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03/04/2009 – Nouvelles technologies

 

{xtypo_dropcap}D{/xtypo_dropcap}ix chaînes seront disponibles au cours du deuxième semestre 2010 et une offre de trente chaînes après l’extinction de l’analogique, le 30 novembre 2011. Pour Alain Méar, ce passage constitue une "mini révolution culturelle".

Ce nouveau canal de réception numérique des chaînes télévisées devrait, dès 2011, remplacer les chaînes hertziennes. Créée et lancée par le CSA en 2005, la TNT a pour objectif de diversifier l’offre, avec 18 chaînes gratuites contre 6 en analogique, et d’obtenir une meilleure qualité d’image tout en étant simple d’accès et gratuite. Le confort des spectateurs est au cœur de cette évolution, la qualité désormais compatible avec la gratuité.

La loi du 5 mars 2007 énonce les modalités de mise en place de la TNT, avec un objectif de couverture de 95% de la population. Véritable "coup d’accélérateur" selon l'un des 9 "Sage" du CSA, elle fixe la date butoir au 30 novembre 2011 pour l’extinction de la télévision analogique. Mais cette étape ne peut être franchie trop brutalement. Une première période d’extension de la couverture se superposera à la disparition de l’analogique, pour une durée minimale de 9 mois. Cette mutation sera progressive et s’effectuera par plaques régionales. L’Alsace, par exemple, assistera à cet évènement le 2 février 2010.

 

Une forte demande des collectivités d'Outremer

 

La loi de 2007 est applicable Outremer. Toutefois, elle précise que le déploiement doit s’effectuer dans le respect des spécificités de ces territoires. Des modalités spécifiques sont donc envisageables, mais devront se limiter au déploiement ou au transport et à la diffusion.

Alain Méar a remis au gouvernement, à la fin du mois de juin 2008, un rapport sur l’application de la TNT dans les collectivités d’Outremer. Il part d’un constat : une forte demande des collectivités d’Outremer. Cette revendication serait alimentée par la "modicité quantitative de l’offre ainsi que par un légitime désir de parité numérique", précise Alain Méar. Il ajoute que l’offre hertzienne disponible à Mayotte est comparable à la situation en Métropole en 1964. Les habitants des collectivités ultramarines compenseraient ce manque par des abonnements satellitaires. Entre 50% et 60% des foyers seraient équipés contre seulement un tiers en Métropole. La gratuité de la TNT pourrait modifier cette situation.

Le rapport Méar préconise une démarche adaptée aux données structurelles et à l’attitude des chaînes. Le public restreint, l’insularité, le décalage horaire et le niveau de vie entraînent une certaine faiblesse du potentiel des marchés publicitaires. Certaines chaînes sont aussi réticentes à l’installation de la TNT. Il s’agit notamment des chaînes nationales privées et de chaînes locales qui craignent l’arrivée soudaine de nombreux concurrents.

 

Un calendrier sera mis en place dans 15 jours

 

En Métropole, 87% de la population est déjà couverte et les deux tiers des 25 millions de foyers ont accès à la télévision numérique, que ce soit par le mode hertzien, le câble, l'ADSL ou le satellite. La mise en place du réseau de la TNT est engagé dans les collectivités d’Outremer. Le rapport prévoit donc de partir de fréquences existantes, notamment celles de Tempo, la deuxième chaîne de RFO, présente dans toutes les collectivités d’Outremer excepté Mayotte et Wallis et Futuna.

Pour Alain Méar, la réponse doit aussi être "crédible et métissée". Il explique qu’il souhaite voir arriver dès le début les normes les plus avancées, qui permettraient l’arrivée simultanée de 10 chaînes, dont une serait éventuellement réservée à LCM, une chaîne privée locale que souhaite lancer Patrick Millan depuis plus d'un an. Cette première vague pourrait être constituée de Télé Mayotte, des chaînes de France Télévisions, de La Chaîne Parlementaire, de France 24 et de France Ô. Une deuxième vague devrait comprendre des télévisions locales et les dernières à rejoindre le bouquet devraient être des chaînes privées nationales, comme TF1 ou Virgin17.

Le dossier avance. L’article 23 de la loi du 5 mars 2009 autorise le gouvernement à prendre, par ordonnance, des mesures permettant d’adapter l’introduction de la TNT aux collectivités d’Outremer. D’après le président du groupe de travail de l’Outremer, ces ordonnances seraient en cours d’élaboration. D’ici 15 jours, le secrétaire d’Etat à l’Outremer devrait annoncer ces modalités ainsi qu’un calendrier de mise en place.

Les Mahorais qui ne sont pas abonnés à un bouquet satellite auront enfin accès à d’autres chaînes que RFO. Un simple décodeur de 30 euros environ ou l’achat d’une télévision récente suffira à capter ces nouvelles chaînes.

 

Juliette Piolat

UNE Mayotte Hebdo N°422 – Vendredi 03 avril 2009

UNE Mayotte Hebdo N°422 - Vendredi 03 avril 2009Numéro Spécial

Le 101ème Département

Mayotte Eco spécial :
> Retour sur 30 ans de développement économique.
> Gamil Kakal, Ida Nel, Issouffali,… 
Mayotte Hebdo Sports :
> Rugby : le titre est accessible
> Toute l’actualité sportive de Mayotte
Tounda
> Une île en scène : théâtre, musique, danse,…
> Toutes les fêtes, les soirées, les concerts

 

02/04/09 – CorsairFly à l’année et en direct de Paris

Ce n'est pas un poisson d'avril. Le Directeur commercial de la compagnie aérienne CorsairFly, Christophe Leloup, s'est déplacé personnellement pour l'annoncer : Corsairfly se positionnera annuellement dès le 9 mai, avec une desserte mahoraise hebdomadaire, directe au départ de Paris, via Tananarive au départ de Dzaoudzi. "Nous envisagions un positionnement annuel au terme de quatre ou cinq années de présence. Mais les excellents résultats de nos deux dernières saisons d'exploitation ici à Mayotte nous prouve que le marché est mûr" a déclaré M. Leloup. Arrivée pour la première fois le 28 juin 2007, pour des vols estivaux hebdomadaires en juillet et août, la compagnie Corsairfly avait reconduit et même élargi sa période de desserte en 2008 durant l'été et l'hiver austral. Ainsi, en 2008, elle a transporté 92% de passagers de plus que l'année précédente, soit 7000 clients supplémentaires, pour un niveau de remplissage supérieur à 85%.

