Vendredi signait le lancement de grands travaux dans le secteur SPPM de Kawéni. Ceux-ci s’inscrivent dans le Nouveau programme de rénovation urbaine (NPRU) et permettront de rendre fonctionnel un espace déjà utilisé mais dont le potentiel n’est pas encore exploité. Tout le secteur de la zone scolaire va notamment être rénové, un point très positif selon le maire de la ville et les habitants.
Sous un chapiteau entre la MJC de Kawéni et l’école poste, le maire de Mamoudzou a annoncé ce vendredi le lancement des travaux d’aménagement du secteur SPPM de Kawéni. Attendus depuis longtemps par les habitants du village, ces travaux, qui dureront 18 mois, sont accueillis avec le sourire. La première étape consistera à aménager le terre-plein, afin d’en faire un espace de vie. Il sera aménagé en une place publique avec trottoirs, jeux pour enfants et agrès de sport. La rue SPPM et la passerelle vont elles aussi être réhabilitées, une phase de travaux contraignante mais nécessaire pour redonner vie à cette partie du village. Pour le maire de Mamoudzou, ces travaux vont permettre de “rendre la liaison avec le village plus directe et plus efficace”.
Un passage clé pour les élèves
Si c’est dans cette zone qu’a démarré l’histoire économique de Kawéni, c’est aujourd’hui un passage clé pour les élèves à la fois des écoles primaires mais aussi du collège et des lycées. Kawéni compte plus de 10.000 élèves, et leurs trajets jusqu’aux établissements doivent pouvoir se faire en sécurité. “Le chemin est la première étape vers la réussite éducative”, relève Ambdilwahedou Soumaila. Une plateforme de bus a aussi été imaginée au cœur de la place, afin de faciliter les déplacements des jeunes et leur accorder un espace où attendre en sécurité. La circulation dans la zone devrait elle aussi être moins perturbée. Le dernier aménagement important du terre-plein sera la création d’une ombrière où les élèves pourront s’abriter pour attendre leurs transports mais qui fera aussi office de “salle des fêtes” pour certaines cérémonies.
Le début d’un projet plus large
D’autres zones sont concernées par le Nouveau programme de rénovation urbaine. La zone scolaire, où la ville a pour ambition de développer la restauration afin que les élèves puissent manger sur place mais aussi les équipements sportifs, pour favoriser les activités à proximité des jeunes. Le quartier basama et le village sont des zones elles aussi comprises dans le programme complet de rénovation, dont le coût s’élève à 150 millions d’euros. Le revers de la médaille : les déplacements dans le secteur SPPM risquent d’être perturbés pendant plusieurs mois… Mais d’ici un an et demi, Kawéni aura changé de visage.
Nettoyage et prévention à l’ordre du jour pour l’équipe de Nayma dans la rivière de Majimbini ce vendredi 28 mai. La jeune association a lancé il y a quelques semaines ses premières actions environnementales et entend bien changer durablement les mentalités sur le territoire mahorais.
A 9h, une foule de t-shirts verts et bleus se réunit sur le parking de la DEAL. Sacs poubelles et râteaux à la main, les employés de Nayma sont prêts. Fatima, encadrante, se réjouit du travail de sa toute nouvelle équipe. “Ils sont bien impliqués. Je supervise 12 personnes de 20 à 60 ans, il y a une belle diversité et une bonne cohésion”, se satisfait la jeune agricultrice. Les soixante-douze employés en contrat d’insertion de Nayma se rendent aujourd’hui à la rivière de Majimbini afin de ramasser les déchets qui s’y trouvent et effectuer de la prévention auprès des riverains.
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“La sécurité avant tout”
Abdallah Faizi, en charge de la coordination et du recrutement chez Nayma rappelle des règles mises en place par l’association en matière de santé et de sûreté. “Nos employés ont d’abord suivi une semaine de formation avant de débuter les chantiers pour éviter les risques et savoir comment bien ramasser les déchets. De plus, avant de partir sur le nettoyage d’une zone comme aujourd’hui, nous effectuons au préalable une sortie terrain pour estimer l’intervention à venir. Par ailleurs, il y a certains endroits où nous n’intervenons pas, notamment là où s’écoulent les eaux usées. À terme nos employés seront vaccinés contre le tétanos ou encore l’hépatite A mais nous faisons passer la sécurité avant tout et nous ne voulons surtout pas les exposer à des risques notamment sanitaires« , confie-t-il.
Un travail de longue haleine
Une semaine plus tôt, l’équipe de Nayma avait déjà nettoyé ce tronçon de rivière. Aujourd’hui, tous sont ravis de voir que certaines zones sont restées intactes même si les déchets continuent à joncher les berges. “La dernière fois, il nous a fallu trois jours pour évacuer tous les déchets. Là, il ne nous faudra qu’une seule journée pour enlever ce qui reste. C’est encourageant”, souligne Abdallah Faizi. L’équipe se scinde en deux. Certains continuent à ramasser tandis que d’autres partent à la rencontre des habitants afin de les sensibiliser. “Bonjour Madame, est-ce que vous jetez vos déchets ?”, lance un des salariés de l’association à une habitante du quartier. Avant de préciser : “Nous faisons de la sensibilisation pour faire changer les mentalités. Nous pensons que la sensibilisation est plus efficace quand les gens nous voient nous aussi nous impliquer et nettoyer. Comme ici par exemple, cette dame est venue spontanément avec son balais ramasser les déchets devant chez elle. Nous sommes venus lui parler une première fois et aujourd’hui elle a pris conscience qu’en agissant à son niveau elle peut faire changer les choses”. Il reste encore beaucoup de travail aux membres de l’association pour faire évoluer les mentalités sur l’île au parfum. Car pour les populations très précaires, c’est bien souvent l’accès direct et facilité à un conteneur poubelle qui pèche… Et leurs déchets finissent bon gré mal gré à même le sol.
Investis par le parti Le rassemblement présidé par l’ancien maire de Mamoudzou Mohamed Majani, Nadjayedine Sidi et Hélène Pollozec veulent être le visage de la nouvelle génération mahoraise. Une génération, jeune, moderne et ambitieuse, qui a besoin d’être représentée sur la scène politique. Et c’est tout l’enjeu de ce binôme qui se présente dans le canton de Mamoudzou 3.
Flash Infos : Dans votre profession de foi, vous parlez de « six ans d’inertie », estimez-vous que rien n’a été fait durant les six dernières années de mandature ?
Nadjayedine Sidi : Dire que rien n’a été fait serait faux. Il y a eu quelques éléments lancés mais rien de palpable. Les 26 élus du Département étaient tous dans la majorité, mais on n’en voit pas la couleur. Sur le terrain, on nous a dit que des choses allaient être faites mais nous n’avons rien vu. La collaboration qui aurait dû émerger avec la commune de Mamoudzou ne s’est pas faite, alors que le Département est la maison mère, c’est là qu’il y a les moyens pour impulser une politique d’investissement sur le territoire. En termes d’économie, aucun chantier n’a été concrétisé, sans parler du manque d’accompagnement pour les créations d’entreprises.
Hélène Pollozec : Certains dossiers ont été ralentis à cause de la mauvaise entente entre la municipalité et le conseiller départemental de Mamoudzou 3 en la personne d’Ali Debré Combo.
FI : Vote slogan est « Nouvelle génération, nouvelles ambitions », quelles sont vos ambitions ?
H. P. : Nous parlons de nouvelle génération parce que notre groupe est jeune. Je prends mon exemple, j’en suis à ma deuxième expérience en politique. J’étais colistière pendant les municipales l’année dernière avec Nadjayedine Sidi et Mohamed Majani. Mon suppléant et moi sommes jeunes et dynamiques. Nous revenons à Mayotte pour mettre nos compétences au service de la population. En ce qui concerne les ambitions, notre première est d’accélérer le rattrapage institutionnel de Mayotte. Nous voulons aussi rendre le conseil départemental accessible. Nous voulons rester proche de la population et être transparents dans toutes les décisions que nous prenons.
FI : De quelles manières allez-vous rester proches de la population ?
H.P : Nous le sommes déjà sur le terrain. Nous avons aussi ouvert deux permanences pour que nous puissions avoir des endroits dédiés au dialogue avec la population et nous recevons beaucoup de monde. Nous avons aussi lancé des meetings numériques quand nous ne pouvions pas aller physiquement à la rencontre des habitants, cela nous a permis de maintenir le dialogue et de leur présenter tous nos projets.
N.S : Jusqu’à maintenant, nous avons toujours dit que l’élu de proximité est l’élu municipal, or c’est faux. Un élu départemental est aussi un élu de proximité. Cette personne doit être au plus près des habitants parce qu’elle est chargée de l’accompagnement associatif et du développement économique.
FI : Quelles sont les attentes des habitants que vous rencontrez ?
S.N : La population du canton de Mamoudzou 3 a faim, elle a envie de travailler, elle a envie d’être éduquée. Elle veut aussi vivre paisiblement. Aujourd’hui à Mayotte on travaille et on rentre à la maison pour dormir. Alors qu’il y a l’après travail et il y a des choses qui manquent. Notre objectif est d’accompagner les municipalités pour qu’il y ait une sécurité sur le territoire et qu’il y ait des moments et des endroits où les gens puissent se reposer.
H.P : Grâce à mon métier je suis très proche des jeunes, et ils me disent souvent qu’il manque de terrains de sport pour pouvoir se défouler, qu’il manque d’endroits pour pouvoir pratiquer la danse etc. Le fait d’être proche d’eux nous permet de récupérer les doléances précises des habitants et ainsi mettre en place rapidement tous ces projets.
FI : Quelles sont les mesures phares de votre programme ?
H.P : Pour nous, le point le plus important est l’emploi. On ne peut pas développer un territoire sans développer l’économie et cela passe par l’emploi. Nous voulons aussi restructurer la filière agricole et celle de la pêche.
S.N : Nous voulons accompagner les jeunes dans la création d’entreprise. On dit toujours que pour réussir il faut être fonctionnaire. Nous voulons faire comprendre que ce n’est pas le fonctionnariat qui va développer le territoire. C’est plutôt l’accompagnement de l’entrepreneuriat. Nous voulons aussi aider les collectivités à mettre en place des projets structurants où ils pourront créer de l’emploi. Sans oublier l’économie sociale et solidaire, à travers cela on peut énormément créer d’emplois, notamment dans le domaine environnemental et sportif.
FI : Mamoudzou suffoque sous les embouteillages, quelles sont vos pistes pour remédier à ce fléau ?
H.P : Nous avons déjà pensé à tous les aménagements nécessaires pour désengorger Mamoudzou. Nous avons aussi pensé à les échelonner. Ce dont nous avons besoin maintenant ce sont des solutions à très court terme, donc cela passera par la mise en place de transports maritimes parce que la construction d’un quai met moins de temps que celle d’une route. Cela prendrait à peu près un an. Notre deuxième solution à court terme qui mettrait moins de 3 ans à se réaliser, c’est le téléphérique. L’avantage est que cela ne nécessite pas énormément de foncier. Tous ces projets devront se réaliser en même temps, parce que j’ai constaté que le conseil départemental a du mal à faire plusieurs choses à la fois. Puis, en parallèle, nous sortons les gros dossiers des cartons comme celui de la route de contournement de Mamoudzou qui mettra une dizaine d’années à se réaliser. Et nous ne mettons pas le projet du train au placard. Nous le mettons en route mais cela prendra une trentaine d’années. Sans oublier le projet Caribus que nous appuierons. Tous ces modes de transports ne sont pas en concurrence, ils se complètent.
