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Protection de l’enfance : les professionnels de Mayotte face à Adrien Taquet

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Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

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Pour sa deuxième journée, le secrétaire d’État en charge de l’enfance et des familles est allé à la rencontre des professionnels qui font face chaque jour à des difficultés matérielles et humaines dues au manque de moyens et à la politique migratoire.

7h40. La petite troupe d’officiels se presse dans ce local exigu tout juste dimensionné pour accueillir la poignée de professionnels dédiés à la CRIP. Ce lundi, pour son deuxième jour de visite à Mayotte, Adrien Taquet, le secrétaire d’État auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, en charge de l’enfance et des familles, commence sa tournée par la Cellule de recueil de traitement et d’évaluation. Une structure départementale méconnue et pourtant “indispensable” dans la protection de l’enfant, souligne le membre du gouvernement. “J’ai bien conscience des conditions dans lesquelles vous travaillez et des défis et de l’engagement qui sont les vôtres”, développe-t-il, tout en rappelant que “ces difficultés existent dans d’autres CRIP en métropole également”.

Des conditions qui sont en effet ardues pour ces professionnels de l’enfance, et ne se résument pas à l’allure modeste de leur local. “La cellule a été créée en 2008, et il a été très compliqué de réunir les effectifs nécessaires au bon déroulement de nos missions”, explique le directeur de la CRIP. Chiffres à l’appui. “Nous avons reçu 1.761 informations préoccupantes l’année dernière, et nous n’avons pas pu toutes les résoudre.” Pire, avec parfois 120 à 140 dossiers par agent, impossible de tenir les délais de mises à l’abri requises par le parquet. À Mayotte, il n’est ainsi par rare de laisser couler six mois avant le placement du mineur…

Une politique migratoire dans le viseur

Et si la situation s’est un peu arrangée en 2020 grâce à l’arrivée des renforts, le chemin reste long à parcourir. Désormais l’équipe se compose de dix travailleurs sociaux, un chef de service, un psy, et du médecin référent de la Protection maternelle et infantile (PMI) du Département. Suffisant ? Pas vraiment, surtout pour répondre aux nombreuses problématiques locales “face auxquelles nous ne sommes pas forcément préparés”, se fend une employée de la CRIP. Qui n’hésite à interpeller le secrétaire d’État sur une politique migratoire souvent pointée du doigt pour ses conséquences en matière de mineurs isolés à Mayotte. Et qui complique les missions de la cellule pour permettre le rapprochement familial. “Concrètement, nous avons des exemples de familles arrivées en kwassas dont les parents repartent le jour même, et quand les enfants veulent rentrer, nous n’avons pas de moyens pour les renvoyer auprès de leur famille.” Sans parler des situations de handicap, dont la prise en charge reste embryonnaire, faute de structures et de profils adaptés sur le territoire. Ou encore des violences physiques ou verbales dont sont victimes beaucoup d’enfants à Mayotte.

Deux millions d’euros pour les associations

Face à ce tableau noirci, le secrétaire d’État a à coeur d’entendre toutes les parties prenantes, employés de la CRIP comme les représentants de l’autorité judiciaire également présents à cette rencontre. En guise d’annonces toutefois, il se contente de défendre la mise en place d’un référentiel national sur la situation des enfants en danger pour garantir une plus grande “homogénéité des CRIP”. Et de promettre une enveloppe de deux millions d’euros dédiées aux associations de la protection de l’enfance, sans toutefois détailler la répartition des fonds aux différentes structures, mis à part la création d’un observatoire de la famille par l’UDAF (union départementale des associations familiales). Quant à la politique migratoire, Adrien Taquet botte en touche. Pas question de permettre aux mineurs arrivés des Comores voisines de regagner la métropole, sans risquer un nouvel appel d’air, argumente-t-il en substance un peu plus tard dans la journée. Gageons que les deux millions promis permettront au moins de donner un nouveau souffle aux professionnels de l’enfance…

 À la rencontre des Apprentis d’Auteuil

 Sur une note un peu plus légère, Adrien Taquet a rencontré ce lundi l’association les Apprentis d’Auteuil. La jeune structure, créée en septembre 2019, a déjà permis d’accompagner quelque 200 jeunes entre 16 et 25 ans vers l’insertion professionnelle. Soit trois sessions de six mois chaque, rythmées par des temps d’ateliers, et d’accompagnement individualisé par des travailleurs sociaux. Là encore, les problématique des statuts peuvent engendrer des blocages. “Parmi nos principales problématiques figurent le renouvellement du titre de séjour, l’affiliation à la sécurité sociale et l’ouverture d’un compte en banque”, a ainsi présenté Régine Le Men, la directrice de l’association. En atteste le parcours de Karmardine, jeune femme qui a pu obtenir une formation qualifiante d’assistante de vie aux familles après avoir enfin débloqué sa situation administrative auprès de la Caisse de sécurité sociale. “On parle beaucoup de la protection de l’enfance mais rarement de la continuité et c’était important de présenter à Monsieur le Ministre ce que nous proposons en termes de formation et d’insertion”, a déroulé Régine Le Men. “J’espère qu’il aura pris l’ampleur du travail effectué à Mayotte, et l’ampleur du travail qu’il y a encore à faire.”

 

 

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