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La cherté du logement en outre-mer discutée à l’Assemblée

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La commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur le coût de la vie en outre-mer – dont la députée Estelle Youssouffa est vice-présidente – consacrait, ce jeudi matin, une table ronde à la question du logement. De nombreux acteurs (voir encadré), dont CDC Habitat et Action Logement, ont répondu aux questions des députés.

Vous avez sans doute déjà vu ces petites annonces : ici un studio à louer pour 800 euros par mois à Tsoundzou, là un T2 pour 1.200 ou 1.300 euros à Pamandzi… Premier poste de dépense des Français, le logement participe largement de la cherté de la vie à Mayotte, et plus largement en outre-mer. Le sujet était discuté, ce jeudi matin, à l’Assemblée nationale, où la commission d’enquête relative au coût de la vie dans les collectivités territoriales d’outre-mer – présidée par le député Guillaume Vuilletet (RE) – a auditionné pendant deux heures les cadres dirigeants des principales structures du secteur.

La question du logement social a centralisé les débats. S’il s’adresse aux ménages les plus modestes, il demeure plus cher en outre-mer que sur le continent. Sabrina Mathiot, directrice de l’Union sociale pour l’habitat Outre-mer (USHO), rapporte ainsi que le loyer social moyen pointe à 6,05 euros du mètre carré dans l’Hexagone, contre 6,23 euros en Guadeloupe, 5,72 euros en Martinique, 6,44 euros en Guyane, 6,22 euros à La Réunion et … 8,76 euros à Mayotte ! Tour à tour, les intervenants ont tâché d’expliquer les causes de ces prix et de préconiser des solutions concrètes à mettre en place pour les tirer vers le bas.

Des coûts de constructions plus élevés

Autour de la table (et en visioconférence), sont invoqués des coûts de construction plus élevés en outre-mer, gonflés par des salaires rehaussés et des matériaux toujours plus chers à importer dans le contexte inflationniste actuel. « 90 % des produits [de construction] sont d’origine exogène. Quand le fret augmente, on ressent directement l’impact », argue Stéphane Brossard, le président de la commission technique de la Fédération réunionnaise du bâtiment et des travaux publics.

A l’instar de Philippe Pourcel, directeur général adjoint en charge du réseau des outre-mer de CDC Habitat – représenté sur l’île par la Société immobilière de Mayotte (Sim) – plusieurs intervenants  ont plaidé pour la mise en place d’équivalence normatives permettant de contourner les normes CE pour favoriser l’approvisionnement régional. Un « sourcing des matériaux plus ouvert », qui permettrait par exemple « d’acheter le fer sud-africain qui est quatre fois moins cher », selon Frédéric Maillot, le député de la sixième circonscription de La Réunion, qui rapporte que « l’ensemble des députés [ultramarins] est favorable aux échanges avec la zone ».

Par ailleurs, l’application cumulative, dans les territoires d’outre-mer de toutes les normes de construction hexagonales, en sus de celles qui leurs sont spécifiques (sismiques, cycloniques), est aussi désignée comme une cause des coûts élevés de constructions. « L’application brutale des normes d’accessibilité, sur des terrains souvent pentus, nous amène à faire des ouvrages invraisemblables, avec des rampes interminables », rapporte le DGA de CDC Habitat. « Ces exigences régionales vont au-delà des capacités du marché à pouvoir les absorber », considère Stéphane Brossard. Comprenez : tout cela se répercute in fine sur les loyers.

En écho au rapport sénatorial sur la politique du logement en outre-mer de 2021, Sabrina Mathiot pointe l’érosion de la LBU (ligne budgétaire unique), qui regroupe les aides de l’État au logement en outre-mer : 270 millions d’euros étaient crédités en 2010, contre 207 en 2020, « avec une augmentation du périmètre d’action dans le même temps », précise-t-elle. A l’échelle de Mayotte, les crédits ont toutefois quasiment doublé sur la même période (de 21 à 37,8 millions d’euros). La directrice plaide également pour un alignement de l’intervention sociale en outre-mer (aide personnalisée au logement – APL, prêts à taux zéro). « Un couple avec deux enfants, un loyer de 500 euros et 15.000 euros de revenus annuels toucherait 293€ d’APL dans l’Hexagone contre 283 en outre-mer », illustre-t-elle.

Le logement intermédiaire comme vecteur d’attractivité

La question du logement a également été abordée sous le prisme de l’attractivité des territoires. « Comment faire revenir les jeunes ? », interroge Nadia Bouyer, la directrice générale d’Action Logement, qui ambitionne de construire 5.000 logements à Mayotte sur les dix prochaines années. « Il manque ce segment de logement intermédiaire », estime celle qui, il y a dix jours à peine, signait la convention de partenariat avec la ville de Mamoudzou et la Cadema (Communauté d’agglomération de Dembeni-Mamoudzou) qui fera naître une résidence pour les jeunes actifs à Kaweni. « A Mayotte, il faut loger les travailleurs qui ne rentrent pas forcément dans les critères sociaux », abonde Philippe Pourcet. Pour cela, « il faut soutenir les maires bâtisseurs qui désirent construire » en déclinant des règles d’urbanisme adaptées aux spécificités des territoires, préconise la DG d’Action Logement. « On a trois ans avant les fins de mandats, il faut donc agir aujourd’hui ! »

Plus tard dans la matinée, la commission a également auditionné Hervé Mariton, ancien ministre de l’Outremer et président de la Fédération des entreprises des outre-mer (Fedom), et Laurent Renouf, son délégué général. Pour rappel, les travaux de la commission d’enquête sur le coût de la vie en outre-mer se poursuivent jusqu’en août prochain et donneront lieu à la publication d’un rapport d’enquête.

Les participants de la table ronde

  • Sabrina Mathiot, directrice de l’Union sociale pour l’habitat Outre-mer (USHO)
  • Nadia Bouyer, directrice générale d’Action Logement
  • Ibrahima Dia, directeur outre-mer d’Action Logement
  • Philippe Pourcel, directeur général adjoint en charge du réseau des outre-mer de CDC Habitat
  • Anne Frémont, directrice des affaires publiques de CDC Habitat
  • Philippe Robin, président de la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) Océan Indien
  • Stéphane Sanz, président de la Fédération des promoteurs immobiliers de La Réunion
  • Stéphane Brossard, président de la commission technique de la Fédération réunionnaise du bâtiment et des travaux publics, représentant la Fédération française du bâtiment

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