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L’enseignant “bienfaiteur” aux mains baladeuses interdit d’exercer avec des mineurs pendant 3 ans

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On l’appelait Stam. Et l’actualité que connaissent les États-Unis comme la métropole quant aux violences policières faites aux noirs ne peut que faire écho à son histoire. Celle d’un jeune père de famille de Mayotte, tué par balle de la main d’un policier le 23 février à Kawéni. 

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Une simple affaire d’atteinte sexuelle sur une mineure de moins de quinze ans a fini par prendre de l’ampleur au tribunal correctionnel mercredi dernier. Rappelant que le débat sur le consentement, en particulier des mineurs, est toujours cruellement d’actualité, deux ans après l'adoption de la loi sur les violences sexistes et sexuelles. 

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Rendue ce jeudi en appel devant la chambre d’instruction de La Réunion, la décision de placer les quatre hommes mis en cause dans l’affaire du rapt de Petite-Terre n’est pas sans soulever de questions selon leur avocat. Me Nadjim Ahamada dénonce notamment une violation des droits de la défense et une motivation politique à l’endroit des divers collectifs contre l’insécurité qui affichent un soutien farouche à ses clients.

Il voulait “aider” son ancienne élève en difficulté. Un ex-enseignant de mathématiques de Mayotte écope de trois ans de prison dont deux avec sursis probatoire et obligation de soins. Ce professeur, depuis muté à La Réunion, a aussi interdiction d’exercer avec des mineurs.

C’est un grand gaillard d’une cinquantaine d’années qui se présente au tribunal de Mamoudzou, ce mercredi. Sa voix, étonnamment douce sous son imposante carrure, révèle un personnage lettré quand il s’adresse aux magistrats. “Excusez-moi Monsieur le Président, mais je suis tombé, sans mauvais jeu de mots, sur les fesses”, susurre-t-il, alors qu’on lui demande sa première réaction, ce jour où il a pris connaissance de l’accusation dont il était l’objet.

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Les faits remontent à 2016 : ce jour-là, le professeur descend au village chercher une recharge de téléphone. Il tombe sur la famille d’une ancienne élève, dont il vient d’apprendre les difficultés par un collègue. Alors qu’il lui avait déjà proposé des cours particuliers de soutien, l’enseignant en profite pour réitérer sa demande, et auprès des parents. Il finit par la convaincre de remonter chez lui. “Je voulais juste lui faire repérer les lieux pour qu’elle et sa famille se sentent en confiance”, déroule le prévenu.

 

Parti “se rafraîchir

 

Raté ! Quelques minutes plus tard, le bougre se retrouve finalement nez à nez avec la jeune fille de 17 ans, en caleçon, dans sa chambre. Pas vraiment le meilleur moyen d’obtenir sa confiance… D’après lui, il l’aurait pourtant laissée devant la télévision un instant, “pour qu’elle se sente à l’aise” le temps de sauter à la douche et d’enfiler un vêtement de rechange pour filer à son prochain rendez-vous. “Vous êtes allé prendre une douche alors qu’elle était encore chez vous ? – Non, je suis allé me rafraîchir« , nuance-t-il face au juge, sans jamais se départir de son apparente déférence.

 

Des contradictions dans le discours de la plaignante

 

Comment la jeune fille a-t-elle pu se retrouver dans sa chambre, pour un simple “repérage des lieux”, pour un cours de soutien ? L’histoire est trouble. Quoi qu’il en soit, la jeune fille finit un mois plus tard par avertir une autre enseignante. Par messages, elle raconte comment cet agresseur présumé l’aurait complimenté sur son apparence physique à plusieurs reprises, avant de la caresser par-dessus ses vêtements. Sur les seins, et le sexe, d’après une première version, et sur les seins et les fesses lors d’une deuxième audition de la plaignante. Une contradiction que ne manquera pas de souligner Maître Hesler, l’avocat du prévenu, lors de sa plaidoirie. “Mon client a toujours donné la même version, mais des contradictions chez cette jeune fille, il y en a ! On a sacralisé sa parole.

Du côté des magistrats et du ministère public, l’on s’étonne toutefois des témoignages de deux autres jeunes filles que l’homme aurait voulu aider. L’une se dit “pas étonnée par les faits reprochés à ce professeur”, l’autre rapporte avoir senti son regard sur son décolleté, et avoir même reçu une invitation à passer une nuit dans un hôtel. Mais le prévenu, aussi coach de voix dans un cadre associatif à l’époque, a réponse à tout : il y avait tout simplement des lots à gagner dans le cadre d’un concours de chant !

D’autres éléments interrogent. Comme cette similitude d’âge entre la victime et la nouvelle épouse du prévenu, une jeune Comorienne de 23 ans aujourd’hui, rencontrée au hasard d’un karaoké… “Sans faire de conclusions hâtives”, une expertise psychologique n’exclut d’ailleurs pas l’hypothèse d’une attirance chez le prévenu pour les adolescentes ou les jeunes adultes. “Les réponses à certaines questions spécifiques manquent étonnamment de précision”, a aussi souligné l’expert. Une affirmation qui s’est vérifiée à l’audience, l’enseignant perdant le fil dans le récit de ses expériences amoureuses, entre autres. L’homme aurait par ailleurs des soucis de libido, liés à une apnée du sommeil qui l’a conduit à recourir à une machine depuis six mois.

 

“Monsieur abuse de son bagage”

 

Autant de zones d’ombre qui ont poussé la procureure a requérir deux ans de prison dont un an de sursis probatoire et une interdiction d’exercer des missions en lien avec des mineurs pendant cinq ans. “Dans cette situation, Monsieur se pose en aidant, en bienfaiteur, et abuse de son bagage économique, social et culturel pour induire ses victimes et leur famille à lui faire confiance”, décrit la magistrate, qui n’hésite pas à juger le personnage “dangereux”. “Merci à Madame la procureure pour cette leçon de morale mais ici, nous sommes dans un tribunal pour faire du droit”, rétorque Me Hesler. Jurisprudence de la cour de Cassation à l’appui, l’avocat tente d’obtenir la relaxe pour son client, sur la base d’une absence de preuve du contact physique “condition indispensable à la caractérisation”.

Sans succès. Le tribunal décide d’une peine de trois ans de prison, dont deux ans de sursis probatoire et obligation de soins, et trois ans d’interdiction d’exercer avec des mineurs. Maître Hesler compte déjà faire appel. “Je citerais le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti : l’hyper-moralisation pourrit les tribunaux depuis des années !

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