Venue sur le territoire en novembre 2023, Claire Hédon avait promis une attention particulière pour le département mahorais dans le dernier rapport du Défenseur des droits, publié ce mardi 26 mars. Alors que le second volet de l’opération Wuambushu va bientôt commencer, les soucis d’accès aux droits, que ce soient pour les étrangers, les services publics, voire l’eau, ressortent du texte.
Défenseur des droits : Un rapport qui pointe de nombreux manquements aux droits à Mayotte

RSMA : Les formés visent d’abord la confiance avant d’apprendre un métier

Direction le régiment du service militaire adapté (RSMA), à Combani, où une section de jeunes en formation militaire initiale apprend ou révise du français et des mathématiques, ce jeudi 21 mars. S’ils se destinent à intégrer une formation professionnelle, une prise de confiance en eux et en les autres sont aussi à la clé.
« Tu as bien refait ta phrase ? », questionne le caporal Frédérique. « Oui, j’ai remplacé « ils sont vêtus » par « il est vêtu » », répond, souriant, le jeune homme assis à côté de lui, stylo en main et un polycopié d’exercices de français placé devant lui. Comme sa trentaine de camarades âgés entre 18 et 25 ans, il fait partie d’une des quatre sections – mixtes -en formation militaire initiale (FMI) que compte le régiment du service militaire adapté (RSMA), basé à Combani. Ce jeudi 21 mars, une partie de leur journée est dédiée à un cours de français et de mathématiques. Il est encadré par un volontaire technicien répétiteur (personne diplômée en contrat d’un an au RSMA, renouvelable quatre fois), faute de professeurs en nombre suffisant (six mis à disposition par le rectorat). Les niveaux se mélangent et des duos d’entraide se forment. « Y en a qui sont bons, d’autres qui ont des oublis ou qui n’ont pas pu terminer le lycée. Mais tous ensemble, on peut y arriver », maintient le caporal. Sur les deux mois de FMI à effectuer, il ne leur reste qu’environ un mois de théorie avant d’intégrer la filière professionnelle choisie.
« Les plus à l’aise peuvent aider les autres », explique le sergent Cédric. Si ces remises à niveau pourront leur être utiles pour trouver un travail à l’issue, c’est aussi et surtout cette « cohésion » qui est visée au RSMA. Ce sous-officier adjoint de la section les suit depuis leur arrivée, au quotidien. Il la voit déjà à l’œuvre. « Souvent la première semaine, ils ont une petite appréhension. Mais ils arrivent ensemble à un endroit qu’ils ne connaissent pas, doivent marcher au pas au même rythme… » Et il y a le partage d’un même cadre de vie pour les former au « savoir vivre » et « vivre-ensemble » : en internat la semaine, une dizaine par chambrée, sans téléphone portable.
« Dès la deuxième semaine, on commence à voir les résultats. On voit une certaine rigueur », reprend le sergent, qui cherche à les responsabiliser. Le planning, comme les lits, sont au carré. Levé à 4 heures, puis rasage de la barbe, mise en tenue et rassemblement à 6 heures devant le commandant de la troisième compagnie en charge des sections pour connaître les activités de la journée. Sport de 6 heures à 8 heures. Et déroule des activités, jusqu’à 17 heures, comme ce cours de français et de mathématiques, ou encore le suivi d’une intervention pour interroger les rapports hommes-femmes. Puis dîner, chants, révisions, douches… « Et extinction des feux à 21 heures. »
« Je suis fier de moi »
« Ça fait du bien », lâche Abdou, 20 ans, en train d’aider son camarade Houmadi à poser des calculs d’opérations sur sa feuille. « On nous donne des ordres. On nous dit « fais ceci, fais cela ». Et puis on a fait « ceci » ou « cela ». Plus on écoute, plus ça rentre dans la tête. Je me sens actif », détaille celui qui intègrera bientôt la nouvelle formation de poseur de fibre optique, pensée pour répondre aux besoins du département. « La dernière fois que je suis rentré voir ma famille pour le week-end, mes parents m’ont dit qu’ils étaient fiers de moi. Avant, je ne m’entendais pas avec eux », décrit celui qui dit avoir pris conscience en Première qu’il n’écoutait pas à l’école. « J’ai réalisé que je dois faire ma vie, être responsable, trouver un travail. » Il « s’accroche » pour obtenir son bac professionnel logistique avant d’intégrer le RSMA. « Aujourd’hui, je suis fier de moi. »
« Moi, ça fait longtemps que je veux venir ici », évoque son voisin de table, 22 ans. Quatre ans au lycée de Coconi, quelques mois de travail en tant qu’agent d’espaces verts à Bandraboua, puis une inscription à la mission locale… Et deux ans d’attente, dit-il, pour entrer au RSMA. « Quand je ne foutais rien, je ne me voyais pas heureux. Je voyais des jeunes de mon âge travailler, avoir le permis de conduire. Et pourquoi pas moi ? Je veux faire tous les efforts pour leur montrer qu’il n’y a pas qu’eux à pouvoir le passer. » Un défi auquel il pourra se confronter, directement au régiment durant les six à huit mois de formation professionnelle.
« Une claque salvatrice »
« Avant, je restais enfermée chez moi. Quand je parlais à une personne, je tremblais », confie Nasra, avec une voix à peine audible, timide, mais qui dit avoir déjà fait des progrès. Et pouvoir compter sur le soutien des autres jeunes filles de sa section avec qui elle partage sa chambre. « Ici, je sors de ma zone de confort. » Elle pourra, si elle le souhaite, parler librement à un psychologue qu’elle peut, comme tous ceux de sa promotion, solliciter à tout moment. Idem pour les assistants sociaux qui peuvent aider à réaliser des démarches administratives et pallier l’illectronisme de certains.
Pour le capitaine Arnaud qui cumule plusieurs casquettes, dont chargé de formation professionnelle, ce souci de confiance en soi que peuvent ressentir les jeunes s’explique aussi par leur difficulté à s’exprimer « face à quelqu’un qui maîtrise les mots ». « On veut qu’ils s’entraînent à parler français et en confiance », appuie-t-il. En cours de français et y compris sur des interventions socioculturelles qu’essaient de programmer le RSMA : lors des sessions de découverte de jeux vidéo, ateliers de sculpture au bambou, de danse hip-hop, ou de fresque collaborative dès lundi 25 mars, avec l’association Mihono, pour les peintres en formation. Le RSMA envisage même de trouver des intervenants pour les initier au théâtre, voire de mettre en place un concours d’éloquence. L’occasion aussi de leur faire « découvrir autre chose ».
« On ne forme pas des soldats ici. C’est une claque salvatrice. Le but est de les insérer professionnellement et socialement », résume le capitaine, ouvert à toute proposition d’intervention de l’extérieur pour proposer des activités. « Ils ne sont pas nuls comme ils peuvent le penser à leur arrivée. On est tous bons quelque part. Il faut juste trouver où. »
68 % des nouvelles recrues atteints d’illettrisme
Additions, soustractions à poser sur le papier, puis décomposition de nombres décimaux… Si pour certains, lors de ce cours, ce sont des révisions de connaissances déjà acquises, beaucoup présentent des lacunes scolaires. Selon les chiffres du RSMA, 68 % des nouvelles recrues sont atteints d’illettrisme lourd à très lourd, selon les tests réalisés à leur entrée, en plus de ceux réalisés au moment de la sélection. « On rattrape difficilement », admet le capitaine Arnaud. « Il faut essayer de les intéresser en utilisant le vocabulaire du métier pour les exercices. L’idée n’est pas de travailler sur le COD (complément d’objet direct). »
En interne, ces savoirs de base permettront de valider l’un des quatre modules : le certificat de formation générale. Les apprenants devront ensuite encore obtenir l’attestation de formation citoyenne, le certificat de sauvetage et secourisme ainsi que l’attestation de formation à l’emploi, qui permettront, à la fin du cursus au RSMA, de délivrer le certificat d’aptitude personnelle à la formation (Capi).
