Des locataires de la résidence Les Caramboles à Cavani sont en colère. Depuis janvier 2024, les murs de leur logement se détériorent gravement à cause d’un dégât de eaux. L’eau coule près de l’électricité. Locataires de la Société immobilière de la Mayotte (SIM), ils dénoncent la passivité du bailleur malgré leurs relances.
« Nous sommes en danger », estiment des locataires SIM après un dégât des eaux

Salon de l’Étudiant : Cinq jours où les jeunes sont invités « à chercher leur avenir »

Le rendez-vous incontournable pour les lycéens et les jeunes adultes, le salon de l’Étudiant et de l’Apprenti se tiendra du lundi 14 au vendredi 18 octobre. Itinérant et sur le thème « Dès aujourd’hui, cherche ton avenir », il se déplacera dans les cinq intercommunalités de l’île, pour aider à l’orientation postbac, mais pas seulement.
Un salon itinérant
Pour la deuxième année consécutive, le salon de l’Étudiant et de l’Apprenti (SEAM) sera itinérant et se déplacera cette fois dans chaque intercommunalité. Cinq jours pour cinq communes. Petite-Terre aura donc le droit à son étape, place des Congrès à Pamandzi. Un rendez-vous essentiel pour tous les lycéens, jeunes bacheliers et étudiants, mais aussi les parents, pour se renseigner et échanger. En tout, 83 structures ont répondu à l’appel, pour participer à cette édition sur le thème « Rangu lewo zunguha mayesha yaho » (dès aujourd’hui, cherche ton avenir). « Ce thème est un moyen d’annoncer la couleur et de dire aux jeunes, qui ne savent pas où aller, de chercher l’information au salon », explicite Saïd Mohamadi, directeur de l’Association des Étudiants et des Jeunes de Mayotte (AEJM), partenaire de l’évènement organisé par le Département de Mayotte. Et les jeunes n’auront pas à aller chercher bien loin, puisque les cinq sites des étapes ont été choisis pour être accessibles en taxi ou en stop, depuis les villages. Un choix réfléchit aussi d’un point de vue économique indique le directeur de l’association : « faire l’aller-retour jusqu’à Mamoudzou peut coûter jusqu’à vingt euros. Cette itinérance permet aux jeunes, mais aussi aux parents, grands-parents de les accompagner ». La première édition de l’évènement n’avait justement pas rameuté la foule, notamment à cause de la logistique. Tous les exposants ne se déplacent pas à chaque étape : la plus fréquentée est celle de Mamoudzou avec 55 partenaires, ce lundi, contre 44 structures présentes à Koungou le vendredi suivant.
Un premier rendez-vous d’orientation
Surtout, ce rendez-vous d’orientation, qui se tient du 14 au 18 octobre, est le premier de l’année pour les terminales, qui ont fait leur rentrée en août. De quoi donner des idées et répondre aux angoisses naissantes ou déjà bien présentes.
Mais les lycéens ne sont pas les seuls concernés par le SEAM. Ces dates, qui tombent pendant les vacances scolaires, permettent aussi de cibler les étudiants qui ont débuté leur cursus en septembre, et qui sont désormais concernés par l’événement puisque l’apprentissage y est inclus. Et certaines formations locales n’ont pas encore débuté : « c’est l’occasion pour nous de conseiller les bacheliers qui n’ont pas eu d’options sur Parcoursup, et qui décident de se diriger vers la formation professionnelle. Ils pourront ainsi rencontrer de potentiels d’employeurs ».
Et ce choix de dates permet aussi à certains parents, grands-parents ou toute personne qui se sent concernée par la question de l’orientation de s’y rendre. Un accompagnement important selon Saïd Mohamadi : « dès la classe de troisième, des choix importants doivent être faits, qui conditionnent la suite des études ou la vie des jeunes ».
Ne pas choisir sa formation par défaut
« Le taux d’échec l’enseignement supérieur est élevé à Mayotte », contextualise le directeur. Pour lui, ce salon est l’occasion de rencontrer des professionnels afin de « découvrir des vocations », peut-être, mais surtout pouvoir préparer en amont son projet, en ayant les ressources nécessaires. Car, l’association fait l’amer constat que beaucoup de jeunes, désireux de partir en métropole, choisissent leur formation par défaut. Et des situations dramatiques peuvent en découler, isolement, échec, refus de bourses, pouvant aller jusqu’au suicide. En 2021, ils étaient près de 2.000 à s’envoler vers l’Hexagone, un chiffre qui ne cesse d’augmenter.
Un suivi personnalisé
Pour répondre à ces manques d’informations, aider aux démarches administratives, parfois longues, le salon a mis en place un suivi personnalisé, pour les visiteurs qui souhaiteraient être recontactés, à la fin du SEAM. Pour préparer leur départ en métropole, ou alors une formation professionnelle sur le territoire ou en mobilité. Et l’ensemble des acteurs de l’accompagnement des jeunes seront présents pour aiguiller, comme le réseau Laihiki, ou la direction de l’enseignement supérieur.
Le programme du salon
– Lundi 14 octobre, sur le parvis de la MJC de M’gombani (Mamoudzou).
– Mardi 15 octobre, place des Congrès à Pamandzi.
– Mercredi 16 octobre, place de l’Ancien Foyer de Bandrélé.
– Jeudi 17 octobre, à la MJC de Combani, dans la commune de Tsingoni.
– Vendredi 18 octobre à l’école Koungou Maraîcher.
Le salon sera ouvert de 7h30 à 13h13, chaque jour. Un transport gratuit par bus est possible, dès 6h20. Les organisateurs invitent ceux qui sont intéressés des services insertion, CCAS ou politique de la ville de leur commune.
Kick-boxing : « Je me sens enfin prêt pour en découdre »

A partir de ce vendredi, trois combattants mahorais participeront au championnat de l’International combat organisation (ICO), dans la ville allemande de Francfort. Ils y représenteront pour la première fois la France dans cette compétition réservée aux amateurs. Avant que la cloche ne retentisse, nous avons interrogé Maxime Rochefeuille, licencié au Maore boxing club de Majicavo-Lamir.
Flash Infos : Comment vous êtes-vous préparé pour cette compétition ?
Maxime Rochefeuille : Je n’arrête jamais entre les compétitions. Je m’entraîne tout le temps, quasiment tous les jours. Après, quand on a une échéance comme celle-là, avec le coach, on fait une préparation où on s’y met un mois et demi en avance.
F.I. : Hors compétition, vous vous entraînez combien de fois par semaine ?
M.R. : Je m’entraîne tous les jours, mais c’est bien d’avoir un jour de récupération parce que je bosse à côté de cela. Je suis policier. Il y en qui ont de la chance de se consacrer qu’à cela. Ces personnes font deux à trois entraînements par jour. Moi, je ne peux pas encore fonctionner comme ça.
F.I. : Vous sentez-vous prêt physiquement ?
M.R. : Nous nous sommes bien préparés en circonstance. Je me sens enfin prêt pour en découdre, je n’ai pas de bobos, ni de pépins physiques. Tout va bien.
F.I. : Qu’est-ce que représente cette compétition de l’International combat organisation (ICO) à vos yeux ?
M.R. : C’est une organisation qui organise des combats d’arts martiaux, de MMA, de boxe anglaise, muay-thaï, pas mal de disciplines sont représentées. J’ai été sélectionné avec le groupe France de la Fédération de sports de combat et d’arts martiaux (FSC) pour participer à ce championnat du monde avec Louna qui est dans mon club, et une autre combattante licenciée à Mayotte, Shayana Laurent.
F.I. : C’est la première fois que vous êtes sélectionné pour représenter la France dans une compétition internationale. Que ressentez-vous ?
M.R. : C’est une grande fierté. Ça l’était aussi aux championnats régionaux et championnats de France. C’est aussi une grande fierté de représenter mon pays dans une compétition internationale. De représenter mon club, Mayotte et La Réunion, parce que j’ai des racines réunionnaises. Je considère Mayotte comme mon île d’adoption, c’est là-bas que j’ai appris à boxer.
F.I. : Comment votre famille vit votre départ et vos combats à venir ?
M.R. : Ils le vivent bien. J’ai la chance d’avoir une femme derrière moi qui supporte mes sacrifices et mon emploi du temps chargé avec le boulot, les entraînements et le fait de de vouloir devenir boxeur. J’ai la chance d’avoir une famille toujours derrière moi. Ce n’est pas facile tous les jours, mais j’ai la chance d’avoir ça.
F.I. : Avez- vous pu observer votre prochain adversaire et dans quelle catégorie allez-vous combattre ?
M.R. : Non, pas du tout. Je vais participer à trois disciplines, au cours de ce championnat du monde. Je vais concourir en kickboxing full-contact, kickboxing K-1 et en boxe anglaise également. Je vais combattre en moins de 85 kilos. Après les pesées de ces mercredi et jeudi, les combats commenceront ce vendredi et jusqu’à dimanche. Selon cette pesée, l’organisation établira un arbre des combats en fonction des disciplines. On aura donc plusieurs combats et plusieurs adversaires.
F.I. : Quel résultat souhaitez-vous obtenir ?
M.R. : J’espère obtenir la médaille d’or, je suis sur trois disciplines. J’espère au moins gagner une ou deux médailles d’or. Si on peut faire le triplé, on ne va pas s’en priver. Mais si on s’est préparé, c’est pour chercher une médaille d’or et soulever ce titre de champion du monde.
Le Département et l’État s’allient pour répondre aux besoins du territoire

jeudi, État et Ðépartement de Mayotte ont procédé à la signature du contrat de plan régional de développement de la formation et de l’orientation professionnelle (CPRDFOP) dans l’hémicycle Younoussa-Bamana, à Mamoudzou. Son but est de tenir compte au plus près des besoins immenses du territoire afin d’améliorer la qualité des formations existantes.
Dans un hémicycle Younoussa-Bamana archi-comble, ce jeudi, élus départementaux, préfet, chefs de services et surtout beaucoup de professionnels du secteur de la formation sont venus assister à la signature du contrat de plan régional de développement de la formation et de l’orientation professionnelle (CPRDFOP) 2023-2027. Il s’agit d’un contrat qui engage l’État, le conseil départemental de Mayotte, l’autorité académique et les partenaires sociaux. Il a pour objectif d’œuvrer collectivement en faveur de la population s’agissant de la formation et de l’orientation professionnelle sur le territoire.
Le conseil départemental entend ainsi marquer sa volonté de restructurer l’offre de formation professionnelle, l’une de ses compétences. « Ce dispositif s’adresse aux jeunes à la recherche de qualification professionnelle, aux salariés qui veulent se réorienter ou acquérir plus de compétences, aux entrepreneurs des PME qui ont besoin de se former, pour acquérir davantage d’autonomie dans la gestion de leurs structures. C’est en quelque sorte une manière de répondre aux attentes des futurs bénéficiaires d’ici 2027 et même au-delà », a expliqué Hawa Ayouba Raphaël, l’agente qui travaille dans la formation et qui a été très impliquée dans l’élaboration de ce contrat. « Contrairement à d’autres contrats de cette importance, le CPRDFOP ne dispose pas de fonds spécifiquement dédiés. En effet, il s’articule avec d’autres documents stratégiques notamment le Pacte ultra-marin d’investissement dans les compétences (PUIC) », a-t-elle détaillé. Par ce canal, la collectivité départementale s’engage à investir 53 millions d’euros à l’horizon 2027 pour appuyer la montée en compétences des Mahorais en situation de fragilité et très éloignés de l’emploi. Cette enveloppe va se combiner au budget formation hors pacte. À titre d’exemple, le Département a investi plus de 28 millions d’euros en 2023 dans la formation professionnelle sur le territoire.
« Que l’action soit au rendez-vous »
Au-delà de l’optimisme affiché par les élus et les responsables administratifs du Département, des participants à cette cérémonie de signature ont appelé à ce que ce ne soit pas qu’un bout de papier. Mohamed Fardi, vice-président du Medef Mayotte, explique : « quand il y a un mariage, on est toujours content, toujours heureux. Mais pour qu’il dure longtemps et ait un impact, il faut des actions de l’ensemble des acteurs. À notre niveau, nous demandons que l’action soit au rendez-vous à présent que ce CPRDFOP est signé. Que la relance de la formation soit effective dans tous les secteurs parce que souvent nous entendons dire qu’il faut déjà embaucher les jeunes avant de les former, hors les entreprises locales sont en crise, elles sont toutes en souffrance avec des fermetures partout dans tous les domaines ». Appelant à accompagner les chefs d’entreprise, il plaide également en faveur d’une association de tous les acteurs locaux dans l’évaluation des actions de l’État et du Département sur le territoire dans l’intérêt du développement de Mayotte.
Une subvention départementale pour Zena
Ce jeudi, en commission permanente, les élus du conseil départemental de Mayotte ont voté à l’unanimité une subvention de 500.000 euros pour soutenir le projet de la compagnie aérienne Zena Airlines. Elle doit servir à sécuriser le certificat de transport aérien (CTA) de la compagnie. Un vote dont s’est félicité la conseillère départementale Hélène Pollozec qui défend ardemment le projet des frères Novou. « Le désenclavement de Mayotte est une priorité pour le développement de notre territoire. Le dynamisme de la ligne Mayotte-Paris doit avant tout profiter à notre île », a-t-elle déclaré sur X.
A Kawéni, « il ne suffit pas de réhabiliter des bâtiments »

Afin de garantir un quartier SPPM à Kawéni en l’état, une convention de gestion urbaine de proximité a été signée, ce jeudi matin. La Ville de Mamoudzou et ses partenaires espèrent ainsi rendre durable la transformation du village.
Si la rénovation urbaine de Kawéni suit son cours, une partie est déjà terminée. C’est le cas du secteur SPPM au milieu du village au nord de Mamoudzou. Le lieu est désormais fréquenté par les familles et sert de point de passage pour la forte concentration d’élèves dans ce secteur. « Je me souviens des gendarmes qui poussaient les zébus hors des terrains vagues », raconte Hamidani Magoma, au commencement du projet. Le premier adjoint au maire, en charge de l’aménagement, est l’un des signataires de la convention de gestion urbaine de proximité, ce jeudi. « C’est un volet essentiel du programme de renouvellement urbain. Il ne suffit pas de réhabiliter des bâtiments ou aménager des espaces publics, il est également crucial d’assurer une gestion efficace et durable de ce nouvel environnement », estime l’élu qui cite quatre piliers : la qualité des services publics, la participation des habitants, la cohésion sociale et la tranquillité publique. L’enjeu est important pour la commune de Mamoudzou qui aimerait ainsi sensibiliser aussi bien ses partenaires (État, Département, Cadema, rectorat, Agence régionale de santé, représentants du quartier et associations) que la population à prendre soin du quartier. Cela pourrait permettre de limiter les dégradations ou l’accumulation de déchets. « Un combat de tous les jours », concède El-Mahaboubi Omar, directeur général adjoint à la Ville de Mamoudzou. En poussant les habitants dont les jeunes à s’approprier le nouvel espace, la commune espère diminuer les mauvaises surprises. En janvier 2023, par exemple, le plateau sportif non loin de là avait été endommagé, ses paniers jetés à terre. « Il est essentiel que les habitants soient acteurs des transformations qui concernent leur quartier », promeut le premier adjoint.
Un œil sur l’étape suivante
Et cette convention concerne autant ce qui est fini que ce qu’il reste à faire. A deux pas, la zone scolaire est en effet toujours en travaux. Il y est prévu des logements, trois bâtiments du rectorat (un gymnase, un internat et une cuisine centrale) et le nouveau stade de Kawéni. Plus haut, c’est le quartier Mahabourini qui est également en train de changer. « Je sais que la population doit vivre dans un chantier parce qu’on a rénové cet espace qui est formidable aujourd’hui. On a la cité scolaire à côté qui avance, tout ce qui se fait sur les hauteurs en matière de logement », rappelle Manarssana Boina, la déléguée à la politique de la ville de la préfecture de Mayotte. Celle se dit « fière de signer cette convention tous ensemble pour travailler dans un cadre, pour organiser le suivi de nos actions ». Elle assure que cette convention donnera aux associations locales « une meilleure visibilité », celles-ci étant amenées à jouer important dans le suivi de la rénovation.
« Je peux vous dire que Kawéni avance considérablement », déclare-t-elle à l’assemblée.
Comores : Deux filles jugées pour acte sexuel de contre nature
En détention depuis début juin, les jeunes filles avaient d’abord été accusées de vouloir se marier devant un religieux avant que celui-ci ne démente cette information le lendemain. Le parquet a requis quand même deux ans de prison dont un an ferme avec une amende de 200 euros. Le verdict est attendu le 14 novembre.
Reporté pour la première fois, le 13 septembre, le procès des jeunes filles inculpées pour acte à caractère sexuel contraire aux bonnes mœurs et contre nature a eu lieu, ce jeudi 10 octobre. L’audience s’est déroulée à huis clos au tribunal de correctionnel de Moroni. C’est la première fois que des femmes sont déférées pour leur orientation sexuelle supposée. A majorité musulmane, l’Union des Comores punit l’homosexualité. Après les débats qui se sont déroulés dans une salle presque vidée de l’assistance, le ministère public a requis une peine de deux ans de prison, dont un an ferme avec une amende de 100.000 francs comoriens, soit 200 euros. Le parquet a demandé une telle peine pour qu’elle soit exemplaire selon lui pour les autres tout en insistant sur le non-respect des coutumes et de la religion. Âgées de 20 ans et 25 ans, et originaires d’une localité située non loin de la capitale, les deux amies étaient vêtues d’hidjab, et couverte d’un masque noir, pour l’une d’entre elles. C’est vers 15h50, qu’elles ont finalement franchi le portail de la salle d’audience. Tout au long des débats, les juges ont essayé de mettre à l’aise les accusées pour qu’elles répondent calmement sans crainte. Même si, de temps en temps, se trouver à la barre même avec seulement le juré et quelques stagiaires avocats mettait mal à l’aise les jeunes filles qui ont déclaré avoir fait connaissance via un équipe féminine de football. Dès le départ, l’une des prévenues a nié les faits qui leur sont reprochés. Toutefois, au fil des échanges, elle a reconnu s’être adonnée à des pratiques contraire aux mœurs avec son amie pour une raison bien plus particulière. « Elle avait un esprit qui la possédait. Un jour, ses esprits se sont manifestés et m’ont demandé qu’on couche ensemble. Pour la sauver, j’ai obéi », a raconté la fille. Sa co-accusée n’a pas démenti, mais a assuré que durant ces moments d’intimité, elle n’a jamais ressenti du plaisir car ne se rappelant de rien.
Des esprits
En revanche, au cours de l’audience, les amies ont admis avoir utilisé un jouet sexuel pour se donner du plaisir à plusieurs reprises. Tout se serait déroulé en 2023. La jeune, qui se décrit comme victime de crises causées par des esprits, n’a pas non plus chercher à nier son histoire rapportée devant les jurés. En 2022, en pleine difficultés financières, elle a dû se résoudre à se dénuder devant une femme moyennant une somme d’argent. En dépit de ces faits révélés, l’avocat des prévenues, maître Kaambi Mze, a au cours de sa plaidoirie mis en avant l’absence selon lui de toute intention ce qui constitue l’infraction. « C’est une personne qui souffrait. D’ailleurs même en prison, il lui arrivait que ces esprits débarquent », a-t-il fait valoir. Il a par ailleurs déploré le réquisitoire du ministère public. « J’ai une réaction à chaud. Je suis déçu des réquisitoires du procureur parce que les jeunes filles l’ont bien dit, aucune infraction n’a été constituée car il n’y avait aucune intention. Je pense que le réquisitoire était très sévère car elles sont en prison depuis quatre mois. C’est très largement suffisant. J’ai confiance que le 14 novembre, leur mandat de dépôt sera levé ne suis pas satisfait mais nous espérons que la justice les relâchera », a-t-il déclaré devant la presse juste après la fin de l’audience. Tout a commencé par une rumeur répandue début juin 2024, laissant entendre que les jeunes filles se seraient rendues devant un cadi pour se marier. L’information aurait d’abord atterri au bureau de la police municipale. Les forces de l’ordre sont ensuite intervenues et ont arrêté les jeunes filles. Le lendemain, le cadi de la localité devant qui les jeunes avaient été accusées de s’être présentées a nié les faits à travers une vidéo relayée sur Facebook. Une source interrogée ce jeudi a confié également à Flash Infos qu’effectivement la rumeur n’a jamais été corroborée même durant l’enquête. Cette affaire a éclaté quelques jours après le mariage lesbien d’Anicha, une Comorienne installée à Mayotte. Mais ce jeudi, les juges ont convoqué le religieux cité comme étant celui qui a reçu la demande en mariage des deux prévenus. Ce à quoi l’homme barbu, qui par ailleurs est imam de la localité où les faits se seraient déroulés, a nié catégoriquement toute connaissance d’une telle histoire. Le délibéré sera connu le 14 novembre prochain.
