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La biodiversité mahoraise elle aussi fortement touchée

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Il n’y a pas que le niveau des retenues collinaires qui commence à inquiéter. Au lac Karihani, où l’association Gepomay réalise fréquemment des comptages, des espèces d’oiseaux s’y font de plus en plus rares à cause de la sécheresse.

En shimaoré, « kariha » signifie poule d’eau. C’est donc naturellement que le lac Karihani, entre Combani et Tsingoni, est devenu un refuge du petit oiseau au bec rouge. Mais est-ce que cette appellation pourra durer ? Du lac, il ne reste que des flaques aujourd’hui du fait d’une sécheresse importante. Et avec l’eau qui se raréfie, ce sont les espèces qui commencent aussi à déserter. Le groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay) en est l’un des premiers témoins, lui qui suit de près la biodiversité du site de 8,5 hectares. « En juillet, il y avait encore 160 poules d’eau et 15 grèbes castagneux. J’y suis allé ce (mardi) matin, il y avait 17 poules d’eau et aucun grèbe », constate Steve Mathieu, chargé d’études et animateur de l’association. Pareil pour le crabier blanc, seulement « 18 » spécimens ont été recensés dernièrement, alors que le martin-pêcheur observé habituellement a tout bonnement disparu. « On n’a aucune idée où ils sont allés », poursuit-il, alors qu’une cinquantaine d’autres espèces d’oiseaux dépendent des lieux. En Grande-Terre, le lac Karihani est le seul lac naturel. Il y a bien sûr les deux retenues collinaires de Combani et Dzoumogné, mais comme on le sait, elles ne sont respectivement plus qu’à un tiers et à un cinquième de leurs capacités habituelles.

« Il ne faudrait pas que ça se répète trop souvent »

La situation du lac de Tsingoni est donc particulièrement inquiétante et tranche avec l’année dernière, où le niveau était tel que l’eau passait au-dessus la digue. Cette fois, il ne reste que de rares flaques où vivent les invertébrés dont les oiseaux se nourrissent. Un phénomène déjà vu à cet endroit emblématique de Mayotte, mais qui demeure assez rare. « On n’est pas encore dans la période de reproduction des poules d’eau. Ça commence en octobre », fait remarquer Steve Mathieu, qui espère comme beaucoup de monde sur l’île une vraie saison des pluies.

Car si ces espèces s’en vont, est-ce qu’il y a un risque qu’elles ne reviennent pas ? « C’est difficile comme question », concède le chargé d’études. « Il faut qu’elles trouvent comment s’adapter en attendant des pluies plus importantes. Mais il ne faudrait pas que ça se répète trop souvent. »

Le phénomène El Nino attendu cette année

Alors qu’il ne fait guère de doutes qu’El Nino fait son retour, l’événement climatique qui a pour habitude de réchauffer la température des océans a des conséquences régulièrement dans l’océan Indien En effet, si les précipitations se font moindres en Asie, elles sont plus nombreuses dans le sud-ouest, ce qui laisse espérer un meilleur sort à Mayotte, frappée par sa pire sécheresse depuis 1997.  En attendant, Météo-France a également donné ses prévisions en matière pluviométrique pour la période d’août à septembre. Elle s’attend à « un excédent sur le centre de la Grande-Terre », une bonne nouvelle donc pour la retenue collinaire de Combani qui était pleine à 38% de sa capacité, le 17 juillet dernier. Le sud de Mayotte, souvent plus sec, ne devrait par contre ne pas connaître d’amélioration. Les prévisions sont plus confuses pour le nord de Mayotte particulièrement déficitaire en termes de précipitations par rapport aux années précédents. « Dans le nord, la situation est trop incertaine pour qu’un scénario particulier se distingue », reconnaît Météo-France dans son dernier bulletin mensuel.

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