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Un préavis pour une grève illimitée à partir du 28 octobre

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L’intersyndicale du Département de Mayotte prévoit une grève illimitée à partir du lundi 28 octobre si leurs revendications ne sont pas entendues.

L’intersyndicale du Département de Mayotte dénonce de « de graves dysfonctionnements » et un manque de dialogue social au sein de la collectivité. Un préavis de grève illimitée a été déposé. Elle pourrait être en vigueur dès le lundi 28 octobre.

La rentrée politique de Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental de Mayotte, s’est effectuée en même temps que les syndicats de la collectivité (CGT-MA, CFDT, FO, SNT, Snuter). Plusieurs réunions ont eu lieu, ces dernières semaines, et ont fait apparaître un sentiment d’insatisfaction des employés et l’impression de ne pas être entendus. Trois points ont donc amené l’intersyndicale à déposer un préavis de grève pour le 28 octobre : « de graves dysfonctionnements au sein de l’institution départementale restés sans réponse », « la rupture du dialogue social manifestée par la non prise en compte dans vos décisions des avis unanimes des représentants du personnel sur des sujets sensibles » et « la volonté manifeste d’exclure les organisations syndicales des instances d’échanges et d’ouvrir les discussions pertinentes ».

Les revendications ont été regroupées dans quatre thèmes, les conditions de travail, le dialogue social, l’évolution des carrières et les rémunérations. En premier lieu, par exemple, les employés demandent le retrait de la délibération sur les modalités de mise en place des 1.607 heures. Cette durée légale du travail dans la fonction publique, qui peut faire l’objet d’une dérogation, inquiète les syndicats car « celle ne prend pas en compte les spécificités locales et culturelles du territoire, notamment les jours fériés liés aux fêtes religieuses musulmanes tels que l’Aïd-el-Fitr, l’Aïd-el-Kebir, la Nuit de l’Ascension (Lailat al-Miraj) et le Maoulida (fête de la naissance du Prophète) ». Ils demandent aussi la construction de la cité administratrice de Coconi, un projet depuis longtemps dans les cartons, mais que Ben Issa Ousseni avait défendu récemment, disant vouloir le mener à bien lors de sa conférence de presse de rentrée.

Sur les conditions toujours, les syndicats souhaitent la prise en compte du temps de déplacement dans le temps de travail, la mise en place d’un ramassage comme il existe pour le centre hospitalier de Mayotte (CHM) et la revalorisation de leurs tickets-restaurants. Sur les locaux, ils « exigent des mesures immédiates pour garantir des conditions optimales de santé, d’hygiène et de sécurité ».

« Des directives parfois contradictoires ou incohérentes »

Sur le dialogue social, l’intersyndicale pointe des difficultés hiérarchiques dans une collectivité qui compte plus de 3.000 agents. « Il est impératif de rétablir et de renforcer le respect des règles et des procédures fonctionnelles ainsi que de la chaîne hiérarchique. Trop souvent, les agents se retrouvent confrontés à des ordres qui émanent de sources non identifiées ou de personnes ne faisant pas partie de leur hiérarchie directe, créant confusion et désorganisation. Ces directives sont parfois contradictoires ou incohérentes, ce qui compromet la qualité du travail et la coordination des équipes », souligne-t-elle. Un chapitre est aussi consacré au harcèlement moral, physique, sexuel, ainsi qu’aux intimidations. « Nous demandons la mise en place de procédures internes pour signaler ces comportements, ainsi que des actions concrètes pour protéger les agents et garantir un environnement de travail sain. »

Une révision de l’organigramme est demandée « pour permettre une progression de carrière plus équitable. Chaque agent doit avoir des opportunités d’évolution en fonction de ses compétences et de son expérience, sans favoritisme ni blocage hiérarchique ».

Au niveau de la rémunération, plusieurs revendications sont faites dont le passage à une indexation de 53%, soit la même que La Réunion, ou un paiement plus rapide des heures supplémentaires. « En conclusion, ces revendications visent à améliorer les conditions de travail des agents tout en garantissant un environnement professionnel plus équitable, respectueux et adapté aux besoins de chacun. Nous restons mobilisés pour que ces demandes soient prises en compte et mises en œuvre rapidement, dans l’intérêt des agents et pour assurer un service public de qualité », défendent les syndicats, renvoyant ainsi la balle au Département.

Maoré Jazz : « Cette édition 2024 va encore une fois bousculer les codes »

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Le festival de jazz débute, ce mercredi, par un gala d’ouverture au restaurant la Croisette, à Mamoudzou.

Les organisateurs du quatrième Maoré Jazz festival sont à pied d’œuvre pour préparer cette édition en deux temps, du mercredi 23 au dimanche 27 octobre et à la fin novembre. Il y en aura pour tous les genre (de jazz), des nouveaux talents détectés mais aussi des confirmés, à l’international, au national, régional et local. Le grand Mikidache fait un retour triomphant en apportant une nouvelle direction musicale à ce festival.

Pour les créateurs du Maoré Jazz festival, il y a une règle qui ne change jamais, « toutes les musiques ont des racines jazz et c’est l’esprit qui anime cet événement », annonce d’emblée Ismaël Kordjee. Ce M’tsapérois au goût immodéré pour la musique en général et le spectacle a le chic des innovations en matière de spectacles musicaux et particulièrement pour le jazz (y compris fusion). Ce festival qu’il a contribué à créer (avec d’autres) est à sa quatrième édition cette année. « Il y aura du beau monde cette fois-ci encore » assure-t-il, avec des invités prestigieux, des artistes mahorais tel que le grand Mikidache (à l’origine du festival Milatsika de Chiconi) et El-Had, mais aussi une grande ouverture sur la région et l’Hexagone avec le réunionnais « Maloya Jazz expérience » et la parisienne Virginie Cote aux notes 100 % Jazz. Né en 2005, le « Maore Jazz Festival » porte dans ses gênes la magie du voyage dans un jazz sans frontières qui se décline cette année dans la diversité. « Loin de l’image élitiste des traditionnels festivals de jazz, cette édition 2024 va encore une fois bousculer les codes et se jouer des frontières et des barrières » annonce fièrement sa présidente, Sara Pelée de Saint-Maurice.