Nosy Bé : À Hell-Ville, une association italienne vient en aide aux plus démunis

Sur l’île de Nosy Bé, à Madagascar, l’association italienne Giovanna per il Madagascar Onlus a mis en place plusieurs structures pour venir en aide aux populations défavorisées. Parmi elles, un orphelinat et un dispensaire pour les malades atteints du diabète. C’est le dernier volet de notre série d’articles sur l’autre « île aux parfums ».
L’ambiance est sage dans la maison familiale de l’association Giovanna per il Madagascar Onlus, inaugurée en 2018 sur l’île de Nosy Bé, à Madagascar. Cet orphelinat, construit à Hell-Ville et géré par deux religieuses de la congrégation des sœurs de Saint Jean-Baptiste, accueille trente-deux enfants, comme en témoigne la brochette de paires de chaussures alignées dans la cour. C’est là que les sœurs veillent, entre autres, à ce que la bonne entente règne dans les dortoirs de seize lits superposés, autant celui des filles que des garçons. Âgés de 5 à 18 ans, les enfants présents ici ont été laissés là par des parents ou des familles trop en difficulté pour s’en occuper. « Ce n’est pas tous les jours facile, car ils arrivent tous ici avec des éducations différentes », nous confie Marie-Louise, une des soeurs en charge de l’orphelinat depuis six mois, qui reconnaît que faire cohabiter trente-deux enfants, leurs histoires et les règles de la maison n’est pas toujours chose aisée.
En s’aventurant dans les locaux, nous découvrons des lits tirés à quatre épingles, une salle d’étude et de jeux, une salle à manger où la table est déjà mise, et des marmites en train de chauffer sur des charbons de bois. Les enfants qui ne sont pas à l’école, située à deux pas et également construite par l’association, sont tous regroupés autour d’Isa Monti, la fondatrice italienne de l’association, qui leur rend régulièrement visite durant la partie de l’année où elle se trouve à Madagascar.
« On ne les laisse pas tomber »
« Il y a des psychologues qui viennent en volontariat, mais seulement une semaine par-ci, par-là », détaille-t-elle. Si tous ont le sourire au moment de notre venue, la sœur Marie-Louise nous explique que certains d’entre eux portent des histoires très compliquées. À l’image de Clarita, qui habite la maison familiale depuis cinq ans. Atteinte de rachitisme, elle vient de subir une énième opération des jambes et ne peut pas sortir de son fauteuil roulant. « Je m’ennuie car je ne peux plus aller à l’école à cause de ça », explique-t-elle, émue. Isa l’a prise sous son aile et a tout fait pour qu’elle puisse recevoir les meilleurs soins, en vain. Elle espère pouvoir prochainement l’amener en Europe pour une dernière opération. Clarita a bientôt 18 ans, et devra donc quitter l’orphelinat, mais hors de question pour l’association de lâcher les jeunes qu’elle a accompagnés dans la nature. « Quand ils ont 18 ans, on s’arrange pour trouver des solutions. Je leur dégote un stage, ou une formation. On ne les laisse pas tomber », assure Isa Monti.
Pour accompagner les enfants, et pallier leur ennui, notamment pendant les vacances scolaires, l’orphelinat accueille régulièrement des volontaires. « Toutes les compétences sont les bienvenues tant qu’il y a une vraie volonté et un réel projet pour soutenir ces jeunes », insiste la fondatrice, qui regrette certaines expériences malheureuses avec des bénévoles venus principalement pour faire du tourisme et profiter de la vie nocturne malgache.
Un dispensaire dédié au diabète
Le travail de l’association ne s’arrête pas aux portes de l’orphelinat. Parmi les cordes que comprend son arc, on retrouve celle du dispensaire dédié au diabète, situé également à Hell-Ville. C’est par cette infrastructure que le travail de l’association a commencé. En effet, Isa Monti l’a créé en hommage à sa fille, Giovanna, décédée de cette maladie. Une première salle est construite en 2010, et depuis, le centre ne cesse de s’agrandir, entre salles de soins, de pansement et laboratoire. Actuellement, c’est une salle de radiographie adaptée qui est en cours de construction. ‘Le diabète est un problème de santé publique à Madagascar, et à Nosy Bé encore plus », affirme le docteur Andrianaina Rinaldo, qui travaille depuis deux ans avec le docteur Jean Eric Rivo Andriantahina, médecin chef du centre. Le premier met en avant une forte consommation de riz et d’alcool sur l’île. « Ici, c’est compliqué de faire comprendre aux patients qu’on peut soigner une maladie et vivre bien avec sans la guérir. Cela complique notre travail car certains patients ne vont pas suivre correctement les traitements », livre-t-il. Ainsi, les 250 consultations effectuées par mois en moyenne permettent le diagnostic de quinze à vingt nouveaux cas de diabète.
Si le centre est spécialisé dans le traitement de cette pathologie, sa réputation attire à lui des patients souffrant d’autres maladies. La dizaine de personnels du dispensaire les soigne sans distinction, dans la limite de leurs moyens, et n’hésitent pas à les renvoyer vers d’autres professionnels quand cela s’avère nécessaire. Une philosophie qui se ressent à travers l’ensemble des infrastructures de l’association : ne pas laisser tomber l’autre.
Football : Arschavine Siradji rejoint le centre de formation de Guingamp
Le pari est réussi pour la Ligue mahoraise de football. Un premier pensionnaire de la section d’excellence sportive (SES) intègre un club professionnel. Il s’agit ici d’Arschavine Siradji. L’adolescent originaire de Bouéni, milieu de l’École de football Daka à Kani-Kéli, a réussi les tests pour incorporer le centre de formation de l’En Avant Guingamp appelé l’Akadémi. « Un symbole de tout le travail et le dévouement qui ont permis à Arschavine de réaliser ce rêve. Nous sommes tous très fiers de ce parcours exceptionnel et avons hâte de le voir briller sous les couleurs de l’EAG ! Un exemple d’inspiration pour tous nos jeunes talents, prouvant que le travail acharné et la passion peuvent mener aux plus grands sommets », a réagi la ligue de football locale.
Le club des Côtes-d’Armor, qui évolue en Ligue 2, demeure réputé pour la qualité de sa formation et a fait émerger de nombreux joueurs professionnels comme le Rennais Ludovic Blas, le Nantais Marcus Coco ou a révélé des internationaux comme Marcus Thuram. Sur les photos communiquées par la Ligue, le jeune Mahorais porte le numéro 11. Espérons que cela lui porte chance et lui permette de suivre un parcours aussi prestigieux qu’un autre numéro 11 du club breton, Didier Drogba.
Inaugurée en 2022, la SES mahoraise a été créée pour donner une chance à de jeunes talents mahorais qui ne pouvaient pas intégrer, à cause d’une limite de deux places réservées à Mayotte, le pôle espoirs de La Réunion. Cependant, malgré ce quota minime, ceux qui sont passés par La Plaine-des-Cafres (Keyliane Abdallah, Olympique de Marseille ; Samir Saïd Haribou, FC Lorient ; Muhammad Mikidadi, RC Strasbourg) ou le parcours d’Arschavine prouvent que le vivier mahorais est sans doute plus important qu’on pourrait le penser.
