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Estelle Youssouffa, députée mahoraise

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Retrouvez l’intégralité du classement des 30 personnalités les plus influentes de Mayotte dans le Mayotte Hebdo n°1026, paru ce vendredi 13 janvier. Ce mercredi, vous pouvez lire l’interview et le portrait de la troisième du classement, la députée Estelle Youssouffa.

Mayotte Hebdo Archive – Mayotte Hebdo

Mayotte Hebdo : Entre la campagne, l’élection et votre rentrée à l’Assemblée nationale, l’année 2022 a été pour le moins effervescente. Quels sont vos objectifs pour 2023 ?

Estelle Youssouffa : Obtenir des résultats pour Mayotte, après un début de mandat dense. Une année 2023 qui s’annonce aussi difficile diplomatiquement, puisque le président Azali prend la tête de l’Union africaine. Je m’attends donc à des répercussions négatives pour Mayotte. Donc combative et motivée, plus que jamais, pour 2023 et les années qui viennent, au service de la population.

M.H. : En parlant de la population, vous avez bien saisi la nécessité de prendre la lumière sur les réseaux sociaux, de communiquer pour mettre en avant votre travail…

E.Y. : Ce n’est pas prendre la lumière que de rendre compte. Je parle à la population mahoraise sur les réseaux sociaux et je vais dans les médias nationaux pour alerter sur la situation de Mayotte et augmenter la pression sur le gouvernement. Ce sont deux stratégies différentes.

M.H. : Quoi qu’il en soit, vous avez acquis en quelques mois une réelle cote de sympathie auprès des Mahorais. L’interprétez-vous comme une validation de votre travail lors de ces premiers mois ?

E.Y. : Je considère avoir un lien très fort avec la population, qui me touche beaucoup, qui est sincère et réciproque. C’est surtout une force énorme, politique mais d’abord affective, pour ce que je fais au quotidien. Dans la rue ou sur les réseaux, les gens viennent vers moi, de façon très respectueuse et affectueuse, ce qui me dépasse complètement, puisque je suis quelqu’un d’assez réservé. C’est très beau. Ça me motive, car le travail à Paris est solitaire, ingrat. L’affection mahoraise me permet de recharger les batteries émotionnelles.

La communication me permet d’expliquer sans contrainte de temps, les gens regardent en direct ou quand ça leur convient, rediffusent, commentent et nous envoient énormément de messages. Le dialogue est constant. Et c’est très utile pour ma mission, puisque cela me permet de rester au fait des problèmes de la population. Elle m’ancre au réel, et me rappelle régulièrement « On t’a mise là-haut », ce qui veut dire « On peut t’enlever ». C’est une pression saine et indispensable.

M.H. : Comme lors de votre intervention à l’Assemblée cette semaine, lorsque vous avez rappelé au gouvernement le prix d’un pack d’eau à Mayotte ?

E.Y. : Bien sûr, on m’envoie des messages concernant la vie chère. Je suis une Mahoraise comme les autres, j’ai ma kapok, je fais des stocks… Chaque fois que je remplis ma bassine, je pense au ministre Carenco. Ça me file des bouffées d’angoisse et d’énervement, je rêve de distribuer des kapoks d’or tellement je n’en peux plus de ces coupures d’eau ! Je trouve ça inadmissible.

M.H : La réforme des retraites arrive à l’Assemblée début février. Comment se positionneront Estelle Youssouffa et le groupe LIOT sur ce sujet ?

E.Y. : Aucune idée, car nous n’avons pas encore le texte. Personnellement, et compte tenu de la situation des retraites à Mayotte qui est absolument indigne car limitant les cotisations et envoyant l’excédent de ces dernières en métropole, je dois examiner le texte pour voir ce qui est prévu pour Mayotte. Si quelque chose est prévu. Sinon, je déposerai des amendements et, dépendamment de l’avis du gouvernement, je voterai ou pas. Compte tenu du rapport de force à l’Assemblée, où chaque voix va compter, la mienne sera pour le texte s’il y a des avancées pour nous. Le groupe LIOT est quand même assez défavorable à la réforme, sous réserve de ce que l’on verra, car il y a une marge entre ce qui est annoncé et ce qui est sur papier. Je suis devenu très Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois. Il faudra aussi voir la mobilisation populaire à ce sujet.

M.H. : Cela va compter, pour vous ?

E.Y. : Oui. Pour le moment, il y a beaucoup de gesticulations mais personne ne peut dire ce que ça peut donner. Le climat dans l’Hexagone est assez inédit. On ne sait pas si les gens vont avoir ce courage alors qu’ils sont épuisés, ainsi que les moyens financiers. Une grève, ça coûte cher. Aller manifester, c’est du carburant, un billet de train… Les Français sont encore plus déprimés que d’habitude. Et on ne sait pas si ça les rendra apathiques, ou au contraire si ce sera la goutte d’eau qui fera déborder le vase.

La discussion sur les retraites est extrêmement technique, et je ne suis pas sûre que les gens se projettent alors que le prix du caddie est vraiment dingue, on ne parle que de ça. C’est une hausse continue depuis bientôt un an qui commence à vraiment faire mal. Avec la hausse des prix du carburant, ces deux éléments prennent la tête de la population, qui ne se penchera peut-être pas sur les retraites. Je pense que c’est aussi le calcul du gouvernement, même si les syndicats espèrent une coagulation.

Et il y a toujours l’hypothèse d’un énième 49.3. Si ça se confirme, on va encore faire de la figuration au Parlement, puisque nos amendements, même votés, ne sont pas retenus par le gouvernement. D’ici février, on devrait avoir plus de clarté sur ce qui se passera. Nous verrons aussi le 19 janvier [lors de grèves et manifestations prévues par les syndicats et certains partis politiques, NDLR] si le pays est paralysé. Je n’ai pas de problème à dire que l’on ne sait pas encore, on verra.

Du Collectif des citoyens aux sièges de l’Assemblée nationale

Elle est sans aucun doute la personnalité mahoraise la plus dynamique de 2022, ayant été omniprésente l’année passée. Portant auparavant les revendications du Collectif des citoyens de Mayotte, Estelle Youssouffa a réussi un coup de force autant qu’un changement de statut radical en devenant la députée de la première circonscription de l’île. Tout cela à la faveur d’un franc-parler qui plaît ou déplaît, qui fait réagir de toute façon.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la députée « poutou mgowa » n’a pas hésité à épicer les débats sur les bancs de l’Assemblée nationale, au sein du petit groupe centriste LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires). Quelle que soit sa tenue, elle est recouverte de son kichali noir et rouge aux fleurs d’ylang jaunes, car, quel que soit le sujet, Estelle Youssouffa est ici pour défendre les intérêts des Mahorais. L’ancienne journaliste n’a cure, en effet, de chasser sur les terres de la gauche – que ce soit au niveau des prestations sociales ou de la vie chère – ou de la droite plus ou moins extrême – notamment sur l’immigration comorienne et l’insécurité.

Qu’importe, cette hyperactivité rondement médiatisée plaît au peuple qui l’a élue, d’autant que la députée sait se servir des outils de communication numériques pour promouvoir ses actes. À l’image de son passage au siège des Nations Unies, à New York, pour dénoncer une fois de plus l’hypocrisie des dirigeants comoriens. Si la Mahoraise fait partie des députés les moins actifs et présents de l’hémicycle, elle a assurément remporté la bataille de l’image.

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