12/08 – Outremer : La Jeanne d’Arc en 32e de finale de la Coupe de France

Les Portois de la Jeanne d'Arc ont réussi l'exploit de se qualifier en 32e de finales de la Coupe de France de football. Ils ont pour cela éliminé à Saint-Denis le club nordiste de Feignies (CFA 2) 3 buts à 2, lui-même tombeur du représentant guadeloupéen au tour précédent sur ce même score. Depuis que les clubs ultramarins entrent au 7e tour (1993-1994), seule la Saint-Louisienne a réussi cet exploit. Les Portois seront recevront le Tours FC (L2), tombeur l'an dernier de Foudre 2000, en métropole. L'AS Cannes qui avait battu Foudre 2000 à Kavani (3-1) s'est inclinée contre Montpellier (L2) aux tirs aux buts (4-2, 0-0 ap). Le parcours de la Jeanne d'Arc vient confirmer que les Réunionnais sont bien la première force ultra-marine du football. L'AS Tefana de son côté a dû s'incliner (2-0 ap) à Papeete contre Arras (CFA 2), tombeur au 7e tour du RC Lens de Toifilou Maoulida.

17/12/08 – Football : Tournoi féminin à sept

Après une belle saison 2008 et un sacre de championne de Mayotte au bout, l'école de football du Baobab (EFB) met en place un tournoi féminin à sept, dimanche 21 au stade de Kavani à partir de 8h. Les seize équipes invitées au tournoi intitulé "le foot, la femme, la fête" sont les suivantes : Jumelles, Bandrélé foot, Miracle du sud, Ascj M'liha, AJ Kani-Kéli, AJ M'tsahara, Racine du nord, Papillon d'honneur, AS Neige Malamani, FC Chiconi, AS Sada, Tchanga SC, RC Barakani, ASJ Miréréni, FC Mawa et bien sûr l'Efb. Pour tous renseignements complémentaires, contactez Mlle Anrifina Issoufi au 0639.40.56.86.

17/12/08 – « La suppression de la publicité sur RFO va permettre la diversité audiovisuelle »

Le secrétaire d'Etat à l'Outremer Yves Jégo a estimé vendredi dernier que la suppression de la publicité sur RFO va permettre la naissance et le développement de la diversité audiovisuelle en Outremer. "Grâce à cette décision, l'Outremer va pouvoir entrer pleinement dans une logique de diversité télévisuelle qui sera facilitée et renforcée par l'arrivée en 2010 des 10 chaînes gratuites de la TNT sur tout l'Outremer", affirme M. Jégo dans un communiqué.

"Elle permet d'établir une véritable égalité de traitement du service public audiovisuel entre la Métropole et l'Outremer", ajoute-t-il, et "RFO, ainsi libérée des contraintes de la publicité qui ne représente aujourd'hui que 7% de son budget, pourra jouer pleinement son rôle de chaîne publique de proximité". Selon M. Jégo, "cette décision permettra aussi l'émergence de nouvelles chaînes locales très attendues" par tous les Ultramarins.

L'Assemblée nationale a adopté vendredi un amendement visant à supprimer, à l'échéance de 2011, la publicité sur RFO, en télé, puis en radio, afin là aussi de permettre à des opérateurs privés de se développer et d'offrir une diversité de programmes, sans avoir à affronter une concurrence "déloyale" d'un service public qui dispose de la manne colossale de l'Etat, mais vient aussi ponctionner le marché local de la publicité, seule ressource des opérateurs privés.

16/12/08 – Vigilance fortes pluies

 

Un système dépressionnaire responsable des fortes pluies actuellement sur l'île était situé à 3h ce matin à environ 180km dans le Nord- Nord-Est de Mayotte. Les masses nuageuses, les plus actives demeurent toujours sur notre zone. Les seuils de forte pluie peuvent être atteint ou même dépassé à certains endroits. Selon les prévisions Météo France, le vent souffle de secteur Sud-Est de 30 à 40km/h, avec des rafales de vent de l'ordre de 80km/h sous grains. Aucune amélioration n'est prévue avant la soirée de lundi, par conséquent l'alerte "fortes pluies" est maintenue jusqu'à amélioration. Arrêté vers 9h30 ce matin, le trafic des barges a repris environ une heure après. En revanche le trafic aérien est interrompu jusqu'à l'amélioration des conditions climatiques. La piste de l'aéroport a d'ailleurs été inondée.

Rappel des consignes à la population : Tenez-vous au courant de l'évolution de la situation météorologique en écoutant les informations diffusées dans les médias par Météo- France et les autorités ; ne vous déplacez qu'en cas de nécessité ; s'il vous est absolument indispensable de vous déplacer, soyez très prudents, respectez, en particulier, les déviations mises en place ; tenir les enfants à distance des caniveaux qui peuvent à tout moment déborder ; ne tentez jamais de franchir, à pied ou en voiture, les ravines et les rivières en crue ou qui peuvent l'être soudainement, ainsi que les radiers submergés ; signalez votre départ, votre destination et votre arrivée à vos proches ; dans les zones inondables, prenez toutes les précautions nécessaires à la sauvegarde de vos biens face à la montée des eaux, même dans les zones rarement touchées par les inondations ; prévoyez des moyens d'éclairage de secours et faites une réserve d'eau potable ; si vous utilisez un dispositif d'assistance médicale (respiratoire ou autre) alimenté par l'électricité, prenez vos précautions en contactant votre établissement de santé ou votre association de prise en charge ; faites attention à l'eau du robinet : ne pas oublier qu'elle peut rester impropre à la consommation au moins 48h après l'arrêt des pluies.

A noter que depuis début octobre, nous connaissons de nombreux épisodes pluvieux sur Mayotte avec de forts cumuls qui atteignent parfois des records. Pamandzi bat un record jamais égalé depuis 1978 pour cette période de l'année, Bandrélé bat un record de 1986.

15/12/08 – L’avenir de l’entreprenariat menacé ?

Le bilan des échanges, parfois houleux, qui se sont tenus durant la conférence débat organisée ce vendredi par la JCE Mayotte, fait état d'un paradoxe inquiétant. Malgré une croissance mahoraise qui continue d'avancer, soutenue par une consommation des ménages aussi dynamique que l'activité des services marchands, le bâtiment, secteur clef de l'économie locale –le BTP représente 30% des entreprises locales, et emploi 36% des actifs – fait face à de nombreuses difficultés, et les perspectives 2009 tendraient à dramatiser la situation. En cause, la collectivité et les communes. Mauvaises payeuses à la gestion hasardeuse, les institutions publiques, premiers clients du secteur, "laissent sur le carreau de nombreuses entreprises, dont certaine ont 50% de leur chiffre d'affaires inscrit comme créance", précise Pascal Labriet, directeur de la SMTPC et représentant de la FMBTP. De plus, les collectivités n'ont pas renouvelé les commandes de projets structurants pour l'année à venir (gymnases, écoles, collèges, routes…), pourtant nécessaires au développement de l'île. "2009 sera une année charnière. Les quelques chantiers que l'on trouve éparpillés sur l'île aujourd'hui ne sont rien d'autre que les arbres qui cachent la forêt."

Pour faire face à cette situation, le soutien des banques est impératif. Dans ce sens, Madi Issouf, représentant la BFC, a promis que les conditions d'accès à l'emprunt et la confiance dans les partenaires sont maintenus. Une position que ne semble pas partager M. Labriet, qui a expliqué que la multiplication des créances, imputables à l'attitude des collectivités, conduit les banques à refuser l'emprunt. Sans ressources et privé de l'accès au crédit bancaire, les entreprises revoient leurs investissements à la baisse. Un cocktail explosif qui conduira inévitablement à des licenciements, ont prévenu la Capeb et la FMBTP. Et si les "gros" arrivent à se maintenir, grâce au soutien de leur maison mère, la situation devient "très difficile pour les petits artisans", comme l'a expliqué le représentant de la Capeb.

D'autant plus difficile que ces artisans qui "tablent sur le marché des particuliers pour tenter de se relancer, sont concurrencés déloyalement par le travail illégal", selon le représentant du Medef, Marc Bailleul, qui a dénoncé un renoncement de l'Etat et des pouvoirs publics à combattre l'économie parallèle. "Ceux qui opèrent dans la légalité sont en train de mourir"a-t-il conclu. On regrettera que les chambres consulaires (CCI, Capam, CMA) n'aient pas porté plus le ou les messages de leurs adhérents, bien qu'elles aient toutes trois insisté sur l'importance de maintenir et d'intensifier la formation, tout comme la Boutique de gestion, qui conclura sur une note positive : les porteurs de projets sont de plus en plus nombreux.

12/12/08 – Hichima, une belle « récompense » pour les artistes

Le service culturel veut terminer sa programmation 2008 en beauté. Hichima, la soirée de gala entièrement dédiée aux artistes de Mayotte et qui récompense les meilleurs de cette année, se déroulera ce samedi 13 décembre au cinéma Alpa Joe. Après les récompenses, le public est invité à faire un retour musical dans le passé et revivre les sonorités des Rapaces et Globisine… Le premier Hichima attribuera sept prix aux artistes locaux : trois en musique pour les meilleurs album, concert et interprète, deux en danse (traditionnelle et contemporaine), un pour le meilleur spectacle de théâtre et le dernier pour la littérature. Dernière action du SC de cette année 2008, Hichima se veut être symbolique et fédératrice. L'idée de récompenser les meilleurs artistes est à saluer. Le SC cherche en effet à valoriser à la fois l'artiste et le genre. Une façon pour lui de "confirmer sa politique" et "permettre au grand public de découvrir les arts". "Nous allons récompenser ce qui semble le mieux abouti cette année 2008", précisait le directeur du SC Alain-Kamal Martial aux membres du jury.

L'évènement commencera à 20h, une demiheure après l'arrêt du vote du public pour le meilleur album. Pour ce prix, les albums nominés sont au nombre de quatre : "Yayo nde mahabari" de Babadi, "Ulindra Uhodza" de Trio, "Marahaba" d'Eliasse et "Tsenga" de Mikidache et M'toro Chamou. La cérémonie d'attribution des trophées des meilleurs artistes 2008 sera suivie d'une soirée de gala jusqu'à une heure du matin. Elle sera spécialement consacrée à la musique mahoraise des années 60 et 70. L'entrée à la soirée est de 10 euros et seulement 150 places sont disponibles, précise le SC. La recette de cette soirée sera entièrement versée à l'Association des musiciens qui est présidée par Jean-Raymond Cudza, et à la formation des auteurs de Mayotte, "afin de permettre leur inscription à la Sacem ou à la Saced", précise le SC.