Politique : Estelle Youssouffa rencontre François-Noël Buffet
Nommé ministre auprès du Premier ministre, chargé des Outre-mer, François-Noël Buffet s’attelle à trois missions en ce moment, la crise néo-calédonienne, la vie chère en Outremer et particulièrement en Martinique où il y a des troubles (voir ci-dessous), ainsi que la bataille pour que l’Outremer soit préservé des coupes budgétaires annoncées. Ce mercredi soir, il a pris aussi le temps de rencontrer Estelle Youssouffa, la députée de la première circonscription nord de Mayotte.
Cela a permis « un échange sur la loi Mayotte, les défis structurels et les dossiers les plus pressants mais aussi le budget », indique la députée mahoraise sur sa page Facebook. Le ministre lui aurait signifié « son souhait de venir d’ici la fin de l’année à Mayotte ». Elle lance également un appel « urgent » à « se mettre au travail ensemble pour sortir notre département de l’impasse ».
Le ministre veut « éviter toute escalade de la violence » en Martinique
François-Noël Buffet, ministre chargé des Outre-Mer suit de près les manifestations contre la vie chère actuellement en Martinique. Ce jeudi, il dit « condamner avec la plus grande fermeté les violences qui ont éclaté » dans la nuit de mercredi à jeudi. « Ces actes inacceptables ont entraîné de graves tensions et des affrontements, blessant plusieurs membres des forces de l’ordre déployées sur le terrain et occasionnant de nouvelles destructions », déplore-t-il.
« Dans ce contexte de crise, le ministre appelle à la responsabilité et à l’apaisement. Il exhorte les citoyens à éviter toute escalade de la violence et à privilégier le dialogue », demande-t-il, citant en exemple la table ronde qui était organisée ce jeudi sur le territoire antillais.
Corsair met en vol un nouvel Airbus
Corsair a célébré, ce mercredi, le vol inaugural de son huitième Airbus A330neo, reliant Paris-Orly à Saint-Denis de la Réunion. Un nouvel avion qui rejoint la flotte de la compagnie aérienne, presque entièrement renouvelée. En effet, Corsair a entrepris en 2020 de la moderniser, afin de réduire son emprunte sonore et carbone. Un objectif qui devrait être atteint à la fin de l’année 2024. « Cette nouvelle étape témoigne d’une très belle aventure collective, qui aura fédéré l’ensemble des équipes Corsair autour de cet exploit », a félicité Pascal de Izaguirre, président-directeur général de Corsair.
Civilisations du Canal de Mozambique : la deuxième conférence dès jeudi
La deuxième édition de la conférence sur les Civilisations du Canal de Mozambique se déroulera du jeudi 17 au dimanche 20 octobre. L’évènement réunira des chercheurs, universitaires et experts pour discuter des enjeux géopolitiques, économiques et culturels de cette région. Au programme, conférence, sorties culturelles et visites guidées afin de découvrir et approfondir les réflexions autour de l’identité de Mayotte, de son rôle dans les dynamiques régionales et des multiples influences qui ont façonné son histoire.
M’tsangamouji annonce la construction d’une aire de jeu
La commune de M’tsangamouji annonce la construction d’une aire de jeu à proximité de la place publique Manzaraka de M’tsangamouji, en partenariat avec la communauté de communes du Centre-Ouest (3CO). Cet espace sera dédié aux enfants pour leur offrir un lieu sûr et stimulant pour jouer.
Une exploitation agricole illégale mise au jour à Poroani
La préfecture et la gendarmerie de Mayotte ont mené une action conjointe dans une exploitation agricole illégale à Poroani, dans la commune de Chirongui. Celle-ci provoquait la destruction d’une zone sensible pour la biodiversité. Les saisies font état de sept motopompes, des produits phytopharmaceutiques illégaux et dangereux pour la santé, une vingtaine de kilos de tomates, de courgettes et de concombres non conformes. Sept étrangers en situation irrégulière y ont été interpellés.
Agriculture : les services de l’État à la recherche de projets innovants
La direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Daaf) lance un nouvel appel à projets pour les acteurs partenaires du réseau d’innovation technique et de transfert agricole (Rita). Elle les invite à se fédérer pour présenter un projet coordonné par filière ou thématique pour les années 2024-2026. Les filières concernées sont les suivantes : filières végétales- maraîchage, cultures de fruits et légumes racines, agroforesterie, filières animales (bovin, petits ruminants) et apiculture.
« Les projets proposés doivent être localisés sur le territoire de Mayotte, s’intégrer dans des démarches de structuration de filières animales et végétales et être en cohérence avec les documents stratégiques (plan régional de l’agriculture durable, plan de souveraineté alimentaire de Mayotte). L’enveloppe Feader indicative allouée à cet appel à projets s’élève à 2,45 millions d’euros. Des plafonds budgétaires par domaine ont été définis », explique la préfecture de Mayotte. Les dossiers de candidatures doivent être déposés sur la plateforme en ligne Safran jusqu’au 8 novembre à 23 h 59. Plus d’informations sur le site de la Daaf.
Transport aérien : le Département de Mayotte vote une subvention pour Zena Airlines

Ce jeudi, en commission permanente, les élus du conseil départemental de Mayotte ont voté à l’unanimité une subvention de 500.000 euros pour soutenir le projet de la compagnie aérienne Zena Airlines. Ce montant doit servir à sécuriser le certificat de transport aérien (CTA) de la compagnie. Un vote dont s’est félicité la conseillère départementale Hélène Pollozec qui défend ardemment le projet des frères Novou. « Le désenclavement de Mayotte est une priorité pour le développement de notre territoire. Le dynamisme de la ligne Mayotte-Paris doit avant tout profiter à notre île », a-t-elle déclaré sur X.
Ce jour en commission permanente, les élus du @CDep976 ont (enfin!) validé à l’unanimité une subvention pour soutenir @ZenaAirline dans l’obtention de son #CTA ! ✈️
Le désenclavement de #Mayotte est une priorité pour le développement de notre territoire. Le dynamisme de la ligne… pic.twitter.com/sVZnGjNqAW
— Hélène Pollozec (@Helene_Pollozec) October 10, 2024
Une élève de Tsararano a sauté du premier étage du lycée ce jeudi midi
Cela semble être un acte désespéré. Une élève du lycée de Dembéni, à Tsararano, a sauté du premier étage de l’établissement vers 13 h30. La jeune fille a fait ce geste de manière délibérée. « A ce stade, on ignore la raison », explique le rectorat. Elle a été prise en charge par le secours, « elle est consciente », souligne l’académie sans pouvoir donner plus de précisions.
« Vous voulez incarner l’ordre et vous le contestez »

Deux cousins d’une vingtaine d’années, l’un gendarme volontaire et un autre agent de sécurité, ont été condamnés à dix mois de prison avec sursis, ce mercredi soir, après un contrôle de police qui s’est mal passé dans le quartier M’rowahandra, dimanche dernier. Deux hommes de la brigade anticriminalité ont été blessés et l’équipage a été pris à partie par des jeunes qui voulaient s’en mêler.
