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« Aménager le territoire sans intégrer la problématique de l’eau se révèle dévastateur »

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Présente sur le territoire depuis le 25 août, la délégation de l’association Les Ateliers a rendu ce mardi matin son rapport d’étonnement de la mission exploratoire. Parmi les thèmes abordés, celui sur la problématique de l’eau représente un enjeu majeur dans l’aménagement du territoire. Pour l’urbaniste hydrologue Christian Piel, il est indispensable de remettre la nature au cœur des projets et privilégier les nappes phréatiques pour faciliter le stockage.

Flash Infos : La problématique de l’eau représente un enjeu majeur à Mayotte… À la suite de votre séjour, quel état des lieux pouvez-vous dresser ?

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Christian Piel soumet l’idée d’implanter une agence de l’eau à Mayotte pour développer une approche dite « génie écologique » de la ressource en eau.

Christian Piel : Lors de mon intervention, j’ai soulevé deux sujets qui ne sont en aucun cas une révélation aux oreilles de tous ! Premièrement, la pluviométrie est trois fois plus importante à Mayotte qu’en Île-de-France alors que la pluie ne se concentre que cinq mois dans l’année… Sachant cela, vous me demanderez alors les raisons des coupures d’eau dont sont victimes les habitants ? Vraisemblablement parce qu’il n’y a pas suffisamment d’infrastructures efficientes.

Deuxièmement, indépendamment des problèmes de ressources, les risques ne sont pas assez pris en compte. Nous n’en entendons absolument pas parler, à l’instar des ruissellements extrêmes qui embarquent et déversent tout un tas d’ordures dans le lagon, qui se retrouve irrémédiablement pollué.

FI : Il y a quinze ans de cela, vous êtes intervenus sur le secteur de M’Gombani. Quelle comparaison avez-vous pu noter ?

C.P. :La route nationale venait d’être construite en bordure de mer sur du remblai. Seul hic : les ruissellements inondaient totalement ce nouveau quartier de M’Gombani. La population se révoltait car elle avait plus de 50 centimètres de flotte dès lors qu’il pleuvait… Nous avions alors installé des bassins de rétention qui ne me semblent plus être présents aujourd’hui !

Cet exemple met en exergue un point essentiel : aménager le territoire sans intégrer la problématique de l’eau se révèle dévastateur. Ce n’est pas l’eau en tant que telle qui génère le risque, c’est le comportement humain dans l’urbanisme qui nous rend vulnérable. Les cheminements ne sont pas tellement respectés dans la mesure où ils sont à moitié bouchés. Sachant que les périodes de pluie seront de plus en plus intenses en raison du changement climatique, nous courrons tout simplement vers de nombreux dégâts. Il faut arrêter d’occuper ces axes d’écoulement n’importe comment.

FI : Depuis 2016, l’île subit une crise de l’eau sans précédent. Quelles solutions préconiseriez-vous pour y remédier, sachant que la consommation est amenée à doubler d’ici 2050 ?

C.P. :Notre approche se base systématiquement sur la nature. En d’autres termes, il faut retrouver un fonctionnement naturel. Alors oui, les retenues collinaires s’avèrent intéressantes d’un point de vue financier, mais l’évaporation de l’eau gâche en réalité une bonne partie de leurs ressources… Quant aux usines de dessalement, elles participent à la dégradation du lagon en concentrant une quantité énorme de sel dans des points nommés. Sans parler de leur coût ! Après, elles peuvent offrir un gage de sécurité en période d’importantes sécheresses.

Selon moi, nous devrions privilégier la mise en œuvre de réserves d’eau autonomes à l’échelle de l’habitant. Chaque nouvelle construction devrait posséder sa propre cuve pour arroser son jardin et alimenter ses toilettes. L’autre solution serait de mettre l’accent sur l’infiltration des sols afin de posséder un réservoir sous-terrain. Il s’agirait alors d’une nappe phréatique que nous pourrions venir alimenter. À mon sens, il faudrait « forcer » ce type d’ouvrages !

FI : La semaine dernière, un contrat de progrès du service public de l’eau potable et des eaux usées de Mayotte pour la période 2022-2026 d’un montant de 411 millions d’euros a été signé en présence du ministre délégué chargé des Outre-mer. Ne serait-ce pas ici l’occasion de changer de paradigme comme vous le préconisez ?

C.P. : Lorsque nous évoquons un tel budget, cela se termine généralement en stations de dessalement… Les grands groupes vont réussir à « vendre » leurs machines et auront l’impression d’avoir apporter leur pierre à l’édifice. Malheureusement, l’absence d’une agence de l’eau, qui est financée par des taxes sur les eaux usées, est préjudiciable… En métropole, elles sont au nombre de six et ont compris que la qualité de ressource en eau est déterminante dans l’aménagement urbain.

À Mayotte, une telle structure pourrait utiliser ces 400 millions d’euros pour encourager l’idée d’une nappe phréatique. Il faut cet acteur pour prendre en compte le cycle en eau dans sa globalité. Pour bénéficier de réserves plus conséquentes, il ne faut pas des réservoirs à ciel ouvert, mais bel et bien souterraines. Il faut revégétaliser les villes et aménager des zones d’écoulement en bonne et due forme, ce serait plus durable dans le temps et surtout moins fragile en termes de fonctionnement.

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