A ses yeux, ce rendez-vous musical qui démarre ce mercredi doit ouvrir l’éventail des racines du jazz, « en proposant une programmation électrique, ouverte et dynamique dans laquelle vont se télescoper un jazz moderne qui swingue, ses musiques cousines, et des racines plus vivantes », le tout dans une ambiance accueillante, « pour créer un cadre convivial, autour d’une véritable rencontre culturelle de proximité entre des populations aux origines diverses ». Un bref coup d’œil au programme 2024 permet de saisir la portée des propos de Sara Pelée de Saint-Maurice, les artistes à l’affiche cette année sont de renommée régionale, nationale et même internationale, de quoi faire du Maoré Jazz Festival un vrai carrefour de talents de tous horizons. « Il y a également des talents locaux qui émergent dans un savant dosage ayant en son sein des spectacles issus de démarches de créations artistiques, fruits de résidences artistiques ou de médiation culturelle. Une place de choix leur est réservée », précise à son tour Ismaël Kordjee. Il est vrai que depuis sa création, le festival fait un point d’honneur de placer sous les projecteurs des talents ou émergents. Chaque année, les artistes choisis dans ce cadre précis « se voient bénéficier d’un accompagnement de professionnels grâce auxquels ils arrivent à offrir un programme de qualité à la portée de tout public », a tenu à faire remarquer le grand orchestrateur de ce festival. Après une édition dédiée aux femmes de l’océan Indien en 2022, une autre aux enfants du jazz en 2023 (qui ont interprété une sélection internationale de chants de jazz sous accompagnement de musiciens professionnels venus d’ailleurs), l’édition 2024 se veut une large palette de jazz où chacun devrait trouver son compte.

Auteure-compositeur-interprète, Saandati Moussa (la diva de Tsararano reconnue comme l’une des artistes phare de la région) va vivre son baptême du feu sous les sonorités du jazz. Cette spécialiste du mgodro et du shigoma a accepté de sortir de son registre musical habituel pour intégrer (en qualité d’invitée) le spectacle d’Anne-Gaëlle Naourdine pour interpréter des grands classiques du jazz.

Du mercredi 23 octobre au vendredi 25 novembre, quatrième édition de Maoré Jazz Distribution. Tous les spectacles sont libres d’accès sur réservation à l’exception des concerts organisés au Mhaju de Bandrélé. Le tarif est fixé à quinze euros (au profit de Hippocampus). La billetterie sera assurée en ligne sur le site Event6.Shop ou par e-mail à : contact@event6.shop. Il est également possible de réserver au 06 39 99 89 81.

Le programme des concerts

Mercredi 23 octobre, gala d’ouverture à la Croisette à Mamoudzou, à partir de 19h. Anne-Gaëlle Naouirdine (Mayotte) présentera sa nouvelle création : « Pour l’amour du jazz vocal ». Saandati sera également de la partie.

Jeudi 24 octobre, L-Had (Mayotte) se produira au Mhaju à Bandrélé à 19h.

Samedi 26 octobre, Noon et le trio Melouka Fara (Grenoble), Anne-Gaëlle Naouirdine et Saandati Moussa seront à l’hôtel Sakouli, à Bandrélé, à 19h.

Dimanche 27 octobre, Samysoa se produira à l’école de maternelle de Pamandzi 7 à 15h.

Jeudi 24 novembre, Maloya Jazz Xperianz (La Réunion) sera au Mhaju à Bandrélé à 19h.

Vendredi 25 novembre, Mikidache (lauréat du prix Découverte Radio France Internationale en 1999/2000) et Virginie Cote (Paris) se produiront à la Forge à M’roalé, à 19 h.

« Sur une île, on est conditionné à vouloir comprendre d’où l’on vient »

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Les conférences sur les civilisations du canal de Mozambique se sont déroulées, vendredi et samedi, dans l’hémicycle Younoussa Bamana, au conseil départemental de Mayotte.

Lors de la conférence internationale des civilisations du Canal du Mozambique, qui était de retour pour sa deuxième édition, de jeudi à samedi, différents temps étaient dédiés aux échanges entre le public et les chercheurs. De quoi compléter les conférences dispensées par des spécialistes de Tanzanie, du Mozambique … et d’y apporter une dimension personnelle.

Kassandrah Chanfi prépare la succession au Modem 976

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À la suite de la démission de Daniel Martial Henry de la présidence du Mouvement démocrate (Modem), vendredi 11 octobre, Kassandrah Chanfi est nommée administratrice du parti.

Elle est la nouvelle représentante du Mouvement Démocrate (Modem) à Mayotte. Kassandrah Chanfi est nouvellement nommée par son bureau exécutif. « Je souhaite porter les valeurs du mouvement sur le territoire, annonce-t-elle. Elle aura la charge d’organiser les futures échéances internes au parti suite au retrait de Daniel Martial Henry du poste de président, après avoir été pendant quinze ans le visage du Modem sur le territoire mahorais.

Durant cette période creuse, celle qui était déjà déléguée départementale souhaite poursuivre un objectif d’apaisement et recréer des espaces démocratiques avec ses militants. « On a dans notre mouvement des personnes issues de toutes les strates de la société qui souhaitent participer au développement et au rayonnement de notre territoire », assure-t-elle. L’administratrice d’un parti aujourd’hui composant de la majorité présidentielle veut continuer d’occuper le débat public. « Un parti politique, c’est aussi de l’action », promet-elle.

Les prochaines élections à la présidence du parti du Modem sont ainsi prévues pour début 2025.

L’hôpital joue sur l’élégance en rose pour sensibiliser

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Dans le contexte d’octobre rose, dédié à la sensibilisation au cancer du sein, l’association des soignants contre le cancer (Asca) a organisé au centre hospitalier de Mayotte (CHM) une semaine de prévention qui s’est clôturée vendredi par un concours d’élégance. « Une action caritative pour les patients et les soignants », résume Anrifia Ali Hamadi, présidente d’Asca. Devant un photographe professionnel, les usagers du CHM ont ainsi pu montrer leurs plus belles tenues au cours d’une séance photo. Un montant de 500 euros sera offert aux gagnants. Ces derniers seront connus prochainement. En 2020, selon l’Organisation mondiale de la Santé, un décès sur six serait dû à un cancer, l’une des principales causes de mortalité dans le monde.

Comores : Le mode de désignation du recteur de l’Université fait déjà débat

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Trois candidats au poste de recteur de l’Université des Comores seront départagés par la présidence. Mais le choix opaque et les critères de sélection retenus font l’objet de critiques.

Les membres du conseil d’administration de l’Université des Comores n’auraient pas été transparents dans l’établissement des critères d’évaluation des dossiers, ce qui biaise la procédure, estiment des candidats qui briguaient le poste. Certains n’excluent pas de contester le processus.