La scène s’est déroulée dans la rue Maéventana, à M’tsapéré. Dimanche, en début de soirée, la brigade anticriminalité (Bac) était sur une opération de contrôle. Les fonctionnaires de police ont arrêté un scooter et vérifié ses papiers, quand une voiture de location est passée à côté et des propos ont été prononcés à l’encontre des forces de l’ordre. Deux versions divergent sur leur teneur. Pour les policiers, ils ont entendu : « vous n’avez pas mieux à faire, de faire chier le monde », agrémentés d’une insulte en shimaore. Selon le conducteur de 24 ans, il aurait plutôt maugréé à cause du scooter : « vous bloquez la route ». Convaincue par la première version, la Bac s’est lancée à la poursuite de la voiture et l’a trouvée un peu plus loin à l’entrée du chemin de M’rowahandra. Le chauffeur, en vacances à Mayotte, leur a demandé directement quel était l’objet du contrôle. « Il a dit que les policiers n’avaient pas à le contrôler parce que c’est un collègue. Ici, il est chez lui, on ne le contrôle pas », rapporte la présidente du tribunal correctionnel de Mamoudzou, Alexandra Nicolay, ce mercredi après-midi. Le jeune homme, originaire de Mamoudzou, vit à Toulouse désormais et s’apprête à rentrer dans la gendarmerie. Il devrait intégrer une école pour ça au mois de novembre.
Selon les policiers, le passager, qui est le cousin du conducteur et est agent de sécurité, serait devenu rapidement véhément. « Va n***** ta mère. Je vais te retrouver, je vais te n***** », aurait-il proféré, alors qu’il est descendu du véhicule. Le policier qui s’est approché a remarqué qu’il touchait beaucoup sa sacoche. « Je l’ai saisie, j’ai regardé à l’intérieur et j’ai dit : « couteau ». J’ai pris la lame et je l’ai glissé dans ma poche », se souvient le fonctionnaire de police venu à la barre. Il a tenté d’interpeller l’agent de sécurité, mais celui-ci ne s’est pas laissé faire. Agité, il est tombé au sol avec le policier, blessant ce dernier à la main (sept jours d’ITT). Les jeunes du quartier, incités par les prévenus selon les hommes de la Bac, ont commencé à vouloir s’en prendre aux eux et à leur jeter des pierres. Interpellant avec difficulté le conducteur et son cousin, ils ont réussi à s’extirper de la zone après avoir utilisé un flashball et des grenades lacrymogènes.
« Comportement immature »
Trois jours après, les deux jeunes hommes n’en démordent pas, ils n’ont pas insulté les policiers. Seul l’agent de sécurité concède qu’il ne s’est pas laissé faire au moment de son interpellation. « Je n’ai pas su comment réagir, c’est la première fois que ça m’arrivait », rappelle-t-il. Les deux risquent gros, une condamnation pourrait mettre fin à leurs carrières professionnelles. Comme deux policiers, eux aussi font état de blessures. L’un a des légères douleurs au poignet gauche à cause des menottes, l’autre a été blessé au menton et à un doigt. « C’est sans doute moi qui lui ouvre la bouche avec ma main », reconnaît le policier, qui a eu des difficultés à interpeller le passager. Interrogé sur ses motivations à porter plainte, il fait remarquer à quel point ce contrôle a représenté un danger pour lui et ses collègues « à cause du comportement immature du conducteur ». « Ce n’était pas un simple caillassage. Il y a des pierres qui ont traversé le pare-brise. Vu comment auraient pu se terminer les faits, ce n’est pas possible de laisser passer », poursuit-il.
Côté prévenus, le conducteur met en doute les déclarations de la Bac. « Vous dites que les policiers mentent quand ils ont dit que vous les avez insultés ? », demande la juge. « Oui », répond le gendarme volontaire, qui tente de s’appuyer sur deux courtes vidéos filmées avec son téléphone. Sauf que celles-ci ont l’effet inverse. On lui demande quel était son intérêt à sortir son portable. « Pourquoi vous ne dites pas aux policiers d’arrêter plutôt que de sortir votre téléphone ? », questionne la présidente du tribunal. Et sur ses paroles (« Continuez à le tabasser »), on lui signifie qu’au contraire, les images montrent que son cousin est interpellé sans qu’un coup lui soit porté. Il réfute aussi avoir demandé aux jeunes de venir les défendre. « Je ne suis pas de ce quartier, je ne les connais pas », se défend-il. Dans une des vidéos, il est vrai, il leur a demandé d’arrêter, mais tous s’accordent à dire (même lui) qu’il s’inquiétait pour la voiture de location.
« Rien à faire chez les gendarmes »
« Vous voulez incarner l’ordre et vous le contester. Ça ne va pas, ça ne va pas du tout », le sermonne Alexandra Nicolay. Son cousin exprime davantage de remords. « Je suis désolé si j’ai blessé quelqu’un », reconnaît-il. Lors des plaidoiries, maître Soumetui Andjilani, avocat des parties civiles, rappelle que « les policiers n’ont pas vocation à se faire insulter ». Ils avancent comme argument que « les deux se contredisent tout le temps » et que le conducteur « a menti du début jusqu’à la fin ». Il demande la somme de 5.000 euros pour chaque policier blessé, ainsi que 2.000 euros de préjudice moral pour un troisième et 2.000 euros de fais de justice. Stéphanie Pradelle, la procureure de la République adjointe s’en prend aussi au conducteur et à ses déclarations. « Ce garçon est d’une mauvaise foi ahurissante. Du début jusqu’à la fin. Au moins, il est constant », cingle-t-elle, rappelant que les policiers à Mayotte sont « particulièrement exposés aux faits de violence ». Elle n’hésite pas à dire que le prévenu « n’a rien à faire chez les gendarmes » et requiert à son encontre dix mois de prison avec sursis probatoire, une obligation d’indemnisation et une interdiction de cinq ans dans la fonction publique. Elle demande dix mois de prison avec sursis probatoire, une obligation d’indemnisation et trois ans d’interdiction de port d’arme pour le cousin. Elle s’oppose aussi à la dispense d’inscription au B2, même si cela pourrait handicaper les deux hommes dans la poursuite de leur métier.
Les avocats de la défense, maîtres Yanis Souhaili et Mariane Hermand, se retrouvent avec le mauvais rôle devant les policiers et leur direction venus soutenir leurs collègues. « Par principe, la parole des policiers vaut plus que celle des prévenus. Mais c’est arrivé parfois que ce qu’il y a dans les procès-verbaux n’est pas la vérité », plaide la deuxième, faisant remarquer que les deux prévenus sont restés constants dans leurs déclarations. Elle admet que son client, le passager, a fait de la rébellion, mais demande la relaxe pour les autres faits de « provocation à la rébellion », « outrage », « violence sur fonctionnaire de la police nationale », et « port d’arme ». Pour maître Souhaili, il défend la même ligne que le conducteur, « il n’y a pas d’insulte », en exprimant plutôt des doutes sur une traduction biaisée de l’insulte en shimaroé. « J’ai toujours du mal avec les procédures qui concernent des gendarmes ou des policiers et ce sont les collègues qui font l’enquête », émet comme réserve l’avocat. Selon lui, son client n’a « pas de comportement idéal, a dépassé les limites de la morale, mais il n’a pas commis d’infraction ».