Pour lancer cette nouvelle offre, pour laquelle la compagnie annonce une mise à disposition de 17.400 sièges annuels, l'allerretour sera commercialisé par l'agence Mayotte Voyages et sur Internet à partir de 749 euros TTC, du 6 au 30 avril, pour des dates de voyages comprises entre le 19 septembre 2009 et le 13 mars 2010.Le vol direct Orly-Dzaoudzi, décollera le vendredi à 19h45 pour arriver à 7h50, et les vols Dzaoudzi – Tananarive – Orly sont programmés le samedi, départ 9h25 de Mayotte, arrivée 22h25 à Paris.

"C'est un défi, une nouvelle ambition pour Corsairfly et pour Mayotte que de remplir ces avions toute l'année. On compte aussi sur le fait que les horaires sont bien adaptés pour la communauté économique et d'affaire, qui pourra, le temps d'un week-end, programmer des rendez-vous en métropole", a expliqué le Directeur commercial.Une autre bonne nouvelle, la compagnie à la bannière ciel et blanche va étendre les dispositions de la charte d'engagement volontaire signée le 22 janvier dernier avec le gouvernement à sa desserte mahoraise. En l'espèce, comme pour tous les autres passagers ultramarins correspondant aux critères; elle réserve 15% de ses sièges aux prix les plus bas de la grille tarifaire en haute saison, des tarifs adaptés aux situations familiales ( jeunes étudiants, seniors), et le tarif famille endeuillée à 700 euros, l'aller simple au prix de la moitié d'un aller-retour et la franchise bagages "tout compris" de 35 kg seront également applicables.

Si M.Leloup n' a pas caché que l'actualité politique avait fini d'emporter la décision du groupe, il a également dévoilé le rôle de cheval de Troie que pourra jouer la compagnie auprès de sa société mère, le voyagiste Nouvelles Frontières, déjà favorablement positionné sur le marché touristique de l'Outremer français.

02/04/09 – Les auditions du Sénat débutent ce jeudi

Les auditions de la mission commune d'information du Sénat sur la situation des départements d'Outre-mer commencent jeudi 2 avril à 17h. La mission, présidée par M. Serge Larcher, entendra M. Richard Samuel, délégué général à l'outre-mer et coordinateur des états généraux sur l'outre-mer, puis M. Jean-Paul Dumont, ambassadeur délégué à la coopération régionale dans la zone Antilles-Guyane. Cet évènement sera retransmis en direct sur le site Internet du Sénat.

02/04/2009 : Environnement : Ils se bougent !

{xtypo_dropcap}U{/xtypo_dropcap}n objectif de sensibilisation des plus jeunes aux problèmes écologiques, mais pas seulement. Les élèves ont participé à l’écriture des textes qu’ils ont chantés lors des représentations. Un exercice motivant pour améliorer leur niveau de langue.

Le résultat ? Onze chansons qui leur ressemblent sur des sujets qu’ils connaissent. Un "moustique pas chic" sur le chikungunya, "Acoua" et leur attachement à leur village ou encore "Viens relever le Défi pour la Terre", où chacun a pris l’engagement de faire des gestes pour l’environnement.

Aidés par des percussionnistes et des guitaristes, cinq cents enfants ont participé, de l’école maternelle au primaire. Ce projet, à l’initiative d’enseignants et financé par le vice-rectorat, a pu être finalisé grâce à Dominique Dimey. Chanteuse engagée, elle a été ambassadrice des droits des enfants à Madagascar. Elle est aussi à l’origine de la composition du single "Défi pour la Terre" avec Nicolas Hulot.

Cette initiative intéressante a permis aux enfants de prendre conscience des risques écologiques de manière ludique.

 

Rafik

02/04/2009 – Musique : Le retour du Bacar

 

 

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a dernière scène du Bacar Acoustik Band date de novembre 2008, dans le cadre du festival Milatsika de Chiconi. Et depuis, le Bacar prépare activement son nouvel album. Le chanteur Marco avoue qu'ils ont opté pour "une démarche plus professionnelle" avec ce nouvel opus. "On a pris le temps pour maquetter vraiment l'album, avec une recherche de sons sur les instruments", affirme-t-il. Ils ont revu l'orchestration de leurs morceaux dans le but d'avoir une musique cohérente, mettant en valeur les textes des chansons.

Les musiciens du Bacar ont eu "la chance" de travailler pendant dix jours avec Yann Costa, "un gars très professionnel et très connu à la Réunion", présente-il. "Il a beaucoup influencé notre son et notre façon de travailler", manifeste le chanteur.

Selon Marco, le Bacar n'est pas pressé à sortir son nouvel album. Pour finaliser leur projet, ils sont à la recherche de financement. Les Bacar essaient en même temps de "faire tourner la nouvelle maquette". Le groupe tournera avec l'ingé son Deenice. Ce dernier interviendra directement en live pour reproduire les nouveaux arrangements des titres.

"Tout va bien !", le Bacar garde ses musiciens : Philippe à la batterie, Jean-Marc à la basse et contrebasse, Olivier à la guitare et Marco au chant et à l'accordéon. Enki est toujours à leurs côtés. Personnage fictif véhiculant les messages de leurs chansons, Enki continue à exprimer "la banalisation de l'horreur". Cette fois "la crise", un autre "clin d'œil sur la médiation", et malgré elle, "tout va bien !".

Le nouvel opus des Bacar compte dix titres. "Ta misère", "Punks à chien", "Libertalia", le seul morceau repris de l'ancien album, "La dérive des incontinents", pour ne citer qu'eux, sont à écouter inlassablement.

Les quatre troubadours continuent à parler des choses qui nous entourent, en créant des univers et des histoires avec des personnages qui incarnent "ce qui se passe ici, des sujets de société, l'évolution de l'île…" et toujours dans l'esprit de la chanson française.

 

Rafik

 

Le Bacar en concert le 3 avril au Barakili, le 17 avril Chez Lucho, le 30 avril au BarFly, le 2 mai à l'ACHM en Petite Terre. D'autres dates sont à confirmer.

02/04/2009 – Anyme sort son 4ème album

 

 

{xtypo_dropcap}C{/xtypo_dropcap}hant et guitare. La recette a fait le succès de l'artiste mahoraise. Installée à Londres depuis quelques années, Anyme ne soupçonnait pas l'accueil unanime que le public insulaire réserverait à son nouvel opus. En moins d'une semaine, les 500 disques commandés se sont littéralement arrachés. Que les fans se rassurent, d'autres sont arrivés, malheureusement disponibles uniquement à Chirongui.

"Myla, c'est trois ans de travaux, d'écoute et de mélanges. Sans aide aucune", dit Anyme déçue, mais fière. Si la jeune mère d'un petit garçon est toujours aussi heureuse de retrouver son île et sa famille, l'artiste elle, qui cours les festivals au travers le monde depuis 2005, dénonce dans ses textes "Le règne des fils de…", responsable de l'hypocrisie et de la jalousie qui règne à Mayotte. "Ici, on cherche toujours à casser les gens qui s'en sortent, qui se hissent vers le haut grâce à leurs efforts. On n'avancera pas comme ça. Chacun a sa chance".

La reprise de "Malomo Sandale" et le titre "Hypocrisie" qui cartonne sur les ondes démontrent que l'idée est partagée.

Thème universel des chanteurs, elle adresse, avec ("Kamougou"), une prière pour améliorer l'avenir du monde. Anyme se mouille un peu plus avec "Milazatcho" ("tradition" en français) : "dans l'intégration vers la République, il ne faudra pas oublier notre culture". Sur le même sujet, l'artiste rend hommage aux combats politiques des femmes mahoraises dans la chanson "Tama"

Si aujourd'hui Anyme vit de sa musique, elle n'a pas oublié les années de galère. Ainsi, c'est avec humilité qu'elle dévoile un programme de tournée à faire pâlir d'envie des têtes d'affiche reconnues. Le festival Arizona hot peace aux États-Unis en avril, ceux d'Austing, de St Léonard et de Brighton au Royaume-Uni, pour la troisième fois consécutive. Des influences anglophones de plus en plus présentes, qui l'ont décidée à produire son prochain en album en anglais. "Peut–être pas intégralement", sourit-elle. "C'est en cours, mais j'aime tellement ma langue maternelle…" Anyme a promis de revenir cet été pour une tournée dans l'île.

 

F.M.

02/04/2009 – Livre : Séance dédicace

 

 

 

 

{xtypo_dropcap}R{/xtypo_dropcap}ésumé du livre : "Bline revient dans la ville de son enfance où son père, un éminent spécialiste de la période seldjoukide, a trouvé la mort dans de troublantes circonstances. Benedikt Centaure-Wattelet dit monsieur Ben mange des saucisses aux lentilles à minuit passé, tout seul dans sa cuisine à Rode-Saint-Genèse près de Bruxelles. Trafiquant d'art, spécialisé dans la période grecque pré-chrétienne, il prépare sa dernière affaire, l'apothéose de sa carrière. La jeune fille est loin d'imaginer que son père ait pu être en contact avec monsieur Ben.

Otto Von Guericke, homme féru de sciences physiques, est l'inventeur, en 1640, d'une pompe pneumatique qui permet de créer le vide. Il fait fondre à Magdebourg, ville dont il est maire, une boule de cuivre composée de deux hémisphères. Puis il convie Frédéric Ier et sa cour à assister à l'expérience dite des "hémisphères de Magdebourg". Après avoir fait le vide à l'intérieur de la sphère, celle-ci fut enchaînée à deux attelages de huit chevaux. Il leur fut impossible de séparer les deux moitiés de la boule, soudées par l'absence de pression atmosphérique. La démonstration venait d'être faite que le vide n'est pas synonyme de néant."

02/04/2009 – Tribune libre : L’île de Mayotte en devenir

 

 

 

{xtypo_dropcap}D’{/xtypo_dropcap}une manière générale et au regard de l’expérience d’autres peuples, le devenir est sans doute la motivation première de tout processus de pensée ou d’action engagé par les peuples et provocant les phénomènes de regroupements de masse dans le but de faire triompher l’idée d’un modèle de société ou le concept politique qui rassemble hommes et femmes dans la défense d’une cause commune. Le devenir dans son sens politique marque un désir commun exprimé par un peuple, une volonté commune tendant à atteindre un objectif socio-économique commun, parfois conceptualisé par un leader, ou par une collectivité de penseurs, le sens du devenir finit alors par se propager dans toutes les sphères sociales en s’exprimant comme le désir et la volonté du même aboutissement.

La revendication d’un devenir atteint son point culminant lorsque les couches populaires épousent les valeurs initiées par ses leaders ou sa classe dirigeante et qu’elles les font siennes. Dans ce cas, toute valeur autre qui ne va pas dans le sens du devenir souhaité par la masse est non avenue et ne peut avoir siège de cité.

Ainsi donc, il y a cinquante ans, le processus de revendication statutaire de Mayotte a été enclenché, son objectif : faire de l’île un département français. Au fil de l’histoire, les hommes et les femmes se sont succédés, de génération en génération la même parole a été divulguée dans l’ensemble des partis politiques et des couches sociales, les ennemis de la cause ont été désignées, les héros couronnés, puis mythifiés, immortalisés et portés par le peuple, si bien que la revendication départementaliste a constitué le seul et l’unique mot d’ordre des responsables politiques locaux. Il fut érigé en un idéal auquel l’ensemble du peuple doit se rallier, de telle sorte que le sens même de l’histoire de Mayotte ne saura être dissocié de la revendication départementaliste ou du devenir Département.

