25 bureaux de vote dépouillés sur 133, ce qui représente :
- 11.877 inscrits
- 6.985 votants
- 6.936 exprimés
- Taux de participation 58,81%
- Oui : 6.627 – 95,5%
- Non : 309 – 4,5%
25 bureaux de vote dépouillés sur 133, ce qui représente :
30,9% des inscrits dépouillés, soit :
58,3% des inscrits dépouillés soit 41.486 électeurs :
Yves Jégo : "Le travail a déjà commencé"
Invité du journal sur LCI à 20h30 (heure Mayotte), le secrétaire d'Etat à l'Outremer à commenté les derniers résultats connus de la consultation : 94.1% de oui. "Ce n'est pas une surprise", a d'emblée annoncé M. Jégo, "Je tiens à faire une précision par rapport à ce qu'on peut entendre : ce n'est qu'un changement de statut, Mayotte est déjà française depuis bien longtemps." Le secrétaire d'Etat a expliqué que le département apporterait "plus d'harmonisation" avec la métropole, tout en précisant que "le travail a déjà commencé. Il y aura un effort partagé entre les mahorais et l'Etat français."
"Mayotte présente des atouts considérables, dans le tourisme et l'aquaculture notamment. Il y a aussi des difficultés, la maîtrise du français sur laquelle il va falloir mettre l'accent, et le rapport avec l'Union des Comores. La départementalisation permettra de trouver un nouveau dialogue avec les Comores et de mettre un frein aux flux migratoires."
93% des inscrits dépouillés soit 66.092 :
Résultats officieux de la consultation électorale du 29 mars 2009 sur le changement de statut de Mayotte
Résultats "sortis des urnes" avant vérification par la commission de contrôle
Communes Inscrits* Votants Taux Particip. Bl. ou nuls Exprimés OUI Taux NON Taux
ACOUA 3027 1939 64,06% 26 1913 1837 96,03% 76 3,97%
BANDRABOUA 3397 2131 62,73% 14 2117 2059 97,26% 58 2,74%
BANDRELE 3232 2243 69,40% 10 2233 2191 98,12% 42 1,88%
BOUENI 3551 2464 69,39% 11 2453 2419 98,61% 34 1,39%
CHICONI 4410 2881 65,33% 20 2861 2790 97,52% 71 2,48%
CHIRONGUI 3439 2434 70,78% 11 2423 2400 99,05% 23 0,95%
DEMBÉNI 2425 1666 68,70% 11 1655 1551 93,72% 104 6,28%
DZAOUDZI 5538 2736 49,40% 45 2691 2415 89,74% 276 10,26%
KANI-KÉLI 3265 2071 63,43% 7 2064 2042 98,93% 22 1,07%
KOUNGOU 4589 2514 54,78% 20 2494 2332 93,50% 162 6,50%
MAMOUDZOU 12067 6362 52,72% 101 6261 5556 88,74% 705 11,26%
M'TANGAMOUJI 3929 2769 70,48% 8 2761 2718 98,44% 43 1,56%
MTZAMBORO 4599 3164 68,80% 1 9 3145 3071 97,65% 74 2,35%
OUANGANI 3012 1629 54,08% 1 4 1615 1555 96,28% 60 3,72%
PAMANDZI 3416 2048 59,95% 3 2 2016 1836 91,07% 180 8,93%
SADA 4672 2723 58,28% 14 2709 2656 98,04% 53 1,96%
TSINGONI 3467 2182 62,94% 17 2165 2064 95,33% 101 4,67%
TOTAL 72035 43956 61,02% 380 43576 41492 95% 2084 4,78%
* Nombre d'inscrits transmis par les communes prenant en compte les modifications intervenues depuis le 31 décembre 2008.
Ce soir, sur le plateau de RFO au Conseil Général, vers 20h30-21h, Mayotte Hbdo a recueilli en exclusivité les réactions "à chaud" des acteurs politiques locaux…
Ahamed Attoumani Douchina , qui s'est félicité du score obtenu dans sa commune de Kani-Kéli à près de 99 % pour le "oui", a déclaré que
"Je suis vraiment heureux de voir comment les élections se sont passées parce qu'il y a eu une mobilisation, même si on peut regretter que la participation se situe à 60 %."
"Je regrette que dans cette campagne, nous n'avions pas d'adversaires connus. Beaucoup de personne ont considéré que les résultats étaient acquis d'avance et n'ont pas senti le besoin de se déplacer aux urnes".