Alors que les deux prévenus ont fait part de « leur profonde inquiétude » à l’écoute des réquisitions, les juges ont quitté la salle pour délibérer dans la soirée. Ils sont revenus pour confirmer la condamnation des deux hommes à dix mois de prison avec sursis probatoire et l’obligation d’indemniser les victimes. L’outrage, la rébellion et le port d’arme ont été retenus contre l’agent de sécurité. Il a donc interdiction de porter une arme pendant cinq ans. Sa condamnation, toutefois, ne sera pas inscrite au B2. Ce sera le cas par contre pour le gendarme volontaire qui a été relaxé du seul fait de « violence sur fonctionnaire de la police nationale », mais condamné pour le reste.
Émeute à Majicavo : les détenus jugés le 14 novembre
Le procès de cinq hommes âgés de 18 à 22 ans en lien avec la mutinerie et la prise d’otage de la prison de Majicavo-Koropa, le 28 septembre, est renvoyé. Quatre sont détenus en attendant leur passage devant la cour d’assises, un cinquième purge une peine de dix-huit ans de réclusion. S’ils souhaitaient être jugés ce mercredi en comparution immédiate, une partie de leurs avocats et la partie civile souhaitaient un délai supplémentaire. L’avocat des agents pénitentiaires, maître Erick Hesler, rappelle que cinq autres détenus doivent être jugés, ce vendredi, pour l’émeute et les dégradations du centre de détention. Il sollicite le renvoi pour que les deux procès ne soient pas disjoints, arguant « qu’il est difficile de témoigner deux fois ». Stéphanie Pradelle, la procureure de la République adjointe, demande que les cinq détenus soient placés en détention provisoire avec mandat de dépôt en attendant. Si le délai avant un nouveau procès est de quatre semaines, elle souhaite qu’ils soient « jugés au plus vite pour ce fonctionnement du centre pénitentiaire ». Renvoyés en prison en insultant en shimaore les agents, les cinq hommes retourneront devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou, le jeudi 14 novembre.
« On est passé tout près d’un parricide »
Malgré les faits, la famille de Moustoilifa Hafidou continue de le soutenir. A Dzoumogné, le samedi 5 octobre, celui-ci a asséné un coup de couteau au niveau du thorax de son père, lui occasionnant une sévère blessure nécessitant quinze jours d’ITT. Ce n’est pas la première fois qu’il s’en prend à son paternel, il avait été condamné l’an passé pour des faits identiques. Le père encore hospitalisé, qui a 25 enfants, a reconnu que son fils était compliqué à gérer, mais il n’a pas déposé plainte, tout comme le frère avait qui le prévenu s’est aussi battu. Les raisons de sa colère viennent de l’intervention de son père qui était venu récupérer un téléphone qui a été volé quelques instants plus tôt à une connaissance (une enquête est en cours pour ce fait car il n’aurait pas agi seul). Le fils, alcoolisé, avait alors sorti un couteau et asséné un coup à son père, avant d’être arrêté par son frère. Au tribunal correctionnel, il confirme son geste, mais dément tout le reste, dont la consommation d’alcool. La procureure de la République adjointe fait remarquer « qu’on est passé tout près d’un parricide ». Elle note que le prévenu a « un parcours judiciaire catastrophique ». Il est d’ailleurs mis en examen pour 36 faits (vols, dégradations,…) rien que sur l’année 2021 et fait régulièrement des allers-retours en prison. Elle requiert quatre ans avec mandat de dépôt. Maître Yanis Souhaili doute de l’intérêt d’une telle peine. « Est-ce que ces quatre ans vont régler ses problèmes ? Je n’en suis pas sûr », plaide-t-il. Le tribunal condamne finalement Moustoilifa Hafidou à quatre ans de prison dont un an de sursis probatoire. Celui-ci comporte une obligation de travail et de soins.
« Pas de politique publique sans connaître son environnement social »

Le diagnostic socio-démographique, obligatoire pour les centres communaux d’action sociale (CCAS), a été restitué au conseil départemental de Mayotte, devant les acteurs de terrain, ce mercredi 9 octobre. Si certains chiffres sont connus, ils permettront de mettre en place actions et dispositifs, pour améliorer la vie communale des Mahorais. Même si certaines réalités sont difficilement quantifiables.

L’hémicycle Bamana s’est rempli petit à petit, ce mercredi matin. Autour de la table, sont réunis, des représentants de centres communales d’action sociale (CCAS), le président de l’Union départementale des associations familiales (Udaf) Nizary Ali, et sa directrice Enrafati Djihadi, le président de l’Union départementale des CCAS (UDCCAS) Salim Saïd, des partenaires sociaux ainsi que Henry Guéry, directeur au bureau d’études Compas. Le but, présenter l’analyse des besoins sociaux (ABS) à Mayotte, qui est un diagnostic socio-démographique que tout CCAS doit effectuer en début de mandature. Mais avec la crise sanitaire, puis les barrages et la crise de l’eau, l’ABS n’est dévoilé que ce mercredi 9 octobre. Onze* des 17 CCAS de l’île ont fait appel à Compas pour recueillir les attentes et besoins de la population mahoraise et des usagers des CCAS. Au total, 2.900 personnes ont été interrogées. Grâce à des questionnaires, leur profil, leur condition de vie, leurs demandes ont été passés au crible, autour de quatre thématiques : les recours aux CCAS, aux services sociaux ; le logement et la mobilité, l’emploi et les revenus ; et la santé. « On ne peut pas caler une politique publique si on ne connaît pas son environnement social », clarifie Salim Saïd, lors de l’ouverture de la réunion. Et l’échantillon utilisé de 2.900 personnes permet de dresser certaines tendances et d’en confirmer d’autres. Une large majorité de la population connaît les CCAS, mais seuls 30% les ont déjà sollicités.
Les demandes formulées sont claires : plus d’aire de jeux et de jardins publics dans leurs communes, ainsi que des parkings, des crèches… Concernant le volet logement et mobilité, 71 % vivent dans une maison en dur, mais de nombreux déclarent des problèmes d’insalubrité, de raccordement ou de loyers élevés, même si une moitié est propriétaire de son logement. Et surtout, près de 30% des personnes interrogées se disent insatisfaites de leurs logements. Et les difficultés à se déplacer sont aussi mises en évidence par les résultats. La moitié des sondés se déplacent en taxi, et 41% estiment pénible de se déplacer dans l’île en l’absence d’un véhicule personnel ou face au manque de transport en commun, mais aussi à cause d’un manque de moyens. Car 36% des personnes vivent dans un foyer sans revenus et 23% dans un foyer avec moins de 500 euros par mois. Une précarité qui touche particulièrement les familles avec enfants. Une situation qui se répercute aussi sur le volet santé, où 12% des femmes jugent leur état de santé mauvais ou très mauvais contre 10% des hommes alors que seuls 30% ont une mutuelle.