Depuis 1958, durant cinquante ans, sans cesse et au fil d’au moins trois générations, sous forme de renouvellement et de répétition des mêmes formules – "Nous voulons rester Français pour être libres" – les mêmes pensées et les mêmes idées sont revenues, une stagnation de cinquante ans. Les militants se sont relayés jusqu’au 29 mars 2009, date à laquelle les derniers porteurs du flambeau ont concrétisé l’aboutissement du processus de devenir en signant un plébiscite de 95% de vote en faveur du "oui" à la départementalisation.

S'il y eut cinquante ans de revendication, cinquante ans d’engagement et de militantisme pour un devenir commun auquel se sont ralliées plusieurs générations, c’est que chaque génération a eu conscience du point d’aboutissement attendu et régulièrement retardé par la France, à savoir le statut de Département. La transformation de Mayotte en Département en 2011, portant à sa satisfaction le désir, la volonté de ce devenir devenu réalité signifie–t-elle la fin d’une ère et le début d’une autre ou plutôt la continuité des mêmes discours et des mêmes clichés stériles puisant dans le passé militantiste les arguments, les raisons de s’exprimer et de légitimer le discours politique.

 

"Il est plus que temps de jouer enfin un nouvel air pour cette nouvelle ère qui s’ouvre"

 

Si c’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour Mayotte, le devenir de l’homme et de sa société à l’intérieur du statut de Département sera et doit être la première préoccupation politique, économique et sociale. Cela implique dès lors une urgence de révision du discours politique, des zones de débat et une orientation nouvelle de la problématique sociopolitique et économique.

L’homme politique, l’intellectuel et les médias doivent avoir d’office un discours capable d’émettre les hypothèses d’une société en devenir, de proférer les projections sociales probables, de définir un mode de société souhaitable, d’enclencher une réflexion tournée vers l’avenir, de dépasser le discours de la presse et de la politique focalisé sur des bribes de mémoire, sur la sacralité d’un passé mythifié, le perpétuel retour des pères et mères d’une cause déjà acquise en se déclarant eux-mêmes héritiers du combat, d’aller au-delà de la revendication d’un combat quinquagénaire abouti le 29 mars 2009, de dépasser le systématique éloge des artisans mythifiés du mouvement, de finir avec la mystification religieuse de la politique.

Il est plus que temps de jouer enfin un nouvel air pour cette nouvelle ère qui s’ouvre, que les notes jouées par les épilogueurs du référendum, les rhéteurs du mouvement, les interlocuteurs politiques et médiatiques de la logomachie adoptent enfin le discours du défi, celui qui éclaire, qui annonce la réflexion réelle sur le nouveau devenir à féconder aujourd’hui, le défi d’inscrire le discours politique, médiatique et intellectuel enfin, enfin ! Enfin maintenant ! Autour des véritables questions des sociétés actuelles.

Car en votant à 95% pour la départementalisation de Mayotte, les Mahorais doivent comprendre qu’ils ont fait le choix d’intégrer un mode de société de modernité mesurée dans sa logique de consommation, de croissance, de profit, en un mot un mode de société capitaliste avec tout ce qui s’en suit, avec ses risques pour l’homme et ses périls pour l’environnement, ses avantages modernisants et progressistes et ses inconvénients écologiques. C’est uniquement dans ces zones nouvelles qui vont très vite devenir des réalités locales que le discours peut avoir un sens, au-delà de ces sphères de la problématique socio-économique et politique contemporaine aucun sens n’est envisageable.

Une page se ferme, une autre s’ouvre et les questions sont nombreuses : quel est le sens de sa lecture ? De gauche à droite ? De droite vers la gauche ? Quel sens donner à ces vocables nouveaux qui apparaissent : fiscalité, citoyenneté, égalité, pouvoir d’achat, mais surtout développement, progrès, croissance, profit, partage des richesses et le maître mot le capitalisme, la crise, la dette de l’Etat, la conjoncture… La liste est longue, mais voici les mots qui ont fondé depuis deux siècles les sociétés industrialisées, devenues sociétés capitalistes et sociétés de consommation que les Mahorais désirent et espèrent (même si nombreux seront ceux qui ne voudront pas l’admettre) ?

 

"Le monde entier est en quête de formules nouvelles pour repenser, recréer une dynamique qui pourrait relancer l’économie mondiale"

 

Cette réalité a été survolée par un mois de campagne électorale et plusieurs années de réflexion sur le devenir de Mayotte. On se focalise toujours et encore sur l’identité mahoraise et les spécificités, débat alors dépassé. La propagande pour le "oui", si elle s’est attardée sur un point pertinent, ce fut sur la fiscalité. Mot magique, définition à rebours, récitation des schémas prêts à exposer. Mais qu’en est-il de la globalité d’un système de développement reposant sur le concept de création des richesses dont parle aujourd’hui le secrétaire d’Etat à l’Outremer monsieur Yves Jégo, qui dès l’annonce des résultats du référendum fixe les lignes du devenir nouveau.

Selon le secrétaire d’Etat, la création des richesses doit se faire à travers la création des entreprises, l’emploi, la consommation et la croissance ? C’est cet espace de réflexion qu’il faudra aborder, de front et en connaissance des réalités locales avec une France et l’ensemble d’un Occident en crise.

Le penchant vers un modèle – la société de consommation, des industries de création de croissance à l’occidentale – bute de suite sur une réalité indéniable aujourd’hui : la chute d’un système capitaliste en crise. La crise que connaît l’ensemble du monde capitaliste s’exprime comme une mise en cause de l’ensemble des vocables normatifs et référentiels des systèmes d’organisation socio-économiques, celui-là même de la France entre autres. Les notions de consommations, de profit et de croissance, les mécanismes de création de richesses sont remis en cause par la crise actuelle qui fait de l’Occident le serpent qui se mord la queue.

Sans abris, chômage, seuil de pauvreté, corruption, endettement, démagogie sont la réalité de la France de Nicolas Sarkozy, cravachée en pleine figure par une crise qui étouffe son économie. Face à la saturation de ces sociétés, tout devenir est compromis, saturation du désir, saturation du matérialisme, crise sociale, crise individuelle, égoïsme, cupidité, fraude, corruption, une économie amorale et mafieuse, malversation d'un système économique détruit par ceux-là même qui constituent ses gardiens à Wall street, dans les grandes firmes devenues les maîtres du monde, les PDG des grandes entreprises de France, les PDG des banques.

Le grand problème des sociétés de consommation actuelles, c’est que leur industrie a créé un excès de désir, une surconsommation des produits d’une part et d’autre part des profits mal distribués, des amoralités d’un marché anarchique tels que le Président (le messie) Nicolas Sarkozy parle désormais de moralisation de l’économie du marché. Des décrets d’urgence sont pris par le Premier ministre François Fillon contre les patrons voraces qui bénéficient de stock options et de parachutes dorés.

La crise actuelle parachève un système qui a été pensé après la deuxième guerre mondiale et qui s’est institué en modèle de référence. Il est évident que le monde entier est en quête de formules nouvelles pour repenser, recréer une dynamique qui pourrait relancer l’économie mondiale, non pas un capitalisme éhonté et démoralisé mais une société produisant à la juste mesure de l’homme et distribuant les richesses pour le bien-être général.

 

"Quel modèle d’économie à Mayotte ? Quel modèle d’entreprise ? Quel tourisme ? Quelle place pour l’environnement ?…"

 

Cette question de l’homme prend tout son sens à Mayotte. Elle nous impose une réflexion qui doit nous éloigner des précipitations aveugles causées par cinquante ans de soif et d’attente. Elle doit nous éloigner de la voracité cupide de ces novices matérialistes qui contre toute valeur sont prêts à tout pour briller dans leur 4×4 au détriment de toute planification sociale réelle.

On pourrait estimer que ceci soit loin de Mayotte, à l’heure où nos réalités sont celles des pays sous-développés. On peut penser qu’il n’y a pas de sens encore à parler de société de consommation, que nos problèmes ne sont pas encore les effets pervers des développements.

Je réponds d’une part qu’il y a cinquante ans la préoccupation avait été un simple statut de département, aujourd’hui le penchant est la question du développement et du progrès social dans un département français. C’est depuis le 29 mars une réalité et les questions évoquées doivent nous préoccuper aujourd’hui, pour que dans cinquante ans elles ne constituent pas les premiers handicaps de notre société.

D’autre part, pas plus qu’il y a quelques semaines, les secousses provoquées en Guadeloupe par le collectif LKP, puis en Guyane, puis à la Réunion, contre le faible pouvoir d’achat, contre les inégalités, contre les profits énormes des patrons, contre des richesses non distribuées, la misère des locaux et l’opulence des patrons, n’avaient pas été pensées en 1948, lorsque les îles des Antilles s’assimilaient aux départements français de la République…

Il n’y a d’alternative que celle d’interroger le devenir des cinquante ans à venir qui nous met désormais face à une réflexion claire sans ambiguïté : quel modèle d’économie à Mayotte ? Quel modèle d’entreprise ? Quel tourisme ? Quelle place pour l’environnement dans ce penchant au développement et à la consommation ? Qu’est-ce qu’il faut introduire à Mayotte ? Qu’est ce qu’il faut éviter pour que cette génération ne soit pas coupable de la pollution qui définitivement plongerait notre île dans l’irrémédiable catastrophe écologique, tant la terre et la mer sont les premiers réservoirs alimentaires d’une population pauvre.

Alors, quel projet social et économique réel dans une société comme la nôtre ? Quel choix entre hausse des salaires, du Smig, des aides sociales et détaxation des produits de premières nécessités ? Entre une société de consommation massive polluante, surpermonétarisée et une société puisant dans son éthique morale les valeurs qui régulent l’économie et le marché ? Entre une société de surconsommation et d’importation massive qui pollue et une société qui préserve ses atouts naturels et qui les valorise? Entre une société vitrine, des déséquilibres et des inégalités qui incitent à la cupidité, au matérialisme, à la corruption et une société défendant la mesure de la suffisance et de la justesse ?

Faudrait-il transformer la terre et la mer ou former l’homme, l’orienter, l’éduquer dans un esprit écologique en mesurant toute l’action politique, économique et sociale à son profit dans un sens d’équilibre réel, afin que le Mahorais soit non pas une machine d’achat-vente, de producteur-consommateur-pollueur aspirant à posséder, homme vide sans pensée, sans éthique, mais un citoyen responsable, avisé, compétent qui peut répondre à l’exigence d’une société ouverte au monde et sur le monde, à l’abri des perversités des sociétés de consommation et des pollutions irrévocables ?

Quel devenir de Mayotte dans le statut de département ?

 

Alain Kamal Martial

Ecrivain, dramaturge

01/04/09 – Résultats officiels de la consultation du 29 mars

Après vérifications par la commission de contrôle et proclamation des résultats par son président M. Courtial, les résultats définitifs de la consultation des électeurs de Mayotte du 29 mars 2009 s'établissent comme suit : Electeurs inscrits : 71.420, Votants : 43.831, Suffrages exprimés : 43.215. Le taux de participation est de 61,37%. Les électeurs mahorais ont répondu OUI par 41.160 voix, NON par 2.055 voix. Le OUI représente donc 95,25% des suffrages exprimés et le NON 4,75%. Ces résultats diffèrent des résultats provisoires transmis au cours de la soirée électorale. En effet, la commission de contrôle a été amenée à déclarer nuls certains bulletins. Par ailleurs, quelque 186 suffrages d'un bureau de vote de la commune de Bandrélé n'ont pas été comptabilisés pour absence de signature sur le procès verbal de transmission des résultats.

01/04/09 – La Ligue arabe rejette « l’occupation française » de Mayotte

Les dirigeants des 22 membres de la Ligue arabe, dont les îles Comores, ont rejeté "l'occupation française" de Mayotte, après la consultation de dimanche, selon leur document final rendu public mardi. Les dirigeants arabes proclament leur "rejet de l'occupation française et demandent à la Francee sommet arabe tenu lundi à Doha en présence du président des Comores, Ahmed Abdallah Sambi. de poursuivre le dialogue avec le gouvernement comorien pour parvenir à un règlement qui garantit le retour de l'île Mayotte sous la souveraineté des Comores". Cette position est exprimée dans le texte des résolutions finales adoptées par le 21 

Dans leur document final, les dirigeants arabes disent "ne pas reconnaître les résultats de ce sondage" (les 95,2 % de "oui") et "considérer les mesures que prendrait la France en vertu de ce sondage comme illégales, nulles et non avenues". S'adressant lundi au sommet de Doha, le président Ahmed Abdallah Sambi avait appelé ses pairs arabes à exprimer "leur solidarité avec le peuple des îles Comores dans la défense de son droit légitime, juridique et souverain à recouvrer l'île de Mayotte et à publier, à l'instar de l'Union africaine, un communiqué rejetant le référendum nul". "L'île de Mayotte est un territoire arabe occupé et toutes les mesures prises par l'Etat d'occupation sont nulles et non avenues", a-t-il poursuivi.

01/04/09 – Pablo Moses et U Roy en concert

La programmation du mois d'avril de la direction de l'ingénierie culturelle (anciennement service culturel) commence très fort avec un plateau reggae offrant au public mahorais de découvrir des adeptes du mouvement rasta : Pablo Moses et U Roy. Les deux artistes de renommée internationale, arrivés mardi sur l'île, se produiront au plateau de M'gombani le jeudi 2  avril à 20h, avec en première partie les reggae mens locaux Babadi, Bob Dahilou et Daddy Happy (entrée 10€).

01/04/09 – Des faux papiers pour faire face aux tracas des administrations

Hier matin, le tribunal supérieur d'appel de Mayotte a eu à juger Ali* et Saïd* qui ont été condamnés en première instance pour fourniture frauduleuse habituelle de document administratif, aide à l'entrée au séjour d'étrangers en situation irrégulière, faux dans un document administratif commis de manière habituelle et détention frauduleuse de plusieurs faux documents administratifs. Ali, citoyen français, avait écopé de 4 ans de prison ferme et de 12 000 € d'amende alors que Saïd, citoyen comorien a reçu une peine de 3 ans de prison ferme, 10 000 € d'amende et 3 ans d'interdiction du territoire français. Le procureur Marc Brisset-Foucault a demandé la confirmation des peines de première instance, mais a demandé une interdiction de territoire français de 10 ans pour Saïd.

Les prévenus, défendus par Me Sylvie Prat, ont affirmé à la barre qu'ils avaient agi de la sorte, car c'était le seul moyen de s'en sortir financièrement et de faciliter la régularisation de leurs proches. "Pourquoi en sont-ils arrivés là ? Pour Saïd, il a eu une carte de séjour pour accompagner sa fille malade jusqu'en 2006 et puis d'un coup plus rien sans explication de la préfecture, alors qu'il vit à Mayotte depuis plus de 10 ans et que ses enfants sont scolarisés ici. Pour Ali, ses démarches pour régulariser sa femme, mère d'un enfant français n'ont pas abouti. A l'heure où je vous parle, celle-ci est à Anjouan" s'est indignée l'avocate. Le délibéré sera rendu le 21 avril prochain.

* prénoms d'emprunt

01/04/09 – Sport / Athlétisme : Florence Le Gal, bronzée et argentée

Dans la promotion de l'athlétisme mahorais, le racing club de Mamoudzou fait ce qu'il faut. D'Ancône (Italie) où se disputaient, du 25 au 29 mars, les championnats d'Europe Vétérans, le RCM ajoute deux nouveaux podiums à son palmarès par l'intermédiaire de sa sprinteuse Florence Le Gal. En réalisant un chrono de 26"73 en finale du 200 mètres et 8"16 en finale du 60m, la Vétéran de quarante ans atterrit ce matin à l'aéroport de Dzaoudzi avec deux médailles de bronze autour du cou. Et une troisième, en argent qu'elle remporte aux 4x200m avec la sélection française. Objectif merveilleusement atteint pour Florence Le Gal qui, avant son départ s'était fixé une finale en individuel et un podium avec l'Équipe de France.

01/04/09 – Sport / Rugby : Le RCPT envoie un message fort

Samedi dernier pour le compte de la dixième et dernière journée du championnat de Senior à XV de Mayotte, le RC Petite Terre n'a fait qu'une bouchée du champion en titre, le RCM. Peut-être l'un des meilleurs moments choisis par les protégés de Pascal Porquet pour faire planer le doute sur les épaules du neuf fois sacré de Mayotte. Le score final est sans appel, 32 à 0, à Kavani. Le 18 avril se joueront les demi-finales du championnat, le club de la capitale rencontrera l'Entente Sada/Chiconi. L'équipe d'Eric Landmann a donc désormais, un peu plus de deux semaines pour se remettre de leur débâcle et préparer cette rencontre, remake de la dernière finale. Le RCPT, lui, confirme de la plus belle des manières, ses ambitions de détrôner sa victime du jour. Il sera opposé au Despérados Rugby Club, l'autre formation de Mamoudzou.

31/03/09 – Départementalisation de Mayotte : Réactions des politiques nationaux

A droite

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP : "La participation importante et le score sans appel du oui sont la preuve de l'implication totale des Mahorais dans la construction de leur avenir (…) Les Mahorais ont voté pour s'intégrer un peu plus encore à notre pays en choisissant de devenir le 101ème département français" et "ce choix cohérent avec la volonté exprimée il y a 35 ans de rester français doit donner à Mayotte les moyens de se développer et de se moderniser".

Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur et de l'Outre-mer : "Conformément à la feuille de route proposée par le président de la République, le gouvernement va déposer un projet de loi organique tirant les conséquences institutionnelles de ce vote (…) Les modalités de la coopération du nouveau département de Mayotte avec ses partenaires de l'Océan Indien et notamment avec la République des Comores seront parallèlement approfondies". "La départementalisation a pour but de conforter la place de Mayotte dans la République, en réaffirmant les principes fondateurs de notre pacte républicain, en particulier le respect de l'égalité entre les hommes et les femmes, l'unité de la justice pour tous les citoyens ou la place de la langue française".

Alain Joyandet, secrétaire d'Etat français à la Coopération : "Au-delà de la départementalisation, vous savez bien que quand il y a un referendum, c'est souvent oui ou non à celui qui pose la question. Donc le oui, ce sera le oui à la France, ce sera: oui, on veut rester en France (…) On a mis en place un groupe de très haut niveau entre les Comores et la France  pour discuter des nouvelles relations entre les quatre îles, les trois comoriennes et Mayotte, et j'espère qu'il en sortira quelque chose de positif pour pacifi r les relations (…) "A l'heure de la mondialisation, est-ce que la France peut s'offrir le luxe de renoncer à ses territoires ultramarins ? Je ne le crois pas (…) Ce que je pense, c'est qu'il faut surtout que nous fassions du développement aux Comores. Si on veut que le calme règne dans cette région, si on veut gérer un peu mieux les problèmes liés à l'immigration, il faut que nous aidions les Comores à se développer".

Didier Quentin, député UMP de Charente-Maritime, auteur de plusieurs rapports parlementaires sur Mayotte : Il estime que ce choix permet "d'arrimer Mayotte encore plus fermement à la métropole (…) Il importera de construire une départementalisation adaptée, en sachant respecter les transitions indispensables". "L'identité originale de Mayotte viendra ainsi enrichir l'unité républicaine de toutes les différences mahoraises, et notamment d'une relation harmonieuse avec l'islam".

 

A gauche

 

Victorin Lurel, député PS de Guadeloupe, vice-président du groupe SRC à l'Assemblée nationale chargé de l'Outremer : Il salue "le vote franc, massif et historique des Mahorais qui ont choisi (à 95,2%) de faire de Mayotte le 101ème département français (…) Il revient aujourd'hui au gouvernement de s'attacher à concrétiser ce choix clair et sans appel en accélérant le processus afin que l'égalité sociale soit une réalité avant le délai annoncé de 20 ans". Il estime en outre que "ce choix vient conforter la nécessité de permettre à chaque territoire de l'outre-mer français de s'exprimer sur son avenir institutionnel en donnant la parole au peuple souverain qui, seul, décide en ultime extrémité".

Martine Aubry, première secrétaire du PS : Dans un communiqué, la maire de Lille "adresse un message amical et fraternel" aux Mahorais, jugeant qu'il s'agit d'"une étape décisive dans la longue marche vers l'égalité des droits pour les Mahorais dans notre République", "moins de dix ans après l'accord sur l'avenir de Mayotte et la loi de 2001, voulue par un gouvernement socialiste". Mme Aubry veut cependant "demeurer très vigilante, à chaque étape, pour que le calendrier et les engagements pris soient respectés et pour que la départementalisation soit poursuivie sans relâche". "L'évolution statutaire doit être accompagnée d'un effort constant et vigoureux de développement économique, de logements, d'équipements scolaires et médicaux ainsi que d'infrastructures de transports adaptées au XXIème siècle", juge la patronne du PS. Ainsi, "la promesse d'égalité deviendra bien réelle" et "un progrès durable sera partagé par tous les Mahorais", estime Mme Aubry.

31/03/09 – Jégo évoque des vols réguliers directs Paris- Mayotte avant fin 2009

Le secrétaire d'Etat à l'outre-mer Yves Jégo a affirmé dimanche soir qu'il était en train de travailler avec une compagnie aérienne pour qu'il y ait des "vols réguliers directs Paris Mayotte" avant la fin de l'année, rapporte l'AFP. "J'ai bon espoir qu'on puisse avoir des vols réguliers directs Paris-Mayotte avant la fin de l'année", a déclaré M. Jégo, interrogé à son ministère après la victoire écrasante du oui dimanche. M. Jégo compte notamment sur le tourisme ainsi que sur l'aquaculture pour le développement économique de Mayotte. "Nous touchons les fruits d'une campagne claire", a-t-il déclaré, répétant que la "feuille de route" présentée aux électeurs mahorais serait "respectée très scrupuleusement".

"Nous ne voulons pas déséquilibrer l'économie mahoraise en créant des charges pour les entreprises qu'elles ne pourraient pas assumer", a répété M. Jégo, comme on lui demandait si le rythme prévu (une vingtaine d'années) pour l'instauration à 100% du revenu de solidarité active (RSA) ne serait pas accéléré. "La montée en puissance du RSA se fera aussi vite que l'économie se développera", a-t-il dit. Sur le plan politique, il a estimé que Mayotte "peut servir de modèle y compris peut être pour la métropole", devant être un département exerçant également les compétences d'une région, avec une assemblée unique. Le nombre de conseillers généraux de Mayotte, 19 aujourd'- hui, pourrait passer à une trentaine en 2011. M. Jégo aimerait qu'une partie d'entre eux soit élus au scrutin majoritaire et une autre partie au scrutin proportionnel, "si on peut le faire". Les Etats généraux de l'outre-mer auront lieu également à Mayotte et le secrétaire d'Etat recevra les élus du futur département "assez vite".

31/03/09 – Manifestation à Moroni contre la consultation de Mayotte

Dimanche 29 mars la France a organisé à Mayotte son fameux référendum pour la départementalisation de l'île, malgré la vive et légitime réprobation que cela a suscitée au sein de la population comorienne. L'entêtement de Paris à tenir vaille que vaille une telle consultation, sachant pertinemment qu'elle sera considérée comme "nulle et non avenue" par l'Organisation des Nations Unies et les autres instances internationales et régionales, dont l'Union africaine, soulève à présent une seule interrogation. Quelle sera la conséquence de cette nouvelle marche forcée de l'évolution de la question de l'île comorienne de Mayotte, dans les relations entre la France et les Comores ? Quittant Moroni samedi dernier pour se rendre à un sommet de chefs d'Etat au Qatar, le président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi a déclaré dans un message à la nation radiotélévisé que la date du 29 mars sera "dangereuse pour l'unité de notre pays".

Par anticipation, le numéro un comorien a rappelé que lui-même et son gouvernement ont déjà condamné ce référendum. "Nous ne reconnaitrons jamais les résultats qui seront issus d'une consultation illégale", a-t-il ajouté avant d'exhorter les frères et sœurs Mahorais à ne pas oublier que "nous avons toujours été un seul et même peuple, par le sang, la langue, la religion, la coutume…" Et le président Sambi d'ajouter : " votre intérêt se trouve dans la dignité et la liberté au sein de l'Etat comorien et non dans la domination coloniale où vous ne serez jamais maîtres de votre destin". Pour le chef de l'Etat comorien, "rien n'empêchera les mahorais qui le souhaitent de garder leur citoyenneté française aussi longtemps qu'ils le voudront, mais pour autant Mayotte est et restera une terre comorienne où tout comorien des trois autres îles est en droit de s'y rendre librement". Dans la matinée du dimanche 29 mars, jour du référendum, une marche de protestation a eu lieu à Moroni, de la Place de l'indépendance jusqu'à l'Ambassade de France. 4 En tête de la manifestation se trouvaient le comité Maoré, le député Youssouf Mondoha, le leader du FD Moustoifa S. Cheikh, et de nombreux jeunes et femmes. Devant la représentation diplomatique française placée sous haute sécurité des forces de l'ordre, un groupe de 300 manifestants a scandé des slogans hostiles à la présence de la France à Mayotte et contre le référendum de la départementalisation. Un drapeau tricolore a même été brûlé à quelques mètres de l'ambassade, malgré une pluie battante. A noter qu'un précédent rassemblement politique avait été organisé vendredi, à l'initiative de personnalités et partis politiques déclarant œuvrer au sein d'un "mouvement de libération de Mayotte". En France, plusieurs associations de la diaspora se sont retrouvées Place Trocadéro à Paris, samedi aprèsmidi pour dénoncer le référendum de Mayotte.

30/03/09 – Un moment historique

Un constat qui a fait l'unanimité dimanche soir, à Mayotte comme en Métropole, où l'on a salué partout la victoire écrasante du "oui" à la consultation avec 95%. Après une légère inquiétude devant les premières estimations, la participation atteint finalement 61%, un chiffre que le président Douchina attribue au fait que "beaucoup de personne ont considéré que les résultats étaient acquis d'avance et n'ont pas senti le besoin de se déplacer aux urnes". Le député Abdulatifou Aly a également précisé que bon nombre d'électeurs ne résident plus sur le territoire. Championne de la soirée, la commune de Chirongui a voté "oui" à 99.05%, talonnée par Kani-Kéli, la commune du président du conseil général où le "oui" atteint 98.93%. Sans surprise, ce sont Dzaoudzi et Mamoudzou qui font les scores les plus bas avec 89.74% et 88.74% pour le chef-lieu.

Les résultats définitifs ont été connus vers 21h10, avant cela plusieurs élus s'étaient exprimés sur RFO en direct du conseil général pour saluer ce plébiscite massif en faveur du département. Le sénateur Adrien Giraud a rendu hommage à Younoussa Bamana, Zaïna Méresse, Zéna Mdéré et Marcel Henry, les figures historiques du combat de Mayotte pour son statut. "Le Président Sarkozy a franchi une étape que les autres Présidents n'ont jamais franchie, en tenant sa parole et en disant que si les Mahorais lui demandaient le statut de département, il leur offrirait ce statut". "C'est un événement aujourd'hui qu'on ne peut pas qualifier parce que beaucoup de Présidents et beaucoup de gouvernements avaient promis aux Mahorais qu'on allait les consulter mais il y avait toujours cette peur des instances internationales qui les en empêchait à chaque fois". 4 Au sujet de la séparation avec les Comores en 1974, Ibrahim Aboubacar a déclaré que "l'Histoire a donné raison aux Mahorais. Ce dogme de l'intangibilité des frontières issues de la décolonisation a été battu en brèche partout en Afrique. Aujourd'hui, c'est le droit des peuples à disposer d'eux mêmes qui a pris le dessus." Enfin, Saïd Omar Oili a déclaré que "maintenant, la page est définitivement tournée sur le problème statutaire et nous devons nous atteler ensemble, toutes les élites, pour construire ce pays".

30/03/09 – Ahmed Attoumani Douchina : « Une victoire pour la France et pour ses valeurs »

Mes remerciements vont à l'ensemble de Mayotte et des mahorais. A cette heure (21h20, ndlr), le oui l'emporte à plus de 95%. Pour nous élus, c'est le sentiment du devoir accompli qui prédomine. C'est également le sentiment d'avoir répondu à la demande et aux combats de nos aînés. C'est une victoire pour la France et pour ses valeurs. De liberté, notamment, car des gens ont été emprisonnés, abattus pour avoir défendu leur idées. C'est la victoire contre ces états qui nous réclament, s'appuyant sur le principe archaïque d'intangibilité des frontières héritées de la décolonisation. Aujourd'hui, ce vote prouve que le droit des peuples à disposer d'eux mêmes est un principe plus pragmatique. C'est librement que nous avons lancé ce message au monde, sans fusil posé sur nos tempes. Nous laissons aujourd'hui un héritage précieux à notre jeunesse, celui de la démocratie.

Une notion ô combien importe dans un monde qui semble perdre de vue sa valeur, j'en veux pour preuve ce qu'il se passe aujourd'hui à Madagascar. Ce soir, nous avons clairement signifié la stabilité des institutions que nous voulons. Concernant le taux d'abstention, il correspond à peu près à la proportion de la population mahoraise inscrite sur les listes électorales mais résidant à l'extérieur de l'île. La diaspora mahoraise en métropole compte 37.000 âmes. A partir de là, c'est une magnifique victoire.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes