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Mahorais, kibushi, français : une cohabitation ambigüe

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C’est un éternel débat. Faut-il donner plus de place à la langue française à Mayotte ? Ou au contraire, valoriser davantage le mahorais et le kibushi ? Il n’existe pas de réponse exacte, tant les avis sont partagés. C’est dans cette vision des choses que se tient la première consultation sur les langues, initiée par la Direction des affaires culturelles de Mayotte. Bruno Lacrampe, conseiller livre et lecture, langue française et langue de France à la DAC de Mayotte, a constaté un affaiblissement des deux langues régionales, sans pour autant observer une amélioration du niveau en français, sur le territoire.

Flash Infos : En quoi consiste cette consultation sur les langues à Mayotte ?

Bruno Lacrampe : Nous allons consulter les Mahorais afin de cerner ce qu’ils veulent et pensent concernant les différentes langues parlées sur l’île. Nous organisons quatre réunions sur le mahorais, deux sur le kibushi, une sur l’arabe et les langues étrangères parlées sur le territoire (espagnol, anglais, soihili, malgache), et une sur le français. Nous allons ensuite faire des comptes rendus écrits en français et oraux pour éviter le problème de l’écriture et les publier sur Facebook pour que les gens continuent à commenter. Puis vers juillet et août, nous allons tout éditer en ajoutant les commentaires de Facebook. Au bout du compte, nous aurons un catalogue de toutes les idées présentes sur l’île concernant les langues régionales.

FI : Quelle sera l’utilité de ce catalogue ?

L. : L’année prochaine se tiendront les états généraux du multilinguisme Outre-mer à La Réunion. C’est un évènement qui se produit tous les dix ans. C’est l’occasion de faire le point et d’inventer des dispositifs sur les langues d’Outre-mer. Jusqu’à présent, Mayotte a été en dehors de ces discussions parce que, même si pour le ministère de la Culture, les langues de Mayotte sont des langues régionales à part entière, pour l’Éducation nationale elles ne sont pas reconnues comme telles et ne sont donc pas enseignées. Ce catalogue permettra de mettre en avant toutes les langues parlées sur le territoire.

FI : De quelle manière cohabitent le mahorais et le kibushi avec le français ?

L. : Le français est la langue officielle, langue de l’enseignement, de la promotion sociale, mais par contre, ce n’est pas la langue parlé à la maison. Nous pensons que 80% des Mahorais parlent plutôt le shimaoré ou le kibushi. Les langues régionales de Mayotte sont beaucoup plus vivantes que les langues régionales en métropole. Mais la situation ici est différente car les langues de Mayotte sont très différentes du français. Contrairement au créole par exemple qui s’apparente au français. Il n’y a pas de passerelle très facile entre les langues régionale de l’île et le français.

FI : Comment est-ce que cela se caractérise sur le territoire ?

L. : Du point de vue de la citoyenneté, le fait de ne pas connaître le français entraîne une certaine exclusion. Il y a des institutions qui réfléchissent plus ou moins à la question, mais cela ne suffit pas. Par exemple, la justice a des interprètes, l’hôpital fait des efforts mais qui sont informels. Le médecin fait appel à un collègue pour traduire lorsque le patient ne parle pas français, mais ce n’est pas son métier de base. Nous retrouvons cette situation dans beaucoup d’autres endroits, dans l’administration et dans le privé.

FI : Que faudrait-il faire pour mieux prendre en charge les personnes qui ne parlent pas français ?

L. : Il faudrait mettre en place, dans un premier temps, des formations d’interprètes. Ensuite, chaque entreprise et administration doit prendre ses dispositions. Elles pourraient par exemple dégager dans leur budget une partie pour embaucher des personnes formées qui font de l’accompagnement linguistique. Le domaine de la santé et de la justice sont les plus importants à mon sens.

FI : Certains amoureux du mahorais et du kibushi pointent du doigt un certain dénigrement de ces deux langues. Pouvons-nous imaginer leur disparition au profit du français ?

L. : À Mayotte, les deux langues régionales sont mises à mal, car il y a d’une part ceux qui ne les parlent pas du tout parce que leurs parents ne leur ont pas appris. D’autre part, nous observons une détérioration de la qualité de ces langues. Certains mots ont disparu et ont été remplacés par des mots en français. C’est ce qu’il s’est passé un peu partout dans les régions de France, notamment pour le basque et le breton. Si nous ne faisons rien, la tendance naturelle mène à l’affaiblissement qualitatif, voire à la disparition de la langue régionale.

FI : Comment éviter d’arriver à une telle situation ?

L. : Il faut se focaliser sur les enfants. Il y a des gens qui pensent que si nous apprenons les deux langues en même temps, nous finissons par n’en maîtriser aucune des deux. C’est quelque chose que nous voyons par exemple en Algérie. Il y a la présence concomitante de trois langues, et finalement le niveau n’est bon ni en français ni en arabe ni en berbère. Mais selon moi, tout dépend de la manière dont nous faisons les choses. Dans un cadre formel comme l’école, onous pouvons penser que le fait d’être en contact avec plusieurs langues peut renforcer les unes et les autres. Parce que nous apprenons à faire des exercices dans la langue avec laquelle nous avons le moins de difficultés puis nous transposons dans l’autre. Quoi qu’il en soit, le ministère de la Culture cherche à favoriser la présence de toutes les langues dans l’espace public et dans les administrations qui le souhaitent.

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