Tout au long du week-end, la rédaction de Flash Infos a pisté tant bien que mal les ministres des Outre-mer et de l’Intérieur, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin, lors d’une visite très protocolaire… qui a toutefois offert son lot d’anecdotes salvatrices. Florilège.
Plus d’un an qu’aucun ministre n’avait posé les pieds dans le 101ème département. La dernière visite d’envergure remontait en effet à mai 2020, époque à laquelle Annick Girardin avait débarqué à la surprise générale pour surtout atténuer les tensions et les crispations entre l’agence régionale de santé et la préfecture. Depuis, pas grand chose à se mettre sous la dent, à l’exception d’Adrien Taquet, secrétaire d’État en charge de l’enfance et des familles, en octobre dernier… Avec la venue du duo Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin, l’heure des retrouvailles protocolaires a de nouveau sonné. Avec son lot d’anecdotes croustillantes.
La Marseillaise en shimaoré : « peace of cake »
En amont de la visite de l’hôtel de police municipale de Tsararano, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin ont pu savourer une Marseillaise du genre plutôt pittoresque. Face à eux, trente enfants âgés de 6 à 12 ans entonnent l’hymne national en shimaoré, sous les ordres de l’animateur communal, Oussene Attoumani. Une deuxième prestation publique après celle réalisée lors des festivités du 14 juillet. « Quand ils ont su qu’ils chantaient devant les ministres, ils étaient tout excités ! » Même pas le trac ! Selon ce chef d’orchestre, c’était « peace of cake ».
« Est-ce que nous avons les mêmes doléances ? »
Le maire de Dembéni, Saïdi Moudjibou, n’hésite jamais à sortir le bleu de chauffe lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts de sa commune. Pour preuve, il a remis en mains propres une enveloppe nominative, contenant un certain nombre de revendications, aux membres du gouvernement. « Est-ce que nous avons les mêmes doléances ? », s’amuse le ministre des Outre-mer. Après y avoir jeté un regard furtif, les deux hommes politiques rangent délicatement le précieux sésame à l’intérieur de leur veston respectif.
« Il avait envie de visiter l’île ? »
En avril dernier, un Palestinien s’était introduit dans la cour du commissariat de Mamoudzou, muni d’un pic à brochette, avant d’être maîtrisé par plusieurs agents en service. Deux d’entre eux ont été mis à l’honneur lors du déplacement du ministre de l’Intérieur. Un épisode qui a donné lieu à une discussion loufoque entre Gérald Darmanin et Laurent Simonin, le directeur territorial de la police nationale : « Comment il est arrivé ici ? » ; « Par la porte là ! » ; « Non, sur le territoire ? » ; « Par avion, il avait un visa ! » ; « Ahhh, il avait envie de visiter l’île ? »
Piano piano sur le champignon
Y a pas à dire, la délégation parisienne s’est déplacée en masse. Avec pas moins de 11 véhicules mobilisés, le dispositif pouvait difficilement passer inaperçu lors du trajet entre Tsararano et Mamoudzou samedi en fin d’après-midi pour rejoindre le commissariat de la ville chef-lieu. Pour ne pas faire perdre une minute au cortège, chaque intersection est bloquée par les forces de l’ordre. Et gare aux deux roues qui tentent un dépassement ! Car oui, en queue de peloton, le service de sécurité fait signe aux motards de rester bien au chaud derrière la voiture balai. Un ordre relayé à plusieurs reprises – avec plus ou moins de succès – par un scootériste qui prend un malin plaisir à imiter les faits et gestes du chauffeur cagoulé devant lui.
Ah, la grande famille républicaine !
Attention, moment de complicité à droite ! Après la diffusion d’un spot sur la formation dispensée au RSMA, Sébastien Lecornu et Mansour Kamardine s’échangent des petits mots doux. « Moi aussi je vais vous former Monsieur le député. Vous former à être dans la majorité, pour réformer ! Je prendrai Monsieur le Maire aussi [Mohamed Bacar, maire de Tsingoni et président Les Républicains à Mayotte]. » S’il y avait encore des doutes sur la stratégie à mettre « en marche » d’ici à 2022…
« Continuez à faire semblant de recruter quelqu’un qui est déjà engagé »
C’est pas tous les matins qu’on reçoit du beau monde, alors au RSMA, les militaires ont bien veillé à mettre les petits plats dans les grands. Façon jeu de piste dans l’enceinte du régiment, Sébastien Lecornu a été invité à suivre les étapes de la formation, du jour J du recrutement, au D-Day de l’embauche. Et, sûrement triés sur le volet, les volontaires disciplinés ont vraiment joué le jeu pour les beaux yeux de leur ministre. « Ce sont vraiment des personnes qui souhaitent s’engager ? », s’enquiert-il auprès du lieutenant-colonel devant le faux stand de recrutement. Rires gênés. « Ah bon… bah continuez à faire semblant de recruter quelqu’un qui est déjà engagé alors ! » À quand la formation théâtre ?
« Il croit qu’on ne le voit pas. C’est raté… »
Pause cuteness en plein RSMA. Le cortège pile. Là, juste là, un petit caméléon tout vert fluo traverse péniblement le trottoir devant les souliers cirés du ministre. « Oh c’est quoi ça ? » Les flashs crépitent et la pauvre bête tente tant bien que mal d’échapper à cette célébrité soudaine. « Il croit qu’on ne le voit pas, c’est raté », glisse un Sébastien Lecornu, conquis. Quand on vous disait qu’ils savaient y faire, ces militaires !
« C’est la réputation que j’ai »
Alors que Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin s’apprêtent à aller ripailler gentiment avec les grands patrons, une fan passe par là. A Tourcoing ou ailleurs, cette réserviste a déjà rencontré le ministre de l’Intérieur. « S’il-vous-plaît, ce serait possible de prendre une photo avec vous ? », demande-t-elle, sans un regard pour Lecornu, qui aimerait bien parler vaccins. « Merci, c’est super sympa. » Darmanin sourit. « C’est la réputation que j’ai. »
Quand la police cache la poussière sous le tapis
Difficile d’accès, une casse des Hauts-Vallons abrite depuis une dizaine de jours une quinzaine de véhicules « hors d’usage » de la police nationale. « Les Dusters, ils roulent », assure le gérant, pas spécialement ravi de nous voir fouiner de bon matin. « Je vais me faire tirer les oreilles si je cause. » Le problème : peu de monde semble au courant de ce grand ménage de printemps. Selon nos informations, le déménagement viserait en réalité à laisser la place à la brigade canine. Pourtant, on nous glisse aussi dans l’oreille que l’intégralité du parc automobile retournera bientôt à l’envoyeur. Qui croire ? Hasard du calendrier ou pas, reste qu’une photo officielle du premier flic de France devant une carlingue cabosssée, ça fait un peu tâche.