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La violence économique à Mayotte : une violence plus invisible mais très présente

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Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

Le combat dure toute l’année, mais le 25 novembre est la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. L’association départementale pour condition féminine et aide aux victimes (ACFAV) en a profité pour sensibiliser le grand public. Le thème de cette année est la violence économique. Elle est plus discrète, mais fait des ravages considérables.

Les membres de l’association départementale pour condition féminine et aide aux victimes ont su attirer l’attention des passagers de la barge. À l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, ils ont installé leur stand et pancartes dans le sas de l’embarcadère à Mamoudzou, le temps d’une matinée. L’objectif est de sensibiliser le grand public aux violences faites aux femmes, et particulièrement les violences économiques. Les personnes présentes n’osent pas se diriger vers le stand, mais leurs regards curieux incitent les membres de l’association à aller à leur rencontre. La vision de certains, quant aux violences faites aux femmes, est déroutante. À l’image de celle d’Abdallah âgé d’une quarantaine d’années. “On a tous assisté à des scènes de violences. Mais personnellement je n’ai jamais appelé la police et ne le ferai jamais parce que j’estime que la femme qui les subit est adulte. Elle peut prendre ses responsabilités. C’est à elle de se prendre en charge”, estime le père de famille. Selon lui, le manque de réaction de la victime en dit long sur ses intentions. “Si elle ne dénonce pas son compagnon, cela veut dire qu’elle a de la compassion pour lui. Alors je n’ai pas à m’en mêler”, rajoute Abdallah, plein de conviction. Ses propos peuvent choquer plus d’un, mais ils ne surprennent pas Malika Bouti, conseillère conjugale à l’ACFAV. “Les gens ne sont pas vraiment sensibilisés à la cause. Et certains pensent même que si la femme est battue, c’est parce qu’elle le vaut bien”, dit-elle.

Un peu plus loin, deux femmes s’engagent dans une discussion qui attire l’attention de tout le monde. “C’est la peur de l’inconnu qui nous fait rester. On se dit qu’il est préférable de rester avec celui parce qu’on le connaît, plutôt que de le quitter et prendre le risque de tomber sur un homme pire que le précédent”, soutient Roufouanti. Sa voisine, secoue la tête pour marquer son désaccord. “Ah non, je ne suis pas d’accord ! Je préfère prendre ce risque plutôt que de rester et succomber aux coups de mon mari”, répond d’une voix ferme Djamila. Cette dernière pointe du doigt le comportement de certains hommes qui battent leurs femmes devant les enfants. “L’enfant qui voit sa mère se faire battre a des pensées obscures. Soit il n’aura aucun respect pour sa mère, soit il détestera son père. De plus, il risque de reproduire la même chose avec sa femme parce que c’est comme ça qu’il a grandi. Certains hommes ne se rendent pas compte des dégâts qu’ils causent.”

La question de la violence économique est assimilée par ces deux femmes qui disent savoir ce que c’est puisqu’elles ont été témoins de ce type de violence. “J’ai une voisine qui a 5 enfants. Son mari ne paye ni le loyer ni les factures ni la nourriture. Il ne paye rien. C’est lui qui perçoit les allocations et il ne lui donne rien du tout”, raconte Djamila. Roufouanti se souvient d’une situation qui lui a fait perdre espoir. “Dans mon entourage, une femme a osé aller à la police car son mari ne lui donnait pas les allocations ni rien du tout. Et on lui a répondu que c’est grâce à l‘homme qu’ils perçoivent ces allocations, il peut donc en faire ce qu’il veut.”

De la violence économique à la prostitution

La violence économique est discrète. On ne la voit pas, on ne l’entend pas, et pourtant elle est toute aussi dévastatrice que les autres types de violences. Contrairement à ce que l’on peut penser, elle ne touche pas uniquement les femmes en situation de précarité. “Une femme qui travaille, qui a un statut social, peut également en être victime. L’homme la domine totalement, il gère ses comptes bancaires, sa carte bleue et la pousse à faire des crédits”, explique Malika Bouti. Pour celles qui ne travaillent pas, la violence économique peut conduire à la prostitution. “Ces femmes sont tellement submergées et sous l’emprise de leurs maris… Elles finissent par se prostituer pour survivre et donner à manger à leurs enfants”, confirme la professionnelle. Cette violence est présente partout, mais particulièrement à Mayotte où beaucoup de femmes se trouvent dans des situations plus que précaires. La conseillère conjugale de l’ACFAV l’a constaté à la sortie du confinement. Elle a récolté les témoignages de femmes qui ont dû supporter les mots très durs de leurs conjoints ou de leurs ex. Elle a regroupé le tout dans un recueil, et certains propos font froid dans le dos. “Tu veux que je paye la pension alimentaire alors viens coucher avec moi”, peut-on lire. Ou encore : “Arrête de mendier, je ne te donnerai rien. Sers toi de ta c***** pour nourrir tes gosses.” Ces femmes, qui sont poussées à la prostitution par leurs partenaires ou par un besoin criant de subvenir aux besoins de leurs enfants, finissent par s’enfermer dans un cercle vicieux. Et il leur est souvent difficile d’en sortir.

 

 

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