UNE Mayotte Hebdo N°408 – Vendredi 12 décembre 2008

UNE Mayotte Hebdo N°408 - Vendredi 12 décembre 2008Lieu-dit "Choungui" (4 pages)

Seul au monde

 > Environnement – Nouvelle étape dans la création du parc marin
 > Sénat – Deux députés pour Mayotte
 > Politique – Mansour Kamardine : "J'assume"
 > Sécurité civile – Des collégiens réfugiés d'un jour
 > PMI – "Le parent pauvre du CG"
 > Sports – 2 gymnases, 1 stade territorial, 2 plateaux couverts …
 > Mayotte ECO – Recyclage, Enzo veut nettoyer Mayotte

 

12/12/2008 – Lieu-dit : Choungui

Histoire et évolution

« La génération actuelle ne doit pas oublier d’où on vient »

À l’occasion de ce reportage, plusieurs interlocuteurs se sont successivement passés la main afin de trouver celui qui pourrait nous conter au mieux le village et son actualité. Des jeunes gens, d’autres personnes un peu plus âgées, tous ayant grandi, vécu ou s’étant marié à Choungui. Nous avons finalement pu rentrer en contact avec celui qui semblait le plus apte à remplir cette tâche…

« La génération actuelle doit connaître l’histoire et les origines de notre village. Ils ne doivent pas oublier d’où on vient car s’ils l’ignorent, le jour où nous, les plus grands disparaîtront, qui pourra le faire ? ». C’est ainsi qu’Ahmed Soilihi, ancien maire et directeur de l’école primaire de Choungui, entame l’entretien, installé sur son canapé où, près de lui, sa petite fille sommeille paisiblement.

Mayotte Hebdo : Connaissez-vous la première famille de Choungui ?

Ahmed Soilihi : Parfaitement, puisque je fais partie de cette descendance. Ce sont les « Foundi », les premiers du village. Ensuite, il y a eu la famille M’kadara et la famille Idaroussi.

MH : Ceci date de combien d’années ?

AS : Ouuuh ! Je ne pourrais pas vous dire de combien de temps ça date.

MH : Une date approximative…

AS : Je suppose que ça devait être au 17ème ou 18ème siècle, quelque chose par là. Je suis désolé, je ne peux pas être plus précis sur la période. En revanche, je sais comment est né le village… La famille Foundi est d’origine malgache. Lorsqu’ils sont arrivés à Mayotte, c’est à Saziley qu’ils logeaient, mais leur lieu de vie a été décimé par une importante maladie et ils ont été obligés de fuir. Il y avait parmi eux M’zé Touaka et sa sœur. Ensemble, ils ont parcouru les villages du sud : M’bouini, Passi-Kéli, M’ronabéja… seulement, sachant d’où ils venaient, les habitants de ces localités les chassaient constamment. Arrivés à Kani-Bé, M’zé Touaka et sa sœur ont rencontré un voyant qui leur a proposé de rapporter de la terre dans la région où nous vivons aujourd’hui. M’zé est revenu avec différents blocs de terres et les a présentés au voyant qui leur a conseillé de créer leur foyer à l’endroit d’où provenait une des terres qu’il a examinées. Ainsi, M’zé Touaka et sa sœur sont montés dans la forêt. Ils y ont cultivé et construit leur petite maison, puis redescendaient à Kani-Bé jusqu’à la finition du foyer. Seuls pendant très longtemps, en pleine forêt, ils avaient peur, mais n’avaient pas le choix.

« Pratiquement tous les visiteurs de l’île font le mont Choungui »

MH : Choungui était donc une immense forêt avant la venue de cet homme. Racontez-nous son développement…

AS : Oui. Et d’ailleurs, le nom du village c’est « Choungua » à l’origine, ce qui signifie champ de culture vivrière. Mais bon, il s’est transformé en Choungui au fur et à mesure. Au fil du temps, la population a grandi jusqu’à devenir un village. Avant, nos habitats étaient construits en terre battue, avec des toits en tôles pour ceux qui en avaient les moyens. Le premier à construire une maison en dur a été Idaroussi, un retraité militaire. C’est aussi le premier commerçant de Choungui. Il vendait un peu de tout grâce à la marchandise qu’il récupérait en Petite Terre. Il n’y avait pas de route ! Alors, nous utilisions le bateau jusqu’à M’ronabéja et puis nous continuions à pied. Parfois, Idaroussi faisait transporter ses biens par des ânes. Nous allions à l’école à pied, jusqu’à M’zouasia, d’autres se rendaient à Chirongui, à M’ronabéja ou à Kani tous les jours, jusqu’à ce que les villageois décident de créer une école près du terrain de foot en 1976. Tous les travailleurs, charpentiers, menuisiers, maçons se sont unis pour ce projet. Aujourd’hui, notre école se trouve à l’entrée du village. (Ahmed Soilihi réfléchit un temps…) Il y avait énormément de rivières dans les années 80, beaucoup d’eau. Je me souviens quand je jouais au football, on se rendait tous à la rivière après le match pour nous laver, tranquillement. A Choungui, il y avait aussi beaucoup d’oiseaux, des dizaines de types d’oiseaux. Il y avait de grands aigles…

MH : Mais que s’est-il passé ?

AS : En 1984, le cyclone Kamissi a ravagé Mayotte, il a surtout tapé de plein fouet la zone sud. Depuis cet événement, tout a changé. L’eau des rivières a diminué chaque année jusqu’à rendre la dernière goutte, les oiseaux ont disparu. C’était aussi le début de l’insalubrité. Le respect de notre environnement, de la propreté du village continue de s’estomper. Je me souviens, nos mamans s’occupaient de la protection de l’environnement, mais pas possible ! Aujourd’hui, on s’en fout !

MH : Vous avez espoir que cette mentalité perdue revienne un jour dans le village ?

AS : Moi, j’aurais aimé garder cet aspect de la propreté initiale de nos mamans. Je souhaiterais qu’on respecte cet amour ancestral de la propreté à Choungui. Maintenant, à nos jeunes d’agir et à nous de les encourager à agir afin de retrouver cette mentalité. Nos jeunes doivent s’occuper de l’agriculture et de l’artisanat, ce sont deux grands atouts touristiques que l’on n’exploite pas lorsqu’on sait que pratiquement tous les visiteurs de l’île font le mont Choungui. En redescendant, ils veulent visiter le village, mais seulement il n’y a pas tellement d’activités. Il reste qu’un seul monsieur ici qui continue dans l’artisanat, il s’appelle Halifa Alidi. Malheureusement, il a beaucoup de mal à vendre ses créations, c’est dommage !

« Ils en avaient marre de vivre coupés du reste de Mayotte, sans route et sans eau »

MH : Le village était-il aussi grand il y a quelques décennies ?

AS : Oh non ! Au contraire… C’était même l’exode. Des familles quittaient le village pour la ville ou la France. Ils en avaient marre de vivre coupés du reste de Mayotte, sans route et sans eau. Choungui était pénible à vivre. La route a été inaugurée en 1979 et un peu plus tard, l’adduction de l’eau. À présent, ceux qui reviennent veulent habiter ici, c’est calme et il fait très frais à n’importe quel moment de la journée, mais il n’y a plus d’emplacement. Pour vous dire, des lotissements sont en cours !

MH : Vous avez été maire de la commune à une période ?

AS : En effet ! C’était entre 2001 et 2007. Avant cela, j’étais conseiller municipal du village depuis 1983, mais aussi adjoint au maire. Aujourd’hui, je suis directeur à l’école primaire de Choungui. Et malgré la fin de mon mandat, je reste un politicien. Je fais partie de l’UMP et j’assiste à certaines réunions politiques.

MH : Beaucoup de villageois perçoivent Choungui comme l’oublié de la commune. Lorsqu’ils regardent ce qui se réalise dans les autres localités – les MJC, les plateaux polyvalents… – ils constatent la différence qui est claire d’ailleurs. Comment percevez-vous ce point de vue ?

AS : Non, je ne dirais pas que Choungui est un village oublié. C’est vrai qu’il manque beaucoup de choses, mais le problème n’est pas l’isolement. Il y a d’abord un souci financier, mais surtout un gros problème de foncier. A Choungui, il y a encore des problèmes de foncier, mais il faut savoir que le projet d’effectuer un plateau polyvalent et une MJC sont d’actualité, en tout cas pendant mon mandat, mais la nouvelle équipe doit certainement avoir un œil dessus. Lorsque j’étais maire, nous avons pu accomplir deux grandes MJC à Kani-Bé et à Kani-Kéli. Les élus ont des villages prioritaires et les villages prioritaires sont ceux dont les terrains sont disponibles.

Propos recueillis par Ichirac Mahafidhou

 

12/12/08 - Lieu-dit - Choungui

 


 

Transport

 

Le « stop » plutôt que le taxi

Les taxis… les villageois de Choungui n’y comptent pas trop, pour ne pas dire du tout ! Alors lorsque l’un d’entre eux souhaite quitter le village, c’est en « stop ». Et si ailleurs les auto-stoppeurs tendent le pouce ou le bras pour tenter d’influencer les voitures passagères, ce geste n’est vraiment pas nécessaire à Choungui : « Nitsaa ni pachié ! » (ndlr : « Je veux monter ! ») et l’affaire est réglée !

On ne le répètera jamais assez. Avec son interminable montée afin de l’atteindre, Choungui demeure un village très isolé parmi les autres localités de la commune. Toutefois, cela n’empêche pas les habitants d’en sortir quand bon leur semble. Certes, ils ne bénéficient pas des nombreux passages de taximen comme la majorité des Mahorais peuvent en bénéficier : l’endroit reste beaucoup trop haut et au bout d’un cul de sac. Par conséquent, les chauffeurs de taxis risquent de rebrousser chemin, déçus en apercevant l’unique caillasse des bords de route. Ils pourront toujours se donner la peine de procéder à un, deux ou trois tours du village, mais ce ne sont pas beaucoup d’habitants qui grimperont dans leurs automobiles.

« Il y a des personnes qui attendent les taxis qui ne montent jamais, plus tard dans la journée il y a un ou deux taxis qui passent par-là, mais qui ne trouvent personne », témoigne Ahamadi Ibrahim. Dans la fraîcheur et le calme absolu du village, il poursuit : « Il n’y a pas de coordination, pas d’organisation, rien ! C’est, ou bien tu as de la chance ou bien tu n’en as pas ». Selon le nouveau bachelier en STG Mercatique, futur étudiant de Métropole, il serait convenable pour le bien du village que les responsables de la commune ou des taximen mettent en place des horaires : « ce serait tellement plus clair et plus simple ».

Cette bonne idée ne concerne pas uniquement Choungui, car d’autres villages – une minorité – qui ne sont pas au bord de la route principale, se trouvent dans la même situation. En attendant, les Chounguiens ont trouvé une astuce pour combler le manque de taxis : le « stop ». Cette solution au problème constitue tout simplement une logique, une évidence.

Grande famille, donc grande chance de trouver du « stop »

« Choungui n’est pas un immense village, tout le monde se connaît », affirme le surnommé Tishen. Dépassant l’accointance, le relationnel, la bonne entente entre les habitants, la moitié des villageois sont de la même famille, proche ou éloignée. C’est donc de bon cœur, par gentillesse, mais aussi par lien de parenté que les automobilistes de la place ramassent les auto-stoppeurs. Et pour les plus égoïstes, difficile à la – seule, unique et étroite – sortie du village de faire semblant de n’avoir vu personne quand il y a quelqu’un au bord de la route.

Finalement, bien que les taxis ne sont pas fréquents, pour ne pas dire inexistants, les liens amicaux et familiaux permettent aux auto-stoppeurs de trouver gain de cause en leurs chauffeurs d’un jour et de toujours, « plus nombreux au fil du temps ». Bien entendu, ce n’est pas tous les automobilistes du village qui ramassent, même s’ils ont de la place. « Il est possible qu’une personne ou une famille possédant une voiture ait un souci avec untel ou untel villageois, dans ce cas-là il ne s’arrêtera pas. Mais bon, c’est rare que ça arrive », explique le jeune homme de vingt ans confortablement installé sur un parpaing.

Dans son dos, une dame se rendant à la sortie du village pour trouver du stop croise sur son chemin une voiture, vitre passagère baissée : « Nitsaa ni pachié ! », s’écrie-t-elle. Pas cinq mètres plus loin, et la Peugeot 205 rouge s’immobilise. Le temps pour la villageoise de monter et le chauffeur repart tranquillement… Un exemple type, en direct, de ce que peut être le transport à Choungui. « Ceux qui ne s’arrêtent pas sont fichés ici. Ça fait vite le tour ! », assure Tishen. Leur inconvénient pour ceux-là constitue la « musada », c’est-à-dire l’entraide des villageois qui s’affaiblit à leurs uniques dépens.

La galère du retour

Le retour au village demeure une toute autre histoire, un réel problème, surtout pour ceux qui se rendent dans la capitale mahoraise. Là, les taxis sont bel et bien présents, seulement voilà, Choungui n’a aucun centre d’intérêt pour l’ensemble des taximen se rendant au sud de l’île. La cause ? Un tel détour pour un ou deux clients n’est pas imaginable. Conséquence, ce sont parfois jusqu’à trois ou quatre heures de temps que les premiers habitants de Choungui souhaitant rentrer chez eux doivent patienter.

« Si on veut rentrer, nous devons être quatre ou cinq personnes de notre village, sinon le taxi refuse de nous conduire. Avec cinq personnes et 4,80 euros par tête, le chauffeur est gagnant. Peu lui importe de nous rendre service, c’est d’abord son intérêt avant celui de la population », constate amèrement Tishen. Une solution autre se présente aux habitants de Choungui à ce moment-là… avoir recours au « stop », une nouvelle fois.

« Moi, quand je n’ai pas envie d’attendre, je prends le taxi qui va à Chirongui ou à Bouéni. Au mieux il me laisse au carrefour* et là j’attends qu’une voiture me monte au village », explique le jeune homme de vingt ans. « Les habitants de Choungui nous connaissent, nous reconnaissent sur la route. Si ce n’est pas rempli, ils s’arrêtent, sans souci ». Le « stop » représente donc majoritairement le moyen de transport des non-conducteurs chounguiens. Et quoi qu’il arrive, quel que soit le risque ou le pourcentage de trouver de quoi rentrer, ce n’est certainement pas ce « handicap » qui les empêchera de déserter – pour un temps – leur village aimé.

Ichirac Mahafidhou

 


Les étudiants « n’ont pas le droit à l’erreur »

Si les taximen ne connaissent pas un franc succès à Choungui, pour cause – notamment – d’un manque d’horaires, les transports scolaires eux, se présentent tous les matins à des heures bien précises. Et tant pis pour celui ou celle qui ne se sera pas levé à temps ! A moins « d’avoir une grande gueule » selon Tishen.

4h : les premiers écoliers se lèvent, 5h30 : passage du premier bus, celui se rendant au lycée de Sada, 6h : le second car terminant sa course à Chirongui surgit pour repartir très vite. Enfin, 6h15 : le dernier transport scolaire à destination du collège de Tsimkoura s’en va.

Pour les lycéens – ceux de Sada en particulier – ayant raté le bus, le parcours du combattant demeure difficile à achever, surtout pour les timides : « Si tu restes dans ton coin en attendant que les chauffeurs t’invitent à monter, tu peux toujours attendre. Et même quand tu demandes, il y a des médiateurs qui refusent de te prendre. Ce n’est pas par méchanceté, mais ils font juste leur travail, et c’est à nous de nous lever à l’heure ! Par contre, si tu insistes, tu argumentes, tu ne veux vraiment pas rater ton cours et que tu le fais savoir, les médiateurs te laissent monter finalement. Mais il ne faut pas que ce soit trop répépétif ».

 


Culture et sport

 

Un espoir éternel de voir les choses changer

Sans éclairage ni matériel d’entraînement pour les footballeurs, sans plateau polyvalent pour les adeptes de volley ou encore sans MJC, les villageois, « oubliés » par les responsables de ces associations ainsi que par les élus de la commune, sont condamnés à agir avec les moyens du bord. En espérant que la hauteur du village – et donc son « exil » – ne constitue, un jour, plus un obstacle pour son développement culturel et sportif, comme elle l’a toujours été.

Lorsque l’on jette un œil aux structures sportives et culturelles de chaque village de la municipalité de Kani-Kéli, on se rend vite compte qu’il y a une localité différente, oubliée, négligée. « Est-ce injuste ? », demande-t-on à Irchada Ahamada. « Evidémment », répond sans un grain d’hésitation celui qui a mis en place le tennis de table et – avec Kamaria Saïd – le volley-ball à Choungui, en 2004.

-« Vous savez où on est là ? », interroge-t-il.

-« Non ! »

-« Non ? », insiste-t-il.

-« Ici, nous sommes dans notre MJC, notre belle MJC » (ndlr : Maison des jeunes et de la culture), ironise Irchada.

Et quelle triste ironie ! Car c’est dans ce foyer totalement délaissé depuis des lustres qu’est censé reposer un lieu d’accueil pour les villageois, des animateurs communaux à leur service, un centre de documentation et d’information (CDI) et des ordinateurs avec l’accès à internet pour les étudiants, un coin propre et spacieux dédié aux manifestations festives… Rien de tout cela à Choungui !

À la place, quelques mètres carrés où demeurent une construction en béton menaçant de s’effondrer d’un instant à un autre et où les enfants aiment passer du temps malgré tout, malgré l’indisponibilité, malgré le danger. Ils y ont d’ailleurs fabriqué deux balançoires, faites de fils électriques et de bouts de bois. Il y a toutefois un point positif à ne pas négliger selon Ahamadi Ibrahim dit Tishen : l’air frais traversant les endroits « réservés » aux portes et fenêtres, causant un agréable courant d’air à l’intérieur. « Vous ne sentez pas ? », plaisante-t-il. « C’est pour ça qu’on s’est arrêté ici. Même s’il n’y a rien, déjà c’est notre seule place et en plus il fait frais », conclut Tishen un peu plus sérieusement. Il faut dire que dans ce village en altitude, la fraîcheur règne partout, une grande partie de la journée.

Un cruel manque de sérieux et de volonté

Ladite « MJC » de Choungui, l’unique espace de vie des jeunes donc. Deux à trois fois par an, les plus motivés y organisent des soirées, car « il faut bien que ça bouge au moins une fois dans l’année ». Irchada estime que de nombreuses fêtes et autres événements culturels pourraient être coordonnés au cours d’une année, mais les volontaires à une quelconque organisation se font très rares. Au final, ils demeurent toujours les mêmes, tant dans la culture que dans le sport.

En ce qui concerne le football, premier sport du village, il est en voie d’extinction tant les responsables sont inexistants. Avec l’équipe Atlantic créée en 1982, le village détenait un second club : l’ASJC (Association sportive des jeunes de Choungui). Ces derniers ont fusionné en 98 pour devenir le Choungui FC. Trop de villageois veulent intégrer le groupe, mais chaque place coûtait très cher. En 2004, deux personnes ont alors l’idée de lancer une autre discipline pour ceux qui n’avaient pas la chance de faire partie du CFC.

Le hand et le basket ont été évoqués, mais c’est le volley qui sera généré : « Il y a des handballeurs et des basketteurs ici, mais pas de plateau polyvalent, donc pas de cages ou paniers. Il semblait donc plus simple de mettre en place une équipe de volley », nous explique l’arbitre de foot Irchada. « La grande question à l’époque était de savoir à quel endroit nous allions jouer », poursuit-il. Avec l’autorisation des villageois, c’est l’école primaire qui a été désignée comme terrain de jeu des volleyeurs. Mais voilà qu’aujourd’hui, ces derniers sont menacés par les parents d’élèves de ne plus jouer au sein de la structure éducative.

L’association des parents d’élèves contre le volley

« Les parents nous reprochent de nuire à la propreté de l’école et surtout nous accusent de casser les fenêtres des classes. Nous, on ne fait que s’entraîner. Par contre, les gamins entrent aussi dans la cour pour jouer au foot. Ils cassent et s’en vont, puis tout le monde est mis dans le même sac. Ceux qui respectent et ceux qui ne respectent pas », se désole le Chounguien. Dans ce cas comme dans bien d’autres, l’intervention des responsables du village et de la commune afin de trouver une solution au problème s’impose, mais là encore, aucune réaction.

Pendant ce temps, la voix des parents d’élèves se densifie jusqu’au jour où elle sera assez forte pour mettre en péril la pratique du volley à Choungui. Et pourtant, fort de sa trentaine de licenciés, cette pratique monopolise une partie des jeunes – filles et garçons – au même titre que le football (45 licenciés) ou le tennis de table (58 licenciés).

Cette présence d’activités sportives, comme partout à Mayotte constitue un atout essentiel pour l’animation et la réputation du village, et plus important pour la santé et le plaisir du sport. Elle reste également un sérieux remède contre la violence et la délinquance. Mais en persistant sur cette lancée, celle de l’isolement et du désintérêt de tous, tous ces avantages dont jouit difficilement Choungui risquent de disparaître. Et plus que les sportifs, plus que la localité, c’est la commune qui pourrait en payer le prix.

« Si on prive ces jeunes de sports, dans quoi vont-ils se lancer ? C’est leur seule occupation de retour de l’école ! », accentue Irchada. « La réponse existe déjà. », continue-t-il. « Il y a un voleur dans ce village. Il est jeune et faisait du tennis de table. Mais comment peut-il être motivé dans ces conditions ? Nous avons deux tables pour une cinquantaine de licenciés ! Aujourd’hui il est seul, heureusement, mais demain ? »

« Il y a des talents, mais absolument personne ne s’en soucie »

À Tishen de consolider l’opinion d’Irchada et des sportifs de Choungui en général : « Au foot c’est pareil. Quand on arrive sur le terrain, on prend le ballon et on fait un match. Personne n’est là pour nous. On n’a pas de coach, aucun matériel et les membres du bureau du club sont aux abonnés absents. Où est la motivation ? Les jours de match, même les gens de Choungui ne viennent pas nous voir », déplore-t-il. Selon lui, le départ des lycéens en Métropole pour poursuivre leurs études a été le déclic de cette chute libre.

« Avant, c’était bien et sérieux. Venir jouer à Choungui n’était vraiment pas chose facile, tous les adversaires nous redoutaient. Mais il y a trois ans, la grande équipe du village était composée de lycéens qui venaient d’avoir leur bac. Depuis leur départ en France, plus rien n’est pareil. Le sérieux et l’envie ont disparu », ne peut-il que constater.

Aucune structure, aucun encadrement et aucun matériel, Choungui n’est pas gâté en matière de culture et de sport, « et pourtant, il y a des talents dans notre village, que ce soit en foot, en volley ou en tennis de table. Le gros problème, c’est qu’absolument personne ne s’en soucie. Avant les dernières élections, le maire et le conseiller général étaient de Choungui, mais ils n’ont rien fait pour notre village, rien du tout. Ni pour le sport, ni pour la culture. À présent, ce sont deux personnes de villages différents. Vont-ils penser à nous ? », se demande Tishen. Lui s’en va en France pour les études, mais il espère de tout cœur que la mentalité des responsables, à propos du sport et de la culture dans son village natal, finisse un jour par changer.

Ichirac Mahafidhou

 

12/12/08 - Lieu-dit - Choungui

Un m’zungu à Choungui

 

« Je me sens bien intégré »

À l’école primaire, l’entraînement de volley se poursuit et Irchada Ahamada, notre interlocuteur principal nous parle du commerce local. Assis sur le béton, les jeunes en face s’échangent des services lorsqu’un individu se présente au « terrain ». Savates typiques de Mayotte, short à fleurs et tricot uni foncé, cet Européen se fond dans l’ambiance et se retrouve, au bout de quelques minutes, pieds nus dans la surface de jeu avec son équipe…

Il a 52 ans, certainement le plus âgé de tous, mais n’hésite pas à participer comme il en a l’habitude. Vincent Ecouard travaille au lycée professionnel de Chirongui et habite à Choungui. Vincent Ecouard – ou M. Gnota comme on le nomme là-haut – c’est le « m’zoungou » de la localité. « Ca a été bref et rare, mais il y a déjà eu des blancs qui ont habité ici », confirme l’ancien maire Ahmed Soilihi. À ce jour, M. Gnota reste le seul et l’unique !

Demeurant depuis un semestre au quartier de la mosquée (sud du village), ce professeur de vie sociale et professionnelle a vécu auparavant un mois et demi chez sa sœur à Bouéni. « Ce sont les énergies qui m’ont conduit ici », répond-il rapidement à la raison du choix du village. Car M. Gnota fait également de la bioénergie et a son cabinet à Choungui : « Je fais des massages en utilisant le magnétisme. J’ai des clients, ceux qui viennent comprennent que ça agit sur l’équilibre, l’énergie, le psychique, la santé mentale… », dit-il, précisant que ses clients sont des personnes extérieures au village.

Choungui, M. Gnota y voit un aspect inexploré : « Les gens trouvent que c’est loin donc ils hésitent à venir. C’est vrai que ça fait un peu coupé du monde si on n’est pas motorisé. Un service fixe de transport devrait se créer, à ce moment-là le village serait sûrement plus animé ». Un habitant passe près du prof et discute quelques secondes avec… en swahili. « Je maîtrise cette langue. Et je me débrouille pas mal en shimaoré », insiste-t-il avec un petit sourire. Ce jeune homme vient de lui demander un renseignement sur un devoir, ce qui arrive souvent avec les étudiants de Choungui qui sollicitent M. Gnota. Celui-ci les accueille et les aide sans aucun souci.

Cet élément s’ajoute à la bonne intégration du prof qui affirme être bien à Choungui : « Il y a de bonnes énergies ici, en plus je me sens bien intégré. On m’invite toujours dans les événements locaux. Par courtoisie, des villageois passent me rendre visite quelquefois, tout se passe bien ». Le soleil se couche à Choungui, l’entraînement s’achève et les volleyeurs – et volleyeuses – quittent l’école en attendant une nouvelle séance; non pas de massage, mais de volley avec qui sait, M. Gnota au service…

I.M

 

12/12/08 - Lieu-dit - Choungui

Commerce

 

L’isolement profite à l’économie locale

Il existe cinq petits commerces à Choungui. On y trouve du riz, de la viande, du pétrole, de la boisson, beaucoup de bonbons, quelques recharges téléphoniques, plus récemment du gaz… Loin, très loin des sandwichs frites-steak pour le midi ou du restaurant pour le dîner, les habitants de Choungui – non véhiculés – font avec ce qu’on nomme les « doukas » et/ou la production agricole locale, ceci au bénéfice de leur porte-monnaie.

Il faut savoir qu’il y a deux types de personnes à Choungui : ceux qui possèdent un moyen de locomotion et ceux qui commissionnent ! En sortant du village pour se rendre en ville, au travail, à la plage ou chez la famille, les automobilistes ont accès aux plus grandes surfaces commerciales et peuvent se procurer ce que les Mahorais « d’en bas » se procurent plus facilement. Ainsi ils vivent comme les différents habitants de l’île, commercialement parlant. Les autres, ceux qui ne possèdent pas de moyen de déplacement, se contentent de ce qu’ils peuvent obtenir dans les « doukas » et, si nécessaire, commissionnent ceux qui quittent le village.

Ces derniers ne sont pas forcément des grandes personnes ayant des voitures. A partir du moment où un villageois est collégien, il peut « partir en mission » pour sa famille… grâce aux transports scolaires. Soilihi Foundi constitue l’exemple type du commissionné de Choungui : « Moi, souvent quand je vais au lycée ma mère me confie de l’argent et me demande de ramener des choses », fait-il savoir. Tout autour de l’île, il arrive que les plus jeunes ou les plus naïves se fassent piéger par des personnes mal intentionnées, des racketteurs, qui plus est parfois leurs « camarades » de classe. Le plus malheureux est que cette monnaie est précieuse aux yeux des familles, qu’elle ne représente pas un simple argent de poche, sachant qu’à Mayotte l’argent de poche n’est pas courant… Les parents non véhiculés n’ayant pas le choix, ils reposent leurs attentes sur ces écoliers.

Un gros problème de livraisons

En deuxième année en BTS à Sada, Soilihi Foundi fait partie d’une des cinq familles commerçantes du village. Au cœur de la localité, sa mère gère la boutique, mais les Foundi se relayent entre frères et sœurs. L’air de rien, « ce sont les bonbons qui se vendent le plus. À cinq, dix ou vingt centimes, les gamins passent et repassent tous les jours », reste étonné l’étudiant de 21 ans. Et ces petits cents rapportent du bénéfice ! En dehors de la gourmandise des enfants, les villageois de Choungui consomment beaucoup de Coca. Mayco constitue une des deux seules satisfactions – avec Somagaz – de la commerçante depuis la création de son douka il y a plus de deux ans.

« J’ai essayé le pain, le riz et plein d’autres produits, mais quand ils arrivent au carrefour, les livreurs se découragent et descendent en direction de Kani-Kéli au lieu de continuer de monter. Il n’y a que Somagaz et Mayco qui respectent leurs engagements jusqu’à aujourd’hui. Pour les recharges téléphoniques, je suis obligée de descendre jusqu’à Kawéni pour en avoir alors qu’ils doivent me livrer. L’argent que je perds sur le chemin avec les taxis n’en vaut pas la peine », affirme-t-elle, « mais les habitants en ont besoin ! ».

Car avec les bonbons et le Coca en consigne, ce sont les recharges qui sont les plus achetées… Soilihi lui, positive : « De toute façon pour le pain, on peut faire un mois sans en manger. Moi, un bon bata-bata me suffit ! », assure-t-il avec un grand sourire. Par là, le Chounguien veut nous faire comprendre que les villageois de Choungui ont leur avantage, la campagne.

« Nous avons l’essentiel : la culture »

« La majorité des gens cultivent ici. On n’a pas vraiment besoin de pain ou de frites, ces aliments que les autres mangent pratiquement chaque jour. Nous avons ici l’essentiel : la culture », garantit le licencié du CVC et du CFC, les deux associations sportives du village. Cette manière de vivre avec peu de produits « importés » d’en bas n’est pas si différente de la vie mahoraise après tout, seulement la différence est qu’à Choungui, la culture est considérablement plus exploitée qu’ailleurs. Et ceci peut faire figure d’économie pour les villageois.

« Concernant la nourriture, c’est sûr qu’on utilise moins d’argent que de nombreux villages mahorais à cause, ou plutôt grâce à notre isolement », se reprend Irchada Ahamada. Le commerce crée de l’emploi, crée de l’activité et intéresse la population, autant locale qu’extérieur, il est actuellement le point fort de plusieurs communes mahoraises. Mais actuellement, s’il y a un thème qui serait susceptible d’attirer un minimum de touristes à Choungui, ce n’est certainement pas le commerce. Les cinq modestes commerçants que contient le village tentent tant bien que mal de combler les besoins de leurs – seuls – clients chounguiens.

Actuellement, rien de concret ne s’opère pour le développement économique de Choungui et à moins d’une subite réaction des élus de Kani-Kéli, cette situation ne risque pas de changer pour longtemps encore dans la « résidence » du mont Choungui.

Ichirac Mahafidhou

 

12/12/08 - Lieu-dit - Choungui

Richesse naturelle & Environnement

Mont Choungui, un écosystème exceptionnel

Emblème du village et de toute l’île, le mont Choungui, deuxième plus haut de Mayotte, est très prisé des marcheurs avec ses 594 mètres de hauteur, dont une bonne partie à pic. Peu d’entre eux savent qu’il est également un milieu naturel exceptionnel qui contient quelques espèces rares, voire uniques au monde, et qu’il convient donc de le préserver.

Etape obligée des touristes, de préférence pour le lever ou le coucher du soleil, l’ascension (sportive) du mont Choungui est une traversée de plusieurs milieux naturels en une petite heure de marche. En bas, la forêt humide et dense, en haut, une végétation sub-montagnarde et clairsemée, totalement différente. Entre les deux, la végétation rétrécit, se fait plus sèche, l’air plus respirable. Ventilé en permanence, le haut du mont est beaucoup plus sec que le reste de la forêt malgré des précipitations et une humidité élevées.

C’est ce climat particulier et la présence de roches alcalines, qui induit en général un fort taux d’endémisme, qui font du haut du mont Choungui une réserve botanique exceptionnelle, avec 6 plantes qu’on ne trouve à Mayotte qu’à cet endroit précis, dont au moins deux qui sont endémiques de l’île. Uniques au monde ! L’une d’entre elle porte d’ailleurs le nom d’Ivodea Chounguiensis.

Autre caractéristique intéressante, le haut du mont Choungui comporte un certain nombre d’espèces végétales que l’on trouve partout dans l’île, mais qui sont ici nanifiées. « Il y a moins d’humidité et plus de vent au sommet, les feuilles doivent donc être plus résistance et sont donc plus petites », explique Guillaume Viscardi du Conservatoire botanique national de Mascarin, qui part régulièrement à l’assaut du Choungui pour y trouver des espèces intéressantes.

« Le haut du mont est peut-être le reste de ce qu’il y avait avant, quand Mayotte était beaucoup plus haute », estime le botaniste. Le Dziani Bolé est d’ailleurs à peu près équivalent : sur la partie située face au vent on a trouvé une espèce qu’on ne trouvait jusque là qu’en haut du Choungui. »

Progressivement, de marche sympathique en forêt, la balade se transforme en quasi-escalade. La saison des fortes pluies de l’an dernier a encore creusé le sentier, obligeant le promeneur à s’accrocher aux racines des arbres pour se hisser toujours plus haut. Passé les 500 mètres, on se trouve enfin à découvert, la végétation est sèche et courte, la vue… magnifique.

Une partie encore inconnue

Pourtant, l’arrivée au sommet est source d’énervement pour Guillaume Viscardi : des traces laissent imaginer un bivouac récent, par des gens peu soucieux de préserver cet endroit unique. Canettes et déchets en tous genres trainent à côté d’un espace d’herbes tout aplaties qui a du accueillir une tente. Un carnage qui achève de convaincre le botaniste qu’il faut protéger le sommet du Choungui et informer les promeneurs de son importance. « Il y a au moins deux espèces uniques au sommet, dont une qui est une herbacée à laquelle personne ne fait attention par méconnaissance et qui est donc maltraitée à chaque passage. La psiadia pascalii n’a pas encore été beaucoup étudiée, elle pourrait un jour se révéler utile pour l’homme, or il n’en existe pas ailleurs. »

On trouve également au sommet au moins huit espèces d’orchidées, protégées par arrêté préfectoral. Seulement voilà, le profane ne peut les connaître et les reconnaitre et elles sont régulièrement cueillies par les promeneurs. « Depuis quelques années le sommet se dégrade énormément, toutes les personnes qui y viennent régulièrement le constatent », déplore Guillaume Viscardi. Autres preuves de l’influence humaine sur le milieu : la présence de manguiers et de citronniers, nés des noyaux jetés par les promeneurs. « Il faudrait poser des panneaux au sommet avec des photos et des informations sur les plantes rares, peut-être même une barrière pour cantonner les campeurs à la partie où le sol est terreux. C’est un endroit unique et suffisamment emblématique de l’île pour qu’on s’y intéresse un minimum », tempête le botaniste. Le mont Choungui n’a pas encore livré tous ses secrets aux chercheurs avides de découvertes exceptionnelles, tout un pan de la falaise est encore inconnu, car trop vertical pour s’y risquer sans matériel spécialisé.

Hélène Ferkatadji

 

12/12/08 - Lieu-dit - Choungui

 


Un rôle de surveillance

En shimaore, « choungui » veut dire « la vigie ». Il n’y a d’ailleurs pas que le mont Choungui qui soit un « choungui », plusieurs collines de l’île sont appelées ainsi. Autrefois, les villageois y allumaient des feux au sommet pour communiquer d’un bout à l’autre de l’île, essentiellement pour se prévenir de l’arrivée de pirates malgaches ou de soldats des îles voisines, pendant les périodes de guerres entre les « sultans batailleurs ». C’est pour cela que le haut de nombreuses collines, et du mont Choungui, sont aujourd’hui des padzas.

Les espèces qu’on ne trouve à Mayotte qu’en haut du Choungui

 

GENRE

ESPECE

SHIMAORE

SHIBUSHI

STATUT

Monoporus

bipinnatus

sari muhonko

sari honko

Endémique de Madagascar et de Mayotte

Cassipourea

ovata

 

bori ravini,

Endémique de Mayotte

Psiadia

pascalii

 

sari niewe

Endémique de Mayotte

Securinega

durissima

 

sari vavaloza mena

Endémique de Madagascar, des Mascareignes et de Mayotte

Ivodea

choungiensis

 

mvori voa

Endémique de Mayotte

Chionanthus

cordifolius

 

sari mri trele

Endémique de Mayotte

 

 

 

 

12/12/2008 – Environnement – Création du parc marin

Près de 70 personnes étaient regroupées à la case Rocher mercredi pour la première réunion du comité de pilotage du parc naturel marin de Mayotte, sous la présidence de Christophe Peyrel, représentant le préfet absent. Issu des services de l’Etat (Daf, affaires maritimes, DE,…), des collectivités locales (CG, mairies, parlementaires,…), du monde professionnel lié à la mer (pêche, aquaculture, tourisme et port) et des associations de loisirs et de protection de l’environnement, ce comité de pilotage présidé par le préfet constitue une sorte de parlement qui se réunit à chaque grande étape de la mission d’études pour la création du parc qui lui présente ses travaux.

Cette dernière est le cœur de la création du parc naturel marin. Composée de quatre agents de l’Agence des aires marines protégées, ainsi que de trois personnes mises à disposition par la Daf, dont son directeur du service des eaux et forêts Jean-Pierre Arnaud, la mission doit préparer un dossier sur les connaissances du patrimoine naturel du futur parc et l’usage que l’on souhaite en faire. Elle se divise en quatre groupes de travail : « activité nautiques et touristiques », « environnement », « pêche et aquaculture » et « composition du conseil de gestion ».

A terme, la mission et le comité de pilotage doivent proposer les limites du parc marin, qui devrait comprendre le lagon entier plus une zone encore non définie, les orientations de gestion et les membres du comité de gestion, qui mettra ces orientations en place une fois la création entérinée. La restitution de ces travaux est pour l’instant prévue pour le 31 décembre 2009, un calendrier « un peu optimiste », selon M. Peyrel. S’en suivra une enquête publique auprès de toute la population mahoraise pour recueillir les avis, critiques et propositions, ainsi qu’une consultation des organismes concernés.

Impliquer toute la population

« La mission a déjà bien travaillé auprès de la population », se réjouit Hadadi Andjilani, le conseiller général de Ouangani. « Les gens en parlent déjà beaucoup entre eux, c’est une très bonne chose. » La Semaine du développement durable en mai dernier a permis à l’Agence des aires marines de faire sa première grande opération de communication dans les villages, à l’aide de 12 films d’animation réalisés par la société Clap sur les thèmes de la mer et de sa protection.

Lors de la création du parc marin d’Iroise en Bretagne, premier existant, la mission s’est déplacée dans tous les conseils municipaux pour recueillir les avis des habitants. « La concertation est un élément fondamental », précise d’ailleurs Geneviève de l’Agence des aires marines protégées, qui a supervisé la création du parc d’Iroise. Un constat repris par tous en conclusion de cette première réunion, à commencer par le vice-président du conseil général qui a appelé tous les acteurs à s’impliquer dans cette concertation, notamment les maires qui ont un rôle essentiel dans la communication avec la population.

Cette première réunion aura permis de définir les points essentiels des discussions à suivre pour la création du parc, en premier desquels on trouve bien entendu la pêche. Au départ hostiles au projet, de peur que le parc ne soit qu’un « aquarium géant » dans lequel toute pêche serait interdite, les pêcheurs y adhèrent peu à peu mais maintiennent l’exigence de repousser les thoniers senneurs aux 50 miles nautiques. « Le rejet d’un thonier représente une année de pêche d’un Mahorais », a précisé Dominique Marot, président d’Aquamay. Cette décision, qui relève de l’Union européenne, pourrait être aidée par la création du parc marin.

Autre point d’importance soulevé par les participants, le lien terre-mer, à savoir la nécessité de travailler sur la gestion des déchets et l’assainissement de l’île, une « problématique forte » selon le secrétaire général de la préfecture. Les limites du parc marin sont également une préoccupation importante. Prévue au départ pour juin, la prochaine réunion du comité de pilotage est avancée au mois d’avril, les membres du comité de pilotage ont été invités à s’impliquer au maximum dans les travaux de la mission d’études.

