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05/06/09 – Entretenir une culture de la défense et de la sécurité

Tous les deux ans, un département d’Outremer accueille une session de formation portant sur le thème de la défense nationale et de la sécurité. Cette année, c’est à la Réunion qu’elle a lieu et trois formations spécifiques sont ainsi proposées : une première formation à destination d’un public expérimenté civil et militaire, une autre à destination de jeunes diplômés de niveau bac+ 2 âgés de 20 à 30 ans et une dernière proposée aux élus locaux.

La première session de formation regroupant des militaires, des fonctionnaires et des acteurs du tissu socio-économique local a débuté lundi dernier, rapporte le site Clicanoo, sous la houlette du général de corps aérien Laurent Labaye, venu spécialement de Métropole. Le thème du programme intitulé “L’Union européenne en quête de sécurité intérieure et extérieure” sera au centre des réflexions des stagiaires. Jusqu’au 13 juin, ces derniers assisteront à des conférences, visiteront des installations militaires et civiles, la base navale du Port ou la route des Tamarins.

Ils se déplaceront à Maurice et à Mayotte. Parmi eux, sept étrangers ressortissants de la zone océan Indien. Un détail d’importance quand on sait que c’est la France qui préside depuis peu la Commission de l’océan Indien (COI). Les débats porteront d’ailleurs, entre autres, sur la coopération régionale. Les inscriptions sont encore possibles pour les deux autres sessions proposées respectivement aux jeunes et aux élus locaux. Pour participer au séminaire destiné aux jeunes, du 8 au 13 juin, il reste encore une quinzaine de places. Il suffit de télécharger la fiche de candidature sur le site internet de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). La formation se déroulera en internat sur le site universitaire du Tampon. Qui peut postuler ? Les étudiants, des acteurs du secteur privé ou du monde associatif, des jeunes élus ou syndicalistes ou encore des fonctionnaires. Le but de ces formations étant “d’entretenir et d’enrichir la culture de la défense et de la sécurité” par le biais des individus ainsi formés.

05/06/2009 – Elections européennes ce dimanche

 

{xtypo_dropcap}S{/xtypo_dropcap}i l’Europe semble lointaine, tant dans le quotidien que géographiquement, des Mahorais, la deuxième adjointe à la mairie de Saint-Denis a rappelé l’importance de l’Europe pour une île qui envisage de devenir une Rup.

“C’est avec les fonds européens que Mayotte pourra se développer. Quand l’Etat donne 100 à une région, il donne la même somme aux autres régions. Quand l’UE donne 100 à une région hexagonale, la Réunion reçoit 10 fois plus. Si les Mahorais sont d’accord, notre combat sera que Mayotte soit traitée comme la Réunion. La Réunion reçoit 2 milliards d’euros sur une période de 6 ans, Mayotte a une population équivalente au quart de celle de la Réunion, elle doit donc recevoir au moins 500 millions d’euros”, a lancé l’élue réunionnaise.

Pour cette femme politique, Mayotte possède les mêmes handicaps que la Réunion (éloignement de l’Europe, insularité, petit marché, besoin de cohésion sociale) et l’Europe doit donc aider Mayotte. Les élus mahorais doivent montrer une véritable volonté d’intégrer l’UE (aujourd’hui Mayotte, bien que française, est considérée comme un pays tiers à Bruxelles) et cela doit émaner d’une volonté populaire et donc d’un vote massif des Mahorais. “La volonté de Mayotte doit être portée par les Mahorais eux-mêmes. Mayotte doit envoyer un signe fort à l’Europe”, a-t-elle insisté lors de sa conférence de presse hier.

 

Priorité à l’éducation, au logement et à la santé

 

“Contrairement au PCR d’Elie Hoarau, nous avons soutenu la départementalisation. Et contrairement à la liste Alliance des Outremers, une candidate mahoraise, Abouchirou Saïd, figure sur notre liste. Et nous nous engageons à ce qu’un Mahorais ou une Mahoraise fasse partie de notre équipe à Bruxelles et Strasbourg pour suivre les dossiers de Mayotte à l’UE, ainsi qu’à faire venir la commission chargée du développement à Mayotte. Les Mahorais ont été humiliés, méprisés parce que certains ont estimé qu’ils n’étaient pas dignes de pouvoir figurer sur une liste européenne. C’est un scandale”, fustige Ericka Bareigts.

Celle-ci a axé son programme pour Mayotte sur 3 axes : l’éducation, le logement et la santé. “Les fonds européens doivent être orientés sur l’éducation des Mahorais. Il faut que les familles aient des logements décents. Les bidonvilles de Kawéni ou M’gombani sont une honte pour la France. L’Europe doit mettre des fonds dans l’assainissement et le traitement des déchets”, a revendiqué l’élue réunionnaise.

Abouchirou Saïd quant à elle s’est dite “fière” d’être la candidate socialiste de Mayotte. “Le PS a donné une chance à la jeunesse pour préparer l’avenir et développer notre île. On a tout à faire, notamment le haut-débit, si important pour les jeunes et pour l’ouverture au monde. Il faut donc s’engager”, indique l’adjointe chargée des sports à la mairie de Tsingoni.

 

Faïd Souhaïli

05/06/2009 – Politique : Elections européennes

 

{xtypo_dropcap}A{/}xtypo_dropcapprès plus d’un mois de campagne électorale, un constat s’impose : les élections européennes ne passionnent pas les Mahorais. Tant au plan géographique qu’administratif ou politique, l’Europe est loin des préoccupations quotidiennes. De plus, seuls 4 Mahorais figurent sur les listes en lice et aucun d’entre eux en position éligible. Difficile de motiver les troupes dans ces conditions où les esprits sont plus tournés vers le pouvoir d’achat et les grèves en séries.

Pourtant, les affiches fleurissent un peu partout, notamment celle du Modem avec Sophia Hafidhou et de l’UMP avec Daourina Romouli, rappelant que le scrutin a lieu ce dimanche. Les Mahorais comme les autres Ultramarins, ont le choix entre 11 listes. Selon un système saugrenu, l’Outremer français sera représenté par trois élus, un de chaque océan en théorie, évitant le précédent de 2004 où 3 Réunionnais avaient monopolisé les sièges ultramarins de députés européens à Strasbourg.

Le Parlement européen a globalement trois pouvoirs : un pouvoir législatif (mise en place de lois communautaires), un pouvoir budgétaire et un pouvoir de contrôle sur la Commission européenne et la Banque centrale. Les domaines de compétences du Parlement européen sont très larges. A Mayotte, ce que l’on retient du rôle de l’Union européenne est plutôt d’ordre financier.

Ainsi, la CDM reçoit environ 20 millions d’euros par période de 5 ans au titre du Fed (Fonds européen de développement). C’est avec l'aide du Fed que l’électrification et l’accès à l’eau potable ont pu être réalisés à la fin des années 80 et au début des années 90. Si Mayotte obtient le statut de Rup (région ultra-périphérique), elle sera éligible à toutes les aides européennes.

Vu le retard structurel de l’île, cette manne serait la bienvenue. Nos élus ne manquent pas de citer l’exemple de nos voisins réunionnais qui ont reçu 1,9 milliard d’euros pour la période 2007-2013 pour construire leurs routes, améliorer leurs infrastructures (port, aéroport notamment), aider des secteurs tel que la pêche et l’agriculture, ou encore l’emploi et la formation. Si un tel pactole était disponible pour Mayotte, beaucoup de choses pourraient aller plus vite. Mais, cela implique aussi que les dossiers soient suivis par les personnes qui en ont la charge et en premier lieu nos élus.

L’Europe, c’est aussi une législation stricte commune aux 27 pays européens. Aujourd’hui, Mayotte possède une cellule européenne au sein du conseil général de Mayotte, mais pas de représentant permanent à Bruxelles ou à Strasbourg, villes où siègent la Commission et le Parlement européens. Il y a un an, le président du conseil général, Ahamed Attoumani Douchina était allé plaider la cause mahoraise à Maurice auprès de l’ambassadrice de la Commission européenne Claudia Wiedey. Après-demain, ce sera aux électeurs mahorais de prouver leur intérêt pour l’Europe en se rendant aux urnes. L’affluence sera-t-elle au rendez-vous ?

 

Faïd Souhaïli


 

Un mode de scrutin alambiqué

Pourquoi faire compliqué, quand on peut faire simple ? Le gouvernement a choisi une formule alambiquée pour ce scrutin européen en ce qui concerne l’Outremer. Comme en 2004, la circonscription regroupe tous les départements et collectivités d’Outremer, ce qui en fait la plus grande circonscription du monde. Mais pour cette année, la circonscription a été divisée en 3 bassins : Atlantique (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Saint-Barthélémy, et Saint-Pierre-et-Miquelon), Indien (Mayotte et la Réunion) et Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Polynésie et Wallis-et-Futuna).

Le but de cette division est d’éviter que les 3 sièges mis en jeu reviennent tous les trois à une même collectivité, comme ce fut le cas pour la Réunion en 2004. Les trois sièges d'Outremer seront dans un premier temps répartis entre les listes à la représentation proportionnelle, à la plus forte moyenne, sur la base du résultat de l'ensemble de la circonscription ultramarine. Une fois déterminé le nombre de sièges attribués aux différentes listes, il restera à savoir où elles les obtiennent.

L'ordre dans lequel les sièges sont répartis sera déterminé par le nombre de voix obtenues au total dans la circonscription d'Outremer. La liste arrivée en tête obtiendra son siège (ou ses sièges) dans la section (ou les sections) où elle a obtenu son meilleur score, en pourcentage des suffrages exprimés. La liste arrivée seconde obtiendra son siège dans l'une des sections restantes où elle a obtenu son meilleur score, toujours en pourcentage des suffrages exprimés. Si tous les sièges ne sont pas encore attribués, la troisième liste obtiendra son siège dans la troisième et dernière section.

Si l'on avait appliqué ce système en 2004, les trois listes arrivées en tête (PCR-Alliance 28,85%, UMP 25,35% et PS 19,05%) auraient obtenu chacune un siège. Mais à la différence de 2004, où trois Réunionnais (Vergès PCR, Sudre UMP, et Fruteau PS) avaient remporté les trois sièges de l'Outremer, l'UMP aurait obtenu son siège dans le Pacifique et le PS le sien dans l'Atlantique, malgré un score faible.

 

 

Quatre candidats mahorais inéligibles

Onze listes de neuf noms ont été déposées pour concourir dans la circonscription ultramarine. On peut se demander pourquoi avoir permis de mettre neuf noms, sachant qu’aucun d’entre eux n’est suppléant et qu’il n’ya que trois postes disponibles. Peut-être pour permettre à chaque collectivité d’être représentée. Quoiqu’il en soit, pour les Mahorais, il n’y a aucun espoir d’être élu.

Les mieux placés sur leur liste sont Ahamada Salime chez les Verts et Sophia Hafidou pour le Modem en quatrième position. Abouchirou Saïd pour le PS est en cinquième position alors que Daourina Romouli est en dernière position à l’UMP. A noter que la Fédération des partis progressistes a choisi de soutenir la liste menée par le communiste réunionnais Elie Hoarau, même si aucun élu n’y figure.

05/06/2009 – Société : Grève au CHM

 

{xtypo_dropcap}C’{/xtypo_dropcap}est au rythme des Vikings que les agents hospitaliers du CHM dansent dans la cour de l’IFSI (Institut de formation aux soins infirmiers) depuis mercredi, date du début de la grève. S’ils arborent un sourire de circonstance, les blouses blanches sont en colère.

La liste de leurs revendications est très longue : maintien intégral des contractuels et des CEC, titularisation des employés dont la durée de stage est déjà révolue, présence d’un représentant des salariés lors des jurys de titularisation, rattrapage progressif des salaires, cessation de chantages au non-renouvellement de contrat, droit syndical bafoué, “parachutes dorés” versés à des médecins n’exerçant plus à Mayotte, gestion arbitraire du budget par la direction de l’hôpital, mise en place d’une indemnité de vie chère et d’une caisse de retraite, etc.

“Ce sont des revendications normales, les prix flambent, les salaires ne suivent pas, le Code du travail n’est pas appliqué, il n’y a rien de nouveau ni de révolutionnaire”, assure Kamiloudine Djanffar de la CGT-Ma. L’intersyndicale comprenant également l’UTFO et la Cisma-CFDT, soutenue par la CFE-CGC, a pu mobiliser la moitié des effectifs en service (y compris une centaine d’agents réquisitionnés pour assurer un service minimum, l’effectif total du CHM étant de plus de 2000 personnes), soit un peu plus de 300 personnes mercredi.

 

Le CHM doit verser 600.000 € pour boucher le trou de la Sécu

 

Le mouvement s’est poursuivi hier. Tous les services de l’hôpital sont touchés, y compris les dispensaires de brousse, entraînant ainsi un fonctionnement au ralenti. L’intersyndicale a rencontré mercredi la directrice de la Dass, Danielle Mouffard, représentante de l’Agence régionale Hospitalière (ARH) Réunion-Mayotte sur notre île. L’ARH est l’autorité de tutelle et attribue au CHM l’enveloppe financière lui permettant de fonctionner.

Si les syndicalistes ont fait part de leurs inquiétudes à Mme Mouffard, cela est dû en grande partie aux décisions de la direction du CHM de ne pas renouveler le personnel en fin de contrat. Alain Daniel, directeur du CHM, explique cette décision du fait du changement de la donne en matière budgétaire.

“Le budget du CHM (120 millions d’euros en 2008) cette année a cru de seulement 3%, alors que les années précédentes elles étaient de plus de 10%. Le CHM est contraint de réaliser un plan d’économie et de participer au renflouement du déficit de la Caisse nationale d’assurance maladie. C’est la première fois que Mayotte est appelée à participer à la réduction de la dette de l’assurance maladie. Cela consiste notamment à payer 600.000 € au titre de la solidarité nationale. C’est une décision qui n’a pas été prise de gaieté de coeur”, justifie le directeur.

 

Une rallonge de l’ARH permettrait de conserver des contractuels

 

D’autre part, le plan d’économie impose de réduire les dépenses de l’hôpital, et ce dans la plupart des services. La direction de l’hôpital a par conséquent décidé de réduire le nombre de contractuels (80 à 120 personnes) en ne renouvelant pas les personnes en fin de contrat.

“Le dialogue est difficile avec les syndicats, car nous ne pouvons jouer que sur les fins de contrat. Nous leur avons proposé de les associer à la définition de l’organisation des services à restructurer (services techniques, logistique, cuisine, lingerie, entretien), mais les syndicats ne veulent pas être associés à toute décision qui serait considérée comme supprimant des emplois”, regrette le directeur.

Celui-ci nous a confirmé qu’il ne comptait pas revenir sur cette décision, alors que les syndicats en font une condition sine qua non pour stopper le mouvement de grève. Alain Daniel a néanmoins promis d’examiner les situations de chaque agent au cas par cas, en tenant compte de leur ancienneté pour envisager des reconversions, si possible au sein du CHM. La direction du CHM a aussi demandé une rallonge budgétaire à l’ARH pour supporter les surcoûts de l’intégration, mais la réponse mettra plusieurs mois avant de se concrétiser.

Mercredi soir, l’un des porte-parole de l’intersyndicale, Rémy Blachet, a reconnu l’échec des négociations. Hier, les syndicats ont à nouveau rencontré la direction, sans résultat. “La direction a claqué la porte, on peut dire que la grève va empirer”, a déclaré à la mi-journée Rémy Blachet. Au moins, on sait à quoi s’attendre dans les prochains jours.

 

Faïd Souhaïli


 

Stagiairisation et représentation dans les jurys acquises

Parmi les nombreuses revendications mises en avant par l’intersyndicale CGT-Ma, Cisma-CFDT et UTFO, figurait la stagiairisation des contractuels recrutés après le 21 juillet 2003. Ceux-ci doivent effectuer une période de stage préalable à une intégration à la fonction publique hospitalière.

“On a proposé un plan sur 3 ans pour stagiairiser 500 agents, dont 170 en 2009”, indique Alain Daniel. Un point qui satisfait l’intersyndicale, même si l’objectif fixé par celle-ci est de titulariser les 800 agents (hors médecins) qui sont encore contractuels. Autre point qui semble avoir été l’objet d’une conciliation, la présence d’un représentant du personnel dans les jurys d’évaluation conduisant à l’intégration.

 

La grève des médecins passe inaperçue

Alors que tout le personnel hospitalier s’est mis en grève illimitée depuis mercredi, les médecins du CHM ont effectué un mouvement de 48h mercredi et jeudi. Ils sont remontés contre la décision des services fiscaux de mettre fin à un abattement sur leur surrémunération au bout de la 4e année d’exercice à Mayotte.

Des négociations ont eu lieu avec les services fiscaux, mais ils n’accorderaient qu’une année supplémentaire d’exonération fiscale aux praticiens. Certains craignent que cela incite la majorité d’entre eux à repartir de Mayotte au bout de 5 ans et de rendre plus difficile le recrutement de praticiens. Les médecins ont remis leur sort aux mains du président du conseil général. L’éventuel abandon d’une imposition totale des médecins au bout de la 5e année d’exercice sera peut-être prononcé ce lundi 8 juin, puisque la question sera à l’ordre du jour de la session plénière de l’assemblée départementale.

05/06/09 – Corsairfly reprend ses vols sur Madagascar… et Mayotte

Le 17 juin, Corsairfly reprend son vol Orly-Nosy Be-Tananarive du mercredi. Initialement, ce vol suspendu le 23 mars à cause de la crise politique malgache devait reprendre le 3 juin. Le vendredi 19 reprend un autre vol Paris-Tananarive avec escale à Dzaoudzi (Mayotte). Enfin, le vol du dimanche Paris-Tananarive est maintenu. Le retour au calme sur place ainsi que la reprise des départs par le Ceto a incité la compagnie à relancer son programme de vols.

La date du 17 juin verra également arriver un autre vol direct entre Paris et Nosy Be, opéré cette fois par Air Madagascar. Ces trois vols seront opérés cet été. Les fréquences pourraient évoluer selon la demande. Au plus fort de la saison malgache, Corsairfly opérait cinq vols hebdomadaires vers l'île Rouge.

05/06/2009 – Entretien : Askandari Allaoui

 

{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ayotte Hebdo : Dans votre livre, vous décrivez des rapports parfois très tendus avec vos collègues… Vous évoquez les problèmes de recrutements affinitaires du "circali titi" (conseil général) et la "politique du ventre"… Vous parlez de dette morale envers les élus et leur famille.

