Saison cyclonique 2022-2023 : « Ne pas se faire peur, mais se tenir prêt ! »

La préfecture de Mayotte organisait, ce mercredi, à Dzaoudzi une conférence de presse pour « l’ouverture de la saison cyclonique 2022-2023 », en présence d’Emmanuel Cloppet – directeur interrégional Météo France pour l’océan Indien – et de Floriane Ben Hassen, responsable de centre météorologique de Mayotte, qui a pris ses fonctions récemment. L’occasion de faire le bilan de la saison cyclonique passée, d’établir les prévisions pour celle que nous entamons, et de rappeler les bons comportements à adopter lors du passage d’un cyclone.

3, 2, 1… Top départ ! La saison cyclonique est lancée – du moins, officiellement – suite à la conférence de presse tenue ce mercredi 21 décembre par la préfecture de Mayotte à la case Rocher en Petite-Terre. Devant une assemblée bien garnie de responsables et élus locaux, Emmanuel Cloppet, directeur interrégional Météo-France océan Indien, a tout d’abord tiré le bilan d’une saison cyclonique 2021-2022 « atypique » à bien des égards. En effet, elle fut « la plus tardive jamais observée dans le bassin de l’océan Indien », avec un premier phénomène observé seulement fin janvier. Puis, tout s’est accéléré : neuf tempêtes et cyclones en un mois et demi : « du jamais vu ! ». Au total, treize tempêtes – dont cinq ayant atteint le stade de cyclone – ont été recensées sur la saison. Deux ont provoqué le déclenchement d’une « alerte rouge » à la Réunion, qui n’en avait plus connu depuis huit ans. Madagascar à, quant à elle, été frappée par six systèmes dépressionnaires ; là aussi, un record.

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Emmanuel Cloppet dresse le bilan de l’activité cyclonique sur la saison 2021-2022.

« Ces événements sont-ils les premiers signes d’une tendance de fond ?», s’interrogent ouvertement les conférenciers, en abordant le sujet du changement climatique et de son influence sur les phénomènes cycloniques. Les projections suggèrent « une augmentation de la fréquence des cyclones les plus intenses », expliquée notamment par l’augmentation de la température de la mer – carburant principal de ces phénomènes. Résultat : « un renforcement marqué du risque cyclonique sur la partie Nord du Canal du Mozambique » dans les prochaines décennies. Gare à nous donc !

Une saison calme à prévoir

Pour autant, les prévisions pour la saison 2022-2023 dans le bassin de l’océan Indien se veulent relativement clémentes. Météo-France prévoit une activité réduite dans l’ouest du bassin (comprenez : dans notre zone), avec un risque « très faible » pour la première partie de la saison. Les experts estiment que l’activité cyclonique se recentrera sur les zones habitées courant janvier. « Nous devons rester mobilisés et attentifs. Le risque va aller crescendo. Ce n’est pas parce que c’est extrêmement calme pour l’instant, que l’on sera tranquille toute la saison », prévient Emmanuel Cloppet. Par ailleurs, ces prévisions, établies à l’échelle de la région océan Indien, ne doivent pas être surinterprétées à l’échelle d’un territoire comme Mayotte. « Attention au faux sentiment de sécurité. Un événement tel que Kamisy (N.D.L.R. dernier cyclone à avoir directement frappé Mayotte, en 1984) aurait un impact sans commune mesure avec ce qui avait été observé à l’époque ! », renchérit le directeur.

Et il faut dire que Mayotte s’en est bien sortie ces dernières années. L’île a été quadrillée de part en part par les systèmes dépressionnaires : en 2014, Hellen était passé à 160 kilomètres au sud-ouest de Mayotte, Kenneth à 180 kilomètres au Nord en 2018, tandis qu’en 2019, Belna nous avait miraculeusement épargnés en changeant sa trajectoire à l’approche de l’île.

« Le but n’est pas de se faire peur mais se tenir prêt ! La question n’est pas de savoir si, mais quand un cyclone nous frappera », appuie Emmanuel Cloppet. Or, le territoire est particulièrement vulnérable, en raison notamment de son habitat précaire. « Les glissements de terrain sont les phénomènes qui ont causé le plus de morts à Mayotte », rappelle Floriane Ben Hassen, responsable du centre météorologique de Mayotte.

Un nouveau dispositif d’alerte opérant à Mayotte

Le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, a profité de la conférence pour présenter un nouveau dispositif d’alerte opérant à Mayotte. FR Alert vise à informer sur la nature d’une menace imminente via une notification envoyée sur tous les téléphones localisés dans la zone de danger identifiée. Celle-ci s’accompagne d’un signal sonore strident et – il faut bien l’admettre – tout à fait terrifiant. Déclenché par le préfet en cas de menace « naturelle, biologique, chimique ou technologique », le dispositif permet de transmettre des consignes de sécurité à la population. FR Alert prend donc tout son sens en cas d’approche imminente de cyclone, et viendra s’ajouter au dispositif d’alerte cyclonique classique (les fameuses alertes jaune, orange, rouge et violette) et aux « plans communaux de sauvegarde », qui détaillent, à l’échelle de chaque commune, la marche à suivre en cas d’événements naturels, sanitaires ou technologiques majeurs.

 

Comment se forme un cyclone ?

Emmanuel Cloppet est à la tête de l’équipe cyclone de Météo-France océan Indien, composée de huit experts de renommée mondiale en la matière. « Le cyclone part d’une instabilité qui créé un tourbillon initial. C’est ensuite toute une machine thermique qui se met en place et qui pompe la chaleur de l’eau pour la convertir en mouvement et faire tourner les masses d’air. Plus la pression est basse, plus ça tourne vite ! », explique-t-il. Le cyclone se présente ainsi sous la forme d’une énorme masse nuageuse, plus ou moins compacte, pouvant s’étendre sur un rayon de 200 à plus de 500 kilomètres, génératrice de pluies diluviennes et de vents très violents.

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