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29/07/09 – 2 députés pour Mayotte

Le projet de redécoupage des 577 circonscriptions électorales, le premier depuis 1986, est présenté ce mercredi, en conseil des ministres par Alain Marleix, secrétaire d'Etat à l'Intérieur. C'est le plus gros sujet inscrit à l'ordre du jour du dernier conseil des ministres pré-vacances. Présenté sous forme d'ordonnances, qui feront l'objet d'un débat de ratification express début octobre au Parlement, ce redécoupage est destiné à entrer en vigueur aux prochaines législatives.

Comme le nombre global des députés est maintenu à 577, et que la population française, depuis le découpage très critiqué opéré il y a plus de vingt ans par Charles Pasqua, est passée de 55 à 64 millions d'habitants, il n'y aura plus qu'un député pour 125.000 habitants, contre un pour 108.000 actuellement.

Trente-trois circonscriptions seront supprimées, rapporte le site d'Europe 1. Elles seront compensées par la création de 22 dans seize départements et trois collectivités d'Outremer (Polynésie, Saint-Martin/Saint-Barthélémy, Mayotte), et 11 pour représenter les Français de l'étranger, qui, jusqu'à présent, n'en avaient pas. Sur les 33 circonscriptions supprimées, 18 sont détenues par un député de gauche et 15 par un député de droite. Mais, affirme Alain Marleix, l'opposition tirera profit de la création de nouveaux sièges. "Le conseil d'Etat a fait beaucoup de perfectionnisme en appliquant des écarts démographiques de 15% alors que la loi nous fait obligation d'une marge de 20%", a encore affirmé Alain Marleix, cité par l'AFP.

27/07/09 – Hubert Derache, préfet de Mayotte

Hubert Derache a été nommé préfet de Mayotte par décret en Conseil des ministres de ce mercredi 22 juillet. Elève de Saint-Cyr et militaire durant 27 ans, Hubert Derache est titulaire d'un DESS d'histoire militaire obtenu en 1976. Il a notamment servi au Liban, dans le cadre de l'ONU, et a reçu à ce titre la médaille d'argent de la défense nationale et la médaille UNIFIL (ONU). Sous-préfet d'Aix-en-Provence depuis trois ans, Hubert Derache, 56 ans ce 5 août, a rejoint la vie civile en qualité de sous-préfet au titre de la loi 70/2, en 1990. Il obtiendra cette année là un DESS de gestion des entreprises (IAE).

En poste dans l'Aveyron, en Charente- Maritime, en Haute-Marne, en Martinique et dans l'Isère, il intègre ensuite la rue Oudinot. Il sera conseiller technique de la ministre de l'Outremer Brigitte Girardin durant trois ans, en charge de la jeunesse, du sport, de la formation initiale, de l'éducation, du service militaire adapté, des technologies de l'information et de la communication, de la recherche et de la fonction publique, en outre chargé du suivi transversal de Mayotte. Il continuera durant un an et demi au même poste auprès de François Baroin, toujours en charge du suivi transversal de Mayotte. Hubert Derache est chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur, chevalier de l'ordre national du Mérite et titulaire de la Médaille commémorative d'Outremer. C'est donc un homme qui connaît bien les dossiers concernant Mayotte où il était déjà venu.

27/07/09 – Le Smig brut à 1002,17 €

 

27/07/09 – Préavis de grève illimitée des instits

Se basant sur l'article 3 de la loi n°2008-790 du 20 août 2008 instituant un droit d'accueil pour les élèves des écoles maternelles et élémentaires pendant le temps scolaire, le 19 juin 2009, l'intersyndicale Snuipp Mayotte, SE Unsa, Sud Education Mayotte, Sima Snudi FO, a demandé l'ouverture des négociations obligatoires et préalables.

"Cette demande n'ayant reçu aucune suite de votre part jusqu'à ce jour", regrette l'intersyndicale dans son courrier au vice-recteur, elle dépose un préavis de grève illimitée couvrant, à partir du lundi 24 août 2009, l'ensemble des personnels de l'Education nationale du premier degré, titulaires et précaires. Les revendications portent sur "les discriminations statutaires, salariales et indemnitaires, et la dégradation des conditions de travail dans les écoles", explique pour l'intersyndicale Rivomalala Rakotondravelo, secrétaire général du Snuipp Mayotte.

L'intersyndicale revendique l'indexation des salaires des enseignants du 1er degré; la mise en place d'un plan pluriannuel devant aboutir à l'intégration de l'ensemble des personnels enseignants de Mayotte dans le corps des professeurs des écoles; la mise en place d'un dispositif de reclassement avec prise en compte de l'ancienneté générale de service ; la mise en extinction du corps des instituteurs de la fonction publique de l'Etat recrutés à Mayotte à compter du 1er janvier 2010 ; la titularisation des contractuels dans le corps de professeurs des écoles ; et l'amélioration des conditions d'enseignement".

27/07/09 – Un mois de juin « très sec »…

Le bilan hydrologique n°6-2009 réalisé par les services de la Daf, avec une situation au 30 juin, fait apparaître "encore un mois sec, mais un état de la ressource conforme aux normales de saison". La situation pluviométrique du mois de juin est quasi identique à celle du mois de mai. Certaines stations, comme à Longoni et Mtsamoudou, n'ont pas enregistré la moindre goutte d'eau, alors qu'à Combani c'est à peine 1,5 mm qui est tombé en un mois. Durant tout le mois de juin, il y a eu 2 jours de comptabilisés avec de la pluie sur cette zone de Combani au centre de l'île pour 1,5 mm, contre 6 jours en moyenne en juin et 21,4 mm d'eau tombée les précédentes années. L'endroit le plus sec de l'île d'habitude, Mtsamoudou dans le Sud, a connu aucun jour de pluie alors qu'habituellement il pleuvait 3,6 jours pour 14,9 mm.

…mais les nappes et les retenues collinaires sont pleines. "L'île fait face à un deuxième mois très sec. Les enregistrements pluviométriques du mois indiquent un déficit sur la totalité des postes de la Daf. Avec des valeurs allant 0,5 à 1,5 mm par jour, les intensités journalières sont faibles." "Les niveaux d'eau dans les nappes et les débits des rivières poursuivent leur baisse, mais suivent les normales de saisons", rapporte le bulletin.

Au 7 juillet, le taux de remplissage respectif des retenues de Combani et Dzoumogné était de 97,5% et 96,3%. Les retenues ont commencé leur vidange au début du mois de juin et la réserve disponible est de 3,4 millions de m3. La vidange des nappes souterraines, amorcée entre janvier et avril selon les secteurs, se poursuit. Les niveaux nappes du Nord et du Sud suivent les normales de saison. En revanche, les nappes du Centre ont des niveaux supérieurs à la normale, et même dans certains cas supérieurs aux maximums enregistrés pour un mois de juin, comme à Kwalé.

27/07/09 – Comores : 1,5 M€ de la France pour la jeunesse et les femmes

La France, premier bailleur bilatéral des Comores, vient de mettre la main à la poche une fois de plus pour appuyer les initiatives des plus jeunes et de la gente féminine. 1,5 M€ (738 MFcom) est la somme débloquée par ce pays ami dans le cadre d'un nouveau programme intitulé Fonds social de développement (FSD). La cérémonie de signature de l'accord cadre a eu lieu ce lundi à Moroni, à l'école primaire d'application, haut lieu symbole de la présence française aux Comores.

