Les syndicats exigent « la distribution quotidienne et gratuite de deux bouteilles »

La crise de l’eau inquiète les syndicats (CFDT, FSU, CFE-CGC, CFTC, SNU et CGT) qui se sont réunis, ce mercredi. Par un communiqué, ils demandent au syndicat des Eaux de Mayotte, son délégataire la SMAE, de distribuer gratuitement deux bouteilles d’eau par jour « à toutes les familles, sans discrimination ». Ils exhortent également « le gouvernement à prendre les mesures absolument nécessaires et indispensables pour résoudre la crise de l’eau dans les meilleurs délais et à faire bénéficier aux Mahorais de la solidarité nationale ». A Bruxelles, c’est le député européen Younous Omarjee qui a sollicité une aide d’urgence auprès de la Commission européenne (voir encadré).

« Ce mercredi 6 septembre, les membres de l’intersyndicale (CFDT, CGTMA…) réunis en urgence pour évoquer la crise de l’eau ont fait le constat des nombreuses carences et dysfonctionnements qui affectent la distribution régulière et sécurisée de l’eau potable à Mayotte. L’Intersyndicale a examiné les voies et les moyens permettant de structurer son action revendicative sur cette thématique d’une importance vitale pour l’ensemble de la population de Mayotte. En conséquence, il a été décidé de solliciter une audience auprès du préfet de Mayotte, représentant de l’État et délégué du gouvernement, pour évoquer quatre préoccupations majeures qui font l’objet d’un consensus syndical, à savoir la disponibilité de l’eau tous les jours et pour tous les ménages, la potabilité de l’eau distribuée au consommateur, le prix de l’eau facturée aux abonnés par le gestionnaire du service public et les équipements et infrastructures programmés par les pouvoirs publics (capacité, financement, calendrier de réalisation, réception des travaux).

« Rupture récurrente du service public »

Estimant que l’intensification des coupures d’eau étalées parfois sur 48 heures dans certaines zones mette en péril la vie quotidienne des habitants et ont un impact sévère sur l’économie Mayotte, l’Intersyndicale exige du syndicat intercommunal Les Eaux de Mayotte et de son fermier, la SMAE, filiale du groupe Vinci, la distribution quotidienne et gratuite de deux bouteilles d’eau à toutes les familles, sans discrimination, constatant que l’eau du robinet est réputée impropre à la consommation, dénonce avec la plus grande fermeté le système d’analyse de l’eau appliqué par l’ARS, à cet effet, exige la révision du protocole mis en place qui est manifestement organisé de manière à faire croire aux abonnés que l’eau distribuée par la SMAE est potable, appelle l’attention des élus locaux et des parlementaires sur le manquement à l’exercice de leurs responsabilités électives, défaillance à l’origine des graves nuisances que subit toute la population et perturbent la santé, l’économie et la scolarité de nos enfants, constatant la rupture récurrente du service public ainsi que le non-respect avéré des engagements contractuels de la SMAE s‘agissant de la fourniture payante d’une denrée vitale, de première nécessité, exige de l’autorité de tutelle la suspension immédiate du contrat de délégation de service confié à cette entreprise, exhorte le gouvernement à prendre les mesures absolument nécessaires et indispensables pour résoudre la crise de l’eau dans les meilleurs délais et à faire bénéficier aux Mahorais de la solidarité nationale. Concernant l’action revendicative immédiate, l’Intersyndicale soutient toutes les initiatives citoyennes visant à dénoncer une situation inacceptable, notamment le pouvoir conféré aux associations de consommateurs ou aux contribuables d’ester en justice.

« Gel du paiement des factures »

En guise de solidarité avec les collectifs représentatifs de la société civile, elle appuie tout acte de contestation, ou de protestation destinée à faire pression sur les autorités politiques et administratives, en particulier le gel du paiement des factures d’eau jusqu’au complet rétablissement de la distribution régulière et normale de l’eau potable ; Au titre de la désobéissance civile, demande à tous les employés du secteur public et privé de cesser le travail par le biais du droit de retrait pendant la coupure d’eau, à cet égard, exige à toutes les administrations et entreprises de constituer un Plan de continuité d’activité (PAC). Les membres de l’intersyndicale restent disponibles pour conseiller tous les salariés qui désirent utiliser leur droit de retrait mais aussi envers toutes les administrations et entreprises pour négocier d’éventuelles nouvelles modalités de mise en place du travail. »

L’Europe prête à aider financièrement

Auditionnée par la Commission du développement régional (REGI) du Parlement européen, la Commission européenne, qui s’est dite « au courant et très inquiète de la crise à Mayotte », a accueilli favorablement la proposition du président de la Commission REGI, Younous Omarjee (La France Insoumise), d’apporter une aide d’urgence via des transferts depuis le Fonds européen de développement régional (Feder) vers le Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD). Ces transferts permettraient notamment l’achat et la distribution gratuite de l’eau à Mayotte.

« L’ouverture totale de la Commission européenne à l’utilisation des fonds européens est une excellente nouvelle, face à l’urgence de la situation à Mayotte. C’est un pas immense qui est accompli. Nous attendons dans les prochains jours une décision concrète pour que face aux manquements de l’État membre, et l’absence de solutions à la hauteur de ce côté, puissent venir aider la population en souffrance, en permettant l’achat et la distribution gratuite de l’eau à toute la population mahoraise », a déclaré Younous Omarjee, président de la Commission du développement régional, avant de saluer « l’attention que la Commission européenne porte depuis des années à Mayotte et les rappels à l’ordre qu’elle adresse à la France ».

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