Future Maore Reefs : « Un devoir de faire connaitre notre environnement à notre jeunesse »

À l’occasion de la journée de sensibilisation sur les récifs coralliens de Mayotte, l’équipe interdisciplinaire du projet scientifique Future Maore Reefs a accueilli grand public et scolaires au pôle culturel de Chirongui, ce mardi. Le projet scientifique et les enjeux liés aux récifs coralliens de Mayotte ont été présentés au travers de films et d’une exposition de panneaux de sensibilisation.

Faire découvrir le projet scientifique Future Maore Reefs, initié par l’institut de recherche pour le développement (IRD) et le Parc naturel marin de Mayotte, en partenariat avec le centre universitaire de formation et de recherche de Mayotte, était le principal objectif de cette journée. Après une première édition en 2022 à Mamoudzou, cette année, c’est au pôle de Chirongui que s’est tenue la journée de sensibilisation, avec l’idée « d’être un peu itinérant pour sensibiliser le plus de personnes. Aussi un intérêt a été montré par beaucoup d’enseignants du sud », informe Aline Tribollet, directrice de recherche à l’IRD et coordinatrice principale du projet. Plusieurs dizaines d’élèves des écoles primaires de Chirongui 1 et 2, de Hagnoundrou et du collège de Bandrélé étaient présents dans la salle. Une satisfaction pour la coordinatrice, car le but recherché est « d’impliquer les élèves et les futures générations, ainsi que les enseignants et les adultes présents à la protection de leur lagon et de leur donner cette envie d’être le plus écocitoyen ». Une implication qui permettra une meilleure protection du lagon, mais aussi de l’environnement. « Nous avons ce devoir de plus en plus de faire connaitre notre environnement à notre jeunesse », explique Abdou Dahalani, président du Parc naturel marin de Mayotte.

Un film et des questions

Dans un premier temps, a été diffusé en avant-première le film « Future Maore Reefs », retraçant les actions menées pour comprendre et évaluer les récifs coralliens de Mayotte. Un film au travers duquel est montrée l’implication des élèves et leur apprentissage à « la démarche scientifique, à avoir l’esprit critique, mais aussi à des connaissances sur le corail, sur le récif et sur le lagon en général », ajoute Aline Tribollet. À la suite de cette projection, pleins de petites mains se sont levées dans la salle, signe de nombreuses questions sur les actions et les coraux. En référence aux images diffusées sur le bouturage des coraux, un élève demande, « pourquoi ont-ils coupé le corail ? ». Question à laquelle François Guilhaumon, coordinateur du projet, explique que « ce ne sont que des morceaux déjà cassés que l’on ramasse ».

L’un des professeurs de Chirongui s’interroge quant à lui sur l’état général du récif corallien à Mayotte, « faut-il s’alarmer ou s’inquiéter de l’état général du récif ? », interroge-t-il. « Globalement, comme dans le reste du monde, on assiste à une dégradation, malgré cela, à Mayotte, on conserve des récifs plutôt bien préservés », répond l’un des membres de l’équipe scientifique. Un élève de primaire lui, se questionne sur la protection du corail, « comment on peut le protéger ? ». Une réponse limpide émane de la part du coordinateur, « pour protéger le corail, il suffit de ne pas l’abîmer, de ne pas lui faire de mal pour le protéger ».

Un projet de sciences participatives

Future Maore Reefs a débuté en octobre 2021. Ce projet scientifique repose sur une équipe interdisciplinaire d’une vingtaine de personnes et permet de sensibiliser les plus jeunes aux enjeux liés aux récifs coralliens de Mayotte. Dans le même temps, les chercheurs mènent une double étude en sciences humaines et sociales, en anthropologie et sciences de l’éducation. Pour la deuxième année d’actions, c’est une double classe de CP de l’école de Pamandzi 5 et une classe de Bondy, en région parisienne (CE2-CM1) qui sont impliquées dans le projet. Un projet de sciences participatives, qui permet de croiser les regards des enfants à Mayotte et en métropole. « Pendant longtemps on a travaillé sur des clichés, des croyances, alors que l’on a besoin de connaissances scientifiques avérées », reconnait le président du Parc naturel marin.

Initialement prévu pour durer deux ans, le projet « a vocation à être pérennisé », confie Aline Tribollet. Pour cela, de nouvelles demandes de financements sont en cours, à la fois « pour pérenniser l’axe de recherche sur toutes les solutions basées sur la nature pour restaurer les récifs coralliens durablement », complète-t-elle. Une pérennisation qui a pour vocation à toucher plus d’écoles, de classes et « éventuellement à créer de nouveaux sentiers marins éducatifs pédagogiques autour de l’île ». Ces actions permettraient, sans aucun doute, à un plus grand nombre de se saisir du sujet du corail et de la protection du lagon.

L’école d’été, une nouvelle approche interdisciplinaire

La première école d’été interdisciplinaire du programme Future Maore Reefs se déroulera à Mayotte entre le 24 septembre et le 1e octobre 2023, avec pour but de mieux faire connaitre et restaurer les socio-écosystèmes récifaux, pour mieux se projeter vers le futur. Articulée autour d’approches originales et de méthodologies innovantes en science de la durabilité, l’école d’été Future Maore Reefs propose de partager des solutions basées sur la nature pour protéger et restaurer les récifs coralliens tout en soutenant le développement économique durable des populations locales. S’adressant aux étudiants de licence 3, master, doctorat, l’objectif de cette école est « d’enseigner les méthodes scientifiques qu’on a pu mettre en place, soit en anthropologie, soit en écologie marine, soit sur les récifs artificiels ou sur la restauration récifale et de transmettre ses connaissances aux étudiants universitaires », explique Aline Tribollet.

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