Comores : Des journalistes devant la justice pour avoir dénoncé des attouchements

La vice-présidente du syndicat national des journalistes comoriens, le correspondant de la Radio France internationale (RFI) et un journaliste de Fcbk Fm sont poursuivis depuis janvier pour diffamation après avoir relayé des faits d’attouchements qui se seraient produits à la télévision publique. L’audience est prévue pour ce jeudi 25 mai.

 Moins d’un mois après la célébration de la journée mondiale de la presse, des journalistes comoriens se trouvent déjà dans la tourmente. Le correspondant à Moroni de RFI, la vice-présidente du syndicat national des journalistes comoriens et le journaliste vedette de Fcbk Fm doivent comparaître devant le tribunal de première instance. Poursuivis pour diffamation et atteinte à l’honneur, Abdallah Mzembaba, Andjouza Abouheir et Oubeidillah Mchangama sont attendus au palais de justice de Moroni le jeudi 25 mai. C’est le directeur opérationnel de l’office de radio et télévision des Comores (ORTC) qui est à l’origine de cette plainte déposée au parquet, fin janvier. Ce cadre de la télévision nationale s’estime lésé et diffamé par les trois confrères comoriens.

Tout est parti d’une révélation faite à l’occasion des vœux de nouvel an de la presse. Lors de la cérémonie qui se déroulait à Beit-Salam, le 17 janvier, la vice-présidente du syndicat a saisi le président de la République, Azali Assoumani, sur les difficultés auxquelles fait face la chaîne publique comorienne, dont les attouchements. « A l’ORTC, une information faisant état d’attouchements évidemment non consentis, par au moins un homme, un supérieur, sur des jeunes femmes, évidemment de position hiérarchique inférieure nous a été remontée. Nous savons aussi que ce même homme promet des promotions à ces jeunes femmes si elles se laissaient faire », avait déclaré Andjouza Abouheir, qui prononçait le traditionnel discours au nom du SNJC.

Injure et diffamation

La journaliste de la Gazette des Comores avait ajouté : « Nous dénonçons vigoureusement ces pratiques indignes et faisons savoir à ses auteurs qu’ils entendront parler de nous, que nous nous plaçons d’ores et déjà du côté des victimes ». Cette déclaration « osée » avait même gêné Azali Assoumani qui n’a pas manqué de le signaler. Il faut dire que la dénonciation de ces faits d’attouchements, au palais présidentiel avait fait du bruit. Il n’en fallu pas plus pour que les médias à l’instar de Flash Infos reprennent l’information. RFI s’est même fait l’écho du sujet en publiant une dépêche sans pour autant citer de nom, pendant qu’Oubeidillah Mchangama très suivi dans ses émissions de Facebook avait lui aussi abordé l’affaire. Mais ce traitement n’a pas été du goût de l’ORTC. La chaîne publique portera plainte pour injure et diffamation contre les journalistes ayant relayé l’information. Début février, Abdallah Mzembaba, Andjouza Abouheir, Oubeidillah Mchangama et Toufe Maecha, de l’information à l’ORTC avaient été entendus par la gendarmerie. Trois mois plus tard, l’affaire que l’on croyait classée sans suite s’invite à nouveau dans la place et prend une autre tournure. Une convocation devant le tribunal de première instance statuant en correctionnel qui risque d’écorner l’image du pays.

Car malgré les huit points gagnés dans le dernier classement de Reporters sans frontières (RSF), les journalistes comoriens n’exercent toujours pas en toute liberté. Lors de la journée mondiale de la presse, ils ont encore une fois réclamé de la part des autorités plus de liberté et de protection dans la mesure où tous les ans les décès de citoyens restent impunis.

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