D’ici deux semaines, le nom du prochain recteur qui dirigera durant les quatre années à venir l’Université des Comores sera connu. Une nouvelle loi du gouvernement adoptée en décembre dernier a accordé au président de l’Union, Azali Assoumani, la latitude de nommer la personnalité de son choix, pour prendre la tête de la plus grande institution d’enseignement du pays. Mais il faut d’abord qu’une pré-sélection sur dossiers se fasse en amont. Seuls trois candidats doivent être soumis au palais présidentiel. Et déjà, le processus ayant abouti à ce tri est au cœur d’une polémique, jugée fondée par des candidats qui briguent le poste de recteur. En effet, selon un participant ayant pris part aux travaux du conseil d’administration de l’Université locale, après la réception des candidatures, une commission interne a été ensuite créée pour évaluer les dossiers. Le problème, la loi en vigueur n’a jamais mentionné cette commission quelque part. Le texte a seulement précisé les deux critères à remplir pour pouvoir se porter candidat.  « Les candidats à la fonction du recteur doivent justifier les critères suivants : être au moins titulaire du grade de maitre de conférences, avoir exercé au moins huit ans en qualité d’enseignant ou de chercheur au sein d’un établissement d’enseignement supérieur et/ou de recherche. Le conseil d’administration sélectionne les trois meilleures candidatures sur la base de leur parcours académiques et professionnelles ainsi que du meilleur projet de développement proposé à l’établissement concerné », lit-on dans l’article 24 de la loi. En tout, sept personnes étaient en lice. C’est donc à l’issue de cette sélection que trois noms ont tiré leur épingle du jeu, tous des docteurs. Il s’agit de l’actuel administrateur provisoire de l’Université (en poste depuis 2020), Ibouroi Ali Tabibou, Abdillah Said Amana, et Ahmed Saïd Abdallah. Si personne ne remet en cause les compétences de ces candidats sortis du lot, l’absence de certains en dépit de leurs riches expériences et profils suscitent des questions quant à la façon dont l’évaluation se déroulait. « Nous savons que parmi les candidats en lice figurait le docteur Amir Aboubacar, maître de conférences à l’Université de Lille et détenteur d’une habilitation à diriger des recherches. C’est d’ailleurs grâce à cette qualification qu’il a été autorisé à encadrer la thèse de l’un des trois candidats retenus. Alors comment comprendre qu’il ne soit pas parmi les trois. On ne peut pas construire quelque chose de sérieux, tout en continuant à choisir de façon partisane et opaque les décideurs des institutions censées apporter le changement », déplorait sur son mur Facebook, Ousseine Youssoufa, épidémiologiste à Santé publique France.

Mainmise du gouvernement

Le comble même ceux qui sont sélectionnés, s’interrogent sur les méthodes d’évaluation. « On avait interdit aux membres qui siégeaient au conseil d’administration de dévoiler le déroulement du processus. Peut-être parce qu’ils se sont rendus compte qu’ils ont reçu d’abord les candidatures et fixé par la suite les grilles d’évaluation. Si tel est le cas, il y a donc un vice de procédure car ça aurait dû être l’inverse. On est en droit de penser que les critères ont été taillés sur mesure par rapport aux dossiers déposés. Nous estimons que le conseil d’administration n’a pas évalué objectivement », déplore un candidat recalé. Des doutes que le représentant du syndicat des enseignants de l’Université au sein du conseil a essayé de dissiper. « Certes, la loi n’a pas prévu une commission pour étudier les dossiers, mais dans ce cas de figure la jurisprudence s’est imposée. Pour l’évaluation, nous avions élaboré deux grilles. Une première sur la recevabilité de la candidature. Puis, on tenait compte fond du projet et de la forme du dossier. Par exemple, si un casier judiciaire manquait et que cette pièce avait deux points, alors le candidat qui ne l’avait pas versé les perdait. Encore une fois, tout ça était un travail interne. J’estime qu’il n’y avait pas besoin d’informer les candidats », croit savoir Youssouf Boinaheri, numero un du syndicat des enseignants. Selon nos informations, sur les trois candidats retenus, c’est Ibouroi Ali Tabibou, qui dirige l’Université depuis quatre ans, qui aurait engrangé le plus des points pendant l’évaluation. Ce membre du parti présidentiel, dont la gestion de l’Université est souvent critiquée (le personnel compte plus de deux mois d’arriérés de salaires) devrait pourtant partir à la retraite en janvier 2025. Depuis la démission en 2018 de son dernier président élu, l’Université a perdu son autonomie administrative, à cause de la mainmise du gouvernement lequel a changé la loi sur l’enseignement supérieur pour pouvoir imposer ses choix. Désormais, le recteur autrefois élu par les enseignants et le personnel est nommé par décret présidentiel. Même méthode pour les chefs des composantes (facultés, instituts universitaires). Ils seront tous désignés par les autorités.

C’est justement à cause de cette récupération musclée de l’Université par le pouvoir que beaucoup remettent en cause l’objectivité des membres du conseil d’administration pendant l’évaluation de le semaine dernière.

Un agriculteur de Passamaïnty tué samedi soir

Un homme d’une soixantaine d’années a été assassiné devant chez lui, quartier Gouloué à Passamainty, samedi soir. La victime n’a eu aucune chance de survivre après le coup reçu au niveau du cou sectionnant deux veines. Selon un témoin, les auteurs au nombre de trois et cagoulés sont repartis vers Tsoundzou en empruntant le chemin vers le bassin. La victime était connue de tous dans le quartier. Au mois d’août, cet homme sans histoire avait déjà subi une agression, ses champs et son habitation étant situés sur un chemin régulièrement emprunté par des bandes de Tsoundzou et Passamaïnty.

Immigration illégale : un réseau démantelé à Bandrélé

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La semaine dernière, s’est tenue à Bandrélé une importante opération de démantèlement d’une filière illégale d’immigration dans le cadre d’une opération judiciaire. Cette opération était coordonnée par l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim).

L’organisateur de cette filière a été interpellé. Présenté au Parquet, il a été condamné vendredi en comparution immédiate par le tribunal correctionnel à trois ans d’emprisonnement ferme et trois ans d’interdiction du territoire français. Il est d’ores et déjà incarcéré au centre pénitentiaire de Majicavo-Koropa.

Quatre étrangers en situation irrégulière ont également été interpellés et reconduits à la frontière. L’aboutissement d’un travail partenarial qui se poursuit afin de démanteler les trafics d’êtres humains qui alimentent l’immigration clandestine à Mayotte.

Télévision : « Envoyé spécial » à la rencontre des passeurs d’Anjouan

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Les première minutes du reportage d’Envoyé spécial, diffusé sur France 2, jeudi soir, montrent rapidement la réalité de l’immigration clandestine vers Mayotte, en s’intéressant plutôt au lieu principal des départs, l’île comorienne d’Anjouan. Si les images et les témoignages ne surprendront personne dans l’archipel des Comores (des passeurs qui opèrent en plein jour pour de gros profits, une corruption des garde-côtes locaux, des complices côté Mayotte), elles ont l’avantage de rappeler à quel point ces réseaux sont organisés. Président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, y fait même une apparition, réitérant les revendications comoriennes sur Mayotte. Interrogé sur les départs de ses ressortissants, celui qui en est à son quatrième mandat répond : « Je vais essayer de convaincre les jeunes Comoriens de ne pas aller à Mayotte, parce que ce qu’ils veulent aller chercher à Mayotte, ils peuvent l’avoir ici ». Une déclaration rapidement battue en brèche par le reste du documentaire d’une vingtaine de miutes qui montre une population qui peine à s’en sortir ou des infrastructures vétustes comme l’hôpital d’Hombo. Situé à proximité de Mutsamudu, il se retrouve avec du matériel dernier cri inutilisable à cause des multiples pannes électriques. A proximité, l’hôpital qatarien inachevé et prévu pour un montant de 200 millions d’euros prend la poussière, ce qui promet de dissuader en rien les candidats au départ. Le reportage « Anjouan, le rêve de France » est à retrouver en replay sur francetv.fr

Régularisation foncière : la Ville de Dembéni signe une cinquantaine d’actes

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Afin de permettre à des familles de la commune de Dembéni d’être propriétaires de plein droit de terrains qu’ils occupent parfois depuis plusieurs générations, la municipalité a organisé la signature d’une cinquantaine d’actes. Celle-ci s’est faite dans le cadre d’une cérémonie organisée à la Maison pour tous de Dembéni, vendredi après-midi, et par la main du maire Moudjibou Saïdi. « Cet événement marque une étape importante dans le processus de sécurisation des droits fonciers pour nos concitoyens », a indiqué la commune.

Boinariziki Mohamed conforté à la tête de la ligue de football

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C’est un quatrième mandat qu’entame Boinariziki Mohamed, le président de la ligue mahoraise de football. Ce dimanche, lors de l’assemblée générale de l’instance sportive, au siège du conseil départemental de Mayotte, il a été élu à 76% pour quatre ans supplémentaires. Le vote s’est fait sans surprise, la liste concurrente portée Mikidadi Abdullahi étant été écartée pour des raisons d’irrégularités.

Des routes submergées à Mayotte jeudi et vendredi

Dans la nuit du 17 au 18 octobre, une grande marée, qui a atteint 4m50, a touché l’île, provoquant des débordements d’eau dans certaines localités. Le quartier Potéléa de Brandélé a été touché par la montée des eaux. La préfecture indiquait alors, vendredi matin, que « les services municipaux et le CCAS sont actuellement au contact des habitants sinistrés ». La piste de l’aéroport à Pamandzi a été partiellement inondée (mais est à nouveau opérationnelle), tout comme le boulevard des Crabes de Dzaoudzi-Labattoir, et la route d’Ironi Bé qui a vu sa circulation ralentie par la marée.

Météo-France maintenait l’île en vigilance orange, ce vendredi 18 octobre, et appelait à la plus grande attention lorsque la mer était la plus haute, vers 17h. Le lendemain, le niveau de vigilance a pu passer au jaune au vue de la houle très faible et du beau temps attendu.

Des élus mahorais à la Convention des intercommunalités de France

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A l’occasion de la 34ème Convention nationale des intercommunalités de France qui s’est tenue au Havre (Seine-Maritime) du 16 au 18 octobre et en marge de la rencontre des Outremer en ouverture de la convention, une délégation d’élus intercommunaux de Mayotte a été reçue par Sébastien Martin, président d’Intercommunalités de France. La délégation de Mayotte était conduite par Ali Moussa Moussa Ben, le maire de Bandrélé et président de la communauté de communes du Sud (CCSud), et Archadi Abassi, président de la communauté de communes de Petite Terre (CCPT). Les discussions ont principalement porté sur la labellisation de Mayotte en tant que Territoire d’Industrie, qui permettrait d’accélérer les projets industriels locaux.

Visite d’Anne Rubinstein dans le quartier de La Vigie

Le mercredi 16 octobre, la déléguée interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, s’est rendue dans le quartier de La Vigie à Petite-Terre pour une visite de terrain, aux côtés de la communauté de communes de Petite-Terre (CCPT). Cette rencontre a permis de sensibiliser la délégation aux défis de ce quartier qui fait partie d’un programme de renouvellement urbain de l’Anru et de réaffirmer l’engagement de la CCPT et de ses partenaires pour améliorer les conditions de vie des habitants. Le lendemain, la déléguée était reçue par le conseil départemental de Mayotte pour la signature le Pacte des Solidarités entre l’État et la collectivité.

Mayotte toujours en vigilance orange « vagues-submersions » ce vendredi

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Dans la nuit du 17 au 18 octobre, une grande marée, qui a atteint 4m50, a touché l’île, provoquant des débordements d’eau dans certaines localités. Le quartier Potéléa de Brandélé a été touché par la montée des eaux. La préfecture a indiqué que « les services municipaux et le CCAS sont actuellement au contact des habitants sinistrés ». La piste de l’aéroport à Pamandzi a été partiellement inondée (mais est à nouveau opérationnelle), tout comme le boulevard des Crabes de Dzaoudzi-Labattoir, et la route d’Ironi Bé qui a vu sa circulation ralentie par la marée.
Météo-France maintient l’île en vigilance orange, ce vendredi 18 octobre, et appelle à la vigilance lorsque la mer est la plus haute, vers 17h. Elle invite à ne pas prendre la mer, à protéger les embarcations, d’éviter les bords d’eau et les jeux à proximité et ce même si la zone ne semble pas exposée et surtout de ne pas aller se baigner.

Pacte des Solidarités : « En mettant de l’argent sur la table, on va développer encore nos actions »

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Le pacte des Solidarités, le premier à Mayotte, a été présenté, ce jeudi matin, au conseil départemental de Mayotte, à Mamoudzou.

Alors que les actions de lutte contre la pauvreté du Département de Mayotte et de la préfecture sont amenées à progresser, celles-ci intègrent un nouveau pacte des Solidarités signé ce jeudi, au siège du conseil départemental, à Mamoudzou. Le montant total est de douze millions d’euros sur quatre ans pour financer des actions, mais l’État, par la voix de déléguée interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté, s’engage déjà à faire plus.

Quatre raisons de se rendre au festival Milatsika qui se déroule à Chiconi

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C’est la dix-huitème édition du festival Milatsika. Elle se déroule au plateau de Chiconi.

Ce vendredi et samedi, la commune de Chiconi vit au rythme du festival Milatsika. A l’affiche de cette dix-huitème édition, des artistes mahorais mais aussi du Burundi, de Madagascar ou encore de la métropole.

Des découvertes

Depuis sa création, l’événement poursuit la même philosophie : « faire découvrir des artistes pas toujours connus du grand public », souligne Del, le directeur artistique et l’un des fondateurs du festival. Ici, pas de têtes d’affiche pour attirer les spectateurs, mais des artistes émergents. « Nous voulons que le public vienne par curiosité avec l’envie de voir ce que l’artiste a à proposer. Si le spectateur repart avec un coup de cœur pour un groupe, alors notre pari est gagné. »

Des artistes mahorais

L’événement met à l’honneur des artistes de différents horizons et aux styles musicaux différents : rap, rock, musique du monde. Des chanteurs locaux seront présents, comme le rappeur Boogie Gangsta, qui joue à domicile, il est en effet originaire de Chiconi. Le collectif mahorais Kalyma Groove se produira également, le groupe se distingue par son registre reggae enrichi d’influences de musiques mahoraises. Ce sera aussi l’occasion d’écouter Jahdine M’zé, un chanteur de reggae mahorais qui écrit des textes engagés sur les questions de justice sociale. Sans oublier L-Had Dalane, originaire de Bandraboua. Sur scène, il mêle la guitare au utende, cet art oratoire mahorais.

Une ouverture au monde

Chaque artiste a son identité. Le groupe Dassa interprète par exemple la musique traditionnelle du sud de Madagascar, ses membres incarnent la danse Banaike, inspirée par les mouvements des zébus, pratiquée lors d’événements spéciaux. Le trio Wildation qui vient de métropole propose un registre folk rock inspiré par dix ans de voyages à travers le monde pour le chanteur. Dyna, une chanteuse issue de la métropole associe pour sa part musiques traditionnelles françaises et électro dans ses titres.

Des jeunes talents

Pour faire la programmation du festival, Del se rend dans différentes salles à travers le monde notamment en métropole et en Afrique. Là-bas, il noue des partenariats avec plusieurs structures. Les artistes mahorais qui jouent à Milatsika sont ensuite généralement programmés dans ces scènes partenaires. « Le but est de donner l’opportunité aux artistes mahorais d’être par la suite programmés en métropole ou au Burundi par exemple », explique-t-il.

Le programme du festival

Le festival Milatsika a lieu le vendredi 18 et samedi 19 octobre. Début des concerts à 20 heure au plateau de Chiconi. Attention, ils ne commenceront pas en retard. Entrée : dix euros pour la soirée.

Vendredi : Boogi Gangsta, Dassa, Andy Mwag, Wildation, Kalyma Groove.

Samedi : Jadhdine Mze, L-Had, Dynah, Eliasse et Sarandra Beloba.

Eliasse : « Je suis né artistiquement à Mayotte »

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Eliasse fait trois dates à Mayotte avec ses musiciens Jérémy Ortal, bassiste, percussionniste, Fred Girard, à la batterie et au chant, et Eddy Dacosta, ingénieur du son.

Le chanteur comorien Eliasse est à Mayotte pour trois représentations. Avec son groupe, il interprète son troisième album « Zangoma » au festival Milatsika ce samedi, au pôle culturel de Chirongui, le 22 octobre, et à la prison de Majicavo-Koropa. Rencontre.

Flash Infos : Pouvez-vous décrire votre relation avec Mayotte ?

Eliasse : Ma mère est d’Anjouan et mon père de Grande Comore, mais je suis né artistiquement à Mayotte. J’étais musicien à Moroni, j’ai accompagné des artistes comme Maalesh, mais c’est à Mayotte que je suis né en tant qu’Eliasse, artiste devant la scène en 2005. J’ai sorti mon premier album ici en 2008, ma fille est née ici. Je suis un grand fan de plein d’artistes mahorais y compris Baco, donc ma relation à Mayotte est très forte d’un point de vue artistique. Et puis Mayotte et les Comores, je les appelle le « shaya na mbere », c’est-à-dire le doigt et la bague en shimaoré. Comme le doigt et la bague, Mayotte et les Comores, c’est une relation et dans les histoires de couples, on s’aime, on se sépare, on se chamaille.

F.I. : Cela représente quoi de venir jouer son nouvel album à Mayotte ?

Eliasse : Cela représente beaucoup de choses. C’est mon troisième album qui s’appelle « Zangoma ». C’est le style de musique que j’essaie de défendre, il vient de Baco et donc de Mayotte. Dans mon premier album, il y avait déjà un titre qui s’appelle « Zangoman », et 18 ans plus tard, je reviens avec l’album consacré à ce style, c’est hyper important pour moi. « Zangoma » est lié aux percussions et plus largement au rythme. Comme on a beaucoup de rythme dans l’archipel, je puise là-dedans, et j’essaye de le mélanger avec du rock, du blues, tout en gardant la racine.

F.I. : Dans plusieurs de vos chansons, vous faites passer des messages notamment contre la stigmatisation. Pouvez-vous nous en parler ?

Eliasse : En tant que Comorien qui a vécu à Mayotte, je parle de ces questions. Dans la chanson « Laka road », je parle d’une personne qui fait le tour de l’archipel et qui s’arrête dans chaque île, elle demande : « Comment ça va la famille ? les chiens ? les poules ? les voisins qui viennent d’arriver ? ». Et sur ce dernier point, problème. Les réactions sont les mêmes dans les quatre îles, à chaque fois, le problème, c’est l’autre. A Mayotte, on dit que le bouc-émissaire, ce sont les Comoriens qui viennent sans papiers. Mais de l’autre côté, c’est pareil, on critique des Anjouanais qui viennent en Grande Comore. Pour moi, on ne peut pas apaiser cette question, si on ne se dit pas qu’on a peut-être aussi une petite part de responsabilité. Si on accepte cela, peut-être qu’on fera un pas. Pour faire passer mes idées, je choisis d’écrire de façon imagée, c’est la petite pierre que j’apporte à l’édifice, je n’ai pas la prétention de changer le monde.

F.I. : Dans votre dernier album, vous évoquez aussi l’écologie dans la chanson Salama avec un très beau clip tourné à Mayotte.

Eliasse : On a tourné à Mayotte mais cette chanson sur le dérèglement climatique n’est pas destinée qu’à l’archipel mahorais, elle s’adresse au monde entier. Mais je pense que pour évoquer cette question, j’ai voulu partir de chez moi et montrer qu’il y a une beauté. Dans le clip, nous avons montré le positif, ce qu’il y a à sauver ici plutôt que de faire ressortir ce qu’on a déjà détruit.

F.I. : Votre dernière date à Mayotte est prévue à la prison de Majicavo, un lieu atypique pour un concert, encore plus compte tenu de la mutinerie qui s’y est produite récemment.

Eliasse : On réagit quand ça explose, mais je ne pense pas que les difficultés étaient là avant la mutinerie. J’ai bossé trois ans à la prison, j’animais des ateliers de musique là-bas. Toutes les semaines, j’apprenais aux détenus à jouer la guitare, les percussions, à chanter et à écrire. On a même fait un spectacle là-bas. Ce n’est pas parce que les gens paient pour ce qu’ils ont fait qu’ils n’ont pas le droit à la culture. Peut-être qu’en sortant de là, l’un d’entre eux va faire de la musique ou de la peinture ou bien que l’art va l’apaiser. Avec ce concert, j’apporte aussi ma petite pierre. Imaginons que ces personnes sont dans une chambre sans fenêtre, moi, je suis la fenêtre pendant 45 minutes. Ça ne change pas leur vie, mais si je peux leur offrir une respiration pendant un petit moment, alors je le fais.