N.S : Les quais des transports maritimes seraient à Longoni et à Iloni où il y a déjà un projet en cours. Nous construirons à côté de ces quais de grands parcs relais pour que les gens puissent garer leurs voitures et prendre les transports communs maritimes. Concernant le téléphérique, il a un atout touristique parce que cela va permettre d’admirer Mayotte par les airs. On mettrait une ligne de Combani à Vahibé, une autre de Passamainty jusqu’au CUFR de Dembeni et une de Mamoudzou jusqu’aux Hauts Vallons.
FI : Dans votre profession de foi, vous parlez également de la création d’un centre éducatif fermé. Comment allez-vous mener à bien ce projet ?
N.S : C’est un projet qu’il va falloir concrétiser en partenariat avec la direction de la protection judiciaire de la jeunesse, avec les services de l’État et la commune parce que c’est elle qui maîtrise le foncier, pour trouver l’endroit adéquat. Le tribunal via la PJJ pourra réfléchir sur le fonctionnement de ce centre. C’est un travail qu’il faut que l’on porte rapidement avec les partenaires pour décider la politique de réalisation. Mais cela peut également être porté par une association.
FI : Est-ce que vous visez la présidence du Département si jamais vous êtes élus au canton de Mamoudzou 3 ?
H.P : Nous entendons beaucoup parler de femme présidente mais cela ne fait pas partie de mes ambitions personnelles.
N.S : Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Nous sommes en campagne, et nous ne nous concentrons pas sur ça. Pour le moment cette idée n’est pas posée sur la table, nous espérons gagner les élections et nous verrons par la suite si nous sommes élus.
FI : Hélène Pollozec, vous êtes jeune, seulement 23 ans, et à ce jour vous n’avez qu’une seule expérience en politique. Pourquoi souhaitez-vous vous engager à votre âge ?
H.P : Pour moi, il était naturel de m’engager. Je l’ai fait à 22 ans pour les municipales parce que j’ai pensé que les jeunes avaient besoin d’être représentés, d’avoir une voix dans les décisions prises. Et puis j’ai grandi dans la politique, ma mère était première adjointe au maire de Koungou. J’ai fait un master de diplomatie et pour moi c’était la suite logique. J’ai eu la chance d’avoir vécu à l’étranger et voir ce qui a été fait là-bas, donc j’ai une vision précise de ce qui pourrait être fait ici à Mayotte.
N.S : C’est une chance d’avoir des jeunes qui démarrent tôt dans le milieu politique parce qu’ils ont le temps d’apprendre et de connaître. Et puis quand on est jeune, la façon de réfléchir est différente. Hélène sera en adéquation avec ce que pense et souhaite la jeunesse.
L’accusé, âgé de 17 ans au moment des faits, n’a pas bénéficié de l’excuse atténuante de minorité. Il repart à Majicavo pour sept ans supplémentaires.
Le verdict est tombé vendredi, après un jour et demi de procès. La cour d’assises des mineurs a condamné à dix ans de prison – et autant d’interdiction de territoire français – l’homme accusé d’avoir éborgné le major de la brigade anti-criminalité (BAC) Philippe Meyer en 2018. À l’annonce de la décision, c’est comme un soupir de soulagement collectif qui a été relâché du côté de la victime et de ses proches. “Je suis soulagé ! Quand je suis venu, je n’attendais rien de ce procès car je pensais qu’il n’allait écoper que de quatre ou cinq ans, étant donné qu’il était mineur. Et il a finalement pris plus que les réquisitions de l’avocat général”, a soufflé Philippe Meyer après une accolade avec ses anciens collègues, venus le soutenir dans cette étape difficile de sa reconstruction.
“Après ça, il n’a plus jamais été le même”
Le policier avait reçu un projectile au visage, lors d’une intervention le 24 mai 2018 à Passamaïnty après des troubles à l’ordre public à la sortie d’un mourengué. Avec plus d’une dizaine de fractures à la mâchoire, au visage, et au plancher orbital de son œil gauche, le major avait finalement perdu l’usage de son œil. Depuis trois ans, la victime enchaîne donc les opérations, au CHM la nuit de l’agression, puis à La Réunion où il avait été évasané, et encore en métropole. Des blessures qui ont eu des séquelles irréversibles tant sur les plans physiques, psychologiques que professionnels ou familiaux. “À l’époque, mon père, il savait faire la part des choses entre son travail et quand il rentrait à la maison. Après ça, il n’a plus jamais été le même”, témoigne son fils, qui s’est constitué partie civile, comme l’un de ses collègues présent la nuit de l’intervention.
“La peine est légitime sans que cela ne répare jamais le préjudice subi par la victime, ni n’atténue le sentiment de colère et d’injustice”, confirme à la sortie de l’audience Maître Le Bonnois, l’avocat du major Philippe Meyer, avec un regard en direction du garçon toujours marqué par cette agression. Plusieurs fois à la barre, l’accusé avait tenté de présenter ses excuses au policier ainsi qu’à son fils. “À la fin, il s’est retourné vers mon père et moi et je bouillonnais, je me suis dit ‘‘comment il ose s’adresser à nous ?’’”, enrage le jeune homme, qui s’est retrouvé seul du jour au lendemain à 17 ans, à Mayotte.
Pas d’excuse de minorité pour l’accusé
Ces mots n’auront donc pas trouvé d’écho salvateur, ni chez les victimes, ni du côté de la cour et des jurés… Accusé de violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente sur personne dépositaire de l’autorité publique, l’homme, qui avait 17 ans au moment des faits, aurait pu bénéficier d’une atténuation de sa peine, à savoir la moitié de celle encourue par un majeur pour des faits similaires (15 ans de réclusion criminelle). Mais la cour d’assises a choisi d’exclure l’excuse atténuante de minorité, et a même alourdi les réquisitions de l’avocat général, qui demandait huit ans de prison ferme. L’accusé, qui a déjà effectué trois ans de détention provisoire, repart donc à Majicavo pour les sept prochaines années. “J’espère qu’il prendra ce temps pour réfléchir à ses actes”, hausse les épaules Philippe Meyer, d’un air un peu contrit. Comme s’il n’osait trop y croire…
La cour d’assises des mineurs juge depuis hier un homme accusé d’avoir envoyé un projectile sur un policier de la brigade anti-criminalité en 2018, provoquant la perte de son œil. Cette agression, qui intervenait un an après l’attaque similaire du lieutenant-colonel de gendarmerie Olivier Pech en Petite-Terre, avait connu un certain retentissement. La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, avait notamment condamné « cet acte de violence inacceptable« .
Silence dans la salle. La présidente bataille quelques minutes pour ouvrir le sachet en papier kraft, solidement scotché. À l’intérieur du scellé, un morceau de parpaing de 600 grammes. La pièce passe de main en main, jusqu’à celle de l’accusé. “Soupesez-le, Monsieur, qu’en pensez-vous ?”, demande la présidente. “C’est un caillou qui peut tuer un homme…”, avoue l’intéressé.
C’est un procès chargé d’émotion qui s’est ouvert ce jeudi à la chambre d’appel de Mamoudzou. La cour d’assises pour mineurs étudiait l’affaire qui avait conduit un policier de la brigade anti-criminalité (BAC) à perdre un œil en intervention, visé par un projectile dans le village de Passamaïnty, une nuit de mai 2018. Prévue à huis clos en raison de l’âge du mis en cause au moment des faits, l’audience a finalement été rendue publique, l’accusé n’ayant pas opposé d’objection.
Les faits se sont déroulés dans la nuit du 24 au 25 mai, en pleine période de ramadan. Ce soir-là, un mourengué rameute des bandes de jeunes de Tsoundzou et de Passamaïnty. À l’issue du combat de boxe, des violences urbaines éclatent, entraînant l’intervention du GSP (groupe de sécurité de proximité), qui envoie des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Afin de prévenir d’éventuelles résistances de la part des fauteurs de trouble, le GSP demande du renfort, et une brigade de la BAC arrive sur les lieux. À ce moment-là, un calme relatif semble avoir repris ses droits sur la route de Vahibé.
“C’était le calme plat”
Les forces de l’ordre quadrillent malgré tout la zone et suivent à la trace les quelques jeunes restants, qui s’éparpillent rapidement sur leur passage. “Nous avons attendu cinq, dix minutes, c’était le calme plat, pas un bruit”, retrace le policier, entendu à la barre trois ans après son attaque. Mais il faut s’en assurer. D’autant que le tracé de la route forme un léger virage, sur cette portion entre le terrain de foot et la Croix Rouge. “Un mois avant cela, ils faisaient ça, c’est-à-dire qu’ils faisaient des barrages tous les cent mètres en incendiant des palettes.”
L’homme se poste donc au milieu de la chaussée, bien visible sous la lumière d’un lampadaire. Il s’apprête à annoncer le R.A.S dans sa radio, quand soudain… “J’ai ressenti un choc en plein visage, et d’un coup, j’étais dans le noir complet. J’ai porté ma main sur mon visage, j’ai essayé d’ouvrir les yeux, mais impossible”, souffle-t-il, en alliant le geste à la parole, comme s’il revivait la scène. S’ensuit alors une nuit d’angoisse. Transporté au CHM, le fonctionnaire de police attendra plusieurs heures sur son brancard avant que le verdict ne tombe, au petit jour. Il souffre d’une dizaine de fractures au visage dont celle au plancher orbital de l’œil gauche. “Un médecin en sortie de garde m’a dit ‘‘pour moi, l’œil est perdu’’.”
Des séquelles physiques, professionnelles et familiales
Après une première opération, la victime est évacuée vers La Réunion où elle passera encore plusieurs fois sous le scalpel. Trois ans plus tard, l’agent de la BAC en retraite forcée attend encore la pose d’une prothèse, repoussée en raison de la crise sanitaire. Un traumatisme qui ne s’arrête pas à ses séquelles physiques. “Je vivais à Mayotte avec mon fils. Du jour au lendemain, j’étais à La Réunion, et il s’est retrouvé tout seul à 17 ans. Donc j’ai abandonné mon fils”, poursuit-il, la voix brisée. Présent ce jeudi à l’audience, ce dernier s’est d’ailleurs constitué partie civile. “Je suis un dommage collatéral, mais un dommage quand même”, explique-t-il aux juges.
L’accusé reconnaît les faits
Dix-sept ans, c’est également l’âge de l’accusé au moment des faits. Identifié grâce au témoignage d’une voisine, qui l’a décrit, un chapeau de Père Noël en guise de couvre-chef, ramasser “quelque chose” au sol avant de le jeter en direction du policier, le jeune homme ne niera pas les faits, ni en garde à vue, ni pendant l’instruction. “Je suis vraiment désolé… Il ne peut pas jouer avec son fils comme avant. Tout le monde fait des erreurs, j’aimerais avoir une chance”, bégaie-t-il à la barre, en triturant nerveusement ses cheveux crépus.
Lors de sa première audition, il tente d’expliquer son geste par la consommation d’une cigarette, imbibée de chimique. Puis par celle de cannabis. Des explications peu convaincantes de l’aveu même de l’expert psychiatre qui infirme le rôle de ces drogues pour justifier le passage à l’acte. Alors simple coup de sang ? Ou action préméditée à l’égard d’un représentant des forces de l’ordre ? Difficile à dire. Et l’accusé peine à amadouer l’audience. D’ailleurs peu soutenu par son avocat, lui-même presque plus amène avec la partie adverse… “Tout à l’heure, vous avez indiqué que vous étiez aussi des sauveurs et je voulais vous le confirmer”, adresse l’avocat de la défense à la victime.
Les débats doivent se poursuivre ce jour, avant le verdict attendu à la mi-journée.
Drapeau et djembé à la main, les enseignants et directeurs d’écoles maternelles et primaires de Petite-Terre ont manifesté aujourd’hui pour la démission de Corinne Delvallé, inspectrice d’académie dans la circonscription de Petite-Terre.
Au mois de novembre les représentants du corps enseignant de la petite île mahoraise avaient rencontré le recteur afin de discuter du comportement de leur supérieure. Des abus dénoncés par les professeurs et directeurs d’écoles qui ont saisi les syndicats afin de se faire entendre. Mais à la suite du rendez-vous avec Gilles Halbout, le dialogue ne semble pas avoir été rétabli entre l’inspectrice d’académie et le corps enseignant.
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Certains des grévistes dénoncent aujourd’hui un harcèlement moral et souhaitent une réponse tranchée de la part du rectorat. “C’est la dictature ! Elle n’a aucune bienveillance, elle n’accompagne pas, elle n’écoute pas. Il faut qu’elle parte !”, s’exclame une directrice d’école de Petite-Terre avant d’être rejointe par un de ses collègues, adjoint de direction en école primaire. “Il ne faut pas qu’elle soit protégée. Nous manquons déjà de professeurs à cause des problèmes de délinquance, si maintenant les enseignants démissionnent à cause de nos supérieurs où va l’éducation ?”, déplore-t-il.
“Il y a vraiment un problème de comportement”
Une situation qui attriste Rakotondravelo Rivomalala, secrétaire départemental du SNUipp FSU Mayotte. “Nous sommes face à des relations très tendues. Les professeurs se sentent dévalorisés dans leur travail. Aujourd’hui, tous souhaitent le départ de l’inspectrice. Nous avons assez attendu que le problème se règle de manière pacifique mais cela n’a pas fonctionné. Le recteur s’était engagé à changer les choses et à faire un point avec les enseignants au mois de juin.”
Des parents d’élèves ont également pris part à la manifestation, reprochant à l’inspectrice de ne pas donner suite à leur différentes requêtes. “Elle ne répond ni aux mails, ni aux appels et encore moins à nos demandes de rendez-vous. Ce que nous craignons aujourd’hui, c’est que le stress des enseignants se répercute sur la qualité de l’enseignement et sur nos enfants. Il ne faut plus que l’académie prenne ce problème à la légère. Certains professeurs se mettent en arrêt maladie, un enseignant a déjà quitté ses fonctions, que leur faut-il de plus ?”, s’agace la maman d’un écolier de Labattoir 3.
La période des élections est lancée sur Mayotte, les premiers candidats sont déjà apparus sur les chaînes du service public. Pour Mayotte 1ère, c’est une mission d’utilité publique que de mettre en avant chacun des candidats à la même échelle. Pour respecter ce pari, toute la rédaction est mobilisée.
« On a mis en place un dispositif 360 pour les élections, en mobilisant tous les supports », souligne Toufaili Andjilani, rédacteur en chef chez Mayotte 1ère. À la télévision, cela se traduit par 20 Kala oi dala, des émissions de débat au sens classique du terme et pas moins de 24 Place publique, l’émission de débats dans laquelle les internautes peuvent interagir. Et la radio n’est pas en reste avec 74 Za kwéli, en français et shimaore. Le but : permettre à tous les binômes d’avoir la chance de pouvoir s’exprimer. « Nous sommes très ambitieux parce que nous considérons que c’est un moment démocratique important », insiste le rédacteur en chef. Il a d’ailleurs été stipulé à tous les binômes de laisser les deux candidats s’exprimer. Même si certains candidats n’ont cependant pas joué le jeu, présentant le même pour chacune des émissions de télévision. Dommage !
Un Live minute par minute sur le site internet
Cette année, le numérique sera particulièrement mobilisé lors des campagnes électorales. En effet, un live minute par minute a été mis en place sur le site, permettant de suivre chaque jour les émissions diffusées à la télévision ou à la radio. Une manière simple pour les auditeurs, pas forcément disponible dans la journée, de pouvoir découvrir les nombreux candidats et de suivre les débats. L’autre nouveauté de cette année : la carte interactive. Mayotte y est découpée en canton et dans chacun d’entre eux, la liste des candidats y est détaillée. Il est aussi possible de retrouver les émissions auxquelles ils ont participé. Les habitants peuvent donc choisir de se concentrer uniquement sur les candidats de leur zone de vote respective.
Une mission d’utilité publique
S’il est dans la nature du service public “d’être utile pour la population”, ces élections en sont le parfait exemple. Car la situation sanitaire empêche les grands meetings de se tenir. Malgré quelques entorses au règlement, les médias deviennent donc le seul endroit où les candidats peuvent s’exprimer en masse. La rédaction de la 1ère a pour ambition “de donner la parole à tout le monde”, afin de contrer au mieux ces contraintes. Pour faire ce travail minutieux, l’ensemble de la rédaction de Mayotte 1ère est mobilisée.
Et pour le jour de l’annonce des résultats, un lourd dispositif sera mis en place par la 1ère et France Télévisions pour donner les résultats, à 20h, tout pile, heure nationale. Pour se faire, une plateforme de recueil des résultats basée sur des estimations sera mise en place. Un dispositif qui devrait permettre d’avoir le nom des élus avant d’attendre les résultats de la préfecture.
Son nom vous est peut-être inconnu mais Salama Youssouf est entrée dans l’histoire de Mayotte depuis peu. Elle est désormais la première notaire mahoraise du pays. Cette acharnée du travail au parcours sans faute ambitionne de grands projets pour son île natale, dans l’espoir d’ouvrir la voie à d’autres Mahorais.
Combien de notaires mahorais existe-t-il à Mayotte ? Un seul et il s’agit d’une femme. Salama Youssouf, 34 ans, a été officiellement nommée notaire en décembre 2020, après plus de 5 ans d’exercice. Pourtant au départ, le notariat ne l’attirait pas. Après son baccalauréat, elle se tourne vers des études de droits, une évidence pour cette amoureuse de la politique. Elle rêve de travailler dans le milieu mais à l’issue de sa première année d’université, ses idées s’éclaircissent. « J’ai changé mon fusil d’épaule car la façon de pratiquer la politique me dérangeait », affirme Salama Youssouf. Après avoir songé au métier d’avocat, elle finit par s’intéresser au notariat. Master de droit en poche, elle se consacre aux formations notariales pour une raison bien précise. « La grosse problématique du foncier à Mayotte m’a incitée à faire ce choix », indique la notaire.
Mais son parcours ne sera pas de tout repos. Salama le sait, le monde du notariat est très fermé. La plupart du temps, ceux qui sont dans le milieu favorisent les membres de leurs familles. « Quand je me suis lancée, je me suis même demandée ce que je faisais parce que je ne connaissais personne dans le milieu et dans ma promo j’étais la seule dans ce cas. Les autres avaient un avenir tout tracé alors que je me lançais dans le vide », raconte-t-elle. Mais il en faut beaucoup plus pour la décourager. Malgré ses chances infimes d’être accueillie dans un cabinet, l’étudiante qu’elle était termine ses études et fait des demandes de stage à différents endroits. C’est finalement l’étude notariale Popineau à Mayotte qui lui ouvre ses portes en 2015.
Aujourd’hui le cabinet l’a nommée notaire. « Après les études on est diplômé mais tant qu’on n’est pas nommé par un office notarial on ne peut pas exercer en tant que notaire », précise-t-elle. Aujourd’hui elle se dit reconnaissante de la confiance accordée par le groupe Popineau, puisque, comme elle le dit si bien, « ce n’est déjà pas facile d’entrer dans le milieu, encore moins quand on s’appelle Salama Youssouf. » Elle a pu également compter sur le soutien infaillible de sa famille. « Elle a été mon pilier durant toutes ces années. Sans elle j’aurais tout lâché, parce que c’était dur et il y a eu des moments de doutes » admet la jeune femme.
De grandes ambitions face à une réalité mahoraise
Comme la majorité des professionnels, Salama Youssouf débute en bas de l’échelle en tant que clerc rédacteur. Mais sa motivation et son ambition feront évoluer sa carrière assez rapidement. « J’ai voulu sortir de ma zone de confort. J’ai demandé à mon cabinet de me donner autre chose à faire parce que je voulais évoluer et devenir notaire. Ils ont accepté, et j’ai traité des cas des droits des affaires, créé des sociétés etc », soutient-elle.
Derrière cette envie d’évoluer rapidement se cache l’ambition d’apporter sa pierre à l’édifice à la construction de Mayotte. Salama sait que la question du foncier sur le département est un problème ancré depuis des décennies. « Cela impacte le développement du territoire. Les gens ne peuvent pas faire leurs projets parce que les terrains sur lesquels ils veulent travailler ne sont pas en règle. Ils n’ont pas de titres de propriété, la banque refuse donc de les aider et le projet est bloqué », explique la notaire. Tout le monde doit mettre la main à la patte pour régler ce problème à Mayotte. Salama invite donc les jeunes à s’engager comme elle dans le notariat. « C’est vrai que c’est difficile mais il ne faut pas que ça nous freine » insiste la jeune femme.
De quoi faire aussi évoluer le métier de notaire à Mayotte puisque, pour l’instant, il n’existe aucun cabinet notarial mahorais. Ils sont tous basés à l’île de La Réunion. Et la situation n’évoluera pas tant que leterritoire n’aura pas de chambre de notaire propre. « C’est ce qui m’empêche de créer mon étude. Mais paradoxalement nous n’avons pas de chambre parce qu’il n’y a pas assez de cabinets », souligne Salama Youssouf. C’est donc le serpent qui se mord la queue. Mais Salama ne perd pas espoir. Elle l’assure, Mayotte est son île et elle y restera. Le territoire est amené à se développer, et les jeunes mahorais sont de plus en plus ambitieux. Un début d’espoir pour la première notaire mahoraise.
C’est un fait, les Mahorais ont soif de voyage. Depuis l’amélioration de la situation sanitaire à Mayotte, beaucoup avaient espéré l’allègement des conditions pour voyager. Le gouvernement a en effet annoncé une évolution du dispositif des motifs impérieux, mais celui-ci fait une différence entre certains territoires d’Outre-mer et le reste du pays. Une situation qui en intrigue plus d’un et qui remet en cause la légalité des mesures prises.
Désormais dans le monde, il existe deux types de personnes. Celles qui sont vaccinées contre le Covid-19 et celles qui ne le sont pas. Ce clivage sera d’autant plus marqué à Mayotte à partir du 9 juin. Depuis le 11 janvier, les habitants de l’île sont strictement soumis aux motifs impérieux pour voyager. Une mesure qui était nécessaire lorsque la crise sanitaire frappait de plein fouet le territoire. Aujourd’hui, le département est presque un exemple à suivre. Son taux de positivité et le taux d’incidence sont « les plus bas de tous les départements français », affirme le député Mansour Kamardine dans un communiqué.
Malgré tout, des restrictions pour sortir du territoire sont maintenues. La plus contestée ? Le maintien des motifs impérieux pour les personnes non vaccinées. Celles qui le sont pourront voyager en toute tranquillité à partir du 9 juin. Soit seulement 7% de la population mahoraise… « Le vaccin n’est pas obligatoire, mais à travers cette exigence le gouvernement le rend obligatoire implicitement. Le préfet s’immisce dans un domaine qui n’est pas le sien », explique Me Asskani Moussa, avocat au barreau de Paris. Or, la vaccination ne peut être rendue obligatoire par simple arrêté ou décret. « Cela doit être fixé par un cadre juridique. Mais nous n’avons pas de loi qui stipule clairement l’obligation de se faire vacciner. Par conséquent, on a une mesure prise au niveau locale qui va au-delà de ce que dit la loi », précise-t-il.
Une fois n’est pas coutume, le département voisin de l’île de La Réunion, se retrouve dans la même situation. De quoi crier à l’injustice, pour certains avocats. À l’image de Me Alex Vardin qui s’est expliqué sur le sujet à l’antenne de Réunion la 1ère. « On ne peut pas imposer le vaccin à ceux qui veulent prendre l’avion… Il y a de multiples violations des droits et des libertés des citoyens. C’est une dictature sanitaire ! », s’indigne-t-il. C’est la raison pour laquelle il se joindra à un groupe d’avocats de l’île Bourbon et de l’hexagone pour saisir la justice afin de « faire déclarer illégale cette décision », annonce-t-il.
Le vaccin n’est pas la seule condition, puisqu’à cela s’ajoute l’obligation de présenter un test PCR négatif de 72h, l’engagement d’isolement pendant 7 jours sur le lieu de destination, et un test PCR à l’issue de la septaine. Autant d’exigences qui irritent Me Asskani Moussa. « Ces restrictions posent problème parce que cela crée une rupture d’égalité devant la loi. Il s’agit d’une injustice envers les habitants de Mayotte parce que sur certains territoires de France les gens peuvent voyager sans toutes ces conditions alors que leur situation sanitaire est pire que la nôtre. »
« Il y a des indices qui indiquent que cette situation est illégale »
Les conditions de voyage vers l’Hexagone imposées à Mayotte sont d’autant plus surprenantes que d’autres territoires d’Outre-mer en sont exonérés alors que le virus circule activement chez eux, à l’exemple de la Guadeloupe. Ses habitants pourront voyager sans aucune restriction alors que l’île enregistre un taux de positivité de 7,6% selon les derniers chiffres de l’agence régionale de santé, et un taux d’incidence de 110,1 pour 100.000 habitants. Un niveau supérieur au seuil d’alerte. À titre de comparaison, selon les derniers chiffres de l’ARS Mayotte, le taux de positivité sur l’île au lagon se maintient autour de 2,5%, et le taux d’incidence est tombé à 22,2 pour 100.000 habitants.
Comment expliquer une telle différence de traitement ? Avec un taux de positivité de 2,5% et d’incidence de 26, la Martinique, qui présente donc une situation presque similaire à celle de Mayotte, est également exemptée de toute restriction. « Nous sommes en état d’urgence sanitaire et c’est une situation d’exception. Mais il faut que l’exception soit parfaitement justifiée et adaptée au territoire. Le cas de Mayotte avec le maintien des motifs impérieux et la vaccination est loin de la réalité », indique Me Asskani Moussa. Il invite la population et les juristes de l’île à porter l’affaire au tribunal pour faire valoir les droits des habitants de Mayotte. « On n’a pas le même niveau d’exigence ailleurs. Je ne peux pas me substituer au juge des libertés publiques, mais en tant que juriste j’estime qu’il y a des indices qui indiquent que cette situation est illégale. » La liberté d’aller et venir protégée par la Constitution serait-elle bafouée ? Cela ne fait aucun doute pour l’avocat qui songe à mener l’affaire en justice si d’autres le rejoignent, pour avoir plus de poids.
Malgré la situation sanitaire, Mayotte a connu un nouveau record de créations d’entreprise sur l’année 2020. Pas moins de 1.353 entreprises ont vu le jour, soit un bond de 33% comparé à l’année 2019, qui avait déjà marqué le cap des 1.000 entreprises créées en un an. Une nouvelle prometteuse pour le développement de l’île.
“C’est un point très très positif, surtout compte-tenu de la situation sanitaire”, se réjouit Bertrand Aumand, chef régional de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). En effet, malgré près de deux mois de confinement en mars et avril 2020, la création d’entreprises a explosé sur l’île, comme en métropole. Un résultat qui s’explique par l’apparition du statut de micro-entrepreneur à Mayotte en mai 2020, qui permet des facilités de création d’entreprises et dans la gestion des comptes. 256 entreprises sont nées sous ce statut, permettant notamment à des jeunes de se lancer dans l’entrepreneuriat. L’autre explication ? La crise sanitaire, pendant laquelle les aides étaient conditionnées à la validation d’un statut. Bénéficier du chômage partiel et des prêts à taux zéro a pu en motiver certains !
Les femmes grandement représentées
Mais ce n’est pas tout. À Mayotte, 46% des entreprises créées l’ont été par des femmes. Un chiffre supérieur de sept points au niveau national. On retrouve les femmes principalement dans les activités pour la santé humaine et l’action sociale, le commerce et le service au particulier. Une spécificité locale, qui s’explique notamment par l’organisation dite matriarcale de la société à Mayotte. Les femmes étaient ainsi déjà majoritaires les premières créatrices d’entreprises en 2017 et 2018. “Mais l’on pourrait en effet s’attendre à ce que ce soit plus faible”, analyse le chef de service régional de l’INSEE.
Un bon dans les créations sous forme sociétaire
Pour Bertrand Aumand, la nouvelle la plus encourageante est l’explosion de la création d’entreprises sous forme sociétaire (SA, SARL, SAS…). “Ce sont des entreprises qui embauchent, qui investissent, donc c’est intéressant pour le développement de Mayotte”, commente-t-il. Si elles représentent 29% des créations d’entreprises sur l’île, elles sont aussi et surtout en augmentation de 53% par rapport à 2019. Ces nouvelles entreprises vont pouvoir permettre de développer le secteur de l’emploi à Mayotte en créant de nouveaux postes. Un bon point pour l’île, où le taux de chômage, qui oscille autour de 30%, reste l’un des plus forts de France.
Le 27 et 28 mai 2021, les élèves du collège de Sada et de Bandrélé se produiront au pôle culturel de Chirongui. Un concert inspiré des rythmes de l’océan Indien, entièrement pensé, écrit et composé par les collégiens.
Depuis le mois de novembre les élèves travaillent avec l’auteur, compositeur, musicien et ingénieur du son, Ahamada Smis, sur un projet d’expression par la musique. “L’objectif est de faire travailler leur imaginaire, tout raconter, tout faire vivre, puis arriver à le verbaliser en français. Le travail par la musique permet de créer une osmose, une confiance. Nous sommes partis de jeux pour amener l’expression orale puis écrite”, témoigne Ahamada Smis.
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“Plus qu’un cours c’est un atelier de création”
Les séances musicales ont réuni pendant deux périodes de 15 jours chacune au mois de novembre puis au mois de mai, 32 élèves du collège de Sada et de Bandrélé. « J’ai constaté une évolution des jeunes dans leur expression, dans leur façon de s’affirmer. Avec l’écriture tout est possible. Nous sommes partis de la composition des musiques avec des percussions et des rythmes. Nous avons ensuite travaillé sur la mise en bouche du texte, le son des mots. Ils ont appris à utiliser leur corps en tant qu’instrument, à se mettre dans la peau d’un conteur et faire vivre une histoire”, argumente l’intervenant, très satisfait du travail réalisé avec les jeunes artistes en herbe. Nicole Jarousse, professeure de français au collège de Bandrélé, soulève quant à elle la dimension humaine de ce projet. “Pour ces jeunes qui n’ont pas toujours l’habitude de se déplacer, les trajets en car entre les deux collèges étaient de vrais moments de convivialité. Ils chantaient durant le transport et avaient hâte de se retrouver séance après séance.”
“Un souvenir qu’ils garderont toute leur vie”
Le vendredi 28 mai, les enfants réaliseront la première partie du concert d’Ahamada Smis au pôle culturel de Chirongui. Victime de son succès, l’événement affiche déjà complet, mais une seconde date a été ajoutée le jeudi 27 mai afin de permettre à ceux qui le souhaitent de venir profiter d’un interlude musical à partir de 19h. Par ailleurs, l’artiste réalisera un enregistrement des trois chansons créées et interprétées par les enfants pour que ceux-ci puissent garder une trace de ces quelques semaines de création artistique.
Numéro de réservation pour le concert de jeudi 27 : 06 39 68 51 00
Le rectorat, la préfecture, et le monde économique ont rendu visite aux élèves du CAP Équipier polyvalent du commerce (EPC) à Kawéni. Une façon de valoriser les filières professionnelles, et d’attirer de nouveaux apprentis.
Ils font leurs armes chez Sodifram, Distrimax ou encore à la Maison du Livre. Ce mercredi, une vingtaine d’élèves du CAP Équipier polyvalent du commerce (EPC) du Lycée polyvalent de Kawéni étaient mis à l’honneur à l’occasion d’une visite tripartite rectorat, préfecture, et monde de l’entreprise. “C’est bien de valoriser la section EPC, souvent dans l’apprentissage, on préfère l’hôtellerie, la restauration…”, souligne leur enseignante Véronique Thébault. Au cours de leur formation, ces employés en devenir apprennent à manier les ficelles de la vente, de l’accueil client, à la caisse, en passant par la préparation des bons de commandes.
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200 spécialités en France
En formation initiale de deux ans après la classe de Troisième, ou en formation continue, le certificat d’aptitude professionnelle (C.A.P.) offre une qualification d’ouvrier ou d’employé qualifié dans un métier déterminé. En France, il existe près de 200 spécialités dans les secteurs industriels, commerciaux et des services. “L’apprentissage, c’est la rencontre et la transmission des compétences, d’un métier, d’une passion. Vous allez sortir d’une filière d’excellence”, salue le chef d’entreprises et président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) 976 Charles-Henri Mandallaz, venu à la rencontre des élèves aux côtés de Marcel Rinaldi, lui aussi entrepreneur à Mayotte. “Mais la formation ne se limite pas à votre examen, il y aura un parcours professionnel pour évoluer dans vos carrières. Et nous, les employeurs, nous sommes la clé de cet emploi : nous vous formons, nous vous intégrons et nous avons tout intérêt à vous garder dans l’entreprise”, développe-t-il.
400 apprentis à Mayotte
À Mayotte, ce sont pas moins de 400 apprentis qui sont formés sur les bancs des différentes filières professionnelles de l’île. “Il y a quatre ou cinq ans, nous en avions une grosse centaine, et nous espérons frôler les 500 l’année prochaine”, précise le recteur Gilles Halbout. Tant mieux ! Car cette visite était aussi l’occasion pour les élèves de faire remonter leurs doléances. Parmi elles, le manque de places dans le CAP a notamment été rapporté par Kaissoiria Abdallah. Déjà passée par le CAP Petite enfance, l’apprentie a dû batailler pour obtenir son inscription dans la filière EPC. “J’ai su à la dernière minute que j’étais prise, ils m’avaient dit de trouver d’abord une entreprise, mais sans me garantir une place”, explique la jeune femme de 21 ans.
Son autre souhait ? Pouvoir évoluer en métropole après ses deux ans de CAP. “Là-bas, ils ont plus de magasins, de grandes boutiques. J’ai pas envie de rester dans la même entreprise tout le temps”, ajoute-t-elle. Entre les cours théoriques dispensés au lycée et leur semaine en entreprise, Kaissoiria et ses camarades disposent toutefois de toutes les clés pour apprendre au mieux le métier, sans sortir du département. Le plus ? La formation ne se limite pas au CAP, et les élèves du LPO ont la possibilité de poursuivre leur cursus en Bac pro et en BTS. “Il s’agit de l’une des filières où nous avons la continuité pédagogique, et ce, depuis cette année”, explique Véronique Thébault. Selon ses comptes, la moitié des 2ème année comptent déjà s’orienter vers le Bac pro.
Le privé dépasse le public, une première
Un signal positif pour le développement du territoire. “Pour la première fois, le nombre de salariés du privé a dépassé celui du public. Mayotte va se développer grâce à la création de richesses et la création d’entreprises. Et vous avez justement fait ce choix de créer de la richesse”, félicite le sous-préfet et secrétaire général adjoint de la préfecture Jérôme Millet. “Le conseil départemental, l’Etat, nous ne pourrons pas absorber toute la jeunesse”, martèle-t-il. D’après les derniers chiffres de l’INSEE publiés ce mercredi, la création d’entreprises a dépassé le record déjà franchi en 2019, et ce, malgré la crise sanitaire : 1.353 structures ont vu le jour en 2020, soit 33% que l’année précédente.
À l’initiative d’une enseignante, l’Amicale des personnels de Mamoudzou Nord (APMN) a eu l’idée de commander une paire de lunettes Lexilens, pour lancer un test sur les classes de CM1 de Kawéni. Le but : détecter une éventuelle dyslexie, et aider les élèves en difficulté à améliorer leur lecture.
“Tu as peur ? Il ne faut pas”, glisse Kristel Bianchi à la jeune écolière qui s’installe à son bureau, avec un hochement de tête timide. Chronomètre au poignet, la chargée de projet à l’Amicale des personnels de Mamoudzou Nord (APMN) lui présente une liste de mots sous les yeux, et fait passer le bout de son stylo sur chaque ligne. “Faute. Nuit. Vague Ss… euh… soif”, s’empresse de corriger la petite fille en bégayant un peu. Pas de panique ! Malgré les apparences, le test qu’elle s’apprête à passer n’a rien d’une évaluation. “Il s’agit vraiment d’une expérimentation”, insiste l’inspectrice de l’Education nationale Colette Cabort.
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Un dispositif médical certifié
Après une première lecture classique, Kristel Bianchi pose délicatement une paire de lunettes noires sur le visage de l’élève. Objectif : vérifier si cet accessoire Lexilens, développé par Atol, l’aide à améliorer sa lecture. “L’idée c’est de tester ces lunettes sur des élèves qui peuvent avoir des troubles, ou être en échec scolaire. La dyslexie peut être une des raisons”, déroule l’inspectrice. En comparant les scores avec ou sans lunettes, le dispositif peut aider à renforcer cette dernière hypothèse. Et ainsi orienter le diagnostic. Certifié comme dispositif médical de classe I, cet appareil électronique 100% français, que les enfants peuvent activer ou désactiver avec un simple bouton, permet, grâce à un système de flashs lumineux, de filtrer les “images miroir” et d’aider à distinguer les lettres avec précision.
Depuis environ une semaine, ce sont 300 élèves de CM1 des cinq établissements de Kawéni qui sont amenés à passer ce test, d’ici à la fin du mois de juin. En fonction des premiers résultats, l’APMN entend bien poursuivre l’aventure l’année prochaine, dans le cadre d’un appel à projets, en commandant 24 lunettes, une paire par classe de CM2. “Il y a déjà des élèves pour qui nous notons une amélioration, c’est encore trop tôt pour en tirer des conclusions, mais c’est plutôt bon signe”, sourit Kristel Bianchi. Et pour éviter les biais, comme le stress, ou la plus grande concentration liée à cet exercice inédit, la responsable compte revoir ceux qui ont obtenu les meilleurs scores.
Pas de donnée dans un contexte de bilinguisme
Ce projet, Mayotte le doit à une Bretonne d’origine, Sarah Mahé. C’est en lisant un article de l’université de Rennes que la vice-présidente de l’amicale, a eu l’idée de lancer l’expérimentation dans le 101ème département. “Le message d’Atol, c’est que cela sert 80% des dyslexiques, mais nous n’avons aucune donnée pour un contexte de bilinguisme, comme ici”, décrit-elle. Grâce au soutien de la cité éducative de Kawéni, et la participation financière de la mutuelle MGEN, un premier équipement – de 400 euros tout de même – a été acheminé jusqu’à l’île au lagon, pour bénéficier aux élèves de Kawéni. “Cela fait cher pour une famille ici. Nous ne savons pas encore si cela sera efficace dans un contexte bilingue, mais nous remonterons les résultats au niveau national. Et nous pouvons imaginer que le dispositif soit un jour pris en charge par la mutuelle, comme le sont d’autres innovations passées”, souligne Bruno Bonnefoy, le directeur de la section locale de la MGEN.
Repérer la dyslexie, un vrai défi pour Mayotte
Croisons les doigts ! Car les difficultés scolaires sont un combat de chaque instant à Mayotte où l’illettrisme concerne 48,5% des jeunes de 16 à 18 ans contre 9% des jeunes métropolitains. Et pour repérer des troubles comme la dyslexie chez les enfants, l’absence d’orthophonistes sur le territoire n’arrange pas les choses. “En libéral, il n’y en a aucun à Mayotte… Parfois, certains s’installent de manière ponctuelle dans des associations. Mais en ce moment, pour vous donner une idée, cela fait un an que nous essayons d’en recruter un à l’APAJH, sans succès”, témoigne Bruno Bonnefoy, qui est aussi président de l’Association pour adultes et jeunes handicapés. Bien sûr, une paire de lunettes, aussi innovante soit-elle, pourra difficilement changer la donne, et le diagnostic devra toujours être effectué par un spécialiste. “Mais en tant qu’enseignante, on se retrouve parfois face à des murs, sans savoir comment faire. Cet équipement, c’est une canne, une béquille, pour avancer”, conclut Sarah Mahé. À tâtons, peut-être, mais avancer quand même.
La future compagnie aérienne Zena Airlines est sans aucun doute au cœur des préoccupations des Mahorais qui placent beaucoup d’espoir en elle. Alors que se tenait ce mardi la dernière commission permanente du conseil départemental pour cette mandature, le Collectif des citoyens de Mayotte 2018 a semé le trouble en pleine séance pour réclamer la subvention du projet Zena.
Tout avait pourtant commencé dans le calme. Le président sortant du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani a tenu sa dernière commission permanente à l’hôtel de ville de Mamoudzou pour cause de travaux à l’hémicycle Bamana. Mais c’était sans compter sur les membres du collectif des citoyens 2018 qui ont campé dans le hall d’accueil du bâtiment. Le message affiché sur leurs banderoles était sans équivoque. « Le conseil départemental doit faire décoller Zena », pouvait-on lire. Le collectif et la presse avaient eu vent d’une rumeur affirmant que la question de la subvention du projet Zena serait débattue lors de cette dernière séance.
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Mais une fois sur place… « Ça n’est pas à l’ordre du jour », a avoué un conseiller départemental. Selon le Département, le financement de la compagnie aérienne ne doit pas être discuté ni voté en commission permanente. « Ce genre de projet ne peut pas être décidé aujourd’hui. Cela doit se faire en assemblée plénière car la commission n’est pas compétente. Le président a proposé de le reporter à une date ultérieure », tempère Ben Issa Ousseni, 7e vice-président du Département, chargé des finances, du développement économique et touristique. Mais à un mois de la fin de la mandature de Soibahadine Ramadani, le collectif a du mal à boire ces paroles.
Durant plus d’une heure, les membres du collectif des citoyens de Mayotte 2018 ont donc patienté au sein de la mairie, réclamant la venue d’un élu du Département pour leur apporter des éléments de réponse. « Ils jouent à la politique de l’autruche. Nous ne voulons pas polémiquer, mais nous voulons une réponse claire. Est-ce que le conseil départemental veut s’engager dans ce projet qui est bon pour les Mahorais ? Si ce n’est pas le cas, ils peuvent dire publiquement qu’ils refusent de s’engager », martèle Hachmia Mdéré, secrétaire générale du collectif.
Des questions rhétoriques puisque les défenseurs du projet Zena Airlines ont déduit un début de réponse. Selon eux, les élus du Département ne veulent pas soutenir le projet puisqu’ils auraient des avantages avec Air Austral. Les militants, qui voient rouge, n’hésitent pas à citer pêle-mêle des exemples des billets gratuits, de réductions ou de voyages en première classe… Ces propos, lancés devant une poignée de conseillers, sont tombés dans le vide. Les principaux concernés n’ont pas osé y répondre.
Discours de sourds et réponse insatisfaisante
Alors que les esprits s’échauffent à l’extérieur de la salle de réunion, les élus, les conseillers départementaux et le président continuent leur séance à huis clos, tant bien que mal. La présidente du collectif tambourine sur les portes pour se faire entendre, d’autres sur les vitres. Mais rien n’y fait, personne n’ose sortir les affronter. Les agents de sécurité postés devant les portes empêchent les manifestants d’entrer. La police municipale de Mamoudzou vient vite en renfort mais rien n’y fait. Les membres du collectif ne décolèrent pas, bien au contraire. « Nous voulons entrer dans cette salle et nous allons entrer ! », crie la présidente du collectif des citoyens de Mayotte 2018, Safina Soula.
Après plusieurs tentatives, et stratagèmes pour semer la police, ils arrivent finalement à se faufiler et font irruption dans la pièce où sont regroupés les représentants du Département. « Honte à vous ! Vous nous ignorez alors que vous savez que nous attendons des réponses de votre part. Si vous ne voulez pas nous parler, dites-le nous clairement, et nous prendrons les mesures nécessaires », s’indigne Hachmia Mdéré. Malgré les accusations, les cris, la colère, le président Soibahadine Ibrahim Ramadani reste impassible. Il ne prononcera aucun mot en présence du collectif. Quant aux autres élus, ils sont tout simplement abasourdis.
Après de longues minutes de grabuge, les membres du collectif sont renvoyés de la salle où se tient la commission permanente. Quelques instants plus tard, Ben Issa Ousseni, vient à leur rencontre pour apporter des éléments de réponse. « Nous sommes sur une demande de prêt d’un million d’euros. Nous devons regarder ce dossier de manière plus approfondie. Même si le cœur a envie de le défendre, il y a des règles qui doivent être respectées. Le fait que ce soit un projet de jeunes Mahorais ne peut pas suffire », déclare-t-il. Selon lui, le dossier ne serait pas assez solide juridiquement et administrativement. Il manquerait des éléments.
« Prétexte ! », répond le collectif. « Ce projet leur est soumis depuis plusieurs mois. Le dossier est complet, les porteurs de projet sont surpris d’entendre cela. Et même si c’était vrai, pourquoi n’ont-ils pas dit cela depuis le début ? », s’interroge Safina Soula. Une chose est sûre, le prochain président du Département est attendu au tournant. Il devra se positionner clairement sur le financement de la compagnie Zena Airlines. Au risque de se faire brûler les ailes.
Dans le cadre du système de présidence tournante initié par Azali Assoumani, ce 26 mai aurait dû marquer la prise de pouvoir d’Anjouan à la tête de l’Union des Comores. Suite à la suppression de la cour constitutionnelle et l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle particulièrement contestée, l’ancien putschiste ne cédera pas son siège. De quoi susciter la crainte d’une division du pays auprès de l’opposition.
Opposant, ancien diplomate et candidat à l’élection présidentielle de 2016, Ahmed Wadaane Mahamoud a éprouvé dans sa chair la violence du régime d’Azali. Arrêté et brutalisé en juin 2019 dans le cadre d’une manifestation à Moroni, l’auteur de nouveaux ouvrages sur l’histoire du pays enchaîne aujourd’hui les opérations chirurgicales en métropole. De passage à Mayotte, cet homme d’expérience livre ses inquiétudes concernant le contexte tendu des îles de la lune.
Flash Infos : La présence d’Azali au pouvoir en cette date symbolique marque-t-elle sa victoire totale ?
Ahmed Wadaane Mahamoud : On ne peut pas parler de victoire. Pour paraphraser Mitterrand, Azali s’est illustré comme le champion des coups d’états permanents. Cela commence en 1999, lorsque le colonel réalise son premier putsch. En 2002, il organise une mascarade électorale en évinçant ses opposants pour se retrouver en candidat unique. Lorsqu’il revient au pouvoir, son premier acte consiste en la suppression de la cour constitutionnelle. S’en est suivi une autre mascarade électorale. Autant d’éléments qui démontrent la nature putschiste de cet homme qui se maintient par la force des coups d’État. Il faut retenir une chose : Azali a été originellement élu pour un mandat précis. À partir de ce 26 mai 2021, il n’est plus légitime.
FI : Son autorité est en effet contestée, mais il est encore aujourd’hui à la tête du pouvoir…
A. W. M. : Ce n’est pas un pouvoir. C’est un déni de démocratie, une insulte au peuple comorien qui l’a élu pour un mandat de 5 ans. C’est aussi un geste de mépris envers la communauté internationale. Emmanuel Macron évoquait à ce titre en 2018 au parlement Européen la « fin de l’autoritarisme qui partout nous entoure« . La réponse n’est pas la démocratie autoritaire, mais l’autorité de la démocratie. Azali ne tient que par la force qu’il maintient sur le peuple comorien.
FI : Quelles ont été les manœuvres répressives en amont de cette date importante ?
A. W. M. : Azali a peur. Aujourd’hui, les forces armées sillonnent les rues. Il craint que la population se soulève pour lui rappeler que son mandat est arrivé à terme. Il utilise l’armée nationale de développement pour lui servir de rempart. Nous osons espérer que cette armée ne va pas accepter de tirer ou de tuer sur la population comorienne. Il peut encore rester de longues années au pouvoir. Aucun habitant d’Anjouan ou de Mohéli ne pourra l’accepter. Cela risque de démembrer le pays. Il faut à tout prix éviter cela.
FI : Quel est votre regard sur le rôle de la communauté internationale ?
A. W. M. : Les observateurs savent pertinemment qu’Azali se maintient au-delà des normes fixées par la Constitution. Il dit lui-même qu’il veut l’émergence des pays jusqu’à 2030, preuve qu’il peut se maintenir jusque-là. Il va falloir examiner les choses à partir de la date d’aujourd’hui, puisqu’il n’est plus légitime. La France est un partenaire de premier plan. Elle a tout intérêt à préserver les valeurs démocratiques et la stabilité de l’archipel. Voilà ce que nous attendons de la communauté nationale.
FI : Comment expliquer l’incapacité de l’opposition comorienne à se fédérer et à se renouveler ?
A. W. M. : Il y a une dynamique de projection de l’avenir. Des années de pratique dictatoriale ont fait émerger une force nouvelle au niveau de la jeunesse. Elle est impliquée dans une dynamique de lutte pour un État de droit. Il y a aussi la diaspora qui s’implique dans une dynamique de changement. Quelque chose va s’opérer. Il y a une prise de conscience à la croisée des chemins : celui de la démocratie et de l’État de droit. Nous voulons préserver l’unité des Comores. Il va donc falloir repenser ce pays dans un contexte de paix civile et de cohésion sociale.
FI : Au-delà de la colère sociale, quel est le bilan économique d’Azali ?
A. W. M. : Si les Comores tiennent économiquement, c’est grâce à la diaspora comorienne qui est un pilier essentiel. Pourtant, Azali a multiplié les déclarations venimeuses pour la disqualifier. Mais il faut insister aussi sur la jeunesse, qui constitue plus de la moitié du pays. En 2016, Azali proclamait « Un jeune un emploi« . Or, son premier acte politique a été de licencier 5.600 jeunes fonctionnaires sans les remplacer. On ne peut pas parler de politique économique sans voir l’état de cette jeunesse. Celle qui sort de l’université des Comores ou d’autres pays africains pour grossir les rangs des chômeurs.
FI : Cette jeunesse se retrouve parfois sur des kwassas en direction de Mayotte, comment analysez-vous la politique d’Azali sur ce point ?
A. W. M. : C’est un sujet sensible. D’abord, il faut dépassionner et décrisper les relations dans l’intérêt de la France comme des Comores. La France est un partenaire de premier plan. C’est aussi une terre d’accueil. Nos peuples ont des intérêts communs, à commencer par la sauvegarde de l’unité des Comores. Si des gens meurent en kwassa, c’est aussi parce qu’ils fuient la dictature de colonel qui tue et réprime la contestation. Dans ce climat de terreur, c’est logique que des gens cherchent des points de refuge. Ce drame est aussi l’un des aboutissements de la politique d’Azali. Il ne se gène pas pour utiliser cette pratique afin de faire fuire les opposants.
FI : Comment envisagez-vous la suite du quinquennat d’Azali ?
A. W. M. : Nous pouvons conserver un optimisme qui n’est pas béat. Nous pouvons faire confiance en la capacité du peuple comorien. Un peuple qui a horreur des armes. Un peuple qui aspire à son unité. Azali va forcément quitter les reines du pouvoir. De quelle manière ? Je ne peux le savoir. Mais il ne faut pas sous-estimer la volonté du peuple de sauvegarder son unité. Cette année, je suis convaincu qu’Azali rendra les clés du palais de Beit-Salam (le palais présidentiel : NDLR) .
Hier, le tribunal administratif de Mayotte étudiait les dossiers de campagne en retard pour les élections municipales et communales de 2020. Plusieurs candidats étaient concernés, notamment Anchya Bamana, qui pourrait être déclarée inéligible à la veille des départementales, en fonction de la décision du tribunal.
Voilà qui devrait ajouter du piment dans cette campagne des élections départementales parfois un peu médiocre, il faut le dire. L’ex-maire de Sada Anchya Bamana, candidate dans le canton Sada – Mangajou, comparaissait ce mardi devant le tribunal administratif de Mayotte. Réunis en audience collégiale, les magistrats devaient statuer sur les dossiers transmis par la Commission nationale des comptes de campagne et des finances publiques (CNCCFP) qui a récupéré les comptes de certaines personnalités en lice lors des dernières élections municipales. Les candidats dans les communes de plus de 10.000 habitants sont en effet astreints à la transmission de leurs comptes de campagne, pour récapituler leurs dépenses – et bien sûr prétendre à un remboursement, s’ils ont gagné au moins 5% des voix. Pour les dernières élections, les aspirants maires avaient jusqu’au 11 septembre 18h.
Oups ! Certains candidats ont loupé la date limite et les sanctions risquent de pleuvoir. Outre le rejet du compte et le non-remboursement des frais engagés, les retardataires s’exposent à une peine d’inéligibilité pouvant aller jusqu’à 18 mois ! Et c’est là que le bât blesse, car Anchya Bamana, expulsée du parti Les Républicains, se présente aux prochaines élections sous la bannière de son nouveau parti “Maore Solidaire”, en binôme avec Adams Ridjali. Or, dans son fief, son principal adversaire, le député Les Républicains Mansour Kamardine, qui vise jusqu’à la présidence du département, se lèche déjà les babines… À noter que la décision du tribunal administratif ne privera pas de facto une potentielle candidature d’Anchya Bamana, qui dispose d’un mois et demi pour faire appel. Mais elle risque fort de peser dans les débats.
C’est donc une audience bien politique qui avait lieu hier dans la petite salle d’audience. Vêtu de sa robe noire, l’avocat de Mme Bamana s’est présenté à la barre. Une salutation au président, présent sur place, et au rapporteur public, lui en visioconférence, et il a entamé son plaidoyer sans s’attarder davantage sur cette configuration exceptionnelle, crise sanitaire oblige. Comment défendre l’ex-maire de Sada, accusée d’avoir rendu ses comptes de campagne hors délai, le 30 septembre 2020 ? Mme Bamana, qui travaille à l’ARS en parallèle de sa carrière politique, aurait été débordée par la situation sanitaire et aurait donc pris du retard dans ses comptes, fait-il valoir.
La crise sanitaire dans le viseur
“Mayotte était en zone rouge pendant des semaines”, entame son conseil. L’homme insiste : la situation était “compliquée” et l’accusée “assume totalement” son erreur quant au délai. Toutefois, elle demande une vague d’indulgence de la part du tribunal, face aux difficultés mentionnées. Pire encore, Mme Bamana, avant d’être complètement dans le jus, avait engagé un mandataire financier, qui n’aurait pas correctement fait son travail ! L’élue a donc dû s’en occuper seule en catastrophe, rassemblant les différentes factures pour préparer ses comptes. “C’est la première fois que ma cliente avait des comptes de campagne à faire !”, s’exclame l’avocat, qui tente par tous les moyens d’amadouer l’assistance. Si des difficultés supplémentaires sont évoquées, comme l’incompétence, selon la robe noire, du mandataire financier, sa défense est avant tout basée sur la gestion de la crise sanitaire.
Des anomalies dans les comptes
Problème : certaines anomalies ont aussi été relevées par la commission. L’avocat persiste et signe : Mme Bamana s’est retrouvée seule pour établir ses comptes de campagne, pour la première fois. Erreurs de débutante, plaide-t-il. Sans compter le stress de cette période de crise. Ces étourderies peuvent toutefois induire un remboursement partiel des dépenses de campagne, reconnaît l’avocat.
L’affaire est mise en délibérée et il n’y a plus qu’à attendre la décision du tribunal, qui devrait être rendue d’ici la fin de semaine. L’avocat saute sur l’occasion pour défendre sa cliente une dernière fois. “Vous voyez cette crise sanitaire nous empêche même de faire des audiences classiques !”, adresse-t-il au président, en faisant référence au rapporteur public présent derrière un écran. Une manière de soutenir une nouvelle fois que si les comptes de campagne ont eu du retard, ce n’est que la faute du virus… Nous qui croyions qu’il s’attaquait aux bronches !
La jeune association Nayma, créée en août 2020, a convié mardi 25 mai, l’ensemble de ses partenaires. L’organisation pour la préservation de l’environnement a présenté ses différents pôles d’action et leur mise en place dans les mois et semaines à venir.
“Nayma s’inscrit dans un élan, une prise de conscience qui nous met aujourd’hui face à nos responsabilités. Nous devons agir vis-à-vis de cette île. Nayma va nettoyer les rivières, Nayma va nettoyer la mangrove, Nayma va nettoyer les fonds marins, afin de préserver le cycle de l’eau et la richesse rare de notre lagon”, scande la présidente de l’association Hanima Ibrahima, fière de voir aujourd’hui son projet se concrétiser après une première semaine d’actions de nettoyage dans la mangrove de Majimbini.
“Créer, former, insérer”
Nayma prévoit de concentrer ses activités autour de quatre pôles. La coopération régionale, la solidarité, la formation et enfin l’insertion et l’environnement qui est le premier à voir le jour. Emmanuelle Martin, vice-présidente de Nayma en charge de l’insertion et de l’environnement rappelle le contexte dans lequel est née l’association. “Nous sommes partis d’un constat social et économique. Sur un territoire où l’on observe des taux de pauvreté et de chômage records mais aussi un très grand nombre de jeunes de moins de 25 ans, nous bénéficions aussi d’un environnement remarquable, avec l’un des hotspots de la biodiversité Française, de nombreuses espèces endémiques de Mayotte et un rôle crucial des rivières et des mangroves. Malheureusement cet environnement est fortement menacé par la pollution directe des milieux naturels.” Afin de répondre à ces différents enjeux du territoire mahorais, Nayma prévoit de créer 250 emplois d’ici à la fin de l’année. Parmi eux, 204 contrats d’insertion et 46 salariés permanents. À l’heure actuelle l’association a déjà recruté 72 personnes chargées d’assurer les missions de nettoyage des milieux aquatiques de l’île.
“Un engagement concret pour Mayotte”
La pollution exerce une forte pression sur le territoire et l’environnement à Mayotte. Les dernières épidémies de dengue et de leptospirose constituent un signal d’alerte quant aux conditions sanitaires sur l’île. Grâce à ses équipes, Nayma entend bien lutter contre la prolifération des déchets sur l’île et sensibiliser la population aux risques sanitaires liés à l’accumulation de ces détritus. “L’objectif, c’est que demain les personnes qui sortiront de nos chantiers d’insertion aient appris les valeurs du monde du travail. Nous voulons accompagner des personnes motivées, régulières et productives. Montrer que la protection de l’environnement paye et leur offrir un emploi durable”, souligne la vice-présidente.
“Je suis fier de mon travail”
Cette volonté de faire évoluer les mentalités à Mayotte, Mradabi Mahamoud, nouvelle recrue au sein des équipes de Nayma en fait l’expérience chaque jour. “Je me sens responsable pour ma santé et celle des autres. Je suis heureux de pouvoir agir pour l’environnement, pour préserver toutes nos richesses”, témoigne cet ancien agent de tri. Et d’ajouter : “La mangrove c’est notre santé. Les déchets finissent dans l’eau puis dans les poissons et au final nous nous empoisonnons nous-mêmes en jetant nos poubelles n’importe où. Je suis fier de mon travail. Si nous ne donnons pas l’exemple, comment allons-nous éduquer nos enfants ? Mais aussi, comment allons-nous développer notre île si personne ne veut s’y rendre à cause de la saleté ? J’aimerais que tous les Mahorais prennent conscience de cela et qu’ensemble, nous puissions faire changer les choses” conclue-t-il. Heureux de pouvoir protéger à son échelle le havre des palétuviers, qu’il affectionne tant.
Vendredi, le préfet Jean-François Colombet a animé l’ultime forum institutionnel dédié à la loi spécifique au département annoncée par le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu. Le 1er juin, les plus de 230 propositions formulées doivent atterrir sur son bureau pour une première mouture attendue au mois de juillet. Lors de cette dernière consultation, les responsables présents ont tenté d’apporter leur dernière touche, sur l’égalité en matière de droits sociaux, mais aussi sur la place de la culture et les freins à l’insertion des étrangers.
Ambiance intimiste pour le dernier rendez-vous de la loi Mayotte, qui signe la fin d’une consultation de près de trois semaines des “forces vives” du territoire. Une cinquantaine de participants ont répondu présents à la mairie de Koungou, pour ce forum institutionnel axé sur le thème de l’égalité en matière de droits sociaux. Mais comme poussés par la fièvre de la dernière chance, les citoyens, administrateurs de collectivité ou représentants de la voix politique réunis ce vendredi ont brassé large pour tenter d’apporter une touche finale aux quelque 230 propositions qui doivent atterrir sur le bureau du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu le 1er juin. Prochaine étape au mois de juillet, où le locataire de la rue Oudinot viendra peut-être sur l’île aux parfums pour présenter le projet de loi ficelé, avant son passage en conseil des ministres. “Tout le monde sait que la loi ne sera pas adoptée avant la fin du mandat, mais ce qui est important, c’est que le projet soit approuvé pour que les Mahorais aient un moyen de faire pression, même s’il y a un changement de majorité”, a martelé le préfet Jean-François Colombet.
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230 propositions, 1.000 participants
Alignement des minima sociaux, relèvement du plafond de la sécurité sociale, mais aussi titres de séjour des étrangers, accès au logement, valorisation de la culture, statut des intermittents, prise en charge du handicap et même l’inévitable question de l’insécurité sont revenus sur la table des débats, dépassant souvent le thème fixé par l’ordre du jour. Peu importe. “Tout sera remonté, nous allons être fidèles à notre engagement”, a réitéré le délégué du gouvernement, qui a salué la participation des Mahorais à cette grande consultation. “Ces échanges ont été très intéressants, depuis le 6 mai, nous avons entendu des choses très pertinentes”, a-t-il souligné en guise de conclusion. Bilan préliminaire : le travail préparatoire pour cette loi programme aura permis de faire le tour de 13 communes, avec seize forums et événements distincts, pour un total de 1.000 participants.
L’égalité en matière de droits sociaux pour le dernier forum
Pour rappel, cette consultation annoncée par Sébastien Lecornu le 31 mars dernier à l’occasion des dix ans de la départementalisation, devait s’articuler autour de cinq thèmes : l’égalité en matière de droits sociaux ; le renforcement de l’État régalien afin de faire face aux enjeux sécuritaires, migratoires et de sécurité civile ; l’accélération du développement de Mayotte ; le renforcement du Conseil départemental ; la jeunesse et l’insertion. Et si c’est le dernier qui aura davantage fait travailler les méninges, avec plus de 80 propositions reçues, c’est le premier axe qui devait clore les débats ce vendredi.
Un enjeu tout aussi crucial pour Mayotte, comme l’ont exposé la commissaire à la vie des entreprises et au développement productif (CVEDP) Marjorie Paquet, ex-directrice de la DIECCTE (direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), et la directrice de la CSSM (Caisse de sécurité sociale de Mayotte), Ymane Alihamidi-Chanfi. Malgré l’entrée en vigueur du code du travail de droit commun depuis 2018, le montant du SMIC à Mayotte reste inférieur à celui de l’Hexagone ou des autres Outre-mer, a rappelé la commissaire. Et “il n’y aura d’égalité en matière de droits sociaux que quand le code de la sécurité sociale s’appliquera à Mayotte”, a souligné pour sa part la patronne de la CSSM.
“Il faut aussi soutenir des valeurs”
Mais très vite, les échanges ont dépassé le cadre initial de ce forum. Les titres de séjour trop restrictifs accordés dans le 101ème département se sont ainsi invités à cette dernière consultation. “Quelqu’un qui a un titre d’un an ne bénéficie pas des aides au logement, alors qu’en métropole, il suffit d’un an. Ces titres de séjour temporaires ne permettent pas aux gens de partir mais pas non plus de bénéficier des droits… Et on bloque les gens, ici à Mayotte”, a par exemple déploré un éducateur sportif et chargé d’insertion et d’emploi à la municipalité de Koungou. “On a besoin que ces personnes puissent accéder à des titres de 10 ans pour pouvoir évoluer dans le parc social”, a abondé une autre administratrice de l’intercommunalité du nord.
Et plus largement, c’est la place des étrangers à Mayotte, source de crispations quotidiennes, qui a alimenté les échanges. “Il faut aussi soutenir des valeurs. À Mayotte, les étrangers ne sont pas suffisamment protégés. On parle beaucoup d’immigration clandestine mais il est urgent de poser les bases : si Mayotte se développe, Mayotte attire autour de soi et les populations qui viennent chez nous ont le droit à une protection, tout cela contribue à la cohésion sociale et à la paix”, a-t-on pu entendre, de même qu’une proposition pour régulariser massivement certains étrangers en situation irrégulière sur le territoire depuis des dizaines d’années. “Je ne pense pas qu’on soit à la veille d’une régularisation massive, je vous le dis franchement”, a rétorqué le préfet Jean-François Colombet en mentionnant entre autres les 150 visas bricolés chaque année par la préfecture pour des jeunes étrangers afin de leur permettre de poursuivre leurs études. Et de rappeler une proposition déjà formulée pendant les deux semaines passées : celle d’un titre de séjour au mérite pour les étrangers qui n’ont, en substance, “pas fait de vagues”. Prêt à distribuer les bons points !
La mairie de Bouéni a été brièvement bloquée vendredi par des habitantes de Mavadzani, un quartier de Hagnoundrou particulièrement précaire et enclavé. Une rencontre a été organisée dans l’urgence avec le maire de la commune qui promet son implication dans le dossier.
« Pendant les campagnes on connait Mavadzani, une fois au pouvoir Mavadzani est oublié« . Sur le parvis de la mairie de Bouéni, un groupe de cinq femmes affiche sa colère. En cette dernière matinée avant le weekend prolongé, les manifestantes préviennent les usagers. « Aujourd’hui la mairie est fermée« , assurent-elles dès 8h. « Nous sommes venues rencontrer M. le Maire qui n’était apparemment pas disponible. Nous avons donc décidé de bloquer la mairie car nous sommes fatiguées d’attendre« , justifie une manifestante. Au cœur de leur indignation : la situation préoccupante de leur quartier de Mavadzani. Un territoire particulièrement isolé et vulnérable aux aléas.
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Des maux cumulés
A l’image de nombreux territoires mahorais en souffrance, les maux de Mavadzani reposent sur trois problématiques : « l’eau, la route, et les poteaux électriques », résume une habitante. « Les canalisations installées il y a quelques années ne fonctionnent pas. Les tranchées n’ont pas été bouchées. On peut tomber dedans !« , introduit-elle. Creusées par la pluie, les éboulements et l’érosion, ces installations constituent en effet des cavités dangereuses pour les enfants et personnes âgées. Conséquence de ces infrastructures défaillantes : « Nous sommes une vingtaine sans compteur d’eau. On doit faire du bricolage avec des voisins pour raccorder nos habitations« , déplore une manifestante.
Également érodés par les éléments : Les poteaux électriques. Une source d’inquiétude particulièrement vive chez les familles exposées à la menace d’une chute. « La base sur laquelle reposent les poteaux est rongée. C’est particulièrement visible pour deux installations qui risquent de tomber sur les habitations« , s’inquiètent les habitantes.
Si tous les foyers du quartier ne sont pas exposés aux mêmes enjeux, chacun se réunit autour d’une revendication commune : l’accessibilité. Laura, une professionnelle de santé de 31 ans résume le problème : « Il faut traverser une rivière pour accéder au quartier. C’est impossible par temps de pluie. Un jeune homme a récemment été emporté par le courant avant d’être sauvé. On ne doit pas passer par de tels risques pour rentrer chez nous« .
Dans ce petit territoire construit en pente, la route principale devient également un torrent de boue en saison des pluies. Ce danger conduit certaines familles à l’isolement. « Un enfant en situation de handicap habite sur les hauteurs. Il n’est quasiment jamais sorti du quartier car nous sommes obligés de le porter pour descendre« . Une fois la tempête passée, c’est aux habitants de mettre la main au portefeuille : « Nous avons plusieurs fois financé un tracteur pour aplanir la route. Cela coûte entre 300€ et 400€ à chaque fois« .
Le maire monte au créneau
Rares sont les employés municipaux qui ont opposé une résistance : « Nous sommes rentrés dans chaque bureau pour demander aux agents de quitter la mairie. À l’exception d’un employé, tous ont accepté« , rembobine une manifestante. Le but : faire réagir le maire de la commune, Mouslim Abdourahaman. « Ils nous avait promis dès sa campagne de 2016 que les choses allaient changer. Aujourd’hui nous en sommes au même point« , déplore une administrée particulièrement remontée. Après plusieurs heures d’attente sous la surveillance d’un véhicule d’un gendarmerie, l’assemblée est enfin rejointe par l’homme fort de Bouéni.
« J’ai dû avoir une cinquantaine de coups de fils en moins de deux heures !« . Débarqué en vitesse pour apaiser la situation, Mouslim Abdourahaman s’est dépêché d’interrompre son footing matinal sans passer par la case vestiaire. Une séance de débat est ainsi improvisée dans la mairie fraîchement rouverte. Face à l’édile en survêtement et quelques membres de son équipe municipale, les mères de famille ne décolèrent pas. Pas de quoi décontenancer Mouslim Abdourahaman qui avance tant bien que mal sa vision des choses. « J’ai une vision globale de ce quartier concernant les trois problématiques qui sont évoquées« , avance-t-il. “J’ai introduit il y a trois ans un dossier RHI (Résorption de l’Habitat Insalubre), un dispositif d’État qui nous permet d’affronter ces enjeux. Dans la mesure ou n’avons pas la maîtrise foncière, nous avons diligenté l’EPFAM (Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte) pour organiser les négociations avec les habitants et les élus. Nous avons également déposé un dossier il y a trois ou quatre mois auprès du Conseil départemental pour aménager la route. Malheureusement, ce dossier n’a pas été retenu.”
Une heure de négociation plus tard, les deux parties se quittent avec l’objectif de se revoir mardi. « Je vais personnellement me déplacer mardi pour échanger avec les élus locaux et les propriétaires des terrains concernés. À l’appui des conventions signées, nous pourrons renforcer notre demande de subventions et le dossier RHI« , se réjouit le maire de la commune. Un optimisme plus nuancé côté manifestantes : « Nous avons entendu beaucoup de promesses. Trop de temps a déjà été perdu. Même si nous nous réjouissons de cet échange, nous attendons de voir ce que tout cela va donner« .
Habitants, élus, institutions et propriétaires fonciers doivent désormais trouver un terrain d’entente pour sauver leur quartier. Une opération complexifiée par la présence d’une opposante politique au sein des propriétaires concernés. Dans les travaux d’infrastructures comme dans les liens sociaux, l’enjeu est plus que jamais de partir sur de nouvelles bases. Plus solides.
Ancien président du Département, actuellement conseiller départemental du canton de Pamandzi, Daniel Zaïdani brigue un nouveau mandat au sein du conseil départemental. Membres du parti du mouvement MDM progressiste, le candidat et son binôme Soihirat El Hadad, se positionnent en totale rupture avec l’actuelle majorité. Très critique envers le bilan de ces six dernières années, Daniel Zaïdani prévoit une toute autre stratégie pour le développement de Mayotte.
Flash Infos : Pour quelles raisons avez-vous déposé votre candidature pour ces élections départementales ?
Daniel Zaïdani : J’ai milité l’année dernière pour apporter le changement à Pamandzi. Après 12 ans de continuité municipale dans ma commune, qui n’ont pas apporté grand-chose, nous avons enfin réussi à opérer un changement municipal. Les mêmes qui ont perdu les élections municipales se sont empressés de supporter la commune adverse (Dzaoudzi-Labattoir) et faire en sorte que Pamandzi se trouve en minorité dans l’intercommunalité. La motivation de l’opposition de Pamandzi est de nuire au bon fonctionnement de la mairie de Pamandzi et donc au bien-être des Pamandziens. Aujourd’hui, ces mêmes personnes prétendent vouloir aller au conseil départemental, et ce qui est certain c’est qu’ils n’y vont pas dans la perspective de travailler avec la commune. Il me paraît donc pertinent et important de mettre à profit mon expérience du conseil départemental au bénéfice de la commune de Pamandzi. Si je me présente, c’est parce que j’ai réuni les conditions nécessaires pour qu’il n’y ait qu’une seule candidature MDM à Pamandzi. Nous avons fait en sorte avec mon binôme que notre candidature soit portée par l’équipe municipale de Pamandzi. Nous estimons avoir réuni les conditions du rassemblement et des soutiens indispensables pour amener une candidature parfaitement crédible dans le cadre des départementales.
FI : Vous étiez président du Département entre 2011 et 2015, est-ce que vous visez une nouvelle fois la présidence du Département ?
D. Z. : Ce qui m’intéresse aujourd’hui est de me positionner en rupture avec la continuité actuelle. J’estime que le bilan global de l’exécutif n’est pas satisfaisant. Mais ma priorité n’est pas la présidence. Si certains estiment que le plus important c’est d’être le président du Département pour agir c’est bien triste. Parce qu’il y aura 26 élus, et un seul sera président. Et si l’élu qui n’est pas président estime qu’il ne pourra pas agir ni parler, où allons-nous ? En étant dans l’opposition ces six dernières années, j’ai mené une opposition constructive et combattante. Je suis intervenu dans tous les sujets qui ont été abordés à Mayotte. Je n’ai jamais attendu d’être président ou dans la majorité pour agir. Ma priorité c’est de constituer une majorité alternative à l’exécutif actuel parce que le bilan n’est pas bon, il faut le dire. Aujourd’hui, on veut mettre la charrue avant les bœufs : certains oublient qu’on ne peut pas parler de présidence tant qu’on n’a pas de majorité. Et avec plus de 70 candidats, on ne peut pas imaginer de majorité pour l’instant.
Maintenant est-ce que j’ai les qualités requises pour être président du Département ? Je l’ai été pendant quatre ans, et après les six années qui viennent de s’écouler, je n’ai pas à rougir. Si demain, on me demande dans la majorité d’être celui qui va rassembler tout le monde et d’être président du Département, je ne me défilerai pas. Et il est évident que je serai un meilleur président qu’en 2011, parce que j’ai plus d’expérience, j’ai gagné en compréhension des différentes problématiques du territoire.
FI : Qu’est ce qui peut faire croire aux électeurs que vous allez faire mieux que l’actuel exécutif ?
D. Z. : Il ne peut pas avoir de doute. Je dis toujours ce que je pense. On peut ne pas être d’accord avec moi mais au moins ma vision des choses est claire. C’est ma qualité. Le défaut de l’exécutif actuel, c’est qu’il tergiverse. On l’a vu sur le port de Longoni où ils ne font rien pour améliorer la situation de travail au port et ne font que des procès à Mme Nel. Ils disent qu’ils veulent un marché de transports solaires mais ils ne font que des avenants qui mènent à la catastrophe. Ils veulent désengorger les routes mais ne font rien pour. Et à la fin du mandat, ils nous parlent de train bleu qui ne verra le jour que dans 25 ans. Si c’est ça la continuité, je n’en veux pas. Les Mahorais devraient me faire confiance parce que je suis un élu qui prend des décisions quand bien même il sait qu’elles ne feront pas plaisir à tout le monde. Parce qu’être élu c’est savoir décider.
FI : Quelles sont les mesures phares qu’on peut retrouver dans votre programme ?
D. Z. : Nous voulons un conseil départemental qui soit ambitieux. Nous devons réunir les élus de Mayotte dans le cadre de la loi Notre : les maires, les conseillers départementaux, les parlementaires et nous pourrons à ce moment-là définir une orientation politique. Pendant six ans, nous avons parlé de toilettage, de réforme territoriale. Beaucoup de bruit pour finalement accoucher d’une souris. Et pourquoi ? Car une fois encore, nous ne prenons pas de décision. Nous devons être à l’initiative de notre propre loi programme. Le conseil départemental doit s’accaparer de ce projet, organiser les débats, en faisant appel à un cabinet juridique et différents experts. Cette loi programme aura été vue et travaillée par tous les élus de Mayotte, ce sera véritablement une loi pour Mayotte faite par les Mahorais, pour ensuite être transmise au gouvernement.
En termes de politique générale, le sujet qui met tout le monde d’accord, c’est le Jeu des îles. Le conseil départemental a formulé son souhait d’organiser les Jeux depuis 2018 mais rien n’a été fait en ce sens pour y arriver. Si nous voulons le faire, nous devons avoir la capacité d’hébergement pour accueillir un millier de personnes. Aujourd’hui, même en réunissant tous les hébergements de l’île nous n’arrivons même pas à 700. 2027 me paraît irréaliste, mais c’est raisonnable de penser que nous pourrions y parvenir en 2031. Et nous devons mettre les moyens dans la construction d’un site d’hébergement. Le conseil départemental doit construire une cité universitaire à Dembeni pour le centre universitaire de Mayotte. C’est-à-dire 10 bâtiments avec 100 chambres. 100 millions d’euros permettraient de construire ces bâtiments. Si nous sommes accompagnés par l’État tant mieux, si nous ne le sommes pas, nous devons quand même le faire, parce que presque tous les étudiants qui vont à l’université passent par les bus scolaires et c’est donc le Département qui paye. Ces bâtiments scolaires peuvent être utilisés de septembre à juin pour les étudiants et de juillet à septembre ils pourraient être libres pour loger l’ensemble des délégations sportives et journalistiques qui seront à Mayotte dans le cadre des Jeux des îles. Cela serait plus utile d’utiliser l’argent du Département dans cette cité universitaire au lieu d’avoir 57 millions d’euros qui dorment. L’exécutif actuel considère que c’est très bien d’avoir 57 millions d’euros qui ne servent à rien, peut-être qu’à Mayotte, il n’y a plus grand chose à faire… Mais pour ma part, je considère que l’argent ne doit pas dormir, il doit être utilisé pour le territoire.
FI : Le Département consacre la plus grosse enveloppe de son budget au social, allez-vous continuer sur cette lancée ?
D. Z. : Je ne suis pas favorable à la politique du billet brûlé. Un euro dépensé doit être fait pour Mayotte. Je suis profondément départementaliste et ma première priorité est de m’occuper des personnes qui ont lutté pour que Mayotte soit un département c’est-à-dire les personnes âgées qui méritent notre attention. Il n’y a eu aucune revalorisation des allocations vieillesse de la part du conseil départemental, ce que j’estime totalement inacceptable. En revanche, il y a eu plus de 80 millions d’euros dépensés en faveur des mineurs isolés à travers des associations. Et nous ne comprenons pas trop ce qu’elles font… Depuis ces six ans, il n’y a jamais eu autant de violence à Mayotte impliquant des mineurs isolés. Le conseil départemental doit réclamer de manière inconditionnelle la solidarité nationale. La loi Taubira permet d’envoyer les mineurs isolés dans les départements qui ont la capacité d’accueil. Chose que nous n’avons pas. Nous n’avons pas de place dans les écoles, ni à l’hôpital ni de logement pour eux. Certains vont parler d’appel d’air. Mais cela fait longtemps que l’appel d’air souffle en direction de Mayotte !