"Ce nouvel appui financier se veut un outil concret visant à permettre aux associations et aux communautés comoriennes d'élaborer et de conduire des projets tourné en priorité vers la jeunesse ainsi que les femmes", martèle Luc Hallade, ambassadeur de France à Moroni devant une assistance composée de cadres de l'administration mais aussi de nombreux élèves. Ces fonds vont donc servir à la construction de terrains de sport, de bibliothèques et médiathèques entre autres.

En ce qui concerne les femmes, ce fonds va aider à la réduction des disparités notamment en les soutenant dans des activités génératrices de revenus. "La femme dans la société comorienne possède une place à part. C'est elle qui possède la maison. Priorité à vous futurs pères, de la construire à vos filles", fait remarquer le diplomate français qui n'a pas manqué d'évoquer l'accident de la Yéménia dans son intervention. Ces fonds sont répartis sur une période de 3 ans. Pour l'année 2009 en cours, une enveloppe de 300.000 euros a été allouée.

17/06/09 – Des modules de shimaoré à l’IRTS de la Réunion

Depuis 2004, l'Institut régional du travail social (IRTS) de Saint-Benoît de la Réunion propose une option "langue et culture" de 120 heures pour préparer les assistants sociaux de l'île à leur travail auprès des communautés d'origines diverses et notamment mahoraises, rapporte le Jir du 16 juillet.

Les étudiants en deuxième année d'assistants aux services sociaux ont ainsi le choix entre l'anglais et le shimaoré, ou les deux, à raison de 60 heures pour chacune des langues. L'enseignement est assuré par Jean-Paul Razafindrakoto, formateur et interprète. Ce dernier tente de donner un maximum d'informations aux étudiants : lecture du shimaoré, culture, histoire, coutumes, "mais également la place de la femme et de l'homme, les pratiques éducatives, la religion".

A la fin de l'année, les futurs professionnels auront des notions en langue qui leur permettront d'établir un contact, voire bien plus, le vocabulaire étudié tentant de coller au maximum des situations que les assistants auront demain à gérer.

Une démarche que le formateur et l'IRTS jugent nécessaire d'étendre aux professionnels en place. Un premier pas sera accompli à la rentrée prochaine, avec l'ouverture d'un module de sensibilisation de quatre jours dans le cadre de la formation continue "basée sur l'approche interculturelle", commente Marie Vinnay, cadre pédagogique.

Une formation de 80 heures sur la "connaissance du milieu réunionnais" obligatoire est par ailleurs déjà enseignée aux étudiants. Des stages seront également ouverts l'année prochaine sur Mayotte. Cette année, ils étaient 22 étudiants de la promotion sur 40 à avoir fait le choix du shimaoré.

17/07/09 – Mansour Kamardine, chevalier de la Légion d’honneur

Entouré de sa famille et de proches, Mansour Kamardine a reçu, non sans une grande émotion, cette haute distinction de la République française des mains du Premier ministre François Fillon, samedi soir, case Rocher. Au fil d'un discours flatteur, le Premier ministre a souligné "la hauteur de vue et l'engagement" de l'ancien député UMP de Mayotte, l'élu d'Outremer "le plus assidu à l'Assemblée nationale", qui porte depuis près de 30 ans "l'ambition et les valeurs républicaines à Mayotte", au prix "d'efforts sans relâche pour l'engagement de réformes fondamentales".

Mansour Kamardine, avocat de profession est, par ses engagements, ses prises de parole à la tribune de l'Assemblée nationale, a pu faire avancer de nombreux dossiers importants pour Mayotte, comme le Fonds intercommunal de péréquation (FIP), l'intégration des instituteurs lors de sa législature (2002-2007), l'introduction de l'assurance maladie, la politique de lutte contre l'immigration clandestine et la refonte du statut de la femme mahoraise; premier homme public ayant annoncé la fin progressive de la polygamie.

17/07/09 – Crise : La CGPME sur le pied de guerre

Dans un communiqué transmis jeudi à la presse, la CGPME fait savoir que dans le cadre des difficultés rencontrées par les entreprises, elle organise une réunion de mise au point pour la création de commissions, ce vendredi 17 juillet au Smiam à partir de 15 heures. La première commission, baptisée "la crise a Mayotte", traitera des retards de payement, du non accompagnement des partenaires financiers, et de l'application du plan Corail à Mayotte, dont les principales mesures sont le report du paiement des impôts et droits de douane et la suspension pendant six mois des poursuites en recouvrement exercées par l'Urssaf et les Assedic.

Un abandon de 50% des créances pourra être consenti en cas d'établissement d'un plan d'apurement des dettes sociales par les entreprises concernées. Le texte propose également d'assouplir les règles applicables au chômage partiel et d'augmenter la durée d'indemnisation et le montant des allocations, comme un ensemble de dispositions pour l'appui au développement des entreprises et des mesures spécifiques pour l'hôtellerie et les TPE. Une deuxième commission "décentralisation économique", traitera des zones d'activité (économie mixte, artisanat ou pépinière d'entreprise), et du réseau numérique local.

17/07/09 – Casting Miss Mayotte 2009

Après Estel, élue Miss Mayotte puis 3ème dauphine de Miss France en 2008, Mayotte cherche sa nouvelle ambassadrice pour représenter tout le prestige de la femme mahoraise. Pour élire votre Miss Mayotte 2009, un casting sera organisé par le Comité du Tourisme, en partenariat avec le Conseil Général, du 16 au 30 juillet. Toutes les jeunes filles désireuses de succéder au titre d’Estel pourront se porter candidate en se présentant au Comité du Tourisme. Les critères de sélection qui valident la participation des candidates sont les suivants : de nationalité française, née à Mayotte ou d’origine mahoraise, âgée de 18 à 25 ans, célibataire, sans enfant. Renseignements Nadira 0269.61.09.09.

17/07/09 – « Le vice-rectorat n’a pas payé vos billets d’avion »

C'est la désagréable surprise que deux étudiants mahorais ont entendu alors qu'ils se présentaient à l'aéroport pour voyager en début de semaine. Le premier partait de Paris le 13 juillet et le second le 14 juillet de Pamandzi. Réservation à la main, ils étaient persuadés pouvoir prendre l'avion d'Air Austral. Mais arrivés au comptoir d'enregistrement, on leur a refusé le droit de peser leurs bagages pour cause de billet non payé. En fait, les deux étudiants ont bénéficié du dispositif du passeport mobilité, géré à Mayotte par le vice-rectorat. L'étudiant basé à Paris a paniqué, et a bien cru qu'il allait rester à l'aéroport Charles de Gaulle. Heureusement pour lui, un passager mahorais a entendu la conservation entre l'étudiant et le personnel chargé de l'enregistrement. Il a donc avancé les frais couvrant le voyage aller pour que celui-ci se rende à Mayotte et les parents de l'étudiant rembourseront le bienfaiteur. Ils ont promis qu'ils allaient dire leurs 4 vérités au service du vice-rectorat chargé du passeport mobilité.

Pour le second, il a pu venir à Mayotte, mais pour repartir, le billet n'a pas été réglé. Dans un premier temps, il a été contraint de s'adresser à l'agence Issoufali de l'aéroport pour essayer de trouver une solution à son problème. Après plusieurs appels à la Réunion (alors que les bureaux du vice-rectorat étaient fermés en ce jour de fête nationale), finalement l'étudiant a pu partir. Tout est bien qui finit bien, mais ce cafouillage montre bien que la gestion du passeport mobilité souffre de quelques défaillances qui pourraient être améliorées. Soit la compagnie Air Austral autorise les étudiants à voyager tout en espérant être payée par le vice-rectorat (l'Etat) par la suite, soit elle signifie à ce dernier que les étudiants ne peuvent voyager sans que les billets soient payés. Dans ce cas, les étudiants doivent être avertis du risque de se retrouver bloqués à l'aéroport.