Des préconisations et pistes de réflexions
Ces réalités socio-économiques permettent d’imaginer des projets et des accompagnements pour améliorer les conditions de vie des habitants. Parmi les pistes proposées par Compas, des points conseils mis en place par les CCAS pour aider à budgétiser, travailler à l’amélioration des logements pour limiter les dépenses, développer des lieux d’accueil enfants-parents (LAEP) en allant au plus près des familles ou encore développer des espaces de jeux en famille… Le rapport a aussi pointé le problème connu des « non-recours », c’est-à-dire des personnes qui, par manque d’informations, ne se tournent pas vers les instances. Ou celles qui ne peuvent pas entamer les démarches, fautes de documents conservés ou en bon état (notamment dû à la chaleur). Là encore, les CCAS ont un rôle à jouer, et peuvent mettre en place des dispositifs, comme des coffres-forts numériques.
Mais comment trouver ces personnes, surtout quand « par pudeur, les Mahorais ne demandent pas d’aides et souffrent en silence », selon la directrice de l’Udaf. Car beaucoup tentent de comprendre seuls des démarches administratives longues et souvent en français, alors que seules 18% des personnes interrogées ont le français en langue maternelle. Si ces problématiques sont connues pour la plupart, même si désormais détaillées par des chiffres concerts, elles ne reflètent pas toutes les réalités pour autant. D’autres encore passent sous les radars. Et ne sont pas pris en compte dans les enquêtes de terrain. Parce que sans papier, parce que vivant dans des zones reculées. Il y a aussi les pratiques non encadrées, qui ne permettent pas d’avoir accès à certains droits et qui sont difficilement quantifiables, comme le travail au noir. Par exemple, le chiffre des 36% de personnes sondées, qui se déclarent sans revenu, peut refléter des travailleurs non déclarés, des emplois instables… « Ces chiffres sont intéressants, mais ils ne confrontent pas les réalités des systèmes officieux… », débat la directrice de la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, Nafissata Mouhoudoire.
Une réflexion partagée dans la salle. Le directeur de Compas rappelle que « ce qui est caché est par définition… secret et donc difficile à sonder ». L’intervenante précédente souligne également que mieux appréhender ces systèmes officieux, permettrait de mieux diriger les aides, surtout à l’heure où les budgets alloués s’amenuisent.
L’Udaf et l’UDCCAS font front commun
Ce rendez-vous dans l’hémicycle Bamana a été l’occasion pour Salim Saïd et Nizary Ali de signer une convention entre l’Udaf et l’UDCCAS afin d’encadrer leur collaboration, mutualiser les formations, les informations… « On travaille pour les mêmes publics, les familles. Pour fluidifier certains dispositifs, comme, les « chèques eau » », explicite Salim Saïd.
Mob’helios forme des jeunes de milieu défavorisé à devenir technicien cycles
Face au manque de techniciens cycle à Mayotte, Cécile Perron, la fondatrice de Mob’helios, société de réparation et de locations de vélos, a décidé de former des jeunes Mahorais. Après un an de formation, c’est une réussite et une chance pour des locaux aux parcours parfois cabossés.
Dans l’atelier de Mob’helios, Andy Saïd règle le dérailleur arrière d’un vélo amené à réparer. Depuis un an, le jeune homme de 22 ans est employé par la société de réparations et de locations de bicyclettes située sur le parking de la barge à Petite-Terre. Comme lui, ils sont quatre Mahorais à être apprentis pour devenir technicien cycle dans la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Cécile Perron a choisi de former des locaux « pour permettre à des jeunes de Mayotte de trouver un métier porteur » alors que la pratique du vélo se développe sur le territoire. La démarche n’est pas uniquement « altruiste », les former répond aussi à un besoin au vu des difficultés pour recruter des techniciens cycle sur le territoire. « Les personnes qui font ce métier sont déjà rares en métropole car la pratique du vélo a explosé depuis le Covid et les faire venir à Mayotte, c’est encore plus compliqué », raconte-t-elle. La société a déjà recruté cinq formateurs techniciens cycle venus de l’Hexagone en seulement un an d’existence. Toutefois, ils ont quitté l’île aux parfums pour des raisons personnes ou professionnelles.
Formés à Toulouse
Cécile Perron a donc lancé un appel à candidatures auprès d’associations et des centres communaux d’actions sociaux (CCAS). Finalement, quatre jeunes auparavant sans activité ont été retenus. « Une association allemande a permis de leur financer une formation pour devenir opérateur cycle dans une école spécialisée dans le vélo à Toulouse pendant un mois », rembobine la gérante. Des cours pour acquérir les fondamentaux de la mécanique cycle, une formation réussie pour les quatre jeunes. Accompagner le public est également l’une des missions de la SCIC qui a une « vocation d’insertion sociale », souligne la fondatrice. Les quatre sont formés pendant deux ans, à l’issue desquels ils auront validé un diplôme de technicien cycle grâce à la validation des acquis de l’expérience (VAE).
Benarzade Souf, 23 ans, originaire du quartier de Doujani à Mamoudzou est très content de cet apprentissage, « avant d’être employé ici, je bricolais sur les vélos, là, j’apprends plus en profondeur leur mécanisme, c’est très intéressant », décrit celui qui y voit des parallèles avec sa formation d’électricien. Tandis qu’il « galérait à trouver un emploi », cette formation est selon lui une véritable chance. Même constat pour El Fayez Assoumani, 23 ans. « Pendant mon adolescence à Labattoir, je réparais des vélos dans la rue avec un ami », évoque-t-il, aujourd’hui, il est heureux de pouvoir en faire à terme son métier.
« Une vraie opportunité »
Fayswal Ali, 25 ans, s’occupe cet après-midi-là de la caisse. « Je ne suis jamais allé à l’école, alors obtenir un diplôme de technicien cycle signifie beaucoup pour moi, » se réjouit celui qui habite à Kahani. Ses formateurs constatent « sa motivation de fou puisqu’il n’a jamais été scolarisé, cette expérience représente une vraie opportunité pour lui », observe Cécile Perron.
Tout n’est pas rose pour autant pendant l’apprentissage. Les apprentis doivent également savoir vendre des vélos et donner des conseils d’ordre mécanique. Une partie relationnelle et pédagogique avec les clients qui n’est pas forcément aisée. « Pour Fayswal qui n’est jamais allé à l’école, la partie calcul n’est pas facile », de même expliquer « comment marche un dérailleur n’est pas forcément évident », illustre l’ingénieure de formation. Mais après un an, la gérante ne regrette pas une seule seconde son choix de les avoir formés, eux qui sont presque autonomes pour l’ensemble des réparations.
A la fin, l’objectif est que ces apprentis forment à leur tour de nouveaux techniciens cycle. Car, aujourd’hui située à Petite-Terre, la société compte ouvrir un deuxième atelier d’ici peu à Mamoudzou, où deux des quatre apprentis travailleront.