La deuxième édition de la conférence des Civilisations du canal du Mozambique est lancée

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À la bibliothèque municipale de Cavani, à Mamoudzou, la salle s’est remplie petit à petit, jeudi 17 octobre, pour la cérémonie d’ouverture de la conférence des Civilisations du canal du Mozambique. Elle a été l’occasion de (re)découvrir des objets artisanaux, de célébrer le patrimoine dansé et d’annoncer une belle nouvelle. Après l’inscription du maoulida shengué en 2022 et du mbiwi au patrimoine culturel immatériel national, c’est au tour de la poterie traditionnelle mahoraise de faire son entrée.  Une annonce couverte d’applaudissements des membres du département qui ont participé à la mise en place de la Conférence. Les docteurs Arthur Domingo, Alain Kamal Martial Henry et Pedro Martinho, qui interviendront dans le cadre de conférences et de débats, ont été personnellement remerciés par la vice-présidente, chargée des Sports, Culture et Jeunesse du département Zouhourya Mouayad Ben. La deuxième édition se poursuit aujourd’hui et samedi, au siège du département.

Tribune libre : « Une arsenalisation des migrants et des mineurs à Mayotte »

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Conseiller départemental du canton de Sada-Chirongui, Soula Saïd-Souffou défend l’idée que l’immigration irrégulière est utilisée pour déstabiliser Mayotte. Dans une tribune, intitulée « Arsenalisation des migrants et des mineurs à Mayotte : Ingérences étrangères et déstabilisation revendiquée d’une région ultrapériphérique de l’Europe », celui qui est doctorant en droit public de l’Université Sorbonne Paris Nord liste les éléments qui lui font penser cela.

« Les guerres modernes sont protéiformes. Si les canons, les missiles et les avions de chasse demeurent essentiels sur le champ de bataille, les soldats modernes peuvent prendre les traits de simples civils innocents méritant accueil et protection. Loin des snipers, des soldats cybernétiques des films de science-fiction, l’on parle ici d’arsenalisation de populations, de migrants, de menaces hybrides et d’ingérences étrangères. Face à ces phénomènes, les États sont obligés de s’adapter constamment y compris dans le cyberespace pour assurer leur sécurité. Selon l’Otan : « On entend par menaces hybrides des activités menées ouvertement ou non à l’aide de moyens militaires et de moyens non militaires : désinformation, cyberattaques, pression économique, déploiement de groupes armés irréguliers ou emploi de forces régulières »[i]. L’utilisation des flux migratoires comme activités hybrides et géopolitiques est à présent reconnue par l’Otan et l’Union européenne. Selon cette dernière : « Les menaces hybrides visent à exploiter les vulnérabilités d’un pays et ont souvent pour but de saper les valeurs démocratiques et les libertés fondamentales »[ii]. Bien avant les crises migratoires au Sud de l’UE, notamment dans les îles italiennes, et à l’Est de l’UE, notamment à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, l’utilisation de populations à des fins d’activités hybrides et géopolitiques était déjà une réalité à Mayotte depuis le milieu des années 1990.

La politique de reconduite à la frontière des migrants économiques, telle qu’elle est pratiquée en outre-mer depuis des décennies, donne des résultats « peu satisfaisants»[iii] selon la Cour des comptes. Pour produire les effets escomptés, elle devrait faire l’objet d’une réorganisation profonde. Aujourd’hui, l’espace continental de l’UE est à son tour impacté par le phénomène migratoire de façon brutale, même s’il est vrai que des signes avant-coureurs pouvaient annoncer l’avènement d’un tel phénomène aux portes de l’Europe. « Les migrants servent de chair à canon pour faire pression sur un État »[iv]. C’est une des réalités des nouvelles guerres hybrides. La France, à travers la région ultrapériphérique de Mayotte, fait l’objet de ce genre de pression compte tenu des revendications territoriales des Comores sur Mayotte depuis 1974. Quant à l’Europe, elle semble avoir manqué de vigilance. Le renforcement de certains régimes autoritaires, en quête de reconnaissance et d’affirmation, pouvait pourtant attirer son attention. Elle  se retrouve aujourd’hui la cible de nombreuses attaques hybrides. Jean-Sylvestre Mongrenier évoquait déjà, en 2020, une « arsenalisation des flux migratoires »[v]. L’UE prenait alors pleinement conscience du fait que des migrants pouvaient être utilisés comme des « armes » par destination dans le cadre d’une guerre hybride, une situation pourtant dénoncée depuis des décennies par les élus de Mayotte. C’est en ce sens que l’on peut affirmer que les RUP sont, en quelque sorte, des lunettes grossissantes des enjeux de sécurité intérieure de l’UE.

« Une radicalisation du discours comorien »

Dès 1997, éclatait une crise séparatiste au sein de la République fédérale islamique des Comores. L’île d’Anjouan manifeste alors sa volonté d’accéder à la pleine souveraineté. Le drapeau français est hissé sur de nombreux bâtiments officiels. En guise de représailles, un blocus hermétique est imposé à l’île par les autorités fédérales comoriennes soutenues par l’OUA[vi]. Rapidement, la population va manquer de tout, notamment de nourriture et de médicaments, entrainant une crise économique, sanitaire et sociale sans précédent. De tels événements enclenchent une dynamique d’émigration massive vers Mayotte qui est alors déstabilisée progressivement au point que la moitié de sa population est aujourd’hui étrangère, majoritairement comorienne et en situation irrégulière[vii]. La mise en œuvre du visa Balladur (18/01/1995) et le lancement du processus de départementalisation, avec la consultation référendaire du 2 juillet 2000, ont engendré une forme de radicalisation du discours comorien à l’égard de Mayotte française. En 2021, le gouverneur d’Anjouan, Anissi Chamsoudine, a publiquement appelé ses compatriotes à envahir Mayotte par kwassa[viii]. Il a déclaré : « Il faudrait peut-être que les Comoriens prennent des kwassa par milliers. J’ai déjà le mien. Mais, il faudrait que tout le monde se mobilise. On verra si la France nous bombardera avec ses bateaux de guerre »[ix]. Cette arsenalisation des populations comoriennes a entrainé un changement profond de perception du migrant comorien. Celui-ci est passé de migrant économique à celui d’envahisseur déclaré.

Pourtant, en 2019, un accord ambitieux de partenariat renouvelé, assorti d’un plan de développement doté de 150 millions d’euros (2019-2022), a été signé entre la France et les Comores. La contrepartie demandée aux Comores était une participation active à la lutte contre l’immigration clandestine. Cet engagement n’a pas été tenu. En outre, « il faut aussi relever l’absence de coopération pénale tant sur le plan de l’extradition que des demandes d’entraide aux fins d’enquête notamment dans la lutte contre les filières d’immigration. Ainsi, la convention d’entraide judiciaire en matière pénale signée à Moroni le 13 février 2014 n’est toujours pas ratifiée par les Comores »[x]. En raison de la forte pression migratoire, les faibles infrastructures de Mayotte sont saturées et l’attractivité professionnelle des l’ile est en berne. Ainsi, l’île, de quelques 374 km2 seulement, manque de tout : insuffisance de structures d’accueil et d’hébergement, quasi-inexistence d’aides d’urgence à destination des migrants et des demandeurs d’asile, crise de l’eau, désert médical, écoles surchargées, explosion de la violence. Dans ce contexte inédit, les migrations africaines, qui apparaissent et s’intensifient, constituent un défi social supplémentaire à relever. En l’absence de maîtrise des flux migratoires habituels, notamment comoriens, les demandeurs d’asile d’origine africaine sont devenus des victimes collatérales du différend franco-comorien. L’acceptation sociale de ces nouvelles migrations est rendue difficile. La société mahoraise subit des transformations majeures à très grande vitesse.

Une Europe victime de son attractivité

Toutes les populations migrantes ne peuvent être considérées comme arsenalisées. Beaucoup fuient, de bonne foi, les persécutions et partent à la recherche d’un pays plus sûr. Montesquieu, conceptualisant la sûreté comme protection juridique contre l’arbitraire de l’État, disait que « la liberté politique consiste dans la sûreté »[xi]. L’UE est aussi victime de l’attractivité de son modèle politique, économique, social et démocratique. Aujourd’hui, il s’agit de gérer les conséquences sécuritaires d’un tel engouement, dans des conditions budgétaires dégradées qui favorisent concomitamment la montée des tensions sociales et le renforcement des régimes illibéraux. Au-delà de la question politique et géopolitique, les soubassements économiques de l’arsenalisation des migrants ne peuvent être ignorés. En effet, les populations arsenalisées sont souvent de modestes conditions. Ainsi, le pays agresseur trouve, dans une telle opération, une soupape de sécurité lui permettant d’exporter ses propres difficultés socio-économiques vers un autre pays qui se retrouve moralement et politiquement contraint de les prendre en charge, selon des modalités propores à sa législation nationale. C’est bien l’effet submersif de la migration qui cause la déstabilisation du pays agressé et la saturation de ses services publics.

L’arsenalisation des populations permet d’atteindre des « buts de guerre » à peu de frais en causant des dégâts particulièrement visibles sur la société, les services publics, l’économie et le cadre de vie du pays visé. Il est alors difficile de mettre directement et juridiquement en cause les autorités du pays agresseur face à l’hybridité de la menace et en l’absence de déploiement d’une armée conventionnelle identifiée. Cependant, s’agissant des Comores, l’invitation publique à l’invasion établit officiellement la responsabilité directe du pays. Mayotte, région agressée, a encore du mal à s’adapter à ce phénomène qui sature complètement ses capacités d’accueil, d’insertion économique et sociale. Quant à l’UE, elle est en train de faire l’expérience de ce type d’activités hybrides sur son sol continental. Ses capacités d’accueil ont souvent été mises à rude épreuve ces dernières années et les perspectives géopolitiques (augmentation des réfugiés climatiques, des demandeurs d’asile, des migrants économiques) laissent entrevoir une aggravation du phénomène dans les prochaines années. Étant entendu que ces manœuvres sont manifestement martiales, le rôle des forces armées dans la gestion des migrations arsenalisées se développe eu égard à l’ampleur du phénomène aux frontières extérieures de l’UE. Le cadre de la défense européenne demeure l’Otan (Art. 42 TUE). Dès lors, des échanges nourris, entre l’UE et l’Otan, ont été menés sur l’arsenalisation des migrants. Le Conseil des affaires étrangères a appelé, à maintes reprises, à « améliorer la coopération UE-Otan en matière de lutte contre les menaces hybrides »[xii].

« Un sentiment de toute-puissance gagne les jeunes arsenalisés »

Quant à l’arsenalisation des mineurs, elle constitue un défi nouveau auquel les États membres doivent également s’attaquer de toute urgence. Elle constitue une source de déstabilisation et de dégradation continue de la sécurité intérieure de l’UE. Des entités criminelles, ayant parfois des connexions avec l’étranger, recrutent et arsenalisent des mineurs de plus en plus jeunes à des fins de commission d’actes de terreur qui fragilisent la stabilité de certaines RUP comme Mayotte. Le mode opératoire est toujours le même : jeunes cagoulés, souvent vêtus de blouses blanches, armés de galets, de machettes, d’autres armes blanches, parfois même d’armes à feu et de chiens dressés au combat utilisés comme armes par destination. Plusieurs agents des forces de l’ordre, agressés par les bandes, se sont vus dépouillés de leurs armes de service qui se retrouvent, temporairement ou durablement, dans les mains de ces bandes criminelles. Par ailleurs, l’introduction irrégulière d’armes par kwassa est devenue monnaie courante. Un sentiment de toute-puissance gagne les jeunes arsenalisés. « Les adultes, ceux qui ont 18 ou 19 ans, les utilisent pour les crimes qu’ils veulent commettre, car les mineurs ne feront jamais de prison »[xiii]. L’excuse de minorité[xiv], principe majeur de la justice des mineurs, est massivement détournée par les bandes organisées pour affaiblir et défier les autorités. En outre, la seule prison de l’île déborde : 650 prisonniers pour 278 places théoriques, dont 30 pour mineurs, sur une population de plus de 350 000 habitants. Le directeur de la prison a démissionné, début octobre 2024, pour attirer l’attention sur les conditions de travail difficiles dans cet établissement marqué, fin septembre 2024, par une minuterie largement diffusée sur les réseaux sociaux par les prisonniers eux-mêmes. Les jeunes délinquants n’hésitent plus à s’afficher, y compris à visage découvert, sur ces mêmes réseaux sociaux, armes à la main. En Espagne et à La Réunion, l’implantation de ce phénomène de bandes armées de machettes constitue un vrai sujet de préoccupation pour la sécurité intérieure. Des cas sporadiques de violences extrêmes commises par de très jeunes mineurs apparaissent sur le territoire continental, notamment à Marseille. L’impact émotionnel de la violence des mineurs sur la société est plus fort que celui des adultes compte tenu de leur minorité psychologiquement associée à la tranquillité et au bonheur.