Le sénateur Adrien Giraud a rendu hommage à Younoussa Bamana, Zaïna Méresse, Zéna Mdéré et Marcel Henry, les figures historiques du combat de Mayotte pour son statut. "Le Président Sarkozy a franchi une étape que les autres Présidents n'ont jamais franchie, en tenant sa parole et en disant que si les Mahorais lui demandaient le statut de département, il leur offrirait ce statut"
"C'est un événement aujourd'hui qu'on ne peut pas qualifier parce que beaucoup de Présidents et beaucoup de gouvernements avaient promis aux Mahorais qu'on allait les consulter mais il y avait toujours cette peur des instances internationales qui les en empêchait à chaque fois"
Au sujet de la séparation avec les Comores en 1974, Ibrahim Aboubacar a déclaré que "l'Histoire a donné raison aux Mahorais. Ce dogme de l'intangibilité des frontières issues de la décolonisation a été battu en brèche partout en Afrique. Aujourd'hui, c'est le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes qui a pris le dessus."
Saïd Omar Oili a déclaré que "maintenant, la page est définitivement tournée sur le problème statutaire et nous devons nous atteler ensemble, toutes les élites, pour construire ce pays".
Aboulatifou Aly a déclaré que "la majorité des électeurs qui sont inscrits sur les listes électorales n'habite plus Mayotte".
Réuni le 23 mars, le bureau national de son syndicat a aussi autorisé son président Bernard Van Craeynest à saisir le Président de la République pour lui souligner les points cruciaux à traiter que sont l'intégration dans la fonction publique des agents de Mayotte, la défense du pouvoir d'achat ou encore la question de la retraite.
Une conférence de presse est organisée au CG de Mayotte vers 20h10 et le président se rendra ensuite sur le front de mer pour une proclamation officielle des résultats, s'ils sont disponibles, vers 21h15. La fête pourrait ensuite durer toute la nuit !…
Sur le plan pratique, par mesure de sécurité, le stationnement des automobiles sera interdit toute la journée de dimanche dans les zones suivantes : les parkings du Comité du tourisme et aux abords du marché de Mamoudzou, les alentours du rond-point du commandant Passot et la rue située entre le rond-point du commandant Passot et la voie conduisant à l’embarcadère de l’amphidrome. Enfin, les barges circuleront jusqu’à 3h du matin, mais elles n’embarqueront plus de véhicules à partir de 20h. Les amphidromes s’arrêteront à 20h.
Les membres du Despé "remercient tous les partenaires de cette action : Lauragais, Socodem, Chez Lucho, Palace, Zoom, EDOI, Chez Nana, qui nous ont permis de pouvoir offrir seize lots. Merci également à tous les participants. Les fonds ainsi récoltés vont permettre au club de continuer à faire vivre son école de rugby, principale dépense de son budget". Pour finir, le DRC invite tous ses membres et supporters à venir encourager l’équipe senior lors de la demi-finale du championnat face au Rugby club de Petite Terre qui se déroulera le samedi 18 avril à 15h30 au stade de Kavani. "Venez nombreux !"
Liste des gagnants (lots à récupérer Chez Lucho) : Stéphane Hareng (1er prix), Gégé Topo (2ème prix), Guy Chaudet (3ème prix), Doon (4ème prix), Fred (5ème prix), Fly (6ème prix), Laurent Baguet (7ème prix), Will (8ème prix), Gilles (9ème prix), Marco (10ème prix), Fly (11ème prix), Lucho (12ème prix), Eric RCM (13ème prix), Gégé Topo (14ème prix), Greg (15èmeème prix). prix), Criquet (16
Cent quatre-vingts élèves ont pris part à cette action où sept établissements étaient représentés. Classement final : Labattoir 1 (1er), Tsingoni 1 (2nd), Labattoir 2 (3ème), M'gombani 1 (4ème), Tsingoni 2 (5ème), Kawéni 1 (6ème), M'gombani 2 (7ème) et Kawéni 2 (8ème).
GreenFields est le principal fabricant européen de gazon synthétique pour les stades (zone Afrique/océan Indien), et la présence de son directeur commercial sur Mayotte devrait éclaircir les différents acteurs quant aux enjeux, aux avantages pratiques, aux techniques et surtout à l'économie de l'usage d'un gazon de ce type.