Hélène Ferkatadji

 


 

Les parcs naturels marins

Un seul existant : celui d’Iroise depuis septembre 2007

Quatre actuellement à l’étude :

  • La Côte Vermeille
  • Mayotte
  • Les estuaires de la Somme, de l’Authie et de la Canche
  • L’estuaire de la Gironde et les Pertuis-Charentais

 


 

Le lagon en chiffres

  • 1.100km² de surface, soit 4 fois celles des terres émergées
  • 45,5km² la surface de lagon actuellement protégée
  • 195 km la longueur des récifs frangeants
  • 140 km la longueur de la barrière externe
  • 12 km la longueur de la double barrière interne au sud
  • 2.300 le nombre d’espèces marines
  • 700 le nombre d’espèces de poissons répertoriées
  • Plus de 800 le nombre de mollusques estimé

12/12/2008 – Des collégiens devenus réfugiés d’un jour

Depuis mardi soir, le poste de commandement tactique du Dlem dans le quartier Cabaribère de Dzaoudzi est sur le pied de guerre : les officiers doivent gérer en temps réel des agressions, des tentatives de déstabilisation ou l’afflux de réfugiés vers l’aéroport. Des réfugiés qui ne sont pas des militaires mais les jeunes élèves de la 5ème J du collège de Pamandzi, une population que les militaires appellent un « plastron réel », qui leur permet de s’approcher davantage de la réalité pour ce genre d’exercice. Le Dlem, ce sont 250 personnes qui peuvent appuyer les services publics dans la gestion de toutes sortes de crises, allant des dégâts occasionnés par les cyclones à l’évacuation des réfugiés depuis l’aéroport, et qui peuvent intervenir immédiatement, alors que la Croix rouge de la Réunion ne peut arriver que dans les 48h.

« En plus de la protection de points sensibles, comme les antennes ou l’aéroport, nous transportons les blessés vers le CHM, nous gérons les prisonniers, les réfugiés, les conflits armés, les pannes logistiques ou les difficultés de ravitaillement », explique le lieutenant-colonel Christian Rascle, commandant en second du Dlem, « ces paramètres parasites permettent de complexifier davantage la situation ».

Les 25 élèves de 5e ont dû effectuer un petit parcours du combattant, en jouant un rôle individualisé, pour finir par atteindre le hangar du BMT : la « cellule vie » du dispositif. Dans la première tente d’accueil, les militaires leur ont fait remplir des fiches d’identité classées selon trois catégories : les Français, les personnes mariées à des Français et les personnels étrangers travaillant pour la France, et les étrangers. « Tout le monde est traité de la même façon », précise Christian Rascle, « l’objectif est d’avoir un listing des Français pour pouvoir renseigner leur famille ».

Les « réfugiés » ont pu ensuite boire et manger, avant d’être fouillés, puis photographiés : le fichier informatique saisi est ensuite envoyé à la Direction de la protection, de la sécurité et de la défense (DPSD) à Paris, pour vérifier qu’il n’y a pas d’espions infiltrés ou de terroristes parmi les réfugiés. Un poste de secours dans le hangar permet de s’occuper des pathologies bénignes et surtout du soutien psychologique. En cas d’évacuation, un Transall de l’armée française viendra chercher les réfugiés directement au hangar.

Le seul PC de l’île avec une carte entièrement numérisée

Quelques stagiaires du GSMA de Combani ont joué le rôle de prisonniers : « Quand les réfugiés arrivent armés ou sans papiers, nous les séparons pour procéder à un interrogatoire pour savoir qui ils sont et ce qu’ils ont fait », explique l’adjudant Saïd Ghriss, chef du poste sécurité, « ces renseignements nous permettent de savoir s’ils sont dangereux. Notre hiérarchie nous dira ensuite si on les remet à la justice. »

Les 5e J semblent avoir adoré participé à l’exercice militaire, d’autant qu’on leur avait donné des petits papiers pour leur décrire leur attitude, comme « je cherche mes parents », « je veux rentrer chez moi », « je suis sous le choc », « j’ai peur des militaires », « je ne parle pas français », etc.

Naomi et Nahida, par exemple, étaient sœurs : « On a fait exprès de ne pas vouloir être séparées. Pour la fouille, on a un peu résisté mais bon, c’était quand même des militaires », concèdent-elles en souriant. Bérengère, qui a vécu les émeutes du 27 mars, estime que « cet exercice permet aux gens d’avoir moins peur car ils savent qu’ils peuvent faire confiance à l’armée ». Arthur, lui, a trouvé que c’était très réaliste : « On aurait crû qu’on allait vraiment partir, comme en mars dernier ». Pour Anelyne, cet après-midi était l’occasion d’apprendre « la discipline » et ce qu’est un réfugié qui d’après elle est « quelqu’un qui s’enfuit parce qu’il a des problèmes ».

Au PC tactique du Rocher, le chef d’escadron Jean-Loup Bourmand a suivi toute l’opération en temps réel grâce à une cartographie numérisée par satellite, la seule de ce genre opérationnelle à Mayotte. Sous les ordres du chef de corps François Compin, le chef des opérations travaille sur toutes les manœuvres en récoltant les renseignements sur le terrain. « Nous sommes intervenus à la fin de la journée du 27 mars pour soutenir la gendarmerie », se souvient Jean-Loup Bourmand, « une fois un cyclone passé, nous pouvons aussi, avec nos 250 « petites mains », déblayer une route, apporter une assistance sanitaire ou des moyens de communication. Nous avons également des couvertures, des lits, des marmites ou des tentes pour soutenir les réfugiés ».

Le Dlem a participé il y a quelques mois à un exercice de crash aérien (Crashaerex) et à un autre de pollution maritime (Polmar). Cette semaine, c’était au tour du secours aux victimes de naufrages, dans le cadre de l’exercice Adjali. Des exercices indispensables afin que les militaires aident au mieux les services publics, pour le bien de la population.

Julien Perrot

11/12/08 – « Vous aurez l’ensemble des détails le 16 décembre »

Un vrai département. C'est ce qu'a réclamé le député de Mayotte Abdoulatifou Aly alors que le président de la République avait parlé de départementalisation progressive et adaptée lors de la réception des élus ultramarins à l'Elysée pendant le Congrès de l'Association des maires de France. Mardi, au perchoir de l'Assemblée nationale il a souhaité qu'Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outre-mer. "Ma question est donc triple : Allez-vous organiser un débat parlementaire sur ce sujet, dans les prochaines semaines, tant à l'Assemblée Nationale qu'au Sénat comme cela est prévu par la loi organique du 21 février 2007 ? Pouvez-vousnous confirmer que la consultation référendaire portera sur une question simple appelant une réponse univoque de type – oui ou non au statut départemental – et à laquelle ne sera pas adossé un texte qui ne pourrait qu'en dénaturer le sens ? Pouvez-vous, enfin, nous indiquer selon quel calendrier sera mis en oeuvre, à l'issue du référendum, le processus de transformation de Mayotte non seulement en DOM mais aussi en Région ultra-périphérique de l'Union Européenne ?" S'est-il adressé à l'endroit d'Yves Jégo.

Celui-ci n'a pas répondu à la question du débat parlementaire mais en revanche affirmé que tous les éléments concernant les interrogations seront dévoilés par le président Sarkozy aux élus mahorais le 16 décembre. En revanche, il s'est prononcé pour que la question posée aux mahorais soit la plus simple possible avec une réponse par oui ou par non. "Pour quela question posée soit à la fois simple et valide sur le plan juridique – le Gouvernement partage avec vous cette préoccupation et considère que les Mahorais ne doivent avoir à se prononcer que par oui ou par non -, elle est aujourd'hui soumise au Conseil d'État. Vous en connaîtrez naturellement, dans les semaines qui viennent, la formulation précise. Comme l'a promis le Président de la République pendant sa campagne, et si les Mahorais le décident, Mayotte deviendra de façon progressive et adaptée le cent unième département français !" a-t-il conclu pour rassurer notre député.

11/12/08 – Un nouveau centre de rétention… en 2011

A la suite de l'intervention du sénateur Soibahadine Ibrahim Ramadani au Sénat lors de l'examen du projet de loi de finance 2009, mission immigration, asile et intégration, voici la réponse du secrétaire d'Etat à l'Outremer. "Monsieur Ibrahim Ramadani, Mayotte est effectivement soumise à une forte pression migratoire. Je ne me suis pas rendu dans l'île mais le cas est comparable à celui de la Guyane. Des efforts ont été consentis, un troisième radar est opérationnel depuis juillet 2008. Avec une meilleure coordination des moyens entre la gendarmerie et la douane, nous avons obtenus des résultats : 225 kwassas ont été interceptés, autant de drames humains évités… Par parenthèse, j'apprends que nous avons ce matin intercepté un autre bateau à bord duquel se trouvaient seize personnes, dont quatre femmes et deux enfants. Je vais proposer de porter la capacité du centre de rétention de 60 à 140 places d'ici le premier semestre 2011". Le sénateur interviendra ce jeudi matin au sujet de la question du deuxième député de Mayotte.

10/12/08 – La JCI organise les états généraux de l’économie

Vendredi 12 décembre, la jeune chambre internationale organise une conférence-débat sur l'avenir de l'entreprenariat à Mayotte. Tout au long de la matinée, au coeur de l'hémicycle Younnoussa Bamana, une dizaine d'acteurs de l'économie locale (Medef, Iedom, CCI, Banque, Capam, FMBTP, Boutique de gestion…) se succéderont dans des interventions de 20 minutes pour tenter d'éclairer le public quant aux problèmes rencontrés par les différents secteurs et faire le point sur l'impact de la crise internationale. Pour le président de la JCI, Nakib Ali Halidi, "tout l'enjeu est d'avancer, grâce au débat d'idées, des solutions concrètes qui permettront de développer l'économie locale et l'entreprenariat".

De son côté, Madi Abdou N'tro, le coordinateur et organisateur de cette conférence/ débat souligne que "l'enquête préliminaire réalisée auprès de nombreux représentants des secteurs de la restauration, du tourisme, du BTP, de l'agroalimentaire, des services, etcetera révèle son lot de problématiques, auxquelles nous l'espérons, cette réunion apportera des solutions".Des propositions que la Jeune chambre économique a promis de plaquer dans une synthèse "à l'usage des élus, des professionnels, et des citoyens". Les organisateurs précisent que toutes les personnes intéressés sont les bienvenues. Contact : Madi Abdou N'tro : 0639.69.38.43.

08/12/08 – La ligue de handball n’a pas respecté son règlement

C'est ce qu'il ressort des conclusions de la commissaire du gouvernement Mme Faure lors de l'audience du tribunal administratif qui a eu lieu le jeudi 4 décembre en fin d'après-midi. L'Association culturelle et sportive de Tsingoni avait demandé à ce que la décision par la ligue de handball désignant l'Association des jeunes handballeurs de Tsimkoura de partir représenter Mayotte à la coupe des clubs champions à Madagascar en septembre dernier, soit annulée. En effet, les Tsingoniens, champions de Mayotte 2008 n'ont pu aller à Madagascar alors que le règlement spécifiait que ce soit le champion qui y aille. Il faut dire qu'auparavant, les Tsingoniens étaient partis représenter Mayotte au championnat de Nationale 3 alors que cela devait être le vainqueur de la coupe de Mayotte. Tsingoni avait été éliminé par Tsimkoura, mais comme il y avait des réclamations en cours, la compétition n'était pas fine lorsqu'il a fallu que Mayotte envoie une équipe en métropole pour y disputer le championnat de National 3. La ligue avait envoyé Tsingoni, équipe en tête du championnat, au grand dam de Tsimkoura.

Mme Faure a rappelé que l'ASCT avait été déboutée d'une demande en référé car il n'y avait pas eu médiation du CNOSF. Ce dernier avait proposé à l'ASCT de renoncer à sa demande, d'autant que quand elle lui ait parvenu, la compétition était finie à Madagascar et que les Tsimkouriotes y sont allés puisqu'il avait été impossible de changer le nom des titulaires des billets d'avion. Néanmoins, elle a réaffirmé que la ligue de handball devait s'en tenir à son règlement et que les changements de réglementation n'étaient pas rétroactifs. Par conséquent, elle a demandé l'annulation de la décision de la ligue. Le président Jean-Jacques Louis lira le verdict demain. S'il suit les conclusions de Mme Faure, l'ASCT promet que la bataille juridique n'en restera pas là. Selon l'ancien président délégué de l'ASCT, Antoine Abdallah dit Valdo, celui-ci estime que le préjudice subi par son club se monte à 50 000 € et ilcompte bien demander cette réparation financière. Si tel est le cas, la ligue de handball de Mayotte risque de s'enfoncer dans une situation inextricable. Déjà mal en point au niveau financier (une dette de 100 000 €), s'il fallait en plus payer la moitié de cette somme à l'ASCT, ce serait certainement le coup de grâce adressé à la deuxième ligue sportive de Mayotte.

05/12/08 – « Le droit commun ne sera jamais complet à Mayotte »

Le rapport fait au nom de la commission des lois par Jean-Jacques Hyest, Michèle André, Christian Cointat et Yves Détraigne, membres de la délégation de la commission qui s'est rendue du 1er au 6 septembre à Mayotte, dresse un bilan de la situation et des perspectives d'évolution statutaire de la CDM. Le rapport estime que "l'évolution statutaire intervient alors que la situation de Mayotte apparaît porteuse de risques et d'inquiétudes. Elle demandera donc d'importants efforts aux habitants, aux élus et à l'État." Le rapport souligne que "Mayotte doit relever les défis d'une forte pression migratoire et d'une explosion démographique qui paraissent annihiler les efforts de développement. L'archipel doit à la fois éduquer et former une population jeune, lui assurer un avenir professionnel et entrer pleinement dans la modernité en assimilant l'ensemble des principes républicains." La commission des lois juge que Mayotte a accompli des progrès tangibles et que les retards s'expliquent par le poids de certaines traditions (place des cadis et incompatibilités du statut personnel avec les droits fondamentaux), par la mise en oeuvre de moyens insuffisants de la part de l'État (révision de l'état civil) et par l'inertie de la collectivité (action insuffisante en matière d'aide sociale à l'enfance).

Les conséquences de cette évolution statutaire devront toutefois être progressives, pour être assimilées sans heurts par la société et par l'économie mahoraise. Le rapport souligne que l'accès au statut de département et région d'outre-mer impliquera, entre autres, la suppression des fonctions judiciaires et notariales des cadis, l'achèvement rapide de la révision de l'état civil, pour laquelle Rachida Dati vient d'annoncer la nomination d'un deuxième magistrat et la mise en place d'une fiscalité locale, qui nécessite d'abord l'évaluation de la valeur locative des parcelles. La commission insiste sur la nécessité d'expliquer à la population de Mayotte, avant la consultation de mars 2009, les conséquences de la départementalisation. Le rapport relève cependant que l'alignement sur le droit commun ne sera jamais complet à Mayotte, pas plus qu'il ne l'est actuellement dans les Dom. Les normes applicables comporteront nécessairement des adaptations, que ce soit dans le domaine de l'entrée et du séjour des étrangers, dans celui de la protection sociale, ou encore du droit foncier. Il préconise enfin d'engager avec l'Union des Comores une coopération bilatérale massive, seul moyen de réduire la pression migratoire.

05/12/08 – Ce que j’en pense : Au chevet de la départementalisation

Alors que mars 2009 approche à grands pas, les médecins se pressent au chevet de la départementalisation bien malade… Certains pour essayer de sauver ce qui peut l'être, d'autres pour enfoncer le malade. Beaucoup préfèreraient en effet un statut temporaire, bâtard, maintenir les Français de Mayotte dans le statu quo intemporel dans lesquels ils sont depuis 30 ans. Ca coûterait trop cher… Il n'y a pas d'état-civil, pas de cadastre. Ils sont musulmans, ne parlent pas français… D'autres encore pour continuer leurs magouilles, perpétuer leurs petits trafics, pour qu'on ne fouille pas dans leurs compétences, leur travail, leurs patrimoines. Tous les arguments ressurgissent, comme pour l'hallali, de toutes parts…

Au milieu de ces forces rétrogrades, il faut être forts, rassemblés, sûrs de la volonté populaire, mais aussi honnêtes pour faire sortir Mayotte de l'ornière et reprendre la route de l'avenir et de la liberté sur laquelle l'ont installée les anciens, uniquement préoccupés par les intérêts de Mayotte et de ses habitants.

Pour certains, une terre musulmane n'a pas sa place dans la République. Ceux-là sont facilement identifiables, ils ne constituent pas une force trop importante dans la République laïque, mais tout de même, d'autant qu'ils ne sont absolument pas contrebalancés par un soutien actif des 5 millions de musulmans français qui pourraient se mobiliser pour ne pas laisser leurs coreligionnaires sur le bord du chemin. Ce rejet parfois xénophobe avait trouvé un point d'appui fort avec la polygamie, active jusqu'à l'amendement déposé à l'Assemblée nationale par Mansour Kamardine. C'était devenu un leitmotiv, une charrue devant ses bœufs, un motif de non-départementalisation sans concession possible. Soit. Heureusement que l'excision n'était pas pratiquée ici…

Pour d'autres, les retards en termes de développement, les ordures dans les rues, les habitats insalubres consistaient des blocages mentaux… Des Français ne peuvent pas vivre dans de telles conditions, donc vous n'êtes pas (complètement) Français… Et revenez nous voir quand vous serez prêts… Là des efforts ont été faits, sont réalisés, même si beaucoup reste à faire, énormément. Même si l'Etat donne des moyens d'investir qui ne sont pas utilisés faute de personnes compétentes et repartent, ou alors sont basculés dans la section fonctionnement pour payer des salaires inutiles, des voyages incessants, des voitures neuves, ou des factures de téléphone stratosphériques…

Mais la population ne dit rien. Chacun doit manger à son tour, semble dire la vox populi ! Là, un sursaut citoyen est nécessaire, la justice ne doit pas continuer à détourner les yeux. Mais là comme en d'autres domaines, il y a toujours la peur de faire des vagues, de provoquer des réactions inconnues et les pratiques perdurent, donnant des arguments ici et ailleurs pour rester dans un tel statu quo. Ceux qui se servent rejoignant ceux qui ont peur, pour leur carrière, que ça bouge trop…

Pour d'autres aussi, très républicains, la non-pratique du français par une grande partie de la population est un frein, voire un pré-requis, indispensable. Là, la France est fautive… Elle n'a pas mis les moyens, en termes de constructions d'écoles, mais aussi en moyens humains en mettant devant les élèves des enseignants qui ont fait leur maximum… Mais ils ne pouvaient pas faire plus et l'Etat français leur a confié l'éducation de générations de Mahorais… avec les résultats que l'on paye aujourd'hui.

Des efforts considérables sont faits aujourd'hui, certes, mais ce n'est pas un argument que l'on peut envoyer à la face de Mayotte. Tout comme la mise en place de l'état-civil et du cadastre. Tout au plus, dans ces missions mal assurées par l'Etat, peut-on regretter la trop faible implication des élus qui auraient dû communiquer, informer leurs concitoyens sur l'importance des formalités à accomplir. Un afflux de demandes et des coups de gueule des élus auraient fait réagir les autorités bien plus tôt…

Il reste un point qui pose problème. Il faut bien le reconnaître et le comprendre. C'est l'immigration clandestine. 60.000 à 80.000 clandestins (sur)vivent sur l'île. Ils sont installés sur les hauteurs de Mamoudzou, de Koungou, à Vahibé ou Combani, au vu et au su de tous, des autorités chargées de la lutte contre l'immigration clandestine en premier lieu. Mais elles ne pourront pas faire leur travail si ces clandestins sont logés, avec un loyer qu'ils versent à des "propriétaires", et les sommes en jeu sont importantes. L'île s'écroulera avant d'avoir décollé, si ces clandestins sont encore employés par des particuliers ou des pseudo-entrepreneurs qui sapent les bases d'un développement économique de l'île. Les entreprises en règle subissent, dans le BTP et l'agriculture en particulier, cette concurrence déloyale et ne peuvent survivre, se développer et créer des emplois.

Face aux adversaires de la départementalisation, face aux arguments parfois fallacieux, face aux partisans du statut quo, il faut imaginer un avenir radieux, des perspectives d'espoir, mettre en avant des atouts considérables. C'est tout le travail ici comme à Paris que nos élus ont à assurer ces prochains jours.

Laurent Canavate

05/12/08 – Le Sénat adopte le budget Outremer : 635 M€ votés pour Mayotte en 2009

Mardi, lors de son intervention à la discussion générale du projet de loi de finances pour 2009 – Mission Outremer, le sénateur Soibahadine Ramadani a noté en premier lieu que "l'effort de l'Etat en Outremer reste globalement soutenu". Concernant Mayotte, le sénateur mahorais a toutefois déploré que le projet de loi de finances se caractérise par une tendance générale à la baisse, pour s'établir à 635 millions d’euros. Les locataires du Palais du Luxembourg ont ensuite adopté le texte dans la nuit de mercredi.

C'est une nouveauté. Le projet de loi de finances pour 2009 s’inscrit dans une programmation pluriannuelle 2009-2011. Pour l'année qui s'annonce, "l'ensemble des concours de l'Etat en Outremer est en augmentation, passant de 15 milliards d'euros en 2008 à 16,5 milliards d'euros en 2009", s'est félicité le sénateur mahorais.

De même, les crédits alloués à la "Mission Outremer", dont le sénateur précise qu'"ils ne constituent que 15% de cet ensemble avec 1,9 milliard d’euros", enregistrent une progression de 9,3% en crédits de paiement, par rapport à ceux inscrits à la loi de finances 2008. Les crédits du programme "Emploi Outremer " monopolisent 60% de l'enveloppe "Mission Outremer". Quant au programme "Conditions de vie Outremer", il bénéficie de 688 millions d’euros.

Concernant Mayotte, le budget alloué se caractérise par une tendance générale à la baisse, "ce qui inquiète fortement les Mahorais, à 4 mois d’un choix décisif pour leur avenir", a dit le sénateur devant ses homologues du Palais du Luxembourg. Il faut dire que chaque année, une partie importante des fonds mis à disposition de Mayotte par l'Etat ne sont pas utilisés…

Cependant, les efforts financiers pour soutenir l'agriculture, la pêche et l'aquaculture ont été rehaussés. Evalués à 1,3 million d'euros, ces crédits devraient accompagner la relance des exportations d'essence d'ylang-ylang et la croissance de la production aquacole, "et réconforter les agriculteurs victimes des dégâts de la tempête Fame, pour lesquels, il faut s’en réjouir, une première tranche de crédits d’indemnisation vient d’être débloquée", a souligné M. Ramadani.

Le sénateur a également profité de son temps de parole pour rappeler que les préoccupations majeures des exploitants agricoles de Mayotte restent la mise en place d’une "retraite agricole et l’extension au secteur agricole des prêts à taux bonifiés".

68,9 millions d’euros pour les collectivités locales

Sont en hausse également les transferts de crédits aux collectivités territoriales qui s'élèvent à 68,9 millions d'euros. En revanche la majorité de ces crédits (63,2) constituent des prélèvements sur recettes, dont le sénateur Ramadani "aimerait connaître l'objet, car non précisé par les documents disponibles", avant d'interroger les parlementaires : "Ces recettes serviront-elles, par exemple, à éponger la dette de l'Etat envers la Collectivité départementale de Mayotte ?", que le sénateur estime à 43 millions d'euros. Enfin, il regrette que dans les domaines de l'environnement, l'éducation et des dotations communales, les crédits sont en baisse, jusqu'à -50%, et s'étonne au passage que le Padd n'ait toujours pas été validé, deux ans après sa transmission à Paris.

La nouvelle loi de finance dispose que les dotations de rattrapage et de premier équipement des communes de Mayotte s’élevant à 9,2 millions d’euros en 2008, ne représente plus que 8,8 millions d’euros en 2009. Une baisse que le sénateur Ramadani condamne, arguant que "les besoins des communes sont sans cesse croissants"."En l’absence de la fiscalité locale et du bénéfice des crédits de l’octroi de mer, il est urgent de compenser le manque à gagner des communes, notamment en abondant le Fonds intercommunal de péréquation", a–t-il conclu devant ses collègues.

Le sénateur Ramadani a fait savoir qu'il partage les recommandations des rapporteurs spéciaux pour la "Mission Outremer" de la commission des finances du Sénat, qui avancent que "la baisse de ces diverses dotations ne se justifie absolument pas, au regard des besoins immenses de Mayotte dans ces différents domaines".

L'enseignement : 50% du budget alloué

Pour le sénateur mahorais, "l’évolution démographique de l’île et l’immigration clandestine justifient la solidarité de l’Etat envers nos communes qui n’ont pas de ressources fiscales propres, et notamment pour le financement de leur plan de rattrapage en matière de construction scolaire, d’une part pour résorber le déficit antérieur et en même temps absorber la poussée démographique en élémentaire, et d’autre part généraliser l’accueil de nos enfants de 4 ans et 3 ans en maternelle, en application de l’ordonnance du 24 décembre 2007."

Et même si l’enseignement scolaire représente plus de 50% du budget de Mayotte, les crédits alloués pour 2009 stagnent autour de 384 millions d’euros. Parmi ceux-là, 60,5 millions d’euros sont consacrés à l’enseignement public du premier degré, en sus des crédits inscrits à la convention spécifique de l’éduction annexée au Contrat de projet Etat-Mayotte 2008-2014 et de la dotation de construction et d’équipement des établissements scolaires du premier degré évaluée à 4,6 millions d’euros en 2009.

Enfin, s’agissant de la résolution des difficultés liées à l’état-civil, M. Ramadani a interrogé le ministre sur sa volonté de faire appel à des agents communaux pour recenser environ 50.000 personnes qui n’ont pas déposé des dossiers à la Commission de révision de l’état-civil ou qui ne sont pas en possession de documents d’identité. " Pourriez-vous préciser les crédits susceptibles d’être mobilisés pour financer le travail de ces agents recenseurs et leur formation", a t-il lancé à l'intention d'Yves Jego.

 

Brève

Les conseillers généraux devraient se réunir dans l'hémicycle Bamana pour une session plénière le 19 décembre, tout juste de retour de leur déplacement à Paris. Cette dernière session de l'année devrait aussi être budgétaire.

UNE Mayotte Hebdo N°407 – Vendredi 05 décembre 2008

UNE Mayotte Hebdo N°407 - Vendredi 05 décembre 2008Etat-Civil

"La moitié du travail reste à faire"

 > Education – Sciences & environnement pour des milliers de jeunes
 > Protection des enfants – 755 mineurs abandonnés au 1er semestre 2008
 > Justice – Une fillette anjouanaise de 10 ans, esclave moderne
 > Conférence – Mayotte n'est pas à l'abri des catastrophes naturelles
 > Koungou – La moitié des agents non payés en novembre
 > Mayotte ECO – Le BTP pleure, le commerce rit

05/12/2008 – Rapport de la comission des lois du Sénat

La population de Mayotte sera en effet consultée en mars 2009 sur la transformation de la Collectivité en département et région d’Outremer. Le rapport considère que l’accès à ce statut, si la population de Mayotte en fait le choix, constituera l’aboutissement d’une revendication historique et mettra un terme à ce que les Mahorais pouvaient percevoir comme une ambiguïté.

Toutefois, « cette évolution statutaire interviendra alors que la situation de Mayotte apparaît porteuse de risques et d’inquiétudes. Elle demandera donc d’importants efforts aux habitants, aux élus et à l’État. L’avenir de l’archipel repose sur un équilibre fragile, que l’accès au statut de département et région d’Outremer ne doit pas compromettre mais renforcer ».

Le rapport souligne que Mayotte doit « relever les défis d’une forte pression migratoire et d’une explosion démographique qui paraissent annihiler les efforts de développement. L’archipel doit à la fois éduquer et former une population jeune, lui assurer un avenir professionnel et entrer pleinement dans la modernité en assimilant l’ensemble des principes républicains ».

La commission des lois juge que Mayotte a accompli des progrès tangibles et que les retards s’expliquent par le poids de certaines traditions (place des cadis et incompatibilités du statut personnel avec les droits fondamentaux), par la mise en œuvre de moyens insuffisants de la part de l’État (révision de l’état-civil) et par l’inertie de la collectivité (action insuffisante en matière d’aide sociale à l’enfance).

« Assimiler l’ensemble des principes républicains »

Elle considère que « si la population de Mayotte, informée des efforts qu’une telle évolution implique, fait le choix de la départementalisation, le nouveau statut de l’archipel devra en faire un département et une région d’Outremer. Les conséquences de cette évolution statutaire devront toutefois être progressives, pour être assimilées sans heurts par la société et par l’économie mahoraises ».

Le rapport souligne que l’accès au statut de département et région d’Outremer impliquera la modification du statut personnel pour le rendre entièrement compatible avec les principes et les droits fondamentaux, en particulier en ce qui concerne l’égalité des femmes et des hommes : interdiction de toute nouvelle union polygame, élévation à 18 ans de l’âge légal du mariage des femmes relevant du statut personnel. Il impliquera également la suppression des fonctions judiciaires et notariales des cadis, tout comme l’achèvement rapide de la révision de l’état-civil, ce qui suppose le renforcement des effectifs de la Commission de révision de l’état-civil par un vice-président et une équipe de fonctionnaires spécialisés, chargés d’encadrer les rapporteurs.

La mise en place d’une fiscalité locale, qui nécessite d’abord l’évaluation de la valeur locative des parcelles paraît tout aussi importante pour les sénateurs, qui prônent le maintien d’une seule assemblée exerçant les compétences du département et de la région. Le rapport demande par ailleurs le plein exercice, par le conseil général, de ses compétences en matière d’aide sociale à l’enfance et insiste sur la nécessité d’expliquer à la population de Mayotte, avant la consultation de mars 2009, les conséquences de la départementalisation.

Obtenir de l’Union européenne l’accès au statut de Rup

Le rapport relève cependant que l’alignement sur le droit commun ne sera jamais complet à Mayotte, pas plus qu’il ne l’est actuellement dans les Dom. Les normes applicables comporteront nécessairement des adaptations, que ce soit dans le domaine de l’entrée et du séjour des étrangers, dans celui de la protection sociale ou encore du droit foncier.

Ainsi, l’application immédiate à Mayotte des prestations sociales en vigueur dans les départements de Métropole risquerait de bouleverser les équilibres économiques et sociaux de l’archipel. Le rapport recommande par conséquent la création, à titre transitoire, d’un fonds de développement économique et social qui apporterait le même montant d’aides qu’à un département, mais le répartirait différemment, afin d’assurer la construction des infrastructures indispensables : crèches, maisons de retraite…

Le rapport souligne qu’il appartiendra à l’État de « poursuivre ses efforts d’investissement en matière de constructions scolaires, d’infrastructures et de lutte contre l’immigration irrégulière »; d’obtenir de l’Union européenne l’accès de Mayotte au statut de Région ultrapériphérique, ce qui permettra à la Collectivité de bénéficier des fonds structurels et également d’engager avec l’Union des Comores une coopération bilatérale massive, seul moyen de réduire la pression migratoire que subit Mayotte.

Ce rapport est consultable sur le site du Sénat : http:/www.senat.fr/noticerap/2008/r08-115-notice.html

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