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VIDEO. Le traitement des carcasses passe à la vitesse supérieure

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Les véhicules laissés à l’abandon sur le bord des routes mahoraises sont une réelle source de pollution. Mais se débarrasser de ces déchets particulièrement dangereux est loin d’être facile. Grâce à une nouvelle machine, Caza Pièces Auto accélère le rythme de traitement depuis novembre.

Capots rouillés, pneus crevés, pare brises brisés, pare-chocs décrochés : c’est le spectacle qu’offrent les carcasses de voitures abandonnées sur le bord des routes de Mayotte. « Sur l’ensemble de l’île, on estime qu’il y a à peu près 3.000 véhicules hors d’usage (VHU) actuellement, sachant que chaque année, entre 1.500 et 2.000 s’ajoutent », estime Moos Boina, dirigeant de Caza Pièces Auto. Ces véhicules hors d’usage (VHU), sont des déchets particulièrement dangereux et compliqués à traiter. « Les différents fluides (huiles, essence, N.D.L.R.) se déversent dans le sol et peuvent aller jusqu’à la nappe phréatique contaminer l’eau », explique-t-il, depuis le cimetière de carcasses caché à proximité du rond-point de Dzoumogné, dans la commune de Bandraboua.

Mais il n’est pas possible d’enlever ces véhicules de la voie publique sans autorisation. Les VHU font partie des seuls déchets qui sont la propriété de quelqu’un. Si la plaque d’immatriculation est toujours sur le véhicule, la police municipale doit d’abord identifier le propriétaire. « On fait d’abord une verbalisation si le véhicule est abandonné quelque part, puis on va envoyer un courrier au propriétaire en lui donnant un délai pour enlever ce véhicule. Si ce n’est toujours pas enlevé, on envoie une mise en demeure, et au bout de la troisième fois, on enlève le VHU », liste Minihadji Mourtadhoi, directeur général adjoint à la mairie de Bandraboua et chargé de coordination de la police municipale.

Vingt voitures compactées en une heure

Caza Pièces Auto est le seul centre VHU agréé de l’île. L’entreprise se charge d’aller récupérer les véhicules à bord de camions dédiés, puis les emmène dans son centre, situé à Longoni. C’est là que les voitures abandonnées sont dépolluées, à coup d’extractions de moteur, de batterie et de siphonnages d’essence, de gasoil, d’huile, de liquide de refroidissement. « On passe en moyenne trente minutes à dépolluer une voiture », précise Moos Boina. Sans ça, les carcasses ne pourraient pas être exportées. En effet, ces matières étant inflammables, leur transport est très délicat. Elles partent plutôt chez différents exécutoires qui les traitent spécifiquement.

Avant novembre, l’entreprise devait également séparer toute la ferraille du reste pour envoyer le métal chez Enzo Recyclage, qui s’occupait alors de le compacter. Mais depuis novembre dernier, Caza Pièces Auto s’est dotée d’une presse qui lui permet de sauter cette étape, avec l’accompagnement de l’État. « On met la voiture dépolluée dans la presse, qui compacte tout : métal, plastique et autre », décrit le gérant qui ajoute que cette nouvelle machine peut former environ une vingtaine de cubes de voitures par heure. Avec ce nouveau rythme, Moos Boina espère pouvoir endiguer le problème de la présence des VHU sur le territoire.

Tout traiter localement à l’avenir

Les cubes sont ensuite disposés dans des conteneurs, qui partent en direction de La Réunion, la plupart du temps, ou de l’Hexagone. Car, pour l’instant, les dernières étapes du traitement ne se font pas à Mayotte, mais plutôt dans ces territoires, dotés de broyeurs. Il s’agit d’une machine qui, avec un système d’aimants, arrive à séparer le métal et les différentes matières. Ce tri pointu permet ensuite de réutiliser et revendre les matériaux.

Pour l’instant, le sol mahorais ne dispose pas encore de broyeur, d’où l’exportation des VHU. Mais cela est dans les projets à court terme de Caza Pièces Auto et de son gérant, qui ont obtenu l’aide de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) pour l’achat et de la Direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer de Mayotte (Dealm) pour le volet administratif : « Aujourd’hui, on est soumis à la convention de Bâle assurant le contrôle des mouvements transfrontaliers des déchets dangereux, ce qui fait qu’on doit demander des autorisations aux différents pays sur lesquels les navires transporteurs seront susceptibles de passer, et ces démarches prennent énormément de temps. Heureusement, les services de l’État nous ont assoupli ces démarches en attendant qu’on ait le broyeur. Avec cette machine, cela nous permettra de tout traiter localement. »

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