À leur sortie, au moins 70 % des jeunes perdent au moins un degré d’illettrisme selon le cadre de référence de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (Anci), informe le capitaine. Et 85 % trouvent à l’issue un contrat à durée indéterminée (CDI) ou déterminée (CDD) de six mois.
Une grande cagnotte pour venir en aide aux plus démunis

Soumaya Hadjy Mamode et Ibrahim, porteurs de deux initiatives citoyennes, s’allient pour organiser une grande maraude à destination des plus démunis le dimanche 7 avril, à Mamoudzou. Une cagnotte est en ligne.

« Dans la nuit, je n’ai pas arrêté de cogiter », relate Soumaya Hadjy Mamode, après être passée le long du stade de Cavani, où plus de 200 personnes dorment dehors, depuis la fin du démantèlement du camp. Voire, selon nos informations, jusqu’à même 300 personnes dans les environs, de façon éparse. « Il pleuvait, ils étaient tous au sol sur des tapis ou des matelas… Je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas bouger. » Dès dimanche, la chargée d’évènementiel dans une entreprise du quartier décide d’organiser une grande maraude, action qu’elle n’a encore jamais faite. Elle lance, dans la foulée, une cagnotte en ligne. Objectif : récolter 3.000 euros. Et « pour montrer que c’est possible », elle verse les premiers 100 euros.
Dès lundi, elle est rejointe par Ibrahim, un ami qui a l’habitude des maraudes comme celle qu’il a organisé l’an passé. Ils feront front commun. Lui, pour la logistique. Elle, pour le côté financier.
« Au lieu de diviser nos ressources, on s’est dit pourquoi pas s’allier », explique celle qui a créé et partagé une affiche sur les réseaux sociaux : la grande distribution aura lieu dimanche 7 avril, dans différents quartiers de Mamoudzou. Pour éviter la polémique mais, surtout, aider le plus grand nombre, elle ne se focalisera pas uniquement sur les personnes migrantes, qu’elle ne « peu[t] cependant pas ignorer ». « On ne va pas pouvoir sauver tout le monde. Mais l’objectif est d’aider le plus grand nombre. Tout dépendra de la participation », détaille celle qui dit déjà recevoir des messages de mamans qui veulent préparer des repas.
Une collecte de produits de première nécessité
Ibrahim acquiesce. Lui, a passé environ une heure à discuter avec les personnes près du stade. Il revient avec plusieurs feuilles et une liste d’environ 250 personnes, pour une première estimation de besoins. Une liste qui peut aussi servir « de preuve », ajoute l’initiatrice, pour essayer de convaincre d’éventuels donateurs. Ou des associations, que démarche le jeune homme, pour tenter de « créer une synergie ».
« À nous de démarcher, les épiceries, en parler dans les lycées… », ajoute la jeune femme de 25 ans. Riz, farine, œufs, conserves, eau, tout produit de première nécessité, alimentaire ou non (protections hygiéniques par exemple), peut être récolté directement chez les habitants qui souhaitent donner. Il suffit de se manifester par message ou sur les réseaux sociaux et ainsi recevoir les informations pour pouvoir participer à la distribution. L’argent de la cagnotte, servira, lui, à acheter des kits alimentaires. Ce jeudi, celle-ci affichait 700 euros. Et environ une centaine a pu être récoltée par le biais de dons directs en physique ou par Paylib.
Contact (Paylib) : +262 692 73 10 95
Quelques distributions pour les migrants
Plus ou moins proches du stade de Cavani, ancien lieu de camp, primo arrivants, demandeurs d’asile et réfugiés dorment dehors. En métropole, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) verse des allocations aux demandeurs d’asile. À Mayotte, ce système n’est pas applicable. Seule l’association Solidarité Mayotte donne aux demandeurs d’asile des bons d’achat de trente euros, et dix euros par enfant, par mois. Ce mois-ci, à cause des barrages, ils recevront celui de février en plus de mars. Et ceux qui auraient pu obtenir le statut de réfugié il y a six mois, n’y ont plus droit. Aucune aide n’est prévue à Mayotte pour les primo-arrivants, pas encore enregistrés sur les registres de la préfecture pour faire leur demande d’asile.
La Croix Rouge, dans le cadre de ses maraudes du lundi au vendredi, a cependant pu distribuer des « bouteilles d’eau, une collation et du réconfort », informe son directeur du pôle urgence sociale. Des protections hygiéniques également, nous indique Harun, somalien. Des kits d’urgence auraient été distribués par Solidarités International. Et quelques packs d’eau, bouts de pain, de temps à autres par des passants. Selon nos informations, les structures d’hébergement (Acfav, Mlezi Maore, Solidarité Mayotte et Coallia) sont saturées. Les 450 places dont dispose Solidarité Mayotte sont, ce jeudi, toutes occupées, au profit des plus vulnérables (femmes et enfants, personnes malades).
Question hygiène, des toilettes de chantier ont été déposées aux abords du stade, pour le marché de Cavani, à Mamoudzou, dans le cadre de la foire du ramadan. Une cabine fermée à clés en dehors des heures de marché.
Un faré avant une future résidence sur les hauteurs d’Hajangoua
La première pierre du futur faré d’Hajangoua a été posée, ce jeudi soir. Ces travaux, réalisés dans le cadre du projet d’aménagement du quartier M’ro M’titi, permettront dans un premier temps la création d’un « lieu d’échange multigénérationnel », selon le président de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema), Rachadi Saindou. En lieu et place des cases en tôle détruits il y a environ un an, la bâtisse sera aussi un point de rassemblement en cas de cyclone ou de séisme. Coût total de l’opération : 1.139.898 euros. L’État prend en charge 80% du montant des travaux, la Cadema, les 20% restants. Aux côtés du maire de Dembéni, Moudjibou Saïdi, Rachadi Saindou a aussi annoncé pour septembre 2024 le début des travaux visant à créer dix logements, dont quatre accessibles aux personnes à mobilité réduite, en contrebas du prochain faré.
Crash Yemenia Airways : La peine maximale à nouveau requise en appel contre la compagnie

En première instance, le tribunal correctionnel de Paris avait reconnu coupable Yemenia Airways pour blessures et homicide involontaires. La même sentence est encore réclamée ce mercredi 27 mars encore par la cour d’appel de Paris. Des erreurs de pilotages au cours de l’accident qui a fait 152 morts, le 30 juin 2009, au large des Comores, ont été relevées. Le verdict est attendu au 10 septembre 2024.
Comme en 2022, la peine maximale a été requise, ce mercredi 27 mars, contre la compagnie Yemenia Airways, qui était jugée en appel depuis le 4 mars, suite à l’accident survenu le 30 juin 2009 ayant causé le décès de 152 personnes, au large des Comores. Le procureur a demandé une amende de 225.000 euros contre la Yemenia Airways. La cour d’appel doit rendre son verdict le 10 septembre 2024. Au mois de juin 2022, la compagnie avait été reconnue coupable pour « blessures et homicide involontaires ». Mais ses avocats ne cachaient pas leur intention de vouloir faire appel. Puisque la loi ne l’interdisait pas, la cour d’appel de Paris a donc abrité un nouveau procès qui a duré presque quatre semaines. Voilà que la sentence réclamée par les procureurs ne diffère pas des décisions prises en première instance, il y a presque dix-huit mois. L’un des avocats de la partie civile s’en est réjoui. « Mes clients présents [mercredi] à la salle d’audience ont écouté avec soulagement les réquisitoires des deux avocats généraux qui non seulement ont requis à la culpabilité de la compagnie Yemenia Airways, mais demandé aussi l’aggravation de la peine », a déclaré l’avocat franco-comorien, maître Saïd Larifou. A l’en croire, la cour a exigé à ce que la peine soit publiée sur le site de la compagnie pour une durée de quatre mois.
Erreurs de pilotage
« C’est une satisfaction affichée par mes clients et je partage sans réserve le sentiment de justice vécu par eux. D’autant qu’ils ont suivi ma plaidoirie et demandé à ce que justice soit rendue aux 152 personnes décédées sans distinction de nationalité », a ajouté l’avocat selon qui le combat n’était pas fini. « Car nous allons devoir demander à l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar d’assumer ses responsabilités. Ce crash aérien était prévisible », a-t-il insisté. Ce procès en appel à la différence de celui qui s’est tenu devant le tribunal correctionnel de Paris au mois de juin 2022, a permis aux conseillers de prendre du recul et d’écouter toutes les parties. « Dans mes réquisitoires, j’ai beaucoup insisté sur le risque évident de déni de justice dans la mesure où le tribunal correctionnel avait rejeté je le rappelle les prétentions des parties civiles des proches des victimes de nationalité comorienne », a détaillé maître Larifou contacté par Flash Infos. Depuis le 4 mars, un nouveau procès était ouvert. Durant les premières semaines, la cour avait fait intervenir des experts de renom et des pilotes pour tenter de déceler les causes du crash du vol de l’A310 de la Yemenia, qui s’est abimé dans les eaux de la Grande Comores, voilà maintenant quinze ans. A la barre, ces experts ont indiqué que l’accident aurait pu être évité si les pilotes n’avaient pas commis autant d’erreurs. C’est le cas par exemple de l’absence constaté d’un préparatif avant l’atterrissage. « Il n’y a pas eu de briefing. Du coup, les pilotes ont pris des décisions incompréhensibles. Ils auraient également dû utiliser le pilote automatique, mais il s’avère qu’ils ne le maitrisaient pas », ont décortiqué les experts convoqués par la cour, pendant l’audience du 11 mars.
La formation des pilotes a été remise en cause également. Ces derniers n’étaient pas suffisamment formés pour atterir dans un aéroport comme celui de Moroni a rapporté l’Association des familles des victimes de la catastrophe aérienne de la Yemenia Airways (AFVC). Le parcours du copilote est qualifié de laborieux, lui qui a commencé à piloter des gros avions après 17 ans passés dans un autre domaine. Toujours selon le compte-rendu de l’association des victimes, il a été conclu que les séries d’erreurs de pilotage, tout comme le maintien de ce vol de nuit, qui aurait dû être déprogrammé, ont incontestablement contribué à ce drame. Les défauts des feux clignotants n’ont aucun lien avec le crash a précisé la batterie d’experts. On a noté une manipulation catastrophique dès l’entame de la procédure d’atterrissage. Autre particularité de ce procès en appel, un responsable de la compagnie a comparu en visio-conférence depuis la Jordanie. La seule survivante, Bahia Bakari, âgée de 27 ans aujourd’hui, a décrit la nuit cauchemardesque qu’elle a vécue dans l’océan. « En me réveillant, je ne voyais plus rien. Je me demandais comment je me suis retrouvée là. J’entendais des femmes appeler à l’aide en shikomori », a raconté la jeune femme, qui vient de vivre un nouveau procès douloureux.
Corsair annonce « jusqu’à 4 vols par semaines » entre Mayotte et Paris

La compagnie aérienne renforce son programme de vols pour la saison « d’été ». Si Mayotte ne figure pas parmi ses destinations les plus plébiscitées en outre-mer (dans l’ordre la Guadeloupe, suivie par la Martinique et La Réunion), Corsair ajoute tout de même un vol par semaine sur la ligne Paris-Dzaoudzi. Dès la fin du mois de juin, Corsair desservira Mayotte depuis la France hexagonale à hauteur de quatre vols par semaine, contre trois actuellement. A titre comparatif, le nombre de vols proposés à destination de La Réunion et Pointe-à-Pitre sera trois fois plus élevé (respectivement 12 et 13 vols par semaine) au cours de cette période. Au départ de la « province », Corsair desservira aussi La Réunion au départ de Lyon et Marseille à raison de deux vols par semaine, avec des connexions possibles vers Mayotte et l’île Maurice.
Jean-Hugues Ratenon et Estelle Youssouffa déterrent la hache de guerre
Par interventions à l’Assemblée nationale et communiqués interposés, Jean-Hugues Ratenon, député La France insoumise de la cinquième circonscription de La Réunion, et Estelle Youssouffa, députée Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) de la première circonscription de Mayotte, affichent leurs désaccords. Déjà pointé du doigt par la communauté mahoraise de La Réunion en raison des propos qu’il a tenus suite aux violences urbaines à Saint-Benoît et Saint-André, le parlementaire réunionnais a été cité, ce mardi, au cours d’une intervention* d’Estelle Youssouffa à l’Assemblée nationale. En critiquant vivement la motion de rejet déposée par La France Insoumise dans le cadre du vote de la loi contre les ingérences étrangères, la députée mahoraise a estimé que « le collègue Ratenon » s’était récemment lancé dans « une politique de mahophobie » et un « discours de haine contre les Mahoraises et les Mahorais qui vivent à La Réunion ».
Le député originaire de Saint-Benoît s’est empressé de lui répondre dans un communiqué adressé à la presse, le lendemain (mercredi 27 mars). D’emblée, Jean-Hugues Ratenon « persiste et signe » ses propos. « En effet, qu’est-ce que j’ai déclaré ? Nous avons nos problèmes de violences propres à La Réunion et nous nous efforçons de les endiguer. Des problèmes auxquels il faut, oui, ajouter les phénomènes de violences importées à la vitesse grand V sur notre territoire et j’accuse l’État. Et je dis stop ça suffit », défend le Réunionnais, évitant cette fois de cibler la communauté mahoraise en parlant de « violences importées ». Le député se dit étonné par le tollé qu’a suscité sa lettre au préfet de La Réunion, et estime qu’il a « défendu la départementalisation en 2011 », à tel point, selon ses dires, qu’en 2017, une fois élu, « certains se demandaient si j’étais le député de Mayotte ». Pour le parlementaire LFI, qui rappelle avoir voté pour les amendements présentés par Estelle Youssouffa au cours du vote sur la loi Immigration, la députée mahoraise « préfère désigner La Réunion comme seule responsable de leurs malheurs ». Il poursuit et les attaques vont crescendo : « Elle préfère jouer le jeu, être la faire valoir et être la marionnette du gouvernement qui elle le sait abandonne Mayotte ». Et de conclure, tambour battant, en demandant à la députée : « Ne vous comportez pas comme la Poutine de l’océan Indien. Vous jouez avec le feu ». Ces deux-là ne partiront pas en vacances ensemble.
*Les députés examinaient ce mardi 26 mars une proposition de loi contre les ingérences étrangères portée par Sacha Houlié, président de la commission des lois, en visite à Mayotte la semaine dernière. L’Assemblée nationale a adopté le texte à la majorité. Sur 200 votants, 171 députés ont voté « pour » le texte, tandis que 25 parlementaires étaient « contre ». Les députés La France Insoumise, tous « contre », ont fait part de leurs inquiétudes, cette loi étant selon eux liberticide.
Justice : une « hausse des moyens » en Outre-mer
Ce mardi 26 mars, la première édition de la journée « Justice Outre-mer » a été l’occasion, pour le garde des sceaux Éric Dupond-Moretti (photo), d’évoquer la nécessité de « renforcer les synergies ultramarines ». A l’intérieur de l’auditorium du ministère, dans le XIXe arrondissement de Paris, l’ancien avocat a décliné sa feuille de routes, dont les trois axes principaux sont, dans l’ordre, « l’amélioration des conditions de travail », « un meilleur accès à la justice » ou encore « la prise en compte des spécificités » des territoires ultra-marins. Selon la Chancellerie, les brigades de soutien déployées début 2023 à Mayotte et en Guyane sont une « réussite », notamment parce que des « brigadiers » sont restés sur leur lieu d’affectation. Quant aux ressources humaines « pérennes », le gouvernement avance une « hausse de moyens » pour « renforcer le service public de la justice ». Concrètement, cela représente dans les Outre-mer, 68 magistrats, 76 greffiers et 44 attachés de justice supplémentaires. La répartition de ses nouveaux effectifs n’a pas été précisée dans l’immédiat.
Des coupures d’eau en raison d’un problème à l’usine d’Ourouvéni
Le sud de Grande-Terre va connaître un décalage des horaires des tours d’eau, ce mercredi. La Société mahoraise des eaux (SMAE) a en effet connu « un incident technique », au cours de la nuit de mardi à mercredi, sur son usine de potabilisation de l’Ourouveni. Les villages faisant partie du secteur 2 voient l’interruption de l’alimentation en eau potable avancée à midi au lieu de 14h. Les villages de Bandrélé, Chirongui, Chiconi, Ouangani, Ironi-Bé, Kani-Bé, Miréréni (Chirongui), Moinatrindri Bas, Musicale Plage (Bandrélé), M’zouazia et Tsararano sont dans ce cas.
A l’inverse, un report de l’ouverture à 17h a été décidé pour le secteur 1, dans tout le sud de Mayotte : Bambo Est, Bambo Ouest, Barakani (Ouangani), Coconi, Hagnoundrou, Iloni, M’bouanatsa, M’ramadoudou, Nyambadao, Poroani, Sohoa, ainsi que les villages de Dembéni et Kani-Kéli.
Estelle Youssouffa règle ses comptes avec La France insoumise
Présent la semaine dernière à Mayotte, Sacha Houlié défendait sa proposition de loi contre les ingérences étrangères, ce mardi après-midi, à l’Assemblée nationale. Le texte, qui vise à sensibiliser davantage les décideurs publics, les entreprises et les milieux académiques aux questions de sécurité, a fait l’objet d’une intervention forte d’Estelle Youssouffa. Favorable à cette loi dont le vote n’est pas terminé, la députée de la première circonscription de Mayotte s’en est prise à La France insoumise qui s’y opposait allant même jusqu’à déposer une motion de rejet (finalement elle-même rejetée à 182 voix contre 34). « Ce texte scélérat vise à aggraver la surveillance généralisée et la destruction des libertés publiques et individuelles », a estimé Bastien Lachaud. Le député LFI, qui a présenté la motion, a demandé que la France, notamment ses données ou son économie soient protégées autant des États-Unis que de la Russie ou la Chine. Antoine Léaument, autre député du groupe Nupes, s’inquiète d’une « surveillance algorithmique partout ».
« Non seulement nous avons besoin, mais nous attendons avec impatience la mise en application de cette loi », a défendu Estelle Youssouffa, du groupe Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires). Alors qu’elle alerte sur les velléités comoriennes et l’aide qui est apportée en ce sens par la Russie au pays voisin, la députée mahoraise a ajouté que LFI fait le jeu des Comores en s’opposant à l’opération Wuambushu ou la loi Immigration ou intégration, accusant les membres du parti de gauche « d’être contre Mayotte » et d’être « les idiots utiles de pays qui font de l’ingérence et déstabilise la France ». Elle s’en est prise au passage à Jean-Hugues Ratenon, le député réunionnais LFI. « Il s’est lancé maintenant dans une politique de mahophobie et un discours de haine contre les Mahorais et les Mahoraises à La Réunion. »
Les pêcheurs du nord de Mayotte appelés à se réunir vendredi
La communauté d’agglomération du Grand nord de Mayotte (CAGNM) informe que les pêcheurs des communes de Koungou, Bandraboua, M’tsamboro et Acoua souhaitant se professionnaliser dans la filière pêche sont conviés à une réunion préparatoire à la formation des pêcheurs du Grand nord de Mayotte. Celle-ci a lieu, ce vendredi 29 mars, à 9h, dans la salle de délibération de la CAGNM, à Bouyouni. Les participants sont priés de se munir de leurs pièces d’identité (carte, passeport ou titre de séjour) en cours de validité au moins jusqu’au 31 décembre 2024, ainsi que les différents titres professionnels de pêche déjà obtenus. Plus d’informations sont disponibles sur la page Facebook « Communauté d’Agglomération du Grand Nord de Mayotte ».
Le marché agricole est à Kani-Kéli ce samedi
Le prochain marché agricole et d’artisanat du Sud aura lieu ce samedi 30 mars à Kani-Kéli, de 8 heures à 13 heures, entre l’école La Rose et les jardins. Organisé par la Communauté́ de Communes du Sud (CCSud) et les communes de Bandrélé, Bouéni, Chirongui, et Kani-Kéli, ce marché a pour but de valoriser les producteurs et artisans du territoire. De nombreux exposants et produits locaux sont prévus, ainsi que des objets d’artisanat et de la restauration traditionnelle sur place. Les prochains marchés auront ensuite lieu le 27 avril à Chirongui, le 25 mai à Bouéni et le 29 juin à Bandrélé. Pour plus d’informations, il est possible de se rendre sur la page Facebook de la CCSud (@ccsud.mayotte), ou d’écrire un mail à l’adresse du Service Développement des Activités Economiques à economie@ccsud.yt.
Le livre « Répliques, Mayotte en république » est désormais disponible
Le nouveau livre de Franck Tomps, « Répliques, Mayotte en république », qui présente des photographies prises par l’artiste à Mayotte, est disponible aux éditions Loco et donc en librairie depuis la semaine dernière. Ce livre de près de 200 pages dépeint la société mahoraise, et questionne l’effectivité de son intégration à la République depuis la départementalisation. En décembre 2023, le photographe avait lancé une campagne de financement participatif pour soutenir ce projet, lors de laquelle il était possible de précommander le livre. « J’ai voulu raconter, à travers l’image, ce territoire de la République en devenir », nous confiait l’auteur en janvier, avant la publication.
Une cellule d’écoute pour les seniors à Ouangani
Le Centre communal d’action sociale (CCAS) de Ouangani propose depuis une semaine une cellule d’écoute téléphonique dédiées aux personnes âgées à travers le dispositif « Écoute senioré. L’objectif est d’apporter un soutien aux personnes concernées qui pourraient se sentir isolées. Les échanges sont confidentiels et le lien avec des travailleurs sociaux peut être fait rapidement pour un accompagnement adapté. Des interventions peuvent également être effectuées pour des courses, balades, tenir compagnie, prendre des rendez-vous ou des déplacements importants. Le numéro à joindre est le 06 39 67 40 56.
Wuambushu 2 : Les élus mis dans la confidence des premiers détails

Avant le commencement de l’opération Wuambushu 2, dans trois semaines, les maires et élus départementaux de Mayotte ont eu droit de connaître les contours du dispositif qui sera mis en place. Fidèle à sa promesse, le préfet François-Xavier Bieuville les a rencontrés, ce mercredi matin, dans la salle du conseil municipal de Mamoudzou.
VIDEO. Une matinée à veiller sur la flore de l’îlot Mbouzi

Chaque année, en saison des pluies, l’équipe de la réserve naturelle nationale de l’îlot Mbouzi mène une opération de suivi des espèces patrimoniales. Il s’agit des micro-inventaires généralisés, qui permettent de veiller à ce que ces plantes rares et menacées soient préservées à Mayotte. Nous avons suivi l’équipe à travers l’îlot, lors d’une des dernières matinées d’observation.
« Ça, c’est du Cremocarpon boivinianum, c’est très rare, on en compte seulement deux stations en Grande-Terre et quatre sur l’îlot Mbouzi, et ce seraient les seules de la planète. » C’est ainsi que Nicolas Gommichon, un des gardes gestionnaires de la réserve naturelle nationale de l’îlot Mbouzi, décrit une plante que nous apercevons sur un des flancs du sommet de l’îlet. L’équipe des Naturalistes, qui a la gestion de la réserve, effectue ce mardi matin une des dernières journées de micro-inventaire généralisé (MIG). En botanique, il s’agit d’un type de suivi « personnalisé » des différentes espèces de plantes. Sur la réserve, il s’agit d’observer les espèces patrimoniales de Mbouzi afin de les préserver.
Levés pour être à 5 heures au ponton de Mamoudzou, Nicolas Gommichon, l’autre garde présent ce jour, Anrif Hamidou, ainsi que le conservateur de la réserve, Louis Maigné, ont arpenté l’îlot jusqu’à 12h30 de station en station. Chacune d’elle est numérotée et correspond à une espèce de plante, généralement rare et menacée, et qui peut être retrouvée grâce à un point GPS répertorié dans une application. « On va compter le nombre d’individus de l’espèce pour chaque station, voir si elle est toujours vivante ou encore si elle subit des menaces », indique Anrif Hamidou, alors qu’il compte le nombre d’Actiniopteris dimorpha qui ont peuplé un des rochers de l’îlot, afin de voir si leur population a crû ou régressé.
Plusieurs menaces
Les principales menaces sont le piétinement, les chutes de pierre, mais aussi les rats, qui sont entre 3.500 et 7.700 selon si la saison est sèche ou humide, et s’attaquent aux plantes ainsi qu’aux graines, et les autres espèces exotiques envahissantes (EEE), comme le Lantana Camara, qui a envahi entre 5 et 20 hectares sur les 80 que fait l’îlot. Les EEE sont des espèces importées dans un écosystème qui n’est pas le leur et dont la prolifération met en danger l’existence des espèces endémiques (natives) du lieu.
Les MIG sont réalisés pendant la saison des pluies, car sinon, certaines plantes ne seraient pas écloses. Sur le terrain depuis trois semaines, l’équipe de la réserve est pressée de finir, le début de l’opération ayant été retardé par les barrages. En tout, l’îlot abrite 218 stations, dont certaines sont suivies chaque année. « On suit chaque espèce tous les ans ou deux ans, en fonction de son type de croissance », indique Louis Maigné.
En se faufilant entre les branches des arbustes et en haut des pentes rocheuses, guidé par les GPS de l’équipe qui salue une couleuvre de Mayotte sur son passage, on croise l’orchidée Nervilia kotschyi, la fleur Begonia nossibea, la vanille de Humblot, ainsi que le fameux et très rare Cremocarpon boivinianum. « Sur les stations de Cremocarpon présentes naturellement sur l’îlot, on constate une augmentation de la population. C’est une nouvelle incroyable pour nous et à l’échelle de Mayotte », commente Nicolas Gommichon.
Des espèces presque disparues
Mais les gardiens de la réserve ne veillent pas que sur les espèces incluses dans les MIG. Un œil attentif est également gardé pour Acalypha mayottensis, une petite fleur d’un millimètre de large, dont l’espèce était inconnue avant sa découverte sur l’îlot en 2017.
Après avoir recensé les dernières données pour Begonia nossibea, il est temps de retrouver le bateau, qui a bien failli ne pas amarrer en début de matinée à cause de la forte houle et du vent. Mais il était important de braver la météo, si l’on en croit Louis Maigné : « Les suivis MIG sont très importants pour la réserve. Cette dernière, créée pour conserver la forêt d’ébènes des Comores, renferme des espèces rares à Mayotte, voire quasiment disparues de Grande-Terre et dont il reste uniquement deux, trois, quatre, quinze individus sur l’îlot. Les MIG permettent donc de préserver ce patrimoine naturel ».
L’envie d’apprendre à Kaja Kaona au lieu « de se faire gazer »

L’insertion professionnelle est le mot d’ordre de l’association Kaja Kaona, implantée à Tsoundzou 1. Environ 350 jeunes de différents quartiers convergent ainsi vers l’emploi. Avec pour moteur, apprendre de nouveaux métiers et transmettre le savoir. Mais aussi pour principal frein, la santé mentale.
« D’habitude, ça fourmille ici », lance Aurore Neel, présidente de l’association Kaja Kaona, dans un local désormais trop petit pour suivre les quelque 350 jeunes accompagnés. Tous âgés entre 15 à 30 ans. Mais même en période de blocages et, donc, de pénurie de personnel, la structure d’aide à l’insertion professionnelle affiche portes ouvertes, ce mercredi 31 janvier, comme tous les jours de la semaine entre 8 heures et 17 heures. Dans les hauteurs de Tsoundzou 1, deux maisons se font face avec une cour au milieu. Chacune, consacrée à ses activités.
« Allô ? Tu en es où toi ? Est-ce que tu es parti à la mission locale ? », questionne par téléphone la conseillère d’insertion professionnelle bloquée chez elle par les barrages. « Non, j’irai demain ou vendredi », répond un premier bénéficiaire en contrat d’engagement jeune (Cieg, ex-garantie jeune). Un dispositif national qui permet un soutien financier en échange d’une démarche rigoureuse vers l’emploi ou une formation. Chacun de ces jeunes, soit une partie seulement de tous ceux qui sont suivis, tient d’ailleurs un carnet dans lequel ils inscrivent leurs activités du jour. Après ce point avec la conseillère, direction le cours de conduite sur scooter donné par un référent pour lever un des freins à l’emploi : la mobilité.
Une demande des jeunes
« On n’est pas là à traîner et se faire gazer pour rien. Ici, on fait des connaissances, des activités. J’ai envie d’apprendre de nouveaux métiers », détaille Faiydine, 23 ans. Mohamed Ali, « comme le boxeur », explique, lui, avoir cherché longtemps un travail : « On me dit qu’on va m’appeler et puis finalement rien. J’ai envoyé beaucoup de dossiers dans tous les domaines où on voudrait bien me prendre », avance, du haut de ses vingt ans, celui qui souhaite devenir chauffeur poids lourds ou maître-chien. Tous deux suspectent que le fait d’être identifiés comme un jeune de Tsoundzou 1 freine les employeurs.
Ce sont pourtant des jeunes de Tsoundzou 1, âgés entre 15 et 25 ans, qui sont à l’initiative de cette association. En 2016, ils s’étaient réunis proche de la maison d’Aurore Neel pour trouver une solution à l’inactivité. Deux ans plus tôt, l’usine de Kwalé, pourvoyeuse d’emplois, fermait. « On a constaté qu’ils avaient tous des compétences, mais pas de cadre pour les exploiter », détaille la présidente qui a créé, avec d’autres personnes pouvant apporter leur expérience professionnelle, la structure en 2017. Depuis l’acquisition de ce local en 2019, l’association est passée d’un salarié, soit un jeune présent depuis le départ qui a passé le brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (Bafa), à trente salariés en 2024. Seize d’entre eux sont en contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI) d’un an renouvelable pour accéder ensuite à un emploi durable. Ils interviennent dans deux chantiers d’insertion : dans le domaine du maraîchage, pépinière sur un terrain, à Kwalé, depuis 2023, ou celui de la construction, menuiserie.
L’épanouissement dans la transmission
« Le métier d’agriculteur intéresse les jeunes », avance Yssouf Nair, encadrant technique, formé à la permaculture, pour huit salariés en insertion. Selon lui, l’argument économique fonctionne bien : en cultivant, « inutile d’aller acheter des produits avec des pesticides ». La pépinière de Kwalé sert de base de travail, elle complète le potager et l’arrière-cour de la maison principale, fournis en plantes médicinales, avocatiers, moringa… Des ateliers dits « mobilisateurs » s’y déroulent aussi, à la façon des autres ateliers d’artisanat pour construire des tasses en noix de coco, des ustensiles de cuisine en bambou, des lampes… Pas besoin d’inscription, juste d’être présent à 9 heures. La nourriture collectée par les apprenants le matin est ensuite donnée aux jeunes qui cuisinent pour tous les participants. Plus de 4.500 repas ont ainsi été servis en 2023.
L’atelier menuiserie est animé par Fataoui Abdillah, 26 ans, un des membres fondateurs embauché par l’association. Avec des planches de la scierie de Coconi, les usagers construisent des tables, des chaises… Ils ont réalisé tout le mobilier du local. Là, deux bénéficiaires apprennent à découper des lattes en bambou, qui a trempé plusieurs semaines dans de l’eau salée. « Je suis épanoui », explique celui qui a le goût de la transmission. « Je forme presque tous les jours une quinzaine de bénéficiaires issus de Tsoundzou 1, 2, Vahibé, même Bandrélé », indique-t-il. Passamaïnty normalement mais depuis des tensions avec les jeunes de Tsoundzou, ceux-là hésitent à venir. « Je vais parfois les chercher. Mais en ce moment, ils ne veulent plus. » Même démarche pour Faiydine rencontré plus tôt qui invite les autres jeunes de Tsoundzou à venir.
« Un gros travail à faire sur la confiance en soi »
Aurore Neel estime qu’il y a environ 80 % de réussites, c’est-à-dire de bénéficiaires qui décrochent finalement un emploi. Mais c’est une mission qui peut difficilement se quantifier, précise la présidente. « Parfois, un jeune va décider ne plus venir et revenir six mois plus tard », pointe-t-elle.
Le principal frein à l’emploi, d’après elle, est la santé mentale, telle que des dépressions. « Il y a un gros travail à faire sur la confiance en soi. Arriver à leur faire prendre conscience qu’ils sont capables. Beaucoup d’entre eux par exemple ont un traumatisme dans l’apprentissage. Ils parlent très bien le français, mais ne savent pas écrire. Même des jeunes nés à Mayotte et scolarisés ici jusqu’au brevet voire le baccalauréat, parfois considérés dans les dossiers comme des primo-arrivants », dénonce-t-elle.
La tâche est d’autant plus complexe que la structure ne compte aucun psychologue malgré les recherches effectuées. Hors les murs, « il y a des résidences d’accueil mais pas d’appartement thérapeutique ». La différence est que les jeunes en « décompression » ne sont pas pris en charge pour la sûreté de tous les résidents. « À Mayotte, il n’y a pas de solution pour ceux qui ne sont pas stabilisés. » Et les employeurs, tenus à compter de vingt salariés d’employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 5 % à Mayotte, selon la loi, « préfèrent engager des jeunes atteints de handicap moteur plutôt que des jeunes atteints de maladies psychiques », renseigne-t-elle.
« Les besoins sont infinis », pose Aurore Neel. « C’est un travail fatiguant qui demande beaucoup de motivation. » L’heure est désormais à la stabilisation de l’activité pour ne pas « éreinter les équipes » ni imploser pour se concentrer sur les projets déjà entamés. Ou en attente… Comme la réfection de la friche industrielle de Kwalé qui pourrait, plusieurs années après la fermeture de l’usine, recréer de l’emploi. Priorité aux jeunes cette fois.
Un restaurant, des logements ou une crèche
Elle est dans le viseur de l’association depuis le début : la friche industrielle de 5.000 mètres carrés à Kwalé et son bâti. Plusieurs plans, ébauches de ce qu’ils pourraient devenir, sont placardés aux murs du bureau dans le local de Kaja Kaona. En mars 2020, deux étudiants architectes, bloqués trois mois pendant la crise du Covid-19, ont d’ailleurs travaillé, avec les jeunes, sur l’endroit pour leur projet de fin d’étude. Plus aucune activité n’y a ensuite été réalisée : le manque de concret démotive et frustre.
Mais si la question du foncier reste à régler, les idées ne manquent pas : y implanter une activité d’écovillage avec les mêmes ateliers qu’au local mais tout « en plus gros », y inclure un restaurant pour faire travailler les bénéficiaires, une bibliothèque qui serait plus grande que celle du local, où DVD et livres peuvent être prêtés… Mais aussi des logements d’insertion et une crèche pour les familles. Car, explique la présidente, « les jeunes femmes avec enfants n’ont pas de moyen de garde. C’est un frein à l’emploi et c’est aussi un moyen de lutter contre l’isolement car sinon, elles restent à maison ». À suivre.
Risques naturels : Pas de risque aigu, mais beaucoup d’aléas qui peuvent arriver

Une mission d’enquête parlementaire sur les risques naturels en Outremer s’est déplacée à Mayotte ces derniers jours. Présidée par Mansour Kamardine, le député de la deuxième circonscription mahoraise, celle-ci s’est rendue en Petite-Terre sur le site du Petit Moya, à Pamandzi, ce mercredi matin. Guillaume Vuilletet, député du Val-d’Oise et rapporteur de la mission, a tenu un point de presse dans les jardins du conseil départemental de Mayotte, à Mamoudzou, avant de se rendre sur l’île de La Réunion.

Flash Infos : Dans quel cadre s’inscrit cette mission d’enquête parlementaire que vous venez d’effectuer à Mayotte au cours de ces deux derniers jours ?
Guillaume Vuilletet : La question est de savoir est-ce que la France est prête à assumer les risques naturels dans ses territoires ultramarins ? Ont-ils été identifiés ? On le voit dans le cas du volcan sous-marin à Mayotte, parfois les risques ne sont pas connus. On nous dit le réchauffement climatique n’a pas tendance à multiplier les aléas ou catastrophes mais plutôt leur intensité. Tout cela demande que nous ayons une action publique en matière de prévention. Il faut s’assurer de disposer des outils de prévention, ça sous-entend les normes de construction, les plans de risques naturels, voir s’ils sont à jour, définir si on peut ou pas construire, vérifier s’il existe des plans orsec (d’urgence polyvalent français de gestion de crise] permettant de gérer des aléas. Nous sommes venus à Mayotte parce que nous estimons qu’il y a ici un cumul de risques : sismiques et volcaniques, et d’augmentation du niveau général des eaux, avec l’érosion du trait de côtes. À Bouéni, on a vu des fissures dans les maisons qui peuvent être larges comme la main. Alors, serions-nous capables de gérer un évènement ? Sommes-nous capables de trouver des lieux de refuge sûrs pour abriter la population ? Sommes-nous capables de garantir un approvisionnement en biens essentiels ? Et quels sont les dispositifs qui nous permettent d’aller vers la résilience ? Ça veut dire comment faire pour que la vie reprenne normalement aussi vite que possible ? Est-ce que l’État est au rendez-vous ? Les collectivités locales sont-elles prêtes ? Est-ce qu’on a tous accès aux fonds de catastrophes naturelles, des fonds Barnier qui permettent de récupérer de l’argent pour les institutions publiques et les particuliers ? Et est-ce que les gens peuvent être indemnisés s’ils subissent des dégâts ? Ici, l’assurance habitation n’est pas forcément un réflexe.
F.I. : Comment s’y prendre pour faire face à un évènement de ce type ?
G.V. : Il faut sans doute accélérer et donner l’ingénierie nécessaire pour la révision des plans de prévention afin qu’ils prennent en compte la réalité, y compris une très spécifique qui est celle de l’habitat informel. Il y a un travail à faire sur le fait d’inciter les habitants, et peut-être même, c’est à voir, les collectivités, à s’assurer, afin d’avoir accès à des fonds d’indemnisation et de soutien. Je pense en particulier aux fonds de catastrophes naturelles. Et peut-être y a-t-il un petit peu de dispositif public à mettre en œuvre pour pouvoir faire cela. Je pense sur le trait de côte qui est un des risques majeurs avec le glissement de terrain dans de nombreux rivages. Il faut agir sans doute assez vite et avec une coordination sans doute plus forte, plus accompagnée par l’État pour faire en sorte que tout le monde se coordonne dans le département. Évidemment dans une collectivité comme celle de Mayotte où le Département cumule ses pouvoirs avec ceux de la région, c’est un outil central pour mener à bien ces politiques. Il faut donc mettre tout le monde autour de la table pour le faire.
F.I. : Au regard de vos visites sur les autres territoires ultramarins, pourriez-vous nous dire s’il existe des similitudes avec Mayotte ?
G.V. : Chaque territoire est spécifique. Oui, un cyclone reste un cyclone, nous sommes bien d’accord là-dessus. Maintenant, comment les territoires peuvent réagir face à ce type d’aléas ou d’évènements, ce n’est pas la même chose. Lorsque Saint-Martin a été frappé par « Irma », 95 % des habitations ont été touchées. À Saint-Barthélemy qui est à quelques encablures de là, la réalité a été totalement différente. Le trajet du cyclone n’avait pas été le même et parce que ce n’était pas la même réalité sociale. Chaque territoire mérite une analyse, que la collectivité nationale et locale participe à ce diagnostic puisqu’il existe déjà des dispositifs de prévention et d’accompagnement sur place qu’il faut réviser et actualiser régulièrement. Cela demande un peu de d’argent, mais sur les 10 dernières années, le cas du cyclone Irma, par exemple, a coûté 3 milliards d’euros. Donc on y gagnera en efficacité et en économie réalisé dans la réactualisation de ces dispositifs.
F.I. : Mayotte est-elle plus exposée que d’autres territoires Outremer aux aléas climatiques ?
G.V. : Oui, parce qu’ils sont plus placés sur le trajet des cyclones. Dans le cas de Mayotte, ce n’est pas tant qu’il y a un risque aigu sur tel ou tel sujet, mais c’est qu’il y a plus de risques et différents aléas qui peuvent arriver. Le territoire a des fragilités malheureusement, dont par exemple, celui de l’immigration illégale. Quand on a une sécheresse, la deuxième en six ans, 2016-2022, qui impacte significativement la ressource en eau, il y aurait pu y avoir une résilience. Mais les équilibres sont tellement précaires du fait des problèmes d’insécurité et d’immigration illégale que tout bascule. Donc, ce n’est pas tant le risque naturel en tant que tel qui importe mais c’est aussi ce risque dans une réalité locale, sociale, environnementale et économique qui fait qu’on peut absorber tout le monde. Le préfet de l’île nous disait hier qu’il y avait un plan de 800 millions d’euros sur la recherche en eau pour les années à venir dont quasiment un tiers va être assumé par l’État (N.D.L.R : dans le cas du contrat de progrès).
F.I. : Quelle est la suite de cette mission ?
G.V. : Nous sommes dans une commission d’enquête, ça veut dire que c’est une résolution qui a été votée par le Parlement lequel voulait absolument avoir des réponses par rapport à la gestion des risques naturels Outremer. Les règles de l’Assemblée font que nous avons 6 mois entre le vote de cette résolution et le moment où nous devons rendre un rapport, donc en réalité, avant la fin de la cession. Nous allons terminer nos auditions, elles ont duré des dizaines d’heures, à un rythme très soutenu, les rédiger et les corriger, avant un vote que j’espère évidemment positif peut-être vers début juin. Il semblerait qu’entre 2019 et 2021, dans la foulée du cyclone Irma, lorsqu’il y avait un délégué interministériel aux risques naturels outremer, il y a en préparation un projet de loi en ce sens. La crise sanitaire a fait que les choses sont passées un peu au second plan, sans vouloir anticiper, il me paraît très bien qu’ils ressortent ce document des tiroirs et qu’ils fassent travailler le Parlement sur ces questions-là.
GIP Europe : « Les fonds européens ne devraient pas faire peur aux entrepreneurs »

Les fonds européens de la programmation 2021-2027 sont désormais accessibles et ne demande qu’à être consommée. L’enjeu est de taille, alors que la programmation précédente (2014-2020) a connu des difficultés* (voir encadré), la nouvelle enveloppe est plus grande pour Mayotte. Le Feder (Fonds européen de développement régional) par exemple, est réhaussé à hauteur de 332,3 millions d’euros, contre 254 millions d’euros la dernière fois. Le directeur par intérim du GIP L’Europe à Mayotte, Adrachi Velou, liste ce qui peut intéresser les porteurs de projet mahorais.

Flash Infos : Mayotte rentre dans une nouvelle phase au sujet des fonds européens avec la nouvelle programmation (2021-2027). Quand celle-ci va être lancée ?
Adrachi Velou : On a déjà lancé les appels à projet depuis fin 2023. Il y a déjà des dossiers déposés.
F.I. : Quelles nouvelles thématiques du Feder peuvent intéresser les porteurs de projets mahorais ?
A.V. : Il y a la mobilité multimodale (N.D.L.R. qui combine plusieurs moyens de transport) ou durable. Le projet Caribus porté par la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou en fait partie par exemple. Il y a aussi la thématique de la recherche, de l’innovation et du numérique. On a également tout ce qui est eau, assainissement, biodiversité, environnement, climat et énergie. Comme vous le savez, la Commission européenne va s’attacher à la mise en œuvre du Pacte vert (N.D.L.R. en vue d’obtenir la neutralité climatique en 2050), donc tout ce qui touche l’environnement, le climat, mais aussi la réduction des énergies fossiles en font partie. Il ne faut pas oublier qu’on utilise les fonds en tant qu’outils financiers pour atteindre les objectifs fixés par l’Union Européenne dans les différentes politiques.
F.I. : Qu’est-ce qu’il y a d’autres ?
A.V. : On a également tout ce qui est infrastructures. Par contre, cela reste limité à quelques volets comme la santé. Il ne faut pas oublier les ports qui font partie de la mobilité, tout comme l’aéroport (N.D.L.R. la Piste longue fait partie des objectifs ciblés de la nouvelle programmation). D’ailleurs, c’est une dérogation accordée aux RUP. Depuis la programmation 2014-2020, l’Europe avait décidé d’arrêter de financer de nouveaux aéroports.
F.I. : Et pour le Fonds social européen (FSE+) ?
A.V. : Il y a l’insertion par l’emploi, notamment pour les jeunes. Le FSE+ sert plus aux personnes fragiles, pour des projets d’accompagnement, des dispositifs, des réseaux pour des demandeurs d’emploi, la mutation économique. Je pense aussi au public marginalisé, le décrochage scolaire, la lutte contre la pauvreté ou tout ce qui est économie sociale et solidaire (ESS). Il y a aussi un volet mobilité dans le FSE, qui peut servir aux étudiants qui font une formation en métropole par exemple.
F.I. : Jusqu’à quel point une subvention européenne peut financer un projet ?
A.V. : Les fonds européens ne financent pas tout, ils n’ont pas vocation à se substituer aux financements nationaux. Mais de manière générale, dans les RUP, le taux de financement maximum est de 85%. Pour les entreprises, au niveau de Mayotte, le régime d’aide d’État permet à des grandes entreprises d’arriver à 70 %, des moyennes entreprises à 80 % et des petites entreprises à 90 % si on cumule toutes les aides publiques, pas qu’européennes.
F.I. : Les démarches liées au montage des dossiers peuvent en décourager certains. Comment le GIP L’Europe à Mayotte peut les aider ?
A.V. : Non, les fonds européens ne devraient pas faire peur aux entrepreneurs. D’autant plus, avec le GIPEAM, on a un pôle animation d’environ huit personnes pour les accompagner. Depuis deux ans, on a fait un travail de vulgarisation. On a organisé des ateliers, sur les procédures de montage jusqu’aux demandes de remboursement. On a lancé des webinaires, on a aussi une page Facebook et LinkedIn et un site internet qui vient d’être refait (europe-a-mayotte.yt). Je conseille de passer par les animateurs, car je le rappelle, le projet doit rentrer dans les objectifs européens. Il y a beaucoup de rigueur, parce que ce sont les fonds européens. Mais je ne trouve pas que ce soit compliqué.
F.I. : A l’inverse, quels pièges sont à éviter pour la construction d’un dossier solide ?
A.V. : Il suffit d’être organisé, de faire du reporting et de l’archivage. Il faut s’assurer que tout ce qui est dépensé l’est bien pour l’opération financée. Il faut qu’on voie les devis, les factures, les bons de commande, les bons de livraison. Quand il y a une demande de paiement solde, on fait des visites sur place pour regarder si tout est conforme (dossiers administratifs, réalisation physique). Souvent, les porteurs pensent que les fonds européens peuvent tout financer. Alors que non, il y a une convention avec les dépenses éligibles bien identifiées. Le fonds européen ne vient pas financer le fonctionnement de votre entreprise. Le travail des instructeurs est de vérifier si la dépense a bien un lien avec l’opération concernée. Si ce n’est pas le cas, on écarte. Ça peut arriver avec le FSE, des entreprises engagent cinq personnes pour travailler sur l’opération. Et en fait, les cinq ne travaillent pas à plein-temps dessus, mais qu’en partie (les fonctions supports sont écartées). Il y a aussi un volet communication à respecter avec la mention sur votre site internet que c’est un projet financé par les fonds européens et une plaque à afficher.
F.I. : On l’a vu par le passé, des problèmes ont pu subvenir dans la gestion des fonds européens (voir encadré). Comment le GIP l’Europe à Mayotte compte instaurer la confiance auprès de la Commission européenne pour la nouvelle programmation ?
A.V. : La confiance est instaurée depuis la création du GIP. Le dernier audit a confirmé l’organisation mise en place.
F.I. : Est-ce que vous faites l’objet d’un contrôle plus rigoureux de la part de Bruxelles depuis ?
A.V. : L’Europe, c’est là où il y a le plus de contrôles. On vérifie tout. Ça commence ici, au premier niveau, puis après, il y a l’autorité de gestion (N.D.L.R. préfecture de Mayotte ou Département). Après, il y a la DRFIP (direction régionale des finances publiques), puis l’autorité d’audit et enfin la cour des comptes à Bruxelles. Mais c’est comme ça dans toutes les régions. On ne peut pas faire appel aux fonds européens si on ne veut pas de contrôles.
*Sollicitée, la préfecture de Mayotte n’a pas fourni de réponses sur la programmation 2014-2020, notamment où en était la consommation des fonds.
Des enveloppes multiples
Les porteurs de projet mahorais n’ont pas que le Feder (332,3 millions d’euros) et le FSE (106,9 millions d’euros) comme sources possibles de financement. L’Interreg Canal du Mozambique est mis en place pour des projets permettant de rayonner à l’échelle régionale. Doté d’une enveloppe de 10,3 millions d’euros, il est sous l’autorité de gestion assurée par le conseil départemental de Mayotte, au contraire des deux autres. A vocation régionale aussi, l’Interreg océan Indien (62,2 millions d’euros) est géré par la région Réunion depuis 2000. « Il n’y en a pas beaucoup de projets à l’échelle régionale mahorais dans le cadre du programme Interreg océan Indien », concède Adrachi Velou, qui cite tout de même un dispositif de la Cress (Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire) à cheval sur Mayotte et Madagascar ou un autre de la Croix-Rouge dans le domaine de la prévention des risques.
Des paiements revenus en mars 2023
Le GIP L’Europe à Mayotte a pris la suite en 2021 de la préfecture pour l’accompagnement et l’instruction des dossiers relatifs aux projets pouvant bénéficier de fonds européens. La situation était alors critique puisque des irrégularités dans l’instruction des dossiers avaient été constatées par la Commission européenne sur la période 2017-2019. L’Europe avait alors pris la mesure exceptionnelle d’arrêter les paiements. Fautif, l’État avait alors avancé les fonds (remboursés depuis) en attendant un retour à la normale. Ce qui est finalement arrivé grâce au dernier audit en 2022, confirmant une amélioration grâce au GIP L’Europe à Mayotte. La décision est tombée en mars 2023 et avait été saluée par la préfecture, occultant le climat délétère à l’époque.
Car la même année, le conflit entre une bonne partie du GIP L’Europe à Mayotte et la préfecture de Mayotte (l’autorité de gestion) avait débouché sur le départ d’Ali Soula, le directeur de la jeune structure. Une éviction qui posait question alors que Mayotte accusait un grave retard dans la consommation de son enveloppe, et que celle de 2021-2027 augmente sensiblement.
Des coupures d’eau en raison d’un problème à l’usine d’Ourouvéni
Le sud de Grande-Terre va connaître un décalage des horaires des tours d’eau, ce mercredi. La Société mahoraise des eaux (SMAE) a en effet connu « un incident technique », au cours de la nuit de mardi à mercredi, sur son usine de potabilisation de l’Ourouveni. Les villages faisant partie du secteur 2 voient l’interruption de l’alimentation en eau potable avancée à midi au lieu de 14h. Les villages de Bandrélé, Chirongui, Chiconi, Ouangani, Ironi-Bé, Kani-Bé, Miréréni (Chirongui), Moinatrindri Bas, Musicale Plage (Bandrélé), M’zouazia et Tsararano sont dans ce cas.
A l’inverse, un report de l’ouverture à 17h a été décidé pour le secteur 1, dans tout le sud de Mayotte : Bambo Est, Bambo Ouest, Barakani (Ouangani), Coconi, Hagnoundrou, Iloni, M’bouanatsa, M’ramadoudou, Nyambadao, Poroani, Sohoa, ainsi que les villages de Dembéni et Kani-Kéli.