Allaoui Askandari : Les élus vivent cette "politique du ventre", mais ils ne conçoivent pas le conseil général comme un moyen pour y arriver. Je pense qu'ils sont pris dans un engrenage, ils ne sont pas les maîtres du jeu. Par contre, un certain nombre d'agents conçoivent leur mission comme un "marzik", c'est-à-dire une prescription de Dieu faite à Sa créature. Comme les règles du jeu ont été biaisées dès le départ, c'est-à-dire dès la phase du recrutement, la suite se retrouve également biaisée, soit parce qu'on n'a pas été retenu pour son mérite, soit parce qu'il n'y a pas eu de concurrence préalable. Quand le supérieur hiérarchique qui a recruté cette personne n'est plus en place, ce n'est pas forcément évident pour son remplaçant de remettre la personne sur les rails ensuite.

Il y a aussi la question des compétences : généralement, quand on amène une personne et qu'on va la placer quelque part, on ne cherche plus à savoir si les missions qui vont lui être assignées correspondent à son profil. Au final, le supérieur hiérarchique ne sait pas comment s'en débarrasser. Il ne peut plus demander d'autres recrutements car il a un effectif suffisamment étoffé. Il finit donc par se résoudre à la situation de fait. Il se dit : "On va faire avec…". Mais pour faire avec, il y a des limites par rapport à ce qu'il convient de demander à cette personne.

 

MH : Vous estimez que le favoritisme dans le recrutement constitue une part importante des effectifs du conseil général ?

AA : Ce n'est même plus du favoritisme, parce qu'à la limite, si vous vous recrutez et que je vous présente une liste de candidats, et que vous choisissez sur la liste en favorisant, là on parlera de favoritisme. Mais si vous, en tant que directeur, on vous amène une personne, vous vous retrouvez devant un fait accompli. C'est autre chose que du favoritisme parce que ce ne sont pas les directeurs qui choisissent. Il y a déjà eu un choix qu'on leur impose.

 

{xtypo_quote}On a été longtemps habitué à avoir un supérieur hiérarchique Blanc, donc ce n'est pas naturel de se retrouver un jour sous les ordres d'un Noir. Et puis, culturellement, il n'est pas bien vu de se démarquer{/xtypo_quote}

 

MH : Et c'est trop dangereux pour eux de licencier ensuite le personnel incompétent ?

AA : Licencier alors que ce n'est pas vous qui avez recruté, c'est déjà problématique. L'agent peut dire à son supérieur : "De toute façon, ce n'est même pas vous qui m'avez installé là". Ensuite, nous, Mahorais, partageons un certain nombre de choses en commun, notamment des recours à la sorcellerie, à des prières… Et comme nous partageons tous ces choses-là, on n'y est pas indifférent. Donc, vous, directeur, si vous envisagez de me licencier, il y a toute cette représentation-là qui vous hante, qui vous habite et donc ce n'est pas simple de s'en débarrasser. Le directeur peut avoir peur qu'on lui jette un sort, sans parler des pressions familiales qui peuvent intervenir auprès des élus.

 

MH : Selon vous, la politique de domination du Blanc qui avait lieu pendant la période coloniale est toujours intériorisée par les agents de l'administration "noire" du conseil général. Sur quoi vous basez-vous pour l'affirmer ?

AA : Je me base sur des propos. Nous avons coutume de dire : "tsi lo fania hazi ya mzungu" ("je viens d'effectuer le travail du Blanc"). Je me base aussi sur l'observation de la nature des rapports hiérarchiques. Quand vous êtes directeur et que vous êtes Noir, vous devez faire beaucoup plus pour qu'on vous reconnaisse comme étant un directeur "normal". On vous juge davantage, on cherche souvent à voir si vous êtes ou non à la hauteur. C'est comme si cette personne-là n'était pas à sa place. On a été longtemps habitué à avoir un supérieur hiérarchique Blanc, donc ce n'est pas naturel de se retrouver un jour sous les ordres d'un Noir.

Et puis, culturellement, il n'est pas bien vu de se démarquer. Je fais beaucoup référence dans mon ouvrage à René Bureau qui explique assez bien que le démarquage, la distinction sont conçus comme mauvais pour l'équilibre matriciel du groupe. Quand il y en a un qui se démarque, qui s'échappe, cette désolidarisation fait peur, intrigue le groupe. Il y a des mécanismes, souvent inconscients, qui cherchent à ramener l'individu qui s'est distingué, pour ressouder le groupe.

Aujourd'hui, on peut se démarquer parce qu'on a fait des études. Ce qu'on ramène de l'Occident, les autres ne l'ont pas et ne le comprendront pas. C'est un double démarquage en quelque sorte. Les personnes qui se retrouvent dans cette situation le vivent très difficilement.

 

{xtypo_quote}Si on s'échange des écrits et que ces productions ne sont pas lues, ça handicape naturellement le bon déroulement des choses. On attend que le contenu d'un papier soit lu pour qu'on puisse avancer, mais c'est très rarement le cas{/xtypo_quote}

 

MH : Vous dites dans votre conclusion que "les prévarications se multiplient, se cautionnent et s'érigent en normes". Est-il réellement impossible d'établir à Mayotte les bases politiques occidentales importées ?

AA : Il faudrait mettre en valeur les éléments que nous sommes allés chercher dans les écoles occidentales. Les vertus du dialogue par exemple. Les gens reviennent mais sont obligés de mettre de côté toute cette richesse intellectuelle et culturelle qu'ils ont héritée de ces écoles républicaines. Il faudrait développer des structures de type "cafés philosophiques" pour qu'on donne de la place à cette mouvance.

Les initiatives personnelles devraient être soutenues par les hommes politiques pour qu'elles ne s'épuisent pas. Ces "je viens de…", ces acculturés sont vulnérables dans le territoire parce que lorsqu'ils cherchent à se démarquer, ils se construisent des ennemis. Il faut essayer de les soutenir parce que ce sont des "pangolins", l’incarnation de la "contre-nature", comme je dis dans mon ouvrage. Les hommes politiques doivent mettre en place des dispositifs pour exploiter toute cette richesse, car toute faculté non utilisée régresse. En fin de semaine, il y a des soirées partout. En revanche, des cercles intellectuels par exemple, ça manque.

 

MH : Vous dites que les exigences bureaucratiques se heurtent aux traditions mahoraises que sont par exemple le droit d'ainesse, le rapport à la chose écrite ou la notion d'intérêt général. Toute évolution vers une culture occidentale de l'administration est-elle impossible ?

AA : Dans l'administration, il y a beaucoup d'écrits qui circulent. Si on s'échange des écrits et que ces productions ne sont pas lues, ça handicape naturellement le bon déroulement des choses. On attend que le contenu d'un papier soit lu pour qu'on puisse avancer, mais c'est très rarement le cas.

Pour comprendre le droit d'ainesse, il y a l'âge mais aussi l'ancienneté dans un service. Traditionnellement, c'étaient les aînés qui donnaient les instructions. Quelque part, on transpose ce modèle-là dans l'administration et ce n'est pas évident pour de nouvelles recrues, même quand ils ont des idées géniales, de s'imposer, de proposer. Il y a une forte résistance au changement et on finit par se taire, se fondre aux habitudes du lieu et du moment. On finit aussi par cautionner ce qui se vit, c'est là que je parle de "prévarications qui s'érigent en normes".

 

{xtypo_quote}Traditionnellement, c'étaient les aînés qui donnaient les instructions. Quelque part, on transpose ce modèle-là dans l'administration et ce n'est pas évident pour de nouvelles recrues, même quand ils ont des idées géniales, de s'imposer, de proposer{/xtypo_quote}

 

MH : On fait également semblant de ne pas voir, c'est ce que vous appelez le "conformisme de façade"…

AA : Au niveau du discours, on peut produire le même type qu'en Occident, mais ca va s'arrêter là. On passera rarement à l'action pragmatique. Il y a un adage mahorais qui dit "kwéli ya maoré kouiji" ("la vérité du Mahorais, tu ne la sauras jamais"). On dit aussi "inhin tsi mdzo wawtrika" ("acquiescer ou dire oui n'est pas un fardeau") et dire "non", c'est impoli. On s'arrange, quand on est en face-à-face, pour être poli, ne pas se contrarier. Mais après, quand il s'agit de s'investir par rapport aux engagements qui ont été pris, les choses ne vont pas jusqu'au bout. On se décourage à un moment donné et puis on se dit : "si c'est untel, il est comme ça". On naturalise cette attitude. On privilégie la courtoisie et les bonnes relations plutôt que l'efficacité. On finit tous par s'y résoudre car on se fait plus d'ennemis que d'amis si on persiste dans cette lancée "suicidaire".

 

MH : Sur quoi vous basez-vous pour affirmer que les services déconcentrés de l'Etat "saidcoucouillent" (entravent) les évolutions que peuvent apporter les services du conseil général ?

AA : Par saidcoucouiller, j'entends par là mettre la bride sur les choses pour les empêcher de se mouvoir. Je me base sur des éléments très concrets. A sein du Crij (Centre régional d'information jeunesse), il y a eu des pratiques que nous condamnions, nous, le service du conseil général. Bien que nous soyons le principal financeur, le Crij est allé se faire "couver" par la direction de la jeunesse et des sports (DJS), le service de l'Etat, qui cautionne en quelque sorte ces pratiques malveillantes.

