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24/04/09 – La mémoire en question

Alors que nous allons célébrer la fête de l'abolition de l'esclavage ce lundi 27 avril et que la direction de l'ingénierie culturelle organise de nombreuses activités autour de cet événement, la question de la mémoire revient à l'ordre du jour. En effet, si dans la mémoire collective quelques noms sont facilement mis en avant, notamment Bakar Kusu, il existe peu de lieux à Mayotte où tout un chacun peut se questionner et avoir des éléments concrets rappelant cette période sombre que fut l'esclavage. Cette question a intéressé une jeune labattoirienne, Mariamou Radjabou Boina, qui au mois d'août dernier avait été à l'initiative d'une manifestation intitulée "Liberté". Celle-ci contenait des pièces de théâtre d'Alain- Kamal Martial dont Bakar Kusu et une foire artisanale et gastronomique. 

Ce passé intéresse beaucoup de gens, mais ce genre d'initiative est rare pour essayer de le faire remonter à la surface. Ainsi, la Dic à travers le Festival des arts traditionnels présente de nombreux aspects de notre culturel issus de l'esclavage (musique, danse, chants, costumes, instruments de musique, etc.). Mais la grande nouveauté, c'est la création d'un espace commémoratif grâce à la Chaire de l'Unesco. Celle-ci a instauré un programme dénommé "La route de l'esclave dans l'océan Indien" et qui a permis le lancement de réseaux scientifiques relatifs à la traite négrière et à l'esclavage dans notre région. Un Jardin de la mémoire sera inauguré le 27 avril, place du marché à Mamoudzou à 16h.

24/04/09 – Radio Est de Bandrélé, inaugurée ce samedi

Radio Est de Bandrélé sera inaugurée ce samedi 25 avril. L'Association d'élèves de Bandrélé (AEB) organise à cette occasion plusieurs manifestations à Bandrélé, à partir de 10 heures. Au programme : un déba et un m'biwi avec les femmes du village de Bandrélé, concert de danses modernes, des animations avec remise de cadeaux, une émission halé halé et des danses traditionnelles.

UNE Mayotte Hebdo N°425 – Vendredi 24 avril 2009

UNE Mayotte Hebdo N°425 - Vendredi 24 avril 2009Recensement de la population par l'INSEE

Mayotte la jeune, la sans emploi, la clandestine

> Etats Généraux : Un lancement sous le signe de l'optimisme
> Session du CG : Redécoupage électoral, CDTM, communes …
> Politique : Mamoudzou réclame plus de conseillers généraux
> Mayotte ECO : Le retour de la brique de terre
> Tounda : Abolition de l'esclavage, A la découverte des arts traditionnels
 

24/04/2009 – Tribue libre : L’île en devenir 3

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a manière dont les départements de l’Outremer français se sont constitués autour de leur histoire varie selon les régions, même si les Antilles, la Réunion et la Guyane semblent avoir partagé un destin commun à l’intérieur de la République française, en laissant apparaître des similitudes nombreuses : l’expérience de la traite négrière, l’expérience de la mer, l’expérience d’un point de départ avec la France, l’expérience chrétienne, l’expérience de la créolisation. Force est de constater que leur réalité géographique si lointaine de la France métropolitaine et proche de peuples d’Amérique crée des contradictions nombreuses.

Celles-ci ont été souvent les lieux de réflexion et d’établissement de logiques nouvelles qui rompent parfois avec les manières traditionnelles de nommer les peuples, l’homme et le monde. Les Antilles ont par exemple mis en avant l’expérience de l’esclavage à travers la Négritude de Césaire et de Léon Damas. On y parle de civilisation de l’universel depuis ces petites îles dans un concept d’échange, de partage, du don et du recevoir, avant que Chamoiseau, Glissant et autres penseurs ne mettent en avant la condition du Créole ou l’identité créole partagée avec d’autres terres, une créolité du métissage ethnique et une créolité de langue, parfois conçue avec beaucoup de fierté comme espace de l’universel.

Cette créolité constitue l’aboutissement des premiers pas de l’Antillais, du Réunionnais sur une île à construire depuis le premier pas de l’homme et la première pierre qu’il a posée. La créolité est par ailleurs assimilée à une culture de résistance, même si elle constitue un processus naturel des peuples devenus aujourd’hui les îles du métissage. Les penseurs de la créolité se sont inscrits dans cette tendance de l’universalité, ils expliquent et démontrent que l’avenir de l’homme est dans la rencontre, le partage et l’échange entre les peuples pour faire naître une identité plurielle. L’approche de la créolité par ses penseurs relève d’une pensée existentielle inscrite dans sa dimension humaine et en rupture avec la nécessité immédiate, économique et politique. Elle prend parfois le sens d’un regain d’orgueil face au regard condescendant de la Métropole qui a toujours ignoré les revendications multiples de ces Dom.

La créolité est partagée par les quatre départements de l’Outremer et constitue une expérience composée et partagée directement avec la France, en ce qui concerne la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion. Elle est l’expérience de l’esclavage, du métissage ethnique, du métissage linguistique et du catholicisme. Depuis peu, la créolité prend d’autres allures plus immédiates, plus proches des problèmes économiques. Elle s’érige en langage de revendication contre la condition du citoyen de seconde zone, sa réaction n’est plus uniquement conceptuelle et intelligible, elle est violente et brutale, elle fait résistance et se met à la défensive, elle se veut une force de proposition, participative, décisionnelle, conceptrice des relations entre le Dom et sa Métropole. Mayotte peut tirer les leçons de cette expérience domienne des autres îles et se demander en quoi aujourd’hui les états généraux peuvent modifier la démarche de la France vis-à-vis de son Outremer ?

Quant à Mayotte, qui est en passe de devenir le cinquième département français de l’Outremer, son expérience est à plusieurs points différente des Dom des Antilles et de la Réunion. Mayotte ne s’identifie pas à l’expérience de la créolité connue de la Métropole. Mayotte, l’oubliée, l’inconnue, doit enfin se proposer dans ses composantes réelles, sans qu’elle se fasse assimiler ou absorber par des réalités d’ailleurs. Mayotte a une expérience historique unique avec la France. L’expérience de Mayotte est toute autre puisqu’il s’agit là d’un rapport construit dans le temps, marquée par des obstacles multiples, des silences nombreux. Il ne s’agit pas d’un rapport d’identification ou de volonté commune, mais d’une volonté d’appartenance.

Si les états généraux sont un espace de travail honnête, s'ils doivent tenir compte de la réalité de l’Outremer, ils doivent faire face à la réalité de Mayotte. Ils doivent entre autres laisser l’espace à la réflexion. Ils doivent permettre de penser l’île en devenir à partir d’une approche complémentaire des approches qui souhaitent répondre aux nécessités économiques et sociales immédiates, c'est-à-dire l’approche "philosophique" (j’emploie ce terme à défaut de mieux), afin d’éviter les amalgames qui inscriraient la même démarche et les mêmes propositions dans d’autres endroits du monde qui ont connu des expériences divergentes car le danger serait de penser que le statut de Dom appelle à la même gouvernance quel que soit le territoire.

Considérer les problèmes actuels, certes oui, mais à partir d’un autre point de focalisation qui dépasse les effervescences et les ambitions immédiates pour éviter de tomber dans le brouillard, le flou ou l’impatience, éviter de nous priver de notre aptitude à apprécier les problématiques de notre devenir avec objectivité, clairvoyance et en penseurs prévenus.

C’est pourquoi il me semble très important de faire entendre que penser l’avenir de Mayotte doit aussi signifier penser l’homme d’ici et son expérience ici, le saisir dans la totalité de ce qui le détermine. C’est ce que nous nous proposons dans ce volet 3 de l’île en devenir. Nous nous proposons de penser l’homme en nous mettant un peu en danger, en dépassant les sentiers battus, les a priori et les données essentiellement scolaires ou les références bien qu’avérées des théoriciens des sociétés humaines.

Nous nous proposons plutôt d’observer l’expérience d’un peuple, non pas à travers la masse en généralisant mais plutôt dans un rapport de l’homme conçu ici comme facteur de désir et de volonté. Penser l’homme invite à dépasser le parascolaire, les données et les théories toutes faites, les analogies facilistes, puisque chaque expérience est unique et c’est cette singularité qu’il faut saisir. Dépasser également le trop de réalité à savoir les actualités et les immédiatetés politiques souvent passionnelles et obsessionnelles.

Nous nous proposons de penser l’homme d’ici comme un être de volonté et de désirs, un homme qui s’inscrit dans un projet essentiel, qui peut se définir comme volonté d’appartenance. La volonté d’appartenance pose la question de l’espace, des frontières réelles et la question beaucoup moins évidente des espaces imaginaires liés aux civilisations, aux histoires, aux cultures, aux langues, à la manière dont les peuples les ont partagés. Ceci peut être englobé dans la notion de frontières imaginaires.

La volonté d’appartenance est un rapport de force entre le Mahorais, sa région, ses frontières réelles (espace et politique) et imaginaires : langues, croyances, religions, cultures, civilisations. L’homme ne peut plus être saisi dans le concept figé ou le déterminisme arrêté que nous nommons identité. Il ne peut pas non plus être projeté dans les théorisations philosophiques conçues depuis les universités européennes ou les projets politiques globalisants que constitue le statut, l’action gouvernementale à l’égard des départements d’outremer, ou dans un rapport et un projet politique uniforme et uniformisant.

La volonté d’appartenance impose de connaître l’homme puisque chaque homme dans sa société et chaque société d’hommes est une somme de désirs et de volonté. L’expérience de l’homme à Mayotte est à saisir et à étudier afin de mieux comprendre sa volonté et les désirs qui orientent ses vœux. La France doit enfin s’intéresser à ces peuples et ses histoires afin de mieux les connaître, de les respecter dans sa gouvernance.

Gouverner Mayotte impose à la France de plonger dans cette partie de notre histoire qui lui échappe, celle apparentée à la civilisation arabo-musulmane qu’elle rejette, celle qui nous lie à la culture swahilie et à une expérience partagée avec notre région, à savoir les îles de l’océan Indien, l’Afrique australe, l’Afrique de l’Est et le Moyen-Orient. Cette expérience, qui s’intensifie autour du seizième siècle, place les îles des Comores – Anjouan, Mohéli, Grande Comore et Mayotte – dans la lignée des sociétés swahilies des civilisations arabo-musulmanes liées à la suprématie de l’empire Ottoman, en pleine prospérité, une civilisation qui pouvait constituer ce qu’on appelle aujourd’hui une puissance économique, avec son califat et son sultanat.

Bien évidemment, cette expérience institue les langues, l’économie, la culture des croyances animistes et une assimilation au monde arabe durant des siècles, une civilisation régie par le monde musulman, une véritable culture des îles dominés par les illustres sultans cousins ou frères des sultans des côtes africaines. A partir d’au moins le 7ème siècle, alors que les autres îles sont encore loin d’être peuplées, Mayotte se construit déjà dès les apports malais, arabes, africains. L’île témoigne d’un peuple dans une société normée, institutionnalisée, inscrite dans une civilisation africaine et musulmane qui se résume dans le vocable swahili (de sahel, le littoral), donc peuple des côtes, ou des îles, musulmans.

Evoquer la réalité d’une civilisation musulmane, c’est signifier que l’expérience de l’île est dense et riche. Il ne s’agit pas de l’opposer à l’expérience de la traite et à l’expérience coloniale, mais d’interroger et de se demander comment, au fur et à mesure, ce qui semblait contradictoire a fini par partager le même espace et rompre les frontières réelles après la décolonisation et les indépendances. C’est dans cet intervalle entre 1961 et 2009, 49 ans, que la volonté d’appartenance prend tout son sens. Mayotte (quelles qu’en soient les motivations) affirme un choix fort, ce choix s’exprime comme le sens même de son histoire.

L’île pose les frontières nouvelles et les frontières imaginaires qui deviennent alors les socles d’une conscience collective, entretenue, marquée à l’intérieur de la société, dans toutes les couches. La volonté d’appartenance du peuple de Mayotte est un positionnement qui rompt avec les catégorisations traditionnelles : régionalisation, ethnicité, religions, civilisations, races. La révision de l’état-civil, l’adoption du droit commun et l’abandon du droit musulman (droit local) est un exemple concret de l’abandon d’une civilisation pour en adopter une autre par la volonté d’appartenance

 

Assimilation ? Appropriation ?

 

Là encore, lorsqu'aux Antilles puis à la réunion qui a suivi on a parlé d’assimilation, Mayotte peut défendre la notion d’appropriation. Assimilation pouvant signifier se faire inscrire dans un projet qui appartient à l’Autre, l’assimilation dénote d’une certaine passivité au contraire de l’appropriation qui définit ici la prise en charge active, sans entrer dans le détail nous prendrons l’exemple de Prométhée qui s’approprie le feu, qui le vole quasiment. Il apparaît donc d’une manière claire que la volonté d’appartenance est un rapport de force entre des civilisations à l’origine opposées, un espace d’accrochage où les forces luttent pour exister. Nous sommes dans le rapport de la conquête, une conquête rhétorique et non belliqueuse.

C’est dans cet intervalle que Mayotte devrait inscrire son projet de société, l’imposer à la France avec ténacité et insistance, comprendre que l’île n’a pas été intégrée, elle s’est intégrée, comprendre que rien ne sera donné que tout sera à prendre, c’est peut-être les enjeux de ces états généraux, un test pour les Mahorais qui ont le devoir de s’approprier l’outil républicain ici, pour mieux se faire entendre à Paris, c’est là sa seule alternative.

 

Alain-Kamal Martial

Auteur et dramaturge

24/04/2009 – Football Entreprise : 4ème journée du championnat DH

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e début du match AS police (en jaune) contre OGC Tilt-Oidf (en rouge), vendredi soir, voit sur le terrain s'affronter deux équipes qui se connaissent bien, se respectent, et surtout se disputent régulièrement, depuis des années, les premières places du podium. Mais depuis quelques saisons, la police a pris le dessus sur toutes les autres équipes, remportant quasiment tous ses matchs. Pourtant, après 20 minutes de jeu, les amis des coachs Olivier et André ont le privilège de prendre l'avantage grâce à un penalty, parfaitement transformé par Sorcier en pleine lucarne, prenant à contre-pied le gardien de l'AS police. Malgré les efforts déployés par les joueurs de l'AS police rien n'y changera. Cette première mi-temps leur restera cauchemardesque.

Junior, attaquant de l'ASPM, rate une première occasion d'égalisation sur un joli tir de 25 mètres qui rate à peine la barre transversale. S'en suivra une belle parade du gardien de but de l'équipe Tilt-Oidf, Rafik qui, de justesse, a eu le réflexe de dévier le ballon en corner, à la suite d'un duel avec Stéphane. Du côté de l'AS Police, 5 minutes plus tard, sur un angle fermé, surgit à nouveau Junior, seul à seul devant le dernier rempart des rouges. L'attaquant des jaunes tergiverse avant de mettre le ballon dans le petit filet. La défense des joueurs de Cavani, bien regroupée autour de Magi et Bruno, est intraitable avec les deux attaquants de choc de la police, leur laissant très peu d'espace.

L'entrée en jeu de Fabien, à la 37ème minute, côté Tilt-Oidf, va encore amener un plus pour son équipe. Ce joueur, très rapide balle au pied, assez percutant, surnommé Kirikou par ses coéquipiers, sème la panique dans le camp adverse. Premier ballon pour Fabien. Il va très vite. Rapidement et avec efficacité il finit son premier débordement sur un somptueux centrage qui trouvera le grand Nicolas à la réception. De la tête, le buteur attitré des Rouges, qui rentrait en pleine forme de deux semaines de vacances, marque le 2ème but. Les coéquipiers de "Gattuso", sur le banc ce vendredi, mènent ainsi avec deux longueurs d'avance (0-2) à la pause.

Les agents du commissariat de police de Mamoudzou multiplient immédiatement leurs efforts en seconde mi-temps. Avec deux buts d'avance, Tilt-Oidf se rétracte légèrement en arrière, alors que la police met le turbo. A la 55ème minute, sur un coup de pied arrêté de Junior, le ballon mal négocié par Rafik est repris par l'insaisissable Issouf qui arrive en catastrophe et réduit le score (1-2). Puis le même Issouf égalise sur penalty, 10 minutes plus tard. Les jaunes, imbattus depuis des mois, y croient alors, mais les coéquipiers du capitaine Laurent montreront un beau visage ce vendredi soir, avec une solidarité entre eux, une force qui les empêchera de céder.

Tenant solidement en défense les deux principaux attaquants de la police, les milieux et les attaquants de Tilt-Oidf portent le fer devant les cages adverses. Le mot de la fin reviendra à Nelson qui marque de la tête, comme la semaine précédente, et au jeune vétéran Hervé Durand qui montrera là l'étendue de ses talents d'un majestueux but de la tête au 2ème poteau, suite à un coup franc de Sorcier repoussé par la barre transversale. La victoire 4 buts à 2 sera ce soir là pour Tilt-Oidf. Auteur d'un parcours à 100% gagnant en ce début de championnat, l'OGC Tilt-Oidf semble retrouver ses valeurs et attaque bien la saison en cours.

 

Saïd Ahmed

24/04/2009 – Education : Voyage scolaire

 

{xtypo_dropcap}P{/xtypo_dropcap}hotos du groupe devant les pyramides, papyrus et récits de voyage sont accrochés aux murs. Une chicha trône sur une table, un diaporama est diffusé en continu. Les élèves ont tenu à exposer des souvenirs de leur périple égyptien.

Du 9 au 30 octobre 2008, une quinzaine d'élèves du lycée de Petite Terre ont eu l'occasion d'améliorer leur pratique de l'arabe en Egypte. Sur ces 3 semaines, deux étaient réservées à des cours intensifs d'arabe. La dernière leur a permis de visiter le pays : du palais du roi Farouk à la bibliothèque d'Alexandrie en passant par les fameuses pyramides.

C'est M. Ahamadi, professeur d'arabe, qui avait lancé l'idée de ce séjour dès la rentrée 2007. Satisfait du déroulement de ce projet, il félicite les élèves pour leur implication et leurs productions.

Les lycéens, eux, sont fiers de pouvoir raconter leur expérience. Chaharzad s'émerveille encore des pyramides avec lesquelles "on ne peut se mesurer, ne serait-ce qu'à un bloc". Elle parle de la découverte d'une autre culture, de la chance qu'elle a eu de participer. "Je n'aurai jamais imaginé aller au pays des pharaons", assure-t-elle. Quelques détails l'ont marquée, comme la différence de rythme des Egyptiens : "On dirait que les gens ne dorment jamais là-bas".

Arkhane, élève de 1ère ES, insiste sur les bienfaits pédagogiques du séjour : "il a fallu se débrouiller au niveau de la langue, on parlait avec les gens de la rue". Pour lui, le principal avantage des cours suivis sur place était leur vocation à communiquer, leur côté pratique. Une autre lycéenne évoque le shopping, son activité favorite en Egypte, et sa différence avec son île : le marchandage.

Le proviseur du lycée souligne le rôle du conseil général dont "le soutien a permis de limiter le financement des parents et d'envoyer plus d'élèves". Quant au conseiller général de Pamandzi, Fadul Ahmed Fadul, il remercie les élèves "de ramener l'Egypte à Mayotte" et souligne que "les voyages ouvrent les esprits."

Pour fermer l'album souvenir, les différents partenaires de ce voyage scolaire ont chacun reçu un petit cadeau, remis et choisi par les élèves.

 

Juliette Piolat

24/04/2009 – Le collège de Tsingoni pratique l’école ouverte

 

{xtypo_dropcap}S{/xtypo_dropcap}amedi matin. 9 heures. Initiation à la capoeira au gymnase du collège de Tsingoni. Une quinzaine de collégiens se réveille et s'échauffe, en suivant le rythme du dynamique responsable de l'association "Mayotte Capoeira Arte Negra", que le nouveau président du foyer socio-éducatif (FSE), M. Castebrunet, a récemment rencontré. "Mayotte Capoeira Arte Negra" est une association située sur la commune de Tsingoni. Ainsi, la capoeira s'est rajoutée à la danse (classique, moderne, baroque, contemporaine), au cirque, au hip-hop, à la lutte… sur la liste des activités proposées gratuitement aux collégiens environ un samedi sur deux par l'établissement.

A partir de 10h30 un autre cours, payant cette fois-ci, suivra pour les enfants extérieurs au collège. C'est en effet grâce aux cotisations des "extérieurs", adultes ou enfants selon l'activité, que le FSE offre gratuitement des activités variées aux collégiens sur le temps hors-scolaire, aide les clubs échecs et magie qui se tiennent les midis au collège, soutient des sorties pédagogiques généralement orientées sur le thème de l'environnement et de l'écocitoyenneté, facilite la mise en place d’activités pédagogiques liées à la santé et la citoyenneté, etc.

"Tous les élèves sont adhérents de droit au foyer socio-éducatif, ils n'ont qu'à s'inscrire aux activités proposées", explique Mme Jamier la principale, qui précise que "depuis le début de l'année scolaire, ce sont 200 collégiens qui ont profité de ces activités du samedi".

Ce dispositif se rapproche du concept "école ouverte" mis en place par l'Education nationale en Métropole et qui consiste à ouvrir les collèges et les lycées pendant les vacances scolaires ainsi que les samedis toute l'année, pour accueillir des enfants et des jeunes qui ne partent pas ou peu en vacances.

 

Un travail sur la langue et la citoyenneté

 

Le collège de Tsingoni n'a pas le label "école ouverte", mais est un des rares établissements de l'île à ouvrir ses portes le week-end, après l'expérience fructueuse mais malheureusement stoppée du collège de M'tzamboro, qui était resté ouvert pendant certaines vacances il y a deux ans pour proposer soutien scolaire et activités sportives. De ce fait, ce sont également plusieurs associations locales qui interviennent et deviennent partenaires du FSE et du collège.

Cette initiative, en parfait accord avec une des ambitions du projet académique du vice-rectorat, n'est possible que grâce à la motivation des enseignants membres du FSE – une quinzaine environ – qui se relaient le samedi matin pour superviser les activités. Les enseignants prennent également en charge les nombreuses activités sportives – danse, sports collectifs, gymnastique… – proposées les soirs en semaine toute l'année au public extérieur. Le FSE compte plus de 200 adhérents extérieurs, qui s'acquittent d'une très faible cotisation pour l'année et d'un paiement par activité, plus élevé pour les non adhérents.

"L'association Les chemins de la balle qui s'occupe du cirque travaille beaucoup sur le théâtre, et donc sur la langue française", précise Mme Jamier. "Outre l’ouverture des élèves sur des pratiques nouvelles, l’objectif est aussi de travailler avec eux sur les règles de vie en groupe, le respect du matériel, l’appropriation d’un lieu… Bref, toutes les valeurs relatives à la citoyenneté." Afin de clore l’année en valorisant le travail des élèves et des enseignants mobilisés au sein du FSE, un spectacle en nocturne aura lieu au collège le vendredi 12 juin.

 

Hélène Ferkatadji

24/04/2009 – Baptêmes de plongée pour jeunes diabétiques

 

{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap}pprendre à "vivre avec son diabète", tel est le credo du Club des familles des jeunes diabétiques de Mayotte. Pour les 11 à 15 ans s’est organisé un baptême de plongée lors du week-end pascal. Mais avant de se mettre à l’eau, il était impératif de suivre les principales instructions de la Fédération française d'études et de sports sous-marins (FFESSM).

C'est donc encadrés de professionnels de santé bénévoles (1 médecin, 3 infirmiers) du Club AJD que les enfants se sont retrouvés au ponton de plaisance de Mamoudzou. Après vérification des autorisations parentales, du matériel de contrôle glycémique, des provisions suffisantes de resucrage, le protocole de mise à l’eau peut débuter : 3 glycémies/acétonémies capillaires à T-60 (1 heure avant la plongée), T-30 (avant de s’équiper) et T-15 minutes (avant la mise à l’eau).

A 8h30, l’objectif glycémique inférieur à 2g atteint, les enfants et leurs accompagnateurs embarquent en compagnie de 3 moniteurs confirmés et généreux du Maji club et d'une équipe de tournage (radiophonique et télévisée) de RFO Mayotte, témoin de cette expérience inédite. A bord, c’est avec beaucoup d’attention, lèvres pincées, que les jeunes écoutent la présentation du matériel et les explications du déroulement de la plongée.

Après une heure de navigation, arrivés à la barrière de corail sur la magnifique Passe en S, les plongeurs en herbe aux visages sérieux, équipés de leur combinaison, contrôlent assidus leur objectif glycémique. Avec assurance, les signes de communication signalant la sensation d’hypoglycémie répétés, leur mise à l’eau commence. Les oreilles toujours aussi attentives aux instructions des moniteurs, ils endossent leur gilet stabilisateur et bouteille de plongée et embouchent leur détendeur.

Pour tous, la remontée en surface est enjouée, sourires aux lèvres, après une plongée de 30 mn à 6 mètres au milieu des coraux, des poissons de toutes les couleurs, du mérou au poisson clown. Certains, les pieds sur le bateau, expriment la crainte d’être en hypoglycémie, leur contrôle est pourtant parfait. D’autres, décontractés, expriment avec fierté la réussite de ce défi.

24/04/2009 – Politique : Redécoupage électoral

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}es prochaines élections pour élire les élus de la future assemblée unique à compétences départementales et régionales n’auront lieu que dans 2 ans. Mais les élus de Mamoudzou, sachant que le mode de scrutin et le nombre de circonscriptions doivent être fixés en 2009 (la loi interdit toute modification l’année précédent le scrutin), ont pris les devants.

Aujourd’hui, personne ne connaît le nombre d’élus à venir, mais le président du conseil général Ahamed Attoumani Douchina a suggéré de doubler le nombre d’élus par canton et éventuellement d’accorder le supplément aux communes les plus peuplées, tout en conservant le scrutin uninominal à deux tours. Des conditions qui ne satisfont nullement les élus de la commune chef-lieu, auxquels se sont joints les 3 conseillers généraux.

Lundi après-midi, ils se sont réunis autour du maire Abdourahamane Soilihi dit Ladjo et se sont montrés solidaires pour que les critères démographiques soient pris en compte pour calculer le nombre d’élus en 2011.

“S’il y a un redécoupage à faire, il faut que cela soit fait en fonction du poids démographique. Ce matin, nous avons entendu à l’hémicycle Bamana que le comité de suivi de la départementalisation a déjà transmis à Paris ses propositions. Nous nous basons sur le droit pour argumenter notre position et rappelons que le Conseil constitutionnel a rappelé au législateur que ce principe démographique devait être pris en compte lors de la répartition des sièges des députés. Et il s’agit de la population totale, pas de votants, d’inscrits ou d’étrangers en situation irrégulière. On avance souvent aussi la géographie et le nombre de villages d’une commune. Tous ces arguments ne doivent pas être pris en compte”, a indiqué Zaïdou Tavanday, conseiller général UMP de Mamoudzou 2.

 

Un scrutin de liste proportionnel à un tour comme solution la plus démocratique

 

Pour Jacques Martial Henry, conseiller général MDM de Mamoudzou 3, le mode de scrutin idéal ne peut être qu’un scrutin proportionnel par liste à un tour. “On a longuement réfléchi, il n’y a pas plus démocratique. Toutes les grandes idées de la cité seront représentées. En 2001, l’UMP a réalisé 45% aux élections et elle n’a eu aucun élu.”

Toutes tendances politiques confondues, les élus de Mamoudzou estiment que le découpage en nouvelles circonscriptions ne serait pas adapté car ne respectant plus des “frontières naturelles” de quartiers ou de villages. “Il y a des gens qui habitent à M’balamanga qui votent au Baobab et d’autres à Cavani Sud et faire un découpage selon les listes électorales sera compliqué”, a affirmé Ladjo. Selon ce schéma, ce serait donc la fin des 3 cantons de Mamoudzou.

Mamoudzou qui compte 54.000 habitants souhaite avoir un poids au sein de la future assemblée que lui confère sa population. “La loi n’impose pas l’égalité parfaite, mais dit que l’intérêt général doit être basé sur des principes démographiques”, indique Zaïdou Tavanday. Autrement dit, il ne réclame pas forcément que les élus de Mamoudzou soient 10 fois plus nombreux que ceux d’Acoua (4.500 habitants) ou de Kani-Kéli (fief d’Ahamed Attoumani Douchina avec 4.200 habitants), mais qu’ils soient bien plus nombreux proportionnellement.

Une délégation devrait partir prochainement à Paris pour porter cette proposition au Gouvernement. Au cas où celui-ci ne prendrait pas ces arguments démographiques en compte, une action devant le Conseil d’Etat est envisagée.

 

Faïd Souhaïli

 


Une commune qui pèse lourd

Avec 54.000 habitants recensés par l’Insee, la commune de Mamoudzou est la plus peuplée de Mayotte. Si le principe de la démographie est appliqué, le nombre de conseillers généraux dans la future assemblée provenant de Mamoudzou devrait être prééminent.

Mayotte Hebdo a réalisé des projections sur le nombre d’élus de la prochaine assemblée. Nous avons choisi arbitrairement le nombre de 39 élus, soit le doublement du nombre actuel plus un, car l’assemblée aura à la fois des compétences départementales et régionales. La moyenne devrait donc être d’un élu pour 4781 habitants.

Pour le découpage démographique, nous nous sommes basés sur les statistiques du recensement 2007 de l’Insee. Pour le découpage “géodémographique”, nous avons alloué 17 sièges pour les 17 communes, puis répartis les 22 restants proportionnellement à leur poids démographique.

 

Commune

Nombre d’élus selon la méthode démographique

Nombre d’élus selon la méthode "géodémographique"

Nombre d’élus selon la méthode Douchina

Acoua

1 (pour 4622 hab)

1 (pour 4622 hab)

2 (soit 1 élu pour 2311 hab)

Bandraboua

2 (soit 1 élu pour 4507 hab)

2 (soit 1 élu pour 4507 hab)

2 (soit 1 élu pour 4507 hab)

Bandrélé

2 (soit 1 élu pour 3419 hab)

2 (soit 1 élu pour 3419 hab)

2 (soit 1 élu pour 3419 hab)

Bouéni

1 (pour 5296 hab)

2 (soit 1 élu pour 2648 hab)

2 (soit 1 élu pour 2648 hab)

Chiconi

1 (pour 6412 hab)

2 (soit 1 élu pour 3206 hab)

2 (soit 1 élu pour 3206 hab)

Chirongui

1 (pour 6605 hab)

2 (soit 1 élu pour 3303 hab)

2 (soit 1 élu pour 3303 hab)

Dembéni

2 (soit 1 élu pour 5071 hab)

2 (soit 1 élu pour 5071 hab)

2 (soit 1 élu pour 5071 hab)

Dzaoudzi – Labattoir

3 (soit 1 élu pour 5113 hab)

3 (soit 1 élu pour 5113 hab)

2 (soit 1 élu pour 7670 hab)

Kani-Kéli

1 (pour 4527 hab)

1 (pour 4527 hab)

2 (soit 1 élu pour 2264 hab)

Koungou

4 soit 1 élu pour 4958 hab)

3 (soit 1élu pour 6610 hab)

2 (soit 1 élu pour 9916 hab)

Mamoudzou

11 (soit 1 élu pour 4820 hab)

7 (soit 1 élu pour 7575 hab)

7 (soit 1 élu pour 7575 hab)

M’tzamboro

2 (soit 1 élu pour 3459 hab)

2 (soit 1 élu pour 3459 hab)

2 (soit 1 élu pour 3459 hab)

M’tsangamouji

1 (pour 5028 hab)

2 (soit 1 élu pour 2514 hab)

2 (soit 1 élu pour 2514 hab)

Ouangani

1 (pour 6577 hab)

2 (soit 1 élu pour 3289 hab)

2 (soit 1 élu pour 3289 hab)

Pamandzi

2 (soit 1 élu pour 4539 hab)

2 (soit 1 élu pour 4539 hab)

2 (soit 1 élu pour 4539 hab)

Sada

2 (soit 1 élu pour 4004 hab)

2 (soit 1 élu pour 4004 hab)

2 (soit 1 élu pour 4004 hab)

Tsingoni

2 (soit 1 élu pour 4600 hab)

2

2

24/04/2009 – Recensement de la population par l’Insee

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a population a été multipliée par 4 en 30 ans. Une augmentation considérable. Cependant, l'Insee observe un ralentissement de la croissance démographique sur les dernières années. Principales causes avancées : la baisse du nombre d'enfant par femme et un solde migratoire négatif (-7.000) sur la période 2002-2007. Un chiffre qui s'explique par la hausse spectaculaire des reconduites à la frontière et par l'augmentation des départs des Mahorais vers la Métropole ou la Réunion, principalement pour les études ou raisons professionnelle et familiale. Une émigration de plus en plus importante, sur laquelle l'Insee avoue "manquer de lisibilité", et qui contribue à stabiliser l'équilibre du flux intrants-extrants.

Le taux de fécondité des femmes ne diminue que lentement : il reste très élevé à tous les âges, notamment pour les mères nées à l'étranger qui sont à l'origine de 72% des naissances enregistrées en 2007 à Mayotte. L'indice synthétique de fécondité des mères nées à l'étranger est de 6,4 enfants par femme contre 3,4 enfants pour les mères nées en République française (à Mayotte ou ailleurs sur le territoire national). La natalité importante qui en découle, associée à une mortalité structurellement faible, est à l'origine d'un solde naturel largement excédentaire de 33.000 personnes.

La population augmente en moyenne de 3,1% chaque année sur la période 2002-2007, un taux en baisse d'un point par rapport à la période précédente (1997-2002). La croissance démographique reste néanmoins très supérieure à ce qu'elle est au niveau national ou même à la Réunion (respectivement +0,7% et +1,5% de taux de croissance annuel moyen sur la période 1999-2006). Elle est aussi légèrement supérieure à celle observée aux Comores (+2,8% de taux de croissance annuel moyen sur la période 1990-2006).

 

54% de la population a moins de 20 ans

 

 

population selon la nationalité et le lieu de naissance

 

Avec un âge moyen de 22 ans, Mayotte reste le territoire français dont la population est la plus jeune. Avec 54% de la population qui a moins de 20 ans, la pyramide des âges est très évasée. "Un type de profil que l'on retrouve en Guyane, où la transition démographique est récente", constate Matthieu Morando, chef de l'antenne de Mayotte de l'Insee. On observe également un creux important pour la tranche d'âge 20-30 ans, une tranche de la population mahoraise qui émigre de plus en plus, et qui correspond également au spectre de la cible des personnes majoritairement reconduites à la frontière.

La scolarisation progresse : quasiment tous les enfants résidant à Mayotte sont maintenant scolarisés, au moins en primaire, et le niveau atteint en sortie du système scolaire s'améliore progressivement. En 2007, 17% des personnes de 15 ans ou plus sorties du système scolaire ont un niveau baccalauréat ou supérieur, contre 13% en 2002. Cependant, la part des personnes n'ayant jamais été scolarisées est toujours importante : elle représente 44% des plus de 15 ans, en baisse de 2 points par rapport à 2002. 60% de ces personnes jamais scolarisées savent néanmoins lire et écrire le mahorais et/ou l'arabe, plus rarement le français.

À l'autre extrémité de la distribution par âge, moins de 4% de la population mahoraise a plus de 60 ans, contre plus de 20% en Métropole. Parmi les seniors (plus de 50 ans), seulement 28% lisent et écrivent le français et 34% le parlent (en hausse respectivement de 5 et 6 points par rapport à 2002).

De manière plus spécifique à Mayotte, la structure de la population âgée de 25 à 39 ans est marquée par l'importance des flux migratoires dans cette tranche d'âge : en 2007, 57% des 25-39 ans sont nés à l'étranger, contre 32% pour l'ensemble de la population. Par ailleurs, les 15-29 ans de 2002, devenus les 20-34 ans de 2007, représentent une part inférieure de la population d'un recensement à l'autre, et diminuent même en nombre. Cette évolution est plus marquée chez les hommes que chez les femmes, notamment en raison du renforcement de la lutte contre l'immigration clandestine. Le nombre d'hommes âgés de 20 à 30 ans pour 100 femmes du même âge est ainsi tombé de 83 en 2002 à 73 en 2007.

 

40,7% d'étrangers, soit 75.000 personnes

 

Entre 2002 et 2007, la répartition de la population selon le lieu de naissance n'a pas connu d'évolution notable. La part des personnes nées sur le sol mahorais a légèrement décru, passant de 64,7% en 2002 à 63,5% en 2007. La part de la population née dans un autre territoire français connaît une augmentation relative, mais reste inférieure à 5%. Les natifs des Comores représentent 28,3% de la population résidente, en augmentation de 0,2 point (soit 7.800 personnes supplémentaires depuis 2002).

La part de la population de nationalité étrangère continue sa progression, passant de 34,4% en 2002 à 40,7% en 2007. La nationalité comorienne est très largement majoritaire. Près d'un tiers (23.000 personnes) des 75.000 étrangers recensés à Mayotte au 31 juillet 2007 y sont nés. Ces personnes, bien que nées sur le territoire de Mayotte, sont de nationalité étrangère parce que leurs deux parents sont immigrés. Pour la plupart, elles sont âgées de moins de 16 ans. Les modalités d'accès à la nationalité française leur permettront de l'acquérir à 13 ou 16 ans, sous réserve de répondre aux conditions réglementaires en vigueur.

La croissance du nombre de ménages (+24% en cinq ans) est plus marquée que celle de la population (+16%), en raison de la diminution du nombre de personnes par ménage (4,1 personnes par ménage en 2007 contre 4,3 en 2002). Les ménages d'une personne ont le plus augmenté : ils représentent 13% des ménages en 2007, soit 6.000 ménages contre 3.800 en 2002.

Plus de 80% des Mahorais vivent dans une famille et 60% des plus de 15 ans vivent en couple, un taux en légère baisse par rapport à 2002. Les couples dont les conjoints sont de nationalité différente représentent 24% des couples; les trois quarts d'entre eux sont formés d'un homme de nationalité française et d'une femme de nationalité étrangère.

En 2007, 7.000 familles monoparentales résident sur l'île, un chiffre en très nette augmentation par rapport à 2002 (4.800 familles). Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette évolution : augmentation du nombre de femmes se séparant de leur conjoint, épouses d'un foyer polygame n'ayant pas déclaré leur mari, absent au moment de la collecte du recensement, familles en situation irrégulière dont le père a fait l'objet d'une mesure de raccompagnement.

 

Niveau scolaire des personnes de 15 ans ou plus sorties du système scolaire

JP & FM

Avec l'Insee

 

Retrouvez les principaux chiffres du recensement de la population effectué par l'Insee et concernant le logement, l'équipement des ménages et le chômage dans le prochain numéro de Mayotte Eco.

24/04/2009 – Edito : 13.614 chômeurs

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a situation économique de l'île, et de l'emploi en particulier, ne peut pas être considérée comme brillante, loin de là. La perte de milliers d'heures de travail chaque jour dans les embouteillages, les infrastructures de base en mauvais état ou largement sous-dimensionnées, les projets qui dorment, se réveillent pour mieux se rendormir, manquent de relais et de soutiens parmi les décideurs locaux, participent de ce dramatique constat.

Le président du conseil général s'est félicité lundi du choix d'inscrire l'aménagement de plages dans le cadre du Plan de relance du gouvernement. Il faut que les projets sortent de terre avant la fin de l'année. C'est un plan de relance, rapide, à court terme. Mais ces projets d'aménagement des plages ont été lancés, décidés, il y a 4 ans. Nous avions fait la Une là-dessus, trouvant l'initiative heureuse. Il y avait prévu 7 plages. Puis chaque élu a voulu la sienne… Super, les voilà motivés sur un projet qui leur tient à cœur… Il y a donc eu 10, puis 12 plages retenues, les autres viendraient après. Un bureau d'études se lance là-dessus… Puis plus rien. La crise arrivant, les ambitions se trouvant rognées, il a été décidé, encore, de ne retenir qu'une plage, pilote. Puis plus rien. Ce lundi le projet est ressorti, super ! Avec 4 plages : Moya, Musicale plage, Tanaraki et Bambo. Cette fois l'urgence est de mise ! Mais qu'en sera-t-il ?

Il y a 4 ans, il y avait le projet, la volonté et la décision des élus, le financement. Pourquoi aucun élu n'a suivi le projet jusqu'au bout. Pourquoi le problème minime d'une AOT n'a-t-il pas été réglé d'un coup de fil entre le conseil général et la préfecture ? Pourquoi aurait-il fallu attendre la validation du Padd ? Si c'est des raisons de ne rien faire qu'il fallait trouver, ça a réussi. Et on attend toujours des plages avec un parking en retrait, qui ne morde pas sur la plage et la détruise lentement, des douches, des bancs, des farés, des barbecues, mais aussi des buvettes, des snacks, des vendeurs de glaces qui créeraient… de l'emploi.

C'est pareil avec le marché de Tsararano, toujours installé de manière indigne et dangereuse dans le virage, par terre. Le projet était là, le financement aussi. Mais une personne s'est endormie sur le dossier… et personne ne l'a réveillée. Personne ne s'est énervé, emporté. Les élus étaient peut-être en voyage ou le promettaient-ils pour leur prochain mandat à une population qui n'est plus crédule. La déviation prévue aussi à Tsararano ne se fait pas. La rocade de M'tsapéré qui devait se poursuivre jusqu'à Tsoundzou ne se fait pas. Le marché de Mamoudzou n'ouvre pas… Ce sont des emplois qui dorment. Des chômeurs qui trainent. Des familles qui souffrent, vivent avec très peu.

Il faut arrêter de dormir ou de jouer à la réussite dans les bureaux climatisés. Il faut prendre les dossiers à bras le corps jusqu'à ce qu'ils aboutissent. Ce sont aux responsables, aux élus, aux présidents et autres directeurs de se mettre au boulot, de réveiller leurs équipes, de les motiver, les mobiliser, de taper du poing sur la table si nécessaire, pour se mettre au service de la population qui attend, de plus en plus impatiente. Il doit y avoir des obligations de résultats !

Le rang des chômeurs gonfle chaque jour. Il faut donner aux entreprises locales les moyens de vivre, de se développer pour pouvoir embaucher. Il faut que les administrations externalisent certaines missions qu'elles ne sont pas capables d'assurer aujourd'hui. Il faut faire confiance aux bureaux d'études, aux entreprises qui elles ont des obligations de résultats. Ce sont elles qui pourront peut-être embaucher les dizaines de milliers d'enfants qui sont aujourd'hui sur les bancs des écoles, mais surtout déjà dans les collèges et les lycées et qui ne voudront pas passer leur vie à trainer dans les rues en imaginant les projets qui auraient pu voir le jour.

 

Laurent Canavate

24/04/09 – Objectif atteint pour deux jeunes volleyeurs

Partie mardi dernier aux Volleyades de Caen, la délégation mahoraise composée de 12 garçons et 12 filles de moins de 15 ans est revenue mardi. Pas de victoire dans sa besace, mais deux joueurs qui ont été détectés par la direction technique nationale (DTN).

Les Volleyades de Caen n’ont pas été une réussite sur le plan collectif pour nos représentants. Si les filles ont pu grappiller une victoire contre la France-Comté (2-1), le bilan total n’est pas fameux. Les garçons quant à eux ont fait chou blanc. Mais pour Oumar Boina Vitta, technicien à la ligue de volley, l’objectif n’était pas la performance collective.

“Le but était de placer quelques uns de nos jeunes dans des pôles espoirs. L’objectif est presque atteint puisque deux jeunes – Mohamed de Barakani et Irchadi de M’tsangamouji – ont été repérés par la DTN.” Reste à savoir quel pourrait être leur centre d’accueil et à convaincre leur famille pour qu’ils puissent tenter leur chance et approcher le haut niveau. Pour Oumar Boina Vitta, l’aspect organisationnel en Basse-Normandie était parfait et il se félicite du bon comportement des jeunes Mahorais et du bon encadrement réalisé par les techniciens et les élus de la ligue.

 

F.S.

24/04/09 – Une journée du jeu pour Chiconi

Si aujourd’hui les jeux vidéo sont le passe-temps favori des jeunes, il existe toute une série de jeux qui peuvent être tout aussi distractifs et beaucoup moins virtuels. C’est pour les remettre au goût du jour que les animateurs communaux de Chiconi organisent une grande journée du jeu le samedi 25 avril de 9h à 20h.

Y seront en bonne place les jeux traditionnels que sont le mraha, le sukatra ou le tangara. Mais la pétanque et le scrabble seront aussi au menu. Le Cemea, l’OMJS et le Cclej de Chiconi sont les principaux partenaires, avec la commune de Chiconi, de la manifestation qui se déroulera sur la place Sicotram de Chiconi.

23/04/09 – Lancement des états généraux de Mayotte

"Je suis d'un optimisme inaltérable !", a lancé le préfet Denis Robin en conclusion de son discours d'instauration des états généraux de Mayotte, ce mercredi Case Rocher, en présence des élus, parlementaires, responsables syndicaux, chefs des services de l'Etat, et du conseil général. Un optimisme qui semble avoir gagné tous les participants à cette grande réflexion sur l'avenir de l'île, alors que dans les autres Dom les états généraux ont démarré dans un climat de méfiance et en l'absence des principales organisations syndicales qui les boycottent. Parce qu'encore collectivité et non département d'Outremer, Mayotte n'avait pas l'obligation d'organiser ses états généraux. Le président du conseil général ainsi que le préfet ont jugé opportun d'y participer, car ils sont "un moment unique de réflexion et de débat de tout l'Outremer français", affirme ce dernier, "Mayotte doit en profiter pour montrer que le futur département est déjà en action". 

Ces états généraux devraient ainsi permettre de "proposer des mesures concrètes pour faire avancer des dossiers importants qui ne vont pas assez vite", toujours selon M. Robin, qui précise que les ateliers, similaires à ceux des autres Dom mais adaptés à la réalité mahoraise, ne partent pas de zéro : dans de nombreux domaines des travaux ont déjà commencé, avec l'Observatoire des prix, la commission consultative du travail, etc. Huit ateliers de travail ont ainsi été mis en place, avec pour chacun un président et un rapporteur : "la formation des prix, les circuits de distribution et le pouvoir d'achat", "les productions locales et les conditions d'un développement endogène", "le foncier", "un développement économique et de l'emploi durable", "dialogue social, droit du travail et protection sociale", "la formation", "l'environnement régional" et "identité, culture, mémoire". Chaque atelier devra rendre des propositions concrètes au comité de pilotage pour le mois de juin, pour être transmises au président de la République avant l'été et étudiées lors du comité interministériel de l'Outremer qui se tiendra début octobre.

23/04/09 – Résultats détaillés du recensement 2007 à Mayotte

En 2007, l'Insee avait recensé 186.000 habitants de Mayotte, soit 26.000 habitants de plus qu'en 2002. Les chiffres du dernier recensement ont été disséqué, analysé, et confronté par les services de l'institut durant près de trois ans, à ceux du précèdent recensement de la population, réalisé en 2002. De cette analyse ressort trois études remarquables, profondément riches en enseignements sur l'emploi, le logement et la population à Mayotte. Sur cette population, l'Insee a comptabilisé 75.000 étrangers."Nous les recensons, mais ce n'est pas notre rôle de s'intéresser aux statuts de ces personnes".

Bilan démographique. La population a été multipliée par 4 en 30 ans. Une augmentation considérable. Cependant, l'Insee observe un ralentissement de la croissance démographique sur les dernières années. Principales causes avancées : la baisse du nombre d'enfant par femme et un solde migratoire négatif (-7.000) sur la période 2002-2007. Un chiffre qui s'explique par la hausse spectaculaire des reconduites à la frontière et à l'augmentation des départs des mahorais vers la métropole ou la Réunion, principalement pour les études ou raisons professionnelle et familiale. Une émigration de plus en plus importante, sur laquelle l'Insee avoue "manquer de lisibilité", et qui contribue à stabiliser l'équilibre du flux intrants extrants.

Pyramide des âges. Avec 50% de la population de Mayotte qui a moins de 20 ans, la pyramide des âges est quelque peu évasée. "Un type de profil que l'on retrouve en Guyane, où la transition démographique est récente", constate M. Morando, chef du service de l'Insee Mayotte. On observe également un creux important pour la tranche d'age 20-30 ans, une tranche de la population mahoraise qui émigre de plus en plus, et qui correspond également au spectre de la cible des personnes majoritairement reconduites à la frontières. Une tranche d'âge où les hommes sont aussi plus représentés.

Chômage. Difficile d'obtenir des constructions statistiques exploitables en respectant la définition d'un chômeur donné par le BIT. Pour une meilleure lisibilité, l'Insee a opté pour des choix méthodologiques qui permettent d'approcher au mieux la réalité de l'emploi à Mayotte comme poser des "questions complémentaires". "Etes vous disponibles tout de suite?", "Etes vous en recherche d'activité ?". Les enquêteurs ont aussi pris en compte les activités annexes, comme des "coups de main" ou petit boulot dans les secteurs de la pêche, l'artisanat, le commerce et l'agriculture. Le taux de chômage atteint 41% chez les 15-25 ans. "Nous constatons, un chômage structurel, caractérisé par une incompatibilité entre la demande et les niveaux de qualification", annonce M. Morando. "A l'inverse, les plus diplômés ne trouvent pas de poste, car ils n'ont pas été créés en nombre suffisant pour répondre à l'élévation du niveau d'étude".

Logement et équipement des ménages. Contrairement aux apparences, le parc augmente plus vite que la population. Même si les logements sont toujours majoritairement composés d'une ou deux pièces, le banga de célibataire n'est plus à la mode (50% en moins sur 5 ans). 28% des logements sont totalement dénués de confort (absence d'électricité et d'eau courante), contre 25% en Guyane et 5% en moyenne dans les Dom. 80% des ménages sont équipés d'au moins un téléphone portable, et moins de 20% dispose d'un lave-linge.

 

Retrouvez toutes les analyses, graphiques et donnée de l'Insee cette semaine dans Mayotte Hebdo.

23/04/09 – Fin de conflit à Batimax

L'entreprise du groupe Cananga était secouée depuis le mardi 14 avril par un mouvement de grève. Lundi dernier, les parties se sont à nouveau réunies afin d'examiner les trois points de revendication du personnel gréviste, à savoir la suspension des fonctions du responsable de sécurité, la mise en place d'une prime de 13e mois et l'annulation de tous les licenciements prononcés ces jours. La rencontre a abouti à la signature d'un protocole de fin de conflit. En l'espèce, des salariés auraient détourné l'utilisation de carnets de remise de 10 à 25% pour en faire bénéficier des particuliers qui n'y avait pas droit, moyennant une contrepartie généreuse, payable au comptant. Une combine qui perdurait, selon certaine sources, depuis près de deux ans et qui aurait causé un grave préjudice financier à la société. Les délégués CGT-Mayotte affirmaient que les conclusions de l'investigation ne constituent en aucun cas une preuve et revendiquaient la suspension de la décision de licenciement jusqu'aux conclusions de l'enquête judiciaire.

D'autre part, le syndicat demandait que le responsable de la sécurité, qui a mené l'enquête pour la société Batimax, soit démis de ses fonctions, l'accusant d'avoir "enregistré des déclarations et des témoignages forcés ou achetés". Concernant ce point, une commission temporaire a donc été mise en place afin d'examiner de manière objective les faits reprochés au responsable de la sécurité du groupe Cananga. Un rapport sera produit et remis au président du directoire, M. Kakal, présent lors de discussions, qui examinera d'éventuelles sanctions en cas de manquement du responsable de la sécurité dans l'exercice de ses missions. Toutefois, le responsable de la sécurité a reçu de nombreux messages de sympathie émanant de sa hiérarchie comme des employés de la société. Une vingtaine de salariés a signé une pétition de soutien en sa faveur. Il appartiendra ou final au tribunal du travail d'établir si les licenciements sont justifiés ou non. Le tribunal correctionnel, quant à lui, jugera au pénal la plainte déposée par l'entreprise.

Pour le versement d'une prime de 13ème mois, les représentants du directoire de Cananga s'engagent à intervenir auprès du Medef pour que des négociations s'ouvrent rapidement sur une convention de branche "commerce, quincaillerie et matériaux". Enfin, dans une volonté d'apaisement, la direction a accepté la possibilité qu'à titre exceptionnel les salariés puissent faire une demande de congés payés afin de compenser les absences pour jours de grève. "L'heure est à l'apaisement", a conclut le président du directoire Gamil Kakal qui a rassemblé ses salariés au cours d'une réunion marquant la fin de ce mouvement social.

23/04/09 – Sport / Rugby : RCM – RCPT, la finale du championnat de Mayotte

Les deux demi-finales de samedi dernier ont tenu toutes leurs promesses dans cette dernière ligne droite du championnat Senior. Selo  Abdou M'trengoueni de la DSAJ, "toutes les équipes avaient le même niveau, ça s'est joué sur la motivation et le jeu". Finalement, le RC Petite Terre s'impose face au DSP, le RCM l'emporte contre l'Entente Sada/Chiconi. L'opportunité pour les champions en titre de Mamoudzou de prendre leur revanche sur des petits terriens qui les avaient infligés une leçon de rugby, voilà quelques semaines. Avant cela, les -18 ans de ces deux clubs s'affronteront en finale Junior.

23/04/09 – Réunion du comité de pilotage du Fond de Coopération Régionale

Le comité de pilotage du Fond de coopération régionale se réunira ce jeudi 23 avril dans la salle de réunion de la Dass. Le bilan de l'activité du FCR et l'examen de la programmation 2009 y seront à l'ordre du jour.

23/04/2009 – Musique : « Donner envie aux filles de chanter »

 

 

{xtypo_dropcap}D{/xtypo_dropcap}eenice espère que ce projet incitera les jeunes Mahoraises à se lancer dans la chanson. Ingénieur du son pour les émissions Scène des jeunes talents SFR de l'an dernier, il a accroché avec "le timbre et la voix particulière" de Djazou. Il a alors commencé à écrire et à composer pour la jeune fille. Pour lui, la production n'était "qu'un pas à franchir".

Les premiers retours sur le single sont plutôt positifs. Il nous confie que les "gens s'étonnent que l'album ait été fait à Mayotte". Cette réaction l'encourage "Ça doit vouloir dire que c'est original, qu'on a su montrer une certaine fraicheur". Depuis mardi, les titres sont diffusés sur RFO, un coup de pouce non négligeable pour la renommée de l'artiste.

Mais en produisant Djazou, l'objectif de Deenice n'est pas seulement de promouvoir une chanteuse, c'est aussi de donner envie à des filles de se lancer dans la chanson. Il estime que, si la scène musicale masculine continue de se développer à Mayotte, les filles sont encore trop peu nombreuses à chanter. Il rêve de découvrir d'autres talents et pourquoi pas "que la Lima Wild du 21ème siècle vienne frapper à la porte du studio".

D'ailleurs, Deenice compte renouveler l'expérience de la Scène des jeunes talents. Cette année, il sera membre du jury pour les castings et ingénieur du son pour les émissions.

 

Juliette Piolat

23/04/2009 – Fatma : Commémoration de l’abolition de l’esclavage

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e mois d'avril est marqué à Mayotte par la commémoration de l'abolition de l'esclavage, célébrée le 27 avril. A cette occasion, un festival montrant l'héritage et le patrimoine du peuple mahorais est organisé. Son appellation est depuis 2008 le Fatma, Festival des arts traditionnels de Mayotte.

Le Fatma rime parfaitement avec la commémoration de l'abolition de l'esclavage. Montrant les apports culturels d'avant et après la traite négrière, il apporte des éléments concrets et vivants sur ce sujet, une meilleure conception du sens de la commémoration. Le Fatma met en évidence les grandes traditions héritées des appartenances africaine, musulmane, animiste et malgache qui constituent "l’âme métisse" du peuple mahorais. Les composants de ce passé riche et pluriséculaire sont nombreux à Mayotte et méritent d'être connus. Ce sont les chants religieux, les danses traditionnelles, les cérémonies cultuelles, les objets artisanaux, les instruments musicaux, etc.

Le Fatma ce sont dix jours de fête et de réflexion autour du patrimoine historique de l'île et de sa région. Les manifestations se déroulent dans plusieurs communes de l'île. Elles ont commencé le week-end dernier et continuent jusqu'au 30 avril. (Programme ci-contre)

Pour cette année, la direction de l'ingénierie culturelle (ex-service culturel) a souhaité une ère nouvelle à la dimension de la commémoration de l'abolition de l'esclavage. Elle a voulu inscrire le Fatma dans la problématique de la mémoire d'un peuple à travers son patrimoine culturel.

 

Soutenance de thèse, conférence et film

 

Outre les démonstrations des richesses culturelles, un devoir de mémoire s'impose. Se mettant dans le ton d'Elie Wiesel (Prix Nobel de la Paix) : "Le bourreau tue toujours deux fois. La première, par l’épée, la deuxième fois par l’oubli.", le Fatma est aussi "un moment de rappel de l’histoire pour faire reculer l’oubli collectif".

Des éléments et faits concrets viennent enrichir la commémoration 2009 de l'abolition de l'esclavage à Mayotte.

Ce samedi 25 avril, Hamada Insa, originaire de M'tsamboro et étudiant en master 2 à l'Université de la Réunion, soutiendra son mémoire en Histoire, dans l'hémicycle Bamana au conseil général, à 14 heures. Cette soutenance sera dirigée par le directeur de recherches Sudel Fuma. Il s'agit d'un mémoire d’histoire sur l’esclavage dans l’océan indien et à Mayotte. Cette soutenance sera suivie d'une projection de film documentaire à 18 heures.

Journée mémorable de notre festival dédié aux arts traditionnels, le lundi 27 avril sera fortement animé. Au-delà des diverses manifestations prévues un peu partout, une conférence sur "La mémoire de l’esclavage dans les contes, les langues et la littérature de Mayotte" aura lieu à la place du Comité du Tourisme, à 16 heures. Elle sera animée par un Hidaya Chakrina, docteur ès Lettres et spécialiste des mémoires orales de l’Océan indien, par M’laïli Condro, docteur ès linguistique et maître conférencier et par Alain-Kamal Martial, doctorant en lettres, littératures francophones d’Afrique et de l’Océan indien. "Nous allons travailler sur les supports de transmission, d'une manière scientifique et non passionnelle", précise Alain-Kamal Martial. Ce sera un grand moment d'interrogation sur la recherche des traces évoquant l'esclavage.

 

Un jardin de la mémoire à Mamoudzou

 

Un fait à la fois historique et commémoratif, la "Route de l'esclave" passe par Mayotte. Pensé en 1993 et lancé officiellement en 1994 par La Chaire de l’Unesco en relation avec l’association Historun, la "Route des esclaves" a permis le lancement de réseaux scientifiques relatifs à la traite négrière et à l’esclavage dans notre région.

Après la conférence du 27 avril, viendra ensuite l'inauguration du "Jardin de la mémoire", à 18 heures, sur la place du Marché de Mamoudzou.

Des jardins, de grandeurs commensurables, sont instaurés dans les île de la région océan Indien, à Madgascar depuis 2004, à la Réunion (2005), au Mozambique (2007) et Maurice (2009).

Le projet Jardin de la mémoire s'articule autour de trois objectifs. Il vient "briser le silence sur la tragédie de la Traite négrière et de l’esclavage en contribuant à meilleure compréhension des causes profondes, de ses enjeux et de ses modalités d’opération par des travaux scientifiques pluridisciplinaires. Ensuite "mettre en lumière de manière objective ses conséquences sur les sociétés modernes notamment les transformations globales et les interactions culturelles entre les peuples que cette tragédie a pu générer". Et enfin "contribuer à la culture de la paix et à la coexistence pacifique entre les peuples en favorisant notamment la réflexion sur le pluralisme culturel, la construction de nouvelles identités et citoyennetés et sur le dialogue interculturel."

Le Jardin de la mémoire de Mayotte est réalisé par quatre sculpteurs : Daolaine Courtis de la Réunion, le Mozambicain Pekiwa, Rabemanenjara de Madagascar et le Mahorais Conflit. Les artistes travaillent depuis lundi dans la cours de la salle de cinéma de Mamoudzou. Il s'agit de quatre monuments commémoratifs, deux en pierre et deux en bois. Ce projet amitieux est dirigé par Fudel Fuma, directeur de la Chaire Unesco de l'Université de la Réunion et président de Historun. Arrivé ce mardi 21 avril, il suit le Fatma jusqu'au 28 avril.

 

Et comme dirait l'autre, la place du Marché sera vue d’une manière différente. Le passant se donnera le temps de la réflexion sur un pan de l’histoire mahoraise et de voir comment se l’approprier pour aller de l’avant.

 

Rafik

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes