« Le lagon est le trésor mahorais à protéger et à valoriser »

Céta’maoré, association pour la protection des mammifères marins, continue ses actions ! Des interventions d’éducation et de formation aux cétacés et un développement des recherches progressif, de grandes ambitions se préparent pour l’avenir.

Valoriser et protéger le patrimoine marin mahorais, c’est la mission remplie par l’association Céta’maoré, qui s’est créée en octobre 2021 et commence tout juste à s’agrandir. « Le lagon est le trésor mahorais à protéger et valoriser. », déclare Cyrielle Randrianarivony, sa présidente et co-fondatrice. Alors que les baleines font leur retour d’habitude à la mi-juillet, l’association de science participative et de protection des cétacés se concentre surtout sur l’océan Indien. Leur volonté est de protéger et valoriser la biodiversité du lagon mahorais mais aussi de faire avancer la science participative autour des animaux marins qui le peuple.

Ils ont quatre objectifs principaux. Le premier est de faire mieux connaître les mammifères marins et leurs habitats. Le deuxième est de sensibiliser tous les publics via des formations ou interventions. Le troisième est d’accompagner notamment les acteurs locaux : les prestataires nautiques, les offices de tourisme et les collectivités. Le dernier est de coopérer de manière régionale avec les autres îles qui peuvent avoir la chance de voir défiler ces espèces. « Pour protéger ces espèces il faut travailler ensemble, coopérer », déclare Cyrielle.

La présidente et les quarante adhérents mettent en place plusieurs actions. Des sorties en mer, des interventions dans les écoles de Mayotte ou encore des partenariats, l’association ne cesse de se développer. Les sorties en mer pour devenir observateur de baleines rencontrent un très grand succès. Céta’maoré prévoit de faire au minimum une sortie toutes les deux semaines lors de la saison des baleines, de fin mai à début septembre. Ce ne sont pas des sorties de loisirs, elles ont un objectif de science participative. Les participants peuvent y identifier les espèces et récolter des données selon un protocole : photos, prise de notes et saisie en ligne. « Être dans la peau d’un scientifique le temps d’un jour ! », déclare la présidente.

Un projet d’éducation autour des cétacés

Wujua, c’est le principal objectif du collectif pour 2023. « C’est notre premier projet d’amélioration des connaissances scientifiques », affirme-t-elle. C’est un projet de formation scientifique pour des bénévoles. Ils sont formés aux capacités d’observateurs en mer, pour aider la science participative, voire identifier les individus du lagon. « Pour nous, ce projet c’est surtout donner l’occasion à tout le monde de participer à la science », déclare Cyrielle. Le projet semble attirer son public, la première formation, ce dimanche 14 mai, a obtenu plus de 25 participants, dont une majorité de non adhérents. D’autres dates de formations seront proposées lors de la saison des baleines, au minimum d’une par mois. Leur but reste que les bénévoles soient prêts à participer à la science lors des sorties d’observations.

Des interventions dans les écoles sont aussi proposées. Il y en a eu deux en 2022, qui ont été un franc succès. « On parle de ce que ce sont les mammifères marins, ensuite, quels mammifères peuplent Mayotte, des espèces migratrices et de pleins d’autres thématiques », raconte la co-fondatrice. Ces interventions se multiplieront en 2023. « Il ne faut pas oublier que certains enfants sont très éloignés de ces questions-là avec leurs familles. » Des différences qui se sont ressenties d’ailleurs entre les deux écoles. « Il y avait une école où les enfants étaient super motivés et intéressés et l’autre où ça ne leur parlait pas », résume l’association qui aimerait développer en 2023 les sorties en mer pour les scolaires. Car l’objectif sur le long terme est de toucher les jeunes. « On aimerait faire notre projet Wujua sur le long terme avec les jeunes. Ceux de la mission locale, en réinsertion ou en service civique. Il y a des emplois autour de la mer, on espère pouvoir susciter des vocations », avance Cyrielle Randrianarivony.

En quête de développement

Les partenariats avec des prestataires privés se multiplieront en 2023, ainsi que des collaborations avec des prestataires touristiques nautiques. Des bénévoles formés devraient, lors de la saison des baleines, monter à bord de bateaux touristiques, afin de prendre des données, mais aussi montrer aux vacanciers les bases de l’observation des baleines. Des postes de services civiques seront ainsi publiés d’ici le mois prochain. « On espère vraiment pouvoir accueillir des jeunes d’ici, qui ne connaissent pas la mer, qui peuvent venir faire des missions avec nous. On espère aussi avoir notre premier salarié avant la fin de l’année et des locaux », affirme Cyrielle. Un premier appui de la Drajes (délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et au sport) qui leur permet de financer une bonne partie de leurs actions. « On ne serait rien sans nos bénévoles », raconte la co-fondatrice. Pour chaque sortie en mer, les bénévoles donnent une participation de vingt euros. Ils cherchent cependant d’autres donateurs et financeurs. Une campagne d’appel aux dons sera lancée prochainement pour financer les actions.

Des recherches de bénévoles pour être capitaine sont lancés, afin d’amener les participants en mer. Des sorties du lever du soleil au coucher du soleil se dérouleront début juillet 2023. L’objectif est d’étendre le temps d’observation, mais aussi de permettre d’aller à une plus grande distance. Les bénévoles capitaines peuvent participer en conduisant leurs bateaux personnels, prêter leurs bateaux à l’association ou encore conduire un bateau prêté ou loué à l’association.

Pour adhérer à l’association ou faire des dons, rendez-vous sur la page web de l’association.

Des liens hors Mayotte

 Des partenariats très prometteurs se mettent aussi en place. Au niveau des autres territoires, Globice Réunion, un groupe d’observation et identification des cétacés à La Réunion, et l’Office français de la biodiversité ont permis la formation des bénévoles de Céta’maoré aux protocoles de suivi, méthodes et valorisation des données. D’autres ambitions sont dans le viseur du collectif. Ils espèrent pouvoir un jour coopérer avec les Comores, étant donné la proximité des deux îles.

Il est également devenu partenaire d’Indocet, un organisme qui regroupe les associations d’observation et de recherche des cétacés dans l’océan Indien. Les recherches en 2023 se concentreront évidemment sur les migrations des baleines, grâce à ce partenariat avec d’autres îles de l’océan Indien. Ça tombe bien, Mayotte fait partie des zones géographiques ciblés cette année, l’Ouest étant encore peu étudié.

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