Éric Dupond-Moretti annonce un centre éducatif fermé à Mayotte pour fin 2024

Dans un communiqué en date du vendredi 19 août, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti annonce la mise en service d’un centre éducatif fermé à Mayotte pour la fin de l’année 2024. Si cette décision fait l’unanimité auprès des élus locaux et des parlementaires, quelques détails – nombre de places, localisation – manquent pour le moment à l’appel.

« C’est une annonce importante, attendue par beaucoup, et dont la réalisation va considérablement changer la donne du traitement de la délinquance juvénile à Mayotte. » À la suite du communiqué en date du vendredi 19 août du Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, portant sur la création d’un centre éducatif fermé dans le 101ème département, le sénateur Thani Mohamed Soilihi se réjouit de de l’installation de ce futur dispositif, dont la mise en service est prévue pour la fin de l’année 2024. « Ce nouveau CEF vient ainsi répondre aux enjeux démographiques de l’île et aux besoins exprimés par la juridiction en termes de placement judiciaire », précise la note du ministère de la Justice.

Une requête qui remonte à de nombreuses années – « le procureur [Philippe] Faisandier était l’un des tous premiers à le défendre » – selon le parlementaire de la majorité présidentielle ! « Cela doit faire plus de cinq ans ! J’étais de ceux qui avaient demandé un CEF à la place du CER (le centre éducatif renforcé a ouvert ses portes sur la commune de Bandrélé en 2019, ndlr) », avoue-t-il, avant d’indiquer avoir fait preuve « d’harcèlement » pour convaincre les gouvernements successifs de soutenir ce projet d’implantation lors de la préparation du budget. Un acte de persévérance à mettre également sur le compte de la députée sortante Ramlati Ali, qui salue l’engagement pris par le ministre de la Justice lors de leurs derniers échanges avant sa défaite aux élections législatives de juin 2022.

« Une vraie avancée »

Cette nouvelle ne laisse pas non plus indifférent le président du conseil départemental, Ben Issa Ousséni : « C’est une vraie avancée […] dans un contexte où notre île en a grand besoin. » En ligne de mire ? Les violences perpétrées mercredi dernier à Kawéni par « 300 émeutiers » à la suite d’un coup de filet réalisé par la police aux frontières un peu plus tôt dans la journée, ainsi que l’incendie « criminel » des locaux de la communauté de communes de Petite-Terre.

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« Au-delà de cette excellente nouvelle », le chef de file du Département, Ben Issa Ousséni, réitère son soutien « à la création d’une cour d’appel de plein exercice, dont le parquet aura la mission de définir une politique pénale répondant aux spécificités de la criminalité à Mayotte ».

Plus concrètement, ce nouvel établissement doit proposer « une offre éducative dédiée, pensée comme une alternative à l’incarcération, pour les mineurs pris en charge par la direction de la protection judiciaire de la jeunesse ». Reste que quelques zones d’ombre subsistent, à l’instar du site retenu, du mode de fonctionnement élaboré (secteur associatif habilité ou public) ou encore du nombre de places envisagé. Sur ce dernier point, le programme de création de vingt nouveaux centres éducatifs fermés présenté par l’ancienne Garde des Sceaux, Nicole Belloubet, le 27 septembre 2018, fait état d’un accueil de douze jeunes maximum, âgés de 13 à 18 ans.

« Nous devrons aller plus loin »

« Le placement d’un mineur en CEF s’inscrit ainsi dans une démarche de réapprentissage de la vie quotidienne, en collectivité, s’appuyant sur la responsabilisation quant à l’acte commis, la prévention des conduites à risques et la sociabilisation pour une meilleure réinsertion », détaille encore la Chancellerie. « Le maintien des liens familiaux y sera favorisé et la préparation à la sortie renforcée, dans l’intérêt des jeunes pris en charge, de leurs familles et de la société. »

Si Mansour Kamardine se félicite de la décision d’Éric Dupond-Moretti, l’élu Les Républicains de l’Assemblée nationale martèle son souhait d’aller encore plus loin. En témoigne sa proposition de sortir de terre « un centre innovant avec encadrement renforcé, de type des classes militaires d’avant, qui pourrait accueillir des centaines de jeunes par an », mais aussi de construire « un centre pénitentiaire pour mineurs ». Quoiqu’il en soit, le temps presse aux yeux de tous ces décideurs politiques ! À commencer par Thani Mohamed Soilihi pour qui « la situation empire de jour en jour ».

 

Une nouvelle juge des enfants à la rentrée

L’annonce de ce centre éducatif fermé arrive quelques semaines avant la prise de fonctions d’une troisième juge pour enfants au tribunal judiciaire de Mamoudzou. Ce nouveau poste était une demande récurrente des magistrats au regard de l’ampleur de la délinquance des mineurs sur le territoire. Ce renfort intervient alors que la réforme du code pénal des mineurs est appliquée depuis le 30 septembre 2021.

Avec cette arrivée, l’une des trois juges occupera également le rôle de vice-présidente du tribunal judicaire dès la rentrée.

Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.

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