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Chambre des métiers : des conventions annulées et une dette abyssale injustifiée

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Alors qu’elle serait dans l’incapacité de justifier l’usage d’importantes subventions perçues pour des missions non réalisées, la Chambre des métiers enregistrerait des factures impayées pour un montant proche du million d’euros. La nouvelle direction paie des erreurs à mettre au compte de la précédente et son trésorier s’est vu signifier le 4 octobre dernier une suspension de ses prérogatives pur une durée de 12 mois.

Mais que se passe-t-il vraiment au sein de la chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte ? Chaque nouvelle semaine apporte son lot de révélations sur des pratiques ahurissantes dans un organisme public pourtant placé sous tutelle de l’État depuis la départementalisation de Mayotte. Sévèrement attaquée par son opposition dans nos colonnes (voir Flash Infos n°5313 du mercredi 5 octobre), l’équipe dirigeante n’a pas tardé à répliquer. Le couvercle de la boîte de Pandore s’est ouvert avec des indications qui nous mènent de « Charybde en Sylla ».

L’heure semble être venu aux règlements de comptes et au grand déballage au sujet des finances de cet honorable maison, faisant des arroseurs d’hier les arrosés d’aujourd’hui. Au centre de ce capharnaüm, l’ancien secrétaire général de la CMA, Jean-Denis Larroze, sur lequel sont portées des graves accusations de malversations financières supposées. Des faits, qui pourraient, s’ils se vérifient, embarrasser beaucoup de personnes dans l’ancienne équipe dirigeante, et qui, d’ores et déjà, interrogent sur l’attitude passive adoptée en pareilles circonstances par la tutelle. En effet, les choses se compliquent pour les premiers accusateurs dans la mesure où des élus issus de leurs rangs confirment certaines informations données par le trésorier actuel, Saïndou Attoumani. Il y a de quoi s’y perdre tant cette affaire semble tarabiscotée et biscornue.

À la base, une nouvelle équipe présidée par Halima Andjilani remplace celle précédemment dirigée par Salime « Raïs » Soumaila, au terme des élections consulaires du 12 novembre 2021 dans des modalités plus ou moins contestées, mais que la préfecture laisse passer. En arrivant aux affaires, les primo arrivants demandent un état des finances de l’institution. Le compte affichait alors en tout et pour tout 246.000 euros avec une masse salariale mensuelle oscillant entre 60 et 75.000 euros.

Pour la régler, la CMA se reposait sur un transfert de 50.000 euros assuré par sa maison mère nationale, CMA France, qui s’additionnait à d’autres fonds issus de plusieurs conventions locales pour des missions déléguées et des actions concrètes et ciblées prises en charge par l’Europe et le Département. Avant d’entrer dans le détail des sommes en jeu, il importe de souligner que dès le premier contact avec le Commissaire aux comptes, celui-ci annonce la couleur, son refus de valider les comptes 2018 ainsi que l’absence des comptes 2019, 2020 et 2021. Autre découverte de taille, pour ces différentes périodes énumérées, la CMA a navigué à vue sans budget arrêté.

Aucune justification des dépenses

Secret de polichinelle : celle-ci est très endettée et arrive à peine à assurer les salaires de ses agents. Énorme paradoxe dans la mesure où des sommes importantes auraient été versées à cette chambre consulaire. Au travers de deux conventions distinctes, l’Europe lui a versé chaque fois 30% d’une enveloppe de 1.4 million d’euros et de 338.000 euros. À cela s’ajoute une autre convention pluriannuelle (2019-2021) en date du 24 juillet 2019 conclue avec le conseil départemental pour un montant de 1.9 million d’euros : 1.780.000 euros de la collectivité et 120.000 euros des fonds européens (Feder, FSE, Interreg, autres). La subvention était répartie comme suit : 630.000 euros en 2019, 550.000 euros en 2020 et 600.000 euros en 2021.

Problème majeur, nul ne sait comment ont été utilisé les sommes déjà versées et par l’Europe et par le Département. La CMA est dans l’incapacité totale de justifier les actions concrètement menées parmi la ribambelle de missions qu’elle s’était engagée à réaliser au travers des différentes conventions précitées. Une situation qui prêterait à rire si l’instant n’était pas aussi gravissime, car il apparait que la totalité des 630.000 euros de 2019 ont bel et bien été attribués ainsi que 80% des 550.000 euros de 2020. Qu’est-il advenu de tout cet argent lorsqu’il s’avère que des factures restent impayées pour un montant avoisinant un million d’euros pour des prestations justement liées à ces actions ?

Avec une petite dose de machiavélisme, il échoit à la nouvelle équipe dirigeante d’apporter des éclaircissements à l’autorité de tutelle pour une gestion de plusieurs années qui n’est pas la sienne. Avant d’être débarqué de force de son inamovible strapontin, l’ancien secrétaire général aurait, à plusieurs reprises, y compris en assemblée générale et en présence du commissaire aux comptes, affiché une méthode de travail pour le moins opaque et à l’ancienne. À en croire les explications fournies par les nouveaux maîtres des lieux, il refusait toute touche de modernité proposée par la CMA France en vue d’une harmonisation avec les outils utilisés par les autres départements.

Les comptes de la CMA sont dans le rouge

Toujours selon les mêmes sources, ce personnage aurait de la répartie à chaque fois qu’une justification lui était demandée, au point qu’il aurait emporté avec lui le disque dur de son ordinateur, laissant la CMA Mayotte sans repères aucuns. Il se serait offert le luxe de s’attribuer des avances sur salaires ainsi qu’une quantité de billets d’avions pour Madagascar, la métropole et La Réunion pour des missions non justifiées. La décision du nouveau trésorier d’annuler tous ces titres de transports aurait mis le feu aux poudres entre lui et l’ancien secrétaire général jusqu’à aboutir à son remerciement fin juin 2022. Autre grief soulevé par les responsables de la CMA, le mis en cause aurait continué à accéder aux comptez bancaires de la chambre consulaire à la BFCOI, à l’insu de sa nouvelle hiérarchie en utilisant les signatures électroniques d’anciens dirigeants dont il disposait encore.

Toujours est-il qu’au lendemain de son départ, le compte se serait révélé complètement au rouge au point qu’il faille négocier une ligne de trésorerie pour assurer le strict minimum vital. Ce qui n’empêche guère Jean-Denis Larroze de demander à ses anciens employeurs, via un SMS, pas moins de 134.710,08 euros de prime de départ. C’est dans ce capharnaüm que le Département a gelé la convention passée avec la CMA à partir de 2020 et que l’Europe demande la restitution de plus de 400.000 euros alors que seulement 79.000 euros de prestations auraient été payés au titre des forums de métiers déjà organisés.

Le 4 octobre dernier après que l’affaire a commencé à s’étaler dans la presse, la préfecture convoque le trésorier de la CMA Saïndou Attoumani pour lui signifier la suspension de ses missions pour une durée de 12 mois, avec cependant la possibilité d’un recours en annulation auprès du Tribunal administratif du 101ème département. L’institution quant à elle se voit mis à rude épreuve pour continuer à valider d’AG en AG des comptes de gestion pour lesquels elle n’a aucune lisibilité sous peine de mettre la clé sous la porte. Du jamais vu ailleurs sur le territoire national. Que va-t-il advenir de la Chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte ? Attendons de voir la suite qui sera donnée à ce feuilleton.

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Mayotte hebdo n°1085

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