À Mayotte, les échecs de milliers de parcours d’intégration, issus de l’immigration, causent aujourd’hui des tensions sociales fortes qui sont à l’origine de violences graves et répétées dans le territoire où l’échelle[xv] de BUI TRONG, permettant de mesurer l’intensité des violences urbaines, atteint régulièrement des records, y compris aux abords de l’école de la république. Pendant longtemps, on a cru, ou voulu croire que les violences juvéniles à Mayotte se résumaient à une simple délinquance de « survie » pratiquée par des mineurs isolés souvent issus de l’immigration. C’était faire fi du processus d’embrigadement qui est à l’œuvre au sein de ces jeunes populations vulnérables à qui l’on inculque la haine de Mayotte et de la France au sein de bandes particulièrement violentes comme les « watoros » ou les « Dakou » (N.D.L.R. une partie des bandes se surnomment les « terroristes ») pouvant être respectivement traduits par « les Sauvages » et « les Terreurs ». Au sein de ces bandes, il n’y a pas que des jeunes sans papiers ni régularisables ni expulsables, dits « ni ni ». Des jeunes nés à Mayotte, ayant un parent de nationalité française, ou pouvant prétendre, à leur majorité, à ladite nationalité, se retrouvent également embrigadés dans ces bandes organisées. Ainsi, dans de nombreuses affaires criminelles impliquant ces gangs de mineurs qui tuent, volent à main armée, se livrent à des expéditions punitives, coupent les routes, rackettent, brûlent des voitures et des bâtiments publics, caillassent des bus scolaires, des transports de personnels hospitaliers, des ambulances, des véhicules de la sécurité civile et agressent les forces de l’ordre, il apparaît, en réalité, que des adultes ont été mis en cause directement ou indirectement comme complices des violences commises par les jeunes délinquants. Ainsi, le 18 décembre 2023, eu égard aux violences extrêmes constatées sur le territoire, compte tenu de la montée des messages de haine contre Mayotte et la France sur les réseaux sociaux, et face à des bandes manifestement arsenalisées, l’Assemblée départementale de Mayotte a sollicité[xvi] une enquête du parquet national antiterroriste aux fins de faire la lumière sur les actes de terreur perpétrés à Mayotte. Cette saisine vient après une phase de préfiguration d’un Observatoire des violences à Mayotte (OVM) et de la mise en place d’une Task Force de lutte contre l’insécurité au sein du conseil départemental.

Souvent cerveaux présumés des opérations, financeurs, parfois cuisiniers centraux de ces mêmes bandes, les adultes, restés dans l’ombre, ont quasi systématiquement des accointances avec l’étranger, notamment avec les Comores voisines. Ces aspects subversifs des violences commises à Mayotte, peu médiatisés, sont visés à l’Article 411-4 du Code pénal qui punit les activités visant à « susciter des hostilités ou des actes d’agression » ou à « fournir à une puissance étrangère, à une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à leurs agents les moyens d’entreprendre des hostilités ou d’accomplir des actes d’agression contre la France ». En outre, quelques Mahorais pro-comoriens, voyageant passeport français à la main et participant de plus en plus ouvertement à des conférences publiques remettant en cause la présence française à Mayotte, nourrissent, par de tels agissements, les revendications territoriales comoriennes. « Mayotte est prise au piège d’un conflit entre deux états, la France et les Comores »[xvii]. La dernière conférence connue s’est tenue à Bakou (Azerbaïdjan) les 2 et 3 septembre 2024 et était intitulée « l’occupation illégale de Mayotte par la France ». L’Azerbaïdjan est connu pour se livrer activement à des ingérences en Nouvelle-Calédonie. L’aide que l’Union des Comores reçoit des puissances étrangères, proches de la Chine et de la Russie, comme l’Azerbaïdjan renforce la déstabilisation permanente du département de Mayotte. Cette guerre sans armée régulière faite d’ingérences et de menaces protéiformes doit être menée de front par le gouvernement français, avec le concours du Département de Mayotte, avec des moyens plus adaptés. Le combat fait rage à la suite de l’apparition de nouveaux acteurs étrangers qui agissent partout y compris sur les réseaux sociaux. La France s’est ainsi dotée d’une loi visant à lutter efficacement contre les ingérences étrangères[xviii].

Par conséquent, loin de relever de la petite délinquance entretenue de l’intérieur ou de l’extérieur, la violence extrême des mineurs, transformés en « enfants soldats » ou en « agents de l’étranger », peut être constitutive d’activités hybrides tendant à défier, discréditer et affaiblir des gouvernements ou des autorités régionales, notamment dans leur capacité à assurer la sécurité de leurs territoires. Ces activités hybrides visent à asseoir de nouveaux équilibres géopolitiques régionaux et mondiaux, à conforter l’affirmation de nouveaux régimes illibéraux et autoritaires, en marge de l’intensification des tensions sino-américaines pour le leadership mondial. »

[i] OTAN, Lutte contre les menaces hybrides, 07 mars 2024.

[ii] Communication conjointe au Parlement européen et au Conseil, Cadre commun en matière de lutte contre les menaces hybrides, Une réponse de l’Union européenne, JOIN (2016) 18 final, Bruxelles, le 6.4.2016.

[iii] COINTAT Christian et FRIMAT Bernard, Rapport d’information à la suite d’une mission d’information effectuée en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe du 17 février au 4 mars 2011, n° 410, Sénat, 6 avril 2011, p. 15.

[iv] AMSILI Sophie, Les migrants servent de chair à canon pour déstabiliser l’Union européenne, Les Échos, 9 novembre 2021.

[v] MONGRENIER Jean-Sylvestre. Géopolitique de l’Europe. PUF, 2020, 128 p.

[vi] Organisation de l’Unité Africaine (1963-1999) devenue Union africaine en 2002.

[vii] Recensement générale de la population en 2017.

[viii] Embarcation légère servant de transport clandestin.

[ix] Comores infos, le gouverneur d’Anjouan appelle à envahir Mayotte en kwassa, 29 janvier 2021.

[x] IGJ/IGAS/IGA/IGAE/IGESR/IGF, op. cit., p. 101.

[xi] MONTESQUIEU. Œuvres complètes. Tome 2. Gallimard, La Pléiade, 1951, p. 431.

[xii] Communication conjointe au Parlement européen et au Conseil, Cadre commun en matière de lutte contre les menaces hybrides, une réponse de l’Union européenne, Bruxelles, 6 avril 2016 JOIN(2016) 18 final, p. 3.

[xiii] VELAZQUEZ Jaime, À Madrid, des centaines mineurs tombent dans la violence des « gangs latinos », Euronews, 21/02/2022.

[xiv] Art. L121-5 du Code de la justice pénale des mineurs.

[xv] Créée dans les années 1990 par Lucienne BUI TRONG (1942-2028) qui était spécialiste des violences urbaines.

[xvi] Délibération DL_AP2023_0283 portant saisine du parquet national antiterroriste (PNAT) au sujet des actes de terrorisme perpétrés dans le département de mayotte, 18 décembre 2023.

[xvii] DR Alain Kamal Martial (écrivain, dramaturge, chercheur en Littératures postcoloniales) dans l’émission Zakwéli, Mayotte 1ère, 3 mai 2023.

[xviii] LOI n° 2024-850 du 25 juillet 2024 visant à prévenir les ingérences étrangères en France.

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