Selon le cabinet Canopia – à l'initiative de cette visite exceptionnelle de Régis Paillard – ces pelouses artificielles n'auront pas besoin d'être arrosées. De plus, "elles améliorent la qualité du jeu (football, rugby…) par des propriétés de glissement et d'attaque sans risque d'abrasion… Idéal pour le joueur et le sport".
Après l'Europe et les îles voisines (Madagascar, Comores, Maurice, la Réunion…), le gazon synthétique, "produit qui fait l'unanimité technique et environnementale" devrait envahir les terrains mahorais dans plus très longtemps.
{xtypo_dropcap}"N{/xtypo_dropcap}ous faisons déjà un travail important auprès des scolaires, avec plusieurs actions comme le rallye patrimoine, la collectes des coupons SFR, etc.", rappelle le président Michel Charpentier. "Avec cette revue nous souhaitons répercuter au maximum nos actions auprès des jeunes." Tirée à 500 exemplaires, Mashababi sera diffusée aux jeunes adhérents de l'association ainsi que dans les bibliothèques et les CDI. Bien que le prix affiché soit de 1€, elle sera en faite gratuite pour les scolaires.
En bon enseignant, M. Charpentier souligne que la revue pourrait permettre de créer une habitude de lecture chez les jeunes et les inciter à lire d'autres publications une fois sortis du système scolaire. "C'est également un outil de travail du français", précise Hélène David qui s'occupe du club Naturaliste du collège de Koungou. "La rédaction des articles est faite en grande partie par des élèves, ce qui permet également de valoriser leur travail." La périodicité n'est pas encore décidée définitivement, mais elle devrait être trimestrielle.
Hélène Ferkatadji
La gestion de M'bouzi en marche
L'association, qui vient d'acquérir un local rue du Commerce juste à côté de Comores Aviation, travaille également à la gestion de la réserve naturelle de l'îlot M'bouzi. Pour cela, elle a récemment recruté un conservateur, Fabrice Bosca, qui sera sur place début avril, et un garde technicien, Gildas Le Minter, tout juste arrivé sur l'île.
Leurs premières missions, après avoir acquis un bateau pour le transport sur l'îlot, sera le balisage de la réserve, à environ 10 mètres des côtes, afin de distinguer la zone de réserve, ainsi que l'installation de panneaux sur les zones d'accostage pour informer les visiteurs du statut de protection de M'bouzi. Dans les deux ans à venir, les deux agents devront élaborer un plan de gestion de la réserve qui déterminera comment préserver et éventuellement restaurer les écosystèmes à protéger – la forêt sèche et le platier corallien – et comment organiser les déplacements sur la réserve ainsi que les activités. Enfin – et la tache risque d'être rude – il faudra décider que faire des quelques 500 makis de l'association Terre d'Asile, après avoir déterminé quel est l'impact de ces animaux sur l'écosystème à protéger.
{xtypo_dropcap}L'{/xtypo_dropcap}enquête, qui avait lieu depuis le mois d'août, a permis de présenter devant le juge d'instruction 8 personnes, dont une femme, pour leur mise en examen : 5 sont aujourd'hui incarcérées et 3 placées sous contrôle judiciaire. "Nous avons pu nous attaquer à la structure même du réseau : le chef du réseau et toute sa logistique", a souligné M. Gautier. Le chef du réseau était un Comorien en situation irrégulière qui bénéficiait d'une couverture depuis plusieurs années qui lui permettait d'agir "au su et au vu de tout le monde".
Ce trafic s'appuyait sur un clan familial particulièrement bien organisé. Les personnes mises en examen sont celles qui conduisaient les embarcations et qui stockaient la drogue et l'argent. 19 revendeurs et gros consommateurs font également partie des personnes arrêtées. Toutes les communautés de l'île sont touchées : Mahorais, Métropolitains, Comoriens en situation irrégulière ou non.
"Neutraliser le réseau en un seul coup de filet"
C'est la première grande opération du Gir de Mayotte, dont la création est encore toute récente, qui a permis le travail en complémentarité de toutes les forces de l'ordre avec l'objectif de "lutter contre toutes les formes d'économie souterraine". Le cannabis, mais aussi la cocaïne, avec la saisie le 24 août dernier de 4,4 kg de cocaïne dans une embarcation, venaient de Tanzanie, étaient acheminés par cargo vers la Grande Comore puis arrivait à Mayotte via Anjouan par kwassa-kwassa. La cocaïne venait d'Amérique du Sud et passait par l'Afrique de l'Ouest pour arriver en Tanzanie. Les produits stupéfiants étaient transbordés avant l'entrée du lagon sur une barque de pêche qui rentrait ensuite en même temps que les retours de pêche.
Le trafic était très lucratif puisque la demi-tonne d'herbe de cannabis était achetée 5.000 euros en Tanzanie pour être revendue 650 à 700 euros le kilo ici. Parallèlement à ce trafic, les membres du réseau participaient également à un réseau d'aide à l'entrée d'étrangers en situation irrégulière. Parmi les personnes interpellées, quatre clandestins ont fait l'objet d'un arrêté de retour à la frontière
Des contacts ont actuellement lieu avec l'ambassade de France en Tanzanie pour mettre en place des commissions rogatoires internationales. "Notre objectif était de neutraliser le réseau en un seul coup de filet, surtout ici avec les clandestins qui peuvent repartir aux Comores", a expliqué M. Gautier. Les trafiquants ont réinvesti une grande partie de leurs bénéfices aux Comores, en se constituant là-bas un patrimoine conséquent.
Plus d'une centaine de kilos de cannabis auraient ainsi été écoulés à Mayotte depuis quelques années. L'enquête est toujours en cours et le procureur Gilles Rognoni a précisé que le chef d'accusation d'importation de produits stupéfiants en bande organisée est pour l'instant une affaire criminelle, mais qu'elle pourrait aussi relever du tribunal correctionnel.
Julien Perrot
{xtypo_quote}Si j'étais Mahoraise, je voterais "oui" au referendum{/xtypo_quote}
"Je ne connaissais pas du tout Mayotte. Je n'avais jamais entendu parler de l'île même en tant que journaliste. Lorsque je suis arrivée, ce qui m'a marquée c'est l'état de certains quartiers. On se croyait dans le tiers-monde. Je ne pensais vraiment pas qu'il puisse y avoir ce genre de choses sur un territoire français. Avec des chiffres aussi importants de clandestins et d'analphabètes. En France, les gens n'ont absolument pas conscience de ce qui se passe là-bas, même les médias. Certains ont une idée parce qu'ils ont fait des voyages officiels à Mayotte, mais rien de plus.
On est en train d'imposer aux Mahorais un état-civil dont on sait qu'il ne fonctionne pas à cause de critères qui ne correspondent pas à la société, comme par exemple pour le nom patronymique. En France on est en train de l'abandonner, mais il faut bien trouver un alignement pour pouvoir offrir les prestations sociales.
En tant que journaliste, on a envie de montrer ces problèmes. Même quand je suis en montage, je me rends compte que je choisis surtout les choses qui m'ont choquées. On n'a pas forcément envie de montrer les efforts qui sont faits par les associations, juste tout le chemin qu'il reste à parcourir avant de régler les problèmes. Comment trouver une solution à l'immigration, où trouver les logements pour ces personnes qui vivent dans des bidonvilles ? On sent bien qu'il ne suffira pas d'injecter des millions pour régler le problème. Mais je comprends aussi la frustration des Mahorais de voir qu'on ne parle que de ça.
Si j'étais Mahoraise, je voterais "oui" au referendum, les motifs des partisans du "non" sont soit égoïstes, lorsqu'ils évoquent la polygamie, soit pas du tout convaincants. Après, je ne suis pas fan de l'idée d'aligner tout le monde sur le modèle français. En tout cas, je pense que les Mahorais se trompent en disant que le département sera la solution à tous leurs problèmes.
J'ai surtout senti que les Mahorais étaient seuls face aux problèmes. Si on ne trouve pas de solutions, la situation va devenir explosive. Il suffit de regarder tous ces gamins qui traînent sans éducation, sans maison. Un membre de la Paf m'a dit que, si on ne fait rien, dans dix ans neuf Mahorais sur dix seront des Comoriens.
Mais comment on va s'en sortir ? On a l'impression de tirer sur une pelote de laine : tout est lié et on ne sait pas sur quel nœud on va tomber. Le plus drôle avec Mayotte, c'est qu'il y a des trucs qui m'ont vraiment choquée et d'autres qui me font plier de rire. Comme le Grand cadi. J'imagine le Français de base qui va voir ca, il va sûrement s'étouffer dans son fauteuil."
{xtypo_quote}Les sujets sont vraiment formatés, on ne pense pas à creuser, à sortir des sentiers battus…{/xtypo_quote}
"Je connaissais Mayotte de nom et j’avais en tête tous les clichés sur la région océan Indien, mais je ne mesurais pas vraiment l’étendue des problèmes. L’influence de la France ici, c’est un peu comme le pot de miel entouré par la misère. Je ne suis pas persuadé que l’action du gouvernement soit une bonne chose, pour la simple raison qu’on voit bien qu’il n’y a aucune projection dans l’avenir. L’Etat privilégie la géostratégie sans prendre en compte l’avenir socio-économique de l’île.
On a l’impression d’être dans une banlieue à l’envers. Les gens qui vivent ici sont très ouverts et souriants et l’île est magnifique. Pourtant, les "Métros" qui débarquent vont se parquer dans des quartiers hideux au lieu de s’intégrer et de vivre avec le reste de la population. C’est un peu comme la politique que mène la France dans cette région, elle cloisonne les populations. On a l’impression de vivre dans une société de caste, hiérarchisée et on se dit qu’il faudrait que les gens se mélangent plus.
Hier, on a rencontré des professeurs qui nous ont expliqué que beaucoup de gens avaient peur de s’afficher en aidant les populations immigrées, par peur de se mettre la préfecture à dos. On cherche à asphyxier les clandestins. C’est quand même un tiers de la population et ils ne sont représentés nulle part. Ce genre de choses fait beaucoup de désespérés, notamment parmi les jeunes qui sont nés ici. Ils ont des parents clandestins, mais ils sont Français et ce sont les forces vives de demain. Ces gamins sont traumatisés par tout ce qu’ils ont vécu, les rafles, les expulsions, la peur de la Paf…
Dans le discours des politiciens, on ne sent pas vraiment une volonté d’aider ces personnes. Pourtant ici, il y a une très forte interdépendance entre les Comoriens et les Mahorais. On a l’impression qu’il y a aussi une forme d’hypocrisie de la part des Mahorais, mais je pense que pour le moment notre discours est unilatéral, on n’a vu qu’une partie du problème.
C’est vrai que les médias on a tendance à ne montrer que le coté négatif des choses, parce que ça fait de l’audience. C’est l’aspect qui paraît le plus choquant et le plus intéressant, alors qu’il y a des gens qui essayent de s’en sortir et de trouver des solutions. On a tendance à faire l’impasse sur le côté positif par manque de temps, de moyens ou de recul. Du coup, les sujets sont vraiment formatés, on ne pense pas à creuser, à sortir des sentiers battus… Ce genre de choses peut démolir l’image d’un pays, d’une région.
C’est ce que je reproche à beaucoup de médias. Imaginez : dix reportages d’un coup où tout le monde répète qu’il y a des enfants dans les décharges et que les droits de l’homme sont bafoués… Je ne pense pas que ça va arriver ici, parce que les journalistes sont surtout là pour le référendum. Ils se focalisent plus sur le changement de statut et autour, ils font des portraits de divers personnages. Après ça, il va y avoir un vide médiatique qui va durer un bout de temps, sauf si c’est le bordel après.
Dans notre film, on ne peut pas ne pas parler de la question de l’immigration et de la répression, mais on se doit aussi d'essayer d’aller voir autre chose. Prendre du recul et voir d’autres choses qui soient plus sympas, pour ne pas mettre que le coté dur en avant."
{xtypo_quote}Les élus doivent préparer la prochaine génération à ces changements{/xtypo_quote}
"Ma perception initiale de Mayotte était très floue, très lointaine. Toutes les questions liées à l'avenir des Dom ont pris plus d'acuité depuis la crise en Guadeloupe. Il a fallu une période de crise pour qu'on s'intéresse à une situation économique et sociale qui apparaît très éloignée de celle de l'Hexagone. Aujourd'hui, le débat récurrent sur l'Outremer réapparaît : quel est l'intérêt pour l'Etat, le gouvernement, la nation de maintenir ces liens avec ces territoires ? Quelle est la valeur de ces liens ? Il faut les moderniser, les rénover, revoir le statut, le coût et rétablir une nouvelle politique entre la Métropole et l'Outremer. Mayotte concentre une partie de ces questions qui se posent pour tous les territoires ultramarins.
Ce que le pays ignore totalement sur Mayotte, c'est la perception régionale, la situation de ce territoire dans son environnement proche, pour comprendre la réalité de la situation entre Mayotte et les Comores. C'est une "terra incognita", au-delà de l'indicible, une espèce de nébuleuse qui vaut aussi pour les Antilles dans leurs relations avec les Caraïbes. On imagine peu de Métropole que cette consultation signifie un "non" définitif aux Comores. Quand on regarde ce que sont devenus les Comores et Madagascar, il est évident que les Mahorais ne veulent pas de ça.
Ce qui saute aux yeux quand on arrive ici, c'est que c'est un territoire plus proche de la réalité africaine que française. C'est la France des années 1945-1950, dans sa réalité, son fonctionnement. C'est une autre perception du temps, il y a un vrai décalage. En venant ici, j'ai appris que l'application des lois et des institutions républicaines sont très récentes.
Trois choses m'ont interpellé : d'abord la croissance de la population, car aucun département français n'a connu une telle explosion démographique, à laquelle il faut faire face. Ensuite, c'est la mise en œuvre progressive du droit commun. Il y a un décalage temporel des institutions républicaines, avec par exemple la création des communes en 1977 ou les écoles maternelles qui n'existent que depuis 1993. Enfin, il y a l'existence d'un droit local qui va devoir s'effacer devant le droit commun, avec par exemple la mise en place de l'état-civil. C'est une affaire hautement symbolique car pour les partisans du rattachement définitif à la France, cela permet de dire que les Mahorais ne seront plus des "citoyens de seconde zone".
Pendant mes investigations, j'ai senti une forme d'exaspération des interlocuteurs qui m'ont tous dit que les médias nationaux se focalisent sur l'immigration clandestine. Mais c'est un tel poids sur l'avenir de Mayotte qu'on ne peut pas nier cette réalité. L'immigration clandestine, dans ses flux et dans la persistance des étrangers en situation irrégulière qui font tourner l'économie locale, a des conséquences sur les infrastructures, sur le niveau des équipements sanitaires et scolaires. C'est un tel risque de déstabilisation qu'on ne peut pas évacuer le problème. Cela représente un risque d'explosion, de tensions sociales majeures à cause du nombre de clandestins, qui est sans commune mesure avec le camp de Sangatte à Calais. Et pour les radios et les télés, c'est du pain béni.
Avec la départementalisation, Mayotte va faire un grand saut dans le vertige de la modernité, il va y avoir des transformations radicales dans une durée relativement courte. Les élus doivent préparer la prochaine génération à ces changements, surtout avec la moitié de la population qui a moins de 20 ans."
{xtypo_quote}Il y a un grand retentissement en France{/xtypo_quote}
"On va réaliser 4 reportages pour essayer d'embrasser les différentes facettes de la réalité mahoraise. Hélas on fait des raccourcis à la télévision, mais on essaye de donner une vision un peu large de ce qu'est aujourd'hui Mayotte. Ce jeudi soir il y aura un reportage sur la question de l'état-civil, l'immigration, les Anjouanais. Le lendemain les changements dans le quotidien : impôts, polygamie, attentes. Ensuite l'enseignement du français et enfin le dernier reportage sur l'élection. On repart lundi ou mardi. Nous sommes deux personnes, mais on voit les collègues de M6, France 24… Il y a un grand retentissement en France".
Propos recueillis par Halda Toihiridini et Julien Perrot
Articles et reportages qui seront diffusés prochainement
{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ayotte Hebdo : L'instauration de la fiscalité locale va-t-elle être une nouvelle charge pour les foyers et les entreprises de Mayotte ?
Mansour Kamardine : La réponse est tout à la fois oui et non. Oui parce qu’il y aura des impôts nouveaux qui apparaîtront. Je pense à titre d’exemple à la taxe d’habitation qui frappe les locataires d’immeubles. C’est non également quand on sait que par exemple tous les contribuables mahorais aux revenus mensuels compris entre 900 et 1.400 € pourraient être exonérés; ou encore à la réforme de la taxe professionnelle qui viendrait en lieu et place de la patente à laquelle toutes les professions commerciales, libérales et autres… sont assujetties, ladite taxe étant appelée également à disparaître.
L’on voit donc que l’affirmation dans un sens comme dans un autre n’est pas si évidente que cela. Pour le reste, ce n’est pas scandaleux que tous ceux qui habitent à Mayotte participent, à travers l’impôt et en fonction de leur capacité contributive, à l’effort de développement et d’aménagement de ce territoire. Pourquoi s’y opposer quand on sait qu’au travers de la solidarité nationale et des transferts financiers par le budget de l’Etat, ce sont des contribuables de Métropole et d’ailleurs qui viennent au secours de notre développement, alors que probablement ils n’utiliseront jamais nos équipements, faute de se rendre à Mayotte ?
Pour finir, il faut quand même noter que les contribuables mahorais paient déjà pas mal d’impôts, que probablement une harmonisation vers une fiscalité nationale et européenne conduira pour certains à en payer moins. Actuellement Mayotte n’est pas département et nous payons des impôts. Ce n’est donc pas la départementalisation qui conduira à payer plus d’impôts. C’est notre exigence de développement rapide et de modernisation économique et sociale qui conduit à plus d’impôts.
MH : Avec la fin de la justice cadiale, le statut personnel de droit local va-t-il disparaître d'ici quelques générations ?
MK : Il n’est pas proposé de mettre fin à la justice cadiale. Il est proposé de limiter ses compétences aux seules fonctions de médiation sociale. Dois-je rappeler que l’histoire des cadis sous la République, depuis sa réglementation par les décrets de 1931 et 1939, a été marquée par un encadrement de son champ de compétence ? Aussi, dès cette date, le cadi n’avait pas compétence pour statuer sur les matières pénales : crime, vol, etc. Les réformes de 2003 et 2005 ont poursuivi cette même direction.
En un mot, le cadi continuera d’exister pour être le représentant des musulmans dans les villages et dans les mosquées, pour concilier les justiciables dans leurs rapports sociaux, etc. La départementalisation ne fera donc pas disparaître le cadi. La menace du cadi vient de l’évolution des mentalités de la jeune génération, la responsabilité de la République dans ce domaine étant d’adapter la législation locale pour permettre à Mayotte d’épouser son temps, qui est le temps d’internet, etc.
MH : La départementalisation peut-elle signifier une marche forcée vers le droit commun, quand on sait que certains textes de lois et codes sont parfois difficilement applicables ici ?
MK : La loi est par nature quelque chose de toujours difficile car elle constitue à n’en point douter une atteinte à nos libertés primaires en les encadrant. Là encore, ce n’est pas la départementalisation. Vous observerez d’ailleurs que les difficultés provoquées par la loi ne sont pas propres à Mayotte, sinon nous n’aurions pas fréquemment des grèves et autres mouvements sociaux dans les rues de Paris. Ici un décret réformant le statut des enseignants-chercheurs, là c’est le CPE, etc. qui font descendre les populations dans la rue.
S’agissant de Mayotte, le trait est un peu grossi par la conjugaison de deux phénomènes, à savoir : la réforme demandée par tous mais qui fait toujours peur et la singularité mahoraise qui fait que la loi précède assez souvent à Mayotte les faits sociaux contrairement à ce qui se passe ailleurs.
Vous observerez d’ailleurs que malgré ces difficultés les Mahorais ont fait globalement preuve d’une très grande capacité d’adaptation dans la mesure où le DSIOM a étendu sans trop de heurts la quasi-totalité de la législation métropolitaine à Mayotte. Les choses se mettent progressivement en place, avant même l’arrivée de la départementalisation.
Pour conclure, je comprends assez aisément les appréhensions diverses sur la départementalisation qu’il ne faut pas accabler de tous les maux. La départementalisation est avant tout une question politique, puis institutionnelle, avant d’être technique. Les inquiétudes que vous soulevez sont des sujets techniques auxquels les pouvoirs publics doivent répondre, que l’on soit dans un statut départemental ou pas. Je veux dire ici toute ma confiance dans la départementalisation. J’espère qu’une majorité de tous ceux qui inscrivent leur avenir sur ce petit caillou français partageront avec moi cette conviction et cet enthousiasme.
Propos recueillis par Julien Perrot
{xtypo_dropcap}"P{/xtypo_dropcap}our la première fois, un homme politique métropolitain est venu faire campagne à Mayotte, aussi bien dans les meetings que dans la campagne officielle", a précisé M. Aly, "à travers cette solidarité, c'est la culture béarnaise, l'identité basque qui rencontre l'identité mahoraise". Dans le spot de campagne qu'ils ont tourné ensemble, le député Aly arbore un chechia et Jean Lassalle un béret basque pour démontrer que "la France de la diversité n'est pas l'assimilation. On peut avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs tout en restant nous-mêmes avec notre culture et notre identité", a expliqué M. Aly. Il a ajouté que M. Lassalle, célèbre pour avoir fait une grève de la faim dans la salle des Quatre Colonnes de l'Assemblée nationale pour défendre l'emploi dans sa vallée, "est un homme déterminé qui représente la France du terroir".
"Dans toute l'Histoire de Mayotte, la France a été méfiante, réservée. Les gouvernements successifs nous ont regardés en disant : c'est votre combat. Pour la première fois, c'est une lutte franco-française. Jean est venu partager ce combat qui n'est plus celui de Mayotte mais de toute la France", s'est félicité notre député. Au sujet de l'égalité républicaine, M. Aly a rappelé qu'"en 2000, je disais que la polygamie n'avait pas vraiment été interdite puisque certains sont polygames alors que d'autres n'ont pas le droit de l'être : en France, tout le monde doit avoir les mêmes droits. Dans ce territoire, les gens doivent être traités de la même façon, il faut abolir les privilèges, comme en 1789".
"Les Mahorais sont les plus libres, ceux qui ont choisi la voie la plus singulière"
"J'avais très envie de découvrir votre île, ce territoire magnifique luxuriant de verdure, ces hommes et ces femmes si fiers de leur appartenance à la France", a déclaré M. Lassalle. "J'ai retrouvé mon pays, mon enfance, ce bilinguisme qui a fait ma singularité. Un objet de rejet qui est aujourd'hui devenu une qualité". Pour lui, il faut "cultiver passionnément sa singularité car aujourd'hui, nous avons tous besoin de connaître nos racines".
"Tu es moi et moi, je suis toi", a-t-il dit à son ami en lui tenant les mains. "C'est notre beau pays de France que l'on connaît à Mayotte", a-t-il ajouté, enthousiaste. Faisant référence aux élites parisiennes qui sont trop éloignées des préoccupations de la "France profonde", le député des Pyrénées-Atlantiques a déploré qu'"on a fait aucun effort en Métropole pour parler de la consultation à Mayotte car nous sommes malheureusement des territoires beaucoup trop oubliés, c'est vrai aussi des campagnes".
Pour M. Lassalle, ce que Mayotte apporte à la France est d'abord le fait que M. Aly soit le seul député musulman dans l'Hémicycle. Au sujet de l'Histoire de Mayotte, M. Lassalle a précisé sa pensée : "L'Histoire que j'ai apprise, c'est qu'il y a toujours eu des problèmes dans l'archipel, bien avant les années 1960. Les Mahorais sont les plus libres, ceux qui ont choisi la voie la plus singulière. Ils ont vu très longtemps avant les autres qu'il y aurait un monde avec une République qui élèverait ses enfants les plus méritants".
"Nous aurons montré notre détermination au monde entier"
Concernant la départementalisation, M. Lassalle a déclaré, reprenant les mots de notre député, qu'il fallait un département "mouhakaka" ("à 100%") pour pouvoir mettre en place tous les dispositifs qui ont cours dans un département : "Avec ce lien plus fortement resserré avec le reste de notre pays, nous pourrons donner des réponses plus convaincantes à nos frères des Comores. C'est un message d'espoir".
Interrogé sur l'immigration clandestine, M. Lassalle a déclaré que la politique française de l'immigration est la plus grande hypocrisie électoraliste car on pointe du doigt des gens et on crée de l'insécurité. Il faut donner aux individus la capacité de rester chez eux. Le vrai problème de notre monde aujourd'hui, c'est de donner les moyens à ceux qui vivent sur ces territoires d'aimer y rester." A la fin du déjeuner, M. Lassalle a distribué son livre et des bérets basques, avant d'entonner le chant des montagnards, de sa voix de stentor.
Pour le député de Mayotte, la victoire sera totale dimanche soir si le taux d'abstention est inférieur à 30% et si le "oui" dépasse les 73% de la dernière consultation en 2000. "Nous aurons montré notre détermination au monde entier, comme Jean Lassalle qui a fait la grève de la faim pour défendre la population de son département ou comme lorsqu'il a chanté l'hymne de son département à l'Assemblée nationale. C'est le symbole de cette ténacité, de cette résistance à toutes les marées, à tout ce qu'on peut nous opposer à nous, les Mahorais".
Julien Perrot