17/07/09 – Sport / Judo : Deux premières ceintures noires de judo entièrement formés à Mayotte

Les Sadois Antuya Ismaël et Rachid Abdou Moussa ont obtenu le 19 juin dernier leur ceinture noire 1ère dan de judo. Ils ont la particularité d’avoir été essentiellement formés à Mayotte et plus particulièrement au club de Sada. Anuya Ismaël a passé une année en sports études à la Réunion.

D’autres judoka ayant débuté à l’extérieur ont également été récompensés. Jérôme Collange de Cavani et Victor Albert du Ringa Club ont également obtenu leur ceinture noire. D’autres diplômes ont été remis. Madi Ahamada et Alain Daurat ont obtenu le diplôme d’enseignant bénévole, alors qu’Antuya Ismaël, Juliette Riemens, Rachid Abdou Moussa et Jérôme Collange ont obtenu celui d’assistant club.

Le comité départemental de judo fait savoir que ces diplômes ont été décernés par un jury composé de 4 personnes, dont 2 titulaires de la ceinture noire 5e dan, lors de la venue des responsables fédéraux Daniel Bonet-Maury (6e dan) et Jérôme Listello.

17/07/2009 – Sport : Karaté

 

{xtypo_dropcap}C{/xtypo_dropcap}omment ne pas envisager une belle carrière dans les sports de combat lorsque l'on effectue des stages encadrés par les plus grands maîtres japonais, au côté de combattants champions du monde ? C'est le désir de Tanguy Saïdani, seize ans tout juste et originaire de Pamandzi.

En décembre arrivera le championnat de France de Karaté et Tanguy travaille dur pour cet événement. En vacances à Mayotte jusqu'au 27 août, le Moulinois – près de Cannes – effectue autant d'heures qu'en club. "Les entraînements c'est deux heures par jour, cinq fois par semaine. Ici comme à Mougins", assure-t-il.

Le 5ème dan malgache Clément se charge d'entretenir le jeune karatéka. "Clément, c'est un grand monsieur !", affirme le père du petit prodige Thierry Saïdani, lui-même ancien combattant. Boxe thaï, kick boxing… Tanguy touche aux sports de combat depuis ses onze ans, déclarant vouloir tracer sa route comme personne d'autre. Il ne cache pas s'inspirer des grands maîtres mondiaux, sans pour autant en faire ses modèles.

Il est aujourd'hui l'un des plus jeunes français à détenir la ceinture noire : "à quinze ans, c'est rare". Le lycéen effectuera son premier championnat de France cette année, après un forfait prématuré en 2008 suite à une blessure. En ayant combattu durant de longues années, Thierry est catégorique quand il affirme que son fils a le profil type d'un champion de France. Mais plusieurs étapes sont à franchir avant de décrocher un titre : le cadet devra vaincre dans son département, puis devenir champion régional avant la finale nationale en avril prochain.

 

"A Mayotte, on est prédisposé pour réussir dans les sports de combat avec le m'ringué, mais rien n'est fait"

 

"Dans le haut niveau, ça ne plaisante pas", remarque son père. C'est donc pour cela que Tanguy travaille comme un pro, afin d'assurer dans un peu plus de cinq mois. Phénoménal pour son âge en matière de sport, Tanguy n'oublie pas les études. À la rentrée, il entamera sa nouvelle année scolaire en première S, au sein du lycée privé Stanislas, en région Paca.

"En dehors du karaté, j'aimerai obtenir mon bac avec mention", souhaite l'adolescent, très posé. En quittant l'île il y a deux ans, le Pamandzien n'a pas pu vraiment garder des contacts amicaux, sa concentration au cours de cette période vacancière est autour du karaté.

"Personne à Mayotte a le niveau de Tanguy. Et c'est dommage ! Ici, on est prédisposé à réussir dans les sports de combat, avec le m'ringué principalement, mais rien n'est fait auprès des administrations pour encourager, faire évoluer ces pratiques", regrette le concepteur du dojo de Kavani, avec à son époque près de trois cents licenciés.

Du coup, après avoir consacré des années aux Mahorais, Thierry se consacre essentiellement à son fils, qu'il a formé avant son départ pour la Provence. Tanguy attend de pied ferme le championnat de France. Son premier grand titre est largement envisageable, à l'issue de quoi son talent sera officiellement reconnu par la nation.

 

I.M

17/07/2009 – Passion Sport

 

{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ayotte Hebdo Sport : Jean-Claude, tout le monde sait que vous êtes un féru de sport. Vous souvenez-vous de vos premières prestations sportives ?

Jean-Claude Novou : C’était vers 1955, avec mes grands frères. Je les regardais s’échauffer avant le match de foot et j’y participais. Mais sinon, j’allais avec eux à l’arrivée de l’avion en courant. On partait de chez nous à Mroniumbéni (entre Dzaoudzi et Labattoir près de la plage du Faré) jusqu’à Pamandzi, puis on revenait en courant. A l’époque, il n’y avait pas autant de voitures qu’aujourd’hui. Je me rappelle aussi des matches de foot qu’on allait disputer au Baobab. On prenait le boutre à 8h et on revenait l’après-midi à 15h. Le match finissait quand l’une des équipes marquait 5 buts. A chaque fois, c’était la fessée assurée en rentrant.

 

MHS : Quand avez-vous signé votre première licence ?

JCN : Quand j’étais au collège. Je faisais du cyclisme et j’ai été champion de Mayotte de 1960 à 1965, excepté en 1963. Au foot, il n’y avait pas de licence. Tout le monde savait que l’on jouait dans une équipe et si on te voyait avec une autre, on te sortait. Les licences et les feuilles de match sont venues bien plus tard.

 

MHS : Vous avez effectué une carrière de prof de sport. Comment en êtes-vous arrivé là ?

JCN : J’étais nul en maths. Mon rêve était de devenir pilote, mais aussi bien en maths, physique et biologie, je n’y arrivais pas. L’opportunité s’est présentée pour que je rentre à l’école des sports d’Antananarivo. Sur 60 inscrits au concours, il y avait 4 Comoriens et moi j’ai fini 15e pour tout Madagascar et les Comores. Ensuite, j’ai continué avec l’Ecole normale de Madagascar pour pouvoir enseigner.

 

MHS : Quel est votre plus beau souvenir sportif ?

JCN : Il y en a tellement ! Je dirais d’abord mes titres de champion cycliste de Mayotte, ainsi que le Tour de Moroni pédestre gagné avec mon grand frère Yves. Il y a aussi mon titre de champion de natation des Comores en 1968. J’ai donné la coupe aux Mohéliens, car un de leurs nageurs a failli se noyer et a été sauvé in-extremis. En tant qu’éducateur, il y a le tournoi inter-îles de football. Dans ma sélection, il y avait Bahedja (Souhaïli) et Saïd Houssène (Abdourraquib). J’avais monté le Duc (Dzaoudzi université club) et c’étaient de fins techniciens.

 

MHS : Au contraire, quelle a été votre plus grande déception sportive ?

JCN : C’était en 1963, quand j’ai perdu le titre de champion de Mayotte de cyclisme pour des foutaises. La course avait lieu en deux étapes le 13 juillet en Petite Terre (Dzaoudzi-Pamandzi en 5 aller-retour) et le 14 juillet en Grande Terre (Mamoudzou-Ongoujou-Mamoudzou). C’était une grande fête et le 13 juillet, je suis allé danser. Le matin, ma mère m’a réveillé, mais je n’ai rien pu faire.

 

MHS : Parmi toutes les enceintes sportives que vous avez visitées, laquelle vous a le plus impressionné ?

JCN : C’est le stade Mahamasina d’Antananarivo. C’était un bijou et en plus le gardien était exigeant. Ce n’est pas n’importe qui qui pouvait fouler la pelouse ou la piste d’athlétisme. J’y ai passé deux ans avec l’école des sports et j’y ai aussi découvert le gymnase, le handball et le basket-ball que j’ai ramenés à Mayotte.

 

MHS : Que pensez-vous du sport mahorais aujourd’hui ?

JCN : Il a beaucoup évolué. Mais l’administration donne beaucoup d’argent et il n’y a pas de suivi. Avant, la DJS avait droit de regard sur ce qui se faisait. Aujourd’hui, les ligues sont autonomes. On leur donne l’argent et ensuite on vient leur demander ce qu’elles en ont fait. Il manque plus de sévérité sur l’usage de cet argent. Je me demande par ailleurs pourquoi n’y a-t-il pas de sportifs de haut-niveau à Mayotte ? En 1967, il y avait de bons joueurs de foot. Aujourd’hui, ils ont les chaussures, les infrastructures, sont transportés en bus, mais aucun joueur n’a percé au niveau professionnel. Et qu’on ne me parle pas de Maoulida, il a été formé à Montpellier et Marseille. Je connais un bijou, El Habib N’daka à Kani-Kéli. Il est jeune mais que va-t-il devenir ? Ne sombrera-t-il pas dans l’alcool et ne va-t-il pas courir après les filles ?

En revanche, je suis content pour le basket car j’ai introduit la discipline à Mayotte et des joueurs mahorais sont semi-professionnels. Pour le handball, seul Bavou a réussi, il a même joué en Islande. C’est dommage que pour les autres disciplines ça ne marche pas. A Mayotte, on évoque souvent le problème des infrastructures. C’est un faux problème. Quand j’encadrais des jeunes, les infrastructures étaient absentes, mais ils étaient décidés et me faisaient confiance. C’est une question de volonté. Ils souffraient, mais voyaient les résultats après. Aujourd’hui, on manque de rigueur. Tout est éphémère, comme une étincelle.

 

MHS : Pensez-vous que le sport est considéré à sa juste valeur à Mayotte ?

JCN : Il y a toute une mentalité à changer. Je suis rédacteur sportif, ça fait 2 semaines que je ne travaille pas, alors que les auditeurs veulent savoir ce qu’il s’est passé sur les terrains de sport. Il y a quelques mois, il y a eu une grande table ronde sur le foot. Qu’est-ce qui a changé ? Certains font le maximum. Mais quand je vois qu’on fait une sélection sans prévoir de budget pour indemniser le déplacement des joueurs, il y a un problème. De même, pour les déplacements à l’extérieur, il y a 20 athlètes et 18 accompagnateurs. On ne voit ça nulle part ailleurs, c’est typiquement comorien ! Et on veut organiser les Jeux des Îles ? Ailleurs on sait qu’en 2011 il y aura les Jeux et ils se préparent. Ici, on attend le dernier moment pour le faire.

 

Propos recueillis par Faïd Souhaïli

17/07/2009 – Portrait de Gaspard Charon, 12 ans, danseur

 

{xtypo_dropcap}O{/xtypo_dropcap}n ne peut en douter, le mode d'expression de Gaspard est bien la danse. Quand il s'agit de parler, et surtout de lui, il devient réservé, effacé, timide, plus rien à voir avec le jeune homme qui dansait devant une salle comble un mois plus tôt, regard au loin, interprétant le rôle principal du Petit Prince sans faux pas et avec passion. Lorsqu'il arrive à Mayotte à la rentrée du CM1 à Combani, Gaspard a déjà fait de la gym et de la capoiera. Quatre ans plus tard, il quitte l'île pour Nantes, où il doit intégrer le Conservatoire.

Durant son séjour, plusieurs éléments l'ont conduit la où il est, mais le plus déterminant fut Karine Legrand, professeur d'EPS et de danse au collège de Tsingoni, qui arrive l'année de son entrée en 6e. "Arrivé à Mayotte j'ai continué à faire de la capoiera avec l'association de Tsingoni, c'est ma mère qui me disait souvent que je devrais faire de la danse", se souvient le jeune homme qui ne sait pas vraiment pourquoi cette idée a germé dans l'esprit de sa mère, mais reconnait qu'il a toujours aimé la danse.

Au collège la première année, il fait de la danse dans le cadre de l'UNSS, où il impose rapidement son potentiel. "Gaspard présentait déjà un potentiel physique très intéressant de souplesse et de tonicité", se souvient Karine Legrand son professeur. Son groupe est d'ailleurs champion académique de danse cette année là, en 2008, ainsi qu'en 2009, alors qu'il continue à danser 3 heures par semaine avec l'UNSS, en plus des 4 heures hebdomadaires de la section danse qu'il intègre en 5e.

"Je voulais en faire le plus possible", explique-t-il. "Gaspard s'est épanoui totalement sur les derniers mois et les spectacles de fin d'année ont révélé en lui un danseur complet", raconte Karine Legrand qui a tout déclenché sur cette fin d'année, en mentionnant le Conservatoire.

 

Devenir danseur professionnel

 

Pour l'instant, Gaspard prend les choses comme elles viennent et attend de voir. Encouragé par Mme Legrand et avec l'aide d'un enseignant vidéaste amateur, il réalise un DVD de chorégraphies qu'il travaille avec sa prof de danse et l'envoie au Conservatoire de Nantes, ses parents partant l'an prochain pour la Roche-sur-Yon. Tout est allé très vite, l'idée du Conservatoire a pointé en fin d'année, les parents ont donné leur accord, le Conservatoire l'a accepté, et le voilà inscrit en 4e dans un internat à Nantes pour la rentrée prochaine, où il fera deux après-midis par semaine de danse au Conservatoire.

Le but ? "Devenir danseur professionnel évidemment". Réaliste, le jeune homme sait bien qu'il y a du chemin et attend de voir "comment ça marche" au Conservatoire, plus inquiet pour la vie à l'internat que pour le niveau de danse. Son domaine est plutôt la danse contemporaine et le hip-hop, un peu le classique.

Ses références sont peu nombreuses, si ce n'est le film "Billy Elliott", cette histoire d'un garçon d'un village défavorisé d'Angleterre qui troque les cours de boxe contre ceux de danse et devient danseur à la fin du film, un parcours que Gaspard aimerai suivre. Côté famille, Gaspard n'aura pas à faire face aux mêmes réticences que les parents de Billy Elliott, les siens le soutiennent sans problème. "Tant que ça lui plait, il en fait", résume son père qui constate que son fils "est increvable, il danse le plus possible et aura sûrement le même rythme à Nantes, c'est plutôt le rythme scolaire qui va changer."

Dans la famille on n'est pas spécialement amateur de la discipline, bien que sa mère ait toujours encouragé Gaspard à se lancer. "Quand on est parent on sent les choses. Il a toujours été à l'aise physiquement, je pensais que ça lui irait bien. L'arrivée de Karine Legrand a joué, nous savions qu'elle était spécialisée en danse, c'était l'occasion."

 

Un encouragement pour les autres

 

L'enseignante, qui a fait vivre cette section avec une énergie incroyable, a été déterminante. "Quand Gaspard entre dans la salle de danse, il s'échauffe, il danse, il cherche en lui, dans l'espace, il apprend les chorégraphies des autres… La danse vit en lui tout le temps", résume-t-elle. Incapable d'expliquer ce qui lui plait dans la danse, Gaspard reconnait que c'est là qu'il est le plus à l'aise. Réciter un poème devant une salle pleine s'apparente à de la torture, mais danser… "Avant les spectacles, quand je vois le public, je stresse un peu évidemment, mais une fois sur scène j'oublie. Maintenant j'arrive à regarder devant moi sans être dérangé par le public."

"Le rôle du Petit Prince s'est imposé rapidement", raconte Mme Legrand. "Les autres élèves de la classe ont été solidaires et ne l'ont jamais jalousé, car c'était évident pour eux aussi que Gaspard tienne le rôle principal. Gaspard a donné envie aux autres d'aller aussi plus loin." "Je pense qu'ils sont contents pour moi", résume modestement le jeune homme, un peu nostalgique à l'idée de quitter Mayotte où il s'est très bien adapté de l'avis de ses parents.

"Il a énormément de copains mahorais, il était toujours avec eux à des voulés, à dormir dans les bangas, etc. Et puis l'environnement a surement joué pour la danse. Ici les jeunes sont tout le temps en train de faire des saltos et des acrobaties sur les plages."

Ses parents sont d'ailleurs rassurés que le retour en Métropole soit accompagné d'un tel projet pour Gaspard, il n'aura pas le temps de regretter Mayotte et sa vie dans l'île. "J'y reviendrai bien un jour, au moins en vacances, pour revoir l'île et les gens que je connais", projette le jeune danseur. En attendant c'est un grand défi qui l'attend, en espérant qu'il ne soit que le premier des enfants de Mayotte à réaliser ce rêve.

 

Hélène Ferkatadji

17/07/2009 – Tribune libre : Visite du Premier ministre français à Moroni

 

1. L’armée française de l’air, la marine, les sapeurs pompiers, psychologues, médecins et plongeurs ont pris d’assaut Ngazidja aux premières heures du crash à la recherche d’éventuels survivants et corps de victimes.

2. Le ministre français de la Coopération est venu immédiatement aux chevets des familles des victimes à Moroni et au secours de la seule survivante pour des soins qualifiés sur Paris.

3. Le Président français Sarkozy s'est recueilli à la grande Mosquée de Paris pour des hommages aux victimes.

4. L’aéroport de Marseille est fermé aux vols Yéménia pendant que Sambi ne l’a pas fait en solidarité aux Comoriens et en prévision d’éventuels autres crashs.

5. Le Premier ministre Fillon vient de renforcer la mise avec son escale de Moroni de ce samedi 11 juillet 2009.

Madeira où es-tu avec la nouvelle Constitution bannie ? Madeira comme Sambi est un petit, avec des petits intérêts, de la démagogie dépassée, de la politique politicienne révolue.

Comoriens ! Madeira viendra demain vous parler impérialisme français, d’une UA défenseuse de la démocratie, des libertés, des droits de l’Homme ! Que Madeira aille les enseigner en Iran, au Soudan où El Béchir court pour fuir le TPI, en Tanzanie une démocratie à Parti unique.

 

Jeunesse anjouanaise avertie

17/07/2009 – Visite de François Fillon

 

{xtypo_dropcap}T{/xtypo_dropcap}apis rouge, coupure de ruban et ouverture de cadeaux pour cette première étape de la visite de François Fillon, la seule à se dérouler en public, et qui a attiré quelques centaines de personnes au milieu d'un Mamoudzou désert, bloqué de toutes parts par les forces de l'ordre. Prenant la parole à la tribune, aux côtés des parlementaires, du président du conseil général, du préfet et de la délégation ministérielle, le maire de Mamoudzou s'est réjouit que, pour la première fois, "la commune de Mamoudzou accueille un Premier ministre de la République".

Rappelant le choix exprimé le 29 mars par les Mahorais de devenir département, Abdourahamane Soilihi a précisé que, lors des élections européennes, les Mahorais ont "confirmé le choix d'appartenir à l'Europe et montré notre attachement indéfectible au statut de région ultrapériphérique européenne et aussi le pouvoir d'accéder aux divers fonds structurels pour pérenniser les projets structurants de notre île".

Le maire de Mamoudzou a tenu à attirer particulièrement l'attention du Premier ministre sur la "situation financière difficile des communes de l'île", qui ne disposent pas de ressources propres et dont les problèmes de trésorerie "rendent difficile le paiement des salaires et la progression des investissements". Il a ainsi appelé à la mise en place rapide de la réforme de la fiscalité. Autre sujet d'importance pour le maire, l'immigration clandestine, qu'il espère voir "jugulée" par le Gouvernement.

Avant d'inviter M. Fillon à revenir quand il le souhaite dans la capitale, M. Soihili a remis au Premier ministre un dossier sur la réfection de la voirie communale avec un plan de financement étalé sur 4 ans, et a appelé à l'intégration dans la fonction publique de droit commun des agents de la police municipale.

 

Le travail de la Crec accéléré

 

"Nous sommes venus vous apporter le témoignage du respect et de l'affection de la République", a entamé M. Fillon, "je salue la municipalité de cette commune, la principale de Mayotte, appelée à devenir le fer de lance de la départementalisation". Rappelant une nouvelle fois, sous les applaudissements de la foule, que c'est le Président Sarkozy et son gouvernement qui ont mis en œuvre la départementalisation, le Premier ministre a annoncé avoir demandé à Marie-Luce Penchard de lancer à la rentrée une concertation avec les élus de Mayotte pour définir le nombre futur de conseillers généraux et le mode de scrutin pour 2011. "Les propositions qui me seront faites devront respecter trois principes : stabilité de l'assemblée, transparence et simplicité pour les électeurs."

Sans répondre directement à la revendication concernant la réforme de la fiscalité, M. Fillon a simplement précisé que grâce à leurs nouvelles ressources, les communes "seront en première ligne sur les équipements de proximité, l'action sociale ou encore l'urbanisme". La secrétaire d'Etat à l'Outremer devra également faire le point tous les ans avec les élus locaux sur l'avancement de la mise en œuvre du Pacte.

M. Fillon a ensuite abordé les points les plus sensibles de cette départementalisation, à commencer par l'état civil, pour lequel il a annoncé un dispositif "accéléré" : "dès septembre, des fonctionnaires se rendront dans les villages pour aider ceux qui le souhaitent à remplir leur dossier. Dans un an, il ne sera plus possible de déposer de nouveaux dossiers".

 

Un hélicoptère et 4ème radar contre l'immigration clandestine

 

Abordant un autre sujet d'importance pour les Mahorais, le Premier ministre a annoncé l'installation d'un 4ème radar, dans le sud, pour intensifier la lutte contre l'immigration clandestine. Un hélicoptère de la gendarmerie sera également positionné en permanence dans l'île. "Mais tout ceci restera insuffisant tant que la société mahoraise elle-même ne s'attaquera pas aux causes de l'immigration clandestine. L'emploi de travailleurs clandestins ou la location de cases insalubres sont inadmissibles, d'abord pour la dignité de la personne humaine, ensuite parce qu'ils entretiennent des flux d'immigration qui finiront par déstabiliser la société mahoraise."

Au sujet de l'éducation, M. Fillon a rappelé que 100 nouveaux postes d'instituteurs ont été affectés à la rentrée 2009, et exigé que les classes du primaire ne dépassent pas désormais 28 élèves. Il a ensuite rappelé que tous les enfants de 3 ans seront accueillis en maternelle en 2010, sans toutefois préciser comment atteindre cet objectif, le Smiam n'ayant pas les moyens financiers d'assumer toutes les constructions nécessaires.

Gardant pour la fin les seules réelles annonces de son discours, M. Fillon a déclaré avoir donné son accord pour la construction future du deuxième lycée de Mamoudzou et sa décision de rajouter 6 millions d'euros aux 12 millions du Plan de relance pour Mayotte. Ils seront affectés à la rénovation des écoles et à l'amélioration du réseau routier de Mamoudzou, Petite Terre et des zones rurales.

 

Hélène Ferkatadji

17/07/2009 – Baccalauréat 2009

 

{xtypo_dropcap}75,59%{/xtypo_dropcap} de réussite au baccalauréat, toutes séries confondues, du jamais vu à Mayotte. Jusqu'ici le taux de réussite augmentait chaque année de quelques petits points, pour atteindre environ 61% l'an dernier. Un tel bond en avant a évidemment ravivé la rumeur permanente à Mayotte d'un "bac cadeau", au niveau considérablement rehaussé. Tout le monde a déjà entendu ces témoignages de copies que l'on fait recorriger, de commissions dites d'harmonisation qui remontent les moyennes et qui expliqueraient ensuite l'échec massif de nos étudiants une fois dans les universités métropolitaines.

Pourtant, certains assurent que ces pratiques existent aussi en Métropole, et le vice-rectorat, qui rappelle comme chaque année que les jurys sont souverains, donne d'autres explications à ce résultat exceptionnel. A commencer pour les bacs professionnels, qui atteignent cette année 92% de réussite toutes séries confondues, contre seulement 50,8% en 2008. Si le vice-recteur tient à saluer "le travail évident qui a été fait en lycée professionnel", il précise que ce score vient avant tout de l'"effet second tour". C'est en effet la première année que les candidats au bac pro ont droit à une session de rattrapage pour ceux qui obtiennent une moyenne entre 8 et 10, comme leurs camarades des séries générales et technologiques.

Une mesure mise en place à l'échelle nationale par Xavier Darcos, qui porte particulièrement ses fruits à Mayotte. "Nos élèves ne sont au départ pas francophones, ils ont donc de grandes difficultés à l'écrit qui ne se retrouvent pas à l'oral où il leur est plus facile de faire comprendre leur raisonnement. C'est pourquoi le rattrapage fait une vraie différence ici", explique M. Cirioni, qui précise que le travail en bac pro va s'intensifier sur la compréhension de la consigne, qui reste un domaine qui handicape les élèves mahorais.

 

Mettre l'accent sur les BTS

 

Le bac général lui "se régularise", on passe de 68,9 à 73,3% de réussite, une progression constante. C'est le bac technologique qui déçoit encore une fois cette année. Le bac STG, qui regroupe de nombreux élèves qui n'ont pu être pris ni en général ni en bac pro, peine à décoller, et la série ST2S est en forte chute. Le vice-recteur a tenu à préciser une nouvelle fois que les lycéens ont été handicapés par 37 jours de cours en moins en raison des différentes grèves.

Alors que les CAP et BEP donnent également des résultats satisfaisants avec un maintien des premiers à 89% de réussite et un décollage des BEP avec 72,1%, soit +10,5 par rapport à l'an dernier, la déception se situe au niveau des BTS, qui augmentent très peu pour atteindre juste 33,6% de réussite. Le vice-recteur prévoit pour l'année prochaine de "faire évoluer les équipes pédagogiques", à savoir affecter en BTS des enseignants qui ont fait une année en terminale pour qu'ils suivent mieux la progression des étudiants.

Enfin, 3.944 candidats étaient au brevet cette année pour un résultat en légère baisse avec 68,6% que le vice-rectorat explique par le nombre croissant de candidats. Mention spéciale aux collèges de Labattoir, M'tsangamouji, Passamainty et Tsingoni qui font une belle progression. Précisons que les résultats annoncés par le vice-rectorat pour tous ces examens ne concernent que les candidats du système scolaire et n'incluent pas les candidats libres issus de formation privée. "Le but est de mettre en lumière le travail de l'Education nationale", explique M. Cirioni.

 

Du CE1 au bac : un effort constant

 

Le vice-recteur tient à annoncer un autre chiffre d'importance : "cela fait plusieurs années que l'on brandit le chiffre de 17% d'une génération qui arrive au bac, il faut préciser que ce chiffre date de 2002. Nous avons pu faire un calcul plus récent, en 2008 nous en étions à 35% et en 2009 c'est 39% d'une génération qui atteint le bac." Un chiffre qui met en lumière un progrès constant du système éducatif à Mayotte, et ce malgré une base de départ très faible.

En effet on ne peut que s'étonner des résultats si élevés du bac lorsque l'on prend connaissance de ceux des évaluations de CE1, publiés la semaine dernière par le ministère de l'Education nationale, qui classaient évidemment Mayotte bonne dernière avec seulement 9% des élèves ayant "des acquis très solides" en maths et en français. Au-delà du fait que le vice-recteur estime qu'on ne peut comparer un examen avec une note à une évaluation qui pointe des acquis, ce résultat montre pour lui le travail réalisé dans le secondaire.

"Nos élèves arrivent à l'école non francophones. En CE1, ils n'ont que très peu d'années de scolarisation derrière eux, surtout s'ils ne sont pas allés en maternelle, et ont donc évidemment des acquis très faibles en français, c'est logique. L'écart avec les résultats du bac montre qu'il y a une réelle progression tout au long de la scolarité. Le Premier ministre l'a rappelé, le budget de l'éducation à Mayotte a doublé en 4 ans, des efforts sont faits et ils payent. Le système éducatif à Mayotte est bien plus récent qu'en Métropole et dans les Dom. D'ici 10 ans, nous aurons un niveau bien meilleur avec les nouveaux instituteurs mieux formés et la maternelle." En attendant d'atteindre un tel objectif, il faut souhaiter que les 1.935 bacheliers de l'année prouvent leur bon niveau en réussissant leurs études.

 

Hélène Ferkatadji

 


 

La rentrée en maternelle se prépare

La loi prévoit que pour la rentrée 2009 tous les enfants de 4 ans soient accueillis en moyenne section de maternelle. Pour ce faire, 100 postes d'instituteurs supplémentaires ont été créés. 40 de ces postes seront occupés par les nouveaux instituteurs de la promo 2009 de l'IFM, pour occuper les 60 postes restants, le vice-rectorat à obtenu exceptionnellement du ministère que soient nommés à Mayotte 60 professeurs des écoles, en attendant que les 120 étudiants admis à l'IFM cette année sortent diplômés pour la rentrée 2011.

Concernant l'accueil de ces nouveaux élèves, le vice-recteur ne peut qu'espérer que le Smiam remplira sa part du contrat en livrant les salles de classe nécessaires à la scolarisation des enfants de 4 ans. L'inquiétude existe surtout pour les communes de Mamoudzou et Koungou. Si les salles ne sont pas ouvertes à la rentrée, le vice-rectorat mettra en place des rotations.

17/07/2009 – Association des maires de Mayotte

 

{xtypo_dropcap}C{/xtypo_dropcap}e n'est pas un scoop, les mairies de Mayotte sont dans "une situation financière catastrophique, avec des déficits chroniques et une main d'œuvre qui coûte déjà très cher". Ibrahim Boinahéry, le maire de Tsingoni et président de l'AMM, fait un constat très amer des communes de Mayotte. Koungou est déjà dans le collimateur de la Chambre territoriale des comptes (CTC), qui pourrait la mettre sous tutelle si le plan de redressement n'est pas approuvé (voir MH n°434). D'autres communes sont sous la même menace.

"En l'absence de prestations sociales, les communes ont joué un rôle palliatif. Nous héritons d'une situation qu'on subit. Depuis la décentralisation de janvier 2008, on nous demande aujourd'hui plus de technicité et de compétences", explique M. Boinahéry qui rappelle que la CTC avait parlé de "sous-qualification chronique" au sujet des communes mahoraises.

Les agents des communes, notamment les policiers municipaux, ont récemment bloqué l'accès de mairies pour manifester leur mécontentement au sujet de l'intégration dont ils sont exclus. "Nous les maires, sommes tributaires de la loi : si elle oblige les policiers municipaux à passer un concours, on se soumettra aux textes proposés". Pour l'instant, il n'y a que dans les corps des agents techniques et administratifs que l'intégration est possible sans concours. Les 160 policiers municipaux devront donc suivre des formations au CNFPT pour se préparer. Il en est de même pour les Asem qui doivent obtenir le CAP petite enfance pour devenir des Atsem (Agent territorial spécialisé des écoles maternelles).

 

"Nous avons de nouvelles charges, mais pas de nouvelles recettes"

 

"Les dépenses liées à la masse salariale augmentent à cause de l'augmentation du Smig et du point d'indice. Le nombre d'élèves dans les écoles primaires augmente aussi, et il y a en plus l'obligation de scolarisation des enfants de 4 ans à la rentrée prochaine : nous avons de nouvelles charges, mais pas de nouvelles recettes", déplore le président de l'AMM. Heureusement, le conseil général n'a finalement pas baissé le Fip (Fonds intercommunal de péréquation), qui permet d'équilibrer le budget des communes. Le décret du 23 juin continue de leur donner 20% des recettes de l'année n-1.

Autre sujet préoccupant : le foncier. Les PLU (Plans locaux d'urbanisme), qui prévoient les réserves foncières pour les constructions futures et qui doivent être terminés avant le 31 décembre 2010, sont toujours en cours d'élaboration dans les communes. "Le problème est que le modèle est calqué sur celui de la Métropole, notamment pour la communication envers les habitants. Ici, nous avons des villages isolés, loin des places publiques. Notre principal souci est cette sensibilisation vis-à-vis de la population". Pour l'instant, seules les communes de Kani-Kéli et Dembéni ont entamé la phase 2 de leur PLU.

 

"C'est un texte de 1911 qui régit l'expropriation à Mayotte !"

 

"Pour mettre en place la fiscalité locale, il faut régler deux problèmes : l'état-civil et la régularisation foncière. Pour la ZPG (Zone des pas géométriques) où sont installés la plupart des villages, l'Etat n'a rien dit, n'a rien fait. Si le conseil général n'a pas pu mener à bien la régularisation en 13 ans, comment l'Etat le fera-t-il en quelques années ?", se demande M. Boinahéry, qui préconise la création d'une agence de gestion de la ZPG comme aux Antilles, mais aussi une agence technique départementale pour monter les projets d'aménagement et une Safer (Société d'aménagement foncier et de l'espace rural) pour les terrains agricoles.

Reste le problème, pour l'instant insoluble, des terres en indivision : "Le village de Chiconi est situé sur un terrain privé de 40 hectares, acheté par 70 personnes au départ. Aujourd'hui, il y a 4.000 héritiers. La solution serait l'expropriation et la redistribution des terrains aux occupants, mais c'est toujours un texte de 1911 sous le régime de "Madagascar et dépendances", introduit à Mayotte dans les années 1930, qui régit l'expropriation à Mayotte ! Nous avons besoin d'un nouveau texte pour régler le problème de l'indivision."

En 2014, les communes pourraient lever les impôts locaux (taxe d'habitation, taxes foncières sur le bâti et le non-bâti, taxe professionnelle, taxe sur les ordures ménagères) en se basant sur la valeur locative cadastrale des biens, mais "même quand chaque parcelle sera identifiée, on n'est pas sûr d'avoir en face des personnes solvables pour lever les impôts locaux", prévient M. Boinahéry.

 

"On ne voit toujours pas venir les travaux prévus par le Contrat de projet"

 

Le président de l'AMM regrette que de nombreux projets sur les communes ne voient pas le jour. "On ne voit toujours pas venir les travaux prévus par le Contrat de projet. On ne sait pas à qui s'adresser pour réaliser ces projets : le conseil général ou l'Etat ? Certaines communes sont prêtes à recevoir les infrastructures, mais elles n'ont pas d'interlocuteurs". M. Boinahéry s'en prend aussi à l'Etat au sujet du Plan de relance qui "a été décidé on ne sait où. Les 21 millions d'euros sont déjà répartis sans qu'on nous ait prévenus. On ne sait pas comment les choix ont été faits, alors que le ministère demandait l'investissement des élus !", s'indigne-t-il.

Concernant les indemnités des maires qui ont été récemment jugées illégales car basée sur l'indice métropolitain, M. Boinahéry s'interroge : "Si des agents dans les communes ont des salaires basés sur l'indice de droit commun, pourquoi pas les maires ? Les conseillers généraux et les présidents des syndicats intercommunaux ont les mêmes indemnités qu'en Métropole".

Pour finir, le président de l'AMM a annoncé que l'association va prochainement changer de nom pour devenir l'Association des maires et des présidents des groupements intercommunaux de Mayotte (AMPGIM), qui sera toujours dans le réseau national de l'Association des maires de France. Un expert comptable aura une mission permanente dans l'association pour contrôler les dépenses. M. Boinahéry a aussi promis que les effectifs mahorais pour le congrès de l'ACCDom (Association des communes et collectivités d'Outremer) seront "fortement réduit". "Il faut resituer les déplacements pour ce qu'ils sont : une recherche d'information à l'extérieur pour ensuite ramener un compte-rendu qui s'insère dans la stratégie de notre association". Gageons que ces nouvelles "bonnes pratiques" perdureront, après les abus constatés par le passé.

 

Julien Perrot

17/07/2009 – Société : Victimes du « qu’en dira-t-on ? »

 

{xtypo_drop}C’{/xtypo_dropcap}est le grand jour pour Raïna. Aujourd’hui elle épouse Idriss, son petit ami depuis le lycée. Le seul problème, c’est que ni Raïna ni Idriss ne seront présents à leur mafounguidzo, la cérémonie du mariage. Comme le font de plus en plus de jeunes qui poursuivent leurs études en France, ils ont accepté d’officialiser leur union par procuration, en attendant de venir faire le grand mariage dans deux ans. Une tendance qui s’accentue à mesure que les jeunes Mahorais prolongent leurs études supérieures.

Actuellement en stage obligatoire pour la validation de son année, Raïna n’a pas pu se déplacer pour la cérémonie : "ce n’est qu’une formalité pour nous permettre de vivre ensemble, de toute façon je serais présente pour les festivités". Quant à Idriss, il est en voyage linguistique.

Ce que ce jeune couple ne nous dit qu’à demi-mot, c’est que ce sont les familles qui ont décidé du timing de leur union. Une pratique courante à une époque où des études supérieures de plus en plus longues, notamment chez les filles, incitent certaines familles à faire fi du parcours professionnel de ces dernières pour les marier avant qu’elles ne se "perdent"; comprenez, qu’elles aient des relations sexuelles avant le mariage. C’est ce que nous explique la jeune femme.

"Ca fait longtemps qu’on est ensemble. Il y a quelques mois, nos parents nous ont expliqué qu’il fallait nous marier afin de pouvoir vivre ensemble en France. C’est pour éviter les racontars, les "qu’en dira-t-on ?", une malédiction qui semble poursuivre les jeunes Mahorais au-delà des mers.

 

"Pendant longtemps les jeunes filles ont été cantonnées aux cuisines, devant les séries brésiliennes…"

 

Étudiante en management international, à 23 ans, Raïna a pourtant une idée bien précise de sa carrière. "J’aimerais aller jusqu’au master, Je voudrais ensuite pouvoir travailler quelques années à l’étranger avant de revenir en France ou à Mayotte." Un parcours qui ne s’accorde que très peu avec son nouveau statut d’épouse. "C’est vrai qu’il faudra qu’on essaie de trouver un terrain d’entente. Je ne m’inquiète pas de la réaction de mon mari. Je sais qu’il me soutiendra. Mais c’est surtout celle de sa famille qui posera problème. A Mayotte une épouse doit faire passer son mari avant tout le reste."

En effet, comment expliquer à ces familles qui se sont saignées pour payer une dot conséquente et des bijoux d’une valeur de plusieurs milliers d’euros, que la jeune mariée désire d’abord voir le monde et se construire une carrière avant de rentrer pour s'occuper de son époux.

"Les gens ne comprennent pas notre besoin de découvrir autre chose. Pendant longtemps les jeunes filles ont été cantonnées aux cuisines, devant les séries brésiliennes… Il est normal, une fois en France, qu’on désire s’accorder un peu de temps avant de retourner servir nos maris"… "et leurs familles", ajoute Idaya, son amie mahoraise.

Ces deux jeunes femmes sont le reflet de la révolution lente et silencieuse que sont en train de mener les Mahoraises. La route vers l’émancipation. Un combat qui a commencé avec les générations précédentes. Pendant longtemps, les femmes mahoraises ont été privées d’instruction, l'école étant considéré comme un lieu de débauche. C'est ce que nous explique cette "mama".

 

"Il faut que tu te maries. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour tes parents"

 

"Avant, les parents ne voulaient pas scolariser leurs enfants, ils avaient peur qu’ils oublient leur culture et ne deviennent des wazungu. Pour les filles c’était encore plus restrictif, pour eux, nous envoyer à l’école équivalait à nous débaucher." Celles qui étaient scolarisées allaient rarement au-delà du CM2. A peine adolescentes, pour elles, le moment était venu d’être mariées. L’âge moyen du mariage pour les femmes était alors de 15 ans. Une donne qui explique en grande partie le faible niveau scolaire des femmes des générations précédentes.

Avec le recul de l’âge légal du mariage et le processus de scolarisation obligatoire, les femmes ont su progressivement relever leur niveau scolaire. Mais les pressions sur le mariage perdurent, contrecarrant souvent des projets professionnels. Ce fut le cas pour Layla. Elle nous raconte comment, après avoir eu son bac en 2003, sa famille l'a poussée à se marier. Un an après, mère d'une petite fille, elle a essayé de reprendre ses études, en vain.

"Pour ma famille, le bac c’était l’essentiel. Quand ils m'ont dit qu'il était temps de me marier, j'ai accepté pour être libre de mes mouvements, mais je suis tombée enceinte. Comme beaucoup de jeunes mahoraises, j’avais peur de prendre la pilule. On dit que ça rend stérile lorsqu’on n’a jamais eu d’enfant. Lorsque ma fille a eu un an, je me suis inscrite dans une école d'infirmière."

Mais l'éloignement fut difficile à supporter pour cette mère de famille. "Mon mari ne s’en sortait pas avec notre fille, et ma famille me manquait trop. Alors j’ai abandonné mes études pour venir m’occuper d’eux."

Amina nous explique aussi comment ces pressions familiales l'ont poussée à se marier plus tôt qu’elle ne le voulait. "On n’était pas vraiment prêts, mais pour la famille il fallait que ca se fasse. Les pressions se faisaient régulièrement sous forme de réflexions… Il faut que tu te maries, me disaient-ils. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour tes parents… Ta mère a une dette à payer envers la société, elle doit marier sa fille pour pouvoir à son tour inviter ses amies… Fais-le pour voir sa bénédiction, en remerciement pour tout ce qu’elle a fait pour toi…"

Lorsqu'ils n'arrivaient pas à toucher sa fibre filiale, ils essayaient de lui faire peur. "Tu te fais vieille, bientôt on ne voudra plus de toi. J’avais 25 ans à cette époque. Un jour, mon père est allé voir mon copain pour lui dire de régulariser les choses ou alors de me quitter, j’étais hors de moi quand je l’ai su. Je pense que beaucoup de couples doivent se séparer à cause de ces pressions. Nous l'avons finalement fait pour faire plaisir à nos familles. Mais comme nous n’étions pas vraiment prêts à vivre ensemble, nous nous sommes séparés quelques mois plus tard." Et si pour certaines le mariage est un moyen d’arrêter le harcèlement moral, pour d’autres il constitue la seule alternative pour acquérir le statut d’adulte.

 

Le mariage, une voie vers l’émancipation féminine

 

En effet, dans la société mahoraise, une femme n’est vraiment considérée comme majeure qu’après son mariage. C’est le moment où elle quitte la tutelle de ses parents pour rentrer sous celle de son mari. Mais avec plus de marge de manœuvre. Une expérience vécue par Imane*. Après plusieurs années d’études en France, où elle a brillamment réussi son école de commerce, la jeune fille a ressenti le besoin de rentrer, laissant derrière elle son petit ami de longue date.

"Je voulais apporter ma contribution au développement de l'île." A son arrivée, elle trouve rapidement un poste à responsabilité et acquiert une aisance financière. Mais après plusieurs années d’indépendance, difficile à 28 ans de retourner dans le giron familial. La promiscuité sociale des frères et sœurs, des cousins, des oncles et tantes, et de leur entourage, les pressions pour prendre un époux… La jeune femme ressent rapidement le besoin de se trouver un logement. Chose impossible pour une célibataire. "Je voulais habiter seule, mais je me suis retenue pour ma mère. Parce que je ne voulais pas que les gens disent du mal de nous."

Un an après, profitant du passage de son petit ami sur l’île, elle décide de sauter le pas. "S’il n’était pas venu, on ne l’aurait pas fait. C’était en quelque sorte une manière de m’émanciper." Aujourd’hui Imane est libre de mener sa vie comme elle l’entend. Mais après deux ans de mariage, elle vit toujours éloignée de son mari qui, tout comme elle, occupe un poste important, mais en Métropole.

Selon un rapport commandé par le Sénat, en 2001, 70% des demandeurs emplois mahorais étaient des femmes. Une tendance qui se maintient alors que les statistiques révèlent chaque année la domination des filles dans la réussite scolaire.

 

Halda Toihiridini

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes