Collège de Cavani : le conseil départemental de Mayotte donne son feu vert

Le projet du rectorat de Mayotte était suspendu à la décision du conseil départemental, ce mardi 22 novembre. Celui-ci a approuvé le bail débloquant le foncier nécessaire au collège pouvant accueillir 600 élèves, au grand dam de l’opposition et d’un collectif farouchement opposés à cet établissement.

Il y a eu quelques applaudissements ironiques à l’annonce du résultat du vote, ce mardi matin, dans l’hémicycle Younoussa Bamana, siège du conseil départemental. Réunis en séance publique, les élus devaient se prononcer sur la vente de parcelles de Cavani au rectorat de Mayotte. Ce dernier veut construire un collège aux abords du stade, comme nous l’avait expliqué le recteur Gilles Halbout dans notre édition du 15 novembre 2022. 600 élèves, à la fois du quartier et en section excellence sportive, doivent y suivre leurs cours, dès 2025 si le planning est respecté. Évalué à 25 millions d’euros, cet établissement est de moindre mesure par rapport aux autres collèges de Mamoudzou qui dépassent généralement les 1.500 élèves.

Toutefois, ce projet ne fait pas l’unanimité. Quatre élus d’opposition (deux présents et par deux procurations) ont voté contre, demandant qu’il soit ajourné. Elyassir Manroufou ne s’en cache pas. Ce projet, il s’y opposera de manière forte. Il pose différents problèmes, selon lui, dont sa capacité en premier lieu. « Je connais les besoins de ce secteur et 600 élèves, ce n’est pas assez. Il faut au moins un collège de 1.200 élèves », fait remarquer celui qui défend un autre terrain, sur les hauteurs de Cavani et situé en-dessous du quartier Convalescence. Malgré la promesse du recteur de faire un autre collège dans ce secteur, il n’y croit pas une seconde. « Ce qui tue sur notre territoire, ce sont des fonctionnaires qui décident sans nous », ajoute-il. Il pointe aussi l’aspect sécuritaire avec el mélange d’élèves du quartier et de l’extérieur, tout comme des difficultés d’accès pour les bus. Du même avis, un collectif de riverains s’est même constitué et a recueilli plus de 450 signatures. Quelques membres venus assister à la séance n’ont pas d’ailleurs pas caché leur mécontentement.

« Le monde du sport ne s’y oppose pas »

Autre argument avancé, la présence du collège nuirait à la vocation sportive du lieu. Invités à donner son avis sur les dossiers du Département, les membres du Césem (conseil économique, social et environnemental de Mayotte) ne sont pas non plus enthousiastes à l’idée d’intégrer l’établissement scolaire au paysage. « Le site devait être exclusivement réservé à la réalisation d’équipements sportifs. La concentration de terrains de sport et la diversification des disciplines drainerait beaucoup de jeunes et faciliterait leur encadrement par la mobilisation de nombreux éducateurs. La gestion du domaine sportif de Cavani se trouverait par ailleurs faciliter », note l’instance. En effet, la présence du collège pourrait avoir une incidence sur l’homologation du stade de Cavani et notamment l’accueil de rencontres de Coupe de France ou internationales. Pour être de niveau 2, il faut un accès sécurisé pour les arbitres et les officiels. Mohamed Boinariziki, président de la ligue mahoraise de football, s’est donc exprimé contre, mais ne peut s’opposer à la décision du conseil départemental. Elyassir Manroufou va plus loin en rappelant « l’ambition des Mahorais à accueillir les Jeux des îles 2027 ».

Cet argument est balayé de la main par Ben Issa Ousseni. Le président du conseil départemental souligne qu’il vient de rencontrer justement les représentants des ligues et des comités sportifs pour parler de la candidature mahoraise (voir Flash Infos du 22 novembre 2022) . « Aucun dirigeant ne m’en a parlé. Le monde du sport ne s’y oppose pas », estime-t-il, alors que le Cros (Comité régional olympique et sportif) Mayotte a déjà émis un avis favorable. « Nos enfants méritent de l’excellence », répond le président aux détracteurs du collège de Cavani-stade.

L’espoir des opposants pourrait maintenant venir de la Fédération française de football. Le recteur a prévenu que le projet ne se ferait pas en cas « de points bloquants » aux yeux de la fédération.

 

Ben Issa Ousseni veut « une police des transports »

« Ces dernières semaines, ces derniers jours ont été marqués par un déchainement de violences de bandes de plus en plus dangereuses. Caillassages quotidiens, règlements de bandes rivales, atteintes aux biens des particuliers ou des entreprises, la liste est trop longue. Nous aimerions pouvoir vous dire aujourd’hui que cela ne se reproduira pas. Mais force est de constater qu’il ne se passe pas un jour sans que le territoire ne soit confronté à l’hyperviolence », reconnaît le président de l’assemblée départementale. Il souhaite « une police des transports ». « Il faut maintenant s’en donner les moyens, avec un calendrier précis et des points d’étapes », martèle-t-il. « J’ai suggéré au préfet de Mayotte de mettre en place, en lien étroit avec les maires, un contrat local de sécurité, qui permet de mutualiser le recours à l’ensemble des forces de sécurité du territoire », ajoute l’élu mahorais, qui partage « sa compassion avec les familles des victimes ».

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