Il y a eu aussi un OMJS (Office municipal de la jeunesse et des sports) où le président faisait n'importe quoi. La coordinatrice Fonjep (Fonds de coopération de la jeunesse et l'éducation populaire) avait le droit de tout voir, sauf les factures et le bilan financier. Je lui avais personnellement recommandé d'essayer de convoquer le CA "fantôme" pour qu'il redéfinisse ses missions. Ce poste est financé à moitié par l'Etat et à moitié par le conseil général. Le service de l'Etat a écrit un courrier au président pour lui dire que la DSAJ n'a aucune prérogative sur ces postes Fonjep et n'a pas le droit d'intervenir, alors que c'est faux ! Ce sont des pratiques qui court-circuitent des initiatives locales qui viennent du côté de la DSAJ.

 

{xtypo_quote}Dire "non", c'est impoli. On s'arrange, quand on est en face-à-face, pour être poli, ne pas se contrarier. Mais après, quand il s'agit de s'investir par rapport aux engagements qui ont été pris, les choses ne vont pas jusqu'au bout{/xtypo_quote}

 

MH : Mais d'après vous, pourquoi les agents de l'Etat réagiraient ainsi ?

AA : Il me semble qu'ils sont restés dans un mode de gouvernance archaïque. Ils ont du mal à suivre cette évolution vers la décentralisation. Ils ont toujours été chefs de tout le monde jusqu'en 2004 et ont du mal à faire ce deuil, ce qui explique leur comportement.

 

MH : En quoi consiste le dispositif PEL (Politique éducative locale), que vous développez longuement dans votre ouvrage ?

AA : C'est une politique de jeunesse qui fait tant défaut à Mayotte. On voudrait amener les communes à avoir leur service municipal de la jeunesse et des sports. Il y en a un qu'à Mamoudzou, mais il n'est pas encore suffisamment structuré. La PEL, c'est faire en sorte que la multitude d'actions qui sont menées dans le territoire puissent connaître une certaine articulation entre elles et qu'elles puissent être au service de l'intérêt général. Car ce qu'on observe actuellement, c'est plutôt des "tournois" d'actions : chaque association, chaque structure fait ses projets dans son coin sans forcement qu'il y ait un œil attentif des services publics sur l'action menée et sur comment l'argent public est utilisé.

Il faut faire en sorte qu'il y ait une politique cohérente dans les localités diverses, mais aussi qu'il y ait un tissu associatif structuré. La PEL existe en Métropole depuis 1998 et a atterri ici en 2001, mais à ce jour, malgré les tentatives multiples qui ont été entreprises, les choses ont toujours du mal à prendre forme. Les difficultés qui se dressent sont celles que je viens de mentionner, c'est-à-dire les différentes formes de conformisme au niveau institutionnel, mais aussi au niveau local, nous avons du mal à avoir des interlocuteurs porteurs de projets. On est aussi dans un domaine émergent : l'animation jeunesse ou l'éducation de rue, ce ne sont pas encore des choses reconnues comme vraiment utiles. Nous avons 60% de jeunes de moins de 25 ans. Avec la montée de la délinquance, c'est un domaine qui va s'imposer de fait, même si on n'en voit pas encore l'importance. Cette réalité va à un moment donné interpeler les élus, ce sera peut-être un petit peu tard, mais mieux vaut tard que jamais…

 

Propos recueillis par Julien Perrot

05/06/2009 – Archéologie : A la recherche des cités swahilies

 

{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ayotte Hebdo : Comment s'est constitué le peuple swahili ?

Stéphane Pradines : Le peuple swahili s'étend du sud de la Somalie, Mogadiscio, au Mozambique, en incluant l'archipel des Comores et jusqu'à la côte nord-ouest de Madagascar. La constitution du peuple swahili est liée à deux choses : la fuite vers les rivages de l'Afrique de l'Est des minorités religieuses chiites persécutées, et le commerce des esclaves, de l'or et de l'ivoire qui y amenait marchands arabes et persans. Les Swahilis sont issu d'un métissage d'Africains, Perses, Arabes, Bantous et Indiens, il n'y a pas un Swahili mais des Swahilis.

La langue swahilie est de base bantoue, à laquelle s'ajoutent de l'arabe et du perse, ainsi que des mots indiens baloutches. On assiste à une réarabisation de la langue à partir du 18e-19e siècle par les Omanais, avec un ajout de mots arabes.

Le terme "swahili" vient de l'arabe "sahel" : le rivage. Ce terme n'apparait qu'au 17e siècle, au moment où les Blancs ont cherché à cataloguer les différentes cultures africaines.

 

Mayotte Hebdo : Qu'est ce qui caractérise le peuple swahili ?

Stéphane Pradines : La constitution de la culture swahilie a lieu entre le 10e et le 12e siècle. Le peuplement mythique des Shiraziens se fait à ce moment là. La culture s'étoffe entre le 13e et le 15e siècle.

Les Swahilis ont une religion commune qui est l'Islam. Leur architecture apparait au 10e-12e siècle avec partout les mêmes méthodes de construction : des maisons en pierres de calcaire corallien, très élaborées. Les Swahilis ont déjà des notions d'urbanisme, on retrouve également des toilettes dans toutes les maisons, ce qui est très moderne. Chaque cité frappe sa propre monnaie, ce qui ne se faisait pas dans les autres cités d'Afrique noire à l'époque et montre une grande richesse.

C'est une population complètement tournée vers l'océan Indien. A l'intérieur des terres elle prend des éléphants, des esclaves et de l'or, pour le commerce avec le monde arabo-persan. Les cités swahilies ont des moyens technologiques très avancés, elles dominent les autres populations, cependant les traces écrites et fouilles archéologiques montrent qu'il n'y avait presque pas de conflits avec les peuples voisins. Au contraire, plusieurs tribus travaillaient pour les cités swahilies, véritables cités-états qui faisaient appel à des tribus extérieures pour leurs ressources, la chasse, etc.

 

Mayotte Hebdo : Comment s'organisait une cité swahilie ?

Stéphane Pradines : Pour l'organisation géographique, on trouvait au centre des bâtiments en pierres pour les waungwana : l'élite de la cité, les vieilles familles de marchands qui détiennent le pouvoir politique. Autour, ce sont les wazalia, qui vivent dans des maisons en torchis – dans certaines cités dans des maisons en pierres – ce sont des bantous islamisés, qui font de la céramique, des perles, de l'élevage… Ce ne sont pas des esclaves, ils sont intégrés à la cité mais pratiquent des activités moins "nobles". A partir d'un moment on trouve des enceintes pour protéger les cités. En dehors, ce sont ceux considérés comme des barbares. Toutes les cités sont situées au bord de la mer, sauf Gédi qui est à 7km du rivage.

Il y a deux systèmes politiques : dans le premier ce sont des clans qui dirigent la ville sous la forme d'une sorte de conseil des anciens auquel participent les familles les plus riches. Le système shirazi, au 13e-15e siècle, fonctionne avec un sultan, une famille dirigeante. Dans certaines cités on trouve les deux systèmes combinés : un sultan entouré d'un conseil.

 

Mayotte Hebdo : Mayotte et les Comores sont-elles intégrées au monde swahili ?

Stéphane Pradines : Absolument. Je ne suis pas spécialiste de l'archipel, mais les Comores apparaissent dans le mythe de fondation des villes shiraziennes : un sultan et ses six fils quittent Shiraz (Perse, ancien Iran), chacun des fils fonde une ville : Mogadiscio, Gédi au Kenya, Mombasa, Kilwa en Tanzanie, Zanzibar et une ville aux Comores, certainement à Ngazidja. On retrouve également les Comores dans les voyages de Simbad le marin au 9e siècle. L'histoire de l'archipel des Comores est totalement liée à la côte swahilie.

Les tombes shiraziennes de Tsingoni sont les mêmes que celles que l'on trouve à Lamu. La mosquée de Tsingoni est faite sur le même modèle que les mosquées swahilies : le pilier face au mihrâb se retrouve dans les constructions du Yémen et d'Oman. On décèle des influences variées dans l'architecture de la mosquée de Tsingoni.

 

Mayotte Hebdo : Qu'est-il advenu de la civilisation swahilie ?

Stéphane Pradines : Du 13e au 15e siècle, c'est l'explosion des cités swahilies. Ensuite, c'est l'arrivée des Portugais en 1498 avec Vasco de Gama, qui cassent l'économie swahilie et s'installent jusqu'en Inde à Goa, où ils cassent le lien de commerce entre l'Inde et l'Afrique orientale. Les cités ont survécu aux Portugais, elles existent toujours au 19e siècle. Kilwa y est un centre d'exportation d'esclaves important, c'est la grande époque de la traite des noirs avec le sultanat de Zanzibar.

Par la suite, avec la colonisation britannique qui interdit le commerce des esclaves et l'ouverture du canal de Suez, l'économie swahilie est démantelée. Au Kenya et en Tanzanie, la colonisation donne le pouvoir aux tribus de l'intérieur des terres, les Swahilis perdent leur richesse et leur influence. Il y a eu une diffusion de la langue swahilie avec les caravanes négrières, elle est parlée au Burundi, au Rwanda… mais il n'y a pas eu de diaspora, les Swahilis restent installés sur la côte.

 

Propos recueillis par Hélène Ferkatadji

 

Conférence ce samedi 6 juin à 18h à la MJC de M'gombani sur le thème "Culture swahilie : bilan des fouilles archéologiques en Afrique de l'Est"

04/06/09 – Jumbo score bloqué par les grévistes

Troisième jours de grève et de blocage au centre commercial Jumbo score. Après avoir barricadé l'accès au parking à l'aide de palettes mardi, les grévistes CGT-Ma ont hier fait un sit-in devant l'entrée du bâtiment, empêchant les salariés non grévistes et les clients d'entrer dans l'enceinte du centre commercial. Les grévistes, qui ont annoncé leur volonté de rester mobilisé durant les prochains jours, revendiquent une harmonisation des salaires, un treizième mois, la mise en place d'une tarification préférentielle pour les employés, le paiement des heures supplémentaires, la fin des contrats précaires et l'amélioration des conditions de travail. La direction de Bourbon distribution Mayotte (BDM) s'est refusée mercredi à tout commentaire, alors que le mouvement s'était étendu aux magasins Snie de Combani et Score de Petite Terre en début de matinée, avec toutefois moins de véhémence. Aujourd'hui devraient comparaître au tribunal huit salariés selon la CGT-ma, après que la direction du groupe ai déposé plainte mardi soir pour entrave à la liberté de circuler et de travailler.

04/06/09 – CHM : Les négociations butent sur le sort d’une centaine d’agents

La grève du CHM qui a débuté hier a été particulièrement bien suivie par le personnel hospitalier. La direction et les syndicats ont annoncé des chiffres globalement similaires soit 300 personnes (50% des personnes qui étaient en service). Les revendications sont multiples (voir FI n°2326 d'hier) et les grévistes ont défilé dans les rues de Mamoudzou. Ils ont rencontré la directrice de la DASS Danielle Mouffard, qui est la représentante de l'Agence régionale hospitalière (ARH), autorité de tutelle du CHM et qui attribue l'enveloppe budgétaire du CHM. En effet, le budget du CHM cette année a cru de seulement 3% alors que les années précédentes, elles étaient de plus de 10%. Or, selon le directeur de l'hôpital Alain Daniel, le CHM est contraint de réaliser un plan d'économie et de participer au renflouement du déficit de la Caisse nationale d'assurance maladie.

"C'est la première fois que Mayotte est appelée à participer à la réduction de l'assurance maladie. Cela consiste notamment à payer 600 000 € au titre de la solidarité nationale" souligne le directeur. D'autre part, le plan d'économie impose de réduire les dépenses de l'hôpital et ce dans la plupart des services. La direction de l'hôpital a par conséquent décidé de réduire le nombre de contractuels (80 à 120 personnes) en ne renouvelantpas les personnes enfin de contrat. "Le dialogue est difficile avec les syndicats car nous ne pouvons jouer que sur les fins de contrat. Nous leur avons proposé de les associer à la définition de l'organisation des services à restructurer (services technique, logistique, cuisine, lingerie, entretien) mais les syndicats ne veulent pas être associés à toute décision qui serait considérée comme supprimant des emplois" regrette le directeur.

Il a néanmoins promis d'examiner lessituations de chaque agent au cas par cas en tenant compte de leur ancienneté pour envisager des reconversions si possible au sein du CHM. La direction du CHM a aussi demandé une rallonge budgétaire à l'ARH pour supporter les surcoûts de l'intégration, mais la réponse mettra plusieurs mois avant de se concrétiser. L'intersyndicale par l'intermédiaire de l'un de leurs porte-parole Rémy Bachet, a reconnu l'échec des négociations et ne souhaite pas céder sur des éventuelles postes non renouvelés. Cependant, la direction est disposée à stagiairiser 500 contractuels sur 3 ans en vue de leur intégration au sein de la fonction publique hospitalière. La grève continue aujourd'hui devant l'IFSI.

04/06/09 – Le journal Kashkazi condamné pour diffamation

Rémi Carayol et Kamal Eddine Saindou, anciens journalistes et fondateurs de Kashkazi, un mensuel comorien dont le dernier numéro est paru en juin 2008, ont été déclarés coupables de diffamation en première instance par le tribunal correctionnel de Mamoudzou. Durant la dernière campagne électorale à Mayotte, on pouvait lire dans ce journal que Mirhane Ousseni, conseiller général de Bouéni, avait fait "voter les morts", une accusation qui n'était relayée par aucune preuve. Les deux prévenus ont été condamnés à 500 euros d'amende chacun. Leur société Bangwé Productions a été retenue comme responsable civilement et devra verser 2.000 euros de dommages et intérêts à la victime, auxquels s'ajoutent 1.500 euros pour les frais irrépétibles. Défendu par Me Fatima Ousseni, Rémi Carayol a déclaré qu'il ferait appel de cette décision.

04/06/2009 – 15ème Festival de l’image sous-marine de Mayotte

 

{xtypo_dropcap}C'{/xtypo_dropcap}est apparemment la saison des festivals, après la bande dessinée célébrée par le Festi'bulles, c'est maintenant la mer qui est à l'honneur grâce à cette manifestation, véritable monument culturel à Mayotte puisqu'elle vit le jour il y a quinze ans déjà.

A travers une quinzaine de films professionnels qui ont fait le tour du monde, les organisateurs entendent nous faire découvrir les merveilles des sept mers, et le lagon mahorais n'est pas en manque, grâce aux œuvres des cinéastes locaux.

Les festivités débuteront ce vendredi 5 juin à Tsingoni, avec une avant-première gratuite au foyer à 18h30, puis une autre samedi au foyer d'Hagnoundrou et une troisième dimanche devant le comité du tourisme à Mamoudzou, aux mêmes horaires. L'objectif de ces événements excentrés est d'amener la manifestation au cœur des villages, avec la projection du programme numéro 5 (voir encadré), suivie du film "Foundi du lagon". Toujours pour toucher un public le plus large possible, des "matinées scolaires" sont prévues, avec des séances réservées… aux élèves.

Mais c'est lundi 8 juin que le festival prendra véritablement son rythme, avec des séances prévues deux fois par jour au cinéma de Mamoudzou, à 18h30 et 20h30, au tarif de 5 euros par adulte, 3 euros par enfant, et ce jusqu'à vendredi. Le clou du festival est prévu pour samedi, avec la projection dès 15h00 de "Mayshark" et des meilleurs films locaux, suivie du spectacle de Bernard Abeille, "Baleine et contrebasse".

Une "journée nautique" à la plage de Trévani, avec baptême de voile offert aux enfants gagnants du concours de dessin, conclura le festival dimanche 14 juin.

 


Le programme

 

Programme1 : lundi 20h, mardi 18h30, jeudi 20h (Lycée agricole de Coconi)

  • Comptes et légendes sous-marins: Manta (4mn)
  • Carpettes vivantes (10mn)
  • La montagne aux requins (43mn)

 

Programme 2 : mardi 20h30, mercredi 20h (LPA de Coconi), vendredi 12 juin à 18h30

  • Contes et légendes sous-marins: Crevettes (4mn)
  • Histoire d'îles (18mn)
  • Superfish (52mn)

 

Programme 3 : mercredi 18h30, jeudi 20h30, vendredi 12 juin 20h (LPA de Coconi)

  • Comptes et légendes sous-marins: Baleines (4mn)
  • De l'autre coté du miroir (10mn)
  • Lembeh, la splendeur de l'étrange (52mn)

 

Programme 4 : mercredi 20h30, jeudi 18h30

  • Comptes et légendes sous-marins: La méduse (4mn)
  • Comptes et légendes sous-marins: La seiche (4mn)
  • Memoir from a rainbow sea (4mn)
  • Sue le dos des baleines (52 mn)

 

Programme 5: vendredi 12 juin 20h (LPA de Coconi)

  • Contes et légendes sous-marins : Poulpe (4mn)
  • The Pier (10 mn, film Tchèque)
  • Eléphants de mer, des agents très spéciaux (52mn)

 

Foundi du lagon : Samedi 13 juin

 

Programme complet des films diffusés au cinéma de Mamoudzou, sauf précision contraire et sauf matinées scolaires et avant-premières.

04/06/2009 – « Histoire de plonger à Mayotte » de Marc Allaria

 

{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}arc est un jeune homme qui n’a pas froid aux yeux. Arrivé seul il y a 4 ans à Mayotte, le plongeur était venu pour découvrir l’île et son lagon, sans penser qu’un livre naitrait de cette rencontre…

Grand blond, le look surfeur, avec queue de cheval et regard rêveur, le visage tanné par le soleil. Le décrire, c’est déjà donner le ton de son livre, qui marie images grandioses et textes courts avec une certaine poésie.

Marc Allaria est plongeur photographe, il insiste : "Je suis plongeur de formation", et ce n’est qu’à Mayotte qu’il s’est initié à la photo sous-marine, comme une continuation logique de la plongée.

C’est peut-être ce qui fait la particularité de son livre, qui retrace ses aventures sous-marines à travers 120 clichés pris à la passe en S et dans la zone nord-ouest du lagon, et raconte, à la première personne, "une philosophie personnelle de la plongée".

Fasciné par les sujets d’abord, on connaît peu à peu l’émerveillement du photographe, d’autant plus fort que Marc plonge seul, malgré les risques, sans doute pour n’être pas dérangé dans son tête à tête avec la mer.

Publié à compte d’auteur et sans sponsors ni subventions, "Histoire de plonger à Mayotte" est une perle rare, qui détonne par des clichés originaux, des textes justes, une émotion perceptible entre les lignes.

L’histoire de Marc Allaria est à découvrir dans les librairies de l’île au prix de 26 euros, et l’auteur exposera ses clichés au Festival de l’image sous-marine de Mayotte, du 5 au 14 juin.

Après cela, il quittera le lagon à bord d’Aurora, un sloop de 12 mètres, pour le Pacifique, cap vers la Nouvelle-Calédonie puis les îles Vanuatu.

 

Tom Gaugenot

04/06/2009 – Mémoire de l’esclavage : Rencontre avec Jim Derry

 

{xtypo_dropcap}Q{/xtypo_dropcap}u’évoque pour vous la commémoration de l’abolition de l’esclavage ?

En tant que descendant d’esclaves noirs, c’est forcément un évènement symbolique. Seulement, comme le rappelait le chef de l'Etat le 10 mai 2008, "l'esclavage est (…) une blessure qui marque encore les consciences… » Le décret de 1848 de Victor Shoelcher considérant l’esclavage comme un « attentat à la dignité humaine » ne représente qu’un affranchissement en droit. Les descendants d’esclaves n’ont jamais été affranchis « mentalement parlant » et sont toujours en quête d’une dignité… Aussi, pour moi, la dignité est un état par lequel le mental peut s’affirmer et se confirmer. Et pour l’acquérir fondamentalement, il faut commencer par retirer la « victimisation » que l’on a en soi. Chaque être humain détient en lui un sens de victimisation qui le conduit, selon son humeur, à se plaindre de son sort. Mais, ce sens est d’autant plus prononcé au sein des descendants d’esclaves noirs qu’il entretient une énergie de faiblesse en eux et les empêche d’avancer.

 

Pourquoi dites-vous cela ?

Parce que ce sens de victimisation les a induit à ne pas faire la distinction entre dignité de l’esclave noir, dignité du descendant d’esclaves noirs et dignité du peuple noir ! Or, le mental a besoin de la précision pour réaliser donc comment pouvait-on aboutir à une quelconque dignité sans savoir précisément quelle dignité revendiquer en premier ?!!

 

Et selon vous ?

C’est la dignité de l’esclave noir qui doit avant tout être reconnue. J’entends par là le fait de reconnaître sa force mentale ! Ayant été soumis à l’oppression, les esclave noirs ont toujours été considérés comme des êtres faibles mentalement mais en réalité, ne détenaient-ils pas au contraire une immense puissance mentale pour accepter et tolérer les coups de fouets qu’ils ont reçus et continuer, malgré les injures et les tortures, à tisser le coton, à couper la canne à sucre, à travailler sans relâche, ni aucune gratitude ?!! Trahis par leurs frères puis traités comme du bétail par leurs maîtres, ils auraient pu se tuer en masse, organiser un suicide collectif sous le poids de l’humiliation mais au lieu de cela, regardons ce qu’ils ont permis par la force mentale qu’ils détenaient : le développement du commerce, de la marine, de l’agriculture, des industries métallurgiques et textiles, des raffineries… à savoir l’évolution de la civilisation occidentale ! Il est évident que la traite négrière transatlantique et le processus esclavagiste ont largement favorisé la croissance de l’Occident : l’Angleterre, la France et même les Etats-Unis ne seraient pas ce qu’ils sont aujourd’hui si les esclaves noirs n’avaient pas existé !

 

Vous estimez que l’esclavage a eu des conséquences positives ?

C’est l’état d’esprit de l’esclave noir que je juge positif… il a été traité comme un « sous homme », pire qu’un animal, et il fallait résister. Mais il a résisté ! Aussi, je considère cet état mental qui lui a permis de résister comme un don inné dont il aurait hérité pour accomplir sa mission. C’est comme s’il avait été prédestiné pour donner au final un tel visage à la civilisation ! Donc, pour moi, il était loin d’être un « sous-homme », mais plutôt un homme (pour ne pas dire un « surhomme ») doté d’une toute puissance naturelle ! Et c’est précisément de cette « dignité naturelle de l’esclave noir » que son descendant doit fondamentalement prendre conscience et faire prendre conscience aussi bien au peuple blanc qu’au peuple noir, au peuple jaune, au peuple rouge et aux métis ; en somme, à l’humanité toute entière afin qu’elle soit enfin reconnue !!!

 

Ce qui n’est pas le cas selon vous ?

Non, sinon il y aurait déjà eu un texte officiel. La déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 reconnaît « la dignité et l’égalité inhérentes à tous les êtres humains » mais la dignité de l’esclave noir spécifiquement, elle, n’a jamais été reconnue ! En demandant une réparation de l’esclavage, une reconnaissance de la traite négrière comme un crime contre l’humanité, son enseignement dans les programmes scolaires ou encore l’adoption du 23 mai comme journée nationale du souvenir des victimes de l’esclavage, on voit bien que les descendants d’esclaves noirs sont à la recherche d’une dignité… Seulement, s’ils ne prennent pas conscience que c’est précisément la dignité de l’esclave noir qu’ils doivent avant tout revendiquer, leur combat s’avérera sans fin et ils ne se sentiront jamais pleinement affranchis « mentalement parlant »… car il y a une logique à respecter : la dignité du descendant d’esclaves noirs puis la dignité du peuple noir passe obligatoirement par la reconnaissance, au préalable, de la dignité de l’esclave noir !

 

Qu’est-ce qui vous fait affirmer avec autant de certitude que si cette dernière est reconnue, les descendants d’esclaves retrouveront leur propre dignité ?

Car partant de là, ils ne se considèreront plus en tant que victimes mais en tant que fils directs des fondateurs, des piliers de la civilisation occidentale ! Ils comprendront que c’est grâce à leurs pères que le monde moderne est tel que nous le voyons aujourd’hui et qu’étant les héritiers, ils n’ont pas à faire la charité ni à se glorifier pour que les droits de l’homme leur soient accordés ! Nous n’avons pas à chercher à nous glorifier : nos prédécesseurs nous ont déjà glorifiés de par ce qu’ils ont fait. Aujourd’hui, nous devons nous montrer dignes de l’héritage qu’ils nous ont laissé et qui est exposé chaque jour sous nos yeux lorsque l’on consomme du café, du sucre, du cacao ou du coton en provenance des Antilles ou des Amériques… Le descendant d’esclave noir n’a pas besoin qu’on le plaigne mais qu’au contraire, on lui tape sur l’épaule en lui disant « Bravo coco ! C’est grâce à tes ancêtres, qui ont coupé la canne à sucre, qui ont cherché et tissé le coton… qui ont fait tout ce qu’ils ont fait, que l’on a pu évoluer la civilisation occidentale ! » C’est de cela qu’il a besoin et non de chercher à tout prix à se victimiser… pour obtenir de la pitié en guise de dignité !

 

Vous n’êtes donc pas favorable à la Réparation ?

Je suis pour la réparation mais pour moi, réparer c’est faire reconnaître la force mentale colossale dont l’esclave noir a fait preuve ! Maintenant, si on considère que les esclaves ont travaillé comme des forcenés, que toute peine mérite salaire et donc que la réparation financière fait aussi partie de cette dignité, pourquoi pas mais alors une question se pose : comment évaluer les coups de fouets que nos pères ont reçu sur le dos ? Toutes les misères, les clous plantés dans le corps ? Pour moi, tout l’argent de la terre ne suffirait pas pour réparer les horreurs commises ! Aussi, supposons que la France accepte de payer des milliards en guise de réparation sans jamais reconnaître la dignité de l’esclave noir, quelle dignité aura t-on gagner ? Il adviendra un jour où l’on se regardera devant une glace et on réalisera que c’est sur le dos de nos ancêtres, du sang et des larmes qu’ils ont versés que l’on a pris tout cet argent ! Pour acquérir sa dignité, il ne faut pas regarder la monnaie qui va remplir nos poches mais le respect que l’on va susciter. Demander l’argent en guise de réparation sans revendiquer la dignité de l’esclave noir, c’est ne pas être digne. En revanche, faire un travail sur soi-même pour sortir du discours victimisateur et faire prendre conscience à chacun de la dignité de l’esclave noir afin qu’elle soit enfin reconnue, ça, c’est être digne car c’est retirer le poids de la victimisation qui pèse mentalement sur toute l’humanité !

 

Pourquoi sur toute l’humanité ?

Parce que la victimisation conduit à l’incompréhension, la colère, la révolte parfois même la haine… et comme le dit l’expression : « Qui sème le vent récolte la tempête ! » D’où le cercle vicieux infernal ! En revanche, si la dignité, soit la force mentale de l’esclave noir est reconnue, son descendant retrouvera forcément sa propre dignité et de là, trouvera la force qui est en lui pour pardonner non seulement aux maîtres et négriers blancs et à tous leurs descendants mais aussi aux négriers noirs et à tous leurs descendants, soit proclamer ainsi la dignité du peuple noir tout entier et l’union entre les peuples !

 

Vous ne pensez pas que cela est un peu utopique ?

Non. Tout comme les esclaves noirs ont trouvé la force mentale qui était en eux pour, malgré toutes les maltraitances subies, permettre les progrès de la civilisation, les descendants d’esclaves noirs doivent trouver la force mentale qui est en eux pour dire : « Je ne peux pas en vouloir aux blancs d’avoir mis mes pères en esclavage, car si j’en veux aux blancs, il me serait impossible de pardonner aux noirs qui ont troqué leurs frères en Afrique contre des textiles, des armes à feu, de l’alcool… ». Les descendants d’esclaves noirs doivent prendre conscience que leurs ancêtres les ont affranchis mentalement, de par ce qu’ils ont fait, et que c’est à eux qu’il incombe à présent d’affranchir mentalement l’ensemble du peuple noir.

 

Vous-même, vous avez pardonné ?

Je n’avais pas à pardonner. Qui pouvais-je incriminer voyant au final que chacun a accompli son rôle pour permettre une vie évolutive : le négrier (qu’il soit blanc ou noir) par sa malice et tout ce qu’il avait en lui, le maître, par sa dureté et tout ce qu’il avait en lui et l’esclave noir, par sa force mentale et tout ce qu’il avait en lui. Certes, certains avaient le bon rôle, d’autres étaient les boucs émissaires mais tous ont contribué à la positivité que nous voyons aujourd’hui ! L’évolution de la civilisation occidentale devait se faire donc je comprends ce qui s’est passé et je ne peux en vouloir ni au blanc, ni au noir, ni à personne car pour moi, telle était la volonté de la Nature !

 

Pourquoi de la Nature ?

Car pour que l’esclave noir trouve la force d’accepter tout ce qu’il a subi et qu’il est parvenu, malgré tout, à retrouver sa liberté, cela ne peut pas venir de lui mais d’une force qui vient de plus loin que lui ! Aussi, la reconnaissance de cette toute puissance naturelle des esclaves noirs sera, à mon sens, la voie vers la paix car elle conduira à une alliance de dignité entre les descendants d’esclaves noirs, les descendants de négriers et les descendants de maîtres !

 

Un dernier message pour les descendants d’esclaves noirs ?

J’ai envie de leur dire : le chêne résiste au vent mais la tempête qui le brise montre au chêne qu’il y a plus fort que lui. En revanche, le roseau qui se courbe et se relève après la tempête montre à la tempête : comme je me plis à ta loi, je peux vivre avec toi car après ton passage, je me remets debout pour continuer ma route ! Voilà ce que ce que l’esclave noir a fait et que je pourrai dédier à la nature des enfants d’esclaves noirs mais aussi à chacun… Car l’objectif de la vie est d’avancer d’horizon en horizon pour mieux voir ce que l’on voyait déjà et voir ce que l’on ne voyait pas !

 

Propos recueillis par Vanessa Attali

 


 

Quelques dates clés…

  • 23 mai 1848 : Décret de Victor Schoelcher proclamant l’abolition de l’esclavage en France
  • 10 décembre 1948 : Déclaration universelle des droits de l’Homme reconnaissant « la dignité et l’égalité inhérentes à tous les êtres humains » et interdisant « toute forme d’esclavage »
  • 23 mai 1998 : Marche silencieuse dans les rues de Paris pour le souvenir des millions de victimes de l’esclavage
  • 10 mai 2006 : Date du 10 mai fixée comme journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage
  • 23 mai 2008 : Première journée nationale en France du souvenir des victimes de l’esclavage colonial
  • DOM-TOM : Commémorations de l’abolition de l’esclavage le 22 mai en Martinique, le 27 mai en Guadeloupe, le 10 juin en Guyane, le 27 avril à Mayotte, et le 20 décembre à la Réunion

 

Paroles d’élus 

Nos élus ont rencontré l’artiste Jim Derry lors du congrès de l’ACC’DOM (Association des communes et collectivités territoriales de l’Outre-mer) qui s’est tenu en Guyane en novembre 2008.

Youssouf Mohammed, Maire de Bouéni : « Jim Derry a évoqué l’essentiel des choses dans ce monde et je pense qu’il faut suivre son chemin pour libérer le mental de l’humanité »

Abdou Madi Ahmad, ancien conseiller général de Mayotte et délégué au SMIAM : « J’ai trouvé les propos de Jim Derry très intéressants car même si on dit que l’esclavage est aboli, je pense qu’il n’est pas entièrement enterré ! On peut parler d’esclavagisme masqué… Il faudrait qu’il y ait une prise de conscience générale et je remercie en cela l’artiste Jim Derry de faire valoir ses idées !"

Ibrahim Amedi Boinahery, président de l’association des maires de Mayotte : « C’est un discours très intéressant et je vais prendre le temps de méditer dessus ! »

 

Le combat d’une association…

L’artiste Jim Derry est président de l’association humanitaire « Zégué zen » qui vise à venir en aide aux populations sinistrées par des catastrophes naturelles. Apolitique et areligieuse, cette association a également pour ambition d’encourager toute action visant à dépolluer la planète ainsi que le « mental » de l’homme qu’elle estime, en partie, responsable de cette pollution, du fait de sa faiblesse. Considérant que c’est notre sens de victimisation qui entretient une énergie de faiblesse en nous, elle compte, à travers son concept du « Zégué zen » (qui représente à la fois une nouvelle philosophie, un nouveau langage, de nouveaux jeux…), faire prendre conscience que le seul réel combat à mener au quotidien est un combat intérieur avec soi-même : celui de la positivité contre la négativité pour sortir de cette victimisation. Aussi, considérant ce sens plus prononcé au sein des descendants d’esclaves noirs, elle défend l’idée d’une nécessaire reconnaissance de la dignité de l’esclave noir déterminante, à ses yeux, quand à l'issue de la paix entre les peuples.

Pour info, l’association Zégué zen est née suite au cyclone Dean qui a touchée la Martinique le 17 août 2007. Sensible aux conséquences de cette catastrophe sur sa terre natale l’artiste Jim Derry a tout d’abord lancé une première action de dons de fournitures scolaires et grâce à ses partenaires, les magasins Champion, Huit à Huit, Euromarché et Carrefour Dillon, 70 000 € de fournitures scolaires ont été distribuées en main propre aux enfants des villes les plus sinistrées. Découvrant six mois après que de nombreux foyers étaient toujours en attente d’aides, il a monté le 4 janvier 2008 l’association Zégué zen. Pour l’anniversaire de Dean en août 2008, cette dernière a alors organisé en Martinique des galas à but caritatif avec notamment Mathieu Edouard et Bertrand Agot, finaliste et demi finaliste de la Star ac’ 7 originaires de l’île mais aussi des artistes locaux tels que Ekymose, les Sweet Myel, Stella Gonis, Sylvanise Pépin, Sister Majesty, Lobaï, Diclos… Au total, près de 4000 € de fonds ont été récoltés et reversés dans leur totalité aux CCAS du François, de Sainte-Anne et de Fort-de-France avec lesquelles l’association avait signé une convention : « les sinistrés concernés prioritairement étant ceux qui doivent reconstruire ou réhabiliter leur maison abîmée lors du cyclone et qui ont des difficultés à verser leur apport personnel afin de lancer les travaux. » Par ailleurs, suite aux quatre ouragans Fay, Gustav, Hanna et Ike qui frappent Haïti en août et septembre 2008,'association Zégué Zen a organisé une collecte et, en partenariat avec la Délégation départementale de la Croix Rouge Française en Guyane qui livrait une ambulance, a fait partir du Havre un container comportant 8500 paires de lunettes, des jouets, des vêtements, des produits de premier soin, des denrées alimentaires non périssables, des matelas d’hôpitaux… Ce dernier est arrivé à Port au Prince en avril et a été réceptionné par la Croix Rouge Haïtienne, en charge de la distribution, qui envisage d’organiser prochainement des journées portes ouvertes avec des ophtalmologues afin de remettre les lunettes et les autres marchandises aux plus démunis. l

Enfin aujourd’hui, l’association se mobilise en faveur de l'Italie qui a été frappé par un violent séisme début avril. En partenariat avec la Fondation Arezzo Wave Italia (FAWI) qui a pour objectif de promouvoir les jeunes talents en Italie et sur les marchés internationaux, elle met en place des concerts afin de collecter des fonds pour reconstruire des clubs et réaménager les salles détruites par le tremblement de terre à Abruzzo et y réorganiser des événements musicaux. L'objectif étant de ramener un peu de vie et de gaieté dans la vie des jeunes victimes du séisme. Son premier gala aura lieu le 27 juin à la Ferté-sous-Jouarre (en Seine et Marne) où se trouve une importante communauté italienne mais aussi son nouveau siège social. Là encore, des artistes renommés accompagneront l’association dans son combat qu’ils considèrent plus que positif car « au delà d’aider matériellement les populations touchées par des catastrophes naturelles, elle aide psychologiquement tout le monde ! » exprime le chanteur Bertrand Agot toujours présent à ses côtés.

Pour rejoindre vous aussi l’association, envoyer vos dons ou obtenir tout autre renseignement : Association Zégué Zen, 17 rue Michel Fauvet, 77260 La Ferté-sous-Jouarre Tél : 09 81 62 44 77 Mail : contact@associationzeguezen.fr

Site : www.associationzeguezen.fr

04/06/09 – Comédie musicale au gymnase de Cavani, ces 5 et 6 juin

Avis aux amateurs de danse, l'atelier Lov'dance organise son deuxième spectacle, ces vendredi 5 et samedi 6 juin, à 19 heures, au gymnase de Cavani.

L'association créée en janvier 2008 nous présente cette fois une comédie musicale intitulée "Le rêve bleu". Tous les genres y seront représentés : de la danse orientale au hip hop, en passant par le jazz et tout cela sans oublier le classique. Durant trois heures, vous pourrez suivre les aventures d'une petite fille qui entraîne sa famille dans un monde peuplé de stars de télévision.

Maryse Willaume, chorégraphe et metteur en scène du spectacle, s'est en effet inspirée de plusieurs dessins animés pour mettre sur pied cette représentation. Outre le titre de la comédie musicale qui fait référence à Aladin de Walt Disney, il y aura également un tableau représentant une scène du Roi Lion. "C'est Alice aux pays des merveilleux mais revisité à ma sauce", précise-t-elle en riant. Cette comédie musicale sera interprétée par une centaine de jeunes danseurs.

Les billets sont d'ores et déjà en vente à Koropa, au siège de l'association, mais également le soir même sur place, à Cavani. L'entrée est de 10 euros pour les adultes, 5 euros pour les moins de 16 ans et gratuite pour les moins de 8 ans.

04/06/09 – Festival Shingo n’guizi le samedi 20 juin à Bandrélé

Organisé par l'association des Chemins de la balle et l'OMJS de Bandrélé, le festival Shingo n'guizi ("Le sel sucré") a pour ambition de devenir un festival incontournable qui mêle les cultures et les arts du spectacle.

Pour cette première édition financée par la direction des affaires culturelles de la préfecture, plus de 400 personnes sont prévues pour un défilé carnavalesque qui partira à 16h de la poste de Bandrélé jusqu'à l'OMJS. Dans le défilé, les associations culturelles de Bandrélé, Zina na Wassi pour les danses africaines ou encore les Vanupié, une troupe de théâtre de rue et de cirque de la Réunion.

Le groupe de musique Family Skank prépare également une fanfare burlesque, et Yannis, le percussionniste de Mikidache, a monté un batucada brésilien avec des jeunes de Bandrélé. Du m'biwi au hip-hop, le métissage des cultures sera au centre des manifestations. Des démonstrations d'acrobaties et de jonglage d'une cinquantaine d'élèves des Chemins de la balle agrémenteront le défilé.

Les différents groupes présenteront chacun un petit numéro devant l'OMJS puis, à 18h, Pierrot et Coralie joueront leur spectacle de magie "Salvatore et Olga". A 19h, Zaïna la conteuse traditionnelle déclamera un conte sur Mama Shingo spécialement inventé pour l'occasion. A 19h30, les trois Réunionnais de la troupe des Vanupié montreront leur "Pestak Lamour", 500 ans de théâtre revisité par des clowns. A 20h30, des plats traditionnels de Bandrélé seront servis, notamment du Ouré wa guini (jus de tamarin au piment). Enfin, à partir de 21h, place aux concerts avec Family Skank et Jimmy (entrée : 5 €).

03/06/09 – Mardi noir à Jumbo Score

La CGTma avait déposé vendredi dernier un préavis de grève pour les salariés des enseignes Jumbo Score, Score et Snie de Combani. Une décision prise le 26 mai dernier à l'issu de l'assemblé générale des salariés des entreprises Bourbon Distribution Mayotte (BDM, groupe Vindémia) après que les représentants du personnel aient été déçus par les conclusions du dernier comité d'entreprise, le 12 mai dernier. "Nous revendiquons une harmonisation des salaires, un treizième mois, la mise en place d'une tarification préférentielle pour les employés, le paiement des heures supplémentaires, la fin des contrats précaires et l'amélioration des conditions de travail", précise M. Abdallah, qui dit ses collègues grévistes "ultra motivés pour aller au bout".

La direction qualifie quant à elle ces méthodes de "cavalières et brutales", et se refuse au dialogue : "des négociations annuelles obligatoires étaient prévues pour le mois d'août; et le principe d'avancées séquentielles semblait acquis. Nous devions également discuter du 13ème mois lors des négociations d'application de la Convention collective de branche. La rupture de cette dynamique est le fait de 7 ou 8 trouble-fête, des gens qui bloquent l'accès au magasin et diffusent de fausses informations quant à la fermeture de celui-ci", explique M. Pereira, directeur général de BDM. Hier au soir, la direction n'excluait pas de fermer l'établissement Jumbo score au public pour cette journée de mercredi. Et si les autres magasins (Score Petite terre et Snie Combani) n'ont que faiblement pâti d'une plus légère mobilisation syndicale, le climat ne semblait pas à l'apaisement : "ayant subi des atteintes à la liberté de travailler et de circuler, le groupe BDM pense déposer plainte ainsi que demander réparation du préjudice subit", a conclu M Pereira.

03/06/09 – Le décès du Cnam prononcé

Après plusieurs péripéties c'est maintenant certain, le Cnam de Mayotte fermera à la fin de l'année universitaire. La fin de l'activité du Conservatoire national des arts et métiers a été votée mercredi 27 mai en assemblée générale, une décision qui fait suite aux problèmes financiers du centre, placé en redressement judiciaire depuis le 27 mars dernier, en raison du vote extrêmement tardif de la subvention annuelle par le conseil général. "Le déroulement de l'année universitaire se trouve déjà irrémédiablement compromis, les cours programmés pour lesecond semestre ayant dû être annulés en janvier 2009", annonce un communiqué de l'assemblée générale. "Les adultes inscrits en formation continue ont perdu six mois dans le déroulement des projets qu'ils s'étaient fixés en octobre 2008 et sont par ailleurs informés qu'il ne sera pas possible, dans les conditions actuelles, d'organiser une nouvelle rentrée à Mayotte en octobre 2009."

La subvention finalement votée le 2 mars, inférieure à celle demandée par le Cnam et qui n'a toujours pas été versée, permet tout juste de terminer l'année universitaire. L'Administrateur général du Cnam, que le président Douchina avait assuré de son soutient à la structure lors de sa visite en début d'année, a été informé de la décision de fermeture. "L'indifférence des élus et des services ont fini par convaincre les pionniers de l'installation du Centre régional de l'inutilité de leur action," conclu, fataliste, le communiqué du Cnam. Son président Moustoihi Mari estime que seul un geste clair du président du conseil général vers l'administration générale du Cnam pourrait débloquer la situation.

03/06/09 – Le Centre Hospitalier de Mayotte se met en grève

Les agents hospitaliers du CHM sont en grève illimitée à partir de ce matin. La liste de leurs revendications est très longue : maintien intégral des contractuels et des CEC, titularisation des employés dont la durée de stage est déjà révolue, présence d'un représentant des salariés lors des jurys de titularisation, rattrapage progressif des salaires, cessation de chantages au non-renouvellement de contrat, droit syndical bafoué, "parachutes dorés" versés à des médecins n'exerçant plus à Mayotte, gestion arbitraire du budget par la direction de l'hôpital, mise en place d'une indemnité de vie chère et d'une caisse de retraite, etc. "Ce sont des revendications normales, les prix flambent, les salaires ne suivent pas, le Code du travail n'est pas appliqué, il n'y a rien de nouveau ni de révolutionnaire" assure Kamiloudine Djanffar de la CGT Ma. Le mouvement suivi également par l'UTFO et la CFDT, risque de faire tourner au ralenti l'hôpital et les dispensaires de l'île. Un service minimum sera assuré puisqu'une partie du personnel sera réquisitionné par la préfecture.

Mais pour les syndicats, toutes les conditions sont réunies pour que le mouvement se généralise à d'autres secteurs comme c'est le cas à Jumbo Score. "Les protocoles d'accord ne donnent rien aux salariés, nous sommes toujours lésés. On nous dit toujours plus tard, à un moment les gens n'y croient plus et veulent tout, tout de suite. Les congés individuels de formation, nous y avons droit et pourtant on ne les prend pas. Nous faisons des concessions, mais en retour avons-nous de meilleures conditions de travail ? Non, et ce n'est pas parce qu'on est en crise qu'on ne demandera pas d'augmentation de salaire. Il y a des secteurs qui s'en sortent bien, d'autres moins bien, tout le monde ne doit pas être soumis au même régime" soutient Kamiloudine Djanffar. Hier, les représentants syndicaux ont rencontré la direction, sans parvenir à un accord.

02/06/09 – Suspension du préavis de grève illimitée à la CREC

Le préavis de grève illimitée à la Crec (Commission de révision de l'état-civil) à compter du mercredi 3 juin a été suspendu par la CGT-Mayotte, une réunion des délégués du personnel avec le préfet étant prévu le 12 juin. Les agents réclament notamment leur intégration dans la fonction publique de droit commun, des perspectives d'évolution de carrière et de meilleures conditions de travail.

02/06/09 – Abdoulatifou Aly poursuit sa tournée à la Réunion et dans le Pacifique

Après les Antilles, Abdoulatifou Aly était la semaine dernière, à la demande de François Bayrou, en tournée électorale à la Réunion et dans le Pacifique pour soutenir la liste "Outre-mer solidaire" menée par Gino Ponin-Ballom et présentée par le Modem, sur laquelle figure la Mahoraise Sophia Hafidou. Le député de Mayotte a commencé sa tournée par la Réunion, où il a notamment rencontré la communauté mahoraise, avant de s'envoler pour la Nouvelle-Calédonie, où il a été accueilli par Didier Leroux, élu au congrès, ancien ministre de l'île et candidat sur la liste "Outre-mer solidaire". Il était, en ce début de semaine, à Tahiti, en Polynésie française, où il a rejoint l'équipe de Nicole Bouteau, adjointe au maire de Papeete et également candidate sur la liste "Outre-mer solidaire". A chaque fois, ces visites sont l'occasion de rencontres avec la population et la presse locales pour dialoguer et expliciter l'enjeu des élections européennes du 7 juin prochain, important pour l'Outremer français. Bien évidemment, Abdoulatifou Aly fera activement campagne sur le terrain, à Mayotte, aux côtés de Sophia Hafidou, toute cette semaine.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes