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La vanille et l’ylang, deux filières sous exploitées dans l’histoire

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À Mayotte, la culture de l’ylang et de vanille est une tradition de longue date. Et si les deux produits sont connus pour être d’une très bonne qualité sur l’île, le développement des filières est un chemin lent et sinueux. Retour sur l’histoire de la production de l’ylang et de la vanille dans le 101ème département français, dont la culture lui a valu le surnom d’île aux parfums.

L’huile d’ylang est produite à Mayotte depuis les années 1900. Entre 1950 et 1980, il y avait plus de 1.000 hectares d’ylang sur l’île, dont une large partie – 15 tonnes par an – était déjà exportée à l’international. Il existait alors trois grands domaines de production sur l’île : la Bambao, la SPPM et Achery-Bellemare. Toutes ont cessé leur activité dans les années 90, avec le changement de statut du territoire, qui les a contraintes à payer leurs petits mains non plus à un prix arbitraire, mais au tarif imposé par les dispositifs légaux.

Dès lors, des petits producteurs se sont installés progressivement sur Mayotte, sur des terrains personnels de moins d’un hectare. L’huile d’ylang mahoraise est considérée comme supérieure aux autres du fait de la qualité de ses fractions “Extra S” et “Extra”, ce qui lui donne beaucoup d’atouts auprès des parfumeurs. Elle a été choisie pendant sept ans par Guerlain, entre 1995 et 2002, avant qu’il se retire car la main-d’œuvre devenait “trop chère” comparée à celle des Comores ou de Madagascar pour une huile de qualité plus ou moins similaire. À titre d’exemple, à Anjouan, un litre d’huile d’ylang était acheté deux fois moins cher qu’à Mayotte par les parfumeurs.

Aujourd’hui, le potentiel du 101ème département en termes de production d’ylang serait de cinq tonnes d’huile essentielle par an. Mais la plupart de ces plantations sont vieilles de 50 à 70 ans. Peu d’exploitations sont récentes, on compte seulement une dizaine d’hectares plantés depuis 2005 selon la direction territoriale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF). Les producteurs ont maintenu leurs plantations par passion et volonté de continuer la tradition de la culture d’ylang. Et depuis l’arrivée des aides européennes, ils sont incités à garder leurs arbres et à faire perdurer leur savoir-faire. Les subventions leur

permettant de ne pas se noyer face à un coût de production extrêmement cher et peu de ventes. En 2010, le recensement agricole estimait qu’il existait 198 exploitations d’ylang sur Mayotte, qui se partageaient 145 hectares.

Moins d’une tonne de vanille produite chaque année

La vanille noire de Mayotte, très grasse, est réputée pour sa qualité. Depuis le XIXème siècle, elle est reconnue dans l’océan Indien, et même bien plus loin, puisqu’elle a été récompensée par les médailles d’or et d’argent au concours agricole de Paris. Les représentants de la Compagnie des Comores notent dans un courrier des années 1860 que “la vanille croît parfaitement et donne de superbes gousses quand elle est fécondée”. Une belle production qui serait liée au climat de l’île. Dans les années 1940, l’inspecteur colonial de la circonscription de Mayotte déclare que la vanille est un point clé de l’économie de l’archipel [des Comores] et une source de revenus non négligeable. À l’époque, 3.5 tonnes de vanille sont produites chaque année à Mayotte, contre 36 tonnes à Anjouan et 80 tonnes en Grande Comore.

Depuis, on produit sur le territoire moins d’un tonne de vanille par an, contre 35 à La Réunion ou encore 140 aux Comores. En plus de la concurrence régionale, la vanille doit faire face à la concurrence artificielle. En effet, dans le monde, on vend six fois plus de vanille artificielle que naturelle !

Aujourd’hui, 85 producteurs de vanille sont déclarés à Mayotte, mais 80% d’entre eux ne parlent pas français, un gros frein pour l’exportation de ce produit de qualité, a fait remonter le ministère de l’agriculture et de l’alimentation en novembre 2020. Les producteurs sont aussi pour la plupart âgés, environ 60 ans, leurs exploitations pourraient donc être laissés à l’abandon si le savoir-faire traditionnel ne se transmet pas. On note aussi une technique de production peu efficace en termes de rendement, un marché déstructuré qui ne permet pas une bonne expansion de la filière et une qualité des gousses inégales liée aux différents moyens de production.

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